Archives de l’auteur : François Audouze

Bulletins du 1er semestre 2024, du numéro 1014 à … samedi, 9 mars 2024

Bulletins du 1er semestre 2024, du numéro 1014 à …

Pour lire le bulletin de votre choix, on clique sur le lien pour ouvrir le pdf de ce bulletin

To read a bulletin, click on the link of this bulletin.

(bulletin WD N° 1019 240312)    Le bulletin n° 1019 raconte : premier dîner de Noël en famille, deuxième dîner de Noël puis dans le sud accueil des amis qui participeront aux fêtes de la Saint Sylvestre, succession de déjeuners et de dîners avant la Saint-Sylvestre.

(bulletin WD N° 1018 240214)    Le bulletin n° 1018 raconte :à Miami, dîners en famille, rencontre impromptue de Richard Geoffroy, dîner chez un marchand de vins le Happy Wine in the Grove, au restaurant Doma et, de retour à Paris, Casual Friday au restaurant Maison Rostang.

(bulletin WD N° 1017 240204)    Le bulletin n° 1017 raconte : la 39ème séance de l’Académie des Vins Anciens.

(bulletin WD N° 1016 240123)    Le bulletin n° 1016 raconte : déjeuner de conscrits au Yacht Club de France, 279ème repas au restaurant Pages pour des amateurs mexicains et déjeuner d’amis au siège des champagnes Salon et Delamotte.

(bulletin WD N° 1015 240109)    Le bulletin n° 1015 raconte : déjeuner de famille au Train Bleu, déjeuner à la Manufacture Kaviari, rapide dégustation de cognac Hennessy et dîner avec de grands jeunes amateurs au restaurant Passionné.

(bulletin WD N° 1014 240103)    Le bulletin n° 1014 raconte : 278ème dîner au château d’Yquem

Règles pour la 40ème séance de l’académie des vins anciens du 6 juin 2024 jeudi, 1 février 2024

Rules in English : http://www.academiedesvinsanciens.org/rules-for-the-40th-session-of-the-academy-of-ancient-wines-on-june-6-2024/

Règles pour la 40ème séance de l’académie des vins anciens du 6 juin 2024

A lire attentivement, même si vous pensez connaître tout par cœur.

Pour participer à une séance il faut suivre le cheminement habituel :

  • Si l’on vient sans bouteille de vin, respecter les dates de paiement.
  • Si l’on veut venir avec un vin, proposer un vin ancien et fournir tous éléments sur le vin, dont le niveau dans la bouteille (chaque photo ne devra pas dépasser 500 Ko et devra être lisible. Elle sera en pièce jointe et non pas dans le corps du texte )
  • Obtenir mon approbation pour la ou les bouteilles proposées
  • Respecter les critères d’âge :
  • Champagnes d’apéritif : pas de règles. Ce seront des cadeaux des académiciens qui veulent en apporter, au-delà de leur apport
  • Champagnes : avant 1997
  • Vins blancs : avant 1991
  • Vins rouges et liquoreux : avant 1972

Dates à respecter

  • Livrer les vins à partir du 22 avril et avant le 17 mai
    selon le processus décrit ici :
  • soit livrer sa bouteille au 10 place des Vosges (sonner et demander au gardien de prendre possession des vins, qu’il gardera pour moi. Son numéro : 06.05.76.24.83)
  • soit expédier sa bouteille à l’adresse : François Audouze Société ACIPAR, 44 rue André Sakharov 93140 BONDY.
  • Payer sa participation dans les délais prévus (avant le 22 avril)
  • Chèque à l’ordre de « François Audouze AVA » à adresser à François Audouze société ACIPAR 44 rue Andrei Sakharov 93140 BONDY, qui est de : 180 € si on apporte un vin agréé ou 290 € si on vient sans vin.
  • Ou bien avant le 22 avril pour le paiement à RIB FRANCOIS AUDOUZE AVA : FR7630003030000005024474342 (je préfère largement les virements si faciles aujourd’hui)

– Le lieu de la réunion est : RESTAURANT MACEO 15 r Petits Champs 75001 PARIS

– Heure de la réunion : 6 juin 2024 à 19h et fin impérative 0h00.

Recommandations supplémentaires :

– ne pas mettre de chèque dans le colis qui comporte votre vin. Les chèques doivent être envoyés à part (je préfère les virements).

– ne pas coller quoi que ce soit sur la bouteille. Tout ce qui est collé est difficile à enlever.

  • Le restaurant me demande de limiter à 32 personnes. D’où l’intérêt de s’inscrire vite.

Remarque générale importante :

L’expérience des 39 séances précédentes montre que je suis obligé de gérer beaucoup trop de cas particuliers au dernier moment. On va essayer de ne pas subir les impondérables.

Mettre ma secrétaire en copie de tous vos mails, à winedinners.paris@gmail.com

Nota : les apports bénévoles de fromage et de chocolat sont appréciés. Je préciserai si c’est possible.

Rules for the 40th session of the Academy of Ancient Wines on June 6, 2024 jeudi, 1 février 2024

Rules for the 40th session of the Academy of Ancient Wines on June 6, 2024

Read carefully, even if you think you know everything by heart.

To participate in a session you must follow the usual procedure:

• If you come without a bottle of wine, respect the payment dates.

• If you want to come with a wine, offer an old wine and provide all information on the wine, including the level in the bottle (each photo must not exceed 500 KB and must be readable. It will be attached and not in the text of the email)

• Obtain my approval for the proposed bottle(s)

• Respect the age criteria:

• Aperitif champagnes: no rules. These will be gifts from academicians who want to bring them, beyond their contribution

• Champagnes: before 1997

• White wines: before 1991

• Red and sweet wines: before 1972

Dates to respect

• Deliver the wines from April 22
and before May 17

according to the process described here:

• either deliver your bottle to 10 place des Vosges (ring and ask the guard to take possession of the wines, which he will keep for me. His number: 06.05.76.24.83)

• either send your bottle to the address: François Audouze Société ACIPAR, 44 rue André Sakharov 93140 BONDY.

• Pay your participation on time (before April 22)

• Check payable to « François Audouze AVA » to be sent to François Audouze company ACIPAR 44 rue Andrei Sakharov 93140 BONDY, which is: €180 if you bring an approved wine or €290 if you come without wine.

• Or before April 22 for payment to RIB FRANCOIS AUDOUZE AVA: FR7630003030000005024474342 (I much prefer the transfers which are so easy today)

– The location of the meeting is: RESTAURANT MACEO 15 rue des Petits Champs 75001 PARIS

– Time of the meeting: June 6, 2024 at 7 p.m. and mandatory end at 12:00 a.m.

Additional recommendations:

– do not put a check in the package containing your wine. Checks must be sent separately (I prefer wire transfers).

– do not stick anything on the bottle. Anything stuck on is difficult to remove.

• The restaurant asks me to limit it to 32 people. Hence the interest in registering quickly.

Important general note:

The experience of the 39 previous sessions shows that I am forced to manage far too many special cases at the last moment. We will try not to suffer the imponderables.

Copy all your emails to my secretary at winedinners.paris@gmail.com

Note: voluntary contributions of cheese and chocolate are appreciated. I will clarify if this is possible.

Dégustation de Trévallon avec des passionnés dimanche, 28 janvier 2024

Un amateur de vin, Arnaud, qui me suit sur Instagram, m’informe qu’une dégustation aura lieu non loin d’Avignon lors d’un déjeuner autour des vins du domaine de Trévallon, avec les héritiers d’Eloi Dürrbach et peut-être Emmanuel Reynaud. Après avoir échangé des mails, je donne mon accord. Pour me rendre au lieu du rendez-vous, je peux constater qu’un grand nombre d’agriculteurs ont bloqué une sortie d’autoroute, et quand j’arrive à l’adresse indiquée, je me sens perdu car je ne trouve pas le restaurant Le 7 dont le chef est Laurent Guillaumond. Fort heureusement des participants du déjeuner viennent à mon secours.

Le restaurant est haut perché et de sa terrasse on voit les magnifiques structures de pierre d’Avignon. Nous sommes reçus par Marion, aimable et souriante.

Avant que tous les participants ne soient arrivés j’ai le temps d’ouvrir mes deux apports, un Château Chalon Clément 1906 et un vin de Chypre 1870.

Je suis surpris de voir des participants aussi jeunes car je pourrais être le grand-père de plusieurs d’entre eux, mais je constaterai au fil du repas qu’il s’agit d’amateurs particulièrement connaisseurs de vins. Nous sommes quatorze dont dix seulement sont des buveurs. Isoline et Antoine Dürrbach nous font l’honneur de participer à la dégustation des vins de leur domaine de Trévallon.

L’ordre de service des vins se met en place et nous allons commencer par un champagne jeune dont on me dit que le jeune viticulteur est devenu en un temps très court une vedette de la Champagne. Nous buvons un Champagne Pascal Hénin l’Appel de la Forêt non millésimé à majorité de pinot noir et j’avoue que je reste sur ma faim, car ce champagne est très court et son fruit manque de cohésion. On peut supposer que c’est cette bouteille qui n’est pas au rendez-vous.

On verra tout au long du repas que les premiers contacts avec des vins ne sont pas définitifs et que la première impression peut ne pas représenter le vin lorsqu’il est épanoui dans le verre.

L’apéritif consiste en un tartare d’huître de Camargue, friture de jols, saumon gravlax, crème acidulée aux œufs de truite. Il est accompagné de deux champagnes porteurs d’un label du Club des Viticulteurs Champenois (Spécial Club).

Le Champagne Pierre Gimonnet 1982 marque un tel saut gustatif par rapport au champagne précédent qu’on prend conscience de la richesse d’un vin de plus de quarante ans. Le parfum est magique et le champagne est généreux et accompli. Un bonheur.

Le Champagne Edmond Bonville Blanc de Blancs 1979 a un nez moins joyeux et une structure plus tranchante. Ce champagne est strict et émeut beaucoup moins que le 1982, mais il aurait été plus apprécié s’il n’y avait pas le 1982 à côté de lui.

Le menu préparé par le chef est : carpaccio de Saint-Jacques et truffe / magrets de sarcelle de Camargue rôtis, purée de panais et épinards frais, petit jus / cromesquis d’agneau sur houmous en une bouchée / palombe confite aux lentilles vertes du Puy / fromages en deux services / salade d’orange et clémentine corse, sorbet orange sanguine légèrement arrosé.

Je suis allé de surprise en surprise tant la qualité des produits est parfaite et la « façon » intelligente et cohérente avec les vins. Le chef a fait un repas de très haute qualité.

Quand je porte mon nez au Champagne Selosse Lieux-Dits Les Carelles Blanc de Blancs d’une base de vins de 2016 et dégorgé en 2023, j’ai l’impression que je m’envole sur un nuage de félicité. Ce parfum est diabolique. En bouche c’est un champagne solide, percutant, de haute intensité. Mes voisins de table – qui savent tout – me disent que Les Carelles est le plus grand des champagnes parcellaires de Selosse.

Nous passons maintenant aux vins du domaine de Trévallon qui sont l’objet du repas. Plusieurs bouteilles du même millésime ont été servies ce qui fait que les impressions des uns et des autres peuvent avoir divergé.

Apparaissent le Trévallon blanc 1998 et le Trévallon blanc 1996. Les couleurs des deux vins sont d’un bel or. Le 1998 est délicat, subtil, émouvant alors que le 1996 est plus solide, conquérant et large. Autour de moi et même Antoine Dürrbach préfèrent le 1996 mais je préfère le 1998 gracieux dans sa délicatesse alors que la puissance du 1996 ne me semble pas avoir atteint la précision et la maturité que l’on attendrait. On aurait beaucoup de mal à l’aveugle à trouver la région de ces deux vins délicieux.

Je suis assez déçu par le Trévallon rouge 1985 et le Trévallon rouge 1988 car ils me semblent plus vieux qu’ils ne devraient et souffrent, même si c’est légèrement, de petits problèmes de bouchon. Mais j’ai pu remarquer qu’avec le temps, le 1988 a retrouvé une partie de sa grandeur.

Un phénomène similaire va se produire avec le tant attendu Trévallon rouge 2001. Il apparaît timide, fade, un peu coincé, mais il va prendre une ampleur telle qu’il va progressivement corriger ses incertitudes.

Les choses vont devenir infiniment plus positives avec le Trévallon rouge 1995 et le Trévallon rouge 1990. Le 1995 est grand et le 1990 est une merveille. On a avec ce 1990 tout ce qui a fait la réputation et la gloire de ce vin exceptionnel. Tout y est, le parfum enivrant de subtilité et la force de caractère d’un vin inébranlable. Un régal.

Quand on sent le 1990 et quand on sent ensuite la palombe à la divine cuisson, on ne sait pas qui est le vin et qui est l’oiseau. Leur symbiose est magistrale.

Pour les fromages sont servis le Trévallon blanc 2014 et le Trévallon blanc 2007. Après ces belles et nombreuses séries, j’ai moins d’attention pour ces deux blancs car le souvenir des 1998 et 1996 si brillants m’empêche d’être passionné par ces deux blancs jeunes.

Ceux qui avaient vanté les mérites du jeune vigneron champenois essaient de m’intéresser au Chenin Richard Leroy Les Noëls de Montberault 2017 et je suis assez dubitatif. Je vois mal qu’on puisse aduler ce vin. Mais je suis peut-être trop critique.

On sert maintenant sur un fromage adapté (eh oui, un camembert affiné au calvados peut ne pas être un sacrilège) le Château Chalon Clément 1906 dont la bouteille me semble beaucoup plus vieille et d’un format de 75 centilitres voire plus. On pourrait dire que ce vin est un peu trop discret et peut-être un peu trop aqueux, mais si on cherche à lire ses complexités, on a un vin très attachant. Je n’aurais probablement pas dit Château Chalon à l’aveugle, mais c’est un témoignage intéressant aux complexités séduisantes.

Le Vouvray Le Haut Lieu Moelleux Huet 1990 est exactement ce qu’on peut attendre de ce vin joyeux, équilibré, généreux, de pur plaisir. Sa fraîcheur est magique.

Le Château de Tastes Sainte Croix du Mont 1924 a été offert par un participant qui voulait que nous buvions un vin de juste cent ans. Il est d’un niveau magnifique, d’une couleur presque noire. Son parfum est dense et en bouche, on le situerait au niveau de grands sauternes. Il est parfait comme eux et irréprochable comme eux.

Le Vin de Chypre 1870 avait à l’ouverture un nez moins puissant que celui du château de Tastes mais plus profond. Ce vin où l’on peut trouver du café, du balsamique et mille autres évocations est intense, riche, tout en gardant une fraîcheur extrême. Il a une longueur infinie. J’avais demandé à Marion des pastilles de chocolat qui ont accompagné le vin comme il convient, alors que le dessert aux agrumes était évidemment exclu.

Le programme était déraisonnable, mais nous avons réussi à tout boire grâce à la cuisine idéalement appropriée. J’ai été impressionné par la culture de ces amateurs fous de toutes régions qui sont venus pour cet événement, certains d’entre eux poursuivant le soir avec un dîner à l’Oustau de Baumanière. Passion, quand tu nous tiens…

Il est difficile de classer des vins aussi disparates mais je choisirai : 1 – Selosse, 2 – Trévallon 1990, 3 – Chypre 1870 et peut-être en quatrième soit le vin de 1924 soit le Trévallon blanc 1998, soit le champagne de 1982. Il y a eu tant de grands vins.

Antoine et Isoline Dürrbach ont su apporter tout au long du repas des anecdotes et les préférences de leur père. Le chef a fait un repas de haut niveau. L’ambiance joyeuse et décontractée a fait de ce repas un événement mémorable. Merci Arnaud de l’avoir organisé avec ces généreux passionnés.

Déjeuner de conscrits jeudi, 25 janvier 2024

Nous nous retrouvons une nouvelle fois au Yacht Club de France pour un nouveau déjeuner de notre club de conscrits. L’ami qui devait nous inviter avait conçu un menu avec Thierry Le Luc mais une subite maladie l’a empêché de venir. Un autre ami le remplace.

Les hors d’œuvre d’apéritif sont toujours aussi copieux et délicieux : charcuterie fine, huîtres de Carantec au beurre blanc, crème Dubarry au homard. Nous buvons un Champagne Laurent-Perrier sans année qui est très agréable et très consensuel. C’est exactement ce que l’on attend d’un champagne non millésimé.

Le menu est ainsi composé : noix de Saint-Jacques en carpaccio vinaigrette fruit de la passion et langoustines rôties / pot au feu de la mer en courge potimaron / fromages / crêpes Suzette, tuiles crème pâtissière à l’orange.

Thierry Le Luc avait suggéré que l’on boive un Saint-Aubin 1er cru Murgers des dents de chien Domaine Berthelemot 2015. C’est une belle proposition car le vin est extrêmement agréable, fruité, généreux, agréable. Il n’est pas d’une grande complexité, mais sa spontanéité procure un grand plaisir.

Pour le fromage un Château les Carmes Haut-Brion 2002 est lui aussi d’une belle franchise et joyeux.

Nous avons accueilli un nouveau membre et les discussions ont été passionnantes. L’implication de toutes les forces vives du Yacht Club de France pour nous satisfaire ajoute à notre plaisir.

Déjeuner avec deux vins magnifiques mardi, 23 janvier 2024

Un jeune ami m’avait proposé de déjeuner avec un Moët & Chandon 1880 que nous avions apprécié. Nous nous retrouvons à nouveau pour déjeuner au restaurant Pages. Je n’ai pas pu arriver en avance aussi les vins sont ouverts au moment où nous entrons dans le restaurant.

J’ouvre mon vin, un Hermitage La Sizeranne Chapoutier 1949 au niveau parfait et à la couleur idéale. La capsule est en plastique et sur le haut du bouchon il y a une espèce de glu que je dois essuyer. Et l’odeur du haut du bouchon est très désagréable, combinant du caoutchouc et un fort vinaigre. Le bouchon vient en mille morceaux car le haut du goulot a un pincement qui empêche le bouchon de monter. A noter que le bouchon était fortement imbibé de vin.

Il est urgent d’attendre et je regrette de ne pas être venu deux heures plus tôt car ces odeurs auraient disparu plus vite. Mon ami ouvre la bouteille de Champagne Dom Pérignon 1982 à l’étiquette abîmée mais au millésime lisible. Le beau bouchon vient entier et sans pschitt, mais on voit que la bulle est abondante quand on verse dans les verres. La couleur est un peu plus ambrée que celle du Dom Pérignon 1982 que j’avais bu récemment.

Le champagne est un peu plus chaud qu’il ne devrait et tant mieux car cela lui donne une énergie et une largeur de toute beauté. Ce champagne est de belle maturité, vaste et complexe, entraînant. C’est certainement un des plus grands Dom Pérignon 1982 que j’ai bus.

Le menu est d’amuse-bouches puis de l’encornet avec une sauce crémée / lotte et coques et sauce umami / joue de bœuf, sauce au vin et carottes / wagyu et sa gaufre et Lucas a fait à ma demande un dessert très simple et parfait.

Le champagne prend de l’énergie sur les coques seules et brille sur la sauce umami.

L’Hermitage La Sizeranne Chapoutier 1949 m’enchante dès la première gorgée. Il n’a aucun défaut olfactif et ce qui frappe, c’est la fraîcheur et la jeunesse de ce vin délicat qui ne joue en aucun cas de sa puissance alors qu’il en a. Une merveille.

Il y avait à une table voisine un américain, une italienne et une française qui déjeunaient calmement, mais l’américain m’avait reconnu car il me suit sur Instagram. Je leur ai apporté un verre de chaque vin. Ils étaient aux anges.

La joue de bœuf est idéale pour l’Hermitage. Je n’ai pas le souvenir d’en avoir bu de si gracieux, et de si belle fraîcheur. Si on disait que ce vin est de 1990, ce ne serait pas choquant alors que le vin a quarante ans de plus.

L’Hermitage est aussi très bon sur le wagyu, mais le gras de la joue est plus pertinent sur le vin que le gras du wagyu.

Nous avons fini le champagne sur le dessert. Il avait gardé de sa fraîcheur et s’était encore élargi. Quel grand 1982.

Pierre Alexandre le directeur attentionné nous a fait goûter un Cognac X.O. Jean Doussoux Héritage très plaisant et peu pesant qui a mis un joli point final à ce beau déjeuner où les deux vins ont été au sommet de leur art.

Dîner et déjeuner en famille dimanche, 21 janvier 2024

Mon fils vient dîner à la maison. Il a fait tous les achats pour ce repas. Lorsque j’ai transféré ma cave d’un entrepôt qui avait fait l’objet d’une expropriation du fait des travaux pour le Grand Paris, j’avais réservé dans le nouveau local une zone pour les bouteilles illisibles, que l’on inventorierait plus tard. Nous sommes presque douze ans plus tard et rien n’a été répertorié.

J’ai envie de fureter dans cette zone. Je vois une bouteille de Pétrus dont l’étiquette de vente aux enchères porte une indication manuscrite : « 47 », en plus du numéro du lot. La capsule du vin est verte ce qui indique un vin mis en bouteille par un négociant et j’imagine qu’il s’agit de Van der Meulen, qui a eu la réputation d’avoir fait des faux Pétrus 1947. Et un vague souvenir me revient d’avoir acheté un Pétrus 1947 à prix bas, prenant le risque d’un faux éventuel avec toutefois l’impression donnée par cette bouteille qu’il n’y aurait pas à redouter un faux.

Pendant ma recherche dans la zone des vins non identifiés, je prends en main une bouteille qui me fait bonne impression. Il s’agit d’une bouteille de Bourgogne sans étiquette avec une capsule rose comme celle de Chambertins 1913 que j’ai adorés. Je n’arrive pas à lire complètement ce qui est écrit mais Instagram m’aidera à trouver. C’est : « Caves du Restaurant La Bourgogne ». J’avais remis à sa place cette bouteille au niveau parfait et quand je suis revenu prendre la bouteille, j’ai eu en main une bouteille qui a perdu de l’ordre d’un tiers de son volume. J’ai alors réalisé que j’avais trois bouteilles de ces caves, apparemment de périodes différentes. J’en ai pris deux avec moi, la très basse et celle qui m’avait séduit.

Avant l’arrivée de mon fils j’ouvre le Pétrus 1947. Le goulot étant resserré le bouchon se déchire en miettes et il m’est impossible de vérifier l’année que l’étiquette bien abîmée ne laisse pas voir. Le nez est prometteur.

J’ouvre ensuite la bouteille de la plus basse des deux bourgognes. Le bouchon est descendu dans le goulot. Je n’arrive pas à le remonter car il est coincé dans le goulot. En utilisant le tirebouchon Durand qui combine mèche et bilame, je relève enfin le bouchon. L’odeur ne récompense pas mes efforts car elle est putride, horrible, affreuse. Je n’ai pas d’espoir mais il faut quand même donner la chance au vin.

Le bouchon du deuxième bourgogne à la capsule rose vient plus facilement. L’odeur me plait beaucoup.

Peu avant l’arrivée de mon fils j’ouvre un Champagne Veuve Clicquot sans année à la jolie étiquette d’un jaune ancien. Le bouchon de belle qualité est venu avec un pschitt bien significatif. J’ai même vu des bulles se montrer.

Mon fils arrive avec des victuailles pouvant nourrir un régiment. Nous trinquons avec le Champagne Veuve Clicquot sans année probable années 70 sur des rillettes qui l’excitent bien. Ce champagne est d’un équilibre parfait et d’une grande vivacité. Il a environ cinquante ans et montre une grandeur rare. J’aime ces Veuve Clicquot sans année lorsqu’ils ont cet âge.

Les andouilles sont un peu brutales pour le champagne. Nous poursuivons avec du caviar osciètre et du caviar Baeri sur du pain et du beurre. Alors qu’au moment du réveillon de la Saint-Sylvestre le Baeri avait brillé, aujourd’hui c’est l’osciètre qui montre une complexité et une longueur beaucoup plus affirmées.

C’est le moment du Pétrus 1947. Quand j’avais ouvert le vin, essayant de détecter un faux éventuel, j’ai cru sentir un peu de vin hermitagé, croyant reconnaître un ajout algérien mais maintenant en le buvant il est clair qu’il n’y a pas l’ombre d’un ajout de vin ensoleillé. Car ce vin très strict, pur, gracile mais affirmé est d’une rigueur authentique. Le pomerol se reconnaît sans défaut. On est certainement face à un Pétrus 1947, mais il n’a aucun caractère tonitruant. Et sa retenue m’empêche de m’extasier.

Je sens le bourgogne qui a le plus bas niveau et à ma grande surprise il n’y a plus aucune mauvaise odeur. N’ayant pas l’envie d’essayer ce soir ce vin, je sers directement le Bourgogne Caves du Restaurant La Bourgogne années de 20 à 40 et peut-être années 10 tant la capsule a un rose qui rappelle les chambertins Sosthène de Grézigny 1913 que j’ai bus avec tant de bonheur.

D’emblée nous sommes conquis. Alors que ce vin mis en bouteille par le restaurant pourrait être un « Villages », nous sommes face à un vin dont la qualité pourrait être celle d’un Grand Cru. Je pense à la puissance d’un Musigny. La couleur de la capsule est tellement proche de celles des 1913 que j’ai bus que je pourrais penser que ce vin est de cet âge mais pour rester prudent disons qu’il est d’avant 1940. Nous sommes ravis.

Les fromages sont bons et le plus proche du Pétrus est un Reblochon très doux, tandis que le saint-nectaire est plus adapté au bourguignon.

Nous avons tant mangé que la galette des rois sera pour le déjeuner de demain puisque ma fille cadette nous rejoindra avec son fils.

Mon fils, ma fille cadette et un de mes petits-enfants sont présents à déjeuner à la maison. Il restait suffisamment de vin de la veille pour que je n’ouvre d’autres vins qu’en cas de besoin. Il y en aura un car mon fils a acheté des saucisses de Montbéliard et de la choucroute qui n’ira pour aucun vin. J’ouvre donc un Riesling Spätlese Friedrich Wilhelm Gymnasium Trittenheimer Apotheke Mosel Saar 1985.

Le Veuve Clicquot sans année est aussi brillant que la veille voire plus large et épanoui. Un grand champagne que l’on boit sur le caviar restant et sur la rillette.

Le Pétrus 1947 a perdu de son charme et se montre légèrement fatigué. Mon fils essaie le Bourgogne Caves du Restaurant La Bourgogne qui avait un niveau très bas et que je situe dans les années 50. Il ne lui trouve pas un grand intérêt.

Mon fils continue d’aimer le Bourgogne Caves du Restaurant La Bourgogne au meilleur niveau. Je suis moins enthousiaste et ma fille n’aime pas ce vin. Nous avons peut-être été un peu plus enthousiastes qu’il eût fallu pour ce vin. Il ne faut pas le regretter.

Sur les délicieuses saucisses que j’apprécie car elles sont presque cousines de saucisses de Morteau que je révère, le Riesling Spätlese Friedrich Wilhelm Gymnasium Trittenheimer Apotheke Mosel Saar 1985 est particulièrement agréable. Il est beaucoup plus aérien de ce qu’on attendrait d’une ‘vendange tardive’. C’est un véritable kaléidoscope car les fruits comme l’ananas, le litchi, la poire et bien d’autres virevoltent dans ce goût charmant et frais.

Il accompagnera aimablement une délicieuse galette des rois à la frangipane légère. Le hasard fait bien les choses puisque mon petit-fils fut désigné roi.

Tous les vins n’ont pas toujours brillé mais ce fut un beau moment familial avec un Veuve Clicquot de très haut niveau.

Déjeuner au restaurant Pages avec un ami dimanche, 21 janvier 2024

Au restaurant Pages, je déjeune avec un ami. Arrivé un peu en avance, j’ouvre les deux vins que j’aimerais qu’il découvre sans qu’il sache de quoi il s’agit. Il n’y a aucun problème à l’ouverture et les parfums sont prometteurs, surtout celui du vin blanc.

J’avais vu le chef Ken à mon arrivée pour faire le menu. Il y aura des filets de pagre cru et du cabillaud à la sauce umami, sauce traditionnelle du restaurant. Puis nous aurons de l’agneau et un peu de wagyu. Le dessert sera breton, avec de la pomme et du cidre en une interprétation originale de la tarte Tatin.

Le Graves Blanc Barton & Guestier 1959 a un niveau très haut et une couleur magnifique et claire dans la bouteille parfaitement transparente sans couleur. Dans le verre il est plus doré, d’un or de blé d’été. En bouche, ce qui me fascine, c’est l’incroyable longueur du vin et sa persistance en bouche qui est quasi infinie. Alors que ce vin de négociant est un Graves simple, il a la prestance d’un très grand cru. Le millésime exceptionnel joue certainement un rôle dans la réussite de ce vin. C’est surtout sur le pagre cru que le vin s’exprime, plus que sur la sauce umami qui réclamerait un vin blanc plus lourd.

Mon ami se trompe largement de région quand il essaie de découvrir le vin rouge, mais que celui qui n’a jamais fait fausse route lui jette la première pierre. Il s’agit d’un Château Lafite-Rothschild dont je ne connais pas l’année, sans étiquette et au niveau presque dans le goulot. On pourrait penser à un vin d’avant 1970. Dans l’assiette où le bouchon est brisé en plusieurs morceaux, mon ami scrute, fait tournoyer les petits morceaux pour chercher des indices qui permettraient de dater le vin, mais cette recherche est vaine.

A la première gorgée, l’idée qui me vient est 1962. Mais en continuant à boire, il me semble que l’année est plus faible que 1962 car le vin délicat et très subtil est assez léger. Il y a bien sûr un goût de truffe propre à Lafite, mais discret. Alors ce qui semble plausible est 1956 ou 1957, le plus probable étant 1957. Le vin s’est montré à l’aise avec le wagyu. Il s’agit d’un Lafite sensible, mais manquant quand même un peu d’opulence.

Mon ami avait apporté un Bourgogne blanc Domaine Clément de Coulanges-la-Vineuse 2018
sympathique et inattendu mais qui n’est pas du niveau du Graves.

Pierre-Alexandre, le directeur du restaurant, en fin de repas nous a fait goûter un Château Climens Asphodèle sec 2019. Une absolue merveille. Ce vin combine une extrême complexité et une grande richesse avec une belle fraîcheur. Il est gastronomique et divin à cet âge. Gardera t’il la même richesse dans les prochaines années, je ne sais pas, mais il m’a ébloui.

Le gagnant du repas est le Graves Sec 1959 de très belle prestance.

C’est la fête des 500.000 samedi, 13 janvier 2024

C’est la fête des 500.000 sur Instagram

Sur Instagram, la vidéo que j’ai publiée des vins du dîner au château d’Yquem du 16 novembre 2023 vient d’atteindre 500.000 vues.

Sur Instagram en 2023 mes messages ont eu 508.000 petits cœurs (des likes) ce qui est aussi une belle marque de sympathie des 61.000 personnes qui me suivent.

Quel plaisir !