Une anecdote, liée à une coïncidence : dans un précédent bulletin, j’avais fait part de ma très grande surprise devant la qualité extrême de Malartic-Lagravière 1955. J’avais de très bons souvenirs de 1955, alors que c’est une bonne année qui n’est pas toujours citée parmi les plus grandes. Mouton Rothschild 1955, par exemple, bu à la Marée m’avait laissé un immense souvenir. Le lendemain de ce repas, un paquet postal arrive à mon bureau. Je l’ouvre et je trouve un château Calon 1955, un Montagne Saint-Emilion. Je cherche la raison de ce cadeau, envoyé sans aucune lettre, et je reçois ensuite un fax du propriétaire qui, appelé au téléphone, me dit en substance ceci : « j’apprécie votre amour du vin qui transparaît dans vos bulletins, alors, si vous mettez en valeur mon vin dans vos dîners, j’aurai le plaisir de l’y avoir vu figurer, et de plus cela pourra donner une bonne image de mon domaine ». Je trouve la démarche fort sympathique et je n’hésite pas à parler déjà de ce vin : Montagne Saint-Emilion fait des vins d’une subtilité qui mériterait plus d’examen. Et j’en profite pour dire à tous les producteurs ou négociants qui me lisent : « voilà une voie à suivre !!! ». Je suis prêt en effet à accueillir vos belles bouteilles pour les mettre en valeur avec la cuisine de grands chefs de talent. La coïncidence, c’est évidemment que ce viticulteur m’a justement envoyé un 1955, reçu le lendemain d’un si beau Malartic. Je vais le mettre en valeur – en surprise – lors du prochain dîner.
Archives de catégorie : vins et vignerons
Cocktail au château d’Yquem mercredi, 20 juin 2001
Qui ne se réjouirait de se trouver à Yquem le soir le plus long de l’année, quand le soleil couchant donne aux feuilles de vigne une couleur magique : « c’est mon rayon vert » m’a dit Alexandre de Lur Saluces, à cette soirée où le Yquem 1988 (pour moi la plus belle réussite depuis 67) coulait à flot. Je suis sans doute le seul à avoir eu un petit regret qui ne concerne en rien Yquem. Mais mon compagnon de voyage à Vinexpo, un grand sommelier, invité à une autre soirée, a sympathisé avec un vigneron qui l’a invité à boire avec lui, dans les vignes, au soleil couché, Pétrus 1982 et Pétrus 1929. Que n’y fus-je ?
Autre souvenir de voyage, du rayon de l’anecdote, lors de cette belle soirée à Yquem où beaucoup de propriétaires de grands crus étaient là, je suis présenté à une femme, propriétaire terrienne dans les Landes, qui me dit que son mari est garagiste. Je me mets à rêver que je rencontre l’épouse du propriétaire de Le Pin ou de Vallandraud, ces vins de garage qui font tant parler d’eux. Mais cette femme me dit : « non non, mon mari possède quelques concessions automobiles ». Ce fut le rêve d’un court instant…
Réflexion sur une Gilette 1949 samedi, 24 février 2001
Voyage à Maury, Rivesaltes et Banyuls mercredi, 21 février 2001
Voyage à Maury, Rivesaltes et Banyuls préparé par un sommelier parisien ami. Un chaud soleil d’hiver a créé une atmosphère de fête. Nous avons bu près de 80 vins différents, recrachés bien sûr, sauf quand c’était trop bon. Bernard Cazes, Stéphane Gallet, Paule de Volontat nous ont fait goûter des merveilles dans deux directions : les trésors ancestraux, quand ils existent, et les recherches oenologiques qui donneront des merveilles tant il est possible de créer quand la terre et le soleil ont du talent. Il y a de telles merveilles à venir que nous en accueillerons certaines bouteilles à nos dîners, mêmes si ce sont les vieux flacons qui sont les vedettes de nos tables. Nous avons eu l’immense privilège de boire un Maury de 1880. Caramel, presque mélasse, si mélasse peut rimer avec goût riche et puissant, et longueur en bouche infinie. Ce vin justifie la démarche de wine-dinners, tant les grands vins anciens sont sur une « planète » de saveurs inconnues de ceux qui n’ont pas pris la « navette » pour aller la visiter. Ce vin figurera à un de nos dîners d’exception.
Il est à souhaiter que cette région de soleil ne fasse pas comme les producteurs les plus connus de Bourgogne : acheter leurs bons vins est aussi compliqué que de chercher à acheter un anneau pour un bateau dans un port. On s’inscrit pendant 30 ans sur une liste d’attente, et si on est sage, on a une bouteille du bon vin, pour 12 du second ou troisième vin. Quand on sait que des caisses entières partent sur certains marchés et que des amateurs doivent quémander une bouteille, il y a une anomalie. Elle est aggravée par le fait que des acheteurs, dotés de quantités immenses, revendent en salles de vente aux amateurs qui eux n’avaient rien eu, avec de trop faciles profits. Un jour, de nouveaux équilibres se feront, car cette situation n’est pas compatible avec le fait qu’un vin doit se boire plus que se thésauriser.
Dîner de l’union des grands crus dimanche, 3 décembre 2000
Dîner de l’union des grands crus
Un dîner organisé à l’Automobile club de France avec le concours de l’Union des grands crus de Bordeaux. Pour environ 300 personnes, et pour un budget individuel moindre, il y a eu un Cheval Blanc 1989 superbe, riche élégant et racé, et un Yquem 1995, « chouchou » d’Alexandre de Lur Saluces, tant il promet d’être bon. La générosité de ces deux châteaux explique cette largesse sans contrepartie financière.