Archives de catégorie : vins et vignerons

Grand Tasting – le Génie des Millésimes en 9 mardi, 29 novembre 2016

Traditionnellement le deuxième jour du Grand Tasting démarre par une Master Class Prestige sur le génie du vin. Cette année, le thème choisi par Michel Bettane et Thierry Desseauve est « le Génie des Millésimes en 9 ». Huit domaines seront mis à l’honneur.

Le Champagne Roederer Cuvée Cristal 1999 est présenté par Jean Baptiste Lecaillon chef de cave qui, entré en cette maison en 1989 a fait de 1999 son premier millésime. Il a fait évoluer le dosage de cette cuvée qui avant lui était dosé à 12 grammes. Ce que nous buvons est dosé à 8 – 9 grammes et dans le futur on ira vers 8 grammes. Le vin provient de 45 parcelles en sept grands crus. Il a pratiqué la sélection massale sur près de 300 différents types de pinots. Les 90 hectares sont en biodynamie.

Le champagne a un nez très noble, intense. Le vin est très racé, noisette, toasté, de belle matière. Il n’est pas explosif mais de belle affirmation. Deux mots lui conviennent : élégant et racé. Le finale est beau avec un peu de salin, de craie et d’iode. Le choix qui a été fait est de finesse et de maturité aboutie. C’est vraiment un grand champagne et je me régale en le buvant, y revenant sans cesse.

Le Corton-Charlemagne Domaine Bonneau du Martray 2009 est présenté par Jean-Charles de la Morinière, propriétaire. Sa propriété est de 11 hectares sur le versant ouest de la montagne de Corton ce qui a une influence sur le tempérament des très vieilles vignes. Il y a beaucoup d’érosion lorsqu’il pleut et il faut lutter pour protéger la terre. Le domaine a démarré la biodynamie en 2004. Le propriétaire estime que dès 2009 il a pu ressentir dans le vin ce qu’il attendait de la biodynamie. Jean-Charles parle de l’approche esthétique de la gestuelle en vigne. Il dit de 2009 que c’est une année heureuse dont les climats en toutes saisons ont été parfaits, sans aucune inquiétude, ce à quoi les vignerons ne sont pas préparés !

Le nez du vin a des notes d’alcool. L’attaque est très raffinée et distinguée, avec un peu de lacté. Il y a une belle minéralité. Le vin est distingué et raffiné, avec un finale de grande pureté. Sa persistance aromatique est grande. Le passage du champagne au vin et retour marche idéalement.

Le Châteauneuf-du-Pape Château de Beaucastel, Roussanne vieilles vignes blanc 2009 est présenté par César Perrin qui est l’un des neuf membres de la famille qui dirigent le domaine, tous au même niveau. César est de la cinquième génération des Perrin dans le domaine qui fait cent hectares aujourd’hui. Le vin que nous allons boire provient de deux hectares de vignes plantées en 1909. Cette cuvée a été créée en 1986 juste avant la cuvée Hommage à Jacques Perrin créée en 1989.

Le vin a un nez très profond, percutant. Il est gourmand, puissant mais précis, gouleyant. L’alcool est bien présent. On le sent gastronomique. Michel Bettane parle de nez truffé qu’on ne ressent pas sur la bouteille qui est servie à ma table. Il y a une richesse exotique dans ce vin gourmand et parfumé au finale plein d’énergie. Ces deux vins blancs que tout sépare sont superbes.

Le Clos-Saint-Denis Grand Cru Domaine Charlopin-Parizot 2009 est présenté par Michel Bettane en l’absence du vigneron. Le vin présenté provient d’une parcelle de 15 ares qui donne deux à trois pièces par an. Le nez est opulent, riche, délicieux. La couleur est claire. Le premier contact est difficile après les blancs. Le vin très délicat et équilibré. Tout en lui est finesse. C’est un vin heureux, gourmand et gastronomique.

Le IGT Toscana Montevertine Le Pergole Torte rouge 1999 est présenté par Martino Manetti dont les propos sont traduits de l’italien. Ce vin est fait dans le cœur du Chianti Classico. Il a été créé en 1977 avec le choix d’avoir à 100% le cépage San Giovese, ce qui a conduit à ne pas lui accorder l’appellation Chianti Classico qui interdit le mono cépage. Il est fait de ce vin 15.000 bouteilles par an. La couleur est nettement plus foncée que celle du vin bourguignon. Le nez est difficile à comprendre. L’attaque est gourmande et suave, presque sucrée. Il est astringent, un peu rêche, ce n’est pas un vin de plaisir. Il est très pur, original, mais pas généreux. Il lui faudrait une viande pour s’exprimer. Il ne me parle pas beaucoup.

Le Château Pavie Saint-Emilion 1999 est le deuxième millésime fait sous l’autorité de Gérard Perse, propriétaire, qui le présente. Son domaine de 37 hectares a aujourd’hui 40% de cabernet pour 60% de merlot. A son arrivée le domaine avait 20% de cabernet et son ambition est d’aller vers 50%.

La couleur du vin est presque noire. Le nez est très saint-émilion, très noble. La bouche a une attaque gourmande. Le vin est épais, lourd, insistant, mais en même temps il a de la fraîcheur et de l’astringence. Le vin est expressif, imprégnant, viril et guerrier, sans concession. Thierry Desseauve parle de son élégance et de sa finesse. Je le vois plus dans un registre guerrier. C’est un grand vin.

Le Cos d’Estournel Saint-Estèphe 1989 est présenté par Aymeric de Gironde, le maître de chai. Aymeric a choisi ce 1989 au lieu de choisir le 2009 qui a obtenu 100 points Parker ce qui aurait été une option plus facile. Le nez a une couleur rouge sombre. Le nez est discret. Le vin est très équilibré et concentré tout en étant rond, assez gourmand et appelle la gastronomie. 1989 est une grande année et on le sent, avec cet équilibre entre puissance et élégance. Il devient de meilleur en meilleur. Il a une grande densité, de truffe et de fumé. Il me plait de plus en plus. Aymeric dit qu’à Bordeaux les 1989 passent maintenant devant les 1990.

Le Château Suduiraut Sauternes Crème de Tête 1989 est présenté par Pierre Montégut qui fait le vin sur 90 hectares. Aujourd’hui, le grand vin est fait sur 50% de la récolte et le concept de crème de tête n’existe plus. Le nez est superbe et profond de fruit confit et de pâte de fruit. La couleur est d’un or ambré. Il est magique en bouche. Il est superbe, aérien tout en étant lourd ce qui peut paraître paradoxal. Il est gourmand, avec un fruit immense et une fraîcheur infinie. Ce vin est un miracle. La crème de tête a été faite sur 6 hectares sur les 90. Son fruité est formidable avec de l’orange amère. Sa complexité est grande. Il a fraîcheur, de beaux amers, de l’énergie et de la vivacité.

Dans cette superbe Master Class les vins qui émergent pour moi, au sein de grands vins est : 1 – Suduiraut, 2 – Cristal Roederer, 3 – Corton Charlemagne. Ce fut un grand moment.

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Grand Tasting – dégustation privée iDealwine mardi, 29 novembre 2016

A la fin de la première journée du Grand Tasting organisé par Bettane & Desseauve il y a un événement très apprécié par les amateurs, c’est la dégustation privée iDealwine. Idealwine est très impliqué dans ce beau salon et offre à goûter des vins de grand intérêt à leurs meilleurs clients du « club iDeal ». Ici on ne prend pas de notes, plus occupé à bavarder avec les nombreux vignerons présents et d’autres convives.

Le Champagne Bollinger Grande Année 1985 est définitivement un grand champagne d’une grande année.

Le Château Léoville Las Cases magnum 1982 atteint maintenant une maturité exemplaire. Il est gouleyant, plein et racé.

Le Château Grand Corbin Despagne double magnum 2000 est une belle réussite, l’effet format jouant à plein.

Le Château Doisy-Daëne Barsac magnum 2002 du regretté Denis Dubourdieu est d’une rare élégance, ciselé et joyeux.

La Romanée Saint-Vivant Les Quatre Journaux Domaine Louis Latour 1999 est un grand vin de grande noblesse, mais je suis beaucoup plus impressionné par le Vosne-Romanée 1er Cru les Malconsorts domaine du Clos Frantin Albert Bichot 2014 qui est dans un moment de grâce tout à fait exceptionnel. Il m’a ému.

On ne peut que remercier iDealwine de sa générosité qui permet de boire des vins rares dans de beaux formats.

Grand Tasting – voyage dans l’univers des champagnes Krug mardi, 29 novembre 2016

La Master Class suivante est un « voyage dans l’univers des champagnes Krug » présenté par l’infatigable globe-trotter Olivier Krug qui se consacre avec énergie à la défense et illustration de son noble champagne.

Le Champagne Krug 2003 a une immense élégance. Tout est là dans ce champagne, en précision et mesure. Je le trouve parfait. Tout est équilibré entre amertume et acidité. C’est l’aristocratie du champagne.

Le Champagne Krug 2002 est beaucoup plus iodé, plus droit. Contrairement à ce qui se dit, je préfère le 2003 au 2002 à ce stade de leurs vies. Le 2002 deviendra peut-être plus grand, mais maintenant, la vibration du 2003 est plus forte pour moi.

Nous poursuivons avec le Champagne Krug Grande Cuvée, qui évoque le caramel, très beau vin avec un peu d’épices. C’est un très grand champagne.

On m’a souvent proposé d’associer la musique aux vins dans mes dîners. J’ai toujours repoussé cette idée car le vin est déjà perçu très différemment selon les personnes, tant les goûts sont différents. Associer des musiques, qui elles aussi sont perçues très différemment selon les individus, conduira sans doute à des accords improbables et non consensuels. Aussi suis-je prudent sur ce sujet. Mais Olivier Krug a invité avec lui Jean-Philippe Collard, grand pianiste, dont le père a été le dirigeant des champagnes Philipponnat. Jean-Philippe a donc tété (virtuellement) le champagne pendant sa jeunesse. Il nous fait écouter un enregistrement de Daphnis et Chloé. Je ferme les yeux et tout-à-coup, je suis saisi par la pertinence de l’accord, qui donne une dimension supplémentaire au champagne. C’est envoûtant. L’expérience est réussie au-delà de ce que je pourrais imaginer et Olivier Krug dit que des scientifiques ont mesuré cette influence, la musique et le goût touchant les mêmes zones du cerveau. Jamais je n’aurais imaginé pouvoir être ému de cette façon. Mon plaisir a été décuplé car je me suis enfermé dans ma bulle (sans jeu de mot), faite de musique et de vin.

Le Champagne Krug rosé a une couleur de rose saumonée. Le vin est vineux. Olivier Krug dit qu’une tourte de pigeon faite par Arnaud Lallement serait l’accord parfait sur ce vin. Je le crois sans réserve. Ce Krug est plus vin que champagne même s’il est bien pétillant. Il a besoin d’un plat pour s’exprimer. Il n’a pas un finale suffisamment entraînant.

Je classe : 1 – Krug 2003, 2 – Grande Cuvée, 3 – Krug 2002, 4 – Krug rosé. Ces champagnes appartiennent à l’aristocratie du champagne.

Grand Tasting – atelier gourmet restaurant Pages et champagne Ruinart mardi, 29 novembre 2016

Mon périple se poursuit avec un atelier gourmet où le chef Ryuji Teshima du restaurant Pages cuisine pour le champagne Ruinart.

Le premier plat est : tartare de veau laitier avec œufs de saumon et émulsion de haddock. Le Champagne Dom Ruinart 2004 a une très belle attaque. Il est élégant et fluide, ayant passé dix ans sur lies. Dégorgé en 2015 il a des notes toastées. La mousse de haddock est superbe et crée un accord parfait. L’œuf de saumon avec la viande crue est original et l’accord est osé mais pertinent. Le 2004 a un finale un peu court.

Teshi a ajouté un plat non prévu au programme à base d’un canard cuit à basse température avec un croûte d’épices sur la peau, accompagné d’un cœur de poireau brûlé et des poudres fraîches dont je n’ai pas noté la composition. Le Champagne Ruinart 2009 est fait de 49% de chardonnay et 51% de pinot noir et a passé 7 ans sur lies. 2009 est un millésime solaire. Frédéric Panaïotis nous dit que le Ruinart millésimé ne représente que 1% des volumes de la maison. C’est un extra-brut. L’accord est exceptionnel sur la chair du canard et aussi sur la croûte de peau.

Teshi est venu avec son épouse et aussi le pâtissier qui a une grande sensibilité. Il a créé ce dessert : baba infusé à la vanille et bergamote avec sa crème et zeste de citron jaune confit et crème fouettée. L’accord se trouve avec le 2009 sur l’acidité et l’amertume.

On sent que le chef Teshi et son pâtissier ont magnifiquement travaillé leurs accords.

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Grand Tasting – la signature de la maison Mumm mardi, 29 novembre 2016

La première Master Class à laquelle j’assiste est celle de « la signature de la maison Mumm ». Elle est présentée par Didier Mariotti chef de cave.

Le Champagne RSRV Mumm Blanc de Blancs 2012 est une nouvelle cuvée dont l’approche est de non millésimé mais une exception a été faite pour le millésime 2012 pour exprimer le millésime bien qu’il ne s’agisse pas d’un grand millésime. Les quatre lettres RSRV sont inscrites en très gros sur l’étiquette et veulent dire « réserve ». Le vin est un peu lacté. Il a une belle attaque et une belle vivacité mais un finale plus discret. Le Blanc de Blancs chez Mumm n’était pas vendu et réservé aux amis, d’où l’idée de le nommer ainsi maintenant qu’on le commercialise. A terme, le RSRV va supplanter le Blanc de Blancs. Didier explique la méthode de la demi-mousse qui fait que la pression est de 4,5 bars au lieu de 6 bars, ce qui permet une belle fraîcheur et une plus grande digestibilité. Il y a une onctuosité en milieu de bouche, des agrumes des zestes de citron et un retour de salinité qui donne un goût iodé. C’est un très bon champagne. Je note à ce propos qu’après ma visite des stands, on goûte beaucoup mieux quand on est assis. On perçoit beaucoup plus les subtilités.

Le Champagne Mumm Grand Cordon sans année a un goût plus gras, plus noisette, plus épais. Il est moins vibrant que le RSRV précédent. Il est sur une base 2012 avec 30% de vins de réserve. Je trouve ce champagne un peu lourd.

Le Champagne Mumm millésimé 2008 est fait de 70% de pinot noir et le reste en chardonnay. Je le préfère au Grand Cordon. Il est fait pour la gastronomie avec ses notes de nougat, sa tension et son retour d’acidité en fin de bouche. Il va bien vieillir. Il a un beau finale et une belle acidité.

Le Champagne RSRV Blanc de Noirs Mumm 2008 qui est à 100% en pinot noir a une belle attaque très vive. Il a moins de rondeur que le millésimé 2008 mais je préfère sa vivacité. C’est un vin d’avenir, de grande tension.

Globalement je préfère les deux RSRV, le Blanc de Noirs 2008 devant le Blanc de Blancs 2012, puis le millésimé 2008 devant le Grand Cordon. Cette dégustation est très éclairante sur les nouvelles tendances de Mumm, très intéressantes.

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Grand Tasting – visites aux stands mardi, 29 novembre 2016

Le Grand Tasting organisé par Bettane & Desseauve est un des grands événements pour les amateurs de vins. Aucun autre salon de cette envergure ne permet de goûter des vins prestigieux. Cela tient essentiellement à la confiance et l’estime qui existent entre Michel Bettane, Thierry Desseauve et les vignerons.

Je vais assister à quelques Master Class et à quelques ateliers gourmets, mais la première partie de mon passage à ce salon est consacrée à la visite de stands pour saluer les vignerons que je connais ou découvrir des vins nouveaux. J’ai butiné de stand en stand, me consacrant surtout aux champagnes. Quand on se déplace dans les allées, le verre dans une main et le guide dans une autre, on ne peut prendre que des notes sibyllines.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill 2004 est très beau et charmant, de belle personnalité, tout-à-fait dans la ligne de la grande verticale de ce vin à laquelle j’avais participé à Londres il y a peu.

Le Champagne Drappier Grande Sendrée 2008 a une belle vivacité, très beau et gourmand.

Le Champagne Drappier Carte d’Or 1979 a de l’amertume. Il est un peu évolué. Il est grand et typé. Le finale est beau.

En toute discrétion car on le réserve à quelques « happy few », on me verse le Champagne Moët & Chandon Cuvée MCIII qui est absolument magnifique, d’une rare élégance, et nettement plus grand que le premier essai que j’avais fait à l’occasion du 200ème dîner, au moment où cette cuvée spéciale avait été lancée. C’est vraiment un très grand champagne tout en subtilité.

Le Champagne Alfred Gratien Brut sans année a un peu de caramel et se montre dosé.

Le Champagne Alfred Gratien Blanc de Blancs 2008 est très agréable, c’est un beau vin.

Le Champagne Alfred Gratien Millésimé 2004 avec 64% de chardonnay est agréable.

Le Champagne Alfred Gratien Cuvée Paradis brut 2008 avec 65% de chardonnay est très frais, élégant. C’est un très bon champagne de grande vivacité. Je l’apprécie beaucoup.

Le Chablis Grand cru Les Clos domaine Louis Moreau 2013 a une belle attaque gourmande.

Le Chablis Grand cru Valmur domaine Louis Moreau 2012 me fait moins bonne impression car je le trouve non encore complètement assemblé.

Le Champagne Lanson Extra Age Brut sans année avec 60% de pinot est très agréable.

Le Champagne Lanson Extra Blanc de Blancs sans année est très élégant de belle tension.

Le Champagne Mumm Blanc de Blancs est vif, frais, agréable avec de beaux agrumes.

Le Champagne A.R Lenoble Grand Cru Blanc de Blancs 2008 est très généreux, fort, grand, agréable et gastronomique.

Le Champagne A.R Lenoble Chouilly extra-brut 1996 est superbe. C’est un très grand vin.

Le Champagne Veuve Clicquot Vintage 2008 est superbe et très tendu.

On me sert – en cachette – un Champagne Veuve Clicquot Cave Privée jéroboam 1989 qui est absolument sublime, doux, exceptionnel.

Le Château Destieux Saint-Emilion 2010 a un très beau nez. Le vin est superbe et gourmand, très tonique. Une belle surprise.

Le Champagne Françoise Bedel l’Ame de la Terre 2005 est un extra brut avec 60% de pinot meunier que je trouve un peu dur.

Le Champagne Françoise Bedel Comme Autrefois sans année avec une base de 2003 et 40% de pinot meunier, 40% de pinot noir et 20% de chardonnay est très opulent, superbe, vin très gourmand et typé.

Le Champagne Gonet Médeville 2005 est composé à 100% de pinot noir d’Ambonnay. J’adore ce vin vif, expressif et très grand.

Le Champagne Legras & Haas Les Sillons 2012 est agréable et vif avec des notes de noisette.

Le Champagne Dom Ruinart Blanc de Blancs 2004 est très bon, très consensuel.

Le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 2000 est très grand avec des notes de noisette. C’est un beau vin.

Le Champagne Henriot Cuve 38, champagne fait selon la méthode de la solera est très élégant, plus fin que les Enchanteleurs, mais au finale moins net.

Le Châteauneuf-du-Pape Domaine de Beaurenard Boisrenard 2014 est très gourmand et de plaisir, fait de vignes qui ont cent ans.

Le Châteauneuf-du-Pape Domaine de Beaurenard Gran Partita 2012 est fait de vignes sélectionnées pour leur âge et leur qualité. Cette cuvée spéciale est superbe d’élégance. Ce vin qui est plus élégant que gourmand est fluide, grand, absolument génial.

Le Champagne Deutz Brut Classic sans année est assez classique.

Le Champagne Deutz Cuvée William Deutz 2006 est très agréable.

Le Champagne Deutz Cuvée Amour de Deutz 2007 est un vin à revoir car ce que j’ai bu n’est pas très assemblé.

Le Champagne Laurent Perrier Grand Siècle non millésimé est toujours aussi élégant, vin de grâce romantique. Je l’ai pris pour accompagner des huîtres proposées à un stand de victuailles et la personne qui m’a versé le vin m’a dit que pour les huîtres je devrais prendre le Laurent-Perrier extra-brut. Elle a raison !

En dehors de ces visites de stands où je n’ai fait qu’effleurer ce qui s’offre à la dégustation, j’ai assisté à des master Class et à des ateliers gourmets.

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Dîner à l’Orangerie du château de Beaune avec un éblouissant 1864 samedi, 26 novembre 2016

Après la dégustation des 2015 rouges et blancs de la maison Bouchard Père & Fils, il est temps de trinquer avec un beau champagne pour recalibrer le palais. Les vins étaient grands, mais les blancs difficiles pour moi du fait de leur jeunesse. Nous sommes accueillis à l’Orangerie du château de Beaune par Gilles de la Rouzière président du groupe contenant notamment Bouchard et les champagnes Henriot.

On nous sert le Champagne Henriot Cuve 38 sans année qui est produit selon la méthode de la solera. La première coupe qui m’est servie n’est pas très plaisante, le champagne se présentant comme un peu déséquilibré. Heureusement une autre bouteille donne un vin plus agréable, mais je préfère la Cuvée des Enchanteleurs auquel je suis plus habitué.

Nous passons à table. Je suis à la table de Gilles de la Rouzière avec deux des responsables de Christie’s qui vont conduire la vente des Hospices de Beaune demain, avec Michel Bettane et Bernard Burstchy ainsi que d’autres convives dont un importateur belge des vins de Bouchard.

Le menu qui a été élaboré pour les vins est : gougères et feuilletés / huître en gelée de concombre / sandre rôti garniture meurette et truffe de Bourgogne / terrine de pigeon, topinambour, foie gras et vinaigrette au genièvre / dos de biche rôti, courges, déclinaison d’oignons en texture / plateau de fromages / barre chocolat, crémeux à la griotte.

Le Corton Charlemagne Grand Cru Bouchard Père & Fils 2000 a un nez glorieux. Le vin se caractérise par son ampleur et sa merveilleuse acidité. L’accord avec l’huître et surtout avec la gelée de concombre est sublime. Le vin est transporté par l’accord. Il est large et doré, grandiose car puissant et entraînant. C’est un vin en pleine maturité et accompli. Il respire l’huître et combine puissance et élégance.

Le Corton Charlemagne Grand Cru Bouchard Père & Fils 1955 a du mal à passer après un 2000 aussi extraordinaire. Il lui faut le plat de sandre. C’est la sauce qui magnifie le vin qui n’a pas la puissance du 2000 mais est d’une belle subtilité. Très romantique, gracieux, c’est un grand vin subtil un peu lacté.

Le Clos-Vougeot Grand Cru Bouchard Père & Fils 1999 se présente avec un nez de cendre. C’est un vin très bourguignon qui a besoin du plat. Michel Bettane le trouve très grand. L’accord est brillantissime. Qui dirait qu’une terrine de pigeon avec du topinambour et une vinaigrette irait avec un vin rouge. Bravo aux concepteurs de cet accord que j’adore car il sort des conventions. Avec le plat le fruit de ce vin est fascinant. Il est tonitruant grâce à l’accord génial. Une telle inventivité me ravit.

Le Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus Premier Cru Bouchard Père & Fils 1949 est exceptionnel. On boit du rêve. Le nez est un peu fumé et la bouche est de velours. L’amertume est divine. C’est un vin de recueillement. Il est très subtil et son velouté le rend presque sucré tant il est doux. Mais il aussi du poivre et sa complexité est sans limite. Je suis aux anges.

Le Beaune Clos de la Mousse Premier Cru Bouchard Père & Fils 1864 a une couleur d’une éternelle jeunesse. Pas une seule petite trace de tuilé. Le nez est impérial. Il y a de la rose dans ce parfum mais aussi un fruit imposant. C’est incomparable. Dans le finale il y a du fruit et la fraîcheur du raisin non égrappé. Quelle leçon ! ce vin est parfait et plus grand que le 1949. Il y a du sel et de la rose. On est dans une perfection du style des vieux vins de la Romanée Conti. C’est un moment de grâce totale et c’est le non-égrappé qui donne cette perfection. On se tromperait sans aucun problème de 100 ans si l’on buvait ce vin à l’aveugle. La complexité et la structure sont impressionnants Ce vin est inimaginable. On me sert la lie et cette lie explose de rose. Elle est douce, impensable folie.

Le Malaga 1859 a un nez enivrant. Il est très gras et velouté. Très cerise et pruneau il est divinement porté par le dessert. Ce qui est curieux c’est qu’il a aussi de la rose et de la framboise. C’est un vin de fraîcheur avec un finale sec qui porte la fraîcheur. Il a aussi des accents de raisin de Corinthe. Ce vin est du pur charme.

La générosité de nos hôtes est extrême. Les trois derniers vins, de 1949, 1864, 1859 sont des étapes qui conduisent directement vers le Graal ultime. La cuisine a été parfaite et les accords brillants d’ingéniosité. Ce dîner compte parmi les très grands.

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dégustations des vins de 2015 de la maison Bouchard Père & Fils samedi, 26 novembre 2016

Chaque année à l’occasion de la vente des Hospices de Beaune la maison Bouchard Père & Fils invite ses importateurs, ses agents, des journalistes et des amis à un dîner à l’Orangerie du château de Beaune, précédée par une dégustations des vins du millésime récent. Dans une salle studieuse, nous goûtons des vins de 2015. La tradition veut que l’on commence par les rouges, car « blanc sur rouge, rien ne bouge ».

Le Bourgogne Réserve Coteaux des Moines Bouchard Père & Fils 2015 a un nez très riche. La matière est riche, le finale a de l’acidité mais logique. Le vin est un peu court mais étonnamment riche pour un vin de table. Il est épais.

Le Monthélie Bouchard Père & Fils 2015 a un nez plus complexe et plus raffiné. Il est élégant en bouche et on sent du velours. Le finale est épicé. Le vin est chaleureux et plus épais que ce que j’attendais. C’est un vin agréable mais un peu trop épais pour mon goût.

Le Beaune du Château 1er Cru rouge Bouchard Père & Fils 2015 a un nez discret un peu aqueux. L’attaque en bouche est très belle. Le vin est plus aérien que les deux précédents. Il y a de beaux fruits rouges dans le finale qui est frais et joyeux. C’est un vin très buvable maintenant ce qui me laisse à penser que la vinification est faite pour que les vins soient buvables très jeunes. Est-ce cela ou est-ce l’effet millésime ? Sans doute un peu des deux.

Le Beaune Clos de la Mousse 1er Cru rouge Bouchard Père & Fils 2015 a un nez très profond, très supérieur à celui du Beaune qui précède. L’attaque est très douce, doucereuse. Le finale est très équilibré et flatteur. C’est un vin très agréable à boire maintenant, mais nous verrons dans quelques heures qu’il est aussi buvable avec 151 ans de plus !

Le Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus 1er Cru Bouchard Père & Fils 2015 a un nez délicat et intense. En bouche je reconnais la râpe caractéristiques de ce vin dont j’ai bu beaucoup de millésimes allant jusqu’à 1865. Le vin est magnifique, vin de plaisir. C’est le plus fin des cinq vins bus jusqu’à présent.. Comment peut-il être aussi bon à ce stade ? Apparemment, les 2015 sont à un beau stade de leur vie.

Le Volnay Caillerets ancienne cuvée Carnot 1er Cru Bouchard Père & Fils 2015 a un nez élégant. C’est le plus beau finale à ce stade. C’est un vin élégant, mesuré, équilibré, extrêmement plaisant. Le poivre est dosé. C’est un grand vin.

Le Corton Grand Cru Bouchard Père & Fils 2015 a un nez agréable mais percutant. La bouche est fraîche, fluide et élégante. Il manque un peu de complexité par rapport au Volnay, car c’est le seul à ce stade qui est loin de son épanouissement, ce qui est souvent le cas des grands crus, plus longs à s’affirmer mais au bel avenir.

Le Nuits-Saint-Georges les Cailles 1er Cru Bouchard Père & Fils 2015 a un nez de vin plus ancien et ce n’est pas un défaut, c’est une suggestion. Il a une belle fluidité dans l’attaque et un bel équilibre, gourmand sans être opulent. Le finale est très bourguignon avec une belle râpe. C’est un vin très intéressant car typé.

L’Echézeaux Grand Cru Bouchard Père & Fils 2015 a un nez vineux, droit. L’attaque est flatteuse et ample, large comme celle des vins du début. C’est un vin un peu moins typé que certains autres, dans une phase un peu fermée. Ce vin à gros potentiel doit s’attendre.

Le Chambertin Clos de Bèze Grand Cru Bouchard Père & Fils 2015 a un nez discret que l’on devine élégant. L’attaque est discrète. On sent le que le vin a un fort potentiel mais ne veut pas le montrer. Il est extrêmement raffiné mais en attente.

Ce sont les trois Grands Crus qui sont le plus en retard dans leur épanouissement, ce qui est logique. Je classe 1 – Volnay, 2 – Clos-de-Bèze, 3 – Nuits Cailles, 4 – Enfant Jésus, mais c’est évidemment à ce stade très bambin de leur vie.

Nous passons maintenant aux blancs. Le Bourgogne Réserve Coteaux des Moines blanc Bouchard Père & Fils 2015 a un nez assez riche. Il y a une belle attaque de vin joyeux. Le vin n’est pas complexe, son finale est convenable. C’est un vin trop jeune. A l’aération il devient chaleureux, avec une pointe de caramel.

Le Meursault Village Les Clous Bouchard Père & Fils 2015 a un nez agréable, fluide, l’attaque est plaisante, fluide, légère. Le finale est bien poivré. Ce vin est plus agréable mais les blancs sont quand même beaucoup plus durs à boire que les rouges.

Le Beaune du Château 1er Cru blanc Bouchard Père & Fils 2015 a un nez un peu lacté et évoque la poire. L’attaque est de beau fruit jaune. Il a une belle présence en bouche. Le finale est sur l’acidité, citron et poire.

Le Beaune Clos Saint Landry 1er Cru blanc Bouchard Père & Fils 2015 a un nez discret, élégant. Le vin est fluide, minéral de pierre mouillée. Le finale, comme le précédent est de citron et de poire. Il y a un epsilon de perlant. Il est vraiment très jeune !

Le Meursault Genevrières 1er Cru Bouchard Père & Fils 2015 a un nez de poivre et minéral. La bouche est un peu perlante, cachant un joli fruit. Le vin est frais avec des notes de bonbon anglais, et le finale est aussi de bonbon anglais et de roudoudou. Je me dis que je pourrais mettre presque tous les rouges à ma table sans problème mais que ce serait impossible pour les blancs, beaucoup trop jeunes. Le Genevrières est le plus grand à ce stade.

Le Meursault Perrières 1er Cru Bouchard Père & Fils 2015 a un nez très pur et élégant. L’attaque a du charme. Le vin est pur et de belle charpente. Le finale manque un peu d’ampleur. C’est un vin à attendre.

Le Corton-Charlemagne Grand Cru Bouchard Père & Fils 2015 a un très joli nez de grand vin. Il a une belle acidité, une attaque joyeuse et un finale marqué par acidité et astringence. C’est un vin assez gourmand au finale avec une suggestion de caramel.

Le Chevalier Montrachet Grand Cru Bouchard Père & Fils 2015 a un nez profond de grand vin. L’attaque est gourmande. Le finale un peu perlant est assez discret. C’est un vin qui va s’exprimer brillamment dans le futur.

Le Montrachet Grand Cru Bouchard Père & Fils 2015 a le nez le plus puissant. L’attaque est très gourmande. Le vin est grand. C’est un beau vin. Le finale à peine perlant ne rend pas assez grâce à ce beau vin.

Cette dégustation donne de belles indications. Les blancs sont plus difficiles à boire que les rouges. Plus les vins sont grands, plus ils seront longs à s’ouvrir et à briller. Les vins moins capés sont très précis et agréables à boire. Ces 2015 promettent.

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Dinner of very antique wines in Château de Beaune dimanche, 20 novembre 2016

After the tasting of the 2015 reds and whites of Maison Bouchard Père & Fils, it is time to toast with a beautiful champagne to recalibrate the palate. The wines were great, but the whites were difficult for me because of their youth. We are welcomed at the Orangerie of the Château de Beaune by Gilles de la Rouzière, president of the group including Bouchard and Henriot champagnes.

We are served the Champagne Henriot Cuve 38 non vintage which is produced according to the method of the solera. The first glass which is served to me is not very pleasant, the champagne presenting itself as a little unbalanced. Fortunately another bottle gives a more pleasant wine, but I prefer the Henriot Cuvée des Enchanteleurs to which I am more accustomed.

We go to the table. I am at the table of Gilles de la Rouzière with two of the managers of Christie’s who will lead the sale of Hospices de Beaune tomorrow, with Michel Bettane and Bernard Burstchy as well as other guests including a Belgian importer of Bouchard wines.

The menu that has been elaborated for the wines is: gougeres and puff pastry / oyster in cucumber jelly / roasted pike-perch meurette garnish and truffle of Burgundy / terrine of pigeon, Jerusalem artichoke, foie gras and juniper vinaigrette / Roast back of roast, gourds, declination of onions in texture / cheese plate / chocolate bar, creamy with morello cherry.

The Corton Charlemagne Grand Cru Bouchard Père & Fils 2000 has a glorious nose. The wine is characterized by its amplitude and its wonderful acidity. The combination with the oyster and especially with the cucumber jelly is sublime. The wine is transported by the pairing. It is broad and golden, grandiose because powerful and enthralling. It is a mature and accomplished wine. It breathes the oyster and combines power and elegance.

The 1955 Corton Charlemagne Grand Cru Bouchard Père & Fils is struggling to pass after such an extraordinary 2000. He needs the pike-perch dish. It is the sauce that magnifies the wine that does not have the power of the 2000 but is of a beautiful subtlety. Very romantic, graceful, it is a great subtle wine a little milky.

The Clos-Vougeot Grand Cru Bouchard Père & Fils 1999 presents itself with a nose of ash. It is a very bourguignon wine that needs the dish. Michel Bettane finds it very large. The combination is brilliant. Who would say that a pigeon terrine with Jerusalem artichoke and a vinaigrette would go with a red wine. Congratulations to the designers of this pairing that I adore because it comes out of conventions. With the dish the fruit of this wine is fascinating. It is thundering thanks to the great deal. Such inventiveness delights me.

The Beaune Greves Vigne de l’Enfant Jesus First Growth Bouchard Père & Fils 1949 is exceptional. We drink a dream. The nose is a little smoky and the mouth is velvet. The bitterness is divine. It is a wine of meditation. It is very subtle and its velvety makes it almost sweet. But it also pepper and its complexity is limitless. I’m so happy.

The Beaune Clos de la Mousse Premier Cru Bouchard Père & Fils 1864 has a color of eternal youth. Not a single trace of tile. The nose is imperial. There is rose in this perfume but also an imposing fruit. It is incomparable. In the final there is fruit and the freshness of the unstucked grape. What a lesson! This wine is perfect and bigger than the 1949. There is salt and rose. We are in a perfection of the style of the old wines of Romanée Conti. It is a moment of total grace and it is the unstacked who gives this perfection. One would be mistaken without any problem of 100 years if one drank this wine blind. The complexity and structure are impressive. This wine is unimaginable. The dregs are served to me and this dregs explodes in roses. It is sweet, unthinkable madness.

The Malaga 1859 has an intoxicating nose. It is very fat and velvety. Very cherry and pruneau it is divinely worn by the dessert. What is curious is that it also has rose and raspberry. It is a fresh wine with a dry finish that brings freshness. It also has accents of currant grape. This wine is pure charm.

The generosity of our guests is extreme. The last three wines, from 1949, 1864, 1859 are steps that lead directly to the ultimate Grail. The kitchen was perfect and brilliant chords of ingenuity.

This dinner is among the greatest ones.

dîner de gala de l’Académie du vin de France vendredi, 18 novembre 2016

Après la « paulée » de l’académie du vin de France où tous les vignerons membres font goûter des vins du millésime le plus récemment mis en bouteilles, s’ouvre le dîner de gala de l’Académie du vin de France. L’apéritif dans la rotonde d’entrée du restaurant Laurent avec des canapés goûteux et des discussions débridées s’accompagne d’un Champagne Pol Roger Brut sans année, vin de soif qui donne faim. Il est agréable mais manque un peu de typicité. On peut aussi boire un Champagne Billecart Salmon 2004 plus expressif et goûteux que je bois rapidement car après le long apéritif on nous presse de gagner nos places.

A ma table, je suis à la droite d’Erick Orsenna venu avec ses enfants et à la gauche de Bernard Pivot venu avec sa fille et son gendre. Je vais boire leurs paroles autant que les vins du repas.

Le menu mis au point par le bureau de l’académie avec Alain Pégouret est : oreiller de la belle Aurore / homard rissolé, sauce coraline, blettes et pleurotes / canard de Challans frotté au poivre sarawak et rôti, jus perlé, pommes soufflées « Laurent » / Langres / Pavlova.

Avant que ne débute le repas Jean-Robert Pitte passe le flambeau de la présidence de l’académie à Alain Graillot vigneron de Crozes Hermitage. Vient ensuite un immense plateau porté par deux personnes sur lequel est posé un énorme oreiller de la belle Aurore, plat le plus emblématique de la cuisine bourgeoise car il demande des jours et des jours de préparation pour rassembler sous une cuisson parfaite de l’ordre de vingt-cinq composants dont des gibiers, des foies et des ris. Tous les éléments sont assemblés dans une tourte qui a la forme d’un oreiller. La recette initiale est celle d’Aurore, la mère de Brillat-Savarin.

Alain Pégouret qui s’essayait pour la première fois à ce mythe que maîtrisait Gérard Besson, le talentueux chef qui était le prince des gibiers à plumes, a frappé un grand coup car il a réalisé deux oreillers de 18 à 20 kilos chacun. La pâte qui forme l’oreiller est sculptée de lianes et leurs feuilles, avec le mot « Laurent » imposant en relief. La tourte repart en cuisine pour être découpée et servie froide.

Le repas commence par ce plat émouvant, délicieux, goûteux, voire plombant tant il est riche, heureusement rafraîchi d’une part par une gelée très prononcée et intense mais aussi par le Pinot Gris Clos Windsbuhl Domaine Zind-Humbrecht 2014. La fraîcheur du vin est idéale pour le plat lourd. Les viandes et les abats sont superbes et les notes de litchi, les fraîcheurs minérales du vin, portent le plat pour en faire un délice. Il serait en effet impossible de finir la portion pantagruélique du plat s’il n’y avait la gelée et le pinot gris. L’accord est superbe.

Le Beaune Clos des Mouches Domaine Joseph Drouhin 2008 accompagne le homard. Ce sont la sauce et les épices douces qui la recouvrent dont du safran qui vont créer le lien entre le plat délicieux et le vin. Le vin prend de la chair et de la douceur au contact de cette sauce. Et ce qui est merveilleux c’est la symbiose des deux, sauce et vin. On nous a dit dans les discours de bienvenue qu’il y avait eu des répétitions de ce dîner par le comité en charge du gala. On peut penser que le dévouement de ces saintes personnes a été poussé à l’extrême pour qu’on arrive à de telles précisions d’accords. Dans le cas de ce plat, le Beaune n’existe plus par lui-même, car il est sublimé par la sauce et devient un miracle de douceur.

Le Crozes-Hermitage La Guiraude Domaine Alain Graillot 2006 est d’une rare vivacité. Il a la noblesse d’un Hermitage. On en vient à soupçonner que le nombre de répétitions doit dépasser la centaine car la sauce du canard et le Crozes voguent de concert. La chair du canard est d’une rare tendreté, comme cuite à basse température, la sauce insistante mais fluide appelle le vin et les pommes de terre soufflées, aériennes, au sel exact, font une pause pour calibrer le palais. C’est un régal et probablement le meilleur accord de ce repas.

Le Vosne-Romanée aux Malconsorts Domaine Dujac 2006 est noble, raffiné mais aussi gourmand. L’accord avec le Langres est parfait pour mon goût mais j’ai pu sentir que d’autres convives le vivaient moins bien. Le vin est grand et trouve une dimension nouvelle dans cet accord avec un fromage à peine affiné.

Le Jurançon Quintessence du Petit Manseng domaine Cauhapé 2010 est une fontaine de fruits riches et sucrés. C’est le dessert aérien qui lui donne de la fraîcheur. Là aussi il y a symbiose entre la pâtisserie meringuée adoucie par des fruits exotiques et ce riche liquoreux.

Il est évident que les répétitions ont conduit à une exactitude des accords absolument remarquable. Ce repas est ciselé comme dans un rêve de gastronomie ultime. Et ce qui est étonnant c’est que chacun des vins n’a plus eu de vie propre. Il a vécu avec le plat, devenant le plat. Chaque vin a été sublimé par le plat qui lui a été attaché. C’est une prouesse gastronomique.

Jacques Puisais a commenté les mets et les vins, avec son langage fleuri. C’est une tradition. En fin de repas, j’ai rejoint la « table des corses » où l’on m’a tendu un verre de Chartreuse verte Liqueur du Centenaire absolument délicieuse surtout par les intonations de chartreuses canoniques que n’ont pas les VEP (vieillissement exceptionnellement prolongé).

Toute la brigade de cuisine a été chaudement applaudie. Le guide Michelin devrait se saborder s’il n’accorde pas sans délai une deuxième étoile à Alain Pégouret qui la mérite largement. Le service de table a aussi été applaudi. Un ministre invité qui ne devait pas venir est accouru aux deux tiers du repas quand il a su qu’il y avait un oreiller de la belle Aurore. En cette période de primaires politiques il a fait un discours qui fleurait bon la pêche aux voix.

Ce repas de gala de l’Académie se situe au plus haut niveau de la gastronomie française. Les concepteurs du dîner et Alain Pégouret peuvent en être fiers.

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