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Rhône Vignobles acte 1 – dégustation de vins anciens chez Yves Cuilleron mardi, 4 février 2014

L’association « Rhône Vignobles » compte quinze vignerons de nombreuses appellations : Côte-Rôtie, Condrieu, Cornas, Cairanne, Crozes-Hermitage, Chateauneuf-du-Pape, Côteaux d’Aix, voilà pour celles qui commencent par « C », et Saint-Joseph, Lubéron, Gigondas et Vinsobres. Ils se sont regroupés pour faire la promotion de leurs vins par des opérations communes.

Le programme officiel est une réception au domaine Gerin à Ampuis où des professionnels du vin, marchands, cavistes, agents, restaurateurs et sommeliers sont conviés à boire des vins anciens de ces quinze maisons, puis à un déjeuner qui ressemble à une paulée, où chaque vigneron fait partager ses flacons récents ou un peu plus anciens avec une folle générosité.

La veille, le programme est privé, avec une réception au domaine Cuilleron en deux étapes, dégustation de vins anciens apportés par Georges, un sympathique et enthousiaste marchand de vins, apportés par moi et aussi par quelques membres de l’association. Cette dégustation sera suivie par un dîner au domaine Cuilleron, la cuisine étant faite par un des membres, François Villard, qui a pratiqué la cuisine pendant de longues années.

Lorsque nous arrivons au domaine Cuilleron, Georges est déjà là et une forêt de vins est en place. En rajoutant mes vins, je vois mal comment nous pourrions goûter un si grand nombre de vins. Il va falloir trier.

Comme il y a deux ans, où j’avais eu l’honneur d’être invité, je suis en charge de superviser et de réaliser l’ouverture des vins anciens. Georges m’aide à ouvrir avec une rapidité d’exécution qui ne s’embarrasse pas de contingences mais se révèle efficace. Avec Jean-Michel Gerin et Georges, je répartis les vins entre la séance des vins anciens et le dîner ainsi que l’ordre des vins. Pendant que j’ouvre les vins se tient la séance du conseil de l’association.

Nous sommes une vingtaines de personnes autour de la table et 17 verres seront servis pour chaque vin. Mes notes sont succinctes du fait de la profusion des vins. Mes vins seront marqués d’une astérisque sur leur année.

Le Vouvray Sec Clovis Lefèvre 1961 a une robe très jeune, de jaune citron. Le nez est citronné ainsi que le goût très agréable, avec une impression de grande jeunesse. Certains vignerons trouvent le vin soufré. Je n’ai pas cette impression.

C’est avec le Meursault Gouttes d’Or 1er Cru Moret-Nominé 2004 que j’ai l’impression de soufre. A noter que sur l’étiquette, Gouttes d’Or est écrit avec un « s », ce qui se retrouve dans d’autres domaines. Ce vin très typique de meursault avec une belle impression minérale a un beau fruit élégant.

Le Meursault Villages Thorin 1947 a un nez beaucoup plus beau, fait d’agrumes, d’orange amère et de pâtisserie. Un peu effacé au moment du service, il devient gourmand, très beau, avec un magnifique final citronné. C’est un grand vin.

L’Hermitage La Tour Blanche Jaboulet Vercherre 1976 a une couleur d’une jeunesse folle. Le nez est de truffe blanche. Son élégance est extrême. La bouche est remarquable, fluide, et l’équilibre est grand. C’est un très grand vin.

Un Côtes du Jura Louis Cartier rouge ancien est écarté par Georges qui fait le service avec efficacité et vient maintenant un Arbois Pupillin rouge Louis Cartier des années 40. La couleur est tuilée et très brune. Le nez et la bouche sont viandeux. Il a encore de belles vibrations. Il n’est en fin de compte pas si mal.

Le Château Bel-Air Bordeaux Supérieur 1961 a un nez de truffe. Sa couleur est très belle. Il a un petit peu de torréfaction. Il n’est pas mal mais ne dégage pas assez d’émotion.

Le Domaine de l’Eglise Pomerol 1955 est de la maison Calvet. Le nez est très subtil. C’est un vin plein, profond, avec des intonations de bois et de truffe. Il a une belle mâche et un matière superbe. C’est un grand vin de plaisir.

Le Château Le Crock Saint-Estèphe 1961 a un nez gourmand, charmeur. La bouche est d’une fraîcheur incroyable. Il est délicieux, il a un côté floral. C’est un vin de pur bonheur.

Le Château des Jacobins Pomerol 1961 a un nez moins ouvert. Il n’est pas mauvais mais un peu coincé. Il lui est difficile de passer après Le Crock, alors qu’il a des qualités.

Le Domaine de Chevalier Graves 1952* de niveau bas a un nez agréable. Il a de l’énergie en milieu de bouche. Il se comporte nettement mieux que ce que j’aurais imaginé.

Le Château Petit-Village Pomerol 1955 Ginestet a une couleur plus fatiguée alors que son niveau était beau. Il est un peu viandeux. La bouche est un peu déviée et médicinale.

Le Château Carbonnieux rouge 1928* provenant de la cave Nicolas est d’une folle richesse. Le nez est puissant. La jeunesse de ce vin impressionne. Il est truffé, gourmand, et tellement jeune. Tous les participants sont impressionnés.

Le Moulin à Vent Bouchard Père & Fils 1953* a un nez doucereux et génial. En bouche il est acidulé, fraise tagada. Il est charmeur, doux, un vrai vin de plaisir.

Le Moulin à Vent Louis Chevallier 1926* a un niveau superbe. Le nez n’est pas très agréable. Il y a un léger bouchon mais qui ne gêne pas la bouche. Il est aussi doucereux, avec un joli fruit.

Le Pommard Paul Bouchard 1971 a une extrême pureté de nez. Il est follement bourguignon et j’écris : »ça, c’est la Bourgogne ». Le fruit en bouche est rouge, magique. Le vin est brillantissime.

Le Volnay Santenots Comtes Lafon 1972 a une couleur claire. Le nez est assez désagréable. La bouche manque de cohérence.

Le Gevrey-Chambertin Louis Trapet 1961 manque de cohésion. Il n’est pas parfait et manque de message.

Le Charmes-Chambertin L. Gauthier 1928 est déclaré mort. Servi quand même, on sent un vin de noix, du café. Il n’est pas désagréable mais mort.

L’Hermitage-Rochefine Jaboulet Vercherre 1947 a une couleur tuilée. Le vin au nez un peu fade a un final dévié et médicinal qui gâche une attaque assez agréable.

Le Chateauneuf-du-Pape Paul Etienne 1943* a un nez fabuleux. La couleur est belle. C’est un vin séducteur, parfois un peu âpre ou doucereux, mais c’est un très beau vin, au top de ce qu’il pourrait donner.

Georges nous fait la surprise d’ajouter un vin à l’aveugle dont on sait juste qu’il est de 1814. Il y a de la citronnelle, du litchi, de la myrte. On sent l’alcool de ce vin muté, et le sel apparaît avant le sucre. Le final est de pâte de fruit, coing café. L’idée qui vient est celle du madère, mais je ne retrouve pas le côté tendu et sec du madère. Je pencherais volontiers vers une Malvoisie de 1814.

Il y a eu du déchet dans les apports mais les vraiment grands vins ont été si nombreux que tout le monde est conquis par cette expérience très riche vécue ensemble.

Maintenant, il me faut ouvrir les vins du dîner…

vue de ma chambre

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les vins à mon arrivée chez Yves CuilleronDSC07725 DSC07726 DSC07727 DSC07728 DSC07729

Les vins de l’acte 1

Vouvray Sec Clovis Lefèvre 1961

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Meursault Gouttes d’Or 1er Cru Moret-Nominé 2004

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Meursault Villages Thorin 1947

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Hermitage La Tour Blanche Jaboulet Vercherre 1976

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Côtes du Jura Louis Cartier  rouge 1940 #

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Arbois Pupillin rouge Louis Cartier 1940 #

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Château Bel-Air Bordeaux Supérieur 1961

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Domaine de l’Eglise Pomerol 1955

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Château Le Crock Saint-Estèphe 1961

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Château des Jacobins Pomerol 1961

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Domaine de Chevalier Graves 1952*

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Château Petit-Village Pomerol Ginestet 1955

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Château Carbonnieux rouge 1928*

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le bouchon du Carbonnieux m’a demandé un temps très long car l’effort pour tirer était énorme. Je ne comprenais pas. On voit que ce bouchon est plutôt celui d’un magnum que celui d’une bouteille, très comprimé et qui s’est épanoui après ouverture (à gauche, c’est la dimension du goulot)

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Moulin à Vent Bouchard Père & Fils 1953*

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Moulin à Vent Louis Chevallier 1926*

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Pommard Paul Bouchard 1971

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Volnay Santenots Comtes Lafon 1972

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Gevrey-Chambertin Louis Trapet 1961

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Charmes-Chambertin L. Gauthier 1928

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Hermitage-Rochefine Jaboulet Vercherre 1947

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Chateauneuf-du-Pape Paul Etienne 1943*

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Malvoisie de 1814

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les bouchons et capsules

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la table pendant la dégustation de vins anciens puis, après le repas de l’acte 2

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Rhône Vignobles – acte 2 – dîner chez Yves Cuilleron mardi, 4 février 2014

« Rhône Vignobles » réunit ses quinze membres chez Yves Cuilleron. Nous venons de terminer la dégustation des vins anciens et toute le monde est encore sous le charme de bouteilles superbes, dont les beaujolais qui, comme il y a deux ans, ont brillé.

Georges découpe de fines tranches d’un magnifique jambon espagnol avec une dextérité invraisemblable. Pour nous « rincer la bouche » Yves Cuilleron nous sert un Condrieu domaine Cuilleron 2012 très rafraîchissant. Et pendant ce temps, j’ouvre les bouteilles du dîner.

Lorsque j’ai fini, nous passons aux champagnes. Le premier est un Champagne Pommery Cuvée Louise 1981 agréable et qui est mis en valeur par le jambon d’un beau gras.

Vient maintenant la bouteille la plus prestigieuse de mes apports, le Champagne Heidsieck Monopole magnum 1961*. Le bouchon se casse et je suis obligé de le sortir au tirebouchon. La bulle est faible mais le pétillant est présent. Ce champagne me ravit. Sa couleur est très jeune, d’un jaune presque vert. En bouche il est opulent, riche, d’une acidité citronnée parfaite. Quel bonheur ! Sur le jambon, c’est un régal.

Georges sert deux bouteilles de Château Simone blanc 1990 et des amis se moquent gentiment de lui en disant que l’on peut comparer deux versions de ce vin, avec ou sans shaker, tant il a remué le vin dans une carafe. Ce blanc de grande sérénité est au sommet de son art. Il en impose.

Le Pavillon Blanc de Château Margaux 1979* n’a pas le succès que j’espérais, alors qu’il est ce qu’il devrait être, sans doute parce que ce vin est trop loin des vins riches et fruités des belles régions des vignerons.

Nous passons à table. Les truffes ont été généreusement fournies par Hubert Valayer du domaine de Deurre, qui fait commerce de ce précieux fruit de la terre et la cuisine est faite par François Villard, du domaine éponyme, qui a un passé de restaurateur. Le menu est composé d’un bouillon de pot au feu au foie gras et à la truffe, d’une omelette aux truffes, d’un gigantesque pot au feu aux différents morceaux de bœuf et d’une tarte aux pommes.

Le Saint-Joseph domaine Cuilleron 1996 arrive à point nommé car il a un goût de truffe assez spectaculaire.

La Côte Rôtie François Villard magnum 1995 est de son premier millésime. C’est un vin très gourmand, chaleureux, qui s’associe très bien avec le bouillon.

Pour l’omelette, je reviens vers l’Hermitage La Tour Blanche Jaboulet Vercherre 1976. Il est toujours remarquable. Le Saint-Joseph domaine Cuilleron 1983 a été fait par l’oncle d’Yves. Il est un peu fatigué mais chaleureux. Il n’est pas d’une précision suffisante.

Le Chateauneuf-du-Pape du Haut des Terres Blanches 1962 est bouchonné.

Le Chateauneuf-du-Pape du Haut des Terres Blanches 1957 même imparfait se boit correctement. Il manque d’énergie.

Le Crozes-Hermitage Clos des Grives domaine Combier 1990 est le premier millésime de Laurent Combier. Il est superbe. Il est très agréable à boire.

Le Chambolle-Musigny Denis Mortet 1992 a un joli nez. En bouche il n’est pas mal mais il manque de dynamisme et son final est un peu rêche.

Mes notes deviennent de plus en plus succinctes, car le temps fait son travail de sape.

La Côte Rôtie Delas 1982 est un très bon vin.

L’Hermitage rouge Chave 1996 est droit, direct, bon. Il y a une petite acidité qui ne remet pas en cause l’équilibre. Le vin est de grand charme.

Le Château Gruaud Larose 1978 a une belle puissance et beaucoup de structure. C’est un bon vin.

La Côte Rôtie Les Grandes Places Jean-Michel Gerin 1988 a une petite présence viandeuse, mais qui disparaît. C’est le premier millésime de Jean-Michel. Il a un joli fruit mais je trouve que le vin est encore fermé et s’exprimera mieux dans dix ans.

Le Santenay Hautes Cornières de M. Chapelle
1966 est agréable mais mon palais sature. Il a encore un joli fruit.

Le Château Rayas Chateauneuf-du-Pape rouge 1998 a un nez agréable et précis. Il est magnifique et a beaucoup plus de rythme que les vins précédents. Son fruit rouge est beau. C’est un grand vin. Son final est très affirmé.

Le Château Chalon Jean Bourdy 1934* est gigantesque. Tout le monde apprécie ce magnifique Château Chalon d’une grande pureté et d’une force indestructible.

Le Château Gilette crème de tête 1961* est absolument parfait et gourmand. Mais il a un rival.

Le Château Gilette crème de tête 1953 est plus clair, plus safrané. Il est plus léger mais plus subtil. Il sera généralement préféré au 1961. J’aime les deux, le 1961 pour sa force et son gras et le 1953 pour sa subtilité.

Le Château Rieussec 1970 est bouchonné.

Le Condrieu Les Eguets Récoltes Tardives Cuilleron 1993 n’a pas un nez très précis. Il est frais à boire, mais la fin de bouche est un peu amère. C’est difficile pour lui de passer après les deux Gilette.

Le Klein Constantia 1987 est une bonne surprise pour moi car je ne l’attendais pas à ce niveau. Georges qui l’a apporté considère qu’il n’est pas ce qu’il devrait être et ne l’accepte pas comme je l’ai accepté.

Le Marsala 1840, toujours de Georges d’une générosité extrême, a un nez marqué par l’amertume. Il a une très belle acidité. En bouche je ressens l’artichaut et l’œuf, la quinine. Il y a beaucoup de plantes dans ce vin assez amer, bien loin du Marsala 1856 splendide que j’avais ouvert à El Celler de Can Rocca.

Alain Graillot nous ouvre un Rhum 1945 qui affiche 40° mais en fait plus. Il est très pur mais trop strict, manquant de rondeur et de gras.

C’est à ce moment-là que je me rends compte que l’on n’a pas bu le Beaune Grèves Vignes de l’Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 1999* que je voulais offrir à notre groupe. J’avais ouvert ce vin et Georges l’avait carafé. La carafe est là sur la table et il n’est pas question de la boire après un rhum. Georges n’est pas capable de m’expliquer pourquoi il n’est pas bu. Je montre mon agacement et Georges remet le vin carafé dans sa bouteille pour qu’on puisse l’apporter au déjeuner du lendemain. Il verse et nous constatons qu’il manque la moitié de la bouteille. Ce qui veut dire que la moitié de la table en a eu et l’autre non. Pour vérifier si le vin avait un défaut, je me verse un verre. Même après les vins sucrés que je viens de boire, je comprends que le vin est grand. Quel dommage. Je l’emporte avec d’autres vins que nous boirons demain.

Les conversations continuent et nous sommes tous d’accord sur le fait que la qualité des vins anciens s’est beaucoup mieux révélée que celle des vins jeunes du dîner. S’il y avait eu un match, mais nous n’en voulions pas, les vins anciens auraient été déclarés vainqueurs.

Nous félicitons François Villard pour la qualité de sa cuisine, nous remercions Yves Cuilleron pour la chaleur de son accueil. Nous nous rendons en taxi à l’hôtel le Domaine des Vignes à Ampuis tenu par Pascal Clusel qui est à la fois hôtelier et vigneron. Il arbore un large sourire, et son hôtel est d’un agréable et suffisant confort.

Nous venons de passer une journée mémorable avec de grands vins et d’autres que nous oublierons. Le point le plus important de cette journée est la générosité et l’amitié de tous les membres de l’association, dont la nouvelle génération se souviendra car nombreux étaient ceux qui seront les vignerons du milieu de 21ème siècle. Longue vie à « Rhône Vignobles ».

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pour l’apéritif, Georges dos Santos découpe le jambon avec une dextérité impressionnante

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Condrieu La Petite Côte domaine Yves Cuilleron 2012

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Champagne Pommery Cuvée Louise 1981

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Champagne Heidsieck Monopole magnum 1961*

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Château Simone blanc 1990

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un autre Vouvray sec Clovis Lefèvre 1961

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le riesling allemand que j’avais apporté ne m’a pas été servi. Je n’ai pu le commenter

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Condrieu François Villard Le Grand Vallon 2012

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Pavillon Blanc de Château Margaux 1979*

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Condrieu La Loye Jean-Michel Gerin 2012

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Puligny Montrachet Etienne Sauzet 1992 (non bu par FA)

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Saint-Joseph domaine Cuilleron 1996

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Cahors Le Cèdre 1998 (non bu par FA)

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Côte Rôtie François Villard magnum 1995

Hermitage Chave blanc 1995

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Deux Cairanne domaine Delubac 1976 (non bus par FA)

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Chateau La Tour du Pin Figeac 1995 (non bu par FA)

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Saint-Joseph domaine Cuilleron 1983

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Chateauneuf-du-Pape du Haut des Terres Blanches 1962

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Chateauneuf-du-Pape du Haut des Terres Blanches 1957

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Crozes-Hermitage Clos des Grives domaine Combier 1990

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Crozes-Hermitage Clos des Grives domaine Combier 2005

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Chambolle-Musigny Denis Mortet 1992

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Côte Rôtie Seigneur de Maugiron Delas 1982

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Hermitage rouge Chave 1996

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Château Gruaud Larose 1978

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Chateau Branaire 1998

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Côte Rôtie Les Grandes Places Jean-Michel Gerin 1988

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Santenay Hautes Cornières de M. Chapelle 1966

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Château Rayas Chateauneuf-du-Pape rouge 1998

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vin illisible et inconnu (non bu FA)

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Chateauneuf-du-Pape Prestige domaine de la Janasse 2004 (non bu FA)

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Château Chalon Jean Bourdy 1934*

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vin non bu : Chateau Tahbilk Marsanne 1993 (probablement liquoreux ?)

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Château Gilette crème de tête 1961*

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Château Gilette crème de tête 1953

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Château Rieussec 1970

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Condrieu Les Eguets Crème de Tête Vendange Tardive Cuilleron 1993

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Klein Constantia 1987

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Marsala 1840

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Rhum 1945

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Beaune Grèves Vignes de l’Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 1999*

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quelques photos des plats

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Rhône Vignobles – acte 3 – dégustation de vieux millésimes chez Jean-Michel Gerin mardi, 4 février 2014

Le lendemain matin s’ouvre officiellement la réception des clients et relations de « Rhône Vignobles« . Le programme est de goûter des vins anciens des quinze domaines. Les stands sont en fait des barriques sur lesquels sont posés les bouteilles ainsi que les crachoirs. Les vins sont présentés par les membres ou leurs enfants. Mes commentaires sont succincts, car porter un verre, un crayon à bille et un carnet que l’on ne peut poser nulle part, c’est une gymnastique particulière.

Le Cairanne L’Authentique domaine Delubac 1998 a un peu d’amertume mais c’est un vin de belle mâche.

Le Saint-Joseph Les Royes domaine Courbis 2006 est bien fruité et gourmand.

Le Côtes du Lubéron Cuvée du Gouverneur domaine de La Citadelle 2000 a un joli nez. Le vin est léger mais subtil.

Le Crozes-Hermitage Alain Graillot 1996 a un joli nez et une belle matière. Je le trouve dans une période intermédiaire, car il promet de devenir encore plus brillant.

Le Crozes-Hermitage Clos des Grives Combier 1995 a une jolie matière et un final vif. Il est plus fluide que le Crozes-Hermitage Clos des Grives Combier 1990 qui a un peu moins de matière.

Le Saint-Joseph domaine Cuilleron jéroboam 1990 est un peu animal, trahissant une évolution supérieure à ce qu’il devrait. A l’inverse le Saint-Joseph Les Serines domaine Cuilleron 1995 a un nez superbe. Il est goûteux et gourmand, avec une belle longueur et un bel équilibre.

Le Cornas Cuvée Vieilles Fontaines domaine Voge 1991 est généreux, clair, gourmand et épanoui.

Le Coteaux d’Aix Château Revelette 1994 a un nez flatteur. Il est d’une belle fraîcheur. Son beau final est un peu rêche.

Le Vinsobres domaine de Deurre 1989 a un nez superbe et une belle fraîcheur. C’est un vin gourmand de belle fraîcheur. Je l’aime bien.

Le Gigondas domaine de Montvac 1989 est assez rêche. Il n’est pas mal mais il manque un peu de largeur.

Le Chateauneuf-du-Pape blanc domaine Beaurenard 1974 a un nez soufré, mais ça ne dérange pas la bouche qui est d’une belle mâche et d’une belle matière. C’est un grand vin, le seul blanc que je boirai lors de cette présentation.

Le Chateauneuf-du-Pape La Janasse 1978 a un nez superbe et doucereux. Il est d’un bel équilibre et d’une belle mâche. Sur la bouteille que j’ai goûtée le final n’est pas très précis.

Le Chateauneuf-du-Pape rouge domaine Beaurenard mathusalem 1974 a un très joli nez traduisant une belle évolution. La matière n’est pas très épaisse comme le millésime le laisse supposer mais le vin s’anime et se montre charmeur. Il s’améliore dans le verre.

La Côte Rôtie Jean-Michel Gerin 1971 a une petite imprécision. Je le dis à Mikael qui n’est pas d’accord. Alors, je me fais servir d’une autre bouteille et l’écart est spectaculaire, car le vin de cette bouteille est d’une grande clarté, très précis, au top de sa forme.

Je reviens goûter un autre Chateauneuf-du-Pape La Janasse 1978 plus rond, au fruit plus marqué, un très grand vin. A côté de lui, le Chateauneuf-du-Pape La Janasse 1977 s’il est plus tendu, manque de matière ce qui est normal pour son année.

C’est alors que Victor Coulon m’appelle au secours car le bouchon d’un mathusalem de Beaurenard 1998 est tombé dans la bouteille. Comme Superman, je mets ma cape de sauveur de la planète et avec l’aide de Victor, d’un film alimentaire tortillé et noué passant sous le bouchon et mes outils, le bouchon sort entier.

Dans les chais, trois immenses tables sont alignées pour accueillir cent cinquante personnes à déjeuner. Patrick Henriroux, le chef de La Pyramide à Vienne est venu avec son équipe pour faire le repas. Il est temps de passer à table.

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Les vins que j’ai prévus pour Rhône Vignobles mardi, 4 février 2014

Nous allons être nombreux chez des vignerons de Côte Rôtie, Châteauneuf-du-Pape et autres régions. Voici ce que j’ai préparé :

Champagne Heidsieck Monopole magnum 1961

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Zeller Moselriesling U. Pies Söhne 1962

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Domaine De Chevalier Léognan 1952

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Château Carbonnieux rouge 1928

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Moulin à Vent Chevallier 1926

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Moulin-A-Vent Bouchard Père & Fils 1953

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Chateauneuf du Pape Paul Etienne 1943

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Château Chalon Jean Bourdy 1934

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Château Gilette Sauternes 1961

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Pavillon Blanc de Château Margaux 1979

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Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus Bouchard P&F 1999

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Visite et dégustation au siège de Laurent-Perrier mardi, 14 janvier 2014

Au siège de Laurent-Perrier à Tours-sur-Marne, je suis reçu par Alexandra Pereyre de Nonancourt qui m’a invité. Nicole Snozzi qui connait la maison depuis 22 ans me fait faire la visite des lieux. Je mesure pourquoi les architectes sont sollicités par les grandes propriétés viticoles lorsque je visite une salle de maturation. C’est une véritable œuvre d’art, créée par Jean-Michel Wilmotte. Les proportions sont d’un immense raffinement ainsi que le choix des couleurs. Dans les interminables galeries de la cave, je rencontre José, qui tourne de l’ordre de 60.000 bouteilles par jour et m’explique les cycles de rotation du remuage. C’est impressionnant. Nous remontons en salle de dégustation pour goûter quelques rosés.

Le Champagne Laurent-Perrier rosé 2008 est fait de pinot noir. La couleur de pêche est très élégante. La bulle est forte. Les fruits sont très présents et multiples. Il y a une petite amertume dans le final. Quand le vin s’élargit dans le verre, le fruit est plus compoté. C’est un vin gastronomique, qui serait plus plaisant à table qu’en apéritif.

Le Champagne Laurent-Perrier rosé 2006 a la même jolie couleur de pêche. Le nez est plus vineux. L’attaque est plus belle mais la matière est un peu moins consistante. Le final est plus enjoué. Il y a un peu de bonbon anglais. Je préfère le 2008 dans sa rigueur.

Nous sommes rejoints par Jordi Vinyals, Directeur Général Commercial. Le Champagne Laurent-Perrier Cuvée Alexandra rosé 2004 a beaucoup plus de fruit que les précédents, et beaucoup plus de richesse et d’opulence. Il marque un saut gustatif majeur. Il est plus doux et plus voluptueux, fait de chardonnay.

Le Champagne Laurent-Perrier Cuvée Alexandra rosé 1998 a beaucoup de charme. Il est plus assis, avec des fruits plus compotés et confits. Il est plus noble, mais je préfère le 2004, à la vivacité plus nette.

Nous nous rendons au château de Louvois pour déjeuner. La décoration est raffinée. Dans le joli salon, face à la cheminée, j’ouvre le vin que j’ai apporté dont j’espère qu’il créera des fécondations réciproques avec les champagnes que nous allons partager.

Le Champagne Laurent-Perrier Cuvée Grand Siècle magnum fait de 1999, 1997 et 1996 a été dégorgé au 1er trimestre 2012. Il est d’une grande vivacité et d’une grande tension. Je l’aime beaucoup et il correspond à l’image que j’ai de ce grand champagne. Frais, il se boit avec envie.

Le menu est ainsi conçu : fines lamelles de Saint-Jacques aux noisettes torréfiées / joue, jarret et ris de veau braisés, pomme duchesse / parmesan 24 mois, gouda 48 mois et Moliterno aux truffes / chartreuse aux poires.

Le Champagne Laurent-Perrier Cuvée Grand Siècle magnum fait de 1999, 1997 et 1996 a été dégorgé au 2ème trimestre 2010. Alors qu’il s’agit du même champagne, il y a une très grande différence. Le second est plus complexe, plus raffiné, et je serais bien en peine de les départager, même si j’ai un petit faible pour le plus vif servi en premier.

Le Champagne Laurent-Perrier Les Réserves Cuvée Grand Siècle magnum fait de 1995, 1993 et 1990 est strict, précis, noble. Il est à mon goût moins « Grand Siècle » que les deux premiers et Alexandra Pereyre n’est pas de mon avis, car son cœur penche pour celui-ci. Il est servi en même temps que le Côte du Jura Chardonnay 1959 d’Emile Bourguignon à la couleur d’un jaune profond. Le nez de ce vin est une bombe de fruits. En bouche il est d’une invraisemblable longueur. Je suis aux anges et il propulse le champagne, lui donnant plus d’ampleur. Alexandra est plus favorable à boire ses champagnes sans cet accouplement, mais elle convient que la cohabitation est intéressante. Je suis heureux que ce vin du Jura soit aussi grand et s’accorde bien au beau champagne.

Le Champagne Laurent-Perrier Cuvée Grand Siècle Lumière du Millénaire magnum 1990 est un champagne de grande qualité, opulent, riche et complexe et je suis honoré que l’on m’ait fait goûter ces deux champagnes rares. Mais ma préférence ira vers le premier Grand Siècle fait de 99, 97 et 96 dégorgé en 2012, car il est le plus conforme au goût que j’ai acquis du Grand Siècle.

Tous ces champagnes sont grands, frais floraux, nobles et rafraîchissants. Ce sont de « vrais » champagnes.

David a fait un service de grande classe. La charmante cuisinière a réalisé un repas de grande qualité et nous avons bavardé avec elle de cuisine et d’accords mets et vins. Dans une ambiance amicale et généreuse, j’ai pu mesurer toute la grandeur du Grand Siècle, que je connais bien sûr, mais qui se boit encore mieux « en famille », avec ceux qui en ont la responsabilité.

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des bouteilles anciennes

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stock de bouteilles et le responsable du remuage

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dégorgement des rosés

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au château de Louvois

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Déjeuner au restaurant Le Petit Verdot avec Rodolphe Péters jeudi, 19 décembre 2013

Rodolphe Péters va présenter ce soir ses champagnes aux Caves Legrand et a prévu de déjeuner au restaurant Le Petit Verdot. Il invite deux de ses amis et je rejoins leur table avec mon fils. Le Champagne brut blanc de blancs Pierre Péters 1995 a un nez que je commence à trouver un peu bouchonné, ce que la bouche ne confirme pas. Mais contrairement à ces amis, je ne suis pas très à l’aise avec ce champagne que je trouve déviant, c’est-à-dire avec un manque de cohérence entre le nez et la bouche, et des variations trop grandes des saveurs en bouche. On passe du champignon au lacté, de la pâtisserie aux agrumes. Apparemment, cette chamade me gêne beaucoup plus que mes convives plus acquis à la cause de ce 1995. Je persiste à penser qu’il y avait un manque d’équilibre. Mais, comme dirait Aimé Jacquet, les fondamentaux étaient là.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 2004 apporte une confirmation de ce que je pensais, car je m’exclame : « ah, ça c’est du champagne ! », ce qui n’est peut-être pas d’une diplomatie extrême. Bien sûr il est jeune après le 1995 mais il a tellement de grâce et de droiture que je suis aux anges.

Nous prenons tous le même menu : fricassée de champignons et œuf mollet / pintade fermière rôtie, jus de cuisson à la pomme de terre de Noirmoutier / croustillant de pommes, glace à la cannelle. C’est franc, c’est simple, mais c’est gourmand, ce qui manquait à la cuisine du restaurant « Encore ».

Le Château Rausan-Ségla 1990 est une magnifique surprise. Carré, bien assis sur ses jambes, solide, aux tanins d’une grande élégance, ce vin s’exprime d’une façon remarquable. Ce vin est en ce moment dans une phase d’une grâce spéciale et exceptionnelle. Ce qui me plait, c’est que tout est judicieusement ciselé. Nous sommes face à un grand vin. Fort curieusement, le fond de verre senti en fin de repas évoque le café.

Hidé est un hôte chaleureux, dont le français s’améliore nettement. Les rires ont fusé. L’atmosphère était au partage. Le Petit Verdot est un lieu qui est cher à mon cœur.

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Une Romanée Conti 1934 bue avec Aubert de Villaine samedi, 14 décembre 2013

Lors de son arrivée à Paris Bipin Desai m’avait demandé de réserver mon samedi midi pour déjeuner avec Aubert de Villaine. Samedi, c’est le lendemain de ce vendredi 13 où la chance m’a été donnée de dîner avec des vignerons amis. Le vin de Bipin et le mien sont arrivés au restaurant le Cinq du Four Seasons George V il y a deux jours. Je ne connaissais pas le vin de Bipin et je ne savais pas si ce déjeuner à trois aurait un thème ou une justification.

Après une nuit bien courte, je me présente au restaurant à 11 heures, l’heure où les sommeliers prennent leur service, pour ouvrir les vins. Le vin de Bipin est un Richebourg Van der Meulen 1921 sans indication de vigneron. La bouteille est noire, interdisant de voir la couleur du vin, ce qui est une caractéristique de ce négociant belge qui a embouteillé les vins les plus emblématiques. On voit quand même que le niveau dans la bouteille est très convenable. Le bouchon a dû être ciré et il reste encore de la cire sur le haut du bouchon mais pratiquement pas sur le goulot. Le bouchon éclate en mille morceaux lorsque je le soulève, ce qui indique un bouchage très probablement d’origine. La prise est difficile et de petits morceaux tombent dans la bouteille. Le verre est si opaque que je ne peux enlever les miettes qui surnagent. Il est exclu de carafer. Celui de nous qui sera servi en premier devra enlever dans son verre les miettes restantes. Le nez de ce vin est extrêmement sympathique.

Le fait de déjeuner en petit comité avec Aubert de Villaine m’a poussé à choisir une bouteille qu’il faut absolument boire : une Romanée Conti domaine de la Romanée Conti 1934 au niveau très bas. Avec qui d’autre boire une telle rareté, un vin préphylloxérique ? J’ai une grande appréhension au moment d’ouvrir ce vin car le Chambertin Marey & Cte Liger-Belair 1911 d’hier avait un niveau similaire et s’est révélé mort. Ma bouteille va-t-elle connaître le même sort ? La bouteille est recouverte sur la moitié du goulot d’une cire qui a craquelé avec le temps, permettant une évaporation du vin. La qualité du bouchon n’est pas bonne. Le bouchon se déchire en remontant mais j’arrive à tout extirper. Le moment est venu de savoir : morte ou pas morte ? Le nez est gras, un peu dévié, mais il n’y a pas la promesse de mort de la veille. Le vin pourrait revenir à la vie, mais rien n’est sûr. Alors ? Wait and see.

J’attends tranquillement dans le hall où tout respire le luxe. Bipin arrive et dit qu’il aimerait que les vins soient bus à l’aveugle. J’avoue que ça ne me plait pas trop, car des vins fatigués peuvent conduire à des contresens. Aubert de Villaine me prévient par téléphone qu’il aura quelques minutes de retard. La raison : il était en train de lire mon livre et n’a pas vu passer l’heure. De quoi flatter mon orgueil !

Nous passons à table et je commande un Champagne Pierre Péters Les Chétillons 2002 à la couleur très dorée. Il est opulent, plus large que d’autres bouteilles que j’ai déjà bues.

Le menu qui nous est proposé par le maître d’hôtel italien est constitué de plats qui ne sont pas sur la carte. Nous partons à l’aventure : risotto à la truffe blanche d’Alba / homard bleu « pêche au casier » cuit sur sel au goémon, jus pressé au naturel, cœur de fenouil et kumquat/ pigeon façon bécasse avec légumes d’automne.

Jean-François Coche-Dury avait donné hier à chacun de Bipin et moi un Meursault Les Rougeots Jean-François Coche-Dury 1999. Bipin estimant qu’il aurait du mal à remporter ce vin aux USA fait ouvrir le sien. C’est assez invraisemblable de voir la puissance olfactive et gustative de ce vin qui passe en force tout en ayant une précision ciselée remarquable. Il y a du génie dans ce domaine. L’accord avec le risotto est superbe, amplifiant la voix du vin, d’un coffre infini.

Nous buvons les deux rouges à l’aveugle. L’exercice est difficile avec des vins de cet âge aussi est-il inutile de le prolonger. Le Richebourg Van der Meulen 1921 a une couleur d’un rouge sang de pigeon peu compatible avec son âge. On sait que Van der Meulen a été capable du meilleur comme du pire, maquillant des vins comme ce fut le cas d’un Clos de Tart bu avec 55 autres Clos de Tart, qui jurait, tant il n’avait rien à voir avec un vin de ce domaine. Plus récemment, j’avais bu des Romanée Conti des années 20 de Van der Meulen, qui contenaient peut-être un peu de Romanée Conti. Ici, le vin est très agréable, vivant, pur, de belle mâche et l’on peut admettre que le vin est bien un Richebourg car, comme je l’ai indiqué ci-dessus Van der Meulen est aussi capable du meilleur. Aubert de Villaine n’exclut pas que ce Richebourg soit du domaine de la Romanée Conti car il est possible qu’ils l’aient embouteillé sans indiquer le domaine.

La Romanée Conti domaine de la Romanée Conti 1934 a un teint plus terreux. Le nez n’est pas désagréable. Le vin a une concentration extrême, une force incroyable et un final au sucre prononcé. Aubert de Villaine fait appel à ses souvenirs de dégustation et ses souvenirs d’archives. Les vignes à l’époque pouvaient avoir trois cents ans ! La concentration était extrême car les rendements étaient infimes et le sucre résiduel provient du fait que les techniques de l’époque n’étaient pas très précises. Merci pigeon, car le plat fait revivre la Romanée Conti, lui donne de la vigueur, et nous commençons à boire une vraie Romanée Conti. J’avais eu peur, et le Dieu des amateurs de vins a exaucé mes prières. J’ai la chance de boire la lie, presque noire, et je perçois enfin le sel qui signe l’âme de la Romanée Conti. Ce n’est certainement pas la plus ingambe des Romanée Conti, mais elle nous a donné le meilleur de ce qu’elle pouvait. Aubert de Villaine est ravi, ce qui est le principal, et je suis heureux de l’avoir partagée avec lui.

La cuisine d’Eric Briffard est précise, généreuse et rassurante, le service est parfait, supervisé par Eric Beaumard présent un samedi et ravi de voir Aubert et Bipin. Ce déjeuner à trois avec cette Romanée Conti 1934 est un bonheur de plus.

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bouchons en miettes du 1921 et du 1934

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Présentation des 2010 du domaine de la Romanée Conti mercredi, 4 décembre 2013

Comme chaque année Aubert de Villaine vient présenter les vins du domaine de la Romanée Conti vieux de trois ans au siège de la société Grains Nobles et comme il aime à le rappeler, c’est la seule invitation qu’il honore en France, de présenter les vins de son domaine. Dans la cave médiévale au cœur de Paris, il est entouré de Bernard Burtschy et de Michel Bettane.

Il commence à rappeler trois faits marquants de l’année 2010. Après un printemps au début favorable, la floraison s’est faite par un temps difficile. Il y a eu de la coulure et une inégalité de floraison. Il y a eu des raisins dits « millerands » qui ont des grains très petits, en grand nombre, et dépourvus de pépins, ce qui pour Aubert de Villaine va apporter de la qualité. Août a été très mauvais, humide et froid. Mais le raisin a développé des armes pour se défendre : les peaux sont devenues épaisses. Septembre a connu une belle période de chaleur donnant un mûrissement très rapide. Le botrytis n’a pas progressé sauf à partir du 15 septembre sur les chardonnays. Le 22 on a vendangé le Corton et le Montrachet et à partir du 24 dans l’ordre Richebourg, Romanée Conti, La Tâche, Romanée Saint-Vivant, Grands Echézeaux et Echézeaux. Le Vosne Romanée n’a pas été fait en 2010 car jugé peu satisfaisant. Il y a eu environ 20% d’éraflage, ce qui n’avait pas été le cas en 2009.

Nous commençons la dégustation par le Corton Grand Cru Prince Florent de Mérode 2010 dont le domaine de la Romanée Conti est le fermier. La robe est profonde, presque noire. Le nez est riche et l’alcool se sent. La bouche est gourmande, épaisse presque sucrée. Il y a un beau final tannique. C’est un vin costaud, profond. Lorsqu’Aubert de Villaine dit que le vin est aérien, je suis étonné. Aubert de Villaine explique qu’il ne travaille que les vieilles vignes qui sont implantées sur trois climats. Pour l’instant, on regroupe les vins des trois climats et dans dix à quinze ans on vinifiera séparément le Clos du Roi, les Bressandes et les Renardes. Le Corton a moins de fûts neufs que les vins du domaine. Un tiers est éraflé. Dès le reprise en 2008 la démarche bio a démarré.

Avec l’Echézeaux domaine de la Romanée Conti 2010 on change de monde, car on entre vraiment dans le domaine. Le nez est élégant, le vin est beaucoup plus clair que le Corton. La subtilité du parfum est extrême. L’attaque est élégante, joyeuse, fruitée, séduisante. Le final est élégant, raffiné, poivré. Le vin est gourmand et plein de charme.

Le Grands Echézeaux domaine de la Romanée Conti 2010 a un nez plus vineux, plus cerise. Mais il annonce du velours. Le vin est plus strict, très poivré. Il a beaucoup de fluidité, de fruité et de richesse. Il a plus de matière mais il est encore strict quand l’Echezeaux est déjà ouvert. Sa persistance en bouche est forte. Michel Bettane dit que la qualité du raisin est exceptionnelle.

La Romanée Saint-Vivant domaine de la Romanée Conti 2010 a un nez beaucoup plus profond et plus riche. La couleur est très intense et belle, d’un rose sombre. La bouche est très belle, très caractéristique, avec une belle râpe. Il y a beaucoup de délicatesse. Il est plus romantique que le Grands Echézeaux qui est plus puissant. Sa délicatesse est remarquable. Michel Bettane insiste sur le fait que le vin n’est pas réduit et cela vient de la qualité de la mise en bouteille, faite au bon moment, en lune descendante mais surtout avec de hautes pressions atmosphériques. Le vin est élégant, d’agréable densité. C’est un aristocrate. Il est à un moment de sa vie qui est charmant. Aubert de Villaine utilise deux mots : féminin et monastique. Les vignes de Marey-Monge ont été reprises en fermage en 1966 puis achetées plus tard.

Le Richebourg domaine de la Romanée Conti 2010 a un nez moins facile à comprendre. Le vin est très complexe et fort. Le rose d’un rubis clair est très beau. Le vin est fort, puissant, ouvert, épicé, plus fonceur et en même temps très fluide. Il se cherche un peu, il est moins équilibré que la Saint-Vivant. Il est plus nerveux et l’on sent un potentiel qui ne demande qu’à s’exprimer. Il y a deux climats dans le Richebourg, un qui fait les deux tiers et qui s’appelle simplement Richebourg et les Veroilles qui fait le troisième tiers.

La Tâche domaine de la Romanée Conti 2010 a une robe plus profonde. Le nez est relativement peu précis. En bouche, on est loin de l’idéal, avec de l’acidité, de l’amertume. Le vin est assez ingrat, d’un plaisir limité. Le vin est « crunché », réduit. En remuant fortement le verre, on voit apparaître la profondeur d’un fruit noir bien riche. Même s’il est rigide, on voit la promesse et la persistance extrême. Nous apprenons que notre bouteille est nettement moins bonne que l’autre servie.

La Romanée Conti domaine de la Romanée Conti 2010 n’en apparaît que plus grande, tant le contraste est sensible. Le nez est vraiment Romanée Conti. Tout ici est dosé à la perfection. Tout est suggéré. Michel Bettane dit que cette Romanée Conti est parfaite. Il signale le poivron dans le final qui pour lui est une signature. Le final est salin et c’est le seul des rouges dégustés qui a cette trace saline. Il est parfait car tout ici est assemblé et cohérent. C’est l’équilibre. Il est soyeux, velours, porteur d’extase. Il est subtil et de belle râpe.

J’en profite de faire un nouveau round de verres mieux aérés. La Romanée Saint-Vivant est superbe de rondeur et de charme, le Richebourg est très en force et poivré, La Tâche s’est ouverte mais a une signature de réduction. La Romanée Conti enfin est formidable, offrant l’équilibre mais aussi le mystère. Elle est grandiose et de grande pureté. Michel Bettane suggère l’églantine et c’est vrai. C’est l’églantine plus que la rose et un sel tout frais.

Le Montrachet domaine de la Romanée Conti 2010 a été très touché par le botrytis. Il a donc été vendangé très tôt. Le nez est difficile à apprécier. Le vin est étonnamment léger et s’affirme assez peu, mais on sent qu’il est sur le frein à main, car il est servi froid. Michel Bettane signale l’élégance de son boisé. Il y a du miel, de la poire et des fruits blancs, un peu de lactique. C’est un grand vin dont l’élevage est fait en deux temps égaux, en fûts neufs et en fûts d’un vin, c’est-à-dire ayant servi déjà, mais une seule fois. En comparaison selon Aubert de Villaine, le 2008 est plus dans le miel et plus sensuel et le 2010 a plus de vivacité. La persistance du 2010 est belle. Je sens un peu de miel et de fruit confit. Il y a un grand équilibre de fraîcheur et de vivacité.

Les trois vins qui ressortent nettement de cette dégustation sont la Romanée Conti, très grande, la Romanée Saint-Vivant particulièrement réussie et le Montrachet pour ses qualités intrinsèques mais non encore totalement exprimées. Goûter les vins du domaine avec les explications d’Aubert de Villaine et les commentaires avisés de Michel Bettane, c’est un plaisir et un privilège.

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Dîner qui suit la présentation des 2010 de la Romanée Conti mercredi, 4 décembre 2013

Selon la tradition, après la présentation des vins de la Romanée Conti, Pascal Marquet, dirigeant de Grains Nobles retient à dîner Aubert de Villaine, Bernard Burtschy et Michel Bettane, plus deux ou trois amis, dans les locaux de son restaurant tenu par un couple chaleureux et authentique.

Nous commençons par un Champagne Brut Grand Cru Egly-Ouriet millésime 1999 qui a passé 109 mois en cave et a été dégorgé en août 2009, issu de vieilles vignes d’Ambonnay. Je suis stupéfait par la complexité de ce champagne riche, prenant possession du palais. On a un irrésistible besoin d’y revenir tant il est gourmand. C’est une petite merveille.

Le vin suivant est un vin de garage, ce qui est inhabituel en Californie. C’est un La Côte, santa Rita Hills Pinot Noir Domaine de La Côte Lompoc Californie 2011. Il n’a été fait que 99 caisses de ce vin confidentiel. Il est des moments où je me félicite de ne pas être dégustateur professionnel, car ça me permet d’éviter de tels vins qui, pour moi, n’ont absolument aucun intérêt. Il n’y a aucun bord d’attaque qui permettrait d’y trouver du plaisir.

(l’épisode qui suit est aussi raconté dans un autre message. Il est ici en italique)

Le vin suivant est découvert à l’aveugle. Il faut en être témoin pour le croire. Le vin est trouble, sans doute remué, d’un rouge sang coupé de rose. Il est beaucoup trop froid. Bernard et Michel annoncent tout de suite pinot noir et à la question de la région, c’est Bernard qui lance le premier la région Bourgogne. Michel est le premier à lancer Côtes de Beaune et Bernard acquiesce. Michel a en tête Volnay. Le premier à lancer une année – et il n’y en aura pas deux – c’est Bernard qui dit 1985 et c’est 1985. On lui demande pourquoi et il répond : « parce que 1985 est la seule année équilibrée des années 80″. Bien. On s’égare un peu vers Pommard, sans y croire, et le tir se rapproche de Corton et l’ami approuve. Michel dit : je verrais bien Chandon de Briailles et ça doit être un Bresssandes.

Bernard dit Clos du Roi et l’ami confirme à Bernard : « c’est effectivement Clos du Roi Chandon de Briailles « . Michel dit : « c’est curieux, parce que pour moi, c’est le style d’un Bressandes ». Et l’ami pour détromper Michel soulève le cylindre qui cachait l’étiquette, regarde et pousse un cri de stupeur : « oh, ça alors, je croyais avoir pris un Corton Clos du Roi, car je voulais faire un clin d’œil à Aubert de Villaine qui fait un Corton sur les terres de Mérode dont une partie est en Clos du Roi et je me suis trompé en la prenant ».

Si on me racontait cette histoire, j’aurais du mal à la croire. Assis entre ces deux géants de la dégustation, je hochais la tête de droite à gauche comme le spectateur d’un match de tennis et j’allais d’émerveillement en émerveillement quand ces deux sommités expliquaient les raisons de leurs choix. Le vin est un Corton Grand Cru Les Bressandes domaine Chandon de Briailles 1985 à la couleur trouble et servi trop froid, découvert à l’aveugle en additionnant ces deux talents. Très doucereux, parfois presque sucré, il était bien vivant et velouté. Un vin au fruit rose ou rouge bien dessiné, frappé d’une infime trace de TCA.

On mesure le fossé himalayesque qui sépare un amateur de vin de ces deux génies, dotés d’une culture qui m’époustoufle en chaque occasion où j’ai la chance de déguster à leurs côtés.

Nous avions commencé le repas sur une délicieuse soupe aux champignons et maintenant, c’est un morceau très tendre de bœuf avec une purée qui accueille un Château Bel Air Marquis d’Aligre magnum 1985 château dont je sais que Bernard et Michel sont deux fanas inconditionnels. Le vin est magnifique de précision, goulu et de bonne mâche.

J’ai envie de quitter la table car j’ai demain un programme très lourd, mais on me retient en disant que je ne peux pas ne pas goûter un Mâcon-Pierreclos « Le Chavigne » domaine Guffens-Heynen 2004. Force est de dire qu’on a bien fait de me retenir, car ce vin est particulièrement généreux et joyeux.

L’ambiance après la dégustation des vins de la Romanée Conti est amicale et décontractée. C’est un plaisir de dîner avec des personnes de si bonne compagnie.

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Invraisemblable journée au siège du champagne Péters avec 20 vins différents dont des raretés absolues samedi, 23 novembre 2013

Cela faisait longtemps que nous voulions nous retrouver ! J’arrive à Mesnil-sur-Oger au siège du champagne Pierre Péters. Rodolphe Péters me propose de déguster les vins clairs de 2013. Je me suis déjà livré à cet exercice dont l’idée me plait. Nous faisons cette dégustation dans les chais.

Le vin clair Les Monts Martin au Mesnil 2013 se présente à l’œil comme un jus de citron un peu trouble, marqué de deux gouttes de lait. Il en sera de même des autres. Le vin évoque le citron, les fruits blancs, la craie. Il est surtout citron.

Le vin clair La Fosse à Avize 2013 est plus austère. Sa structure est différente. Il est plus gras, plus riche mais moins tendu. Il est plus pamplemousse que citron. S’il est plus gras et ample, cela vient du profil du vignoble me dit Rodolphe Péters qui évoquera au fil de la dégustation les caractéristiques des parcelles, telles que l’orientation, l’ensoleillement et la composition du sol.

Le vin clair Les Bellevues à Oger, côté Mesnil 2013 a une attaque superbe, plus généreuse de pomelos. Il y a aussi un côté floral, fleur d’oranger. Il est très élégant avec un beau final. Très généreux.

Le vin clair Les Chemins de Chalons à Cramant 2013 a une attaque très fraîche suggérant la menthe. Il y a des fruits blancs. C’est celui qui a la plus belle palette de fruits et fleurs blanches avec un bel agrume, le pamplemousse. Il a plus d’acidité car ce vin n’a pas fait sa fermentation malolactique. Il a des épices douces.

Le vin clair Les Chétillons de Mesnil-sur-Oger 2013 est pétillant. Il a des fruits blancs. L’agrume est peu marqué. Le fruit est plus confit. Je dis : « c’est le plus difficile à comprendre » et cette formule plait à Rodolphe Péters car il est à juste titre fier de ce vin.

Rodolphe Péters m’apporte deux vins sans me dire de quoi il s’agit.

Le premier vin a un nez très précis, une attaque très douce, calme. Seul le final est citronné.

Le second vin a un nez plus large que précis. L’attaque est plus rêche mais il a plus de matière. Le final est moins long et sans agrume.

Rodolphe Péters m’explique que le premier vin a été élevé avec une levure saccharomyces et que le second a été élevé avec une levure torulaspora puis saccharomyces. Le premier n’a eu qu’une levure alors que le second en a eu deux.

Le premier est plus droit et le second plus large. J’avoue bien volontiers que cette expérience me passe un peu au dessus de la tête.

Le vin que je goûte maintenant est le Brut Sans Année de réserve. Il est fait avec 50% de brut sans année de l’année précédente plus 50% de vin de l’année. Le Brut Sans Année de réserve a commencé en 1988. Ce vin est beaucoup plus rond, car il est plus ancien. Il a un bel équilibre mais il manque un peu de final.

Nous allons maintenant à la salle de dégustation pour continuer notre voyage. Rodolphe Péters me fait goûter le Champagne du centenaire de la maison Pierre Péters. Il y a des vins de l’arrière-grand-père, le 1921 et le 1937. Des vins du grand-père 1947, 1959, 1966. Des vins du père de Rodolphe, 1969, 1973, 1976, 1979, 1982, 1985, 1988, 1990, 1995, 1996. Cet assemblage représente un tiers du vin. Le deuxième tiers comprend les 2000, 2002, 2004 et 2008. Le troisième tiers est fait de 2010. Ce qui me surprend, c’est que Rodolphe Péters ne l’a pas encore bu. Il le découvre donc avec moi. Quel honneur !

Le nez est très intéressant car multiple. Il y a une évocation de fenouil. En bouche c’est très jeune, marqué par du caramel au beurre salé. C’est la patine des vieux vins. Rodolphe Péters dit que l’impact de la levure est trop présent. C’est un vin très curieux, très intéressant mais pas concluant. Il y a probablement trop de 2010 qui brouille le message des plus vieux témoignages des vins de cette maison.
Nous passons ensuite à des vins plus conventionnels. Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 2006 a un nez un peu lacté. L’attaque est brillante et riche, avec du lait et du beurre. Le vin est très long, avec deux caractéristiques : caramel et mandarine.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 2005 a un nez plus racé, plus champagne. Il y a plus de tension mais moins d’opulence. Il est plus champagne que le 2006 mais le 2006 va évoluer. Le 2005 a de l’amande et de la mandarine, ce qui est caractéristique des Chétillons.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 2004 est dans une phase qui ne plait pas à Rodolphe Péters. Le nez est très minéral, la bouche est lactée, beurre et noisette. Rodolphe pense qu’il y a trop de coing et pas assez d’agrumes et que le fruit est un peu éteint. Je trouve que c’est un grand vin mais pas très pétulant.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 2002 a beaucoup plus de tension. Le nez est vineux. Le vin est carré, solennel, très grand. L’équilibre est minéral avec du pamplemousse. Le vin est de grande longueur. Il est grand.

Entretemps, le vin du centenaire s’est assemblé. Il est beaucoup plus serein, large avec un final de lait et de caramel. Et le 2002 s’ouvre aussi, offrant la mandarine caractéristique du Chétillons.

Rodolphe présente maintenant un vin qui s’appelle Champagne Pierre Péters « Réserves Oubliées » un vin créé pour Michael Edwards, poète et membre de l’académie française, qui voulait un « goût anglais ». Seules 60 bouteilles ont été faites. La base est la réserve perpétuelle vieillie un an en cuve. La base est de 2007 et les vins plus anciens, mis en cuve en 2009 et gardés quatre ans en cave. Le vin est très bon, plein et effectivement, on a une impression de boisé. Il est beau, chaleureux, minéral, très pur, joyeux et gourmand. Du grand champagne.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 1997 a un parfum fort prégnant. Il a un côté très agréable et complexe, dans beaucoup de directions. Lacté, foin, grillé.

Le centenaire continue de s’épanouir, et du floral apparaît.

Après cette dégustation d’un rare éclectisme et avec des vins originaux, nous nous rendons au restaurant Les Avisés où nous sommes accueillis par Anselme Selosse qui ne restera pas avec nous. Je vais saluer Nathalie qui va servir notre repas et Stéphane Rossillon, le chef avec qui j’avais partagé des moments mémorables il y a quelques mois. Le menu affiché sur l’ardoise est : l’œuf mollet et son velouté de champignons, châtaignes au curcuma / suprême de volaille fermière au citron, endive rôtie au piment d’Espelette, cocos de chevriers aux aromates / mousse au chocolat tiède à l’orange.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 1996 a un nez très minéral et très champagne. Le vin, de grande tension et harmonieux a un goût de truffe.

Le Château Chalon Fruitière Viticole de Voiteur 1966 que j’ai apporté a un merveilleux goût de noix. C’est un Château Chalon au sommet de sa plénitude. Il est « énorme ».

Rodolphe Péters, qui n’en est pas à une surprise près à m’offrir a apporté le vin qui est maintenant le plus vieux de sa maison puisque les plus vieux champagnes ont tous été assemblés dans le vin du centenaire. C’est un Vin rouge de Vertus Pierre Péters 1937. Son nez est salin et on ne peut pas ne pas penser aux vins de la Romanée Conti. L’attaque en bouche est très fruitée, de fruits rouges. Le vin est presque sucré, mais son final est salin. La jeunesse du fruit est remarquable. Il a une énergie immense. S’il a des fruits rouges, il a aussi de l’écorce d’orange. Le côté sucré évoque le ratafia.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 1986 a un côté évolué extrêmement plaisant. Le 1966 est charnu, il a du gras et la noix est bien dosée. Il réagit très bien sur l’endive.

Le 1986 paraît jeune à côté du 1937 et du 1966. Il est très agrume frais, peut-être pas très long mais très large.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 1976 est marqué par la noix. Il a une belle évolution, une belle énergie. Il est mordant en bouche, vineux et coquille d’huître. Le pont que je voulais créer entre vin jaune et champagne se trouve idéalement avec ce 1976 mais aussi avec le 1986.

La générosité de Rodolphe Péters est incommensurable. Ce qui est amusant c’est qu’il avait prévu que nous buvions 1996, 1986 et 1976 et que je suis venu avec un 1966. Hasard ?

Je repars sur un petit nuage à Paris. Le dîner de L’Ordre des Dames du Vin et de la Table m’attend au restaurant Laurent. Comment vais-je survivre, je ne sais pas.

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la couleur des vins clairs et la salle de dégustation

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le vin rouge de Vertus de 1937

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le Chateau Chalon 1966

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les Chétillons 1996 et 1986

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nous avons demandé une poêlée de champignons pour accompagner le rouge de 1937

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