Archives de catégorie : vins et vignerons

Dégustation de 72 vins du domaine Liger-Belair vendredi, 12 juin 2015

Le lendemain, Louis-Michel Liger-Belair accueille des amateurs, collectionneurs et experts internationaux pour une dégustation exhaustive de tous ses crus pour un nombre important de millésimes récents consécutifs. Le vin le plus représenté offre quatorze millésimes à goûter. Je reconnais beaucoup de célébrités du monde du vin, de tous pays, les Etats-Unis ayant un fort contingent. S’agissant de jeunes vins, c’est un travail de dégustation de professionnel, aussi dois-je le faire ? La curiosité me prend de tout goûter et ce n’est pas une mince affaire car il y a 72 vins !

Pendant ce temps, l’équipe de l’Astrance, dirigée par Pascal Barbot tout souriant, prépare le dîner de ce jour mémorable. Ils sont dix-huit, ont déserté le restaurant fermé pour la circonstance. Pascal, qui gère un restaurant de 25 couverts peut-être, va nourrir quatre fois plus de monde. C’est une logistique particulière.

Bien que le jugement de vins très jeunes ne soit pas un domaine de compétence particulière de ma part, je me suis livré à l’exercice, avec mon palais plus sensible que d’autres aux charmes de vins anciens. On lira donc ce compte-rendu comme un exercice de style, sans volonté de décrire une vérité. Ce sont des sentiments dans l’instant, dans le contact immédiat et rapide avec chacun des vins. Voici les notes que j’ai prises.

Sur la première table, il y a neuf vins différents sur deux années, 2013 et 2012. Alors que les deux années sont séparées dans l’alignement sur la table, j’ai goûté en suivant les deux années pour chaque vin.

Nuits Saint Georges 1er cru Clos des Grandes Vignes Monopole blanc Domaine Comte Liger-Belair 2013 : belle matière, caramel, bien gras, final café.

Nuits Saint Georges 1er cru Clos des Grandes Vignes Monopole blanc Domaine Comte Liger-Belair 2012 : plus frais que le 2013, moins caramel, plus fluide, final café et pâte de fruit.

Nuits Saint Georges Les Lavières Domaine Comte Liger-Belair 2013 : beau fruit très pur, prune.

Nuits Saint Georges Les Lavières Domaine Comte Liger-Belair 2012 : plus fin, plus large que le 2013, beau fruit plus épanoui.

Vosne Romanée Domaine Comte Liger-Belair 2013 : belle épaisseur, gourmand, bel équilibre.

Vosne Romanée Domaine Comte Liger-Belair 2012 : plus chaud, plus large, moins d’équilibre, beau final

Vosne Romanée La Colombière Domaine Comte Liger-Belair 2013 : plus difficile à saisir, je cale sur ce vin.

Vosne Romanée La Colombière Domaine Comte Liger-Belair 2012 : plus torréfié, belle matière, joli vin.

Vosne Romanée 1er Cru Les Chaumes Domaine Comte Liger-Belair 2013 : vin agréable, beau fruit, belles épices.

Vosne Romanée 1er Cru Les Chaumes Domaine Comte Liger-Belair 2012 : bien assis, carré, belles épices.

Vosne Romanée 1er Cru Les Suchots Domaine Comte Liger-Belair 2013 : belle fluidité, profond.

Vosne Romanée 1er Cru Les Suchots Domaine Comte Liger-Belair 2012 : gourmand, belle profondeur.

Vosne Romanée 1er Cru Les Petits Monts Domaine Comte Liger-Belair 2013 : vin chaleureux et charmeur, beau final.

Vosne Romanée 1er Cru Les Petits Monts Domaine Comte Liger-Belair 2012 : très beau nez, beaucoup de charme.

Nuits Saint Georges 1er cru aux Cras Domaine Comte Liger-Belair 2013 : même style que les Petits Monts – il faut dire que le palais sature – belle matière.

Nuits Saint Georges 1er cru aux Cras Domaine Comte Liger-Belair 2012 : plus strict, bien construit, précis et plus minéral.

Nuits Saint Georges 1er cru Clos des Grandes Vignes Monopole rouge Domaine Comte Liger-Belair 2013 : vin joyeux, bien plein, joli, au superbe final.

Nuits Saint Georges 1er cru Clos des Grandes Vignes Monopole rouge Domaine Comte Liger-Belair 2012 : je préfère le 2013. Ce 2012 est un beau vin de belle matière mais le 2013 est plus grand.

Les tables suivantes présentent des vins sur un plus grand nombre de millésimes. Voici la table 2.

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2013 : très bon et généreux, superbe

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2012 : léger et aérien mais typé, très bon.

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2011 : plus fluide, vin profond.

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2010 : vin très typé, plus classique.

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2009 : très beau vin un peu fumé, joli.

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2008 : plus assis, plus carré

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2007 : agréable, fluide, j’aime beaucoup de vin en suggestions

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2006 : vin gourmand et rond.

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2005 : vin très élégant

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2004 : vin un peu plus plat mais bon

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2003 : joli, on sent un peu l’alcool – il faut dire que les températures montaient assez vite. J’ai moins accroché avec ce vin.

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2002 : j’aime ce vin gourmand même s’il n’est pas très orthodoxe.

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2001 : agréable à boire, plus rustique.

Vosne Romanée Clos du Château Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2000 : vin gourmand que j’aime beaucoup.

La trilogie 2011, 2012, 2013 me paraît excellente et de grande qualité.

La table 3 comporte deux vins. Pour le premier, il y a des magnums. Ce sera le seul vin servi en magnum.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Brûlées Domaine Comte Liger-Belair 2013 : belle fluidité, superbe.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Brûlées Domaine Comte Liger-Belair 2012 : grand vin, café, brillant et romantique.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Brûlées Domaine Comte Liger-Belair 2011 : plus calme que les 2012 et 2013, très beau.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Brûlées Domaine Comte Liger-Belair 2010 : grand vin

Vosne Romanée 1er Cru Aux Brûlées Domaine Comte Liger-Belair 2009 : grand vin mais qui a moins de vigueur et de rythme. Quand même joli, au finale très impressionnant.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Brûlées Domaine Comte Liger-Belair 2008 : agréable mais n’a pas le niveau des précédents.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Brûlées Domaine Comte Liger-Belair 2007 : agréable, fluide, joli à boire.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Brûlées Domaine Comte Liger-Belair 2006 : vin gourmand et rond.

Les vins que je goûte maintenant sont un peu trop chauds.

Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2013 : belle structure, noisette.

Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2012 : beau, rond.

Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2011 : beaucoup de fruit généreux, final âpre, joli

Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2010 : ensoleillé, joli

Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2009 : magnifique de profondeur

Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2008 : très agréable, gourmand, joyeux

Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2007 : plus fluide, agréable, tabac

Echézeaux Grand Cru Domaine Comte Liger-Belair 2006 : rond, agréable, poivré

La table quatre :

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2013 : gourmand, très bon, magnifique.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2012 : plus de soufre, plus minéral, moins épanoui

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2011 : plus proche du 2013

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2010 : beaucoup plus vaste, large, magnifique, chaleureux/

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2009 : chaleureux comme le 2010 mais il y a plus de vibration dans le 2010.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2008 : prêt à boire, confortable.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2007 : proche du 2008, facile et agréable.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2006 : beaucoup de charme, beau final

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2005 : chaleureux, charme, plus fumé.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2004 : facile à vivre, nature, final plus rêche

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2003 : un peu fermé mais agréable et intense.

Vosne Romanée 1er Cru Aux Reignots Domaine Comte Liger-Belair 2002 : beau nez, vin agréable grand vin.

La table 5 est un feu d’artifice.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2013 : matière lourde et dense, un peu de café.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2012 : vin lourd, café moins de final que le 2013.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2011 : limpide, plus grand que les deux précédents à ce stade de leurs vies, beau et gourmand.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2010 : beau, équilibré, limpide, serein.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2009 : fluide, agréable, romantique, j’aime.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2008 : plus fruité, gourmand, plus fumé.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2007 : moins de matière, fait plus vin ancien, fumé, agréable.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2006 : plus conventionnel, plus classique. Je préfère le 2007 plus atypique. Beau final de ce 2006.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2005 : solide, carré, joli, grand

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2004 : dans le style du 2007 mais plus effacé et plus éteint.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2003 : très joli fruit compoté, moins complexe.

La Romanée Grand Cru Monopole Domaine Comte Liger-Belair 2002 : vin très agréable sans chichi, pas très complexe mais se boit bien.

Tous ces vins sont bons et bien faits. Il m’apparaît que malgré leur jeunesse, les quatre années de 2010 à 2013 sont les plus vives, les plus vivantes et complexes. Louis-Michel Liger-Belair peut être fier de ce qu’il fait avec son équipe.

Ce qui nous attend maintenant, c’est un concert dans la cave de la salle des fêtes de Vosne-Romanée, puis un dîner préparé par Pascal Barbot au château de Vosne-Romanée, demeure du Comte Liger-Belair.

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j’ai réussi à saisir l’instant magique où l’un des collaborateurs du domaine s’est anobli lui-même !!!

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dîner au restaurant Le Richebourg à Vosne-Romanée jeudi, 11 juin 2015

Louis-Michel Liger-Belair a lancé une invitation pour les deux cents ans du domaine Comte Liger-Belair dont l’exploitation a connu de nombreuses péripéties, le vin ayant été fait en fermage par diverses maisons. Aujourd’hui Louis-Michel a le contrôle complet des vins du domaine.

J’arrive la veille et je loge à l’hôtel Le Richebourg à Vosne-Romanée. Mon dîner se fera sur place. La carte des vins est essentiellement bourguignonne, majoritairement de la Côte de Nuits, et les domaines les plus représentés sont ceux de Vosne-Romanée. Pour une fois, le cordonnier est bien chaussé. Malgré cette orientation mon œil est attiré par un vin que je chéris, de la Côte de Beaune.

Le menu sera : croustade aux escargots à la moutarde à l’ancienne maison Fallot, pulpe de fenouil à l’huile d’olive / quasi de veau confit au jus, écrasé de pommes de terre et champignons.

Le Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 2005 a un nez très engageant. On sent la pureté et la distinction se profiler. En bouche, le vin servi à température idéale est d’une fraîcheur inégalable. Il est fruité, tendance cerise noire aigrelette, il a une belle râpe et l’absence de concession du pinot noir. Il est très représentatif des vins de la Côte de Beaune, beaucoup moins flatteurs et charmeurs que ceux de la Côte de Nuits. Celui-ci est tout en délicatesse, en raffinement, avec un côté très juteux qui emplit le palais de bonheur. Je suis aux anges.

Mon grand-père avait l’habitude de dire d’un vin qu’il aimait : « c’est le petit Jésus qui descend dans le gosier en culotte de velours ». A onze ans, je trouvais qu’affubler Jésus d’une culotte de velours était assez irrévérencieux. Mais ce vin de la vigne de l’Enfant Jésus illustre parfaitement l’image de velours contenue dans l’expression. C’est un vin magnifique, doux, aimable, mais aussi rebelle et sauvage. Sur les escargot, il brille à la perfection. L’accord se crée.

Le quasi de veau est immangeable. Le maître d’hôtel a eu une réaction particulièrement appréciable. Ce plat a été remplacé par un filet de bœuf façon Rossini, pommes de terre rattes à l’ail et aux aromates. Ce plat est excellent mais l’accord eût été plus pertinent avec le veau car la force de la sauce truffée du Rossini écrase le vin.

Le brillat-savarin s’accorde beaucoup mieux avec le Beaune que le Cîteaux qui saponifie un peu le vin. Le service du maître d’hôtel passionné de vin est remarquable d’attention. La cuisine, à part un petit couac est très convenable. Par un soir d’une belle journée, ce Beaune Grèves a illuminé mon dîner.

Demain, nous redeviendrons aux vins de la Côte de Nuits.

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Visite au Clos des Lambrays et déjeuner au Castel de Très Girard mercredi, 3 juin 2015

Devant faire un dîner de wine-dinners au restaurant Bernard Loiseau à Saulieu, je livre les vins du dîner la veille de celui-ci, aux aurores, et je poursuis ma route vers Morey-Saint-Denis pour répondre à une invitation qui m’a été faite de visiter le Clos des Lambrays.

Arrivé en avance, je fais un crochet par le Clos de Tart pour saluer Jacques Devauges, successeur de Sylvain Pitiot, qui a géré ce clos pendant vingt ans. Dans la cour intérieur, des rosiers majestueux sont dans leur plus bel épanouissement.

Au Clos des Lambrays, je suis accueilli par Bernard Dumort, un ami de ce domaine qui par ailleurs est mon conscrit, et par Thierry Brouin, gérant et œnologue du domaine repris depuis peu par le groupe LVMH. Dans la cour du joli château, de jeunes Hongkongais et un couple d’italiens viennent goûter les vins récents. Je me joins à eux.

Dans les magnifiques caves ancestrales, chefs d’œuvres de construction, nous goûtons les 2014 sur fût et les autres vins mis en bouteilles.

Le Morey-Saint-Denis Villages Domaine des Lambrays 2014 a un joli nez velouté et une bouche gourmande, de velours. Il n’est pas très complexe mais il est agréable, se boit bien, avec un finale un peu sucré.

Le Clos des Lambrays 2014 a un nez fermé. La bouche est noble mais un peu fermée. Il y a une belle matière, tension et salinité. Le vin est de grande fraîcheur. C’est assez normal pour des vins aussi jeunes que le moins complexe soit plus facilement buvable.

Le Clos des Lambrays 2013 a été mis en bouteille en mars 2015. Le nez pinote, titillant par ses amertumes. C’est un superbe vin bourguignon à la belle salinité, opulent malgré un certain ascétisme.

Le Clos des Lambrays 2012 est d’une année très faible en volume. Le nez est très profond, marqué par le poivre. La bouche est beaucoup plus ronde, charmante, au contraire du 2013. Le vin est charmeur, riche et épicé.

Le Clos des Lambrays 2010 a un nez un peu fermé comme le 2014, assez vert, tabac et quelques fruits rouges. En bouche, ce vin est un peu la synthèse des trois précédents. Il est frais, fruité de fruits rouges, viril, tranchant, gourmand tout en étant complexe. C’est un vin magnifique. Il n’y a chaque année que 50% de fûts neufs.

Le domaine fait aussi des blancs et nous buvons maintenant le Puligny-Montrachet Les Folatières Domaine des Lambrays 2008. Le nez est riche et généreux. En bouche il manque un peu d’ampleur, mais ça ne dure pas. Il a un beau finale gourmand. La persistance devient extrême.

Après cette dégustation avec les hongkongais et les italiens, nous les quittons pour aller tous les trois, Thierry, Bernard et moi, visiter les vignes aux pentes séduisantes. Car ce Clos est remarquablement orienté. Par un soleil radieux, les panoramas évoquent la grandeur de la Côte de Nuits. Tout se joue dans les vignes.

Nous allons ensuite déjeuner au Castel de Très Girard. Thierry a pris deux vins, un blanc et un rouge, et j’ai apporté un liquoreux.

Mes convives sont de solides mangeurs car nous commandons homard et côte de bœuf. Les portions sont prévues pour des Gargantuas. Thierry fait ajouter un rouge de la carte des vins du lieu car il l’a bu récemment et apprécié.

Le Puligny-Montrachet Clos du Cailleret Domaine des Lambrays 2004 a une robe dorée. Il est magnifique d’opulence. Il est très généreux, plein et équilibré. Par certains aspects, il a le goût confituré de certains montrachets. Il est comme toasté, avec une belle minéralité. C’est un vin superbe qui colle bien au homard « européen » (donc non breton) traité de belle façon.

Le Morey-Saint-Denis 1er Cru Les Chenevery domaine Alain Jeanniard 2011 a un nez très délicat et subtil. En bouche on sent des petits fruits rouges acides. Le vin est un peu rêche. Il n’est pas mal du tout mais n’a pas la complexité qu’on pourrait attendre d’un vin qui a un si joli parfum.

Le vin qui suit est bu à l’aveugle et je me trompe de près de quarante ans ! C’est un Clos des Lambrays 1937. Son nez n’est pas très flatteur, poussière, punaise, café. Mais la bouche est merveilleuse, avec un peu de grain de café. Il est beau, il a la longueur, la fraîcheur d’un grand vin. Mais je trouve quand même une amertume qui me gêne un peu. Elle disparaît avec la viande qui fouette et excite son goût. Il s’améliore. C’est un beau témoignage de la grandeur de ce Clos dans l’histoire.

Le Château d’Yquem 1994 en demi-bouteille est d’un bel or. C’est un vin bien gras, opulent, riche et joyeux, qui combine mangue et caramel. Il se marie bien avec des pancakes malaisiens.

Le Castel de Très Girard est un endroit très accueillant, hôtel un peu désuet mais charmant, table traditionnelle où l’on est bien traité. Après le déjeuner, j’ai visité le château des Lambrays magnifiquement décoré par les anciens propriétaires, marché dans le parc aux arbres multiséculaires et visité la cave des vieux millésimes dont mon petit doigt m’a dit que le groupe LVMH opère quelques ponctions.

Cette visite m’a remis en mémoire la grandeur de ce vin, dont j’ai surtout bu des millésimes anciens et m’a fait découvrir leurs vins blancs délicieux.

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les roses au Clos de Tart

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le Clos des Lambrays

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le déjeuner

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Présentation de vins conseillés par Hubert de Boüard au restaurant de Guy Savoy dimanche, 24 mai 2015

Lors de la soirée « portes ouvertes » du restaurant Guy Savoy implanté comme par miracle dans l’hôtel de la Monnaie, Hubert de Boüard présent ou plutôt son épouse m’avaient incité à revenir en ce lieu la veille de l’ouverture officielle du restaurant Guy Savoy, pour une présentation des 2014 de nombreuses propriétés bordelaises. Il s’agit des châteaux dont Hubert de Boüard est le consultant, à l’instar des Michel Rolland, Stéphane Derenoncourt, Denis Dubourdieu et quelques autres. La présentation est faite par les propriétaires eux-mêmes. Dans la magie du lieu, l’immense cuisine va restaurer les visiteurs, le plus souvent des amis d’Hubert de Boüard ou de Guy Savoy.

Je n’ai goûté que quelques vins et cela m’a suffi pour me rendre compte de l’avantage historique dont dispose le bordelais par rapport aux pays neufs qui font des vins parfois maladroitement internationaux. Le Château Jean Faure Saint-Emilion 2014 est un petit bijou de finesse, comme le Château de Pressac Saint-Emilion 2014 fringant.

Le Château Branas Grand-Poujeaux, Moulis 2014 est aussi d’un bel intérêt, mais mon cœur succombera, on l’imagine au Château l’Angélus 2014 puis au Château l’Angélus 2010, deux merveilles qui font comprendre que la promotion de l’Angélus dans le plus haut degré des classifications des saint-Emilion est justifiée. Ce vin est riche, puissant, charnu et charpenté, tout en ayant une grâce et une distinction remarquables. C’est un très grand vin. Les petits fours et amuse-bouche vont crescendo en qualité et en saveurs. C’est une invitation à rester en ce lieu, mais je préfère rester raisonnable, ce qui n’est pourtant pas une de mes qualités premières. Demain, c’est le jour officiel d’ouverture du restaurant Guy Savoy mais j’apprends que depuis un mois on ne cesse de festoyer ici. Guy Savoy est généreux. Ce lieu va devenir la coqueluche de la capitale.

présentation des « Vignobles Français de l’Etranger » dimanche, 24 mai 2015

Chaque année, une présentation des « Vignobles Français de l’Etranger » se tient à l’hôtel Saint-James & Albany à Paris. Beaucoup de pays sont représentés et les propriétaires sont souvent présents. N’ayant aucune obligation de résultat, je me limite aux rouges et je butine sur quelques stands. Toutefois, c’est avec un mousseux argentin, le Chandon, que j’ai commencé mon tour de piste, mousseux qui se révèle fort agréable, évoquant dans son vin de base les chardonnays californiens, avec du beurre et du fumé. Il tromperait beaucoup de gens, même si on s’aperçoit vite qu’il ne peut être champenois.

Au même stand je goûte le Cheval des Andes 2010 que j’avais bu récemment à l’ambassade d’Argentine. Je le trouve nettement meilleur, et il me plait par sa belle structure.

Le Domaine Drouhin Laurene Pinot Noir, Dundee Hills, USA 2012 est superbe de finesse et de précision. Voilà un vin que l’on doit aimer.

Ayant entendu qu’il y avait une dégustation privée à l’intérieur de de cette présentation, je pousse la curiosité et la porte et je me retrouve à une table de quatre, Sylvain Ouchik, organisateur de cet événement, Gérard Margeon le responsable des vins de la galaxie Ducasse, un tonnelier et moi. L’idée de cette table ronde est de déterminer le meilleur rapport qualité prix des vins présentés. Devant m’éclipser avant la fin, je ne saurai pas quels sont les gagnants mais c’est l’occasion pour moi de confronter mon palais acquis aux vins anciens avec des vins récents et qui plus est internationaux, dont l’alcool n’est pas chiche.

Déguster avec ces professionnels est un plaisir certain. La dégustation tient compte du prix de vente hors taxe, annoncé avant de boire. Quand j’entends Gérard Margeon dire d’un vin vendu 7 € qu’il est trop cher, je me sens Le Petit Prince, perdu sur une planète inconnue !

Le Shiraz Pyrenees Trelato et Chapoutier Australie 2008 est vendu 12€. Il titre 14°. Le nez est très végétal, fruité et poivré. Le final est aussi végétal et un peu déstructuré. On sent l’eucalyptus et les fruits confiturés.

Le Mathilda Tournon Victoria Shiraz Chapoutier Australie 2013 est vendu 7,5€. Nature, simple, il manque de vibration mais je le préfère dans son registre simple au Shiraz Pyrenees qui veut trop en faire.

Le Quite Mencia Vertuille veronica Ortega Espagne 2013 coûte 7,15€. Le nez est assez neutre sur l’alcool. L’acidité est trop forte, signant un vin déstructuré. Il est assez désagréable et ne vieillira probablement pas bien.

Le Fonsclar Priorat Combier Fischer Gérin Espagne 2012 vaut 15€. Tout en ce vin sent la douceur ? Il y a du velours mais aussi un peu de végétal. Il est gourmand et je le vois gastronomique. L’élevage est bien fait, il est très digeste malgré 14,5°. Les tannins sont un peu sec mais je le trouve agréable.

Le Carmenere Anderra barons de Rothschild Chili 2013 est vendu 5,5€ le nez est rebutant, le vin est flatteur, travaillé mais l’effet final est désagréable. On peut supposer qu’il y a des copeaux dans ce vin.

Le Enira Domaine Bessa Valley Bulgarie 2009 vaut 9,80€. Le nez est flatteur, ultra-moderne et le vin titre 14,5° Il est flatteur, trop flatteur, trop international. La finale est asséchante, le toucher est soyeux. Il n’a pas vraiment d’identité.

Le Vranec Tikves Macédoine 2012 est vendu 7€. Il a un joli nez. Le vin de 14° est très doux avec une belle personnalité mais il est handicapé par trop d’astringence.

Après cette dégustation je me suis demandé pourquoi ou fait boire aux consommateurs des vins dont certains sont assez excessifs, simplifiés, et parfois caricaturaux. Comme les producteurs sont français ou associés à des français, les ambitions devraient être plus hautes.

On m’a soufflé que le vin qui a gagné est un vin de la maison Drouhin USA, représentée sur les stands par Véronique Drouhin. J’ai bu ce vin gagnant très agréable en passant sur les stands, mais c’est la cuvée Laurene, de qualité supérieure qui a remporté mes suffrages.

Merci aux organisateurs de permettre ainsi de s’imprégner des tendances internationales initiées par des français. Je vais avoir l’occasion de comparer avec ce que font les bordelais puisqu’il me suffira de traverser la Seine, d’aller au nouveau palais de Guy Savoy pour apprécier une présentation de Bordeaux récents.

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Hommage à Joseph Henriot jeudi, 30 avril 2015

Joseph Henriot est un vigneron visionnaire avec lequel j’ai partagé des moments inoubliables.

Je l’ai connu grâce à Bernard Hervet qui m’a permis de goûter les flacons les plus extraordinaires de la cave de Bouchard Père & Fils.

Grâce à Joseph, nous avons pu organiser un repas d’anthologie où les six derniers vins avaient au moins 140 ans, dont le mythique Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus 1865, l’un des fleurons de la maison Bouchard.

Toutes mes condoléances vont à sa femme et ses enfants, aux maisons qu’il dirigeait.

Le texte rédigé par Michel Bettane et Thierry Desseauve rejoint mes propres pensées, aussi je le joins à mon propre texte :

Mille mercis Joseph pour tout ce que vous avez fait et pour l’amitié dont vous m’avez gratifié.

Visite de deux caves londoniennes et dégustation de cognacs Martell dimanche, 26 avril 2015

Le ciel est incertain en ce samedi à Londres, mais pas suffisamment pour empêcher les rues d’être envahies par des milliers et des milliers de londoniens et de touristes. Une bonne partie des participants au dîner de vins anciens de ce jour se retrouvent à 11 heures dans les locaux du caviste le plus ancien de Londres, Berry Brothers & Rudd fondé en 1765. Les locaux sont fascinants, ayant gardé quasi intacte l’atmosphère d’il y a 250 ans. Nous parcourons les caves regorgeant de trésors et les salles de réunion, dont la grande salle Napoléon où se font de belles dégustations.

Après la visite qui fait rêver, nous allons déjeuner juste à côté au restaurant l’Avenue incroyablement bruyant dont la large majorité des clients sont des clientes attirées sans doute par le fait que le Proseco, ce pétillant italien y coule à volonté, sans limite, pour un prix fixe attractif. L’effet premier de cette offre est d’augmenter les décibels, tant le pétillant réchauffe les cœurs et les rires. La nourriture est convenable sans plus et nous réservons nos forces, car tout à l’heure et ce soir, nous serons très sollicités.

A la cave Hedonism, créé par un jeune russe aux moyens financiers qui semblent sans limite, nous somme accueillis par Alexander, un des participants du dîner, qui a organisé et nous offre une dégustation de Cognacs de la maison Martell. Il est en effet l’un des représentants du groupe Pernod Ricard en Grande-Bretagne. Nous allons goûter trois cognacs.

Le Cognac X.O. Martell a un nez très doux et suave. Ce parfum est pur et subtilement doux.

Le Cognac Cordon Bleu Martell a un nez moins doux et plus épicé mais pas beaucoup plus structuré malgré l’aura qui entoure ce cognac anniversaire.

Le Cognac Création Grand Extra Martell a un nez beaucoup plus profond et je le trouve floral.

Après l’examen des parfums vient celui des goûts. Le X.O. est étonnant car on ne l’attendrait pas à ce niveau. Il est très élégant et très pur. On sent des amandes dans le final. Le Cordon Bleu a été fait pour le trois-centième anniversaire de Martell. Les vins ont de dix à vingt-cinq ans ce qui est plus jeune que le X.O., mais les vins sont de meilleures origines. Je ressens du tabac. Il est plus long, plus profond et son final est plus grand.

Le « Création » est composé d’alcools pouvant aller jusqu’à 65 ans. C’est un cognac plus confortable, séducteur. Il est large doux, très élégant. La douceur vient de l’âge des composants. Cette douceur s’accompagne d’un peu d’amertume ce qui pourrait paraître paradoxal. Plusieurs des personnes de notre groupe préfèrent le X.O. pour sa douceur. Mon classement est : 1 – Cordon Bleu, 2 – Création Grand Extra, 3 – X.O., classement qui est le même que celui du présentateur de ces beaux cognacs.

Dans la cave Hedonism les prix sont fous, et ma collaboratrice, qui manipule fréquemment des flacons que l’on trouve dans ces rayons s’imagine veiller sur une fortune. Je calme son vertige en lui disant que les prix de cette cave sont plus de trois ou quatre fois supérieurs à une valorisation raisonnable. On est parfois au niveau de la folie pure.

Quelques photos de Berry Bros

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sur la photo ci-dessus on voit une bouteille de 1710 dont la forme est très proche de celle de 1690 que j’ai dans ma cave.

A l’Avenue, l’annonce que l’on peut boire sans limite attire la gent féminine !!!

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dégustation de cognacs Martell à Hedonism

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Dégustation de grand crus classés au Ministère des Affaires Etrangères jeudi, 23 avril 2015

Au courrier, je reçois une invitation sur un carton fort épais, émanant de trois invitants : Philippe Castéja, président du conseil des grands crus classés en 1855, Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international et Jacques Glénat sobrement appelé éditeur. L’objet est la présentation du livre « Bordeaux, les grands crus classés 1855 » à l’occasion du 160ème anniversaire de cette classification.

Le cocktail aura lieu au ministère des affaires étrangères, au quai d’Orsay. J’ai déjà été reçu à l’Elysée, à Matignon et dans des ministères mais le quai d’Orsay où je vais pour la première fois est de loin le palais le plus luxueux de tous. Dans les immenses salons de réception des tables portent alignées les bouteilles de 88 grands crus qui font l’objet du livre. Tous les vins classés du Médoc et de Sauternes sont représentés. Sur deux grandes tables, des fromages ont été apportés par trois MOF (meilleurs ouvriers de France) dont le truculent Bernard Mure-Ravaud, meilleur fromager du monde avec lequel je vivrai une complicité bien sympathique, j’y reviendrai.

Avant de déguster tout cela, il y a les speechs. D’abord celui de Jacques Glénat, l’éditeur du livre, qui fait un discours sobre et efficace, propos d’un chef d’entreprise qui va droit au but. Il y a ensuite le speech de Philippe Castéja qui comme tout président d’une institution, est très consensuel et porteur de bonnes paroles sur le rayonnement du bordeaux dans le monde. Enfin il y a le discours de ministre Laurent Fabius, très politique et très rodé, qui bien sûr agit pour le vin de bordeaux comme nul ne l’a fait avant lui. Chacun joue son rôle brillamment. Mon passé de chef d’entreprise me met plus dans le sillage du discours de l’éditeur. Il est à noter qu’à aucun moment la loi Evin n’a été évoquée, ce qui signifie que l’on était là entre amis. Lors de la réception de l’invitation, je n’aurais pas imaginé que le ministre eût été présent. C’est à mettre à l’actif des organisateurs de l’événement.

Dès que les speechs sont finis, on se précipite aux tables pour boire les vins. Je m’étais planté devant l’endroit où attendait le Château Haut-Brion 2011, merveille de subtilité et de grâce. Le Château Latour 2011 est grand et j’ai été impressionné par la puissance du Château Palmer 2009, incroyablement expansif et expressif. Le Cos d’Estournel 2008 est très élégant. Tous les vins que j’ai bus se présentaient sous un bon jour, malgré la chaleur ambiante.

Venons à la complicité. L’un des fromagers MOF présents, que je connais de longue date parle de mon amour des vins anciens à Bernard Mure-Ravaud. Il évoque son roquefort pour les sauternes et je lui dis que pour les liquoreux, je préfère de loin leur adjoindre un stilton et, quand j’en trouve, un bleu de Termignon dont je suis amoureux. Ce que je ne savais pas, c’est que Bernard est de Grenoble et achète aux seuls quatre producteurs de ce bleu confidentiel. Il me regarde, me jauge et me dit : « j’ai dans ma valise un morceau d’un bleu de Termignon exceptionnel que je dois livrer à un grand restaurant parisien célèbre. Je me ferai gronder, mais je vais vous en donner un morceau ». Il ouvre sa valise, découpe délicatement les emballages et coupe une large portion du cœur du fromage qu’il me donne sur une assiette. Il faut s’imaginer que pendant ce temps-là, de nombreuses personnes qui faisaient la queue pour se faire servir, assistaient à ce manège.

J’ai pu goûter ce bleu exceptionnel et magnifique avec Château d’Yquem 2011 très plaisant dans son jeune âge, Château La Tour Blanche 2008 qui a déjà une maturité resplendissante et Château Climens 2011 romantique et délicieux.

L’intérêt de ces cocktails, c’est aussi les discussions que l’on peut nouer. Dans les ors de la République, nous avons pu déguster de grands vins. La promotion que fait Glénat de ce livre mérite le respect.

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Discours Laurent Fabius Cocktail grands crus classés 21 avril 2015

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Ministère des Affaires Etrangères, Paris le 21 avril 2015.

Malbec World Day avec dégustation de vins argentins samedi, 18 avril 2015

C’est à l’Ambassade de l’Argentine à Paris que se tient la cinquième édition du « Malbec World Day ». Au premier étage de l’immeuble de l’ambassade, on peut découvrir des malbecs argentins de divers producteurs.

Dans la bibliothèque de l’ambassade, Jean-Guillaume Prats, président directeur général de Estates & Wines, la société du groupe LVMH qui regroupe tous les vignobles de Moët Hennessy, présente des malbecs argentins de son groupe.

Le Terrazas Single Vineyard Malbec Argentine 2010 titre 15°. Le nez est de cassis, marqué par un peu de poussière. La bouche est aussi cassis et le final est de punaise, poussiéreux comme au nez. Mais il faut que le vin s’ouvre dans le verre et le fruit prend le dessus, le vin devenant plutôt plaisant, même si cette expression du vin international n’est pas l’objet de mes recherches. Le final devient feuille de cassis, un peu rêche.

Le Terrazas Malbec 2012 a un nez de cassis avec beaucoup plus d’épices. Il est plus rond, avec des fruits épicés. On sent le clou de girofle. Le final est un peu astringent.

Le Cheval des Andes 2010 a une attaque très fraîche, de cassis, pruneau, quetsche fraîche. Le final est astringent. L’attaque est très belle de fraîcheur mais le final est lourd et plombant.

Le Cheval des Andes 2008 a un nez voluptueux, très séduisant, tout en épices orientales. La bouche est moins précise, partant dans toutes les directions, avec une sensation de lacté. Le final est frais et rafraîchissant. On a donc un profil à l’opposé du 2010.

Le Cheval des Andes 1999 a une approche subtile et raffiné, mais très vite on constate un léger goût de bouchon, qui n’empêche pas de sentir ce qu’il pourrait être, avec une belle structure de maturité.

Ces vins ont sans doute une clientèle, car beaucoup de pays font les mêmes vins, lourds, boisés, alcoolisés, porteurs de cassis à volonté. J’avoue que j’ai du mal à mordre à de tels vins dont je pense qu’ils doivent être peu digestes. Leur qualité est d’être très lisibles, rassurants. Il semble qu’ils se vendent bien.

L’accueil fut charmant dans ce bel immeuble. Il est de toute façon intéressant de savoir ce qui se fait dans le monde. Avec l’amélioration des démarches, allant vers moins de bois et d’extraction, l’Argentine produira des vins de garde. A suivre.

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10ème Dîner des Chefs des éditions Glénat au Pavillon Ledoyen mardi, 17 mars 2015

A 18 heures, je reçois un appel, « qu’est-ce que tu fais ce soir ? ». Je demande de quoi il s’agit et à 20 heures, je me présente cravaté au Pavillon Ledoyen pour la dixième édition du « Dîner des Chefs » organisé par Jacques Glénat et les éditions Glénat. Ce sont cent cinquante personnes qui se retrouvent, les chefs qui ont publié des livres avec les éditions Glénat – et ils sont nombreux – des vignerons qui sponsorisent le dîner, des éditeurs et libraires qui travaillent avec Glénat, des journalistes et des amis. L’apéritif se prend debout sur de délicieuses gougères au parmesan avec le Champagne Louis Roederer brut premier magnum. C’est un agréable champagne qui coule bien en bouche, très adapté à ce type de cocktail. Nous ne sommes pas là pour en peser les subtilités.

Le menu est réalisé par cinq chefs totalisant huit étoiles au Michelin. Le chef est cité ici avant le plat qu’il a réalisé, avec son nombre d’étoiles : Arkadiusz Zuchmanski* artichauts poivrade en fin velours, Gambero Rosso juste raidies et salade folle de pousses / Yannick Alléno*** tarte friande de langoustine au caviar / Jean-Michel Lorain** noix de Saint-Jacques et raviole de « cul noir » à la truffe, crème de mâche, céleri et lait de pomme / Hamada Noriyuki cabillaud mariné au sel de Koji, ail noir et légumes de saison, parfum de yuzu / Jean Sulpice** carré d’agneau de lait, grattons de noix de Grenoble et pimprenelle / fromages des alpages de Bernard Mure-Ravaud, MOF 2007 / Hamada Noriyuki riz au lait aux fleurs de cerisier, gaufrette japonaise et thé matcha / Jean Sulpice** Chartreuse flambée, chocolat et sorbet mûre.

La Petite Arvine Tradition Domaine des Muses Robert Taramarcaz Valais 2013 est d’un jaune clair plaisant. Le nez indique un vin beaucoup trop jeune. En bouche on constate deux choses. D’abord l’extrême précision de la Petite Arvine qui évoque un peu celle du riesling, cépage magnifiquement ciselé. Ensuite, je suis gêné de boire un vin aussi jeune, dont l’acidité occupe l’espace. De ce fait, alors que ce vin est bien fait, il me prive de plaisir. Il n’y a aucune accroche réelle avec les crevettes.

L’impression de gêne du vin suisse est confirmée dès l’apparition du Corton Charlemagne Bonneau du Martray magnum 2007 qui est un festival de complexité. Dans ce vin, il y a un panier rempli de tous les fruits exotiques juste suggérés et un bouquet de toutes les épices elles aussi suggérées. C’est un vin racé, noble et très frais. C’est un grand cru exemplaire. Sur la tarte à la langoustine le vin brille absolument. Le vin joue sur son élégance.

La transition avec le Puligny-Montrachet 1er cru Les Folatières Drouhin 2009 se fait très bien. Ce 2009 est fruité, plus gras. Il n’a pas la noblesse du grand cru mais il se distingue par un final très long, où la complexité de fruits blancs se montre généreuse. Il convient parfaitement au cabillaud.

Le Château Lagrange Saint-Julien 2005 a un nez inexistant ou du moins plat. En bouche, il est aussi plat et manque d’émotion. A aucun moment le dialogue ne se forme avec mon palais. Même le délicieux carré d’agneau n’arrive pas à l’émouvoir.

Le Château Boyd Cantenac Margaux 2002 en revanche, malgré une année jugée plus faible, est beaucoup plus accueillant. Il n’est pas tonitruant, mais l’exceptionnelle sélection de fromages lui va comme un gant.

Le Château Coutet Barsac 1989 est d’une couleur étonnamment ambrée pour son âge. Il est joyeux, gras, plein, sans excès. C’est un très agréable vin à boire comme cela dans sa jeunesse puisque pour les liquoreux, 25 ans est encore l’adolescence.

Et les plats maintenant ? Les crevettes sont très joliment croquantes mais le plat manque un peu d’expression et cela est accentué par le fait que le vin suisse est trop jeune. La tarte de langoustine est une merveille de justesse et le caviar nous est servi avec une profusion invraisemblable qui me fait penser au loup au caviar du père d’Anne-Sophie Pic, où le caviar débordait sur le plat. C’est un caviar chinois ce soir, aux gros grains gris de très bon goût. Avec le Corton-Charlemagne, on se régale.

Les coquilles Saint-Jacques sont merveilleusement cuites et les accompagnements sont un peu forts quand je pense aux accords mets et vins. Le cabillaud est joliment croquant et pourrait accueillir un vin rouge. Mais le plat japonais part dans trop de directions contraires et la crème de yuzu est beaucoup trop forte et écrase le plat. J’ai l’impression que ce plat sophistiqué devrait se manger avec le chef, seul à seul et non à 150. Le chef expliquerait pas à pas ses intentions, et là, on serait conquis.

Le carré d’agneau est une merveille mais je manque d’objectivité, car j’ai les yeux de Chimène pour la cuisine de Jean Sulpice, talentueux et brillant chef d’à peine trente printemps.

Les fromages des alpages forment un plateau exceptionnel. Toutes mes félicitations vont à ce brillant fromager. Un beaufort de 2013 m’a stupéfait par sa jeunesse de goût qui démontre que la cave de vieillissement doit être exceptionnelle.

Le dessert du chef japonais est un chef d’œuvre de complications qui mériteraient encore une fois d’être explorées dans le recueillement et pas dans une telle atmosphère. La boule de chocolat flambée à la chartreuse n’est qu’un prétexte pour s’enivrer d’une Chartreuse VEP Jaune ou verte. Pour moi, ce fut la jaune.

Nommons deux gagnants. Pour les vins ce sera le Corton Charlemagne et le Château Coutet. Pour les plats ce sera la tarte de langoustine au caviar et le carré d’agneau.

Du fait des très nombreux discours des vignerons et des chefs commentant leurs créations, ce sympathique dîner nous a entraînés fort tard dans la nuit. Vive les chefs très créatifs et vive les vignerons qui nous régalent et vive la maison Glénat qui organise si bien ce Dîner des Chefs.

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j’ai tremblé pour prendre les photos des vins car d’autres que moi se pressaient pour photographier les vins exposés dans une salle voisine :

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pour avoir une autre vision de ce dîner, vous pouvez aller lire ce message de « Greta garbure » : http://gretagarbure.com/2015/03/18/tout-frais-pondu-9/