Archives de catégorie : vins et vignerons

Dégustation des 2013 du domaine de la Romanée Conti et dîner samedi, 17 décembre 2016

Un taxi londonien aux invraisemblables itinéraires me conduit de mon hôtel à la gare de Saint-Pancras pour prendre d’Eurostar et retourner à Paris. La file d’attente pour passer la douane est impressionnante. Quinze minutes avant le départ on signale qu’un problème de sécurité existe sur le train que je dois prendre. Aucune information sur la date de départ n’est donnée. J’espère que ça ne va pas se passer comme à l’aller où le stress de l’absence d’information m’était insupportable. Fort heureusement le retard n’excède pas le quart d’heure. A Paris, pas le moindre contrôle de douane, ce qui est inquiétant. La gestion de la prise en charge des voyageurs par les taxis est un chef-d’œuvre d’inorganisation. On met à peu près cinq fois plus de temps que si l’on saupoudrait trois grammes de bon sens dans cette opération.

N’ayant pas le temps de rentrer chez moi pour déposer mes valises, je me rends directement au siège de la société Grains Nobles où, comme chaque année, la présentation du dernier millésime mis en bouteilles des vins de la Romanée Conti est faite par Aubert de Villaine lui-même. C’est la seule présentation de ce genre qu’il fait en France, par amitié pour les anciens propriétaires de cette société mais aussi pour les actuels. Pascal Marquet m’accueille avec mes lourds bagages et je vois qu’un américain, Bill, m’a précédé, pour avoir la place de choix à l’une des tables de dégustation, juste en face d’Aubert de Villaine. Etant en avance, j’aurai l’autre place de choix qui fait vis-à-vis.

La dégustation démarre à 19h30 avec des fidèles que je reconnais. A la table des orateurs il y a Aubert de Villaine, entouré de Michel Bettane et Bernard Burtschy. Nous allons goûter les 2013 du domaine de la Romanée Conti. 2013 est un millésime difficile avec un début de saison maussade. Le printemps fut mauvais avec 350 millimètres de pluie contre 200 environ habituellement. Le millésime fut chaotique, surtout au début. Le mildiou fut dur à gérer, avec beaucoup de coulure, de raisins qui filent et des baies qui avortent. On a eu très vite la certitude d’une petite récolte avec une floraison tardive au 25 juin, avec trois semaines au moins de retard. Heureusement le temps fut beau à la mi-juillet. Il y a eu un bel été avec un peu de canicule. Des orages catastrophiques ont affecté la Côte de Beaune qui a subi sa troisième année consécutive de grêles, alors que la Côte de Nuits n’a pas été touchée. A fin septembre il y avait déjà une belle maturité. Le montrachet a été grêlé et a été vendangé en premier à cause du botrytis. Le Corton a été vendangé le 3 octobre suivi de pluies orageuses les 4 et 5 octobre. Les vendanges ont repris le 6 octobre et là, un miracle s’est produit, il a fait froid, ce qui a arrêté le botrytis. La vendange s’est terminée le 13 octobre et on a assisté à une très forte élévation des degrés malgré le froid. Il a fallu beaucoup de tris et la vinification fut facile. La clé de ce millésime, c’est la faiblesse des rendements de 15 à 20 hectares. Il a fallu se battre et la biodynamie a aidé à se battre. Aubert signale qu’il y a eu beaucoup de raisins millerands, c’est-à-dire aux grains très petits, qu’il a fallu trier. Comme chaque année, il y a eu des périodes de grande peur et la nature réserve quelques miracles qui sauvent les récoltes.

Nous avinons nos verres et nos palais avec un Vosne-Romanée Vieilles Vignes Dominique Laurent 2013 et si l’attaque de ce vin est agréable, le final est rêche, âpre, et je ne l’apprécie pas.

Le Corton Grand Cru Prince Florent de Mérode Domaine de la Romanée Conti 2013 est un vin fait par le Domaine de la Romanée Conti depuis 2009. Il y a trois cortons, le Clos du Roy, le Renardes et le Bressandes qui sont vinifiés ensemble et Michel Bettane déconseillerait que l’on en fasse trois crus séparés alors qu’Aubert de Villaine en avait évoqué la possibilité il y a quelques années. Le nez est un peu doucereux. L’attaque est aussi doucereuse. Le finale est de beaux fruits. Le vin est gourmand, bon, jeune et solide. Il a aussi de la pureté et un caractère floral. Il est très bon, déjà sur le fruit.

L’Echézeaux Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 a une très belle couleur. Le nez est noble, pur et discret. L’attaque me surprend tant elle est puissante. Jamais je n’aurais attendu cela. C’est un grand vin un peu poivré qui a une grande finesse dans le finale. Il a un bel avenir mais me surprend d’être si expansif.

Le Grands-Echézeaux Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 a un nez très riche et séduisant. La bouche est plus âpre. Il est plus amer que le précédent. Le toucher de bouche est très proche de celui de l’Echézeaux mais du fait de l’amertume, je préfère l’Echézeaux.

La Romanée Saint-Vivant Grand Cru « Marey-Monge » Domaine de la Romanée Conti 2013 a un nez très puissant. L’attaque est agréable. Ce vin est fait de densité et de charme. J’aime ce vin qui va bien vieillir mais il n’a pas la grâce romantique que j’aime tant. Je suis d’ailleurs un peu troublé car les trois vins à ce stade sont de solides guerriers, ce qui n’est pas leur habitude. Est-ce dû à la faiblesse des rendements ? En tout cas, ce sont des vins à attendre vingt ans au moins.

Le Richebourg Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 a un nez impressionnant de richesse. Quelle puissance ! L’attaque est celle d’un fruit immense. Le fruit est fin, précis et joyeux. Le vin est suave, très ouvert. Il combine puissance et finesse. C’est un Richebourg génial qui est en ce moment dans une phase de grâce absolue.

La Tâche Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 a un nez très noble. Le vin est noble et parfait. Qu’est-ce qu’il est bon ! Aubert de Villaine utilisera souvent à son sujet le mot « transparent ». La pureté est incroyable et le vin est fluide. Il est élégant et pour moi très au-dessus des autres.

La Romanée Conti Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 a un nez fin et racé. C’est un vin raffiné. Mais il a plus de gaz carbonique que les autres. Il y a la richesse du fruit, des épices en fin de bouche mais il est moins facile à boire à cause du gaz. Le vin est plus salin que les autres. C’est le vin qui est le plus typique du domaine de tous ceux que nous avons bus, mais il n’est pas aujourd’hui prêt à boire contrairement au Richebourg et pas assez amical comme l’est La Tâche. La dernière goutte est hélas la plus belle.

Alors que je défends la Romanée Conti bec et ongles je dois dire que mon classement de ce jour est : 1 La Tâche, 2 Richebourg, 3 Romanée Conti. Il faut prendre rendez-vous dans vingt ans pour que la Romanée Conti prenne la première place.

Le Montrachet Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 est d’un millésime à botrytis, mais franchement, je ne le sens pas du tout. Le nez a des accents de pétrole et pas de botrytis. La bouche est sèche, d’agrumes. Michel Bettane dit que le botrytis est très noble, mais je ne le sens pas. C’est un vin qui n’est pas opulent qui n’évoque en rien le gras ou le beurré que l’on trouve souvent. Il est minéral, frais, noble. Il va falloir attendre avant de le boire.

Les discussions sont allées bon train avec des questions extrêmement techniques auxquelles Aubert de Villaine a répondu de bonne grâce avec l’appui de Michel Bettane et Bernard Burtschy.

J’ai été étonné de cette dégustation car la Romanée Conti et le Montrachet sont plus discrets que ce que j’attendais alors qu’à l’inverse les autres rouges sont beaucoup plus exubérants.

Selon la tradition, Pascal Marquet retient quelques personnes à dîner dont Aubert de Villaine, Michel Bettane, Bernard Burtschy, un ou deux amis et Claire Gibourg qui dirigeait Grains Nobles il y a quelques années et vit maintenant à Washington. L’ambiance de ce dîner est toujours sympathique et la nourriture est excellente.

Le Champagne Fallet-Gouron blanc de blancs extra-brut a du mal à passer après ce que nous avons bu, très dur pour un extra-brut et au finale imprécis.

Le Meursault Désirée Domaine des Comtes Lafon 2002 est très agréable, hospitalier, gourmand avec une jolie vibration du fruit. Ce n’est pas un cru classé mais c’est un vin de plaisir bu en l’honneur de Christian, participant habituel de ces dîners et qui apportait quasi systématiquement des vins des comtes Lafon et n’a pas pu être présent.

Le Châteauneuf-du-Pape Clos des Papes 2005 est d’une franchise, d’une lisibilité et d’un plaisir de boire qui est particulièrement appréciable. C’est un bonheur de boire ce vin réussi et gourmand. A mettre à sa table absolument.

Le Coteaux du Languedoc Clos des Cistes Peyre Rose 1995 est une très agréable découverte car les vins de Marlène Soria que j’ai bus sont du 21ème siècle. Ce vin de vingt ans est agréable. Il n’a pas une complexité et une longueur extrêmes mais il a un équilibre entre acidité et amertume qui le rend interpelant et plaisant à boire.

Le Coteaux du Languedoc Mas Jullien 2001 est d’un style qui me plait plus car il y a une complexité et une vibration qui me parlent plus. Le vin est plus vif et agréable.

L’agneau se présente avec des pommes de terre violettes dont la mâche est superbe. Il est temps d’aller dormir car mon séjour à Londres fatigant suivi immédiatement de cette belle dégustation et de ce dîner amical imposent mon repos.

Entendre Aubert de Villaine discuter avec Michel Bettane et Bernard Burtschy et comprendre à quel point ils sont sur la même longueur d’ondes, avec une compétence et une culture infinies est un régal pour moi qui surpasse presque le plaisir de boire ces grands vins du Domaine qui sont loin d’avoir atteint ce qu’ils vont donner dans quatre ou cinq quinquennats.

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Aubert de Villaine et Bernard Burtschy

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Dîner de champagnes au restaurant Garance samedi, 3 décembre 2016

Mon ami Tomo est en train de constituer une cave qui comporte des vins prestigieux. Il me téléphone pour me dire qu’il organise pour des dirigeants du groupe Moët Hennessy un dîner au restaurant Garance dont il est le propriétaire. Il a prévu d’ouvrir de sa cave des magnums de champagnes et me propose de me joindre à ce dîner et d’apporter un magnum de champagne. Je le remercie de sa proposition que j’accepte.

Nous sommes onze dont neuf de l’équipe dirigeante de Moët Hennessy, Tomo et moi. Quelle n’est pas ma surprise de trouver parmi les participants Christophe Navarre, président du groupe, que j’avais vu à la présentation d’un vin chinois au Sénat, et que je connais.

Le Champagne Krug Clos du Mesnil magnum 2000 est un vin extrêmement raffiné. Il est très frais et particulièrement léger. Il ne faut pas en attendre de la puissance maIs de l’élégance. C’est l’aristocratie du vin sur un mode aérien.

Tomo a fait préparer par le chef Guillaume Iskandar un menu très simple, entrée / plat / dessert. Le plat est une pièce de bœuf très goûteuse. Tout à la joie de bavarder avec les convives, je n’ai pas noté le menu mais ce que je sais, c’est que ce fut délicieux.

Sur l’entrée nous allons comparer deux champagnes de la même année. Le Champagne Veuve Clicquot Cave Privée magnum 1980 a été dégorgé en 2008. Le Champagne Veuve Clicquot Carte d’Or magnum 1980 a été dégorgé au moment de sa commercialisation c’est-à-dire probablement autour de 1984. Tous les deux sont de très grands champagnes, beaucoup plus grands que ce qu’on attendrait de 1980. Il y a un avantage déterminant en faveur du dégorgement d’origine, c’est-à-dire le « Carte d’Or ». Car le « Cave Privée » qui paraît plus jeune n’a pas la même tension. Il semble domestiqué alors que l’autre est vif, puissant et extrêmement complexe.

Sur la viande, nous avons aussi deux champagnes. Le Champagne Krug magnum 1979 est mon apport à ce repas, les autres vins étant de la cave de Tomo. Il est servi en même temps que le Champagne Krug Collection magnum 1982 qui est issu d’un dégorgement récent. On pourrait dire en lisant mes bulletins que j’ai une forte tendance à préférer les vins que j’apporte, mais force est de constater que le Krug 1979 est totalement exceptionnel. C’est la perfection d’un champagne vif, d’une tension extrême et d’une race extraordinaire. Sa persistance aromatique est infinie. Le Krug 1982 est aussi un très grand champagne mais comme pour le couple de champagnes précédent, celui qui a été dégorgé plus récemment n’a pas la même tension et la même vivacité que celui qui a été dégorgé lors de sa commercialisation. On est évidemment dans l’élite du champagne et la trace en bouche de ces champagnes est extrême. Mais l’avantage est au 1979 et c’est d’autant plus remarquable que j’ai tendance à considérer, dans l’absolu, que 1982 est un millésime plus grand que 1979. Cette paire de Krug est d’un niveau rare.

Le Champagne Moët & Chandon Grand Vintage Collection magnum 1959 est un vin que Tomo et moi avons bu de nombreuses fois. Il est toujours un grand Moët. Mais comme l’expérience que nous faisons permet de le remarquer, ce 1959 dégorgé il y a moins de 20 ans n’a pas le tonus et la force qu’aurait le même vin dégorgé au moment de sa mise sur le marché.

Tomo a acheté un Comté de 48 mois et je lui avais dit que personnellement, sur les vins jaunes, je préfère ne pas aller au-delà de 18 mois, car les Comtés très affinés sont trop forts. Or ce Comté est remarquable, avec un goût très équilibré et mesuré. Tomo a eu raison de le choisir. Il crée avec le Château Chalon Jean Bourdy 1928 un accord classique, attendu mais idéal. Le 1928 est d’une fraîcheur et d’une jeunesse incroyable avec un persistance aromatique que l’on attend de ces vins puissants et imprégnants.

Tomo a tellement envie de nous faire plaisir qu’il fait ouvrir un Champagne Krug Private Cuvée magnum sans année qui doit être des années 60. Ce champagne est celui qui a précédé la Grande Cuvée actuelle, le champagne le plus élaboré de Krug puisqu’il est le fruit d’assemblage d’innombrables vins. Ce champagne est exceptionnel. C’est la quintessence de l’esprit Krug. Il est racé mais aussi charmeur. C’est un très grand champagne de maturité assumée. Il est noble et complexe. C’est fou ce que l’âge apporte aux champagnes Krug.

Infatigable, Tomo fait servir le Château d’Yquem magnum 2007. Il est jeune, de couleur très claire, mais il a une très belle prestance avec un botrytis élégant. On peut le boire ainsi, mais il s’épanouira avec quelques décennies de plus.

Comme si cela ne suffisait pas Guillaume Muller, le directeur sommelier nous apporte une Chartreuse V.E.P. dans un format supérieur au magnum. Voilà au moins une bouteille que nous n’avons pas finie !

L’ambiance fut très amicale et enjouée. Les conversations passionnantes m’ont empêché de retenir des détails sur chaque vin. La série alignée par Tomo est spectaculaire. Les gagnants sont, pour mon goût : 1 – Krug 1979, 2 – Krug Private Cuvée, 3 – Veuve Clicquot Carte d’Or 1980, ce qui correspond aux dégorgements d’origine. Cette dégustation a beaucoup intéressé Christophe Navarre. Grâce à Tomo nous avons passé une soirée mémorable.

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Dinner of champagnes organized by my friend Tomo for the staff of Moët Hennessy samedi, 3 décembre 2016

A friend of mine, Tomo, is Japanese. He attended for the first time one of my dinners in which he had the extreme surprise to enjoy a 1791 Constantia of South Africa which was not programmed and was a gift from the widow of Jean Hugel because Jean was a very close friend to me. Since then we became friend and whenever we want to open a mythic bottle, we do it together, trying to balance our inputs. One year ago we had bought together a 1929 DRC Gaudichots which we drank with Aubert de Villaine and last week we have decided to buy together a 1943 Romanée Conti (prephylloxeric) which we will drink together in a few weeks.

Tomo is creating a wine cellar with prestigious wines. He phones me to tell me that he organizes a dinner for the leaders of the group Moët Hennessy at the restaurant Garance of which he is the owner. He planned to open from his cellar magnums of champagnes and offered me to join in this dinner and asks me to bring a magnum of champagne. I thank him for his proposal, which I accept.

We are eleven of whom nine from the management team of Moët Hennessy, Tomo and I. I was surprised to find Christophe Navarre, the chairman of the group, whom I had seen recently at the presentation of a Chinese wine « Ao Yun » in the Senate, and whom I know, among the participants.

The Champagne Krug Clos du Mesnil magnum 2000 is an extremely refined wine. It is very fresh and particularly light. We must not expect power but elegance. It is the aristocracy of wine in an aerial mode.

Tomo had Chef Guillaume Iskandar prepare a very simple menu, starter / main course / dessert. The dish is a very tasty piece of beef. Being concentrated on the joy of chatting with the guests, I did not note the menu but what I know is that it was delicious.

On the entrance we will compare two champagnes of the same year. The Champagne Veuve Clicquot Cave Privée magnum 1980 was disgorged in 2008. The Champagne Veuve Clicquot Carte d’Or magnum 1980 was disgorged at the time of its delivery on the market that is to say probably around 1984. Both are very great champagnes, much bigger than we would expect for 1980. There is a decisive advantage in favor of the original disgorgement, that is to say the « Golden Card ». For the « Cave Privée » which looks younger does not have the same tension. It seems domesticated while the other is vivid, powerful and extremely complex.

On the meat, we also have two champagnes. The Champagne Krug magnum 1979 is my contribution to this meal, the other wines being from Tomo’s cellar. It is served at the same time as the Champagne Krug Collection magnum 1982 which comes from a recent disgorgement. One could say by reading my bulletins that I have a strong tendency to prefer the wines that I bring, but it is clear that the Krug 1979 is totally exceptional. It is the perfection of a vivid champagne, an extreme tension and an extraordinary breed. Its aromatic persistence is infinite. The Krug 1982 is also a very large champagne but like the previous pair of champagnes, the one that has been disgorged more recently does not have the same tension and the same vivacity as that which was disgorged just before its marketing. The two are obviously in the elite of the champagne and the trace in mouth of these champagnes is extreme. But the advantage is for the 1979 and it is all the more remarkable because I tend to consider, in absolute, that 1982 is a vintage bigger than 1979. This pair of Krug is of a rare level.

The Champagne Moët & Chandon Grand Vintage Collection magnum 1959 is a wine that Tomo and I have drunk many times. He is always a great Moet. But as the experiment that we do makes it possible to notice, this 1959 disgorged less than 20 years ago does not have the tone and the strength that would have the same wine disgorged at the time of its placing on the market.

Tomo bought a Comté of 48 months and I told him that personally, on yellow wines, I prefer not to go beyond 18 months, because the comtés very refined are too strong. This comté is remarkable, with a very balanced and measured taste. Tomo was right to choose him. He created with the Château Chalon Jean Bourdy 1928 a classic agreement, expected but ideal. The 1928 is of an incredible freshness and youth with an aromatic persistence that one expects from these powerful and impregnating wines.

Tomo has so much desire to make us happy that he makes open a Champagne Krug Private Cuvée magnum with an age which must be around 60 years. This champagne is the one that preceded the Great Cuvée today, the most elaborate champagne of Krug since it is the fruit of assemblage of innumerable wines. This champagne is exceptional. This is the quintessence of the Krug spirit. It is racy but also charming. It is a very large champagne of maturity assumed. It is noble and complex. It’s crazy what age brings to the Krug champagnes.

Tireless, Tomo serves the Château d’Yquem magnum 2007. He is young, very clear in color, but he has a very beautiful presence with an elegant botrytis. You can drink it, but it will flourish with a few more decades.

As if that were not enough Guillaume Muller, the sommelier director brings us a Chartreuse green V.E.P. In a format larger than magnum. Here is at least one bottle that we have not finished!

The atmosphere was very friendly and cheerful. The exciting conversations prevented me from retaining details about each wine. The series lined up by Tomo is spectacular. The winners are, for my taste: 1 – Krug 1979, 2 – Krug Private Cuvée, 3 – Veuve Clicquot Carte d’Or 1980, which corresponds to the disgorgements of origin.

This tasting was of interest to Christophe Navarre. Thanks to Tomo we had a memorable evening.

(the pictures can be seen on the same article in French – see above)

2ème rendez-vous des vins matures à l’hôtel Shangri La mardi, 29 novembre 2016

Hervé Bizeul, le vigneron du Clos des Fées, a eu l’idée de rassembler un groupe de 15 vignerons pour présenter à un public d’amateurs des vins qui sont prêts à boire et non pas de ceux qui sont mis sur le marché. J’ai évidemment applaudi cette initiative tant je suis triste que les amateurs boivent des vins qui ne sont pas encore formés, comme s’ils mangeaient des fraises vertes au lieu de rouges (on peut utilement se reporter sur ce sujet à mon bulletin N° 700). Je me suis mis à sa disposition et j’étais présent à la première réunion à l’hôtel Bristol il y a un an du « rendez-vous des vins matures ». Lorsqu’Hervé a annoncé la deuxième réunion, j’ai proposé d’offrir de ma cave quelques vins anciens à goûter, ne sachant pas comment je ferais, mais pour moi l’important comme disait Pierre de Coubertin, c’est de participer et d’aider cette belle cause.

J’ai choisi en cave plusieurs vins de tous horizons en prenant des vins qui résisteraient aux températures que l’on trouve dans les salles de dégustation.

Le jour venu je me présente à 9h30 à l’hôtel Shangri La de Paris, au salon Napoléon, alors que la réception commence à 11 heures et se tiendra jusqu’à 19 heures. Je n’ai jamais tenu de stand, je ne sais pas du tout comment ça va se passer. Ayant apporté huit bouteilles et trois magnums ce qui fait l’équivalent de 14 bouteilles pour sept heures, l’idée évidente est d’affecter deux bouteilles ou un magnum à chaque heure. Hervé m’avait proposé d’utiliser une salle privée pour une dégustation à quelques-uns à différents moments, mais il m’apparaît d’instinct qu’il vaut mieux se fondre dans l’atmosphère de la salle en tenant un stand comme les autres vignerons.

Pour faire un peu d’humour et ne pas se prendre au sérieux, dans la première demi-heure du salon, le plus grand succès de ma table, c’est son crachoir, car les visiteurs n’ayant aucun repère pour me situer, puisque je ne suis pas vigneron, assaillent les autres tables et trouvent commode de cracher dans ce crachoir disponible. Mais les choses ont changé à une allure extrême. Dès que l’on a su ce que je présentais, ma table est devenue l’une des plus animées. J’ai même été obligé de limiter à deux le nombre de vins que chacun pourrait goûter car si tous les vins étaient accessibles à tous, ils auraient été épuisés en très peu de temps.

Voici le programme à mon stand :

De 11h à 12h Château Brane Cantenac 1978 avec deux bouteilles dont l’une est plus précise que l’autre. Le vin est charmant, agréable, féminin comme un margaux, très convaincant pour montrer qu’un vin de près de 40 ans a encore du fruit, de la vivacité et développe une belle complexité. Il est évident que c’est un vin plus agréable à boire que s’il avait moins de dix ans.

De 12h à 13h Château Tertre Daugay Saint Emilion 1961 avec aussi deux bouteilles qui au nez à l’ouverture montraient des différences mais qui à la dégustation n’en ont plus. Très grand vin sans une once de tuilé, au parfum très délicat et apprécié par tous comme plus grand que le Brane Cantenac car profitant à fond de la grandeur de ce millésime indestructible.

De 13h à 14h Château Haut-Brion rouge Magnum 1992 que j’ai voulu mettre à cette dégustation pour montrer que les années qu’on annonce comme petites peuvent se révéler de vrais trésors quelques années plus tard. Evidemment, cette bouteille a eu beaucoup plus de demande que les autres parce que c’est Haut-Brion. Voir l’étonnement de tous les amateurs lorsqu’il s’aperçoivent qu’il y a une matière imposante dans un vin de 1992 avec un charme certain, j’avoue que c’est un grand plaisir pour moi, car je bouscule les codes.

De 14h à 15h    Château Chauvin Saint-Emilion Magnum 1975 ce vin impressionne moins les foules mais il se montre droit, équilibré, solide, facile à boire avec une belle vibration.

De 15h à 16h    Nuits-Saint-Georges Jean Confuron & Fils Magnum 1971. Le nez de ce vin a mis tout le monde K.O., mais moi aussi ! Ce parfum est une porte qui s’ouvre sur la Bourgogne. On sent le vin et on n’a plus besoin de rien. Toute l’âme de la Bourgogne pénètre nos narines. Pas un visiteur n’a été indifférent à la perfection de ce parfum. Le vin est un peu trouble, la couleur tend vers le rose clair et en bouche tout n’est que douceur. Il est même presque doucereux. Et l’on perçoit dans le finale la rose et le sel, signes distinctifs des vins de la Romanée Conti. J’ai eu du mal à refuser à des récidivistes pour qu’il reste un peu de ce vin pour les autres visiteurs.

De 16h à 17h    Cérons 1961. L’étiquette de ce vin est d’une simplicité totale, sans doute étiquette de caviste. La robe est claire, le niveau est dans le goulot malgré un bouchon court. Le vin est d’une douceur sans égale. Tout le monde est surpris de la palette aromatique de ce vin aux accents d’agrumes frais. Il est adorable.

De 17h à 18h    Château de Montredon Châteauneuf du Pape 1978 que j’ai dû servir bien avant 17 heures tant les visiteurs me supplient de l’offrir. Vif, très puissant, solidement charpenté, c’est un vin de conviction. Il avance à pas pressés. Mais il souffre de passer à côté du Nuits Saint Georges qui a tellement de charme. Un haltérophile fera moins vibrer les cœurs qu’un danseur étoile.

Tout le monde se demandait pourquoi ouvrir de tels vins en une telle manifestation et j’ai confirmé que c’est mon désir d’aider la reconnaissance des vins matures qui me pousse à aider l’initiative d’Hervé Bizeul. Le vin qui a émerveillé les visiteurs c’est le Nuits-Saint-Georges, gigantesque surprise pour tous.

A 18 heures j’ai précipité la dégustation des vins pour que rien ne reste. J’ai donné le reste du Montredon pour le dîner prévu des vignerons car j’étais épuisé par cette journée. Il faut un entraînement que je n’ai pas pour tenir un stand une journée entière.

Ce qui est intéressant, c’est qu’aucune de mes bouteilles ne fut à écarter, et aucun visiteur n’a fait la moindre grimace. J’ai fait face à des étonnements positifs, des divines surprises et à une approbation de cette démarche vers les vins anciens.

Tout à ma tâche, je n’ai pas pu profiter comme il conviendrait des stands des vignerons amis. J’ai bu des vins présentés par Pierre Rolly-Gassmann du domaine Rolly-Gassmann qui a présenté des vins dont un Gewurztraminer 1989 exceptionnel de fraîcheur.

De Philipponnat j’ai bu un champagne de 1995 absolument grandiose, qui m’a requinqué si j’avais une baisse de tonus. De Paul Jaboulet Aîné j’ai bu les Hermitage La Chapelle de 2004 et 1994 (je crois) que j’ai trouvés extrêmement bien construits. J’ai bu un ou deux autres vins, dont un Peyre Rose 2003 tout en grâce, mais on ne peut pas être au four et au moulin. J’avais mon stand, il fallait jouer le jeu.

Le public présent à ce rendez-vous des vins matures est un public averti et ouvert. Les discussions que j’ai eues avec les uns et les autres sont marquées par l’amour du vin et du bon vin. Je ne referai sans doute pas tous les ans une telle prestation, mais savoir que j’ai fait plaisir est extrêmement gratifiant.

Vive les vins matures. Longue vie à ces rendez-vous.

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Le Grand Tasting de Michel Bettane et Thierry Desseauve mardi, 29 novembre 2016

Les sujets qui suivent sur le Grand Tasting sont dans l’ordre inverse de la chronologie, mais on peut les lire à la suite.

Voici ma conclusion :

Globalement, le Grand Tasting est un rendez-vous incontournable des amoureux du vin avec de très grands vignerons, qui ouvrent de très belles cuvées du fait de la relation de confiance et d’estime voire d’amitié qui existe entre eux et Michel Bettane et Thierry Desseauve.

Pour rien au monde je ne raterais ce grand moment de communion avec de grands vignerons et de grands vins.

Grand tasting – atelier gourmet avec Matthieu Pacaud et le champagne mardi, 29 novembre 2016

Le dernier événement auquel j’assiste est l’atelier gourmet de prestigeMatthieu Pacaud le chef des restaurants Ambroisie, Histoires, Hexagone et Divellec a cuisiné pour les champagnes Thiénot présentés par Garance Thiénot.

Ce champagne a été créé en 1985. Le père de Garance était courtier en raisins pour les maisons de champagne. Il a acheté des vignes en 1976 et a aujourd’hui 30 hectares de vignes.

Un œuf coque, sabayon citron et caviar golden accompagne le Champagne Thiénot Cuvée Stanislas Blanc de Blancs 2006. Le nez est agréable et la bouche un peu plate mais le champagne trouve une très bonne vibration avec le plat car étant un peu lacté il voisine bien avec l’œuf et le sabayon.

Le Champagne Thiénot Cuvée Garance Blanc de Noirs 2008 a un nez précis. Le vin est beaucoup plus vif. Il est très agréable et cohabite assez naturellement avec un foie gras caramélisé aux cèpes.

Alors que l’on suggérait d’essayer les deux champagnes sur les deux plats, l’attribution était pour moi évidente du Stanislas à l’œuf au caviar et du Garance au foie gras.

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Grand Tasting – le génie de la Côte-Rôtie mardi, 29 novembre 2016

Une autre Master Class de Prestige est « le génie de la Côte-Rôtie ». Ce vignoble comprend 285 hectares avec une côte brune et une côte blonde, un sud à majorité de schistes et un nord avec des sols plus lourds et de l’argile.

La Côte Rôtie La Mordorée domaine Chapoutier 2011 est présentée par Jean-Baptiste Bacchetta. Le premier millésime de La Mordorée est 1989, année de l’arrivée de Michel Chapoutier au domaine. Le vin est fait sur 5 hectares de la Côte Brune, en plein sud. Le domaine est certifié en biodynamie depuis 2001. Les vins vieillissent 16 mois en fûts dont 30% de fûts neufs.

Le nez est extrêmement élégant et charmeur. La bouche est élégante et le vin est subtil avec de la violette de l’olive, et de la garrigue dans le finale. Il est très plaisant, racé et gourmand. Il a un côté floral. On le boit avec grand plaisir. C’est un vin très grand et impressionnant.

La Côte Rôtie Maison Rouge Domaine Georges Vernay 2010 est présenté par Christine Vernay qui dirige le domaine depuis 1996. Le nez est subtil mais plus discret. L’attaque est très fraîche, avec du cassis doux et de la framboise. Ce vin de douceur est tout en suggestion. Il est incroyablement délicat. On a l’impression de croquer des petits fruits. C’est assez fou, car on a l’impression de croquer un bonbon fourré de fruits dont le fruit explose quand on croque. C’est émouvant et le vin pianote des notes merveilleuse. Je n’ai pas le souvenir d’avoir bu un vin jeune qui explose son fruit aussi génialement.

La Côte Rôtie La Belle Hélène domaine Stéphane Ogier 2007 est présentée par Stéphane Ogier lui-même. C’est en 1997 qu’on a isolé cette parcelle. Le nez évoque l’alcool et le fruit pressé. L’attaque est noble, le vin est d’un bel équilibre et d’un beau finale de fruits d’automne. Il est gourmand. On le sent fait pour la garde. Il va s’épanouir encore. Il est élégant, avec des suggestions de griottes. Il est gastronomique.

La Côte Rôtie La Mouline Domaine Guigal 1999 est un vin de la côte blonde. Il est présenté par Philippe Guigal qui rappelle que le vignoble de la Côte Rôtie a 24 siècles d’histoire. Les murs qui soutiennent les vignes ont été bâtis à l’époque romaine. Les plants de vignes ont 70 ans d’âge moyen, les plus vieux ceps de 1893 sont gardés pour le symbole. Les vins vieillissent 40 mois en fûts de chêne neufs. Les vendanges sont faites à haute maturité. Le vin a 89% de syrah et 11% de viognier pour la complexité aromatique et l’apport textural.

Le vin a un nez très subtil. En bouche, le vin est suave, grand, charmeur. Il est élégant et stylé avec une folle fraîcheur. Au-delà du fruit il est floral. C’est vin soyeux et gourmand, à l’élégance hors du commun.

La Côte Rôtie Domaine Jamet 1991 est un immense cadeau de Jean-Paul Jamet car 1991 est une année magique dans le Rhône. 2016 est le 41ème millésime fait par Jean-Paul. En 1991, il a fait les vendanges seulement en octobre, car c’est son mariage qui a retardé les vendanges. La couleur du vin n’a aucun signe de tuilé. Le nez est joli. Le vin est émouvant et l’âge lui donne des complexités subtiles. Il est fait de vendanges entières. Il combine grâce, équilibre et maturité. Il est fabuleux et émouvant. Ce vin de grande classe ne cherche pas à séduire. Je l’adore.

Ces cinq Côtes Rôties m’ont tellement plu que je n’ai aucune envie de les classer. Elles méritent toutes mes amours.

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Grand Tasting – le Génie des Millésimes en 9 mardi, 29 novembre 2016

Traditionnellement le deuxième jour du Grand Tasting démarre par une Master Class Prestige sur le génie du vin. Cette année, le thème choisi par Michel Bettane et Thierry Desseauve est « le Génie des Millésimes en 9 ». Huit domaines seront mis à l’honneur.

Le Champagne Roederer Cuvée Cristal 1999 est présenté par Jean Baptiste Lecaillon chef de cave qui, entré en cette maison en 1989 a fait de 1999 son premier millésime. Il a fait évoluer le dosage de cette cuvée qui avant lui était dosé à 12 grammes. Ce que nous buvons est dosé à 8 – 9 grammes et dans le futur on ira vers 8 grammes. Le vin provient de 45 parcelles en sept grands crus. Il a pratiqué la sélection massale sur près de 300 différents types de pinots. Les 90 hectares sont en biodynamie.

Le champagne a un nez très noble, intense. Le vin est très racé, noisette, toasté, de belle matière. Il n’est pas explosif mais de belle affirmation. Deux mots lui conviennent : élégant et racé. Le finale est beau avec un peu de salin, de craie et d’iode. Le choix qui a été fait est de finesse et de maturité aboutie. C’est vraiment un grand champagne et je me régale en le buvant, y revenant sans cesse.

Le Corton-Charlemagne Domaine Bonneau du Martray 2009 est présenté par Jean-Charles de la Morinière, propriétaire. Sa propriété est de 11 hectares sur le versant ouest de la montagne de Corton ce qui a une influence sur le tempérament des très vieilles vignes. Il y a beaucoup d’érosion lorsqu’il pleut et il faut lutter pour protéger la terre. Le domaine a démarré la biodynamie en 2004. Le propriétaire estime que dès 2009 il a pu ressentir dans le vin ce qu’il attendait de la biodynamie. Jean-Charles parle de l’approche esthétique de la gestuelle en vigne. Il dit de 2009 que c’est une année heureuse dont les climats en toutes saisons ont été parfaits, sans aucune inquiétude, ce à quoi les vignerons ne sont pas préparés !

Le nez du vin a des notes d’alcool. L’attaque est très raffinée et distinguée, avec un peu de lacté. Il y a une belle minéralité. Le vin est distingué et raffiné, avec un finale de grande pureté. Sa persistance aromatique est grande. Le passage du champagne au vin et retour marche idéalement.

Le Châteauneuf-du-Pape Château de Beaucastel, Roussanne vieilles vignes blanc 2009 est présenté par César Perrin qui est l’un des neuf membres de la famille qui dirigent le domaine, tous au même niveau. César est de la cinquième génération des Perrin dans le domaine qui fait cent hectares aujourd’hui. Le vin que nous allons boire provient de deux hectares de vignes plantées en 1909. Cette cuvée a été créée en 1986 juste avant la cuvée Hommage à Jacques Perrin créée en 1989.

Le vin a un nez très profond, percutant. Il est gourmand, puissant mais précis, gouleyant. L’alcool est bien présent. On le sent gastronomique. Michel Bettane parle de nez truffé qu’on ne ressent pas sur la bouteille qui est servie à ma table. Il y a une richesse exotique dans ce vin gourmand et parfumé au finale plein d’énergie. Ces deux vins blancs que tout sépare sont superbes.

Le Clos-Saint-Denis Grand Cru Domaine Charlopin-Parizot 2009 est présenté par Michel Bettane en l’absence du vigneron. Le vin présenté provient d’une parcelle de 15 ares qui donne deux à trois pièces par an. Le nez est opulent, riche, délicieux. La couleur est claire. Le premier contact est difficile après les blancs. Le vin très délicat et équilibré. Tout en lui est finesse. C’est un vin heureux, gourmand et gastronomique.

Le IGT Toscana Montevertine Le Pergole Torte rouge 1999 est présenté par Martino Manetti dont les propos sont traduits de l’italien. Ce vin est fait dans le cœur du Chianti Classico. Il a été créé en 1977 avec le choix d’avoir à 100% le cépage San Giovese, ce qui a conduit à ne pas lui accorder l’appellation Chianti Classico qui interdit le mono cépage. Il est fait de ce vin 15.000 bouteilles par an. La couleur est nettement plus foncée que celle du vin bourguignon. Le nez est difficile à comprendre. L’attaque est gourmande et suave, presque sucrée. Il est astringent, un peu rêche, ce n’est pas un vin de plaisir. Il est très pur, original, mais pas généreux. Il lui faudrait une viande pour s’exprimer. Il ne me parle pas beaucoup.

Le Château Pavie Saint-Emilion 1999 est le deuxième millésime fait sous l’autorité de Gérard Perse, propriétaire, qui le présente. Son domaine de 37 hectares a aujourd’hui 40% de cabernet pour 60% de merlot. A son arrivée le domaine avait 20% de cabernet et son ambition est d’aller vers 50%.

La couleur du vin est presque noire. Le nez est très saint-émilion, très noble. La bouche a une attaque gourmande. Le vin est épais, lourd, insistant, mais en même temps il a de la fraîcheur et de l’astringence. Le vin est expressif, imprégnant, viril et guerrier, sans concession. Thierry Desseauve parle de son élégance et de sa finesse. Je le vois plus dans un registre guerrier. C’est un grand vin.

Le Cos d’Estournel Saint-Estèphe 1989 est présenté par Aymeric de Gironde, le maître de chai. Aymeric a choisi ce 1989 au lieu de choisir le 2009 qui a obtenu 100 points Parker ce qui aurait été une option plus facile. Le nez a une couleur rouge sombre. Le nez est discret. Le vin est très équilibré et concentré tout en étant rond, assez gourmand et appelle la gastronomie. 1989 est une grande année et on le sent, avec cet équilibre entre puissance et élégance. Il devient de meilleur en meilleur. Il a une grande densité, de truffe et de fumé. Il me plait de plus en plus. Aymeric dit qu’à Bordeaux les 1989 passent maintenant devant les 1990.

Le Château Suduiraut Sauternes Crème de Tête 1989 est présenté par Pierre Montégut qui fait le vin sur 90 hectares. Aujourd’hui, le grand vin est fait sur 50% de la récolte et le concept de crème de tête n’existe plus. Le nez est superbe et profond de fruit confit et de pâte de fruit. La couleur est d’un or ambré. Il est magique en bouche. Il est superbe, aérien tout en étant lourd ce qui peut paraître paradoxal. Il est gourmand, avec un fruit immense et une fraîcheur infinie. Ce vin est un miracle. La crème de tête a été faite sur 6 hectares sur les 90. Son fruité est formidable avec de l’orange amère. Sa complexité est grande. Il a fraîcheur, de beaux amers, de l’énergie et de la vivacité.

Dans cette superbe Master Class les vins qui émergent pour moi, au sein de grands vins est : 1 – Suduiraut, 2 – Cristal Roederer, 3 – Corton Charlemagne. Ce fut un grand moment.

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Grand Tasting – dégustation privée iDealwine mardi, 29 novembre 2016

A la fin de la première journée du Grand Tasting organisé par Bettane & Desseauve il y a un événement très apprécié par les amateurs, c’est la dégustation privée iDealwine. Idealwine est très impliqué dans ce beau salon et offre à goûter des vins de grand intérêt à leurs meilleurs clients du « club iDeal ». Ici on ne prend pas de notes, plus occupé à bavarder avec les nombreux vignerons présents et d’autres convives.

Le Champagne Bollinger Grande Année 1985 est définitivement un grand champagne d’une grande année.

Le Château Léoville Las Cases magnum 1982 atteint maintenant une maturité exemplaire. Il est gouleyant, plein et racé.

Le Château Grand Corbin Despagne double magnum 2000 est une belle réussite, l’effet format jouant à plein.

Le Château Doisy-Daëne Barsac magnum 2002 du regretté Denis Dubourdieu est d’une rare élégance, ciselé et joyeux.

La Romanée Saint-Vivant Les Quatre Journaux Domaine Louis Latour 1999 est un grand vin de grande noblesse, mais je suis beaucoup plus impressionné par le Vosne-Romanée 1er Cru les Malconsorts domaine du Clos Frantin Albert Bichot 2014 qui est dans un moment de grâce tout à fait exceptionnel. Il m’a ému.

On ne peut que remercier iDealwine de sa générosité qui permet de boire des vins rares dans de beaux formats.

Grand Tasting – voyage dans l’univers des champagnes Krug mardi, 29 novembre 2016

La Master Class suivante est un « voyage dans l’univers des champagnes Krug » présenté par l’infatigable globe-trotter Olivier Krug qui se consacre avec énergie à la défense et illustration de son noble champagne.

Le Champagne Krug 2003 a une immense élégance. Tout est là dans ce champagne, en précision et mesure. Je le trouve parfait. Tout est équilibré entre amertume et acidité. C’est l’aristocratie du champagne.

Le Champagne Krug 2002 est beaucoup plus iodé, plus droit. Contrairement à ce qui se dit, je préfère le 2003 au 2002 à ce stade de leurs vies. Le 2002 deviendra peut-être plus grand, mais maintenant, la vibration du 2003 est plus forte pour moi.

Nous poursuivons avec le Champagne Krug Grande Cuvée, qui évoque le caramel, très beau vin avec un peu d’épices. C’est un très grand champagne.

On m’a souvent proposé d’associer la musique aux vins dans mes dîners. J’ai toujours repoussé cette idée car le vin est déjà perçu très différemment selon les personnes, tant les goûts sont différents. Associer des musiques, qui elles aussi sont perçues très différemment selon les individus, conduira sans doute à des accords improbables et non consensuels. Aussi suis-je prudent sur ce sujet. Mais Olivier Krug a invité avec lui Jean-Philippe Collard, grand pianiste, dont le père a été le dirigeant des champagnes Philipponnat. Jean-Philippe a donc tété (virtuellement) le champagne pendant sa jeunesse. Il nous fait écouter un enregistrement de Daphnis et Chloé. Je ferme les yeux et tout-à-coup, je suis saisi par la pertinence de l’accord, qui donne une dimension supplémentaire au champagne. C’est envoûtant. L’expérience est réussie au-delà de ce que je pourrais imaginer et Olivier Krug dit que des scientifiques ont mesuré cette influence, la musique et le goût touchant les mêmes zones du cerveau. Jamais je n’aurais imaginé pouvoir être ému de cette façon. Mon plaisir a été décuplé car je me suis enfermé dans ma bulle (sans jeu de mot), faite de musique et de vin.

Le Champagne Krug rosé a une couleur de rose saumonée. Le vin est vineux. Olivier Krug dit qu’une tourte de pigeon faite par Arnaud Lallement serait l’accord parfait sur ce vin. Je le crois sans réserve. Ce Krug est plus vin que champagne même s’il est bien pétillant. Il a besoin d’un plat pour s’exprimer. Il n’a pas un finale suffisamment entraînant.

Je classe : 1 – Krug 2003, 2 – Grande Cuvée, 3 – Krug 2002, 4 – Krug rosé. Ces champagnes appartiennent à l’aristocratie du champagne.