Archives de catégorie : vins et vignerons

Visite à la maison de champagne Pierre Péters samedi, 11 octobre 2014

Nous n’avons pas beaucoup de route à faire pour nous rendre à la maison de champagne Pierre Péters. Rodolphe Péters avec qui j’avais mis au point la visite des deux groupes était désolé de ne pas être disponible cette semaine et c’est une collaboratrice qui va diriger la visite.

Mais qui vois-je ? François Péters, le père de Rodolphe m’accueille avec chaleur, car il ne voulait pas rater l’occasion de me saluer. Alors, j’abandonne mon groupe à la charmante hôtesse et nous allons, les deux François, dans la salle de dégustation, trinquer autour d’un Champagne Pierre Péters Cuvée les Chétillons 2002. Il a une magnifique maturité, car il a bien évolué, et je reconnais bien ce champagne qui me plait tant, généreux blanc de blancs de grande profondeur.

Lorsque le groupe revient de sa visite pour déguster, je préfère garder le Chétillons 2002 que j’ai en main car je le trouve trop à mon goût et je laisse les visiteurs russes déguster les vins de la gamme.

Rodolphe avait prévu un cadeau d’une grande rareté et François Péters ouvre le Champagne Pierre Péters Cuvée les Chétillons magnum 1990. Quel cadeau ! Le vin est impérial. Pour moi, c’est la pure définition de l’idéal du blanc de blancs. Si Salon est dans l’extrême du Mesnil sur Oger, Pierre Péters est dans la belle acception du blanc de blancs. Il se goûte avec gourmandise.

Visite à la maison de champagne Krug samedi, 11 octobre 2014

Les deux groupes se séparent après ce repas. Notre prochain rendez-vous est à la maison de champagne Krug. Olivier Krug m’avait prévenu qu’il ne pourrait pas être présent et c’est Mylène, attachée au service des visites, qui nous a guidés.

L’exposé liminaire est fait alors que nous avons en main le Champagne Krug Grande Cuvée dégorgé en T2 2013. Il est fait de vins de réserve de 1990 à 2006. Il est d’un bel équilibre et solide. J’avoue que l’exposé sur le génie de Joseph Krug m’est apparu un peu nord-coréen ou cubain, tant il s’éternise et force sur le culte de la personnalité, même s’il est totalement justifié d’insister sur le rôle unique du fondateur de cette maison exceptionnelle. La visite des installations est intéressante, les fûts anciens de petits volumes fascinant les visiteurs.

Nous nous rendons ensuite dans une salle de dégustation que je ne connaissais pas, située dans une maison contigüe où Olivier Krug a passé sa jeunesse.

Le Champagne Krug millésimé 2003 est très joli, avec des fruits confits élégants. Il est très subtil, malgré une année assez difficile.

Le Champagne Krug millésimé 2000 est plus acide, a moins de fruits et plus de fleurs que le 2003. Le 2000 évoluera sans doute mieux que le 2003 car le vin est plus fort, mais aujourd’hui, c’est le 2003 qui est le plus convaincant, au final très joli.

Le Champagne Krug Grande Cuvée dégorgé en T3 2012 a un nez extraordinaire. Il est plus flatteur que le Grande Cuvée dégorgé neuf mois plus tard. Il a des vins de 1990 à 2005. Il est plus opulent.

Le Champagne Krug rosé a une très belle couleur de pêche. Il est parfait, absolument parfait, et d’une totale élégance. L’émotion que je ressens est superlative, alors que je ne suis pas un immense fan des champagnes rosés. Il est fait avec une addition de vins rouges d’Ay et des vins de 2000 à 2006.

Le plus grand des vins est pour moi le 2003 mais le rosé m’a donné un coup de poing au cœur.

Les propos tenus par Mylène sont vibrants, elle transmet une belle émotion. Ma remarque sur son introduction est à la marge et j’ai su que le second groupe a été enthousiasmé de cette même visite, le lendemain. Il faut vite aller se préparer à l’hôtel, car nous allons dîner aux Crayères.

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La cave des vins anciens

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la dégustation

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Visite à la maison de champagne Lanson à Reims samedi, 11 octobre 2014

Les amis d’Andrei représentent plus de vingt personnes. Les maisons de champagne préférant des petits groupes de visite, nous en avons formé deux. Notre groupe est de douze personnes, dont une délicieuse fillette de dix ans pétillante et vive, qui suivra tout notre programme avec sagesse et amabilité. C’est la fille d’Andrei. Nos déplacements se font en bus.

La maison de champagne Lanson à Reims est accueillante. Aucun des responsables que je connais n’est disponible, car la maison fait beaucoup de communication en ce moment. C’est une charmante collaboratrice qui nous fait faire la visite, puis la dégustation.

Le Champagne Lanson Black Label non millésimé a les trois cépages, le pinot noir étant à 50%, le chardonnay à 35% et le pinot meunier à 15%. Il est très fluide et agréable. Les champagnes de cette maison sont servis entre 7 et 8°, ce qui est manifestement trop froid. Apparemment, c’est une consigne qui vient de haut. Les champagnes sont beaucoup moins expressifs quand ils sont si froids.

Le Champagne Lanson rosé Rose Label a une jolie couleur saumonée. Lui aussi a les trois cépages, avec le pinot noir à 53%. Il est très élégant et fait « bonbon anglais ».

Le Champagne Lanson Gold Label 2005 est fait à moitié-moitié de chardonnay et de pinot noir. Le nez est superbe avec un beau fruit. Il a une belle matière dense.

Le Champagne Lanson Extra Age Brut est fait de trois millésimes, 2000, 2002 et 2004. Il est à 40% chardonnay et 60% pinot noir. Le nez est très pur et noble. Il est vineux. Il a beaucoup d’élégance et il est plus doux que le millésimé. Son final est moins long. Je préfère le millésimé.

Le Champagne Lanson Ivory Label Demi-Sec, contrairement à son nom est très doux. Le final est très sucré. Il irait merveilleusement avec un foie gras. Je l’aime beaucoup car tout son message est en douceur, le vin restant aérien.

Le cadeau fait à notre groupe, c’est de goûter le Champagne Lanson Vintage Collection magnum 1990. Il a 46% de chardonnay et 54% de pinot noir. Il a un nez de vin ancien. Il a été dégorgé spécialement pour nous et l’autre groupe de russes qui viendra cet après-midi en profitera aussi. Ce groupe est piloté par Polina, une sommelière russe qui m’a été recommandée par l’école Le Cordon Bleu qui forme des élites dans le métier du vin. Elle a été très appréciée par son groupe.

Le 1990 est un peu strict et a un final un peu court. Il faudrait qu’il s’étende mais nous sentons qu’il est fait pour la gastronomie. C’est un privilège que de boire un tel vin.

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maison de Champagne Philipponnat samedi, 11 octobre 2014

Après une nuit très courte, car il faut partir tôt pour un programme très chargé, nous nous rendons au siège de la maison de Champagne Philipponnat.

Charles Philipponnat nous accueille, tout sourire et demande à Nicoletta de nous montrer la vigne de Clos des Goisses. Alors qu’il pleuvait depuis deux jours, nous avons la chance d’un beau soleil. Sur les pentes extrêmement raides, les vignes portent encore quelques raisins oubliés de vendange qui sont délicieux. Il y a du chardonnay et du pinot noir dans ce Clos singulier.

Dans la salle de dégustation nous goûtons des champagnes mais je n’ai pas pris de notes. Rechercher dans ma mémoire sera très difficile.

Le Champagne Philipponnat Royale Réserve Brut sans année m’a fait un bel effet. Je ne commenterai pas le Champagne Philipponnat 1522 Grand Cru Brut 2005 et le Champagne Philipponnat Clos des Goisses 2005 car malheureusement trop d’événements ultérieurs ont gommé leur mémoire. Mais étant un aficionado de Clos des Goisses, je ne peux en dire que du bien.

Charles nous demande alors de sortir dans la cour, car il va dégorger à la volée devant nous un magnum. Charge pour nous de trouver le millésime. Charles a l’expérience et le coup de main aussi le dégorgement est-il réussi. Le vin est superbe. Nous tâtonnons, car les repères sont difficiles sur un champagne non dosé. Il s’agit du Champagne Philipponnat 1976. Il est d’une grâce extrême et d’une grande profondeur. 1976 est une grande année et il a encore une belle vivacité et une jolie acidité. Nous sommes honorés de ce cadeau qui démontre, s’il en était besoin, que le champagne est un vin de garde, contrairement à toutes les idées reçues.

les pentes abruptes du Clos des Goisses

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Charles Philipponnat dégorge à la volée le magnum de 1976

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Réussi du premier coup !

maison de Champagne Pommery samedi, 11 octobre 2014

Lorsque l’on arrive au siège de la maison de Champagne Pommery, cela rappelle immanquablement le hameau Duboeuf à Romanèche-Thorins ou bien Eurodisney. Il y a des tourniquets pour les visiteurs à l’entrée et à la sortie. Il faut des badges, il y a des boutiques, cela respire l’orientation commerciale.

Mais dès que Thierry Gasco, le chef de caves, entre en piste, la visite de mon groupe composé de cinq russes, deux allemands, un italien et moi prend une toute autre forme. Le côté « usine » disparaît. Les galeries de champagnes peuvent aussi être des galeries d’art et le thème retenu par Nathalie Vranken est le bleu Pommery, différent de ton du bleu Klein. Il est figuré par des dizaines d’artistes. Nous descendons et remontons les 116 marches de l’escalier célèbre et Thierry nous conduit dans un salon de dégustation où tout est luxe, calme et … Pommery.

Nous apprenons que Pommery qui possède un Clos en centre ville de Reims a créé une cuvée « Clos Pompadour ». Le premier millésime qui a été fait est 2002, mais il faut déclarer les millésimes quand on veut les faire et comme Pommery ne savait pas si 2002 pourrait donner lieu à un millésime puisqu’il n’y avait pas de repère de vinification, l’étiquette porte la mention : Champagne Pommery Clos Pompadour magnum mis en cave en 2003, alors qu’il s’agit en fait d’un 2002. Ce vin est curieux, car il est très évolué. Très typé, je le trouve très bon.

Le Champagne Pommery Cuvée Louise magnum 2002 est très élégant et peu dosé. C’est un grand champagne.

Thierry Gasco nous fait un grand honneur. La première année où la cuvée Louise a existé est 1979. Et la première année où l’on a fait des magnums de cuvée Louise est 1980. Nous buvons le Champagne Pommery Cuvée Louise magnum 1980. Je sens des zestes de fruits et des fruits confits. Ce vin a été dégorgé il y a dix ans et n’a aucun dosage. Il est d’une élégance rare et je suis bouleversé. Les membres de mon groupe s’en aperçoivent et en rient. Ce vin est de la trempe du Billecart-Salmon 1961 d’hier. C’est un vin de fraîcheur et de noblesse, direct et amical, vin de première grandeur.

Nous avons eu un cadeau unique et nous remercions vivement Thierry Gasco de ce geste.

Le foudre sculpté par Gallé et l’éléphant sont des emblèmes de Pommery

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les expositions actuelle ont pour thème le bleu Pommery. Une cheminée de trente mètres de haut est éclairée en bleu

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vins bus à la dégustation dont le nouveau « Clos »

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Maison Diebolt-Vallois à Cramant et fin du voyage samedi, 11 octobre 2014

La dernière visite de nos trois jours à pas cadencés est à la Maison Diebolt-Vallois à Cramant. C’est bien de finir sur une maison familiale de petite taille. Jacques Diebolt nous accueille et nous emmène dans un hangar où l’on est en train de dégorger et boucher des rosés. Ceci permet à mon groupe de voir cette opération en mouvement. La fille et le fils de Jacques sont au travail et ça ne chôme pas.

Nous allons dans le chais où nous goûtons plusieurs vins que Jacques a préparés. Là aussi hélas, je n’ai pas pris de notes. Les deux premiers vins sont deux cuvées comprenant du pinot noir, un blanc et un rosé.

Le Champagne Diebolt-Vallois rosé est d’un rose très foncé. Il est fait d’addition de vins rouges de Bouzy. Il est très bon pour un rosé car il est plus champagne que rosé.

Le Champagne Diebolt-Vallois Blanc de Blancs Premier Cru est l’entrée de gamme, mais comme un restaurateur trois étoiles célèbre, plusieurs membres de mon groupe considéreront que c’est celui qu’ils préfèrent de la gamme. Il est fait de 2009 et de 2010.

Le Champagne Diebolt-Vallois Blanc de Blancs Grand Cru Cuvée Prestige est très agréable, subtil blanc de blancs et c’est celui que le préfère de la gamme.

Le Champagne Diebolt-Vallois millésimé 2007 est un vin agréable et bien fait comme tous ceux de la maison.

Le Champagne Diebolt-Vallois Fleur de Passion 2005 est le vin le plus noble de la gamme de cette maison mais je trouve qu’il n’a pas assez d’ancienneté pour approcher la largeur du Prestige, que je commanderai en magnums à la fin de la visite.

Jacques Diebolt nous fait un cadeau extrême, car dans cette petite maison, les réserves de vins anciens sont particulièrement petites. Le Champagne Diebolt-Vallois millésimé 1976 est absolument exceptionnel d’équilibre, de complexité et de fruits subtils. Il y a un peu de fruits roses, et de la noix. C’est un grand champagne qui confirme le potentiel de vieillissement.

Jacques nous a raconté tous les éloges et toutes les notes superlatives que ce champagne recueille, et c’est justifié. Il m’a donné le reste de la bouteille de 1976 et c’est en rédigeant ces notes que je me régale tant ce vin tout en douceur contenue montre des subtilités de fruits exceptionnelles. Ce vin romantique communique une grande émotion et beaucoup de vibration.

Nous rentrons à l’hôtel, je dis au revoir aux membres des deux groupes. Je retrouverai une douzaine d’entre eux dimanche soir pour un dîner de wine-dinners au restaurant du Bristol.

J’ai voulu que mon groupe de visite, mais aussi l’autre, puissent aborder des maisons emblématiques comme Salon et Krug, des grandes maisons comme Pommery et Lanson et aussi des maisons familiales ou restées gérées comme des maisons familiales avec Péters, Selosse, Diebolt-Vallois, Philipponnat. Dans chaque maison nous avons eu le privilège qu’on nous ouvre des bouteilles exceptionnelles, faisant de ce voyage un événement unique.

Rajoutons à cela des repas dans les maisons les plus étoilées de Reims, l’Assiette Champenoise et les Crayères où Andrei m’a fait bénéficier de sa générosité éclairée. Je ne sais pas si je recommencerai cet exercice d’accompagner des visites de vignerons, mais je suis très heureux d’avoir conduit cette expérience et d’avoir eu la chance de tant de générosité de la part de grands vignerons pour lesquels j’ai une grande admiration. Merci la Champagne quand elle a autant de classe.

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Déjeuner au siège de la maison de Champagne Salon-Delamotte samedi, 11 octobre 2014

Nous nous rendons au siège de la maison de Champagne Salon-Delamotte. Audrey nous accueille avec son joli sourire et on nous propose en apéritif de bienvenue le Champagne Delamotte Blanc de Blancs Brut magnum sans année. Chaque fois, je suis frappé par la qualité exceptionnelle du champagne cousin de Salon. Il est élégant et facile à vivre, car on le comprend tout de suite, avec une seule envie, celle d’en reprendre. Des amuse-bouche sont les bienvenus.

Didier Depond président de Salon vient nous saluer et nous retient pour un déjeuner privé, dans la jolie salle à manger de l’étage.

Le menu préparé par le traiteur du champagne Salon : soufflé de turbot, étuvée de poireau, sauce hollandaise / pièce de veau et ses champignons de saisons / comté 18 mois et Chaource / sablé aux framboises. La cuisine est précise et goûteuse, simplifiée pour mettre en valeur les vins.

Le Champagne Salon 2002 commence à s’épanouir et on prend conscience de son potentiel. Il est grandiose et prometteur. C’est le poireau qui l’excite merveilleusement.

Le Champagne Delamotte Blanc de Blancs Brut magnum 1996 est une merveille. Il est immense et se montre un très grand champagne, joyeux, ample de belle mâche.

Comme lors du merveilleux déjeuner du mois de juin, le champagne qui arrive sera dégusté à l’aveugle. Nous hésitons sur l’année et Didier ne nous fait pas languir, c’est Champagne Salon 1983. Ce champagne montre déjà quelques signes de maturité et d’évolution mais il est très gastronomique et se marie avec bonheur au comté. On prend conscience de son extrême complexité.

Le Champagne Delamotte rosé est très frais et élégant, bien mis en valeur par le dessert de la même couleur.

Didier Depond, généreux, nous a traités avec amitié. Tous les convives ont vivement apprécié ce moment unique passé dans l’une des plus prestigieuses maisons de champagne.

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Dégustation à la maison de Champagne Jacques Selosse et déjeuner aux Avisés samedi, 11 octobre 2014

Après une courte nuit au Château de Fère à Fère en Tardenois, jolie demeure qui gagnerait peut-être à adopter des standards d’hôtellerie de luxe plus actuels, les deux groupes de russes qui veulent visiter la Champagne, vont faire, ce sera la seule fois, une visite ensemble. Nos deux bus se retrouvent donc au siège de la maison de Champagne Jacques Selosse.

Ce que je souhaitais, dans le voyage éducatif que font ces amateurs, c’est qu’ils écoutent la philosophie d’Anselme Selosse grand innovateur avant-gardiste. Je pouvais craindre qu’avec les traductions, le discours d’Anselme soit mal compris, mais il a réussi à captiver son auditoire par un exposé simple, riche, traduit par Polina, la sommelière accompagnatrice du deuxième groupe. Pendant qu’il parle des fondements de son action, il nous sert ses vins.

Le Champagne Selosse lieudit Les Carrelles est fait de millésimes de 2003 à 2007. Le nez est très intense où je perçois de la pâte de fruit. La bouche est gourmande, ce qui n’empêche pas des notes salées. Agréable et typé, c’est un beau champagne.

Le Champagne Selosse 1998 est très doux, agréable, enveloppant et équilibré. Le mot qui vient est nirvana. Le fruit est pur et intense. Dans la persistance aromatique je ressens la pâte de fruit.

Le Champagne Selosse 1999 est plus un vin d’automne. La couleur est plus claire, le nez est moins doux. Mais c’est un grand vin en bouche, d’une race folle. Il est élégant, plus profond, très différent du 1998. Le vin est plus évolué avec dans le final des notes de thé et de sel.

Le Champagne Selosse 2002 est, selon Anselme, un sumo. Il paraît lourdaud, mais il a de l’énergie à revendre. Fumé, pruneau, thé, caramel, il a une incroyable persistance. L’attaque est forte et le final est frais, élégant, laissant une empreinte forte. Il sait être très gourmand.

Le Champagne Selosse 2003 a un nez plus discret. Le vin est plus étrange. Sa personnalité très différente est spéciale. J’aime beaucoup son étrangeté. Anselme nous propose alors une expérience assez folle, puisqu’il envisage de mettre de l’eau dans le champagne, comme on le fait pour saisir une sauce réduite. C’est fou comme l’eau élargit le champagne. Il faut le boire pour y croire. Un tel moment enthousiasme l’auditoire.

Le cadeau d’Anselme est de nous ouvrir un Champagne Selosse 1990. L’âge fait apparaître le calcaire, l’origine première du vin. Très minéral, ce vin est d’une longueur extrême. Il s’est un peu simplifié. Il titre 14,2° comme le 1999. Je ressens une belle fraîcheur citronnée. Ce vin est très différent des autres déjà dégustés.

Nous remercions Anselme et allons déjeuner dans la salle à manger de l’hôtel Les Avisés où je salue Corinne, la femme d’Anselme, qui a décoré avec goût cet hôtel.

Le menu composé par Stéphane Rossillon : blanc manger d’avocat pamplemousse, chair de crabe, feuilles de roquette / thon mi-cuit à la plancha, étuvée de chou blanc au fruit de la passion, sésame au wasabi, vinaigrette au soja, haricots coco de Paimpol / Pressa de porc ibérique saisie au poêlon, crémeux de navet et radis poêlés aux épices grillées, figue rôtie / Panna cotta fruits rouges et sorbet fraise. Nathalie l’épouse de Stéphane nous fait le service avec un agréable sourire.

Le Champagne Selosse Initial dégorgé en décembre 2013 est agréable, très civilisé. J’aime ce champagne en retenue.

Le Riesling Muenchberg domaine Ostertag 2009 n’est pas aussi sec que je l’aurais pensé. Il est fruité, agréable et précis. Il y a beaucoup d’équilibre et une longueur épicée.

Le Gevrey Chambertin Cuvée Vieilles Vignes Sylvie Esmonin 2009 est très dynamique, pur, précis. Il y a beaucoup de fruits noirs généreux, et des épices, dont le poivre noir.

Le Rosé d’un jour, vin de France, Mark et Martial Angeli 2012 vin d’Anjou est un vin simple absolument adapté au dessert de fraises. C’est la suggestion de Stéphane, parfaitement judicieuse.

Stéphane nous a fait une cuisine simple, goûteuse, lisible, parfaitement adaptée à un repas de vins. Il a atteint une maturité qui me plait beaucoup. Ce fut un repas authentique, amical et plaisant.

Anselme ajoute de l’eau dans Selosse 2003

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Visite de la maison Vinhos Barbeito Madeira lundi, 6 octobre 2014

Nous nous rendons au siège de la maison Barbeito. Nous sommes reçus par Ricardo Diogo V. Freitas, qui est le vinificateur de cette maison en 1946. Il nous fait faire une visite très détaillée de ses installations et expose ses réflexions sur la vinification des madères, pour laquelle il a des visées assez avant-gardistes. Il est précis, réfléchi, et ambitieux pour son appellation et pour sa maison. C’est lui-même qui conduit la dégustation. Ses explications ravissent mes amis sommeliers.

Je dois avouer que je suis probablement passé à côté de certains vins de ce domaine, sans doute influencé par le premier vin qui m’a poussé sur de fausses pistes. Les sommeliers ont unanimement célébré la qualité des vins jeunes de cette maison alors que je n’ai apprécié que les vins anciens. On doit donc lire mes notes en sachant que je suis sans doute passé à côté des premiers vins. Je reproduis ici mon ressenti sans le changer, sachant que certaines critiques ne sont pas confirmées par mes amis.

Madère Barbeito Bastardo 2014 Tank 24 Foot treading : ce vin est plus qu’un bébé ! Il a été fortifié il y a deux semaines. Sa couleur est irréellement rose, celle d’un jus de fraise. Le nez évoque un jus de fruit sucré. L’acidité est forte et fait penser à la grenade. Le final est celui d’un bonbon anglais amer. Il n’y a aucune référence pour ce vin

Madère Barbeito Bastardo 2013 Cask 50 Foot treading : nez d’alcool, de camphre et de menthol très frais. Le goût est très curieux. Il y a aussi du bonbon anglais. Le final n’est pas agréable, chimique, avec alcool et amertume.

Madère Barbeito Bastardo 2012 Cask 161 Direct Pressing : nez identique à celui du 2013 médicinal. La bouche est beaucoup plus civilisée. Il y a de la douceur et de l’équilibre. Le final a un peu de médicinal.

Madère Barbeito Malvasia 2012 Cask 155 Lagar + Pneumatic Press : nez de marc, alcool un peu imprécis. Bouche de vin assez calme, final rêche de barbe d’artichaut. Le vin est difficile avec un peu de quinquina.

Madère Barbeito Malvasia 2010 Cask 203 Pneumatic Press : ce vin qui a trois ans de fût a un nez poussiéreux un peu coincé. La bouche est beaucoup plus plaisante. Il y a de la cohérence, avec des notes de gentiane, de pamplemousse confit. Le final est rêche, amer, mais on sent que le vin a un beau potentiel de vieillissement.

Madère Barbeito Sercial 1992 Frasqueira : il a passé vingt ans en fût. Il est aussi sans concession. La bouche est claire, pure, très élégante. On sent les pomelos et les oranges. Le final est plaisant, de très grand longueur. Il est intéressant car énigmatique et sans concession.

Madère Barbeito Verdelho 20 years old, Ribeiro Real. Ce vin a 85% de Verdelho et 15% de Tinta Negra comme le permet la législation. Le nez comme d’autres a de la grappa, mais ici avec des fruits blancs et roses comme litchi et fraise. La bouche est très pleine, bien intégrée. C’est un vin de soleil. De belle mâche il évoque des fruits jaunes. Il a une belle persistance sucrée. C’est un vin élégant.

Madère Barbeito Verdelho 1992 Frasqueira. Le nez évoque l’alcool et les fruits jaunes. La bouche est cohérente mais pas très complexe. Le final est très agréable, pas très long mais intelligent. Il n’y a pas beaucoup d’émotion mais le vin est bien fait.

Madère Barbeito Boal 1992 Frasqueira. La bouche est très épicée. C’est un vin sans concession au final très frais, sans défaut. Vin de grande fraîcheur dont on sent l’alcool et de jolis fruits confits.

Madère Barbeito Boal 20 years old Ribeiro Real. Le vin comprend 85% de Boal de vingt ans et 15% de Tinta Negra de 1952, 1953 et 1954. Pourquoi a-t-on mis des Tinta Negra si vieux ? C’est en fonction du goût recherché. Le nez est flatteur et plus parfumé que les vins précédents. On sent qu’avec ce vin, on franchit une étape. Plus charmeur, plus gras, il a de jolies épices et un beau final de pomelos et de fraîcheur.

Madère Barbeito Malvasia 20 years old Lot 14050 : le nez est monolithique d’alcool et de fruits jaunes. La bouche est très élégante, cohérente, avec un final frais et mentholé et de pamplemousse. Ce vin sans concession est de très grande qualité. Il est gourmand.

Madère Barbeito Malvasia 40 years old Mae Manuela : le vin porte le nom de la mère de Ricardo. Le nez est charmant, floral et menthe. La bouche est complètement intégrée. Encore un saut qualitatif énorme. Le vin est cohérent avec des épices, du caramel, du café, des agrumes. Le final est très long avec des agrumes et des épices. C’est un très grand vin à la persistance infinie.

Madère Barbeito Malvasia 1880 : vin de jeunesse dont l’énergie et la puissance sont incroyables. Le nez est d’alcool et d’un caramel léger. La bouche est grasse, de caramel, café épices. Il est complexe, au final d’une jeunesse folle. L’alcool paraît incroyablement jeune et cela me surprend. Le vin est gourmand avec des notes d’orange confite et de zeste.

A ces treize vins se rajoute un Madère Barbeito Boal 1982 au joli nez calme, intégré, fait d’épices de café et de caramel.

Si je me suis régalé des vins plus anciens, j’ai été plus circonspect sur les vins plus jeunes contrairement à mes amis. J’admets volontiers avoir pu passer à côté. J’ai préféré garder mes notes comme elles étaient. L’accueil de cette maison incarnée par son propriétaire a été l’un des plus chaleureux et complet.

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le patron qui nous reçoit, extrêmement brillant

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des couleurs parfois surprenantes pour les plus jeunes vins

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notre groupe

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Visite au siège de la maison Henriquès & Henriquès à Madère lundi, 6 octobre 2014

Nous nous rendons au siège de la maison Henriquès & Henriquès pour une visite et une dégustation. La personne qui nous fait visiter est le responsable de la vinification. Il insiste beaucoup sur le choix des tonneaux, qu’il achète déjà utilisés pour d’autres vins et qu’il revend pour la vinification d’autres vins. Il nous montre l’outil qu’il a inventé pour nettoyer des fûts usagés en préservant la capacité du bois à exprimer les odeurs et parfums qui participeront aux qualités de ses madères. Il y a un stockage impressionnant de tonneaux d’âges canoniques qui ont fait le tour de l’Europe, à Bordeaux ou en Ecosse. Les vins que nous allons boire sont tous des madères Henriquès & Henriquès.

Le Tinta Negra 3 years Henriquès & Henriquès vinifié en blanc, c’est-à-dire non fortifié a un nez camphré. Le vin est léger, frais, évoque des fruits jaunes. Le vin est très sec, agréable.

Le Madère Henriquès & Henriquès Tinta Negra 3 years fortifié a une belle définition. On sent le bois, l’alcool, le final est très doux, de belle présence et gourmand.

Le Madère Henriquès & Henriquès Tinta Negra 1997 a été élevé dans des barriques à whisky, pour y trouver le côté vanille. Le nez est très élégant avec de la douceur de fraise et de loukoum. La bouche est très douce, de vanille et fraise. Le final est comme un bonbon pétillant.

Le vin suivant est bu à l’aveugle. Le nez a de l’alcool. Il y a du poivre, du pruneau, de l’alcool. C’est un Madère Henriquès & Henriquès Tinta Negra 50 years. Le final est explosif, pruneau, très riche et gourmand. Délicieux caramel charmeur, café, orange confite. Ce vin n’est pas délicat mais gourmand.

Madère Henriquès & Henriquès Tinta Negra medium dry 3 years. Nez d’alcool et de bois. Bouche très douce et de bel équilibre. Beau final de thé, délicat et frais. Vin plutôt sec malgré sa dénomination.

Madère Henriquès & Henriquès Sercial 2001. Le nez est plus fruité. Le vin est plus sec, plus strict. Peu flatteur mais on sent qu’il vieillira bien.

Madère Henriquès & Henriquès Sercial 1971. Nez assez fermé, de foin. Le vin est strict aussi, astringent comme le précédent. Vin sans concession, foin et malt. Dans le final apparaît un joli pruneau. Il semble gastronomique avec une belle acidité.

Madère Henriquès & Henriquès Verdelho 20 years. Couleur plus brune. Nez élégant, sans alcool apparent. On sent les agrumes. La bouche est belle, élégante, raffinée, féminine. Bel équilibre de beaux fruits. Final très pamplemousse. Gourmandise et fraîcheur de bonbon acidulé.

Madère Henriquès & Henriquès Boal 15 years, nez dont l’alcool est très fort. Café, vin ample, généreux, puissant. Caramel, bois, épices, moka, cacao, tabac. Ce vin de grande complexité va bien vieillir.

Madère Henriquès & Henriquès Boal 1957. Nez très élégant, subtil, de fruits caramélisés. Bouche fluide, élégante, et complexe. Le vin a du caramel, de la crème brûlée, du zan. Notre mentor évoque le métal des pièces métalliques que l’on ressent sur les gencives. Je ressens café brûlé ou crêpe brûlée.

Madère Henriquès & Henriquès Terrantez 20 years. Nez droit, peu développé, attaque superbe en bouche, très grande complexité, fruits caramélisés. Très élégant et poivré final très poivré qui nuit à la complexité malgré de jolies notes d’agrumes, de café et de caramel.

Madère Henriquès & Henriquès Malvasia 20 years nez élégant, fluide, léger. Grande douceur, élégance, pruneau, café et caramel. Très élégant et gastronomique.

Madère Henriquès & Henriquès Soleira Malvasia 1894. Nez très jeune avec alcool bien présent. Fraîcheur mentholée, bouche très intégrée, élégante, caramel, moka, paris-brest. Final charmeur, complexe, frais. C’est un vin magnifique, mis en bouteille en 2008.

Madère Henriquès & Henriquès Terrantez 1954 couleur vert olive foncé. Nez pruneau et olive noire. Incroyable concentration, comme de la glycérine. Gras comme de la mélasse, comme un vinaigre balsamique. C’est la quintessence de la complexité du madère car en plus il est frais. Déconcertant mais tellement bon. Le vin le plus étonnant qui évoque un peu les Chypre 1845. A l’issue de cette dégustation, le responsable de Henriquès & Henriquès nous invite à déjeuner dans un site montagnard de sa société où les vignerons viennent livrer leurs raisins.

Nous visitons les installations de réception des raisins et une voiture se présente. Deux vignerons versent les grappes de raisins de quelques cageots puis s’en vont. C’est la fin des vendanges, avec des quantités infimes par livraison.

La maisonnette où nous nous rendons ne paie pas de mine. C’est simple, probablement un réfectoire, mais les bouteilles présentées sur les murs montrent que c’est aussi un lieu de réception, à la bonne franquette. On nous verse un Madère Henriquès & Henriquès Sercial 10 years très facile à vivre, d’un beau fruit jaune simple et agréable. Deux énormes plats sont posés sur des rampes de cuisinière à gaz pour être servis chauds. Il s’agit d’une Feijoada, plat de riz, haricots et boulettes de viande. C’est simple, gourmand, et nous mangeons de bon cœur. Le plat est idéal pour les vins. Le Douro blanco Dalva 2012 est frais, de belle structure, bien jeune et sec.

Un Douro Dalva rouge 2011 est beaucoup plus dur et plus amer, brutal et difficile à boire. Finalement le meilleur accord avec le plat est créé par le Sercial. Cette pause sans chichi en pleine campagne nous a tous ravis.

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les fûts dont beaucoup ayant servi au mûrissement des bourbons

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dégustation et boutique

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le déjeuner

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l’ami Christian, auteur de plusieurs photos mises sur ce reportage du voyage à Madère (jolie photo)

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