Archives de catégorie : vins et vignerons

« paulée » des vins des membres de l’académie du vin de France vendredi, 18 novembre 2016

Le soir suivant le colloque de Ferrières se tient le dîner de gala de l’Académie du Vin de France. Le dîner est précédé d’une « paulée », où les membres de l’académie font goûter des vins de leurs domaines, les plus récemment mis en bouteilles, ce qui veut dire le plus souvent de l’année 2014. Cette présentation est faite à l’étage du restaurant Laurent, siège de l’académie.

Les vins sont rangés sur des tables dans l’ordre des couleurs et l’ordre des régions. Les vins sont servis par l’équipe de sommellerie du restaurant Laurent. On commence par les blancs de toutes régions. Les vins de Trimbach et de Zind-Humbrecht sont d’une grande précision. J’ai bien aimé le Cauhapé sec assez rustique mais original. Les vins du domaine des comtes Lafon sont absolument superbes. Le Corton-Charlemagne Bonneau du Martray 2014 est comme toujours d’une grande élégance. Le Condrieu du domaine Vernay a un joli fruit. Le Domaine de Chevalier a un blanc de grande tenue et le vin dont je ferais volontiers mon chouchou, c’est l’Hermitage Chave blanc 2014, absolument superbe. Les vins blancs du domaine corse Abbatucci ont une forte personnalité.

Après cette visite des blancs, je suis très impressionné par la diversité des palettes de goûts. Les régions françaises ont toutes de l’intérêt et expriment avec force leurs spécificités. C’est très réconfortant.

Dans la salle suivante on déguste les rouges. Ceux du domaine des Comtes Lafon ont autant de personnalité en rouge qu’en blanc. Ils sont joyeux. Un Chambolle-Musigny de Drouhin est très subtil. Le « 560 » du château d’Arlay 2014 est une nouvelle cuvée, 100% bio. Il s’appelle ainsi car seulement 560 bouteilles de pinot noir et trousseau ont été faites en 2014. Cet essai est très original et j’aime.

La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 2014 est un vin tout en subtilité. C’est un vin de recueillement qui ne se découvre pas facilement dans ce contexte où il côtoie des vins beaucoup plus généreux au premier aspect. Il faudrait le boire en d’autres circonstances. L’Hermitage Chave est d’une franchise et d’une générosité qui me plaisent énormément. Suis-je objectif ? Pas forcément, mais peu importe, car j’adore les vins de Chave.

Au chapitre des bordeaux, le Château Croque-Michotte 2014 est vraiment plaisant, comme à chaque académie d’ailleurs, et le Château Gazin 2014 est une grande réussite. Les deux vins du Château Simone, le noir et le blanc sont d’un grand plaisir. Les rouges corses du domaine Abbatucci sont gourmands et typés. On a ajouté à la dégustation un vin espagnol qui ne m’a pas impressionné alors qu’un Barolo s’est montré d’un charme tout italien.

Selon la tradition le dernier petit salon accueille deux liquoreux, le Cauhapé Quintessence du petit manseng 2014 et le Château de Fargues 2012. Si le bouquet de fruits du Cauhapé est généreux et opulent, la grâce du Fargues est d’une élégance qui parle à mon cœur. C’est un vin superbe.

Cette dégustation se déroule au pas de charge, sans prendre de note, car on est dix fois plus attiré par les conversations que l’on peut avoir avec tous les vignerons présents et leurs amis. Il est temps de redescendre les escaliers pour rejoindre la belle salle à manger du restaurant Laurent pour le dîner de gala de l’Académie du Vin de France.

colloque : « Les accords mets et vins » au château de Ferrières jeudi, 17 novembre 2016

L’Académie du Vin de France, en partenariat avec la chaire de l’Unesco Culture et tradition du vin, avec l’Université de Bourgogne et l’Institut Européen d’Histoire et des Cultures de l’Alimentation organise un colloque : « Les accords mets et vins » au château de Ferrières. Ce sujet m’intéresse au plus haut point puisqu’il est au cœur de l’organisation de mes dîners.

Le château de Ferrières fut la propriété des Rothschild où des fêtes fastueuses se sont données dans la deuxième moitié du 19ème siècle et au début du 20ème. Le château fut légué à une université parisienne qui l’a cédé pour un franc symbolique à la ville de Ferrières. Le château fut restauré et abrite maintenant une « Ecole de l’excellence à la française » pour l’hôtellerie, la gastronomie et le luxe. Cette école vise à terme 1500 élèves par promotion.

Le colloque démarrant très tôt le lendemain, je vais passer la nuit à l’hôtel Paxton de Ferrières. C’est un immense hôtel au milieu de « nulle part » qui accueille des séminaires mais aussi la clientèle d’Euro Disney qui ne veut pas loger au sein du parc d’attraction. Les chambres ont tout de cellules monacales, et si les fonctions majeures d’une chambre d’hôtel sont assurées, cela ressemble à un service minimum.

Le colloque dure un jour et demi et le soir du deuxième jour se tiendra le dîner de gala de l’Académie du Vin de France. Ceci explique la présence de nombreux vignerons, dont Aubert de Villaine du domaine de la Romanée Conti et Alain Graillot du domaine éponyme, dont mon petit doigt me dit qu’il sera nommé Président de l’ Académie, à la suite de Jean-Robert Pitte, président de l’académie mais aussi président d’honneur de l’école de luxe de Ferrières. Parmi les participants il y a beaucoup d’universitaires, des vignerons, des sommeliers et restaurateurs, et des amis de l’Académie du Vin de France. Après un speech de bienvenue nous nous répartissons en deux groupes en choisissant les conférences et contributions qui nous plaisent le plus.

Le premier matin, j’assisterai à : les banquets officiels de 1890 à 1914 avec des présidents de la République ou de hauts gradés militaires organisés par la ville de Brest / le festin et le vin alsaciens aux 19ème et 20ème siècles / l’accord mets et vins dans la littérature des 19ème et 20ème siècles / la place du vin dans les accords, selon la critique œnophile de l’entre-deux-guerres / le choix des vins dans les repas gastronomiques en Côte d’Or de 1800 à nos jours / marier vins et fromages, une histoire bien française.

Vient ensuite un débat sur « bâtir la carte des vins d’une grande table ou d’un restaurant » avec deux grands sommeliers.

L’après-midi, ce sont : le « gourmet » inspirateur du chef de cuisine et du gastronome / alliances mets et vins vus par des chefs qui sont en même temps vignerons (dont Jean-André Charial et Georges Blanc) / l’accord mets et vins pour renforcer la relation sociale.

Une table ronde avec des restaurateurs, un vigneron et Jacques Puisais a pour thème : bâtir une complicité entre les chefs, les vignerons et les sommeliers.

Le lendemain le thème sera la recherche des alliances à partir du vin : que disent les archives des maisons de champagne / le champagne s’invite à table / sauternes en accord avec l’asperge blanche / vins de Cahors et nouvelles tendances culinaires / quasi-impossibilité de trouver des accords avec la cuisine chinoise / accords mets et vins dans la Napa Valley.

Les exposés faits par des universitaires sont toujours très documentés, mais manquent souvent d’exemples concrets. Mais globalement, ce colloque m’a ouvert quelques pistes à explorer.

Le dîner du premier jour se tient dans la salle des fêtes du château de Ferrières, avec les vins des membres de l’académie du vin de France. Le menu est réalisé par le chef du restaurant gastronomique attaché au château, un MOF (meilleur ouvrier de France). Le menu est : foie gras au naturel, fine gelée de vin de Xérès / sole gourmande, éclats de giroles / lièvre à la Royale, crémeux de céleri / brie de Meaux de la ferme des Arpents (Rothschild) / craquant cacao, douceur d’agrumes.

Le Muscat Réserve Maison Trimbach 2014 est servi à l’apéritif debout avec des petits fours présentés par les élèves de l’école qui ont aussi suivi les conférences. Le vin, à mon goût, n’est pas encore assemblé, même si, à l’usage, on note sa fluidité joyeuse.

Le Côtes du Jura blanc Château d’Arlay 1999 est servi un peu trop chaud. Il serait volontiers agréable, mais il manque de profondeur dans son association avec le délicieux foie gras.

Le Meursault Clos de la Barre Domaine des Comtes Lafon 2009 a un nez explosif, d’autant plus remarqué que le vin précédent était discret. Le vin est superbe et gourmand, profond, à forte persistance. Les giroles l’enchantent.

Le Châteauneuf-du-Pape Château de Beaucastel rouge 1996 est un peu évolué et met mal à l’aise certaines personnes de ma table, mais je l’adore, d’autant plus qu’un charmant élève me versera la lie aux arômes intenses. Fort, truffé, il est exactement ce qu’il faut pour un lièvre à la Royale délicieux mais aussi très riche, ce qui est la loi du genre.

Le Champagne Billecart Salmon Cuvée Nicolas François Billecart 1999 est un champagne glorieux qui sera pour moi le vin de la soirée. Généreux, plein et gourmand, c’est un champagne doré qui évoque des pâtisseries. Avec le brie bien fait comme il faut, il crée un accord d’une belle et rare pertinence.

Le Château de Fargues Sauternes 2005 est d’une superbe couleur. Son nez est intense et ce vin représente une forme quasi parfaite du sauternes jeune. Il n’y a pas eu de miracle pour le dessert, puisque sauternes et chocolat sont naturellement ennemis. Mais la présence de Grand-Marnier dans la crème qui accompagne les agrumes a permis à l’association de devenir acceptable, même si elle ne féconde pas le vin.

On oublie les petits détails pour ne garder que le souvenir d’un repas de haute qualité qui donne envie de revenir au château de Ferrières pour y déjeuner ou dîner, et de beaux vins généreusement offerts par les vignerons que je retrouverai ce soir au dîner de gala de l’Académie du Vin de France.

Ce colloque avec des participants passionnants fut très intéressant.

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Vins de la Côte Chalonnaise présentés à la Questure du Sénat jeudi, 17 novembre 2016

Des vignerons de la Côte Chalonnaise se sont regroupés pour faire chaque année une dégustation « Climats Côte Chalonnaise », réservée aux professionnels dans des salons de la Questure du Sénat. J’ai goûté surtout les rouges proposés sur les millésimes 2015 et 2014 et parfois sur 2013 ou 2012. Ce que révèle cette dégustation, pour moi, c’est que cette région produit des vins délicats et subtils. Ils n’ont pas la puissance de certains autres vins de Bourgogne et comme ils sont bien faits, avec de plus en plus de précision, ils sont charmants et pleins de grâce.

Je n’ai pas pris beaucoup de notes, car mon avis sur des vins aussi jeunes est lié à mon palais qui est plutôt sensible aux vins anciens, mais j’ai noté quelques commentaires.

Le Givry 1er Cru Clos du Cellier aux Moines Pièce Ora & Labora 2014 est un vin avec 100% de vendange entière. Il est très agréable, un peu rêche et ça lui va bien.

Le Mercurey 1er Cru rouge « Les Cinq » Château de Chamirey 2012 est extrêmement élégant et complexe. C’est un vin très agréable qui tromperait beaucoup de gens à l’aveugle.

Le Mercurey 1er Cru Clos du Roy Faiveley 2014 est un vin très agréable, vif et subtil.

Le Mercurey 1er Cru Clos du Roy Faiveley 2009 est un peu perlant et ne se montre pas meilleur que le 2014.

Le Givry Monopole Clos de Mortière Domaine de la Ferté 2015 a un agréable parfum.

Le Givry 1er Cru La Servoisine Domaine de la Ferté 2015 est un vin très plaisant et bien fait.

Le Rully rouge Clos de Bellecroix Domaine de la Folie 2015 explose d’un joli fruit rouge gourmand.

Le Rully rouge Cuvée Marey Domaine de la Folie 2015 est aussi plaisant à boire et dans le fruit rouge. Les deux vins de ce domaine sont tout en spontanéité

Le Rully 1er Cru rouge Les Cloux Domaine Paul et Marie Jacqueson 2015 a une belle prestance et un fruité juteux.

Le Mercurey 1er Cru Les Champs-Martin Domaine Paul et Marie Jacqueson 2015 est fluide, agréable et plaisant.

Le Givry rouge Teppe des Chenèves Domaine Ragot 2014 est un peu aigrelet mais a un joli fruit dans la fraîcheur

Le Bourgogne Côte Chalonnaise rouge La Digoine Domaine de Villaine 2015 est incroyable. Comment ce vin peut-il être aussi accompli. Pierre de Benoist avec humour dit que ce vin mis en bouteille depuis seulement trois jours n’a pas eu le temps de perdre le confort qu’il avait en fût. A ce stade de sa vie, qui ne durera pas mais reviendra, il est génial d’accomplissement.

C’est avec ce domaine que j’ai bu les deux seuls blancs. Le Bouzeron Domaine de Villaine 2015 est un peu frêle et j’ai un peu de mal après les rouges car je suis habitué à boire des blancs de Bourgogne plus charnus.

Le Bouzeron Domaine de Villaine 2009 a beaucoup de fruit et je le trouve plus agréable avec des intonations de noix.

Cette visite non exhaustive des vins de la Côte Chalonnaise m’a conforté dans le plaisir que je trouve à déguster des vins qui n’ont pas de puissance, ce qui met en valeur leur grâce et leur subtilité lorsqu’ils sont bien faits, ce qui est le cas pour les producteurs sympathiques que j’ai rencontrés.

France Chine, l’art du vin et du thé, un patrimoine en partage vendredi, 11 novembre 2016

Jean-Pierre Raffarin et l’Ambassadeur de Chine en France invitent à un dîner dans les salons de Boffrand de la Présidence du Sénat pour célébrer « France Chine, l’art du vin et du thé, un patrimoine en partage ». La soirée est sponsorisée par le groupe Moët Hennessy représentée par son président Christophe Navarre et de nombreux cadres de cette société.

Le lieu est majestueux, la salle parée de dorures élégantes. Les amuse-bouche de l’apéritif sont délicats : foie gras au poivre de Sichuan, bouchée de saumon fumé au Yusu, betterave moutarde wasabi, crevette frite panko, cuisse de caille laquée, brochette de tofu miel sésame. J’ai accompagné ces délicieuses gourmandises par un Champagne « R » de Ruinart sans année, bon, convenable, mais peu porteur d’émotion. Mais il se boit.

Nous passons à table et le menu est : raviole de tourteau à la mélisse, légumes croquants et beurre de homard / suprême de volaille de Bresse au foie gras et truffe d’automne, croustade de pommes de terre et salsifis aillés / ananas Victoria meringué aux fruits exotiques.

Jean Pierre Raffarin est un orateur de talent qui aime bien le montrer. L’ambassadeur s’est adressé à nous en chinois, traduit par une jeune traductrice. Christophe Navarre nous a parlé du vin de la soirée le AO YUN, qui est fait par Moët Hennessy sous la direction de Jean-Guillaume Prats, Président de Möet-Hennessy Estates and Wines sur un terroir qui se situe à 2400 mètres d’altitude dans un paysage montagnard féérique. Ao Yun veut dire « vol au-dessus des nuages » ce qui est hautement symbolique. Jean-Marie Le Guen, ministre en exercice, a aussi adressé l’audience avec un court discours spirituel. Il a quand même réussi à nous parler de la COP 21 et de la 22, ce qui n’a avec ce dîner pas l’ombre d’un rapport mais en avait plus avec la nouvelle en forme de bombe tombée en début de journée, l’élection de Donald Trump.

L’entrée est accompagnée d’un « Y » d’Yquem 2009 à la belle couleur de blés gorgés de soleil et qui s’installe en bouche avec une profondeur de bon aloi. Le vin n’est pas très long mais il est plein, profond et dégage du bonheur. Je l’ai aimé.

Le Ao Yun vin de Chine 2013 se présente comme beaucoup de vins du nouveau monde, avec de la richesse, de la lourdeur, peu de longueur et peu d’originalité. Mais il aurait sa place sur beaucoup de tables de grands restaurants. Il me rappelle cette phrase du baron Philippe de Rothschild : « faire un grand vin, c’est facile. Ce sont les deux premiers siècles qui sont difficiles ». Ce qui veut dire que ce vin a très probablement de l’avenir mais qu’il lui faut encore du temps pour que les vignes et le rodage des techniques lui donnent de la personnalité. On peut faire confiance au groupe Moët Hennessy d’y arriver rapidement.

Aucun vin n’étant prévu sur le dessert j’ai redemandé du champagne qui s’est fort bien marié à l’ananas. La cuisine faite par le chef affecté à la Présidence du Sénat mérite les compliments, la volaille étant superbe. Le service est aussi à féliciter.

Quand le thé arrive, grand cru de thé noir Bourgeons de Yunnan Premium, il est bien seul et ce n’est pas la juxtaposition avec un Cognac Hennessy X.O. servi avec des glaçons qui allait le mettre en valeur. J’ai un peu regretté qu’il n’y ait pas eu une juxtaposition thé et vin comme on pouvait le supposer en lisant l’invitation. Le thé est délicieux, profond mais se trouve bien seul sans confrontation.

Ce dîner a permis de rencontrer des convives de tous horizons permettant des discussions passionnantes. C’est un des intérêts de ces dîners formels que de nouer des relations. Chine et France ont beaucoup de sujets d’excellence sur lesquels échanger.

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Dégustation de 5 vins du domaine Comte Liger-Belair sur deux millésimes vendredi, 11 novembre 2016

Le syndicat international des vignerons en culture biodynamique (SIVCBD) tient salon sous le nom BIODYVIN dans des salons de l’hôtel Intercontinental Opéra. Soixante vignerons ont chacun un stand, de toutes les régions de France. Ce qui m’intéresse plus particulièrement c’est une dégustation en petit comité, une quinzaine de personnes, de vins du domaine Comte Liger-Belair. C’est Louis-Michel Liger-Belair lui-même qui m’a demandé d’y assister, honneur que j’apprécie.

Les dix vins qui seront dégustés sont déjà servis dans les verres, ce qui est une bonne chose, car les verres ne sont pas trop froids et il n’y a pas le mouvement incessant des serveurs. Avant de démarrer, un petit film montre les vendanges 2016. L’usage de drones qui survolent les vignes et les vendangeurs donne des images du plus bel effet.

Louis-Michel nous laisse libres de choisir l’ordre de dégustation des cinq vins présentés sur deux millésimes, 2008 et 2013. Je choisis pour chaque vin de commencer par le 2013, suivi immédiatement après par le 2008.

Louis-Michel a commencé la démarche en biodynamie en 2008 et dit que la première année où il sent les effets de ce qu’il recherchait dans la biodynamie est 2013.

Le Vosne-Romanée Clos de Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2013 a un nez très fort, puissant, un peu pétrolé. Le nez du Vosne-Romanée Clos de Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2008 est moins fort mais plus intense. Le 2013 a beaucoup de personnalité, un peu de fumé. Il est très joli, fort et riche. Le 2008 est plus calme, plus assis. Il a moins de tension que le 2013. Le 2008 manque un peu de corps. Le 2013 est très vif. Je classe 2013 / 2008.

Le Vosne-Romanée 1er Cru Les Suchots Domaine Comte Liger-Belair 2013 a un nez tout en charme, séduction, douceur. Il évoque la luxure. La bouche est bien fluide, le vin a beaucoup de charme, il est racé. La persistance aromatique est très forte, avec du velours.

Le Vosne-Romanée 1er Cru Les Suchots Domaine Comte Liger-Belair 2008 a un nez plus intense que le 2013 ce qui est l’inverse de la situation du Clos du Château. C’est un beau vin qui profiterait de vieillir, car il est dans une phase ingrate qui limite son accomplissement. Les deux vins ont une grande personnalité. Je classe 2013 / 2008.

Le Vosne-Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2013 a une couleur très foncée. Le nez est plus calme. L’attaque est assez acide. Le vin a un beau corps. Le finale est beaucoup plus agréable. C’est un vin profond.

Le Vosne-Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2008
a un nez aussi calme. C’est un vin qui n’est pas totalement intégré. Il est dans une phase de fermeture. Le 2013 est beaucoup plus charmeur et le 2008 est un peu amer dans le finale. Je classe 2013 / 2008.

L’Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2013 a un nez discret. L’attaque est noble. La bouche est superbe. Il y a pas mal d’amertume dans ce vin.

L’Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2008 a un très joli nez. L’attaque est d’un petit fruit rouge aigrelet. Le finale est noble. Je ressens du sel. Ce vin est beaucoup plus agréable. Je suis donc tenté de classer enfin le 2008 devant le 2013 mais le 2013 qui s’est ébroué a maintenant un finale très brillant. Pour ne pas retomber dans les mêmes classements, je vais mettre ex-aequo les deux vins.

La Romanée Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2013 a un nez très subtil. Tout est contenu. C’est un vin tout en douceur dont j’aurais tendance à dire qu’il est parfait, au finale très grand. C’est un vin de douceur subtile, de charme et de sensibilité.

La Romanée Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2008 a un nez qui n’est pas totalement net. Il a de la grâce, mais un peu d’étable aussi. Le bouche est claire, fluide, charmante et fruitée. La robe a un soupçon de tuilé. Le finale n’est pas assez long pour un vin de ce niveau. Il est soit dans une mauvaise période, soit la bouteille a un léger problème.

Les trois vins qui sont au sommet sont la Romanée 2013 et les deux Echézeaux. Tous les autres sont globalement nobles et raffinés. C’est une très belle dégustation mais il n’y a pas eu de réel combat entre les deux années.

Juste après cette dégustation je rejoins « Rhône en Seine » Place Vendôme où 41 vignerons présentent généralement leurs 2014 mais aussi des années plus anciennes. Comme chaque année je constate que les vins du Rhône ont atteint des niveaux très significatifs en matière de précision, même pour des appellations moins en vogue. Les vins sont chargés en alcool mais ils jouissent d’une belle fraîcheur. La proximité des deux dégustations montre à quel point les vins de Liger-Belair sont dans un registre de noblesse et de complexité par rapport aux vins du Rhône plus solaires, gourmands et directs. Les directions sont très opposées mais il faut aimer les deux.

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A fantastic vertical tasting of Pol Roger Winston Churchill in 15 vintages, in magnums and Jéro lundi, 7 novembre 2016

The dinner that justifies my presence in London is held in the Intercontinental Park Lane at Theo Randall Restaurant. A crazy collector of champagne, Peter, has collected all the years that have been made of Pol Roger’s Cuvée Winston Churchill, and present them tonight in magnum or for 1988 in Jeroboam.

We are 18 around a table with fifteen glasses in front of us, for the « serious » part, that of the tasting. There will then be a dinner where we can continue to taste the wines during the meal.

We are greeted by a non-vintage Champagne Pol Roger magnum which is very nice and expressive.

Peter is proud to be able to realize this event of which James, the director of Pol Roger U.K. tells us that such a vertical has never been organized. It recalls the history of this cuvée. The figures he quotes about champagne consumption by Winston Churchill are quite staggering, the first order of champagne from this great man to Pol Roger dating back to 1908. What he consumed Pol Roger is in tens of thousands of bottles.

The champagnes will be served in sets of three, in order of years, from the youngest champagne to the oldest. The Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill is made of about 80% Pinot Noir and 20% Chardonnay. He spent about ten years on the lees.

The Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 2004 has a rather discreet nose. It evokes hazelnuts. He is very fluid and has a very strong personality.

The Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 2002 has a superb nose. It is a little less lively than the 2004. It has a lot of grace.

The Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 2000 is unfortunately corked. I prefer the 2004 at this stage of his life, but the 2002 will grow. My ranking is 2004/2002/2000.

The Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1999 has a superb nose, the most beautiful of the following three. He has a very strong personality, with hazelnuts in a superb finish. It is a champagne of pleasure.

The Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1998 is lighter and more fluid, less assertive than the 1999 that I prefer. But it is noble and beautiful and is best when it asserts itself in glass

The Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1996 has a fragrance so strong that it explodes aromas. It does not have the presence that one would expect from a 1996. This is due to the bottle that is not perfect. Although the 1999 is definitely a champagne of pleasure, I rank 1998/1999/1996.

The Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1995 has a superb and noble nose. It has a very nice attack with croissant and suggested milk bread, but it lacks a tiny bit of vivacity.

The Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1993 has a delicate nose and a floral mouth that evokes me the lily of the valley. It is so romantic that it is a divine surprise.

The Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1990 is good and plays on its vinosity and its strength but it is perhaps a little too « good soldier ». This series contains three wines of very high quality and strong personality. I rank 1993/1995/1990 which would not be obvious according to the fame of the vintages. This series impressed me.

The Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill 1988 Jeroboam has a fantastic nose amplified by the format. This wine is absolute perfection. It is monumental, evoking honey. I am so impressed that I shut myself in my bubble to enjoy it. I tell Peter that this wine alone justifies my trip to London because we are faced with an unusual emotion. Tonight, I touched perfection.

The Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1986 is very difficult to pass after the 1988. Its nose is weak.

The Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1985 is beautiful but the remanence of 1988 keeps me from loving it as it should be. The classification of this series is 1988/1985/1986.

The Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1982 has a very amber color. The nose is that of an ancient wine. The wine is nice, and interesting, but it is much older than what should be 1982.

The Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1979 has a slightly amber color. The wine is corked. The finish is unpleasant. It is impossible to drink it.

The Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1975 is a champagne that is not perfect but I find it madly interesting. He evokes for me all that the Winston Churchill can give when he is old. It is not very long but inspiring. The series is classified as follows: 1975/1982/1979.

The strong personality of this champagne is impressive, and this tasting exceeds in quality last night with the Bollinger Vieilles Vignes Françaises and the Salon. The 1988 in Jeroboam is so exceptional that it illuminated the tasting. Then there is the 1993 superbly romantic and the 2004, very assertive. Let us add the 1975 that prefigures the ancient champagnes. The Cuvée Winston Churchill is undoubtedly a great champagne very typical.

There are so many champagnes that we continue to drink between participants while our table is prepared for dinner.

The menu is Italian-inspired: panfried Scottish scallops with Cima di rape / ravioli of roasted delica squash, ricotta and marjoram with butter and sage / roasted rack of Somerset lamb with Jerusalem artichokes, carrots, baby leeks, fennel, turnips with salsa d ‘Ebe and jus / cheese served with mostarda and homemade crackers / Sicilian chocolate and orange cake with roasted almond ice cream.

I obviously come back to the Winston Churchill Jeroboam 1988 and around 1993 which have major gastronomic virtues. But Peter added to the program a very pleasant Beaune Clos des Mouches red Joseph Drouhin 2011 on the excellent cuisine of the restaurant, then the Champagne Pol Roger 2008 and the Champagne Pol Roger rosé 2008, but I no longer minded the analyze.

There were a few problem bottles, but that’s a small thing when you can retain the perfection of a few wines that made this evening a memorable one.

The 1988 will be very high in my champagne Pantheon.

(pictures of this tasting can be seen in the article in French on this subject)

Brillantissime verticale de Pol Roger Winston Churchill lundi, 7 novembre 2016

Le dîner qui justifie ma présence à Londres se tient dans l’hôtel Intercontinental Park Lane au restaurant Theo Randall. Un collectionneur fou de champagne, Peter, a rassemblé toutes les années qui ont été faites de la Cuvée Winston Churchill de Pol Roger, et les présente ce soir en magnum ou pour le 1988 en jéroboam.

Nous sommes 18 autour d’une table avec quinze verres devant nous, pour la partie « sérieuse », celle de la dégustation. Il y aura ensuite un dîner où nous pourrons continuer à goûter les vins pendant le repas.

Nous sommes accueillis par un Champagne Pol Roger magnum non millésimé qui est très agréable et expressif.

Peter est fier de pouvoir réaliser cet événement dont James, le directeur de Pol Roger U.K. nous dit qu’une telle verticale n’a jamais été organisée. Il rappelle l’histoire de cette cuvée. Les chiffres qu’il cite de la consommation de champagne par Winston Churchill sont assez ahurissants, la première commande de champagne de ce grand homme à Pol Roger datant de 1908. Ce qu’il a consommé de Pol Roger se compte en dizaines de milliers de bouteilles.

Les champagnes seront servis par séries de trois, dans l’ordre des années, du plus jeune champagne au plus ancien. Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill est fait d’environ 80% de pinot noir et 20% de chardonnay. Il passe environ dix ans sur lies.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 2004 a un nez assez discret. Il évoque les noisettes. Il est bien fluide et a une personnalité très forte.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 2002 a un nez superbe. Il est un peu moins vif que le 2004. Il a beaucoup de grâce.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 2000 est hélas bouchonné. Je préfère le 2004 à ce stade de sa vie, mais le 2002 va s’étoffer. Mon classement est 2004 / 2002 / 2000.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1999 a un nez superbe, le plus beau des trois suivants. Il a une très forte personnalité, avec des noisettes en un finale superbe. C’est un champagne de plaisir.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1998 est plus léger et plus fluide, moins affirmé que le 1999 que je préfère. Mais il est noble et beau et se révèle meilleur lorsqu’il s’affirme dans le verre

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1996 a un parfum si fort qu’il explose d’arômes. Il n’a pas la prestance que l’on attendrait d’un 1996. Cela tient à la bouteille qui n’est pas parfaite. Même si le 1999 est décidément un champagne de plaisir, je classe 1998 / 1999 / 1996.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1995 a un nez superbe et noble. Il a une attaque très agréable avec croissant et pain au lait suggéré, mais il manque d’un tout petit peu de tranchant.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1993 a un nez délicat et une bouche florale qui m’évoque le muguet. Il est tellement romantique que c’est une divine surprise.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1990 est bon et joue sur sa vinosité et sa force mais il est peut-être un peu trop « bon soldat ». Cette série contient trois vins de très haute qualité et de forte personnalité. Je classe 1993 / 1995 / 1990 ce qui ne serait pas évident sur le papier. Cette série m’a impressionné.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill jéroboam 1988 a un nez fantastique amplifié par le format. Ce vin est la perfection absolue. Il est monumental, évoquant le miel. Je suis tellement impressionné que je me renferme dans ma bulle pour en profiter. Je dis à Peter que ce seul vin justifie mon voyage à Londres car on est en face d’une émotion hors du commun. Ce soir, j’ai touché la perfection.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1986 a bien du mal de passer après le 1988. Son nez est faible.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1985 est beau mais la rémanence du 1988 m’empêche de l’aimer comme il le faudrait. Le classement de cette série est 1988 / 1985 / 1986.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1982 a une couleur très ambrée. Le nez est celui d’un vin ancien. Le vin est agréable, et intéressant, mais il est beaucoup plus vieux que ce que devrait être 1982.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1979 a une couleur un peu ambrée. Le vin est bouchonné. Le finale est désagréable. Il est impossible de le boire.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1975 est un champagne qui n’est pas parfait mais je le trouve follement intéressant. Il évoque pour moi tout ce que le Winston Churchill pourra donner lorsqu’il sera ancien. Il n’est pas très long mais inspirant. La série est classée ainsi : 1975 / 1982 / 1979.

La forte personnalité de ce champagne est impressionnante, et cette dégustation dépasse en qualité celle d’hier soir avec le Bollinger Vieilles Vignes Françaises et le Salon. Le 1988 en jéroboam est tellement exceptionnel qu’il a illuminé la dégustation. Il y a ensuite le 1993 superbement romantique et le 2004, très affirmé. Ajoutons le 1975 qui préfigure les champagnes anciens. La Cuvée Winston Churchill est incontestablement un grand champagne très typé.

Il reste tellement de champagnes que nous continuons à trinquer entre participants pendant que l’on prépare notre table pour le dîner.

Le menu est d’inspiration italienne : panfried Scottish scallops with Cima di rape / ravioli of roasted delica squash, ricotta and marjoram with butter and sage / roasted rack of Somerset lamb with Jerusalem artichokes, carrots, baby leeks, fennel, turnips with salsa d’ebe and jus / cheese served with mostarda and homemade crackers / Sicilian chocolate and orange cake with roasted almond ice cream.

Je reviens évidemment vers le Winston Churchill jéroboam 1988 et vers le 1993 qui ont des vertus gastronomiques majeures. Mais Peter a ajouté au programme un Beaune Clos des Mouches rouge Joseph Drouhin 2011 fort agréable sur l’excellente cuisine du restaurant, puis le Champagne Pol Roger 2008 et le Champagne Pol Roger rosé 2008, mais je n’avais plus l’esprit à les analyser.

Il y a eu quelques bouteilles à problèmes, mais c’est peu de chose quand on peut retenir la perfection de quelques vins qui ont fait de cette soirée un moment mémorable. Le 1988 s’inscrira très haut dans mon Panthéon du champagne.

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Peter

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Deux petites verticales de Bollinger VVF et Salon lundi, 7 novembre 2016

Peter, écossais collectionneur fou de champagnes a organisé un week-end de champagne à Londres. Il nous a donné rendez-vous au restaurant Elystan Street pour un dîner dont le thème est : Bollinger Vieilles Vignes Françaises et champagne Salon. C’est un restaurant tout nouveau créé par un français amateur de vin. Nous avons un espace particulier pour une table de huit dont Peter écossais, deux finlandais, un turc, un allemand, deux anglais et moi. Ce sont de solides connaisseurs des champagnes. Tout ce qui sera goûté est apporté par les convives.

Le menu est plus un support que le fruit d’une recherche d’accords. J’ai pris dans les choix possibles un tartare de bœuf avec cœur d’artichaut et truffe / ravioli de langoustine / daurade avec un risotto noir et champignons / tarte au citron. La cuisine est agréable mais notre intérêt est ailleurs.

Le Champagne Bollinger Vieilles Vignes Françaises 1998 a un nez de noisette et un goût prononcé de noisette. C’est un beau champagne avec un peu de gras. Avec un peu de pain et de beurre il perd son côté torréfié pour prendre de la largeur. Il est bon, mais pas transcendant.

Le Champagne Bollinger Vieilles Vignes Françaises 1999 qui est mon apport est plus frais, plus romantique. Il est d’une belle couleur, d’un beau parfum et très agréable. Il est doux.

Le Champagne Bollinger Vieilles Vignes Françaises 2000 est d’une couleur ambrée. Le nez fermé n’est pas très agréable. Il est lourd et manque d’équilibre. Ce doit être un problème de bouteille.

Le Champagne Bollinger Vieilles Vignes Françaises 2002 est frais, d’une belle vigueur et d’une grande vibration. Ce champagne a tout pour lui. C’est le plus vibrant de tous.

Le Champagne Bollinger Vieilles Vignes Françaises 2005 a de la fraîcheur mais il n’est pas très ouvert. Il est un peu serré, avec une légère amertume.

Le classement de ces champagnes serait pour moi : 2002 / 1999 / 2005 / 1998 / 2000.

Le Champagne Salon 1996 marque un saut qualitatif. Il est très grand. Très pur, il est vif et cinglant. On peut sentir un peu de lait et de citron. Sa longueur est extrême. Par curiosité, je reviens sur le Vieilles Vignes Françaises 2002 qui s’est un peu éventé dans le verre et sa matière vineuse est parfaite. Il a un peu de lacté. Il est brillant.

Le Champagne Salon 1997 est un champagne très agréable et frais. Autour de la table certains vont le préférer au 1996.

Le Champagne Salon 1999 est un bon champagne mais qui ne révèle pas des qualités hors norme.

Le Champagne Salon 2002 que j’ai apporté me surprend car s’il est bon, il manque un peu de vigueur et se situe en dessous des récents 2002 de Salon que j’ai bus. Il est un peu trop doux et n’a pas la vibration que j’attendais.

Le classement que je ferais est : 1996 / 1997 / 1999 / 2002.

Un participant anglais d’origine allemande a apporté une demi-bouteille de Eiswein Joh. Jos. Prüm Graacher Himmelreich 2002. C’est un vin très frais comme tous les vins de glace avec une acidité extrême. Il est très complexe et finit de jolie façon ce repas, bien adapté à la tarte au citron.

Pour le classement final nous sommes quasiment tous d’avis de classer le Bollinger Vieilles Vignes Françaises 2002 devant le Salon 1996.

Ce repas montre que les deux champagnes connaissent selon les millésimes des variations de qualité très importantes. Lorsqu’ils sont grands, ces deux champagnes sont de très haut niveau. Ce n’est pas le cas lorsqu’ils sont d’une année plus faible ou subissent la variabilité des bouteilles. Ce dîner cosmopolite fut intéressant même si je pense que chacun de ces champagnes aurait mieux brillé s’il avait été en situation de réelle gastronomie.

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Des rhums La Mauny au restaurant Apicius samedi, 15 octobre 2016

La Maison La Mauny a été fondée en 1749. Au début elle faisait du sucre et est devenue un producteur de rhum de la Martinique. Un entrepreneur périgourdin Cyrille Chevrillon en est propriétaire depuis 2012 et a des ambitions certaines. Il invite un certain nombre de personnes, une quarantaine environ, à déjeuner au restaurant Apicius afin que nous dégustions ses rhums en situation de gastronomie sur une cuisine de Jean-Pierre Vigato. L’exercice est difficile et Jean-Pierre en convient. Il a été audacieux et son repas est une petite merveille : foie gras poêlé, rhum citron / homard rôti, tomate rhum / steak au poivre, flambé au rhum / soufflé à la vanille, ananas et banane spiced / mignardises.

L’apéritif debout se prend avec un cocktail La Mauny Fer Rouj vert pâle à base de rhum
et de jus divers où je sens particulièrement le concombre. Le goût est un peu déstructuré mais s’assemble sur de délicieux cromesquis au foie gras et des palets au parmesan. Ce cocktail est traître car l’alcool est bien présent.

Sur le foie gras, le premier rhum est un Rhum La Mauny X.O. assemblage de seize cuvées. Le nez est très pur et précis. Le goût est aussi précis et l’alcool est sensible. Ce rhum est raffiné, piment et poivre avec des notes de vanille.

Associer des tomates et une sauce tomate et rhum sur le homard est particulièrement osé, mais ça marche. Le Rhum La Mauny Signature du Maître de Chai est composé de rhums de quatre ans vieillis dans des fûts très différents qui ont accueilli des cognacs, des moscatelles et d’autres alcools. Le nez est très doux, plus discret que le précédent. La bouche très douce est d’un boisé tendre, évoquant les fûts de chênes. Le rhum est agréable et très pur aussi. Je n’en reviens pas de la tomate et je félicite Jean-Pierre Vigato d’avoir osé.

Le Rhum La Mauny Le Nouveau Monde a un nez assez doux mais plus vif que le deuxième. Très poivré, très fort, il est racé et puissant. On n’est pas très loin des goûts des très vieux whiskies alors que les deux premiers étaient résolument rhums. Il y a un assemblage de 1979, 1998, 1999 et 2004
de plusieurs cuvées et plusieurs fûts. L’assemblage a été fait en 2008 et la mise en bouteilles en 2014. Le maître de chai parle de gras alors que je trouve ce rhum très sec. L’accord avec le plat se fait quasi exclusivement sur le poivre très excité par l’alcool.

Pour le dessert nous avons un Rhum Agricole La Mauny Spiced qui évoque piment, cannelle et vanille, très fluide, agréable et original. Le soufflé est une merveille et c’est de loin le meilleur accord car on est dans le territoire naturel du rhum.

Nous finissons sur une Cuvée surprise du maître de chai Daniel Baudin au nez très discret mais intrigant. Il a beaucoup de charme très doux et très racé tout en étant rond. C’est une cuvée non vendue qui titre 45° à l’alcool généreux dans l’esprit des X.O. C’est le mélange du maître de chai.

Que dire de cette dégustation ? Si la maison La Mauny nous a invités pour un tel déjeuner à l’Apicius, c’est une preuve de considération extrême. Le challenge était fort et l’on voit qu’un repas tout au rhum est difficile. La puissance du rhum est telle qu’il a tendance à écraser les plats, sauf lorsqu’ils sont hyper poivrés comme le steak ou totalement gourmands comme le soufflé. Il fallait prendre ce repas comme un exercice de style dont la pointe de génie est cette tomate associée au homard que le rhum a réussi à rendre pertinente. Rien que pour cela ce déjeuner est mémorable.

Le lieu est superbe, l’un des plus beaux de Paris, l’équipe est chaleureuse, le chef est brillant, et les rhums La Mauny sont d’une très grande pureté. Il ne leur manque plus qu’une chose, c’est qu’on les laisse vieillir car rien n’est plus beau qu’un vieux rhum. Ce repas d’une haute qualité est tout à l’honneur de ceux qui l’ont organisé.

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on voit bien les petites tomates cachées sous le homard.

« La Grande Dégustation » de « Vins du Monde » mardi, 11 octobre 2016

Une grande société importatrice de vins de dizaines et dizaines de pays, à laquelle j’achète quelques grands vins, organise « La Grande Dégustation » dans des salons magnifiques de l’hôtel Ritz, à l’occasion des vingt ans de la société « Vins du Monde ». Lorsque j’arrive, il y a une queue qui va jusque sur la place Vendôme. C’est une foule immense qui s’est rendue à cet événement, avec des cavistes, restaurateurs et sommeliers, journalistes et quelques clients dont je suis. On comprend pourquoi, car il y a un nombre de grands vins assez impressionnant.

Devant tant de stands et au milieu d’une telle foule, je vais me consacrer à ce qui se fait de mieux. Je me renseigne et on me suggère d’aller à la table Magellan, l’une des 45 tables.

Je commence par Ridge Vineyards Montebello 2013 dont le nez est une bombe et la bouche une explosions de fruits noirs juteux miraculeusement rafraîchis par une esquisse de menthe idéale. Quel grand vin ! Je poursuis avec Vega Sicilia Unico 2007 beaucoup plus discret mais qui prend sa place de façon parfaite, équilibré, distingué, noble, au discours très juste. Un régal.

Ensuite, c’est Pingus Ribera del Duero 2013. On s’attendrait à une bombe comme le Montebello mais pas du tout, c’est le plus bordelais des trois, comme s’il s’était épuré de toute influence moderne. Je me régale car il n’y a rien de plus dissemblable que ces trois vins et les trois cohabitent à merveille. C’est ensuite Gaja Barbaresco Barbaresco 2012 vin puissant et raffiné qui prend sa place lui aussi au milieu des autres, riche et de beau finale.

Le dernier vin de cette table est un Tedeschi Valpolicella Amarone Classico 2012 qui ne boxe pas du tout dans la même catégorie que les vins précédents.

Au stand Joseph Phelps, je goûte un Phelps Insignia 2012 superbe mais probablement moins typé que ceux de la table Magellan.

J’ai fini ma courte visite au stand « bar artisan » où une jeune femme prépare des cocktails. J’ai choisi un cocktail au miel de la distillerie de Paris, thym citron, miel lavande, citron vert et gingembre qui m’a ragaillardi. La foule nombreuse ne m’a pas permis d’approcher beaucoup de stands mais le succès de cette manifestation est certain. Il y a de par le monde beaucoup de vignerons qui font de très grands vins.

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