Archives de catégorie : vins et vignerons

Présentation des vins de Pingus par Peter Sisseck à Lavinia mercredi, 25 novembre 2015

J’avais rencontré Peter Sisseck le propriétaire de Pingus, célèbre vignoble de la Ribeira del Duero en Espagne, lors d’un voyage œnologique organisé pour les propriétaires des mythiques Ferrari GTO. J’avais organisé pour eux un dîner à l’hôtel Bristol. Ils avaient aimé ce dîner et je les ai rejoints un an plus tard à l’occasion de ce voyage. Lors de la visite de Pingus, sans que je sache pourquoi, un courant amical est immédiatement passé entre Peter et moi.

Lorsque Bipin Desai a organisé une dégustation verticale des vins de Pingus à Los Angeles, j’ai rejoint cet événement qui m’a permis de mieux connaître ces vins. Nous nous sommes retrouvés à une dégustation au domaine de la Romanée Conti où nous avons dégusté une Romanée Conti 1956 qui a donné des frissons à Peter, puis à une extravagante dégustation de vins du domaine de la Romanée Conti où une bonne partie des vins présentés étaient probablement des faux.

Pingus fait partie des vins que j’achète chaque année. J’avais envie de revoir Peter et une idée m’est venue de créer un de mes dîners où des vins de Pingus côtoieraient mes vins. Juxtaposer des vins très modernes comme ceux de Pingus et des vins plus anciens sur des plats adaptés est un challenge que j’ai envie de relever.

Ayant appris qu’il y a le jour du dîner un déjeuner de presse animé par Peter Sisseck, cela me semble un joli complément d’expérience et la maison Lavinia me fait le plaisir de m’inviter. Nous sommes une petite vingtaine, au restaurant Lavinia, au premier étage de la célèbre boutique de vins. Peter Sisseck est avec Ann, son épouse. Nous commençons par une dégustation sans plat, avant le repas.

Psi Domaine Pingus 2013 a comme tous les autres vins une couleur presque noire. Le nez est d’une folle jeunesse. L’attaque est belle de cassis et de feuilles vertes. Le vin a un beau grain et une jolie mâche. C’est un vin généreux. Il a un peu d’amertume et de râpe. Il est plaisant et on l’imagine compagnon de gastronomie. C’est dans le finale qu’il manque un peu de rondeur.

Le Château Recheyron Saint-Emilion Grand Cru 2011 est d’un château que Peter a repris il y a peu d’années en association avec un investisseur qui possède un joli portefeuille de vignobles. Le nez du 2011 est extrêmement élégant et c’est un joli fruit rouge qui domine dans son parfum. Le vin a une belle attaque, ronde, plaisante et le finale très mentholé est très espagnol. On dirait que le vin a une attaque bordelaise et un finale espagnol. Le vin est quand même bordelais, très généreux.

Flor de Pingus Domaine de Pingus 2013 a un nez subtil dans la discrétion. L’attaque est curieuse comme si le vin cherche sa voie. Il y a peu de fruits et les tannins sont discrets. Le registre est tout en finesse. C’est un vin élégant avec un peu de végétal dans le finale. C’est un vin distingué, Peter l’aime et dit que c’est ce qu’il cherche à faire. Il ajoute que ce vin s’exprime mieux dans les années dites faibles comme 2013.

Pingus Domaine de Pingus 2013 a un nez profond qui manque un peu d’exubérance. Il est noble, l’attaque est soyeuse de fruits rouges clairs. Le finale n’est pas très généreux. A ce stade, car cela va changer ensuite, je ne trouve pas de saut qualitatif réel entre Flor de Pingus et Pingus qui est le grand vin recherché par les amoureux de jeunes vins de la planète. Le cœur de bouche est ample, très équilibré, racé. Le finale est poivré.

On sent que Flor de Pingus s’exprime mieux maintenant et que Pingus le dépassera dans quelques années. Avant le repas mon classement est : 1- Flor de Pingus, 2 – Château Recheyron, 3 – Pingus, 4 – Psi (lettre grecque illustrée par un vieux cep sur l’étiquette et qui s’explique par le nom de Peter).

Le menu préparé par le restaurant Lavinia est : risotto avec chipirons à l’encre de seiche / daube de chevreuil au vin de la Ribeira del Duero / Manchego et pâtes de fruits / Poire Williams pochée au vin rouge.

Le risotto crée un accord d’une extrême pertinence avec le Psi 2013 et lui donne une ampleur sensible. Ce vin devient charnu, au beau finale, grâce au plat. Le chevreuil est un peu trop sec et la sauce un peu fluette, mais cela n’empêche pas que se crée un accord qui transforme le Pingus. Il gagne en ampleur, il devient joyeux, élégant et résolument gastronomique. Il est à la fois gourmand et aérien. Ce vin s’écarte magistralement des excès parkériens, pour donner pureté finesse et élégance d’une bien belle façon. Peter nous explique qu’il cueille ses raisins quinze jours avant les autres. Ceci explique probablement – en partie, car il y a aussi le talent – cela. Une autre raison est sans doute que les vignes de Peter sont à plus de 800 mètres d’altitude. La fraîcheur et le fluidité des vins sont sans doute liées à la fraîcheur des lieux.

Le fromage et la poire n’apportent aucune valeur ajoutée aux deux vins associés, le Flor de Pingus pour le fromage et le Rocheyron pour la poire. Je suis assez sensible aux accords couleur sur couleur. Le risotto est noir, le chevreuil aussi et se sont accordés avec des vins très noirs. Le fromage et le dessert n’ont pas créé d’accord. Il ne faut évidemment pas généraliser mais j’aime signaler ces occurrences.

Peter va présenter ses vins aux étudiants du Cordon Bleu. Nous nous retrouverons ce soir pour le 194ème de mes dîners.

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Les 2014 de Bouchard Père & Fils et dîner au château de Beaune dimanche, 15 novembre 2015

Traditionnellement, la maison Bouchard Père & Fils organise un dîner de vins anciens lors du week-end au cours duquel a lieu la célèbre vente des Hospices de Beaune. C’est en effet un bon moyen d’avoir des acteurs du vin de tous les pays qui se rendent à Beaune pour cette occasion.

Presque tous les ans ce dîner s’accompagne d’une dégustation de vins récents. Cette année on pourra goûter des 2014 sous une tente montée dans le jardin du château de Beaune. N’étant pas considéré comme un spécialiste des vins qui ne sont pas en âge d’aller à l’école, je ne donnerai que des impressions flash sur ces bambins.

Monthélie Bouchard Père & Fils 2014 n’est pas très complexe, un peu court, avec un beau fruit. Comme c’est le premier vin, premier contact avec des 2014 alors que j’ai encore en tête de sublimes vins du dîner de vignerons, je suis revenu sur ce vin en fin de dégustation des rouges et je le trouve plus plaisant qu’au premier contact.

Beaune du Château Premier Cru Bouchard Père & Fils 2014 est plus rond, j’aime son équilibre. Il a un beau fruit et un final gourmand.

Beaune Clos de la Mousse Premier Cru Bouchard Père & Fils 2014 est très joli, plus confit. Peut-être un peu moins long que le précédent.

Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus Premier Cru Bouchard Père & Fils 2014 j’adore, mais je ne suis pas objectif car c’est un de mes chouchous. Il a un beau final où je sens un peu de tabac.

Volnay Caillerets ancienne Cuvée Carnot Premier Cru Bouchard Père & Fils 2014 est joli, un peu moins riche que le Beaune Grèves avec un beau finale plus fluide.

Le Corton Grand Cru Bouchard Père & Fils 2014 est riche. C’est un grand vin qui promet, avec beaucoup de matière.

Nuits-Saint-Georges Les Cailles Premier Cru Bouchard Père & Fils 2014 a un parfum extraordinaire. C’est un vin très séduisant, au beau finale et au fruit joyeux.

Clos Vougeot Grand Cru Bouchard Père & Fils 2014 a une très belle attaque généreuse. Il laisse une impression très positive.

Chambertin Clos de Bèze Grand Cru Bouchard Père & Fils 2014 a un nez assez vert. Il a une belle attaque. Le corps est moins précis que ce que j’aimerais, mais le finale est beau, un peu rêche et beaucoup plus assemblé que le corps.

Globalement pour les rouges mon impression selon une formule à l’ancienne, c’est « de la belle ouvrage ».

Traditionnellement chez Bouchard la dégustation des blancs suit celle des rouges car « blanc sur rouge, rien ne bouge, rouge sur blanc, tout fout le camp », là aussi c’est un vieil adage.

Meursault Les Clous Bouchard Père & Fils 2014 a un nez fermé, une bouche agréable et gourmande. Il est simple mais agréable avec un peu de café dans le finale.

Beaune du Château Premier Cru Bouchard Père & Fils 2014 a une bouche riche mais un peu épaisse. Le finale est frais et plus tendu. Il n’a pas beaucoup de charme à ce stade, lactique et litchi, un peu lourd.

Beaune Clos Saint-Landry Premier Cru Bouchard Père & Fils 2014 a un nez étonnant qui évoque les bonbons acidulés. La bouche est plus fluide. Il a plus de charme. Le final est de bonbon anglais et de saveurs lactées.

Meursault Genévrières Premier Cru Bouchard Père & Fils 2014 a une belle attaque, une belle fluidité aromatique et un finale fruité avec un peu de bonbon anglais.

Meursault Perrières Premier Cru Bouchard Père & Fils 2014 est très fluide, élégant au finale frais, long, élégant. C’est un très bon vin à la belle fraîcheur citronnée.

Corton-Charlemagne Grand Cru Bouchard Père & Fils 2014 a un très joli nez. L’attaque est très douce, suave. C’est un vin contenu mais élégant, tout en grâce. Le très joli finale est de citron et de zeste.

Chevalier-Montrachet Grand Cru Bouchard Père & Fils 2014 a une attaque épaisse et conquérante. Le vin est grand, superbe. On sent le potentiel, mais ce vin est à peine formé. Il a tant d’avenir ! Le finale est bien gras et opulent avec des zestes. C’est un très grand vin.

Montrachet Grand Cru Bouchard Père & Fils 2014 a un nez noble encore discret. L’attaque est particulièrement généreuse et opulente. Il a une très belle acidité et un finale citronné. C’est un grand vin au finale un peu discret. C’est un vin de plaisir.

Les blancs de 2014 sont un peu plus durs à juger pour moi car leur jeunesse est folle. Globalement, j’aime le style de Bouchard Père & Fils. Des experts auront sans doute d’autres avis mais peu importe, ce survol rapide est intéressant et montre que Bouchard Père & Fils travaille avec élégance et offre un portefeuille de terroirs qui est unique en Bourgogne. Longue vie à ces 2014.

Nous nous rendons ensuite à l’Orangerie du Château de Beaune pour le dîner de vins anciens. Nous sommes accueillis par Gilles de Larouzière qui succède à Joseph Henriot à la tête de son groupe et par Christian Albouy directeur général. Le thème du dîner est particulièrement original. Il s’agit du 240ème anniversaire de l’acquisition par la maison Bouchard de la parcelle de Volnay Caillerets, vin que nous boirons ce soir. Nous sommes plus de soixante personnes, de toutes nationalités. L’apéritif se prend debout avec le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1996. La première coupe que je prends a un final de café, voire de liqueur de café et je vais vite prendre une autre coupe pour goûter comme il convient cette cuvée que j’adore. Le vin est frais, joyeux et convaincant. Mais à mon grand étonnement le service de ce vin n’est pas poursuivi et l’on nous sert un Champagne Henriot Brut Blanc de Blancs magnum sans année qui est bien agréable est fluide. La raison serait qu’il y a un problème avec plusieurs magnums des Enchanteleurs. Il va falloir que j’ouvre l’un de ceux que j’ai en cave pour savoir s’ils ont le même problème.

J’ai la chance d’être à la table de Gilles de Larouzière en même temps que Michel Bettane et de Bernard Burtschy. Avec eux, c’est comme si j’ouvrais une énorme encyclopédie. Quelle est la limite de leur savoir ? Nous ne l’avons pas atteinte, Gilles de Larouzière et moi écoutant avec intérêt ce festival de culture et d’histoire de la Bourgogne.

Le menu composé avec une pertinence rare par la cuisine du château est : velouté de courge et gourmandise de lard Colonnata / Saint-Jacques façon « carbo » / Presa ibérique, champignons du moment, cerfeuil tubéreux à la truffe / Cîteaux / Choco Bailey’s et orange.

Le Meursault Genévrières Premier Cru Bouchard Père & Fils 2005 me subjugue. C’est un choc. Je regarde mes voisins de table, cherchant à savoir s’ils sont aussi émus que moi. Ils trouvent évidemment que le vin est grand, mais je pense être le seul devant une image de la perfection. Le nez est parfait, riche équilibré, fou comme une corne d’abondance. La bouche est parfaite aussi, d’un équilibre aromatique de première grandeur. Alors que j’ai eu mon content de grands vins lors du dîner de vignerons de la veille, je suis comme l’ado boutonneux qui rencontre son premier flirt. Je suis tétanisé par ce vin qui joue avec une justesse rarement rencontrée. Il y a certainement un effet bouteille, mais pour atteindre cet équilibre il faut que le vin ait de très hautes qualités. L’accord avec le velouté est parfait, enrichissant encore le Meursault.

Le Chevalier Montrachet La Cabotte Grand Cru Bouchard Père & Fils 2001 n’a pas la même chance avec ses bouteilles. La première est coincée, fermée, désagréable et la seconde exhale le soufre à pleines narines. C’est Bernard Burtschy qui a la bonne idée. Il nous dit : « s’il y a un vin oxydé et un vin réduit, mélangeons-les et ça fera un vin équilibré ». Il a raison, car la fusion des deux exprime ce qui fait la noblesse si particulière de La Cabotte, vin que j’adore, du niveau du Montrachet. Si l’opération est réussie, je suis un peu triste de ne pas avoir La Cabotte au sommet de son art. Grand vin sans doute mais pas au rendez-vous.

Viennent maintenant les vins dont on fête le 240ème anniversaire de leur entrée dans le portefeuille de la maison Bouchard. Le Volnay Caillerets Ancienne Cuvée Carnot Premier Cru Bouchard Père & Fils 1971 arrive dans mon verre assez fermé, coincé, comme un linge que l’on tordrait, incapable de s’étendre. Il faut attendre longtemps pour qu’on puisse voir apparaître ce vin très racé, sans complaisance, dont l’amertume et l’acidité voisinent avec un fruit dans des tons de marron. Là aussi je ne suis pas totalement enthousiaste même si le temps passant le vin prend de la largeur et montre qu’il a devant lui un très bel avenir. La presa ibérique correspond à la partie ovale centrale de l’échine d’un cochon ibérique qui peut être du Pata Negra. Comme les autres plats, il s’est calé exactement sur le vin et a contribué à son retour en grâce.

Le Volnay Caillerets Ancienne Cuvée Carnot Premier Cru Bouchard Père & Fils 1959 résisterait à toute critique ou toute hésitation. Car nous sommes en présence d’un vin merveilleux, intensément racé, vif, cinglant, qui montre qu’il est loin d’avoir atteint son apogée. Il a un avenir brillantissime devant lui. C’est un bourgogne noble, qui ne cherche pas à séduire et convainc par ses amertumes et la richesse d’un équilibre que lui donne l’âge et le millésime exceptionnel. Je pense qu’il serait impossible dans une cave privée d’avoir un vin aussi vif. Bernard Burtschy et Michel Bettane pensent le contraire car leurs caves sont à 10° en permanence. Malgré leur avis d’experts, la vivacité du 1959 de ce jour me semble au-dessus de ce qui serait obtenu dans une cave de particulier.

La Maison Bouchard Père & Fils dispose d’un éventail de vins éblouissant. Et sa bibliothèque de vins anciens est unique. Dans une ambiance très amicale, nous avons eu la chance de goûter un 1959 mémorable. Mais c’est avec un vin jeune que j’ai connu un petit miracle, car l’émotion du Genévrières 2005 est un moment de grâce exceptionnel.

Le lendemain a lieu la vente des Hospices de Beaune. Vive la Bourgogne et ses vins magiques.

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Christian Albouy, Nicolas de Rouyn, François Audouze, Gilles de Larouzière

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Vieux Millésimes de vins doux naturels du Roussillon mercredi, 11 novembre 2015

Une association de producteurs de vins doux naturels du Roussillon (Banyuls, Maury, Rivesaltes) tient salon à Paris avec pour thème « Vieux Millésimes ». Rares sont les régions qui peuvent offrir autant de millésimes anciens, à l’instar de Madère. Le lieu de la réunion est particulièrement bien choisi, le « Cyclone Studio » dans le 13ème arrondissement. C’est un endroit ravissant qu’on ne peut pas soupçonner de la rue.

Je suis venu car je connais plusieurs domaines qui m’ont fait goûter dans le passé leurs nectars. N’ayant pas pour objectif d’éventuels achats, comme c’est le cas pour les professionnels présents, je n’ai pas pris de notes et c’est donc de mémoire que je retrace quelques impressions.

Je rends d’abord visite à Agnès de Volontat-Bachelet, dont la mère Paule de Volontat m’a initié aux vieux Maury. Le Maury Tuilé La Coume du Roy 1975 est vif et plein et très séduisant pour un jeune Maury. Le Maury Tuilé La Coume du Roy 1965 est très fluide. Le Maury Tuilé La Coume du Roy 1932 est vraiment très élégant avec un fraîcheur rare. Le Maury Tuilé La Coume du Roy 1925 que j’avais acheté assez massivement est maintenant plus dense et plus café que ceux que j’ai en cave mais il a gardé sa grandeur. C’est le 1932 que je préfère.

C’est Bruno Cazes, fils de Bernard Cazes que je revois avec un grand plaisir, qui représente le Banyuls l’Etoile que j’aime beaucoup. Le Banyuls l’Etoile 1949 est puissant, un peu réduit, évoquant café et caramel. J’ai toujours eu un faible pour cette maison en partie à cause du nom, car j’aime aussi particulièrement les vins de l’Etoile du Jura.

Les Vignerons de Maury font une cuvée spéciale, Chabert de Barbera. Le Maury Tuilé Chabert de Barbera 1985 est un Maury de grande élégance et complexité. Il est d’une belle vivacité.

C’est sur la suggestion d’Olivier Poussier que je suis allé goûter le Rivesaltes Ambré Maison Cazes 1932. C’est un vin d’une rare élégance et d’une incroyable fraîcheur. C’est un régal. Et la maison Cazes est chère à mon cœur, Bernard Cazes m’ayant reçu en ami lorsqu’il dirigeait encore son groupe familial.

Je ne connaissais pas la maison Gérard Bertrand qui propose de déguster plusieurs millésimes anciens. Le Maury Ambré Gérard Bertrand Legend Vintage 1929 est très frais et incroyablement floral. Il est d’une rare finesse.

Le Rivesaltes Gérard Bertrand Legend Vintage 1914 fait accomplir un saut dans le temps. On dirait qu’il est d’un siècle plus vieux que le précédent. J’adore les vins qui sont comme lui marqués par l’âge.

Il m’était impossible de ne pas visiter Mas Amiel ce domaine si beau et j’ai bu un Maury Tuilé Mas Amiel 1969 qui a la richesse, la profondeur et la densité de ce magnifique domaine.

Beaucoup de professionnels se pressaient à tous les stands car c’est assez rare d’avoir tant de grands vins de millésimes historiques. J’étais venu plus pour saluer des vignerons que je connais mais boire autant de vins agréables qui évoquent tantôt le café, le chocolat, les pruneaux, les zestes d’orange avec d’infinies variations de force, de richesse et de complexités, c’est un plaisir rare.

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Vins de Georges Roumier au restaurant Pages mercredi, 4 novembre 2015

Pour un prochain déjeuner, je réserve au restaurant Pages. Au téléphone, mon interlocutrice est surprise et me dit : savez-vous que le lendemain vous venez dîner ? Qu’importe. Remettre le couvert chez Pages est loin d’être une contrainte. Toujours prudente, mon interlocutrice me dit : « puis-je vous poser une question ? ». Elle m’annonce que le lendemain de mon appel, un club de dégustation organise un dîner en présence de Christophe Roumier et qu’il y a eu un désistement. Je l’arrête tout de suite : « s’il y a Christophe Roumier, j’arrive en courant ». Elle me demande : « voulez-vous que je vous dise le programme de la soirée ? ». Que m’importe, je viens, même sans savoir. Elle m’indique le prix de ce repas. Tout est sur les rails.

Le lendemain, je me présente assez tôt et le chef Teshi est en train de goûter des vins dans son bistrot « le 116 » qui jouxte le restaurant. Celui qui fait goûter les jeunes vins est François, un sommelier associé du Cercle Dr. Wine, la société qui organise le dîner de ce soir. On me tendra deux fois un verre de l’un de ces vins jeunes, mais j’ai l’esprit tourné vers le futur dîner. Je me rends au restaurant et me présente aux associés du Cercle, qui sont déjà présents. Il y a parmi eux des amateurs et des sportifs. Je règle le prix du repas et je demande si l’on accepte le cadeau que je veux faire d’un vin qui ne sera pas en compétition avec les vins du domaine Georges Roumier. L’ambiance est amicale. J’ouvre donc mon vin que je fais mettre au frais. Nous serons 18 participants répartis en trois tables de six. Il y a dans l’assemblée deux tennismen connus, un pilote de Grands Prix, une chanteuse, un grand nombre d’amateurs dont un ami des casual Friday. Christophe Roumier est présent et commentera ses vins s’il en a envie, François le sommelier qui assurera le service du vin complétant ses propos de très judicieuse façon.

Le Cercle Dr. Wine organise de tels dîners en invitant un vigneron à présenter ses vins. Ce sont donc des dîners à thèmes, avec les vins d’un vigneron présent. Le siège est à Dijon et j’ai pu constater que les relations des fondateurs du Cercle avec les vignerons sont très amicales.

Nous prenons un long apéritif debout avec du Champagne Delamotte brut sans année qui a été étiqueté, grâce à la gentillesse de Didier Depond en « Champagne Dr. Wine ». Cet apéritif permet de bavarder avec les uns et les autres. L’ambiance est très souriante.

Teshi a fait un menu pour les vins : terrine de faisan aux champignons / croustillant de homard, riz sauvage, sauce matelote / poulardes du Pâtis grillée , jaune d’œuf mariné, jus de volaille aux truffes / bœufs de maturation grillé, pommes soufflées, légumes de saison / fromages affinés.

Le Morey-Saint-Denis 1er Cru Clos de la Bussière domaine Georges Roumier 1997 a un nez soyeux, tout en douceur, fou de subtilité. En bouche tout se joue sur la subtilité. Le vin pianote ses douceurs. Une deuxième bouteille est bouchonnée. La troisième est toute en douceur. Christophe Roumier l’adore dans cette année subtile et discrète qu’est 1997.

Le Chambolle-Musigny 1er Cru Les Amoureuses domaine Georges Roumier 2008 est un vin très frais, envoûtant, à la longueur infinie. Il a une belle amertume. Il est vif, sauvage, géant. Il titille le palais avec bonheur. Je l’aime beaucoup plus dans la fragilité du service du vin frais que lorsqu’il est servi carafé, ce qui en fait un vin beaucoup plus assis. Alors, on trouve du tabac et l’alcool ressort.

Le Charmes Chambertin Grand Cru Christophe Roumier 1999 est tout en velours. Il a fond de douceur. Quelle force, ce qui peut paraître paradoxal quand j’ai évoqué sa douceur. Le vin est magique et son parcours en bouche est original : il n’y a pas de point bas. Il combine une grande force, des épices et un doux velours comme un vin qui ne voudrait pas qu’on le définisse. Elégant, sa râpe est belle. Ce vin est d’un grand potentiel.

Le Bonnes-Mares Grand Cru domaine Georges Roumier 1995 a un nez fumé et de viande légère. Mais le nez est influencé par le bœuf Wagyu dont le parfum nous entoure. Le vin est riche et je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il sera beaucoup plus grand dans quelques années.

C’est d’ailleurs intéressant de constater que le 1997 et le 2008 sont dans une jeunesse pétulante et brillent grâce cette folie sauvage. Alors que les 1999 et 1995 sont déjà des vins formés, plus civilisés, dont on se dit qu’ils seront tellement plus accomplis dans quelque temps. Et mon cœur balance vers ces jeunes fous, car les deux grands crus pourraient attendre, ce qui n’enlève évidemment rien à leurs extrêmes qualités.

Le Corton-Charlemagne domaine Georges Roumier 2003 a un nez un peu fumé. En bouche on retrouve ce côté fumé et des agrumes, avec du beurre salé et des notes lactiques. Je le trouve un peu austère alors que Christophe Roumier le trouve plutôt charmeur. Le vin n’est pas très aidé par la variété des fromages.

Le Château Saint-Amand Sauternes 1943 est le vin que j’ai apporté. La bouteille montre une couleur magnifique dans des tons de mangues. Le nez à l’ouverture était d’une grande subtilité dans les fruits exotiques oranges. Au service, la couleur dans le verre est belle, d’un acajou clair. Le nez est subtil et racé, de zestes d’oranges. En bouche si le vin a un peu mangé son sucre, il en reste suffisamment pour que le charme du vin conquière toute la salle. C’est un vin de bonheur. Le chef a fort judicieusement fait ajouter des mignardises aux noisettes pour accueillir ce vin.

Une fois de plus, la cuisine du restaurant Pages a été d’une rare subtilité. La poularde avec son jaune d’œuf et les trois morceaux de bœuf dont émerge la viande de Galice sont exceptionnels.

Les vins de Roumier sont dans l’aristocratie la plus belle des vins de Bourgogne. Les subtilités sont suggérées et ne sont pas imposées. Les vins sont joyeux, souriants toute en étant nobles. Une telle dégustation est un privilège. Christophe Roumier parle avec simplicité de ses vins. Les dirigeants du Cercle Dr. Wine sont charmants et entreprenants. Cette soirée aura probablement des suites. Tant mieux.

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dégustation de vins de Madère à Paris mardi, 27 octobre 2015

L’Institut du vin de Madère organise dans un grand hôtel parisien une dégustation de vins de Madère en « master class », avec Rui Falcao, critique de vins parmi les plus renommés du Portugal. Nous sommes assis à des petites tables et il y aura dix vins à déguster après un exposé absolument passionnant. Il est si clair que je vais essayer de retracer ce que j’ai compris et noté, qui n’est qu’une partie de ce qu’une quarantaine de personnes, des professionnels, ont appris.

Sur l’île de Madère, le vignoble produisant du Madère ne dépasse pas 460 hectares. Il y a six maisons de producteurs, ce qui est peu, qui n’ont pratiquement aucun vignoble en propre. Un producteur possède trois hectares et un autre moins de deux hectares. Le reste est possédé par 1.500 viticulteurs, qui vendent leurs raisins aux producteurs, un peu comme les vignerons de Champagne qui vendent aux grandes maisons. Le plus gros viticulteur a 11 hectares et le plus petit a trois pieds de vignes. Il est quand même enregistré à l’Institut du vin de Madère qui contrôle toute la chaîne de production.

Le vieillissement des vins de Madère est au minimum de trois ans dans des fûts de chêne dont aucun n’est neuf. Ils sont achetés à des viticulteurs européens. L’acidité est le mot le plus important pour les vins de Madère. Le vin de base est récolté entre 8,5° et 9° d’alcool mais ce facteur n’est pas important puisque le madère est un vin fortifié par addition d’un alcool pur et sans goût de 92° fait avec des raisins non produits à Madère. Le vin fortifié fera de 18 à 20°. La récolte se fait en surveillant l’acidité et non pas l’alcool.

Il y a quatre catégories de qualités : sec / demi-sec / demi-doux / doux. On obtient chacune de ces qualités en fonction du moment où l’on fait l’ajout d’alcool. Si c’est en fin de fermentation le vin sera sec et si c’est au début de la fermentation le vin sera doux.

Il y a cinq cépages. Le Sercial est toujours sec, le Verdelho est toujours demi-sec, le Boal (ou Bual) est toujours demi-doux, la Malvasia est toujours un vin doux et le Tinta Negra qui est un vin rouge contrairement aux autres qui sont blancs, qui représente 83% de l’ensemble du vignoble, produit les quatre qualités. La qualité d’un vin est alors indiquée sur l’étiquette de la bouteille. Le madère n’est jamais un vin d’assemblage des cépages et lorsqu’il n’y a pas de nom de cépage, c’est forcément du Tinta Negra.

Il y a deux autres cépages sur des surfaces très petites et des rendements ridiculement faibles que Rui Falcao préfère car ils sont exceptionnels, le Terrantez et le Bastardo, qui produisent tantôt du demi-sec, tantôt du demi-doux. On parle ici par cépage de 500 kilos de raisin par an !

Le vin de Madère se présente en trois types de fabrications. La première est celle des vins d’assemblages (des Blends), qui indiquent un nombre d’années un peu comme les whiskies 10 ans d’âge ou 20 ans d’âge. Il y a les 3, 5, 10, 15, 20, 30, 40 ans d’âge et on vient d’ajouter depuis peu une dernière catégorie, les plus de 50 ans d’âge. Le principe de l’assemblage est ainsi fait, en prenant un exemple du 10 ans d’âge : cela ne veut pas dire que les années mélangées ont toutes plus de dix ans, ni qu’elles ont une moyenne de dix ans, mais que le style du vin correspond à du 10 ans d’âge. Pour ce faire, le producteur présente un échantillon au comité d’agrément de l’Institut du vin de Madère qui a un pouvoir d’authentification. Le comité vérifie si les caractéristiques de goût et de complexité correspondent à ce que doit être le 10 ans d’âge de ce producteur. S’il n’agrée pas, le producteur devra revenir avec un autre échantillon. S’il agrée, les cuves seront toutes estampillées et auront l’agrément. L’institut passe tout son temps à agréer les différentes productions des six producteurs, le comité comprenant des producteurs et une majorité de membres de l’institut, qui veillent à perpétuer le style et la constance de goût de chaque type de vin sur le long terme depuis le 19ème siècle. L’Institut passe en permanence dans les six maisons pour contrôler les cuves. Les 3 ans et 5 ans représentent la moitié du marché.

La deuxième catégorie de vins de Madère est celle des Colheita, qui ne comporte pour le vin d’un seul cépage que des vins d’une seule année. Le vin doit passer au minimum 5 ans en fûts avant mise en bouteille, jusqu’à 20 ans. Au-delà de 20 ans, on passe à la troisième catégorie, le Frasqueira, qui lui aussi est fait d’un seul cépage et d’un seul millésime, mais gardé plus de 20 ans en fûts. Rui nous raconte qu’un producteur vient de mettre en bouteilles ses 1920 qui auront passé plus de 90 ans en fût. Cette catégorie très chère représente moins de cinq mille bouteilles par an.

Rui a ensuite parlé des techniques de vieillissement, avec un chauffage en cuves inox et serpentin entre 50 et 55° pendant trois à quatre mois et le stockage en fûts qui donne lieu à une très forte évaporation. Il est temps de passer à la dégustation. Nous irons du plus sec au plus doux. Rui nous fait rire car il nous demande ce que nous pensons des couleurs qui varient fortement d’un vin à l’autre et il nous dit : oubliez cela, car la couleur n’a aucune importance, ainsi que la couleur du vin d’origine, blanc ou rouge, qui n’influe en rien sur le goût. Il suffit de le croire.

Henriquez & Henriquez Sercial 2001. Comme il a le nom d’une année récente, c’est une Colheita. Comme c’est du Sercial, c’est un sec. Il a 45 g de sucre résiduel, ce qui n’est pas très sec, mais nous sommes à Madère et les doux dépasseront les 200g de résiduel. Rui ne veut pas parler de cette donnée, car il dit qu’elle n’est pas significative pour les madères. Il dit que l’on parle plus de degré Baumé que de sucre. Le vin a un nez de fruits jaunes et bruns, de reine-claude. Ce nez est doux et cohérent. L’attaque du vin est dans les agrumes, le zeste d’orange, l’abricot. L’acidité est superbe. Le final est de bonbon anglais avec de la peau d’orange. Ce vin sec est très agréable et simple à comprendre. On perçoit de la salinité et de la craie. Il a une très grande longueur.

Blandy’s Colheita Sercial 1995. Le nez est beaucoup plus vineux, pas très net et l’alcool se sent. La bouche est très différente du nez. Il y a de l’écorce d’orange, du pruneau et une belle acidité. Il est moins pur et moins brillant que le 2001, plus caramélisé. Le finale a de la peau d’orange, du zeste, du thé. C’est l’orange qui domine. Il a un goût de vin ancien.

Justino’s Verdelho 10 Anos. C’est un demi-sec d’assemblage 10 ans d’âge. Le nez est beaucoup plus discret. Il est difficile à définir. La bouche est beaucoup plus douce. Il y a de l’orange confite, du bonbon anglais qui marque le finale, acidulé avec un côté salin.

Justino’s Madeira Colheita 1996. Comme il n’y a pas de cépage indiqué, c’est un Tinta Negra. Il est demi-doux, indiqué sur la bouteille. Le nez est très fin, noble, distingué. La bouche est très sucrée. Le sucre s’impose. Il y a du thé, du pruneau avec un finale très frais, superbe. J’adore la fraîcheur malgré la sucrosité.

Borges Colheita Boal 1995. C’est un demi-doux. Le nez est aérien, de pâte de fruits. La bouche est superbe avec l’amertume des agrumes, très belle. Il y a un côté salin très fort. Le finale est d’agrumes et de sel. Il y a une belle acidité. C’est un vin très viril et très noble. C’est fou comme il paraît sec alors qu’il est doux. Le finale est superbe.

Blandy’s Colheita Bual 2002. Le nez est moins précis et évoque l’alcool. La bouche est gourmande, de pâtes de fruits, de confiture multi-fruits. Il est salin mais pas trop, il a une belle acidité. Le finale est gourmand et très fruité de fruits frais et rouges aussi, pour la première fois. Il a une très grande longueur salivante, on sent le curry et le miel. C’est un vin gourmand à la fraîcheur mentholée.

Comme nous avions six verres devant nous on nous demande de vider les quatre premiers verres pour accueillir les quatre vins qui finissent la dégustation. Quel dommage de verser les fonds de verres. Il est interdit à Madère de mélanger les cépages aussi ai-je commis le crime de faire un mélange des quatre premiers vins dans l’un des verres. Le résultat est superbe d’élégance, d’équilibre et de cohérence, surtout dans les agrumes. Rui n’en a rien su, ni Paula la directrice de l’Institut.

Barbeito Boal 20 Anos Ribeiro real. C’est un vin doux. Le nez est incroyablement floral, de fleurs blanches. Ce nez est intense, entêtant et mentholé. Ce nez est incroyable et il me tétanise. La bouche est raffinée, très concentrées de fruits confits, fruits caramélisés. Le vin est gourmand et de belle acidité. Le finale est très joli, frais tout en étant imposant. C’est un vin qui paraît très ancien, solide. Le nez est complètement fou. L’acidité est extrême et le rend frais. C’est un vin de méditation.

Borges Colheita Malvasia 1998. C’est un vin doux. Le nez est très frais malgré le sucre. L’attaque est de fraîcheur. C’est un bonbon acidulé, tout en douceur, avec du caramel du miel et du sucre caramélisé, du café. Le finale est de café et vanille. Le vin est très fort, lourd, jouissant d’une belle longueur et d’un très grand équilibre.

Henriquez & Henriquez Malvasia 20 Anos. Le nez est tout en douceur et charme. L’alcool est présent. La bouche est toute en douceur. Ce vin n’est que du bonheur, tellement intégré, cohérent, comme le 2001 du début. C’est un bonbon au miel. Il a une belle acidité et un finale de caramel, de thé. C’est un petit bonheur. Il est très monolithique, bâti comme un roc, mais il est heureux.

Barbeito Malvasia 20 Anos Ribeiro real. C’est le même vin que le précèdent mais d’un autre producteur. Il y a du laitage dans le nez que je ressens pour la première fois. L’attaque est merveilleuse de fraîcheur et de douceur romantique. Il a un charme extrême car il est énigmatique contrairement au précédent. Il y a du miel, du caramel, des zestes d’orange. Dans le finale il y a du tabac, du chocolat, et du miel. Il est plus élégant que le Henriquez & Henriquez car il est plus difficile à cerner. Le premier joue le confort, le second joue l’énigme. Il est plus racé et me plaît plus.

Que retenir de cette dégustation ? Que tous les madères sont tous différents. Il n’y a aucune corrélation entre le nez et la bouche. L’attaque correspond rarement à ce que l’on a senti. Les deux jeunes, le 2001 et le 2002 sont superbes, ce qui veut dire qu’on peut boire des vins jeunes. Le plus grand est de dernier des dix, mais la surprise la plus folle est celle du parfum du Boal 20 Anos qui m’a envoûté. Les madères sont incroyablement goûteux et frais malgré leur force alcoolique qui ne fatigue pas du fait de l’acidité. Comme à chaque fois que je fais cet exercice, je m’en veux de ne pas ouvrir plus souvent des madères qui sont d’une grâce incomparable. Merci l’Institut qui joue un rôle crucial dans la préservation de la qualité de ce vin fascinant d’avoir organisé cette belle dégustation.

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Verticale de 20 ans de Clos de Tart et dîner en l’honneur de Sylvain Pitiot samedi, 12 septembre 2015

Sylvain Pitiot, le directeur du prestigieux Clos de Tart a pris sa retraite cette année. Avec son successeur Jacques Devauges, avec les propriétaires du Clos, de la famille Mommessin, il a invité une trentaine d’amis, de distributeurs et agents et de journalistes pour célébrer ses vingt années à la tête du domaine. Sylvain m’avait demandé d’apporter un vin pour la fin de repas, aussi dès mon arrivée j’ouvre quatre bouteilles car il y aura quatre tables au dîner.

A 18h30 nous nous présentons dans la cour du Clos et peu de temps après nous commençons la dégustation des vingt millésimes faits sous la responsabilité de Sylvain. Sur des tonneaux redressés sont posées des bouteilles de trois ou quatre millésimes. On a appelé ces stands des « stations » et je peux affirmer que cette dégustation est tout sauf un chemin de croix.

Les premières stations sont dans un chais. Les autres sont dans l’une des magnifiques caves ancestrales du Clos de Tart. Nous sommes debout, ayant en main le verre de dégustation, le carnet de notes et un stylo. Il n’y a aucun pupitre, aussi la prise de notes est épique. Elle sera donc succincte.

Le Clos de Tart 2014 a une attaque très franche. Il a déjà une belle plénitude. Il est riche et épais. C’est une belle surprise de le voir si buvable.

Le Clos de Tart 2013 a un nez plus serré que le 2014. Il est plus fluide et plus frais. Il a un très joli caractère et un finale très noble.

Le Clos de Tart 2012 a un nez très minéral, d’ardoise. Il est plus fermé que les 2013 et 2014. Il est dans un stade de fermeture qui limite son charme. A attendre avant de juger.

Le Clos de Tart 2011 a un nez très frais. Le vin est romantique. Je ressens une petite amertume. Le finale est très racé mais le vin manque un peu d’opulence à mon goût.

Le Clos de Tart 2010 est plus gourmand et plus joyeux. Il a une belle plénitude et un bel équilibre. C’est un grand vin de belle râpe dans le finale.

Le Clos de Tart 2009 a un nez fruité. Le vin est très large. Il est à la fois frais et riche. C’est un grand vin.

Le Clos de Tart 2008 a un nez plus discret mais il a une belle attaque de fruit. C’est un vin frais, riche, au finale poivré. C’est un très grand vin, très généreux.

Le Clos de Tart 2007 se boit bien. Il est frais, léger, très agréable. Il a des similitudes avec les vins anciens d’années discrètes dont il partage l’élégance et la subtilité. Il a un très beau fruit. C’est l’expression élégante du Clos de Tart dans une année moins riche.

Le Clos de Tart 2006 est très différent. Il a une belle matière, de la fraîcheur et des fruits presque confits. Il est plus assis que les autres tant il est riche. C’est un grand vin.

Le Clos de Tart 2005 a une attaque de velours et de charme. Il a beaucoup de fruits et de plaisir. C’est un vin très précis. Le finale est un peu rêche, mais c’est agréable. Ce vin est de fruit et de fraîcheur.

Le Clos de Tart 2004 a un nez très fort et intense et paradoxalement on ne le retrouve pas en bouche car le vin est fermé, âpre, limité.

Le Clos de Tart 2003 a une couleur très noire. Il y a un peu de café dans son parfum. On ressent un peu de sucrosité. Ce vin d’une incroyable richesse ne me semble pas dans la ligne traditionnelle du Clos de Tart.

Nous changeons de salle de dégustation et les odeurs très fortes qui règnent dans la cave vont influencer la perception des parfums des vins.

Le Clos de Tart 2002 a un beau fruit très équilibré. Ce n’est pas un vin tonitruant, mais il est très agréable à boire. Son finale est gourmand.

Le Clos de Tart 2001 a beaucoup de fraîcheur et un fruit agréable mais un peu court. C’est un vin qui demanderait d’être en situation de gastronomie car je le trouve un peu fermé, au sucre perceptible dans le final.

Le Clos de Tart 2000 a un nez intense. Le vin est plutôt léger. C’est un vin qui se cherche. Son finale est très agréable et me pousse à l’aimer.

Le Clos de Tart 1999 est un vin qui me donne l’impression de ne pas être encore épanoui. On sent qu’il faut l’attendre encore plusieurs années afin d’en saisir toutes les qualités.

Le Clos de Tart 1998 est le premier vin de ceux que j’ai dégustés qui donne des notes animales dans son parfum. La bouche est fraîche et le vin est agréable, ne faisant pas partie des plus belles personnalités.

Le Clos de Tart 1997 est tout en velours et en douceur. Il a une belle matière mais joue surtout sur l’élégance. J’adore ce vin qui comme le 2007 a des intonations de vin ancien.

Le Clos de Tart 1996 a une très belle couleur d’un rouge glorieux. Le vin est d’un équilibre rare. C’est le plus plaisant à boire car il est plus mûr que tous les autres. Le finale n’est pas assez structuré pour mon goût mais c’est déjà un grand vin.

Ce qui est intéressant dans cette dégustation, au-delà de la constatation de la noblesse de ce vin béni des dieux, c’est que les petites années ou supposées petites sont les plus agréables à ce stade de leur jeunesse. Ainsi, 2007 et 1997 sont de très belles surprises. Le 2008 est un vrai bonheur et montre de grandes qualités. Les grandes années dépasseront les petites années, mais dans vingt ans sans doute.

Après cet exercice nous remontons dans la cour pour trinquer avec les autres participants. C’est un Champagne Pol Roger magnum 2002 qui nous est servi. C’est une remarquable réussite de l’année 2002, vin de charme mais de forte imprégnation. On le boit avec un infini bonheur.

Le dîner est placé. Je suis à côté de Didier Depond, président de Salon-Delamotte et à côté d’une jeune femme vivant en Suisse qui est Master of Wine. Le Grand Maître de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin est aussi à notre table ainsi que des américains et anglais, l’épouse d’un célèbre vigneron bordelais et un célèbre vigneron bourguignon.

Sylvain Pitiot fait un court discours sur l’histoire du Clos de Tart, protégé par la Vierge de Tart depuis 1141 quand il fut fondé par les moniales de l’Abbaye de Tart, dépendant de celle de Cîteaux. Jacques Devauges fait lui aussi un court discours de remerciement à Sylvain et souhaite poursuivre son œuvre.

Le menu préparé par Thomas Le Courbe est : escalope de foie gras de canard poêlé au cassis, craquant de pain d’épices / pavé de thon sauce vin rouge, carottes glacées, jeunes pommes de terre / demi pigeonneau farci basse température, jus simple / Cîteaux, Epoisses, Comté / mignardises.

Le Clos de Tart 2007 est un vin superbe, d’une fraîcheur rare et d’un beau fruité mais surtout, il est magnifié par un accord que je n’aurais sans doute jamais osé. La sauce au fort cassis est vineuse et propulse le vin à des hauteurs rares, lui donnant équilibre et un fruité magnifique.

Le Clos de Tart magnum 2005 a un nez superbe. Le vin est noble et racé. Son acidité est belle ainsi que sa matière. Le fruit un peu râpeux est puissant. Le 2005 a plus de structure que le 2007 mais c’est aujourd’hui le 2007 qui montre plus de charme et de velours. En fait il faudrait attendre vingt ans pour que le 2005 délivre tout ce qu’il a en devenir. On en a une idée grâce au poisson car le 2005 devient grandiose, strict mais grandiose. Michel Bettane dit que c’est grâce au 2005 que le Clos de Tart est remonté tout en haut de la hiérarchie des vins de Bourgogne.

Le Clos de Tart 2002 est difficile à caractériser. Il est très vineux, très fort mais manque un peu d’ampleur. Servi d’une deuxième bouteille, je suis face à un vin beaucoup plus plaisant, vin gracieux avec des petites notes de café.

Le Clos de Tart 1996 a une couleur très foncée, plus que celle du 1996 bu en cave. Il me donne une impression de vin âgé. C’est un grand vin de structure riche, évoquant la truffe noire. Il est fort, puissant, très racé, claquant en bouche et imprégnant. Il a fraîcheur et puissance, à l’aise sur l’excellent pigeon.

Le vin mystère peut difficilement cacher qu’il est Clos de Tart. C’est donc l’année qu’il faut trouver. Autour de la table, les candidats possibles sont 1985 et 1978. Quand je hasarde 1976, le vigneron bourguignon me répond : « non, pas 1976 ». Je n’insiste pas car c’était une hypothèse parmi d’autres. Sylvain nous demande si nous avons trouvé le Clos de Tart 1976, vin frais, fluide et très beau dans son épanouissement calme et mesuré.

Le vin que j’ai apporté est un Niersteiner Konigskerze Rheinhessen Bansa & Sohn 1959. Il est doux mais non sucré, aqueux, herbacé tendance artichaut, évoquant un peu la Suze. C’est un vin curieux, déroutant mais intéressant, qui a été diversement apprécié selon les tables car ce vin fait un peu du hors-piste et les quatre bouteilles avaient à l’ouverture des parfums dissemblables. Je voulais mettre un vin qui ne soit pas archi-connu de ces grands dégustateurs. Je suis peut-être allé trop loin dans l’inconnu.

Le menu remarquablement conçu avec des accords pertinents et dont l’audace a été couronnée de succès a parfaitement convenu aux vins. L’ambiance amicale et chaleureuse a permis à chacun de se réjouir de cette communion avec Sylvain Pitiot, qui a permis au Clos de Tart de rejoindre les étoiles du firmament bourguignon.

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Jacky Rigaux et Sylvain Pitiot

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les tables du dîner dans la salle du pressoir qui date de 1514

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le menu

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trois expressions caractéristiques de Sylvain Pitiot

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un peu de retard pour photographier le foie gras poêlé !

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le vin allemand 1959 que j’ai apporté

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Dîner au restaurant de l’hôtel Shangri-La avec des vins de la famille Hugel mardi, 8 septembre 2015

(lire le récit du déjeuner ci-dessous)

J’arrive vers vingt heures au restaurant chinois de l’hôtel Shangri-La qui a organisé un menu dégustation à six ou huit plats agrémentés de vins de la famille Hugel. Les inscrits ne se mélangent pas et sont répartis à des tables en fonction de leurs réservations. Les représentants de la famille Hugel, Etienne, son fils et son neveu, passeront de table en table pour commenter tel ou tel vin. Serge Dubs fera de même et j’irai aussi saluer ceux qui se sont inscrits à la suite de mon mail annonçant ce dîner. Avant cela, l’apéritif se prend debout avec le Gentil Hugel 2014 qui confirme mon impression du midi, d’un vin franc, simple, frais et de belle soif.

Le dîner dégustation autour des vins de la famille Hugel est ainsi conçu : effiloché de poulet en salade, sauce façon sichuanaise / Ha Kao Siu Mai (qui comprend des beignets de crevette, du crabe et du porc) / ravioli de crabe au bouillon / langouste croustillante aux flocons d’avoine / porc à la sauce aigre-douce / riz sauté à la façon du chef / lait de coco aux céréales, boules moelleuses à la crème montée et fruits frais.

Le Gewurztraminer Estate Hugel 2012 a un petit côté déstructuré que je n’aime pas beaucoup dans les jeunes gewurztraminers. Son alcool est fort, presque trop fort. C’est un chien fou talentueux qui se domestiquera avec l’âge, ce que le plat de poulet réussit dans l’instant, révélant café, caramel mais aussi son caractère floral. Le vin est très à l’aise avec ce plat épicé, mais il serait sage d’attendre encore avant d’en profiter.

Le Riesling Grossi Laüe Hugel 2010 et le Rieling Jubilee Hugel 2009 sont les mêmes que ce midi. Je retrouve les mêmes impressions mais les plats épicés n’arrangent pas tellement ces vins.

Le Pinot Gris Jubilee Hugel 2009 est d’une rare élégance. Il est magnifique, magique et je suis conquis par ce vin.

Le Riesling Classic Hugel 2014 est peut-être grand, mais il est trop jeune pour mon palais. Le Riesling Schoelhammer Hugel 2007 est magnifique, d’une grande perfection comme ce midi. Il vibre, il est généreux. C’est un très grand vin.

Le Pinot Gris Vendanges Tardives Hugel 2008 est sublime, magique sur le porc aigre-doux, dans une association diabolique de plaisir. Il révèle de l’ananas.

Le Pinot Noir Jubilee Hugel 2013 est trop jeune pour moi, montrant trop son acidité et son amertume.

Le Gewurztraminer Sélection de Grains Nobles « S » Hugel 2007 est magnifiquement confortable. Il a la pourpre cardinalice, l’aisance et la facilité des seigneurs.

L’esprit est à la joie et surtout à la générosité. La cuisine chinoise est de grande qualité. Certains plats sont déroutants, comme les desserts, d’autres sont d’un charme rare comme le porc aigre-doux qui a créé un accord de première grandeur. L’hôtel est luxueux, le service est très attentif et efficace, dont Cédric, sommelier très à l’aise au milieu de cette débauche de grands vins.

La famille Hugel fait des vins de haute qualité, dont certains me sont apparus de très haut niveau, couronnés qu’ils sont par les meilleures notes dans les guides. Ce fut un plaisir de rencontrer trois générations d’Hugel. Les alsaciens savent recevoir. Je suis sûr que Jean Hugel, avec qui je fus d’une grande complicité, doit être fier, là-haut, du travail effectué par sa famille.

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Etienne Hugel m’a photographié avec Cédric qui avait aligné les bouteilles de tous les vins bus ce soir

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Déjeuner au restaurant Macéo avec les vins de la Famille Hugel mardi, 8 septembre 2015

Alors que j’étais encore dans le sud, Etienne Hugel, qui m’avait invité à la présentation des vins de la famille Hugel dont notamment de nouveaux rieslings secs, m’appelle et me demande : pourrais-tu faire du tamtam auprès de tes amis car nous avons prévu un dîner au Shangri-La et la participation à ce dîner n’est pas à la hauteur de nos espérances. Aussitôt dit, aussitôt fait, j’envoie un message aux lecteurs de mon bulletin et la réaction ne se fait pas attendre, quelques heures plus tard j’apprends que toutes les tables sont complètes. Bravo cher lecteurs pour votre réactivité.

La « journée Hugel » commence au premier étage du restaurant Macéo par un déjeuner de presse. Il se trouve que c’est en cet endroit que se tiennent le plus souvent les séances de l’académie des vins anciens dont le regretté Jean Hugel était l’un des plus fidèles participants. Je suis sensible à cette concordance de lieu.

La maison Hugel fait partie des Hénokiens, ces sociétés dont le capital est détenu par une même famille depuis plus de deux siècles. Elle est aussi membre de l’association Primum Familiæ Vini qui regroupe des vignobles prestigieux toujours dirigés par la même famille. Dans le cas de la maison Hugel, on est aujourd’hui à la treizième génération. On a fêté en 1989 les 350 ans de la maison Hugel.

André Hugel, frère cadet de Jean, né en 1929, père d’Etienne, est un historien auteur de nombreux ouvrages. Il retrace l’histoire de la famille Hugel dans le contexte de l’histoire de l’Alsace et des guerres qui ont affecté la citoyenneté des membres de la famille. Et ce long préambule est l’occasion de présenter le nouveau nom qui figure sur les étiquettes : « Famille Hugel » au lieu d’Hugel et Fils. Un autre changement est celui des appellations des vins, qui s’inspirent des racines alsaciennes de la famille. Etienne parle de cette petite révolution qui tient compte des changements familiaux avec l’apparition d’une nouvelle génération aux commandes de cet antique et solide vaisseau.

L’accueil se fait avec un Gentil Hugel 2014. Le Gentil est un vin blanc sec fait de l’assemblage de vins de multiples parcelles, un peu à la façon de l’Edelzwicker que l’on trouvait dans tous les Weinstübe alsaciens. Ce qui est sympathique, c’est que l’acidité est franche, aigrelette bien sûr mais très douce. Ce vin léger se boit bien, simple, frais, de belle minéralité. Je l’aime volontiers pour sa pureté.

Le menu composé par le Macéo selon les indications de Mark Williamson est : tempura de langoustines bretonnes et pointe de curry, chips d’aubergine et houmous vert-pré / Céviche de daurade de ligne, mangue verte et ponzu / loup sauvage simplement braisé et beurre oncle Johnny, gnocchi maison porcini / Stilton Colston Basset, pain aux figues et noix.

Le Riesling Classic Hugel 2013 est plus fruité et floral que le Gentil. Il est frais et fluide, un peu jeune et pas assez structuré. Il a un beau fruit de groseilles blanches et se montre pénétrant.

Le Riesling Estate Hugel 2012 a un peu de perlant mais il est très agréable, surtout dans le finale. Le perlant sensible ne nuit pas au finale très fruité. J’aime beaucoup le 2013 malgré sa jeunesse et le 2012 est plus fort et plus long. C’est d’ailleurs lui qui convient le mieux à la daurade.

Le Riesling Jubilee Hugel 2009 (dont le nom Jubilee s’écrit sans accent) a un nez très gracieux. Il a un aspect beaucoup plus doux. C’est vin de noblesse et de netteté avec une grande persistance aromatique.

Le Riesling Grossi Laüe Hugel 2010 a aussi un côté perlant. Il est de belle acidité avec beaucoup de fruits.

Le Riesling Schoelhammer Hugel 2007 est très gracieux, pur, éthéré et romantique. C’est un vin magique qui a tout pour lui. Il montre un peu de sucrosité et se révèle gastronomique. Je l’adore.

Le 2009 convient bien au loup, plus que le 2010 du fait de l’impression de perlant. Le 2007 est superbe et gastronomique et c’est le plus sucré des trois. Le plus orthodoxe et le plus représentatif du riesling est le 2009 mais le 2007 est plus charmeur et séducteur même s’il représente un peu moins l’image de netteté du riesling.

Serge Dubs, meilleur sommelier du monde en 1989, sommelier de l’Auberge de l’Ill, commente les vins et quand il évoque la truffe blanche pour le 2007, cela me saute aux yeux. La sauce du loup, baptisée « beurre oncle Johnny » en hommage à Jean Hugel, a été faite avec un riesling Hugel et c’est un bijou.

Le stilton du Macéo est une merveille. Le Pinot Gris Vendanges Tardives Hugel 2008 est très riche, lacté et gras.

Le Gewurztraminer Vendanges Tardives Hugel 2007 est beaucoup plus floral et gracieux que le pinot gris, mais il a un finale moins précis. Le 2008 est plus adapté au stilton, car plus « nature ». Le 2007 est plus gracile mais très joli dans sa subtilité. Pour ce vin il faudrait autre chose que le stilton. Ce vin superbe aimerait un plat plus cuisiné. Le 2008 est plus riche.

La salle où nous déjeunons se remplit car il est prévu entre 15 heures et 18 heures une présentation des rieslings Hugel et les premiers arrivés viennent saluer ceux qui déjeunent. Je quitte cette belle assemblée dont je retrouverai certains au dîner du Shangri-La.

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Trois générations de Hugel

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de gauche à droite André Hugel assis, Mark Williamson, Serge Dubs, Etienne Hugel et son épouse

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Un vigneron espagnol cherche du crowdfunding jeudi, 16 juillet 2015

Voici le message que j’ai reçu de ce vigneron qui cherche du financement de particuliers et des blogueurs qui relaient l’information :

 

 

De : Ruben Gago <jrubengago@hotmail.com> +34633152239 Site :

[text your-site]

Sujet : Opening a new small winery with soul in Spain

 

Corps du message :

Bonjour,

 

My name’s Ruben Gago, from Spain, and I am contacting after learning of your site because I am opening a small winery in Spain and you might be able to help:

 

Let me explain: Our winery is located in Riofrio de Aliste (A small village in the North-West of Spain, close to the border with Portugal, in the province of Zamora). There we have a family vineyard of 1.5 ha of mencía vines planted back in the 40’s by my grandparents. That’s the one and only grapes we will use to produce our wines.

 

Recently I found the crowdfunding website www.fundovino.com and thought it would be really interesting for me to launch a campaign there (It would allow me to get some funds for the opening of the winery and also I would get a big public exposure right from the beginning).

 

So right now I’m in the middle of preparing this crowdfunding campaign. To make it the most successful possible, I am trying to contact wine bloggers who are interested in sharing small projects with soul like mine.

 

I am also interested in finding distributors who can do a tasting of my wines once the campaign is live (September this year).

 

So, if you are interested in sharing a note of the project in your blog or somewhere, it would be great! (I’m not quite sure if your any comment would fit in your site…) Either way, if know anybody who could be interested, that would be great if you can let me know. Any help will be very welcomed!

 

Thank you so much for reading.

 

 

Ruben

 

Bonne chance à ce vigneron

 

deux-centième anniversaire du domaine Comte Liger-Belair, concert et dîner vendredi, 12 juin 2015

La journée de célébration du deux-centième anniversaire du domaine Comte Liger-Belair avait débuté par une dégustation de 72 vins produits par Louis-Michel Liger Belair et ses équipes. L’intérêt de ce voyage sur les quatorze dernières années est de montrer l’évolution de la précision des vins et le travail fait sur toutes les phases de la maturation de la vigne et des vins.

Elle se poursuit par un concert donné dans la cave de la salle des fêtes de Vosne-Romanée. Quatre artistes avec un violon, une guitare, une contrebasse et un piano vont interpréter un programme éclectique qui va de Haendel, Saint-Saëns et Fauré à Django Reinhardt et Astor Piazzolla. Le contrebassiste norvégien rigole tout le temps, le violoniste qui joue sur un Stradivarius, excusez du peu, plaisante gaiement. Le guitariste est d’une force musicale extrême, avec un sens aigu de l’improvisation et le pianiste japonais est discret et efficace. Dans cette atmosphère amicale ils nous ont régalés, finissant par un morceau composé spécialement pour Constance et Louis-Michel Liger Belair. Du grand art, de l’élégance et de la joie de vivre comme le joli couple qui nous reçoit.

Il suffit de traverser la rue pour prendre l’apéritif dans la cour du château de Vosne-Romanée. Le Champagne Delamotte brut magnum sans année est toujours aussi joyeux, facile à vivre, avec un délicieux goût de revenez-y. Les petits grignotages d’apéritif ont été préparés par Pascal Barbot et son équipe.

Louis-Michel nous convie à passer à table pour un dîner placé, d’environ cent personnes, dans la grande salle ouverte où se tenait le matin même la grande dégustation des vins récents. Le menu du bicentenaire a été mis au point par Louis-Michel et Pascal Barbot : foie gras mi- cuit, champignons de Paris et pomme verte / poisson de Léman « cru-chaud », consommé fenouil, gelée d’anis vert / œuf meurette « Astrance », lies du château, pâte d’oignon, speck / agneau de lait, betterave rouge et framboise, capucine / canard rôti aux baies de genièvre, cerises farcies dattes origan / fromage de Bourgogne, rose, hibiscus / tartelette rhubarbe, sureau, fleur d’acacia / lait de poule au jasmin.

Le Champagne Salon magnum 2002 est un grand champagne, mais il est plus une promesse qu’une fleur épanouie, car il est encore fermé. Bon sang ne peut mentir car malgré sa folle jeunesse il est très gastronomique.

Le Nuits Saint Georges 1er cru Clos des Grandes Vignes Monopole blanc Domaine Comte Liger-Belair jéroboam 2012 a beaucoup de charme, de fluidité, et se marie bien avec le poisson, mais je trouve qu’il manque un peu de complexité.

Le Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair jéroboam 2008 a un côté sauvage que je trouve totalement fou. Ce vin, immensément servi par les lies de la sauce de l’œuf meurette est très sensuel. Je le trouve fabuleux.

Le Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair jéroboam 2007  est plus confortable que le vin précédent mais je n’ai pas la même vibration, car il est plus conventionnel. L’agneau est sublime et lui convient bien. La viande est d’une tendreté exceptionnelle. Le 2007 est très bon mais le 2008 est beaucoup plus pinot. Le 2007 est gourmand avec un niveau de maturité excellent. C’est un régal de voir Pascal Barbot montrant à un commis comment découper les côtes d’agneau : le chef toujours souriant dirige dans le calme et joue son rôle de pédagogue.

L’Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair magnum 2006 a un parfum fabuleux. La chair du canard est de la folie. Cette chair est incroyablement goûteuse. Le 2006 est généreux, gourmand. C’est un grand bourgogne que le canard rend opulent. C’est avec le toast d’abats que le vin s’envole dans la stratosphère. La chair plus la sauce constituent un coup de génie pour le vin. Ce vin est un bonheur parfait à ce stade de sa vie. On sent la qualité de son fruit. Ce vin est velours. Il y a une touche de fraîcheur dans le toast, probablement grâce à la baie de genièvre, qui donne un coup de fouet au vin. Nous baignons dans l’euphorie gastronomique.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair magnum 2006 a un nez subtil. Tout en ce vin est lié à la densité. L’associer à un fromage à pâte persillée est particulièrement osé et les petits à-côtés sont provoquants et ne servent pas le vin. Ce vin à une belle râpe et la plénitude d’un grand vin. Mais il manque une petite pointe d’exotisme à ce vin un peu trop civilisé. Je préfère presque le côté brutal de l’Echézeaux au caractère civilisé de la Romanée.

En fait, j’aime chaque vin et lorsque je reviens sur chaque vin, je rabaisse un peu mon enthousiasme pour le 2008 et la Romanée montre que ce vin est très au-dessus des autres du fait de sa structure, même au-dessus de l’Echézeaux que j’adore, mais qu’il lui manque le petit plus de la complexité.

Le Scharzhofberger Riesling Auslese Egon Müller 1997 est tout en kiwi. Il est perlant, un peu trop jeune mais très bon. L’accord du vin et du dessert est agréable, mais n’est pas parfait car il n’y a pas de réelle propulsion pour le plat et pour le vin. Le vin servi très froid n’est pas assez ouvert.

Que retenir de ce dîner ? L’extraordinaire aventure engagée par Pascal Barbot pour faire un dîner exceptionnel lors d’une occasion exceptionnelle, celle d’un bicentenaire. Une cuisine parfaite avec surtout les chairs de l’agneau et du canard d’un niveau exceptionnel. Les vins qui réagissent parfaitement à la gastronomie servis en grands formats et un Echézeaux très enthousiasmant. Mais c’est surtout l’atmosphère qui est unique. Toute la brigade de l’Astrance qui a fait un service parfait est illuminée par la motivation de réussir cet évènement. Louis-Michel a fait un discours émouvant, chaleureux, affectueux, porté par le poids de l’histoire de huit générations. On se sentait en famille, partageant avec Constance et Louis-Michel un grand moment d’affection.

En quittant sous la pluie nos hôtes, on a remis à chacun un livre sur la Romanée Liger-Belair, livre magnifique de densité humaine et de chaleur vigneronne. Les photos magnifient le caractère humain de ce domaine. J’ai eu la surprise de voir que le menu de ce dîner est imprimé dans le livre. Il faut impérativement acquérir ce livre. Longue vie à ce prestigieux domaine qui est en de bonnes mains pour produire des vins qui comptent parmi les plus beaux de la Bourgogne.

le concert :

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à l’apéritif, un ami découpe le jambon

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la salle du dîner

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le livre du 200è anniversaire est exposé

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en salle de cuisine, le chef Pascal Barbot en plein travail motivant ses troupes

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la complicité du chef avec Constance et Louis-Michel Liger-Belair

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les vins du dîner

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