Présentation des vins de Pingus par Peter Sisseck à Laviniamercredi, 25 novembre 2015

J’avais rencontré Peter Sisseck le propriétaire de Pingus, célèbre vignoble de la Ribeira del Duero en Espagne, lors d’un voyage œnologique organisé pour les propriétaires des mythiques Ferrari GTO. J’avais organisé pour eux un dîner à l’hôtel Bristol. Ils avaient aimé ce dîner et je les ai rejoints un an plus tard à l’occasion de ce voyage. Lors de la visite de Pingus, sans que je sache pourquoi, un courant amical est immédiatement passé entre Peter et moi.

Lorsque Bipin Desai a organisé une dégustation verticale des vins de Pingus à Los Angeles, j’ai rejoint cet événement qui m’a permis de mieux connaître ces vins. Nous nous sommes retrouvés à une dégustation au domaine de la Romanée Conti où nous avons dégusté une Romanée Conti 1956 qui a donné des frissons à Peter, puis à une extravagante dégustation de vins du domaine de la Romanée Conti où une bonne partie des vins présentés étaient probablement des faux.

Pingus fait partie des vins que j’achète chaque année. J’avais envie de revoir Peter et une idée m’est venue de créer un de mes dîners où des vins de Pingus côtoieraient mes vins. Juxtaposer des vins très modernes comme ceux de Pingus et des vins plus anciens sur des plats adaptés est un challenge que j’ai envie de relever.

Ayant appris qu’il y a le jour du dîner un déjeuner de presse animé par Peter Sisseck, cela me semble un joli complément d’expérience et la maison Lavinia me fait le plaisir de m’inviter. Nous sommes une petite vingtaine, au restaurant Lavinia, au premier étage de la célèbre boutique de vins. Peter Sisseck est avec Ann, son épouse. Nous commençons par une dégustation sans plat, avant le repas.

Psi Domaine Pingus 2013 a comme tous les autres vins une couleur presque noire. Le nez est d’une folle jeunesse. L’attaque est belle de cassis et de feuilles vertes. Le vin a un beau grain et une jolie mâche. C’est un vin généreux. Il a un peu d’amertume et de râpe. Il est plaisant et on l’imagine compagnon de gastronomie. C’est dans le finale qu’il manque un peu de rondeur.

Le Château Recheyron Saint-Emilion Grand Cru 2011 est d’un château que Peter a repris il y a peu d’années en association avec un investisseur qui possède un joli portefeuille de vignobles. Le nez du 2011 est extrêmement élégant et c’est un joli fruit rouge qui domine dans son parfum. Le vin a une belle attaque, ronde, plaisante et le finale très mentholé est très espagnol. On dirait que le vin a une attaque bordelaise et un finale espagnol. Le vin est quand même bordelais, très généreux.

Flor de Pingus Domaine de Pingus 2013 a un nez subtil dans la discrétion. L’attaque est curieuse comme si le vin cherche sa voie. Il y a peu de fruits et les tannins sont discrets. Le registre est tout en finesse. C’est un vin élégant avec un peu de végétal dans le finale. C’est un vin distingué, Peter l’aime et dit que c’est ce qu’il cherche à faire. Il ajoute que ce vin s’exprime mieux dans les années dites faibles comme 2013.

Pingus Domaine de Pingus 2013 a un nez profond qui manque un peu d’exubérance. Il est noble, l’attaque est soyeuse de fruits rouges clairs. Le finale n’est pas très généreux. A ce stade, car cela va changer ensuite, je ne trouve pas de saut qualitatif réel entre Flor de Pingus et Pingus qui est le grand vin recherché par les amoureux de jeunes vins de la planète. Le cœur de bouche est ample, très équilibré, racé. Le finale est poivré.

On sent que Flor de Pingus s’exprime mieux maintenant et que Pingus le dépassera dans quelques années. Avant le repas mon classement est : 1- Flor de Pingus, 2 – Château Recheyron, 3 – Pingus, 4 – Psi (lettre grecque illustrée par un vieux cep sur l’étiquette et qui s’explique par le nom de Peter).

Le menu préparé par le restaurant Lavinia est : risotto avec chipirons à l’encre de seiche / daube de chevreuil au vin de la Ribeira del Duero / Manchego et pâtes de fruits / Poire Williams pochée au vin rouge.

Le risotto crée un accord d’une extrême pertinence avec le Psi 2013 et lui donne une ampleur sensible. Ce vin devient charnu, au beau finale, grâce au plat. Le chevreuil est un peu trop sec et la sauce un peu fluette, mais cela n’empêche pas que se crée un accord qui transforme le Pingus. Il gagne en ampleur, il devient joyeux, élégant et résolument gastronomique. Il est à la fois gourmand et aérien. Ce vin s’écarte magistralement des excès parkériens, pour donner pureté finesse et élégance d’une bien belle façon. Peter nous explique qu’il cueille ses raisins quinze jours avant les autres. Ceci explique probablement – en partie, car il y a aussi le talent – cela. Une autre raison est sans doute que les vignes de Peter sont à plus de 800 mètres d’altitude. La fraîcheur et le fluidité des vins sont sans doute liées à la fraîcheur des lieux.

Le fromage et la poire n’apportent aucune valeur ajoutée aux deux vins associés, le Flor de Pingus pour le fromage et le Rocheyron pour la poire. Je suis assez sensible aux accords couleur sur couleur. Le risotto est noir, le chevreuil aussi et se sont accordés avec des vins très noirs. Le fromage et le dessert n’ont pas créé d’accord. Il ne faut évidemment pas généraliser mais j’aime signaler ces occurrences.

Peter va présenter ses vins aux étudiants du Cordon Bleu. Nous nous retrouverons ce soir pour le 194ème de mes dîners.

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Une réflexion au sujet de « Présentation des vins de Pingus par Peter Sisseck à Lavinia »

  1. Ping : Article sur Pingus et le 194ème dîner | Académie des vins anciens

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