Archives de catégorie : vins et vignerons

visite de la maison Pereira d’Oliveira Vinhos, déjeuner et visite de vignes lundi, 6 octobre 2014

Le troisième jour sur l’île de Madère a commencé pour certains par une visite du marché. J’étais trop fatigué de la journée aux 51 vins pour me lever aux aurores. Le groupe se reforme pour la visite de la maison Pereira d’Oliveira Vinhos fondée en 1850.

L’immeuble est contigu de l’université de Funchal et juste à côté de l’hôtel de ville. On est donc au centre de la ville. Une immense salle servant de boutique et de lieu de dégustation accueille des groupes. Felipe, le vinificateur, nous salue comme une délégation importante mais ce sera sa seule action car cette visite sera la seule où aucun responsable ne nous parlera de sa maison, de ses vins, et ne donnera aucune indication de la sucrosité ou toute autre donnée dont les autres maisons ne furent pas avares.

Nous sommes assis dans cette grande salle bruyante car les groupes se succèdent à une cadence infernale. Dès qu’un groupe de touristes en provenance d’Hawaï s’en va, c’est un groupe d’allemands qui s’assoient sans perdre une seconde et dès que les allemands sont partis, des français les remplacent et jettent des regards incrédules devant les bouteilles qui se regroupent sur nos tables. Car nous allons être gâtés.

Hélas, la température de service, comme à la présentation de l’institut du vin de Madère, est insupportable. Nous trempons nos verres de madère dans les verres d’eau fraîche qui nous sont servis, pour tenter de les refroidir. Les serveuses réagiront à notre demande et les derniers verres servis seront presque à la température idéale.

Nous commençons par les « dry » (seco). Madeira d’Oliveira Tinta Negra 10 years old. La couleur est d’un bel acajou. Le nez est d’un bel alcool fruité. Le vin est bien fluide, sec, d’un beau fruit avec un final agréable et bien équilibré.

Madeira d’Oliveira Sercial 1989. L’ambre est prononcé. Le nez est discret mettant en avant l’alcool. Lorsque je dis que j’ai écrit : « belle bouche d’armagnac », mes amis rient mais c’est la traduction du fait que la température de service entraîne la mise en avant de l’alcool. Le final du vin est agréable et sans aspérité. Le vin fluide est doux, bien qu’il soit dry. Il se boit bien.

Madeira d’Oliveira Sercial 1969. L’ambre est joli. L’alcool est bien intégré. On sent du thé, du caramel, de beaux fruits. Le vin est très complexe et subtil au final gracieux. Il est long. C’est un bon vin.

Madeira d’Oliveira Sercial 1928. L’ambre est foncé. Le nez est très complexe, avec une fraîcheur mentholée. Le vin est très doux, caramel, café, réglisse, de bel équilibre, charmant. Le bois apparaît. C’est nettement un grand vin très agréable et intégré.

Nous poursuivons avec les « medium dry » (Meio Seco). Madeira d’Oliveira Verdelho 2000. L’ambre est foncé. Le nez est de fruits compotés et marinés. Il y a dans le goût beaucoup de fruits confits et de caramel. Ce vin manque de complexité. Son final n’est pas très net et court.

Madeira d’Oliveira Terrantez 1988. L’ambre est clair. Le nez est assez discret. La bouche est de caramel et de bois, pas très complexe. Le final est boisé, un peu pâteux. Il y a trop d’alcool.

Madeira d’Oliveira Verdelho 1973. Le vin est sombre, beaucoup plus qu’un 1973 bu la veille. Le nez est lourd de caramel. La bouche a du caramel salé, du bois. Le final boisé est plus agréable.

Madeira d’Oliveira Terrantez 1971. Le vin est plus clair. Le nez est assez pur. Ce vin est plus doux, plus madère. J’aime bien son équilibre. Il a un beau final complexe de caramel et de fraîcheur.

Madeira d’Oliveira Bastardo 1927. Le vin est ambré et on constate que le caramel qui peut être ajouté dans les vins rend les couleurs assez uniformes. Le nez est fermé. Le caramel du vin est lourd, à la limite fatigant. Lourdaud au premier contact, il se civilise et montre de la fraîcheur.

Madeira d’Oliveira Verdelho 1905. Le vin est ambré, le nez est discret, avec un alcool bien dosé. Dans le goût c’est la première fois que je sens aussi nettement l’orange dans les vins de cette maison. Le final est très beau, avec des zestes d’orange. Même si le caramel est présent, j’aime beaucoup ce vin. Lorsque j’y reviens après deux ou trois minutes, je le trouve très élégant.

Nous passons maintenant aux « Medium Sweet » (Meio Doce). Madeira d’Oliveira Boal 15 years old. Vin ambré, au nez frais et peu distinctif. La bouche est agréable, caramel et crème brûlée, le final est assez frais mais le vin est quand même assez lourd. Olivier l’assassine.

Madeira d’Oliveira Boal 1987. Le nez est fermé. Le caramel et l’alcool ne sont pas bien intégrés. On ne sent presque que le caramel dans le final.

Madeira d’Oliveira Boal 1958. Le vin est plus clair, le nez est incertain. Le vin est pataud mais les conditions de dégustation ne sont pas bonnes.

Madeira d’Oliveira Boal 1922. La couleur est assez claire, le nez est frais. Le vin est très frais, agréable, de bel équilibre et de beau final frais. Le caramel est bien intégré et ne nuit pas à la fraîcheur. C’est un grand vin que j’apprécie.

Madeira d’Oliveira Boal 1908. Il est très sombre et le caramel domine, pour la première fois salé. Ce n’est pas un vin très agréable.

C’est maintenant le tour des « Sweet Madeira ». Le Madeira d’Oliveira Malvasia 15 years old est de couleur acajou. Le nez est assez frais et épicé. Le caramel est assez frais rendant le vin assez agréable.

Madeira d’Oliveira Malvasia 1990. Ambre clair. Nez discret qu’Olivier ne trouve pas très net. Le vin est frais, charmeur, au final sur la fraîcheur qu’Olivier conteste.

Madeira d’Oliveira Malvasia 1907. Nez de fruits frais dont figue. Goût médicinal, pruneau, caramel et soja. Le final est frais marqué de caramel. C’est un beau vin mais très sur la réduction. Il manque un peu de finesse.

Madeira d’Oliveira Malvasia 1875. Ça, c’est vraiment un vin de 1875, car on sent qu’il est cohérent avec son âge. Il est parfait, magique, avec un beau pruneau. J’adore ce vin authentique qui ne m’apporte que du bonheur. Il a de la fraîcheur mentholée, un beau fruit. Il est au top.

Sans doute pour se faire pardonner de la température des vins et du brouhaha que nous aurions évité si une salle de dégustation nous avait été proposée, Felipe fait servir, hors programme, Un Madeira d’Oliveira Verdelho 1850. Il est très foncé, avec un nez très dense de caramel. Il y en a beaucoup et le vin très réduit évoque le vinaigre balsamique. Le vin est toutefois sympathique, au final très frais. Il est très bon même s’il est plus monolithique que le 1875 qui le précède. Il a des tons de café.

Le 1907 me semble avoir été rajeuni, le 1875 gardé dans son intégrité et pour le 1850 je m’interroge car il est quand même très pur, très concentré. Le Boal 1922 sur lequel je reviens est tellement agréable à boire, avec son acidité si bien dosée.

Une ajoute ne semblant pas suffisante, arrive alors un Madeira d’Oliveira Moscatel 1875. C’est le même que celui que nous avons goûté le premier jour à l’institut, que j’avais beaucoup aimé, même s’il n’était pas dans mon top 5. Le nez est réduit, de caramel de fruit. Le vin est énorme, joyeux, au final en fanfare. Café, moka, cacao, balsamique, il nous fait la danse des sept voiles pour nous conquérir. Je l’adore avec sa gourmandise naturelle.

En définitive, le seul contact que j’aurai eu avec Felipe, c’est lorsque j’ai acheté une bouteille de Madeira d’Oliveira Moscatel 1875, car tous ces vins sont disponibles à la vente. L’impression qui reste après cette dégustation, c’est l’absence du directeur à nos côtés, c’est la température inacceptable des vins, mais c’est surtout une incroyable générosité qui nous a fait approcher des vins dont certains sont transcendantaux. Une nouvelle visite de cette maison dans de bonnes conditions s’impose. Voilà que j’invente un prétexte pour revenir dans cette île merveilleuse.

Nous partons déjeuner au restaurant « O Lagar » qui est en hauteur et permet d’avoir une vue panoramique sur la côte sud de l’île. La salle est immense, très « famille ». Nous commençons par des morceaux de poulpe coupés en dés, puis des poissons en beignets, et le clou de ce restaurant, c’est que la viande est servie sur d’immenses piques accrochées à un anneau de grande taille qui est centré à la verticale du centre de notre table ronde, à environ 1,5 mètre au dessus. La sauce suinte le long de chaque pique et l’on doit se servir en faisant glisser la viande le long de ces gargantuesques brochettes. La viande est délicieuse. J’ai essayé de boire le moins possible, car le dîner de gala est ce soir. Le Vinho Verde Muralhas de Monçao est juste frais, sans plus, et je ne me souviens plus du rouge, trop moderne à mon goût.

Nous sommes partis ensuite au nord de l’île, où le climat est résolument différent, le soleil perçant rarement les épais nuages. La mer est sauvage, les couleurs sont sombres. Le but de cette visite est de voir les vignes. C’est saisissant. Sur des parcelles minuscules et sur des pentes abruptes, l’idée de mécaniser quoi que ce soit est une hérésie. Tout se fait à la main, dans des conditions où il est presque impossible de se tenir debout. Il faut avoir vu ces vignes pour comprendre l’importance de l’homme et de cette nature ingrate et si belle. Les vignobles du sud sont aussi escarpés mais semblent plus faciles à exploiter.

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la salle et la boutique

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notre dégustation

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la 1875 que j’ai achetée

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les environs et la mairie

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déjeuner au restaurant « O Lagar »

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les gigantesques brochettes verticales

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visite des vignes du nord de l’île

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les vignes en pergola et un cep de vigne impressionnant

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dîner de gala au restaurant Il Gallo d’Oro à Madère et fin du voyage lundi, 6 octobre 2014

Il est recommandé de lire les sujets sur Madère dans l’ordre chronologique, c’est-à-dire en remontant de bas en haut les articles qui sont consacrés à ce voyage.

Le dîner de gala se tient à l’hôtel Cliff Bay, au restaurant Il Gallo d’Oro, dont le chef, un aixois, est Benoît Sinthon. On sent que toute l’équipe est heureuse de nous accueillir, chef, sommeliers, serveurs, car c’est l’occasion de parler avec des grands professionnels de MWW. Nous sommes reçus par la directrice générale de l’institut qui nous avait accueillis il y a deux jours.

L’apéritif s’est fait au Campolargo Brut rosé Spumante Portugal 2000 qui est fort agréable.

Le menu conçu par le chef est : lobster medallion, gravlax salmon, dill and iodized cream sauce / local sea bream « spring 2014″, scallops and leek tortellini, watercress cream and yuzu tartare / premium fillet, veal cheek confit, black truffle juice / golden chocolate ball, Valrhona chocolate, pineapple, vanilla ice cream.

La cuisine du chef est de très haut niveau. Les cuissons sont exactes et les produits de haute qualité. Je n’ai pas aimé l’amuse bouche au foie gras broyé en fine poudre et froid. Tout le reste a été parfait.

Le Madeira Henriquès & Henriquès Verdelho 20 years old est tout en douceur. Le final est très doux, de beaux fruits.

Le Madeira Barbeito Ribeiro real 20 years old a de belles complexités. Il est moins charmant mais très raffiné. C’est le Barbeito que je préfère. C’est lui qui l’emporte sur le foie gras, qui n’arrive pas à devenir gourmand sur ces deux vins.

Le Palacio da Brajueira Vinho Branco 2012 n’est pas mal du tout pour un vin blanc aussi jeune. Le homard est très bon mais servi un peu froid. Le vin blanc strict va bien avec le côté iodé, mais j’aimerais un blanc plus opulent.

Le Nossa Calcario Vinho Branco 2010 est un vin fait par William du groupe MWW. Il est très bon pour accompagner le pageot cuit à merveille. Il crée un très bel accord.

Le Quinta do Ribeirinho Vinho Tinto 2006 est le vin de beau-père de William. Il est très bon et arrive à se marier à l’oursin ! Chapeau pour un vin rouge.

Le Doda Alvaro Castro Dirk Niepoort 2010 est un vin rouge plus rêche, plus strict, astringent et moins agréable. La viande est superbe.

Nous revenons aux madères. Le Madeira Pereira de Oliviera Boal 1968 évoque le thé, le caramel et le bois dans le final. Il n’est pas mal avec ses accents de thé.

Le Blandy’s Madeira Wine Malvasia 1988 a une grande élégance. Il est raffiné, au final frais.

Le Madeira Barbeito Malvasia 40 years old Mae Manuela a un fruit très curieux de fraise. Il a de la fraîcheur. C’est le plus compliqué à comprendre. Il diffère de celui que nous avons goûté chez Barbeito.

Il restait de la Chartreuse jaune 1996 retour d’Italie. Nous en avons à nouveau pris une belle gorgée, pour sceller un peu plus notre amitié. Nous nous sommes tous félicités d’être ensemble.

Des amis décident de rentrer à pied à l’hôtel. La directrice me propose de me déposer à l’hôtel, ce que j’accepte. Arrivé à l’hôtel, je considère que je n’ai pas assez remercié mes amis aussi prends-je à l’envers le chemin vers le restaurant pour les croiser. Je remonte plus de la moitié du chemin, ce qui me paraît anormal. Aussi, je scrute à travers les vitres d’un bar animé à cette heure tardive. Je les reconnais et je m’attable à leur côté en leur offrant une boisson de bonne soif et d’amitié. Ils commandent des cocktails alcoolisés. Les discussions sont chaleureuses et s’éternisent. Il est temps que je rentre me coucher. J’ai compris qu’ils resteraient pour une deuxième tournée. Quelle santé !

Ce séjour à Madère est une illumination. L’île est magnifique, luxuriante, aux sites innombrables. Les vins de madère me fascinent par la diversité de leurs goûts. Il y a toujours un madère qui me surprendra. Ces vins sont digestes, gastronomiques sur des pistes bien précises. Grâce à la notoriété des membres du MWW nous avons joui d’un accueil exceptionnel.

Ce séjour à Madère fut une moment d’une rare intensité. Boire 25 vins de plus de cinquante ans sur trois jours, c’est exceptionnel, dont plus d’une dizaine de vins du 19ème siècle. Quel week-end !

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le lendemain, départ par la route

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dernières images de Madère vues d’avion

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approche vers Lisbonne

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Vive Madère et ses vins de bonheur

Dégustation et dîner à la maison Blandy’s Madeira lundi, 6 octobre 2014

Nous nous rendons à la maison Blandy’s Madeira qui possède un ensemble immobilier qui semble avoir été figé dans ce qu’il était à sa création en 1811. C’est un véritable musée avec un enchevêtrement de halls, de maisons, de pièces de toutes tailles où l’on se perdrait tant l’ensemble est immense. Le travail de conservation de l’originalité des lieux est considérable. Dans des greniers qui paraissent fragiles, des centaines de fûts font vieillir de précieux nectars. Comment des fûts si lourds ont-ils pu grimper aussi haut, c’est un mystère. Une immense salle où nous dînerons plus tard est organisée comme une bibliothèque où, derrière des grillages boisés, des centaines et des centaines de bouteilles de toutes les années sont autant d’archives de la maison. C’est un lieu de rêve.

Ana Soares est une personne exubérante qui nous fait partager sa fierté de représenter cette maison vénérable. Francisco Albuquerque, œnologue et directeur du département vins, va conduire la dégustation organisée en deux séries de six verres ou sept. Nous allons parfois comparer les vins deux à deux.

Le Madeira Blandy’s Sercial 10 years old a un nez équilibré entre l’alcool et des senteurs médicinales. La bouche a de l’alcool car il fait chaud, du thé et de la noix. Le final est agréable.

Madeira Blandy’s Sercial 1998 que l’on compare a un nez assez doux même si le vin est sec. Il est très agréable et ne donne pas la sensation d’alcool. La bouche est plaisante, flatteuse mais pas très complexe. L’alcool apparaît dans le final. Le 10 ans d’âge est un peu plus énergique que le 1998.

Madeira Blandy’s Verdelho 10 years old a un nez assez discret. Le vin est plaisant, plus fruité que les Sercial.

Madeira Blandy’s Verdelho 1998 a un nez légèrement plus marqué. La bouche est très agréable. Il est plus complexe et plus fruité que le 10 years old. Il a un beau final. Ce vin très proche du précédent est peut-être un peu plus rond.

Madeira Blandy’s Bual 10 years old a un nez capiteux, riche, qui correspond à la couleur. Le vin riche a un final mentholé. C’est un vin lourd au caramel fort.

Madeira Blandy’s Bual 2002 a un nez avec un fort alcool. Il est charmeur en bouche, fluide, mais pas aussi précis que le précédent. Je préfère le 10 years old, plus équilibré.

La deuxième série commence avec un Madeira Blandy’s Malvasia 10 years old. Le nez est très doux et frais. Le vin est riche et de forte personnalité, très fruit et pâte de fruit. Le final évoque un caramel de fruit.

Le Madeira Blandy’s Malvasia 1996 a un nez plus discret. Il est moins riche, plus sec. Elégant il fait ressortir son alcool dans le final. Cette comparaison concerne deux vins qui sont les plus différents : le premier est très doux et le second est sec.

Le Madeira Blandy’s Malvasia Vintage 1988 a un nez plus proche du Malvasia dix ans. Il est très doux. C’est un vin riche et élégant. Lourd d’épices et d’alcool dans le final, il est de persistance aromatique extrême.

Le Madeira Blandy’s Sercial 1975 a un nez très discret. Il est très fluide en bouche, beau vin frais au final marqué d’alcool et de thé. C’est un vin intéressant.

Le Madeira Blandy’s Verdelho 1973 a un nez élégant et discret, la bouche est toute en douceur. Le vin est très intégré et cohérent. Il a un beau final de madère. C’est un beau vin.

Le Madeira Blandy’s Boal 1969 a un nez discret. La bouche est généreuse, bien construite. Il y a du poivre, un beau fruit. Le final très long est épicé.

Le Madeira Blandy’s Boal 1920 a un nez élégant, c’est-à-dire que l’alcool n’est pas dominant même si on le sent. Il ya un peu de pâte de fruit dans ses suggestions. En bouche le vin est superbe car tout est cohérent. Il y a du caramel, du fruit caramélisé, de la fraîcheur. Il y a beaucoup de noblesse dans le final très long. Ce vin mis en bouteille en 2006 évoque le pain d’épices, le miel et le caramel. On sent la cohérence de l’âge. Il n’est pas très complexe mais il est très élégant. C’est un bon vin.

Le vin mystère qui nous est servi est un Madeira Blandy’s Tinta Negra 1995. Le nez a un fort alcool et du caramel. La bouche est gourmande. Très beau vin au final généreux de pruneau, caramel et alcool.

Lorsque cette dégustation parfaitement orchestrée et riche de vins superbes est finie, nous nous rendons dans la bibliothèque où peut-être plus d’un millier de bouteilles nous contemplent. Le personnel de restauration a installé une table magnifique. Le menu composé par le chef de la maison Blandy’s est : poultry consommé flavored with Sercial, vermicelli pasta and quail egg / braised tuna with sesame seeds and rose pepper crust over celery root purée and saffron threads / leg of lamb confit in spicy olive oli, mashed sweet potatoes and croutons of fried maze / chocolate brownie with nuts, focaccia of mascarpone with almond and pistachio ice cream with apricot coulis / cheese platter with pumpkin and walnut compote.

N’ayant pas retrouvé mes notes, je ne peux que citer les vins avec quelques flashs de ma mémoire. Le Madeira Blandy’s Sercial 10 anos a très bien profité du consommé qui lui a donné de l’ampleur. Le Prazo de Roriz Douro 2009 et le Pombal do Vesuvio Douro 2009 sont d’honnêtes vins de table adaptés aux plats.

Le Madeira Blandy’s Colheita Malmsey 1996 est très agréable et a essayé de jouer son rôle sur des fromages qui ne lui conviennent pas, car seule une pâte bleue réagirait.

Il se trouve que Christian, l’un des plus remuants et drôles des membres de MWW a son anniversaire le jour même. Nos hôtes réagissent de bien belle façon en faisant ouvrir un vin de son année, un Madeira Blandy’s Bual 1968 très agréable et gourmand.

Christian de son côté est venu avec une Chartreuse jaune V.E.P. 1996 « retour d’Italie » qui lui a été offerte par des amis pour qu’il la boive avec les Mad Wine Waiters. Cette Chartreuse est absolument exceptionnelle, opulente, grasse, pure explosion de fleurs et d’herbes, forte de ses 130 plantes dont la composition n’est pas révélée. Ana Soares grimace devant la force des 42° mais elle est rapidement conquise par cette diabolique complexité. Malgré la fatigue d’un jour où nous avons dégusté cinquante et un vins, nous avons fait honneur à cet alcool, la meilleure des médecines qui soit.

L’accueil de la Maison Blandy’s a été exceptionnel. Vive le vin de Madère, aux diversités infinies.

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la « bibliothèque » qui accueillera le dîner

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la dégustation

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le dîner

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et la fameuse Chartreuse, offerte par Christian dont c’est l’anniversaire

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Voyage à Madère – jour 1 dimanche, 5 octobre 2014

Des sommeliers, dont deux meilleurs sommeliers du monde, se sont constitués en un groupe amical pour faire des visites sérieuses de régions viticoles et aussi pour être moins sérieux et profiter de leur amitié. Avec un petit clin d’œil aux Masters of Wine, ils se sont appelés Mad Wine Waiters, MWW. Joao, l’un d’entre eux, habite à Londres et est originaire de Lisbonne. Je l’avais rencontré au fabuleux déjeuner au siège du champagne Salon où avait été ouvert Salon 1943, vin de mon année.

C’était un tel cadeau dont j’avais une responsabilité indirecte, puisque j’avais la chance d’être né une année où Salon a été produit (je n’avais qu’une chance sur trois), Joao, pour me remercier, m’a proposé de me joindre à son groupe MWW pour une visite des vins de Madère. Une telle proposition ne se refuse pas.

Me voilà partant sur TAP vers Funchal, la ville principale de Madère, via Lisbonne. Si Air France a cessé de recruter ses hôtesses avec un premier critère qui serait leur beauté, puisqu’il faut lutter contre les stéréotypes du genre – sans toutefois la rendre interdite – il est bien agréable de constater qu’Air Portugal conserve la beauté comme critère. Sur les deux vols Paris Lisbonne et Lisbonne Funchal, la promotion de la beauté portugaise a fonctionné à plein. Et l’amabilité aussi.

Les vents qui lèchent cette île volcanique ont secoué l’avion à l’arrivée, ce qui m’a fait penser à l’arrivée sur l’île de Pâques, elle aussi volcanique, avec des reliefs de même nature. L’urbanisation est débridée et anarchique mais cette île est à taille humaine. A peine débarqués, et sans avoir eu le temps de défaire nos valises, nous partons à l’institut des vins de Madère, IVBAM, Instituto do Vinho do Bordado e do Artesanato da Madeira.

Au seuil de l’institut on nous dit : « vite, vite, vite, la télévision veut interviewer Joao et Olivier Poussier », meilleur sommelier du monde 2000, présent dans notre groupe. Notre dégustation sera filmée.

Nous avons devant nous quinze vins qui exhalent des parfums extraordinaires. La directrice de l’institut présente les missions de l’institut. Rubina, charmante et jolie experte de l’institut nous parle des vins de Madère et des réglementations qui dirigent les appellations. C’est extrêmement intéressant. Du niveau de la mer et jusqu’à 200 mètres d’altitude, on cultive surtout la banane. De 200 mètres à 700 mètres, c’est le domaine de la vigne qui pousse en pergola, en espalier ou à ras du sol. Lorsque la vigne est en pergola, il y a d’autres cultures au sol, à l’ombre de la vigne. Et lorsque la vigne est en espalier, on peut cultiver dans les allées de la pomme de terre.

Rubina précise les cépages qui interviennent dans l’appellation, l’usage de chaque cépage dans les vins à dénomination spécifique. Elle rappelle ce que sont les Colheita, Frasqueira, Vintage et selon quelles règles se font les soleiras. Chaque étape du processus de vinification est détaillé et c’est passionnant. Elle définit les dry, medium dry, medium sweet et sweet.

Elle explique la phase cruciale « estufagem » qui veut que le madère soit chauffé entre 45 et 50° pendant au moins trois mois.

Mais les papilles s’impatientent, car nous avons devant nous quinze vins dont quatre du 19ème siècle qui sont de redoutables tentations.

Nous sommes sept sous la bannière de Mad Wine Waiters, MWW. Les membres viennent de Grande Bretagne, d’Allemagne, de Belgique, du Portugal et de France. Ils ont tous un passé de sommelier et exercent divers métiers du vin. Un belge est vigneron au Portugal.

Mes notes sont prises à la volée. Je n’ai pas la compétence de mes amis, et mes jugements différeront parfois de ceux d’Olivier Poussier. Il donnent mes impressions de voyage.

Madère Colheita Tinta Negra 1995. Tinta Negra est le cépage dominant sur l’île de Madère avec environ 250 hectares sur les 450 hectares de l’appellation. Ce vin a une couleur foncée. Le nez est d’alcool et lacté. Il convient de dire que les vins nous ont été servis beaucoup trop chauds, avec au moins dix degrés de trop, ce qui veut dire que dans ces notes, l’alcool sera souvent cité, qui efface beaucoup des subtilités des vins du fait de la chaleur. Le vin, comme tous les madères, a une belle acidité. Il a un bel équilibre et une fraîcheur de zeste d’orange. S’il y a du lacté, le zeste domine dans le final.

Madère Boal 1984. Dans le nez, il y a de la crème caramel, mais aussi une évocation de fraise tagada. Belle acidité, du gras, plus prononcé que dans le 1995. Pruneau et impressions lactées. Le final est frais.

Madère Malvasia 1989 nez beaucoup plus doux car le vin est medium dry. Il est floral, vineux, raisin de Corinthe, pruneau. Il est séduisant, le plus féminin des trois.

Madère Terrantez 1976 nez discret avec un peu de poussière. Un peu de fruit rose frais en bouche, attaque fraîche, léger caramel. La structure ne me paraît pas très précise mais le final est plus structuré, voire séduisant. Il y a du pruneau frais.

Madère Sercial 1969. L’alcool est fort. Le nez est très pur. L’attaque est claire, le vin est bien dessiné. En bouche, ce n’est que du bonheur. Le vin est fluide, l’alcool est équilibré. Le final est merveilleux.

Madère Boal 1958. Le nez est à la fois discret et intense, c’est-à-dire complexe. Il y a du caramel et la bouche est influencée par la chaleur. Le vin est lacté, avec des notes de thé. Il est très sec. Le final est fruité, de fruits de toutes les couleurs. Le final est de pomelos et pruneaux.

Madère Sercial 1940 nez de lilas, de fleurs. La bouche est lactée, caramel, roudoudou, amande grillée. Le final est distingué, écorce d’orange et peau de pomme. Ce vin rebondit comme un ricochet, sa longueur est infinie.

Madère Malvasia 1933. Le nez est incroyable, presque mentholé. En bouche le vin est très civilisé et doux, pâte de fruits et caramel. On retrouve la menthe et le fenouil dans le final. Ce vin est magistral.

Madère Bastardo 1927. Le nez est discret et ne fait pas apparaître l’alcool. Il évoque la pierre mouillée par un torrent. La bouche est lactée, d’une distinction rare. Le final est noble et racé. Il est enchanteur. On pense à une pêche de vigne ou un fruit baignant dans l’alcool. Avec le 1933, ils sont les plus grands à ce stade.

Madère Verdelho 1912. Le nez est discret. Le vin est lacté et racé mais il a un peu moins de personnalité et de typicité. Il a de la fraîcheur et des évocations de pomelos dans le final.

Madère Boal 1903. Le nez est très racé, la bouche voluptueuse, complètement intégrée. Il y a de la pâte de fruit, de la noix, du bois. Le final évoque café, caramel. Ce vin est terriblement séduisant et de plaisir.

Après ces onze vins, c’est le grand moment d’émotion, car les quatre vins sur la table sont du 19ème siècle.

Madère Verdelho 1890. Le nez est raffiné, élégant, l’alcool semble mesuré. La bouche est d’une noblesse rare, le vin est très cohérent entre les tendances fruits, noix, pâtes de fruits, épices. Le final est très fort, en fanfare. C’est un vin noble, très grand.

Madère Moscatel 1875. L’alcool est présent au nez mais le vin en bouche est frais. L’attaque est très caramel, fruits confits. Le vin a de la puissance. On ressent un immense sentiment de plaisir car tout est cohérent. Ce vin est très grand.

Madère Sercial 1862. Le nez est discret. Ce vin fait plus léger et plus calme mais il a de la cohérence et de l’élégance. Thé, épices, bois des îles sont présents. Le final est plus court et moins gratifiant que les autres.

Madère verdelho 1850. Le nez est indéfini. La bouche est peu précise et amère. Il n’a pas trop de typicité mais il apporte du plaisir. On en ferait bien son ordinaire !

A l’issue de cette fascinante dégustation, ce qui me frappe, c’est l’incroyable diversité des vins de Madère. Il n’y en a pas deux qui se ressemblent. Ce qui veut dire qu’on ne peut jamais dire que madère, on connaît ! La richesse aromatique des vins est extrême.

Mon classement sera : 1 – Malvasia 1933, 2 – Verdelho 1890, 3 – Bastardo 1927, 4 – Boal 1903. Ce qui est à remarquer, c’est que dans mon classement, je retiens quatre cépages différents. Et si j’ajoutais un cinquième, ce serait le Moscatel 1875, ce qui fait une variété de plus. Il est à noter qu’étant à l’institut du vin de Madère, les noms des domaines n’ont pas été cités sur nos feuilles de dégustation.

A ce propos, il y a environ 2000 viticulteurs dont la parcelle moyenne ne dépasse pas 3.000 mètres carrés qui vendent leurs raisins à huit grands groupes dont certains n’ont pas de vignes en propre. Il faut dire que les vignes sont tellement difficiles d’accès, sur des pentes inimaginables, que la cueillette ne peut se faire que dans un cadre familial où l’on ne compte pas son temps. Dans un groupe, les coûts de vendange seraient astronomiques.

Ebloui par cette dégustation, je suis sur un petit nuage. Le programme étant dense, j’ai à peine le temps de défaire ma valise lorsque nous faisons un crochet par notre hôtel. Nous partons à l’hôtel Choupana Hills où nous allons dîner, invités par l’institut IVBAM.

L’hôtel est de construction récente, très audacieuse et s’adressant à une clientèle internationale qui recherche le luxe. La vue sur la mer est grandiose. Le restaurant Xôpana est joliment décoré.

Le menu : sardines marinated in sea water, tomato jam and smoked eggplant / scabbard fish scallop in carpaccio with seaweed Nori, passion fruit vinaigrette, vanilla olive oil / fish of the Atlantic in Thai soup / flank with honey and soy sauce, mashed Cassava and cauliflower / chocolate and brandy filled with tangerine ice cream, lime crumble and sea salt.

Le Madère Henriquès & Henriquès Dry 5 years a un nez unidirectionnel. L’alcool est lacté, avec des noisettes. L’attaque est belle et franche, le vin s’installe, confortable avec du lacté et de l’alcool. Le final rebondit mais le vin est un peu limité en complexité. Une superbe sardine réveille le vin, mais il est trop simple.

Le Madère Verdelho 10 years a un nez frais car le vin est frais. Enfin des températures de service correctes. L’alcool se ressent avec la pondération qui convient. Le vin est très sucré, a une belle attaque. Il a beaucoup de charme et de douceur. Olivier Poussier qui est capable de trouver des évocations que mon imagination n’est pas capable d’envisager parle de sésame grillé. Le final du vin est un peu court et un peu ingrat. L’accord ne fonctionne pas du tout avec le poisson cru flanqué de coquilles Saint-Jacques, car le final est trop doux.

Nous buvons ensuite un vin tranquille titrant 11,5° qui est un Verdelho 2013. Il a un nez de vin jeune, très clair. Sa couleur est tellement claire qu’on dirait de l’eau. Il est assez astringent, il mange les joues ! vin de soif, aussi amer qu’un citron pressé sans eau. Sur des gambas bien cuites, c’est-à-dire peu, avec une soupe, ce n’est pas ce vin qui marche, mais le Verdelho 10 years. En fait, il aurait fallu échanger les deux vins pour avoir des accords justifiés sur ces deux plats.

Vient ensuite un vin rouge titrant 13° dont je n’ai pas noté le nom, qui évoque le clou de girofle. Je le trouve très adapté à une bavette délicieuse. Le vin glisse bien en bouche, évoquant un fruit noir mariné au vin. Sa longueur est assez agréable.

Le Madère Boal 10 years a un nez intense et raffiné, car servi à la température idéale. Il est doux, beaucoup plus fumé que ce que nous avons bu jusqu’alors. Il a un beau fruit confit. Son final a une belle palette de complexités. Olivier Poussier ne l’aime pas car il estime que l’ajoute de caramel dans le vin, pratique qui est autorisée, détruit son originalité.

Le Madère Terrantez 20 years de l’institut IVBAM a un nez que je ne trouve pas très cohérent entre l’alcool et le fruit. Il n’est pas très complexe et n’est pas aidé par le dessert au chocolat. Son final est très dry.

Nous avons discuté avec la directrice générale de l’institut et avec Rubina, la technicienne qui nous avait fait le brillant exposé de présentation du vin de Madère. Ce dîner se voulait démonstratif de la capacité des madères à être gastronomique. Il faudrait travailler cet exercice, car certaines audaces se sont révélées contraires au but recherché.

Après cette journée très remplie, il ne fut pas difficile de tomber dans les bras de Morphée.

Pour poursuivre la lecture des articles sur le voyage à Madère il faut lire les sujets un a un en remontant et non en descendant.

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premières vues de madère

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dégustation à l’institut du vin de Madère

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dîner au restaurant Xôpana

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Rieslings allemands, champagnes d’Aÿ, saké mercredi, 1 octobre 2014

Une agence de communication organise une dégustation des vins de trois domaines : les champagnes Henri Giraud, les vins de Sarre du domaine Egon Müller et les sakés de Ryuichiro Masuda. Cette juxtaposition est particulièrement intéressante. Je me rends sur une barge des bords de Seine pour saluer Egon Müller qui participera au dîner de vignerons traditionnel de décembre.

Egon Müller fait goûter ses vins ou ceux de sa femme puisque je commence par un vin Château Belà, Riesling de Slovaquie 2013. Ce vin très jeune a un nez de jeunesse. En bouche il est très joliment construit et d’un bel équilibre.

Le Scharzhof Riesling Egon Müller 2013 a plus de matière mais il est encore tout fou et non structuré. De ce fait, je préfère le vin slovaque, même si le Scharzhof est plus grand.

Le Scharzhofberger Kabinett Egon Müller 2012 titre 9°. Il faut absolument l’attendre quelques années avant qu’il ne montre ses qualités.

J’ai l’impression inverse avec le Scharzhofberger Auslese Egon Müller 2011 d’un charme extrême et qui est d’une grâce idéale dans sa grande jeunesse. Sa douceur lui promet une grande carrière gastronomique. Il est frêle, doux, désaltérant et rafraîchissant.

Ce qui frappe d’emblée, c’est la recherche esthétique développée par le Champagne Henri Giraud, représenté par Claude Giraud.

On goûte d’abord le Champagne Henri Giraud Aÿ Grand cru fût de chêne. Puis le Champagne Henri Giraud Aÿ Grand cru Hommage à François Hémart et enfin le Champagne Henri Giraud Aÿ Grand cru Argonne 2004. N’ayant pas pris de notes, je ne pourrais pas donner beaucoup de détails. Ayant personnellement un appétit marqué pour les champagnes de la Côte des Blancs, je suis moins réceptif à ces champagnes, même si je reconnais qu’ils sont bien faits.

N’étant pas connaisseur de Saké, je n’ai goûté qu’un seul saké titrant 17°, Saké Masuizumi 2005. On n’est pas du tout dans les contrées gustatives que j’aime explorer.

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le saké porte le nom de Giraud qui fournit les fûts

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Visite et déjeuner au château de Pibarnon mercredi, 2 juillet 2014

Par une belle journée au ciel clair, je rends visite au Château de Pibarnon. Marie, maître de chai, m’accueille sur le seuil de la belle demeure et je rejoins Eric de Saint-Victor, le propriétaire du domaine, qui est en train de déguster avec un ami comédien que je retrouve avec un infini plaisir. Quelle coïncidence ! Il se joindra à nous au déjeuner, ce qui n’était pas prévu.

Le Château de Pibarnon rosé 2013 est bien jeune mais il est rafraîchissant. Il se boit bien et facilement. Il diffère du 2011 bu récemment, qui est plus gastronomique et plus puissant mais moins désaltérant.

Le Château de Pibarnon rouge 2012 est aussi très jeune et je ne le ressens pas assez structuré.

Le Château de Pibarnon rouge 2011 me plait énormément. Il a l’âpreté des bandols. Il promet beaucoup.

Le Château de Pibarnon rouge 2010 est plus classique, structuré, construit mais fait un peu trop bon élève, premier de la classe. Il a de beaux jours devant lui mais restera assez classique.

Le Château de Pibarnon rouge 2009 est un peu une synthèse entre 2011 et 2010, c’est-à-dire qu’il a la belle âpreté du Bandol, du tempérament, de la structure et un final du plus bel effet. Même si le plus grand me semble être le 2009, celui que je préfère est le 2011, plus canaille et de ce fait plus excitant pour mon palais.

Eric de Saint Victor m’emmène dans sa voiture faire le tour de plusieurs parcelles de son vignoble de 50 hectares. Nous passons de perspective en perspectives dans des décors de rêve avec des vues à couper le souffle, tant la position en hauteur de ce domaine, très au dessus de La Cadière-d’Azur, offre des horizons infinis.

Nous prenons l’apéritif dans le petit salon. J’ai apporté un Champagne Salon 1996 en vue de l’associer avec des blancs du domaine pour regarder comment la cohabitation gustative se fait.

Le Champagne Salon 1996 est dans un état de grâce. Servi très frais, il glisse en bouche avec facilité et impressionne par sa longueur inextinguible.

Le Château de Pibarnon blanc 2004 est malheureusement fatigué, faisant dix ans de plus qu’il ne devrait. Mais l’expérience que je voulais tenter donne des résultats. Lorsque l’on boit le blanc seul, suivi du Salon et lorsqu’on le reboit, il gagne en complexité. Le champagne « féconde » le vin blanc.

Avec un autre Château de Pibarnon blanc 2004 nettement meilleur, d’une grande complexité, l’effet du Salon est moins concluant. Mais aussi bien le 2004 que le champagne nous régalent. Le Salon 1996 est magique de complexité sous une apparente facilité : le champagne ne cherche pas à briller. Il a le charme naturel de la voix d’un Frank Sinatra.

Des blinis aux œufs de saumon et du jambon ibérique accompagnent l’apéritif avec plaisir.

Nous sommes quatre à table, Marie, Aladin mon ami comédien qui est familier des lieux, Eric de Saint-Victor et moi. Eric a fait une flambée de sarments pour une belle pièce de bœuf qui sera accompagné d’un morceau d’araignée cuit au four.

Le Château de Pibarnon rouge 1985 est d’une grande puissance, emplissant le palais dans sa largeur. Il a beaucoup de matière, un fruit plein, mais il me donne des impressions de vin torréfié qui vont fort heureusement disparaître dix minutes plus tard rendant le vin charmeur et de belle plénitude. Ce n’est pas un Bandol typique, et l’on pourrait lui trouver des accents du Rhône nord.

Le Château de Pibarnon rouge 1990 est totalement différent du 1985. Si le 1985 est horizontal dans le palais, le 1990 est vertical. Il est tranchant, plus masculin, et plus typiquement bandol. Au début, je préfère le 1990 au 1985 et lorsque le 1985 s’est aéré, on pourrait dire que les deux se rejoignent en qualité, même s’ils sont opposés. Mon cœur ira plutôt vers le 1990 même si j’aime la richesse et l’opulence du 1985.

Le fromage banon est une merveille pour les rouges. Pour le délicieux roquefort bien frais, le Château de Pibarnon rosé 2011 est d’un grand confort et confirme son potentiel gastronomique. Le Château de Pibarnon blanc 2004 est une merveille et une réussite incontestable. C’est le plus enthousiasmant des rosés et blancs que nous avons bus.

Eric décide d’ouvrir alors un Château de Pibarnon rouge 1982 qui se révèle être le plus brillant des rouges, avec un parfum exceptionnel, plus grand que le goût brillant lui aussi. Le vin est une sorte de synthèse de ce que nous avons bu en vins rouges, avec l’âpreté, la matière, la cohérence et un final mentholé de pure fraîcheur. Ce vin donne l’impression d’une grande jeunesse et d’une capacité de vieillissement quasi infinie.

Ce voyage dans le temps avec les vins de Pibarnon est extrêmement convaincant. Par une belle journée ensoleillée et face à des panoramas de rêve, nous avons partagé un déjeuner de grande qualité.

Vins bus dans la salle de dégustation

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le cadre féérique

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la salle à manger

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la pièce de boeuf

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les vins du repas (manque photo de Salon 1996)

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coupe du Monde oblige, café brésilien !

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Déjeuner au siège du champagne Salon avec un immense Salon 1943 jeudi, 12 juin 2014

Didier Depond, président de la maison de champagne Salon-Delamotte lance une invitation à déjeuner au siège de Salon. Ça ne se refuse pas. Nous sommes dix-huit et je reconnais des fidèles amis de Didier, de tous horizons, avocats, sommelier, marchand de fleurs, journaliste, financier, directeur d’une école de dégustation, caviste et bien d’autres. Ils viennent de plusieurs pays, Argentine, Grande-Bretagne, Suisse. Certains sont des professionnels du vin et d’autres non, mais tous sont des amis de Didier.

A l’arrivée, on demande à chacun, devant une caméra, de dire quelques mots sur Salon et plus précisément sur le 2002 qui vient d’être commercialisé depuis peu de mois.

L’apéritif se prend avec le Champagne Delamotte Blanc de Blancs non millésimé magnum. C’est une magnifique surprise et je suis conquis. Le nez évoque la noix et le champagne glisse en bouche avec un extrême plaisir. Il a beaucoup d’atouts et une grande vivacité.

Nous montons à l’étage pour rejoindre la très jolie salle à manger aux tons d’or et de sable. Le menu qui est mis à chaque place indique sur la page de gauche : vin n° 1, vin n° 2, … jusqu’à vin n° 10. Sur la page de droite il y a le menu : soufflé de turbot, sauce homardine et son étuvée de poireaux / pièce de veau, petits pois à la française / fromages affinés : vieille mimolette et comté 18 mois, mesclun de salade / sablé aux framboises, mousse vanille et son coulis.

La dégustation est donc à l’aveugle, mais on peut supposer que les vins seront des Salon ou des Delamotte. J’ai pris des notes succinctes, car les discussions avec mon voisin marchand et producteur de fleurs ainsi qu’avec le directeur de l’institut Bisinger étaient passionnantes.

Le vin n° 1 a une bulle active, très jeune. L’acidité est belle mais le vin est moins rond que le blanc de Blancs sans année bu à l’apéritif. Il y a de beaux fruits blancs et le vin jeune est sans concession.

Le vin n° 2 a une bulle plus fine. Il est plus profond et plus long que le n° 1 qui a sans doute plus de potentiel mais moins de charme à ce jour que le 2.

Il s’agit de Champagne Delamotte 2004 et de Champagne Delamotte 1999. Le soufflé de turbot est d’un goût prononcé et délicieux. Il épaissit le 2004 alors qu’il étoffe le 1999. Quand le plat est parti, le 2004 se montre très frais et le 1999 est un peu plus lourd et brut de forge. En s’épanouissant dans le verre, le 2004 montre de plus grandes subtilités, alors que le 1999 se comportait mieux au départ.

Les vins 3, 4 et 5 sont servis en même temps. Alors que mon voisin hiérarchise les âges en donnant au n° 3 un âge canonique, je considère que l’âge n’est pas discriminant, car je ne vois pas comment trouver l’un ou l’autre plus vieux que les autres. Mais je ne pousse pas le raisonnement au bout. Je ressens le n°3 comme doté de beaucoup de subtilité, le n° 4 avec beaucoup de fruit et de soleil et le n° 5 comme plus rond, plus calme et plus accompli. C’est le 5 que je préfère. Didier Depond nous annonce que les trois vins sont des Salon 2002, avec Champagne Salon 2002 non dosé, Champagne Salon 2002 en bouteille et Champagne Salon 2002 en magnum.

Le n° 6 a un nez sublime et de grosses bulles. Il donne des notes confites. C’est pour moi un grand vin et une belle bouteille. Le n° 7 est aussi grand et très subtil. Je pense que le Salon est le n° 7 mais en fait il s’agit de Champagne Salon 1976 magnum et Champagne Delamotte blanc de blancs 1996 magnum. Le Salon 76 est non dosé et les deux vins ont été dégorgés le matin même. Je trouve plus de délicatesse dans le Delamotte dont Didier dit que 1996 est une de ses plus grandes réussites.

Le 1976 est un peu plus évolué qu’il ne devrait et a des notes lactées. Le 1996 est vif et brillant.

Didier annonce que les trois vins à venir évoqueront certains d’entre nous. Le n° 8 a un infime bouchon mais qui disparaîtra. Il est non dosé et dégorgé il y a 18 mois. Le n° 9 a un nez très strict et serré, truffe blanche. Il me rappelle le 1982 que j’adore. Ce vin est pour moi le « vrai » Salon historique. Il a un peu de champignons des bois. Le n° 10 a le confort du grand vin superbe, aisé, accessible. Il est d’une grâce extrême. Les 9 et 10 ont été dégorgés ce matin. Pour le 10, je cherche une année ancienne, mais jamais je n’imaginerais que Didier nous ait fait un tel honneur.

Les 8, 9 et 10 sont Champagne Delamotte magnum 1964, Champagne Salon 1969 et Champagne Salon 1943. Les amis autour de la table nés en 1964 et en 1969 pourront se féliciter que je sois né en 1943 car cela nous aura permis de goûter un Salon sublime, qui démontre à l’évidence, comme pour les vins jaunes, que plus Salon vieillit, meilleur il est, s’il est d’un grand millésime. Le 1943 est cohérent, immense, énorme, confortable, assumé, le 1969 de ce jour est l’archétype de Salon avec une vibration qui est rare.

Mon classement de ces vins est 1 – Salon 1943, 2 – Salon 1969, 3 – Delamotte 1996. Le plus émouvant est pour moi le Salon 1943 qui montre à quel point l’âge réussit à Salon. La cuisine a été pertinente et bien exécutée. Les convives de tous horizons sont éminemment sympathiques. Ce fut un plaisir mais aussi un honneur de participer à un tel événement.

L’invitation

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salon de dégustation et visite de cave

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apéritif

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le menu donné en début de repas

MENU SALON 2 140611 001 MENU SALON 1 140611 001

soupière Salon et plats

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le menu donné en fin de repas

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photos de table et de vins

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Des vins indiens au Yacht Club de France dimanche, 18 mai 2014

Au Yacht Club de France, lorsque j’arrive, il y a une conférence tenue par le directeur général de Vinexpo devant de nombreux vignerons indiens. On parle des tendances mondiales de la consommation de vin. L’Inde va connaître un fort développement de sa production et de ses ventes. A l’apéritif, nous pouvons goûter quelques vins blancs ou rosés de qualités moyennes. Un rosé de la maison York est très agréable. Sur l’excellent buffet servi par Thierry Leluc, je goûte un vin indien créé par un vigneron italien, Sette 2010. Il a des caractéristiques très italiennes et se boit bien. L’ambiance des deux réunions auxquelles j’ai assisté m’a permis de rencontrer des gens passionnants qui vont vivre l’essor du vin indien.

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Présentation de vins pétillants indiens dans la demeure de l’Ambassadeur de l’Inde en France mardi, 13 mai 2014

Des vignerons indiens organisent des événements sur trois jours pour faire la promotion de leurs vins. L’organisatrice est d’une telle insistance efficace que je confirme ma présence à deux des trois événements. Le premier se tient dans la demeure de l’ambassadeur de l’Inde en France, ravissant hôtel particulier décoré à l’ancienne. Les discours dont celui de l’ambassadeur Arun K. Singh montrent un dynamisme et une ambition certaine. Un jeune vigneron annonce que sa propriété fait cinq cents hectares, ce qui n’est pas rien. L’ambassadeur cite la consommation de vin par habitant de son pays en la comparant à la France. C’est un boulevard, une autoroute qui se dessine devant les pas des vignerons indiens. Décidés, ils ont eu recours à Michel Rolland et à Stéphane Derenoncourt pour les conseiller. J’avais goûté leurs vins à la présentation des vins conseillés par Stéphane Derenoncourt au George V. Ils ont mêmes l’audace (!) de venir faire la promotion de leurs vins en France. Bravo l’ambition.

On nous propose des gourmandises cuisinées à l’indienne, très épicées et très pertinentes qui accompagnent des champagnes (si l’on peut dire), car la première soirée est consacrée aux pétillants. Je n’ai pas eu la chance de goûter le rosé dont on m’a dit qu’il est fort bon et a été consommé très rapidement. Le pétillant blanc m’a fait penser à cette jolie phrase de Philippe de Rothschild : « faire un très grand vin c’est facile. Le plus dur, ce sont les trois premiers siècles ».

Il n’y a de ma part ni critique ni ironie, mais les personnes que j’ai rencontrées ont de telles ambitions que je souhaite que Philippe de Rothschild ait raison, pour ralentir la marche en avant qui se dessine, comme celle qui est lancée en Chine.

Le pétillant blanc que j’ai bu a une belle attaque assez classique et souffre d’un arrêt brutal en bouche marquant une absence de final. Mais nous n’en sommes qu’au tout début de la grande aventure du vin indien. Le troisième événement auquel j’assisterai se tiendra au Yacht Club de France. Le monde du vin bouge. C’est une bonne chose.