visite de la maison Pereira d’Oliveira Vinhos, déjeuner et visite de vigneslundi, 6 octobre 2014

Le troisième jour sur l’île de Madère a commencé pour certains par une visite du marché. J’étais trop fatigué de la journée aux 51 vins pour me lever aux aurores. Le groupe se reforme pour la visite de la maison Pereira d’Oliveira Vinhos fondée en 1850.

L’immeuble est contigu de l’université de Funchal et juste à côté de l’hôtel de ville. On est donc au centre de la ville. Une immense salle servant de boutique et de lieu de dégustation accueille des groupes. Felipe, le vinificateur, nous salue comme une délégation importante mais ce sera sa seule action car cette visite sera la seule où aucun responsable ne nous parlera de sa maison, de ses vins, et ne donnera aucune indication de la sucrosité ou toute autre donnée dont les autres maisons ne furent pas avares.

Nous sommes assis dans cette grande salle bruyante car les groupes se succèdent à une cadence infernale. Dès qu’un groupe de touristes en provenance d’Hawaï s’en va, c’est un groupe d’allemands qui s’assoient sans perdre une seconde et dès que les allemands sont partis, des français les remplacent et jettent des regards incrédules devant les bouteilles qui se regroupent sur nos tables. Car nous allons être gâtés.

Hélas, la température de service, comme à la présentation de l’institut du vin de Madère, est insupportable. Nous trempons nos verres de madère dans les verres d’eau fraîche qui nous sont servis, pour tenter de les refroidir. Les serveuses réagiront à notre demande et les derniers verres servis seront presque à la température idéale.

Nous commençons par les « dry » (seco). Madeira d’Oliveira Tinta Negra 10 years old. La couleur est d’un bel acajou. Le nez est d’un bel alcool fruité. Le vin est bien fluide, sec, d’un beau fruit avec un final agréable et bien équilibré.

Madeira d’Oliveira Sercial 1989. L’ambre est prononcé. Le nez est discret mettant en avant l’alcool. Lorsque je dis que j’ai écrit : « belle bouche d’armagnac », mes amis rient mais c’est la traduction du fait que la température de service entraîne la mise en avant de l’alcool. Le final du vin est agréable et sans aspérité. Le vin fluide est doux, bien qu’il soit dry. Il se boit bien.

Madeira d’Oliveira Sercial 1969. L’ambre est joli. L’alcool est bien intégré. On sent du thé, du caramel, de beaux fruits. Le vin est très complexe et subtil au final gracieux. Il est long. C’est un bon vin.

Madeira d’Oliveira Sercial 1928. L’ambre est foncé. Le nez est très complexe, avec une fraîcheur mentholée. Le vin est très doux, caramel, café, réglisse, de bel équilibre, charmant. Le bois apparaît. C’est nettement un grand vin très agréable et intégré.

Nous poursuivons avec les « medium dry » (Meio Seco). Madeira d’Oliveira Verdelho 2000. L’ambre est foncé. Le nez est de fruits compotés et marinés. Il y a dans le goût beaucoup de fruits confits et de caramel. Ce vin manque de complexité. Son final n’est pas très net et court.

Madeira d’Oliveira Terrantez 1988. L’ambre est clair. Le nez est assez discret. La bouche est de caramel et de bois, pas très complexe. Le final est boisé, un peu pâteux. Il y a trop d’alcool.

Madeira d’Oliveira Verdelho 1973. Le vin est sombre, beaucoup plus qu’un 1973 bu la veille. Le nez est lourd de caramel. La bouche a du caramel salé, du bois. Le final boisé est plus agréable.

Madeira d’Oliveira Terrantez 1971. Le vin est plus clair. Le nez est assez pur. Ce vin est plus doux, plus madère. J’aime bien son équilibre. Il a un beau final complexe de caramel et de fraîcheur.

Madeira d’Oliveira Bastardo 1927. Le vin est ambré et on constate que le caramel qui peut être ajouté dans les vins rend les couleurs assez uniformes. Le nez est fermé. Le caramel du vin est lourd, à la limite fatigant. Lourdaud au premier contact, il se civilise et montre de la fraîcheur.

Madeira d’Oliveira Verdelho 1905. Le vin est ambré, le nez est discret, avec un alcool bien dosé. Dans le goût c’est la première fois que je sens aussi nettement l’orange dans les vins de cette maison. Le final est très beau, avec des zestes d’orange. Même si le caramel est présent, j’aime beaucoup ce vin. Lorsque j’y reviens après deux ou trois minutes, je le trouve très élégant.

Nous passons maintenant aux « Medium Sweet » (Meio Doce). Madeira d’Oliveira Boal 15 years old. Vin ambré, au nez frais et peu distinctif. La bouche est agréable, caramel et crème brûlée, le final est assez frais mais le vin est quand même assez lourd. Olivier l’assassine.

Madeira d’Oliveira Boal 1987. Le nez est fermé. Le caramel et l’alcool ne sont pas bien intégrés. On ne sent presque que le caramel dans le final.

Madeira d’Oliveira Boal 1958. Le vin est plus clair, le nez est incertain. Le vin est pataud mais les conditions de dégustation ne sont pas bonnes.

Madeira d’Oliveira Boal 1922. La couleur est assez claire, le nez est frais. Le vin est très frais, agréable, de bel équilibre et de beau final frais. Le caramel est bien intégré et ne nuit pas à la fraîcheur. C’est un grand vin que j’apprécie.

Madeira d’Oliveira Boal 1908. Il est très sombre et le caramel domine, pour la première fois salé. Ce n’est pas un vin très agréable.

C’est maintenant le tour des « Sweet Madeira ». Le Madeira d’Oliveira Malvasia 15 years old est de couleur acajou. Le nez est assez frais et épicé. Le caramel est assez frais rendant le vin assez agréable.

Madeira d’Oliveira Malvasia 1990. Ambre clair. Nez discret qu’Olivier ne trouve pas très net. Le vin est frais, charmeur, au final sur la fraîcheur qu’Olivier conteste.

Madeira d’Oliveira Malvasia 1907. Nez de fruits frais dont figue. Goût médicinal, pruneau, caramel et soja. Le final est frais marqué de caramel. C’est un beau vin mais très sur la réduction. Il manque un peu de finesse.

Madeira d’Oliveira Malvasia 1875. Ça, c’est vraiment un vin de 1875, car on sent qu’il est cohérent avec son âge. Il est parfait, magique, avec un beau pruneau. J’adore ce vin authentique qui ne m’apporte que du bonheur. Il a de la fraîcheur mentholée, un beau fruit. Il est au top.

Sans doute pour se faire pardonner de la température des vins et du brouhaha que nous aurions évité si une salle de dégustation nous avait été proposée, Felipe fait servir, hors programme, Un Madeira d’Oliveira Verdelho 1850. Il est très foncé, avec un nez très dense de caramel. Il y en a beaucoup et le vin très réduit évoque le vinaigre balsamique. Le vin est toutefois sympathique, au final très frais. Il est très bon même s’il est plus monolithique que le 1875 qui le précède. Il a des tons de café.

Le 1907 me semble avoir été rajeuni, le 1875 gardé dans son intégrité et pour le 1850 je m’interroge car il est quand même très pur, très concentré. Le Boal 1922 sur lequel je reviens est tellement agréable à boire, avec son acidité si bien dosée.

Une ajoute ne semblant pas suffisante, arrive alors un Madeira d’Oliveira Moscatel 1875. C’est le même que celui que nous avons goûté le premier jour à l’institut, que j’avais beaucoup aimé, même s’il n’était pas dans mon top 5. Le nez est réduit, de caramel de fruit. Le vin est énorme, joyeux, au final en fanfare. Café, moka, cacao, balsamique, il nous fait la danse des sept voiles pour nous conquérir. Je l’adore avec sa gourmandise naturelle.

En définitive, le seul contact que j’aurai eu avec Felipe, c’est lorsque j’ai acheté une bouteille de Madeira d’Oliveira Moscatel 1875, car tous ces vins sont disponibles à la vente. L’impression qui reste après cette dégustation, c’est l’absence du directeur à nos côtés, c’est la température inacceptable des vins, mais c’est surtout une incroyable générosité qui nous a fait approcher des vins dont certains sont transcendantaux. Une nouvelle visite de cette maison dans de bonnes conditions s’impose. Voilà que j’invente un prétexte pour revenir dans cette île merveilleuse.

Nous partons déjeuner au restaurant « O Lagar » qui est en hauteur et permet d’avoir une vue panoramique sur la côte sud de l’île. La salle est immense, très « famille ». Nous commençons par des morceaux de poulpe coupés en dés, puis des poissons en beignets, et le clou de ce restaurant, c’est que la viande est servie sur d’immenses piques accrochées à un anneau de grande taille qui est centré à la verticale du centre de notre table ronde, à environ 1,5 mètre au dessus. La sauce suinte le long de chaque pique et l’on doit se servir en faisant glisser la viande le long de ces gargantuesques brochettes. La viande est délicieuse. J’ai essayé de boire le moins possible, car le dîner de gala est ce soir. Le Vinho Verde Muralhas de Monçao est juste frais, sans plus, et je ne me souviens plus du rouge, trop moderne à mon goût.

Nous sommes partis ensuite au nord de l’île, où le climat est résolument différent, le soleil perçant rarement les épais nuages. La mer est sauvage, les couleurs sont sombres. Le but de cette visite est de voir les vignes. C’est saisissant. Sur des parcelles minuscules et sur des pentes abruptes, l’idée de mécaniser quoi que ce soit est une hérésie. Tout se fait à la main, dans des conditions où il est presque impossible de se tenir debout. Il faut avoir vu ces vignes pour comprendre l’importance de l’homme et de cette nature ingrate et si belle. Les vignobles du sud sont aussi escarpés mais semblent plus faciles à exploiter.

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la salle et la boutique

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notre dégustation

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la 1875 que j’ai achetée

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les environs et la mairie

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déjeuner au restaurant « O Lagar »

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les gigantesques brochettes verticales

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visite des vignes du nord de l’île

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les vignes en pergola et un cep de vigne impressionnant

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