Archives de catégorie : vins et vignerons

Verticale exhaustive des « quilles » du champagne Lanson et déjeuner aux Crayères samedi, 25 mars 2017

Lors d’une récente visite à l’hôtel Les Crayères à Reims, lorsque je suis allé au bar avant un repas auquel je devais me rendre, quelqu’un de l’hôtel, était-ce un sommelier, a proposé de me présenter à un vigneron qui est assis à une table avec plusieurs personnes. Nous nous présentons. Philippe Baijot est président des champagnes Lanson. Je lui dis que dans ma famille, Lanson jouissait dans les années 50 d’une grande notoriété et on le retrouvait sur la table de mes grands-parents. Je signalai aussi que tout récemment, nous avions ouvert avec des amis des Lanson Red Label dont le 1971 et le 1961.

Cette introduction lui plaisant, Philippe Baijot m’invita à venir le rejoindre au siège de sa maison de champagne pour une dégustation extensive des champagnes qui ont utilisé la forme de quille si caractéristique de cette maison. Des mails se sont échangés et le jour dit je me présente au siège de la maison Lanson à Reims.

Le hall d’entrée présente des évocations d’un passé prestigieux et des touristes étrangers, surtout asiatiques, écoutent les explications. Marie-Albane d’Utruy me conduit directement dans la salle de dégustation puisque j’ai déjà fait la visite des chais il y a trois ans. Hervé Dantan, le maître de chais qui va conduire la dégustation me rejoint dans cette salle sombre entourée des impressionnantes cuves de stockage et de maturation. Seule la table est éclairée du plafond, formant un halo de lumière central.

Hervé va chercher les flacons, tous des quilles (c’est la seule fois où j’accepte qu’on utilise le mot quille car lorsqu’un amateur de vin utilise ce mot quille, ça me choque autant que lorsqu’on me dit que j’ai travaillé dans la ferraille, alors que les sociétés que je dirigeais vendaient de l’acier). Il y a face à nous, bien alignés, treize flacons, soit cinq magnums et huit bouteilles. Dix flacons ont été ouverts et dégorgés le matin même, et trois bouteilles ont encore leur bouchon et leur muselet car il s’agit de bouteilles dont le dégorgement est d’origine, c’est-à-dire fait au moment de leur commercialisation.

Je constate que certains niveaux sont assez bas. Il se peut que ces bouteilles aient été bues auparavant mais la fraîcheur lors de la dégustation montre qu’il s’agit de bouteilles ouvertes tout récemment. Pour trois années, nous allons comparer le champagne en magnum et en bouteille de dégorgement sur l’instant ainsi que la bouteille au dégorgement d’origine. Pour deux autres années où il n’y a pas en stock de bouteilles au dégorgement d’origine nous ne boirons que magnum et bouteille au dégorgement sur l’instant. L’alignement est impressionnant.

Marie-Albane voudrait nous laisser seuls mais Hervé fort aimablement lui permettra de goûter quelques-uns de ces trésors. Nous avons devant nous les seules années où les bouteilles en forme de quilles ont été utilisées, 1975, 1971, 1969, 1966 et 1964.

Les vins de tous ces champagnes sont à 51-52% pinot noir et 48-49% chardonnay, et sont tous des grands crus. Nous commençons par le Champagne Lanson dégorgement sur l’instant magnum 1975 et le Champagne Lanson dégorgement sur l’instant bouteille 1975. Au nez, on sent tout de suite que la bouteille a vieilli plus vite ce qui paraît assez logique. Nous verrons plus tard que la logique ne sera pas toujours respectée.

Le Champagne Lanson dégorgement sur l’instant magnum 1975 est gourmand, très pâtisserie. Il est complexe et d’une belle précision. Le Champagne Lanson dégorgement sur l’instant bouteille 1975 est plus évolué mais gourmand. Le magnum est plus vif, pâtisserie, craie et minéral. La bouteille est plus gastronomique car plus évoluée et réclamerait un plat pour s’exprimer. Les deux vins se caractérisent par précision et noblesse.

Pour le millésime 1971 nous avons les trois versions. Le Champagne Lanson dégorgement sur l’instant magnum 1971 a un nez plus pointu et plus noble. La matière est superbe, florale et je sens une pointe végétale d’anis et de fenouil. Le Champagne Lanson dégorgement sur l’instant bouteille 1971 a un nez de champignon frais. En bouche ça va, mais les notes de champignon et de sous-bois limitent l’amplitude du champagne. Le Champagne Lanson dégorgement d’origine bouteille 1971 a un rythme très dansant. C’est un vin très rond, mais marqué aussi d’un peu de champignon. Le magnum est superbe de jeunesse. Champagne très grand, il a la fraîcheur, la précision et une belle minéralité. La bouteille devient meilleure, avec des évocations salines d’huître. Le vin est tendu et strict mais il y a quand même le champignon dans le finale. La bouteille au dégorgement d’origine n’est pas parfaite. Il faut peut-être attendre qu’elle se reconstitue. On note cependant une petite pointe de bouchon qui fait douter de son retour à l’excellence.

Pour le millésime 1969 nous avons aussi les trois versions. Le Champagne Lanson dégorgement sur l’instant magnum 1969 a un nez qui très semblable à celui du 1971 magnum. C’est le champagne parfait. Dès le premier contact, il est parfait. Il a tout pour lui. Il combine la tension et la douceur. Je note : « c’est le gendre idéal ». Il a des fleurs blanches et il est gourmand. Le Champagne Lanson dégorgement sur l’instant bouteille 1969 est une très belle bouteille, avec une belle tension. Pour moi il serait presque meilleur que le magnum. Le Champagne Lanson dégorgement d’origine bouteille 1969 est assez intéressant mais on ressent l’âge. De plus il est un peu champignonné. Le magnum est plus vif et la bouteille au dégorgement sur l’instant est plus sexy et plus large. Je préfère la bouteille au magnum parce que j’aime les vins plus évolués. Hervé est plus hésitant sur cette préférence. La bouteille au dégorgement d’origine montre des notes liégeuses qui la condamnent.

Pour le millésime 1966 nous avons aussi les trois versions. Le Champagne Lanson dégorgement sur l’instant magnum 1966 a une couleur particulièrement claire, signe de jeunesse. Cette couleur est incroyable. Le nez du magnum est fabuleux. Il est inutile de décrire ce parfum car c’est la perfection absolue, l’archétype du parfum parfait ou du parfait parfum. Il est tout en finesse et équilibre, tout simplement immense. L’attaque est belle, le champagne est floral avec de petits fruits jaunes, mais il est trop strict. C’est un champagne qui n’est pas sexy et qui ne se livre pas, la bouche ne suivant pas la magie du nez.

Le Champagne Lanson dégorgement sur l’instant bouteille 1966 est bouchonné. Curieusement j’avais dû utiliser mon tirebouchon pour retirer le bouchon provisoire mis ce matin, qui s’est cassé au moment où Hervé a voulu servir ce champagne. Le nez de bouchon ne se retrouve pas en bouche mais le vin n’est pas parfait.

Le Champagne Lanson dégorgement d’origine bouteille 1966 a un nez plus grand que celui de ses conscrits et il n’a pas de signe de vin passé. Il est gourmand, joyeux, fruité, au finale un peu amer mais sans que cela gêne. C’est un très joli champagne ancien. Fort curieusement le nez du magnum si extraordinaire se referme.

Entretemps, le magnum de 1969 est repassé dans mes classements devant la bouteille.

Pour l’année 1964 il n’y a que les deux bouteilles de dégorgement sur l’instant. Les couleurs des deux champagnes sont très belles et très claires. Le Champagne Lanson dégorgement sur l’instant magnum 1964 a un nez très floral. Ce nez est superbe. La bouche est brillantissime. C’est à mon avis, partagé par Hervé, de loin le gagnant de cette verticale. Le finale est de fruits roses. C’est le plus abouti de tous les vins et le finale le plus beau. Il a une grande fraîcheur, il est romantique, avec des évocations de groseilles blanches. Son finale est unique par rapport aux vins des années précédentes.

Très curieusement, le Champagne Lanson dégorgement sur l’instant bouteille 1964 est strictement identique au magnum avec un nez plus discret mais une bouche que je trouve encore plus aboutie.

Le classement final sera : 1 – Champagne Lanson dégorgement sur l’instant bouteille 1964, 2 – Champagne Lanson dégorgement sur l’instant magnum 1964, 3 – Champagne Lanson dégorgement sur l’instant magnum 1969, 4 – Champagne Lanson dégorgement sur l’instant bouteille 1969, 5 – Champagne Lanson dégorgement d’origine bouteille 1966, 6 – Champagne Lanson dégorgement sur l’instant magnum 1966. Les 1964 sont très au-dessus des autres champagnes car ils n’ont pas les amers aussi prégnants que ceux des vins plus jeunes.

J’ai particulièrement apprécié cette verticale pour plusieurs raisons. Pour moi, la décennie la plus passionnante en champagne est celle des années 60. Dans cette décennie, je classe 1964 et 1966 en haut, avec deux personnalités très différentes, puis il y a 1969, 1962 et 1961 toutes intéressantes. J’ai donc pu aborder des vins que j’aime. Je suis un peu étonné que les vins de dégorgement d’origine ne se soient pas mieux comportés et je me demande s’il n’y a pas un problème de conservation qui est apparu à un moment ou à un autre dans les caves de Lanson, de température ou d’hygrométrie. Il est aussi à noter que les amers sont plus importants dans les plus jeunes vins comme 1971 et 1975. On a donc bien fait de boire les vins dans l’ordre du plus jeune au plus ancien.

Il faut décider de ce que nous apporterons à table puisqu’un déjeuner est prévu avec le président, Hervé et moi. Ayant le choix je retiens Champagne Lanson dégorgement sur l’instant bouteille 1964, Champagne Lanson dégorgement sur l’instant magnum 1964, Champagne Lanson dégorgement d’origine bouteille 1966 et Hervé se souvient qu’en 2013 lors d’une autre dégustation ici-même, j’avais retenu les 1964.

Nous nous rendons à l’hôtel Les Crayères et nous allons directement au restaurant sans faire d’arrêt par le bar car ce que nous avons bu représente un apéritif consistant.

Nous choisissons le menu « La Découverte » qui comporte : asperges vertes et couteaux cuits à l’eau de mer, champignons roulés dans un dashi au beurre de salicorne / cabillaud de ligne à la vapeur d’agrumes, radis et betteraves multicolores au poivre Timut / magret de canard doré au sautoir, pomme fondante et duxelles de morilles / chaource foisonné à l’huile de noisette, coulis de cresson, dés de brioche craquante / soufflé chaud au praliné amandes, sorbet et confit de citron.

J’ai apporté un vin à partager avec mes hôtes pour montrer les ponts qui peuvent exister entre les saveurs et les énergies des champagnes et d’autres vins. Philippe Jamesse me demande si je veux faire découvrir le vin à l’aveugle mais comme je vois qu’il y a des champignons dès le premier plat, je préfère que nous buvions le vin à découvert. C’est un Vin Jaune Château l’Etoile JH. Vandelle & Fils 1969 dans une jolie bouteille clavelin. Les quatre vins sont donc servis ensemble. Il est absolument fascinant de voir à quel point le vin jaune élargit les champagnes lorsqu’on les boit juste après avoir bu une goutte de vin jaune. Celui-ci est particulièrement puissant et de forte personnalité. Il est incroyablement imprégnant mais sait aussi se faire gastronomique. Sur toutes les saveurs secondaires comme les champignons, il est merveilleux, à la longueur infinie. Et les champagnes en profitent. La couleur du vin jaune est la plus dorée des quatre vins.

Déjà, tout naturellement, les champagnes à table ont pris une largeur qu’ils n’avaient pas en cave car la superbe cuisine de Philippe Mille leur donne plus de personnalité. J’avais demandé à Philippe Jamesse de changer le fromage pour un plat qui conviendrait mieux au vin jaune et nous avons eu la chance et la bonne surprise d’avoir un saint-nectaire farci de noix de Pécan puis des champignons et gnocchis au vin jaune. L’accord fut à se damner. Qu’il est agréable d’avoir un restaurant où la cuisine est aussi réactive. Les trois champagnes ont été parfaits, aux robes beaucoup plus dorées qu’elles ne l’étaient en cave, ce qui a fait rêver le jeune japonais qui mangeait seul à la table voisine. L’harmonie des quatre vins bus ensemble était totale. Et mes hôtes ont pu constater à quel point le vin jaune est comme la perche qui propulse le sauteur à la perche. Il apporte un supplément d’énergie.

J’avoue que j’étais sur un petit nuage de participer à une telle expérience gastronomique avec des vins de cette qualité.

Tout fut parfait, depuis cette exploration d’une période bénie pour les champagnes Lanson jusqu’à ce repas d’une grande harmonie. Grand merci à la générosité des dirigeants du champagne Lanson.

le bouchon du Lanson 1971 dégorgement d’origine

avec Hervé Dantan

on voit les couleurs des champagnes, plus dorées qu’en cave et le vin jaune est au premier plan

Week-end en champagne samedi, 18 mars 2017

L’organisateur de cet événement, la Communauté d’Agglomération Epernay, Coteaux et Plaine de Champagne me demande de relayer son invitation.

Ce sera : Vendredi 30 juin, samedi 1er juillet et dimanche 2 juillet 2017

Pour découvrir, le temps d’un week-end, les trésors de la Champagne !

Un événement festif pour célébrer l’art de vivre champenois au cœur d’un lieu d’exception : 15 communes de la Champagne et 150 vignerons et maisons de Champagne vous attendent !

Dégustations de champagne : Visites de caves / Animations musicales / Accords mets-vins / Découverte du vignoble / Savoir-faire champenois / Embrasement des coteaux

Les communes participantes : Avize – Aÿ-Champagne – Bergères-lès-Vertus – Chavot-Courcourt – Chouilly – Cramant – Cumières – Epernay – Grauves – Hautvillers – Monthelon – Mutigny – Oger – Vertus – Vinay

Programme : Ouverture des festivités sur l’avenue de Champagne à Epernay. / Dans les villages, dégustations de Champagne, concerts, gastronomie et expériences originales. / Samedi soir, embrasement des coteaux. / Découverte du patrimoine architectural et des paysages viticoles, promenades dans le vignoble, visites de caves et dégustations de Champagne.

Le lien : CHAMPAGNE EN FETE

La « private boutique » de Moët Hennessy et le restaurant Le Pichet de Paris jeudi, 16 mars 2017

Le groupe Moët Hennessy loue dans Paris un appartement de haut standing pour recevoir ses clients internationaux qui passent des commandes de produits hors du commun. Il est appelé « Private Boutique » pour qu’on se souvienne qu’ici on fait du commerce, mais, évidemment, dans une ambiance de grand luxe. Lorsque je dis que la décoration du lieu évoque pour moi celle de l’hôtel du Marc, demeure de réception de Veuve Clicquot, on me répond que c’est le même décorateur qui en est l’auteur. Dans cet endroit il y a un magnifique salon cosy, une salle à manger qui peut accueillir douze personnes, une cave prestigieuse où figurent tous les fleurons des vins de Moët Hennessy comme Dom Pérignon, Ruinart, Veuve Clicquot , Moët bien sûr, Cheval Blanc, Yquem, Clos des Lambrays, Ao Yun le vin chinois, Cheval des Andes. J’en oublie peut-être. Et ces vins sont représentés dans des formats dont certains sont du domaine du rêve. Il y a aussi une représentation des alcools de Hennessy, et dans une petite salle confidentielle un cognac irréel créé pour les 250 ans de Hennessy, qui comporte les meilleures cuvées sélectionnées par les sept générations de la famille des assembleurs des cognacs sur ces 250 ans, puisque cette charge est assumée par la même famille depuis la création. Il y a dans la grande salle de la cave une table de dégustation et dans une salle à part un fumoir où se dégustent les alcools les plus réputés tout en tétant les meilleurs cigares. Tout est fait pour que le client se sente le roi.

Je suis reçu par trois cadres du groupe et nous trinquons sur un Champagne Dom Pérignon rosé 2004. Les verres choisis sont les Montrachet de Riedel, et si l’ampleur du verre donne au vin une belle assise, il n’en est pas de même des parfums qui ne se développent pas. Le champagne d’une belle couleur de rose rose (si, si, ça existe) me frappe surtout par son équilibre. On sent ce champagne assis sur ses jambes, solide et prêt pour l’éternité. Car il a une réserve de progression qui est énorme. C’est un beau champagne rosé en devenir. Un cracker à la tomate crée un accord couleur sur couleur comme je les aime.

Je suis retenu à déjeuner par l’un des trois cadres, qui est fidèle de mes dîners et nous allons au restaurant Le Pichet de Paris. Deux bouteilles de Krug nous attendent dans des seaux, l’une d’un blanc l’autre d’un rosé. Ayant le choix, je demande le champagne blanc, le Champagne Krug 2002. Nous choisissons à la carte le même menu : neuf huîtres Gillardeau N° 5 Papillon et homard bleu juste rôti beurre blanc avec une purée de pommes de terre. Cette cuisine simple fait un sans-faute, les huîtres sont goûteuses et le homard est remarquablement cuit. Si le lieu ne brille pas par sa décoration, il permet de boire dans de bonnes conditions de bons champagnes. Le Krug 2002 est superbe et il se boit dans sa belle jeunesse avec beaucoup de plaisir. Autant pour le rosé on aimerait que le vin ait une quinzaine d’années de plus pour qu’il s’exprime plus vaillamment, autant pour ce 2002, il n’est besoin de rien. Il est vif, actif, cinglant, et glorieux. On aurait envie de lui dire : « ne changez rien ! ». C’est avec les huîtres qu’il crée un accord superbe, car l’iode fait apparaître sa minéralité et son côté crayeux. L’accord avec le homard est plus tranquille.

Au cours de ce déjeuner nous avons exploré des pistes de dîners que nous pourrions faire, fondées sur des pépites de ma cave et des trésors des caves des sociétés de ce groupe vivant et entreprenant. Cette rencontre fut féconde pour échafauder des moments rares.

des flacons d’anthologie

Message de Jean-Marc Quarin sur les bordeaux rouges 2016 lundi, 13 mars 2017

L’extraordinaire grandeur des Bordeaux rouges 2016 et leurs différences avec 2005, 2009, 2010 et 2015 .

(12 mars 2017)

 

Ce millésime tient du génie, de l’inhabituel et de l’inexplicable. Une fabuleuse et très rare combinaison à l’équilibre parfait entre une fantastique qualité des tanins, des degrés d’alcool modérés et des acidités soutenues mais imperceptibles.

 
– Quand on habite Bordeaux et que l’on observe depuis des années chaque jour la météo de l’été et que l’on trouve celle de 2016 sans cesse favorable de juillet à octobre et très sèche.
– Quand on se déplace d’une propriété à l’autre pendant les vendanges, que l’on goûte le raisin depuis des années, et que l’on observe qu’en 2016 chacun ramasse tranquillement selon la maturité de chaque parcelle, au point d’avoir les dates de vendange les plus étalées de l’histoire. Alors, on est fondé à croire que pendant les vinifications il devrait se passer quelque chose de différent et même d’inconcevable, à priori, dans le goût de ces vins.
– Quand on pénètre les chais librement et que l’on goûte depuis des années pendant les fermentations alcooliques jusqu’aux malolactiques et encore après, sans cesse en 2016, parce que le résultat vous éblouit et que vous vous pincez pour savoir si vous ne rêvez pas .
– Quand du coup, on file d’une rive à l’autre, sur tous les terroirs, sur tous les cépages pour vérifier.
Alors oui, je peux vous dire qu’après trois mois à ce rythme et plus de 300 échantillons dégustés, Bordeaux tient actuellement dans ses chais le plus grand millésime jamais fait depuis 1982 (j’y étais).
 
Ce millésime tient du génie, de l’inhabituel, du fantastique et de l’inexplicable.
Les vins rouges sont denses, très parfumés, riches, pleins, avec un toucher de bouche moelleux, velouté et une grande profondeur de saveurs. Le tout si savoureux, si éclatant de fruit, si raffiné dans le grain du tannin, avec une note plaisir si forte que 2016 va faire passer les 2010 que j’adore pour des vins rustiques !
Difficile à croire n’est-ce pas ? Et pourtant !
 
1/ Des couleurs parfaites .
Les couleurs sont superbes très sombres, (signe de la densité des vins)  pourpres, profondes et vives.
 
2/ Une qualité du fruité parfaite .
La qualité du fruit est excellente, au nez comme en bouche, bien mûre, pas surmûre, avec beaucoup d’éclat et aucune note végétale, à l’exception des vignes qui ont souffert de la sècheresse. Mais en général ces lots ont été éliminés de l’assemblage du grand vin.
 
3/ Des structures de bouche fabuleuses.

Et voici pourquoi.
 
– Des degrés d’alcool plus bas !

Le génie commence ici. Comment murir des tanins sans monter le degré d’alcool et donc alourdir les vins ? Et même si Bordeaux par sa position géographique est favorisé dans ce processus, cet équilibre n’a jamais été aussi parfait qu’en 2016. Les degrés d’alcool sont bons mais moindres qu’en 2009, 2010 et 2015. Et sur les deux rives ! En conséquence, on ne ressent aucun effet de chaleur en fin de bouche. Au contraire, il apparait une sensation de précision qui laisse la bouche fraîche et pousse à l’envie d’avaler. 
 
– Une fantastique qualité des tannins

Ils sont si parfaitement mûrs qu’ils ne se montrent jamais comme âpres ou tanniques. Au contraire, ils induisent une sensation de velouté, de soyeux, particulièrement forte. Pourtant les 2016 offrent un corps dense, puissant, mais le tout se révèle particulièrement fondant. Cette association entre la puissance et le raffinement est extrêmement rare dans des vins si jeunes sauf en 1982. C’est la grande différence avec 2005 et 2010 !
 
Mais il y a mieux encore ! Plus inédit, plus magique, plus inexplicable : des pH bas.

Les pH des Bordeaux 2016 sont bas et largement en dessous de la moyenne. Un pH bas signifie une sensation acide élevée. Et une acidité élevée devrait renforcer l’âpreté des tannins. Or, nul ne saurait dire pourquoi, il n’en est rien. C’est la grande différence  avec 2005. L’avantage de cette acidité présente, mais qui ne se sent pas, qui ne durcit pas le tannin, est de provoquer une immense sapidité, fraîcheur, buvabilité et des structures riches, mais sans lourdeur, non solaires où le fruité s’en trouve éclatant et même jaillissant. Du coup la note plaisir de ces vins est très forte alors qu’ils sont très puissants, mais cette puissance est particulièrement harmonieuse. Cette matière charnue, mais fraîche est la grande différence avec 2009 et 2015 !
 
Cette qualité n’est pas réservée qu’à l’élite de la production

Plus fort et plus inédit ! C’est l’ensemble de la production qui profite de la grandeur du millésime.

Cette sensation de pulpe joyeuse se retrouve sur toutes les catégories de sol (moins sur les sols sableux avec les jeunes vignes). Et c’est encore ça l’extraordinaire. Habituellement les sols les moins qualitatifs sont ceux qui possèdent une importante réserve en eau. Or, avec la sècheresse de l’été 2016, ces sols ont protégé la vigne des blocages de maturité. De fait, il existe de grandes réussites sur les terroirs réputés moyens, y compris au sein d’une même propriété où la hiérarchie entre les terroirs s’inverse.

De façon tout à fait incompréhensible, le résultat est aussi très bon sur les grands terroirs traditionnels plutôt chauds, surtout ceux dotés d’un sous-sol argileux ou calcaire. Ainsi, c’est l’ensemble de la production qui profite de la grandeur du millésime. Vu le niveau de satisfaction de tous, c’est toute une région qui va pousser pour valoriser le rendu de ces vins.
 
Les seuls points de faiblesse et d’hétérogénéité concernent les jeunes vignes en particulier sur les sols sableux, les propriétés très touchées par le mildiou (bien que celui-ci ait joué un rôle dans l’abaissement du rendement) et l’excès de production. En effet, 2016 est le millésime le plus productif depuis 2004. Après le petit volume de 2013, il ne fait aucun doute que certains producteurs voudront se rattraper en volume avec le 2016,  privilégiant la quantité à la qualité dans leur premier vin.
 
Dans quelques jours à l’ouverture officielle des dégustations, je pense qu’une onde de choc va parcourir le vignoble, les palais, les chais et les marchands. A juste titre, tous les esprits vont s’enflammer et tous les excès sont à craindre. Alors, réservez, réservez, réservez ! Jamais je n’ai goûté d’aussi grands vins, riches, nobles, profonds, complexes, juteux et néanmoins incrachables à Bordeaux sauf en 1982. Une pluie de notes extraordinaires va s’abattre sur Bordeaux.
 
Compte tenu de cette situation, un message d’alerte sera spécialement envoyé dès que la note atteindra 100 (déjà 4 crus bénéficient de cette mention) ou que le cru se présentera comme le plus grand jamais fait.

Pour recevoir mes notes et commentaires, vous pouvez me suivre ici : /fr/abonnements/tout-quarin-com_-b.html#.WMWvcyj5Zyc​

 

Bien cordialement.

Jean-Marc Quarin
Critique indépendant des vins de Bordeaux

www.quarin.com

Présentation des vins du groupe Vega Sicilia mardi, 21 février 2017

Comme chaque année la société Vins du Monde invite à venir déguster les derniers vins mis en bouteilles de la Bodega Vega Sicilia. Les vins seront présentés Gonzalo Itturiagga le nouveau directeur de l’œnologie des cinq domaines du groupe présidé par Pablo Alvarez, qui représente un volume de l’ordre de 1,5 million de bouteilles.

L’Oremus Dry Mandolas Hongrie 2015 fait de furmint a un nez de vin jeune où pointe le caramel. Il a une belle attaque de réglisse et fleurs blanches. Il est consistant et a un finale solide. Ce qui frappe c’est la solidité et la cohérence. Il a une belle fraîcheur qui combine les fleurs blanches et le caramel. Je connaissais déjà ce vin qui est une très agréable surprise à un prix très doux.

Le Macan Clasico Rioja 2013 a un nez chaud de raisins très mûrs. C’est un vin très accueillant et peu complexe. Dans le final il y a du fenouil et de l’artichaut ce qui le rend agréable, voire chaleureux. Il a un très bel équilibre et peu de complexité. Il a l’aspect sauvage de la jeunesse, de belle râpe. J’aime ce vin gourmand paysan.

Le Macan Rioja 2013 est à 100% en tempranillo. Il a un nez charmeur et doux. Il est sensuel et beaucoup plus consensuel. Le finale est de jus de cassis. Il raconte moins de choses que le Clasico. Fluide c’est un vin de table gratifiant, mais on trouverait de par le monde beaucoup de vins de ce calibre. Je préfère l’équilibre du Clasico.

Le Pintia Toro 2012 a un nez très élégant et profond. Il est très enjôleur et son parfum est prometteur. Il est servi frais et c’est volontaire car il est plutôt lourd en bouche, voire lourdaud, ce qui contraste totalement avec l’impression olfactive. Il est trop gourmand, pas assez fluide et je ne l’aime pas.

Le Alion Ribera del Duero 2013 a un nez plus ferme, noble et affirmé. C’est un vin raffiné, mis en valeur par le précédent. Il a de beaux fruits rouges et noirs et un finale très beau, de cassis et de fruits frais. Il claque en bouche. Il est très long et porte 14,5° d’alcool. Il est très fruité, tannique mais il sait ajouter de la fraîcheur, avec un peu d’anis dans le finale. Gonzalo nous dit qu’il aime travailler les vins des années fraîches comme 2013.

Le Valbuena 5° Ribeira del Duero 2012 a un nez riche et noble. Le nez accueillant donne envie. La bouche est douce, doucereuse et le finale a de la pâte de fruit, du poivre et de la framboise. Tout en ce vin est doucereux. Ce vin agréable qu’aime beaucoup Gonzalo manque de tension. On dirait un porto sec. On le sent gastronomique mais il faudra l’attendre au moins dix ans pour qu’il gagne en vivacité. L’année 2012 est la première où ce vin a été fait sans merlot, avec 100% de tempranillo. Dans le finale, il reste du poivre sur la langue.

Le Vega Sicilia Unico Ribera del Duero 2005 a un nez magique. Je reconnais ce vin que j’adore, l’emblème du groupe Vega Sicilia. Quel raffinement ! Il a la fraîcheur, la finesse, des petites baies fines de cassis que l’on croque. Quelle promesse ! Il est encore trop jeune et tout fou et l’on sent qu’il va se renfermer bientôt, mais quel bonheur. Il est fluide et ne donne aucune impression d’alcool. Il a une belle acidité et un finale frais et fluide. C’est un très grand vin qu’il faut attendre au moins dix ans. Il est follement sensuel, il donne soif ! On a envie d’en reprendre.

L’Oremus 3 Puttonyos Tokaji 2010 a un nez de citron et de pomelos. Il est très beau, avec un beau fruit sucré, du litchi. Le finale est sucré avec la belle acidité d’un bonbon acidulé. C’est un vin de belle fraîcheur qui dans sa jeunesse est gastronomique.

On sent que Gonzalo le nouveau directeur de l’œnologie est un passionné. Les vins sont intéressants mais mon cœur est sélectif. Si certains vins sont à 100% tempranillo, mon cœur est 100% Vega Sicilia Unico, vin exceptionnel.

Tasting at Krug, Krug lunch at the Crayères dimanche, 19 février 2017

1 – champagne tasting at Krug’s headquarters

For years I met Margareth Henriquez, the president of the Maison Krug, in various wine events and we promised to meet at the Krug headquarters to taste the champagnes of her prestigious house together. Finally, the opportunity presents itself. It is planned that I will go to the headquarters one Friday at 11 am and then we will have lunch at the restaurant of the hotel Les Crayères. The idea comes from extending the stay at the hotel with my wife. As she does not drink, she will not go to Krug’s house but will share the planned lunch with the president who is commonly known as Maggie.

On the appointed day, after taking my wife to the hotel, I was greeted at the headquarters of the Krug House by Maggie, Eric Lebel the oenology director and cellar master and by Olivier Krug who will not stay with us because he will be traveling. In the reception room we have a Champagne Krug Grande Cuvée 163rd edition which logically must have been marketed after a disgorgement in 2013. This champagne enjoys a nice acidity. He is round, noble and rich.

We then go into the tasting room, Maggie, Eric and me, to taste seven wines from a high level program. The list of wines is written in chalk on a board with their identification number, which first contains the number of the quarter of the year of disgorgement, then the two digits of the disgorgement year and finally three figures which are certainly representing a lot.

The Champagne Krug Clos d’Ambonnay Blanc of Noirs 2000 has for identification 4 13 063. It was therefore disgorged in the fourth quarter 2013. It has a very discrete nose. In the mouth I feel rather shy, but it will assert itself. It is of great finesse and a beautiful elegance, all in suggestion.

The Champagne Krug Clos du Mesnil Blanc de Blancs 2000 has for identification 2 13 033. I recognize myself much more in this wine of nice acidity and in the finale very surprising of red fruits. More used to the wines of the Côte des Blancs, I am more at ease with this superb champagne.

L’Ambonnay is an aesthetic wine, very subtle. It is difficult but great. Le Mesnil is very noble with charm. It has a nice salty side and a beautiful citrus signature.

The Champagne Krug 2000 has an identifier 1 14 009. The nose is superb. It combines minerality and a toasted side. Its complexity is extreme. It is wide. It is nice for me to taste without Maggie or Eric imposing what I have to find in each wine, which does not prevent discussion. Eric says of the Krug 2000 that it is characterized by balance and precision. Its breadth and width are more assertive than for the previous two 2000. He has everything for him. I love it.

What fascinates me is that the evocation of red fruits of the Clos du Mesnil is that of the raspberry that is sometimes found in very old burgundy of the 10s, of the 20th century of course. And even more curious, the glass of Eric does not have this evocation of red fruits. The fullness of the Krug 2000 is impressive.

Thanks to her phone, Maggie can order on the Krug website the music that accompanies each of the champagnes. The association music and wine is very subjective and personal but one can really feel when a music is in harmony with a champagne and when it is not, which occurs little since musicians worked with the winemakers to arrive at these musical suggestions. We compared our emotions with pleasure.

The Champagne Krug Grande Cuvée 156th edition has an identifier 4 06 001. It is made on the basis of champagnes of 2000 which makes its presence consistent with previous champagnes. It’s immense. It is very beautiful, accomplished with evocations pastry, It is very sharp.

The Champagne Krug Grande Cuvée 157th edition has an identifier 3 07 001. It has much less volume and width. I definitely prefer the 156th. If we are to compare them we could say that the 157th is romantic and the 156th is a warrior.

The Champagne Krug 2002 has a superb nose. It is a comfortable and brilliant champagne. It has a nice fluidity and a great ease. For this champagne I suggested a dance by Fred Astaire and Ginger Rogers. The musical accord was relevant.

The Champagne Krug Grande Cuvée 158th edition has an identifier 1 08 002. It is joyous, glorious. It evokes a bolero. Its fruit is superb, gilded. It is done on a 2002 basis.

My ranking of this brilliant series would be: 1 – Krug 2000, 2 – Clos du Mesnil 2000, 3 – Great Cuvée 158th and 4 – Krug 2002. But each champagne is a marvel.

I am very impressed with the way Krug’s president, who ran South American LVMH companies, appropriated the history and philosophy of Krug House. She bases her vision of the champagnes of her house on the principles erected by Joseph Krug more than a century and a half ago. Eric Lebel is also in this guideline and the champagnes I have tasted are located in the Champagne elite. There are undoubtedly more sensual champagnes but we are here in the aristocracy of Champagne.

Eric abandons us because he is busy with other programs. We go Maggie and I to the Hotel des Crayères for a lunch prepared by the house Krug and Philippe Jamesse, to which I will add some surprises of my cellar.

2 – lunch at the Crayères restaurant

After the tasting at Krug House we will have a lunch, Margareth Henriquez, President of Krug, and I at the restaurant of the Hotel Les Crayères. My wife will attend lunch, but she will not drink. I told Maggie I would bring some surprises but I had not specified anything. When I go to the table I see that a menu is printed and includes the following wines: Krug 2003, Krug Grande Cuvée 159th edition, Krug rosé and Krug Collection 1990.

It happens that this morning, before the visit to the headquarters of Krug, I had given my wines to Philippe Jamesse the sommelier of Les Crayères. Seeing them, he told me that with what was planned, it was going to cause problems. We are therefore faced with a choice between the four wines on the menu and the three that I brought, which are a Krug Grande Cuvée of the 90s, another Krug Grande Cuvée of the 80s and a very rare bottle, a Krug Private Cuvée vintage 1964.

Moreover, we brought from the tasting made at the headquarters, the bottle of Clos du Mesnil 2000 and that of the Krug 2000. Four and three make seven and two make nine. Nine wines for two is excluded. The choice is difficult. I suggest that we drink: Clos du Mesnil 2000, Krug 2000, Krug Collection 1990, the Krug Grande Cuvée of the 80s and the Krug Private Cuvée vintage 1964.

As we completely change the champagnes of a meal made for other wines, I suggest that the champagnes will all be served together, each of us choosing to drink those he wants and compare them as he pleases. The program is launched, Maggie having a little trouble imagining that we drink all the wines at the same time.

There is also the problem of glasses. Philippe Jamesse, sommelier but also creator of glasses has put on table his biggest glasses. Maggie and I would be more favorable to smaller glasses. At our convenience we can taste the champagnes in the two glasses. The Clos du Mesnil 2000 will be much better in the large glass, which reinforces the suggestion of Philippe Jamesse but for the Private Cuvée 1964 it is the small glass that suits the best.

The menu prepared for the initial list of wines is: tartare locust lobster, iodized caviar plum juices / black truffle squash risotto, shells gently grilled / salmon cod pickled in half-salt butter, mosaic Beets and truffles / pig’s back cooked gently on the grill, organic vegetables cooked in salt crust under the embers / crispy chestnuts, fresh grapefruit, brown emulsion and maple syrup.

It is an impressive menu, intended to show the gastronomic flexibility of champagne wines.

The Champagne Krug Clos du Mesnil Blanc de Blancs 2000 is much more lively and dynamic when it is drunk with dishes than when it was tasted in the tasting room. It is more fruity in the large glass than in the small one. It has a sovereign charm, magic on the langoustine tartare. Its aerial complexities give it a certain romanticism.

The Champagne Krug 2000 confirms the richness he delivered in the tasting room a short time ago. He is powerful, assertive, righteous and noble. It is solid as a rock.

The three other champagnes will bring us into the fascinating world of champagnes at maturity. The Champagne Krug Collection 1990 was disgorged two years ago. It is wonderful because it has a crazy youth combined with material of high maturity. His balance is splendid. It is fluid, its fruit is asserted. It twirls in the mouth like fireworks.

Philippe Jamesse opens my wines. He shows me the corks of rare beauty. The smooth, clean and healthy cylinders are a pleasure to see. The Champagne Krug Grande Cuvée of the early 80’s is miraculous. It has a charm and a chew that pianote exotic fruits that are confusing. Its fullness on the palate is spectacular. It was with this champagne that I wanted to convince Maggie, the president of Krug, of the necessity of letting the « Grande Cuvée » grow older than any standard for having sublime wines. The evidence is there, in our glasses. This Champagne is at the top of what Champagne can give.

When Philippe pours into my glass the first drops of the Champagne Krug Private Cuvée vintage 1964, I know that it is won. The color of the champagne is of a rare purity, magically gilded. In the mouth this wine fills me with ease and pride. Not that I have any responsibility in making this champagne, but I am glad that it allows me to show to the one who decides the future of Krug how well age makes successful champagnes. This joyful plenitude with its beautiful golden fruit is a consecration.

I have Philip taste the two champagnes I brought. For me, the 1964, because of its rarity and perfection, won the vote, with a generous and opulent fruitiness and extreme complexity. But like Philippe I am obliged to note that it is the Krug Grande Cuvée of the 80s which is the most glorious, the most sensual, the most joyfull champagne.

It is interesting to make some considerations about this meeting and this experience. I wanted to meet Margareth Henriquez to show her by example that the Krug house should make his Grande Cuvée grow old much longer to offer them to wine lovers in their fullness. The wines that I brought here are the brilliant demonstration. But I could see that the movement is moving. From the moment that Krug writes on the labels the order number of the edition of the Grande Cuvée, we will differentiate all the Grandes Cuvées and obviously the wine market will seize it. Prices will inevitably explode, as the 158th edition will be worth more than the 163rd, for example, but the amateur will be able to favor the editions that he wants to drink. The market will bubble with this revolution. Maggie will pursue a policy of stock retention which, paradoxically, was virtually non-existent. Beautiful days are expected for this champagne, except perhaps for our wallets. But taste will triumph.

There is another teaching in the opposite direction for me. I came to defend the thesis of the constitution of stocks of champagnes with disgorgement of origin, so that we keep the champagnes in the version of their first delivery to the market. I am in fact more favorable to the initial disgorgements than to the recent disgorgements. During this meal, the Champagne Krug Collection 1990, which was disgorged two years ago, showed a vivacity and vigor that justifies that Krug should also make these champagnes « Collection » which rejuvenate Champagnes preserved on lees. It is probably necessary in the long-term storage policy to encourage the storage of the two versions, in similar proportions.

During this meal we discussed a thousand things. My ranking would be: 1 – Grande Cuvée year #80, 2 – Private Cuvée 1964, 3 – Collection 1990, 4 – Clos du Mesnil 2000, 5 – Krug 2000. But I would gladly ex-aequo the first and the second because the 1964 is very dear to my heart, and ex aequo the fourth and fifth because Krug 2000 is a wonderful achievement.

The food is brilliant, the service is attentive and competent. Philippe Jamesse makes a perfect wine service. This meal with immense wines will be a very great memory.

3 – dinner at the Crayères

It was not necessary to pray for a long time so that I would take a nap after these feasts. At twenty o’clock precisely we went down my wife and I to dine in the beautiful dining room of the Hotel Les Crayères. The choice of the wines will be quite easy since it remains of almost all the champagnes of the lunch.

The menu says « royal lobster in tartare and black truffle, fritot and creamy truffle with walnut water », but my wife and I prefer as at lunch to see this dish treated with caviar. We then take the pigeon of Onjon Lacquered Coteaux Champenois, the second filet under a roast of filling au gratin.

The four wines that remain, since the Clos du Mesnil 2000 was finished at lunch, have grown in size and are still as dashing, but it is me who is less dashing so it seems to me more judicious than the team of Crayères takes advantage of what remains of these miraculous champagnes.

Of the two meals, the dish that emerges and undoubtedly deserves the status of three stars, is the pigeon, gourmand, firm, original and tasty. Philippe Mille has created a pigeon that deserves to be in the annals of gastronomy.

After a night filled with beautiful dreams and a breakfast of good food I still had beautiful bubbles of joy that sang in my head the memory of this communion with the champagnes of a great maison de champagne.

(pictures are in the article just below)

Dégustation chez Krug, déjeuner de Krug aux Crayères dimanche, 19 février 2017

1 – dégustation de champagnes au siège de Krug

Cela faisait des années que je rencontrais Margareth Henriquez, la présidente de la maison Krug, dans diverses manifestations du vin et nous nous promettions de nous retrouver au siège de Krug pour goûter ensemble les champagnes de sa prestigieuse maison. L’occasion se présente enfin. Il est prévu que je me rende au siège un vendredi à 11 heures et qu’ensuite nous déjeunions au restaurant de l’hôtel Les Crayères. L’idée me vient de prolonger le séjour à l’hôtel avec mon épouse. Comme elle ne boit pas, elle n’ira pas au siège de Krug mais partagera le déjeuner prévu avec celle que l’on surnomme communément Maggie.

Le jour dit, après avoir conduit mon épouse à l’hôtel, je suis accueilli au siège de la maison Krug par Maggie, Eric Lebel le directeur de l’œnologie et chef de cave et par Olivier Krug qui ne pourra rester avec nous car il part en voyage. Dans le salon de réception, nous trinquons avec un Champagne Krug Grande Cuvée 163ème édition qui doit logiquement avoir été commercialisé après un dégorgement en 2013. Ce champagne jouit d’une belle acidité. Il est rond, noble et riche.

Nous passons ensuite dans la salle de dégustation, Maggie, Eric et moi, pour goûter sept vins d’un programme de haut niveau. La liste des vins est écrite à la craie sur un tableau avec leur numéro d’identification qui comporte en premier le numéro du trimestre de l’année de dégorgement, puis les deux chiffres de l’année de dégorgement et enfin trois chiffres qui sont sans doute ceux d’un lot.

Le Champagne Krug Clos d’Ambonnay Blanc de Noirs 2000 a pour identifiant 4 13 063. Il a donc été dégorgé au quatrième trimestre 2013. Il a un nez très discret. En bouche je le ressens assez timide, mais il va s’affirmer. Il est d’une grande finesse et d’une belle élégance, tout en suggestion.

Le Champagne Krug Clos du Mesnil Blanc de Blancs 2000 a pour identifiant 2 13 033. Je me reconnais beaucoup plus en ce vin de belle acidité et au finale très étonnant de fruits rouges. Plus habitué aux vins de la Côte des Blancs, je suis plus à l’aise avec ce champagne superbe.

L’Ambonnay est un vin d’esthète, très subtil. Il est difficile mais grand. Le Mesnil est très noble avec un charme fou. Il a un joli côté salin et une belle signature d’agrumes.

Le Champagne Krug 2000 a un identifiant 1 14 009. Le nez est superbe. Il combine minéralité et un côté toasté. Sa complexité est extrême. Il est large. Il est agréable pour moi de déguster sans que ni Maggie ni Eric ne m’imposent ce que je dois trouver dans chaque vin, ce qui n’empêche pas de discuter. Eric dit du Krug 2000 qu’il se caractérise par équilibre et précision. Son ampleur et sa largeur sont plus affirmées que pour les deux 2000 précédents. Il a tout pour lui. Je l’adore.

Ce qui me fascine, c’est que l’évocation de fruits rouges du Clos du Mesnil est celle de la framboise que l’on trouve parfois dans de très vieux bourgognes des années 10, du 20ème siècle bien sûr. Et plus curieux encore, le verre d’Éric n’a pas cette évocation de fruits rouges. La plénitude du Krug 2000 est impressionnante.

Grâce à son téléphone, Maggie peut commander sur le site de Krug les musiques qui accompagnent chacun des champagnes. L’association musique et vins est très subjective et personnelle mais on peut vraiment sentir quand une musique est en harmonie avec un champagne et quand elle ne l’est pas, ce qui se produit peu puisque des musiciens ont travaillé avec les vignerons pour arriver à ces suggestions musicales. Nous avons comparé nos émotions avec plaisir.

Le Champagne Krug Grande Cuvée 156ème édition a un identifiant 4 06 001. Il est fait sur la base de champagnes de 2000 ce qui rend sa présence cohérente avec les champagnes précédents. Il est immense. Il est très beau, accompli avec des évocations pâtissières, Il est très fin.

Le Champagne Krug Grande Cuvée 157ème édition a un identifiant 3 07 001. Il a beaucoup moins d’ampleur. Je préfère nettement le 156ème. Si l’on doit les comparer on pourrait dire que le 157ème est romantique et le 156ème guerrier.

Le Champagne Krug 2002 a un nez superbe. C’est un champagne confortable et brillant. Il a une belle fluidité et une grande aisance. Pour ce champagne j’ai suggéré une danse de Fred Astaire et Ginger Rogers. L’accord musical s’est montré pertinent.

Le Champagne Krug Grande Cuvée 158ème édition a un identifiant 1 08 002. Il est joyeux, glorieux. Il m’évoque un boléro Son fruit est superbe, doré. Il est fait sur une base de 2002.

Mon classement de cette série brillante serait : 1 – Krug 2000, 2 – Clos du Mesnil 2000, 3 – Grande Cuvée 158ème et 4 – Krug 2002. Mais chaque champagne est une merveille.

Je suis très impressionné par la façon dont la présidente de Krug, qui gérait des sociétés d’Amérique du Sud du groupe LVMH, s’est approprié l’histoire et la philosophie de la maison Krug. Elle fonde sa vision des champagnes de sa maison sur les principes érigés par Joseph Krug il y a plus d’un siècle et demi. Eric Lebel est lui aussi dans cette ligne directrice et les champagnes que j’ai goûtés se situent dans l’élite de la Champagne. Il y a sans doute des champagnes plus sensuels mais on est ici dans l’aristocratie de la Champagne.

Eric nous abandonne car il est occupé à d’autres programmes. Nous nous rendons Maggie et moi à l’hôtel des Crayères pour un déjeuner préparé par la maison Krug et Philippe Jamesse, auquel je vais ajouter quelques surprises de ma cave.

2 – déjeuner au restaurant des Crayères

Après la dégustation faite au siège de la maison Krug nous allons déjeuner, Margareth Henriquez, présidente de Krug, et moi au restaurant de l’hôtel les Crayères. Ma femme participera au déjeuner, mais elle ne boit pas. J’avais dit à Maggie que j’apporterais des surprises mais je n’avais rien précisé. En passant à table je vois qu’un menu est imprimé et prévoit les vins suivants : Krug 2003, Krug Grande Cuvée 159ème édition, Krug rosé et Krug Collection 1990.

Il se trouve que ce matin, avant la visite au siège de Krug, j’avais donné mes vins à Philippe Jamesse le sommelier des Crayères. Les voyant, il m’avait dit qu’avec ce qui était prévu, cela allait poser des problèmes. Nous sommes donc face à un choix entre les quatre vins prévus sur le menu et les trois que j’ai apportés, qui sont un Krug Grande Cuvée des années 90, un autre Krug Grande Cuvée des années 80 et une bouteille très rare, un Krug Private Cuvée millésimé 1964.

De plus, nous avons apporté de la dégustation faite au siège, la bouteille de Clos du Mesnil 2000 et celle du Krug 2000. Quatre et trois font sept et deux font neuf. Neuf vins pour deux, c’est exclu. Le choix est cornélien. Je suggère que nous buvions : Clos du Mesnil 2000, Krug 2000, Krug Collection 1990, le Krug Grande Cuvée des années 80 et le Krug Private Cuvée millésimé 1964. Comme nous changeons complètement les champagnes d’un repas fait pour d’autres vins, je suggère que les champagnes soient tous servis ensemble, chacun de nous choisissant de boire ceux qu’il veut et de les comparer à sa guise. Le programme est ainsi lancé, Maggie ayant un peu de mal à imaginer que l’on boive tous les vins en même temps.

Se pose aussi le problème des verres. Philippe Jamesse, sommelier mais aussi créateur de verres a fait poser sur table ses plus grands verres. Maggie et moi serions plus favorables à des verres plus petits. A notre convenance nous pourrons goûter les champagnes dans les deux verres. Le Clos du Mesnil 2000 sera nettement meilleur dans le grand verre, ce qui conforte la suggestion de Philippe Jamesse mais pour le Private Cuvée 1964 c’est le petit verre qui convient le mieux.

Le menu préparé pour la liste initiale des vins est : langoustine de casier en tartare, les sucs de pinces iodés de caviar / risotto de courge à la truffe noire, Saint-Jacques dorée au sautoir / cabillaud saisi au beurre demi-sel, mosaïque de betteraves et truffes / dos de cochon cuit doucement sur le grill, légumes bio cuits en croûte de sel sous la braise / croustillant à la châtaigne, fraîcheur de pamplemousse, émulsion de marron et sirop d’érable.

C’est un impressionnant menu, destiné à montrer la flexibilité gastronomique des vins de champagne.

Le Champagne Krug Clos du Mesnil Blanc de Blancs 2000 est très nettement plus vif et dynamique lorsqu’il est bu avec des mets que lorsqu’il a été dégusté en salle de dégustation. Il est plus fruité dans le grand verre que dans le petit. Il a un charme souverain, magique sur le tartare de langoustine. Ses complexités aériennes lui donnent un romantisme certain.

Le Champagne Krug 2000 confirme la richesse qu’il avait délivrée en salle il y a peu de temps. Il est puissant, affirmé, racé et noble. Il est solide comme un roc.

Les trois autres champagnes vont nous faire entrer dans le monde fascinant des champagnes à maturité. Le Champagne Krug Collection 1990 a été dégorgé il y a deux ans. Il est merveilleux car il a une folle jeunesse combinée à matière de haute maturité. Son équilibre est splendide. Il est fluide, son fruit est affirmé. Il virevolte en bouche comme un feu d’artifice.

Philippe Jamesse ouvre mes vins. Il me montre les bouchons d’une rare beauté. Les cylindres bien lisses, propres et sains sont un plaisir à voir. Le Champagne Krug Grande Cuvée du début des années 80 est miraculeux. Il a un charme et une mâche qui pianote des fruits exotiques qui sont confondants. Sa plénitude en bouche est spectaculaire. C’est avec ce champagne que je voulais convaincre Maggie, la présidente de Krug, de la nécessité qu’il y aurait à laisser vieillir les « Grande Cuvée » au-delà de toute norme pour avoir des vins sublimes. La preuve est là, dans nos verres. Ce Champagne est au sommet de ce que peut donner la Champagne.

Lorsque Philippe verse dans mon verre les premières gouttes du Champagne Krug Private Cuvée millésimé 1964, je sais que c’est gagné. La couleur du champagne est d’une pureté rare, magiquement dorée. En bouche ce vin me remplit d’aise et de fierté. Non pas que j’aie une quelconque responsabilité dans la confection de ce champagne, mais je suis heureux qu’il me permette de montrer à celle qui décide de l’avenir de Krug à quel point l’âge réussit aux champagnes bien faits. Cette plénitude joyeuse au beau fruit doré est une consécration.

Je fais goûter à Philippe les deux champagnes que j’ai apportés. Pour moi, le 1964, du fait de sa rareté et de sa perfection, emporte les suffrages, avec un fruité généreux et opulent et une complexité extrême. Mais comme Philippe je suis obligé de constater que c’est le Krug Grande Cuvée des années 80 qui est le champagne le plus glorieux, le plus sensuel, le plus joyeux.

Il est intéressant de faire quelques considérations sur cette rencontre et cette expérience. Je voulais rencontrer Margareth Henriquez pour lui montrer par l’exemple que la maison Krug devrait faire vieillir sa Grande Cuvée beaucoup plus longtemps pour offrir aux amateurs des vins dans leur plénitude. Les vins que j’ai apportés en sont la démonstration éclatante. Mais j’ai pu constater que le mouvement est en marche. A partir du moment où Krug écrit sur les étiquettes le numéro d’ordre de l’édition de la Grande Cuvée, on va différencier toutes les Grandes Cuvées et bien évidemment le marché du vin va s’en emparer. Les prix vont forcément exploser, car la 158ème édition vaudra beaucoup plus que la 163ème, par exemple, mais l’amateur saura privilégier les éditions qu’il a envie de boire. Le marché va bouillonner avec cette révolution. Maggie va mener une politique de rétention de stock qui, paradoxalement, était quasi inexistante. De beaux jours s’annoncent pour ce champagne, sauf peut-être pour nos portemonnaies. Mais c’est le goût qui triomphera.

Il y a un autre enseignement en sens inverse pour moi. Je venais défendre la thèse de la constitution de stocks de champagnes au dégorgement d’origine, pour que l’on garde les champagnes dans la version de leur commercialisation. Je suis en effet plus favorable aux dégorgements initiaux qu’aux dégorgements récents. Or au cours de ce repas, le Champagne Krug Collection 1990 qui a été dégorgé il y a deux ans s’est montré d’une vivacité et d’un vigueur qui justifient que l’on fasse aussi ces champagnes « Collection » qui rajeunissent des champagnes conservés sur lies. Il faut sans doute dans la politique de stockage à long terme encourager le stockage des deux versions, dans des proportions voisines.

Au cours de ce repas nous avons discuté de mille choses. Mon classement serait : 1 – Grande Cuvée année 80, 2 – Private Cuvée 1964, 3 – Collection 1990, 4 – Clos du Mesnil 2000, 5 – Krug 2000. Mais je mettrais volontiers ex-aequo le premier et le second car le 1964 est très cher à mon cœur, et ex-aequo le quatrième et cinquième car Krug 2000 est une magnifique réussite.

La cuisine est brillante, le service est attentionné et compétent. Philippe Jamesse fait un service du vin parfait. Ce repas avec des vins immenses sera un très grand souvenir.

3 – dîner aux Crayères

Il n’a pas fallu me prier longtemps pour que je fasse une sieste après ces agapes. A vingt heures précises nous descendons ma femme et moi pour dîner dans la belle salle du restaurant de l’hôtel les Crayères. Le choix des vins sera assez facile puisqu’il reste de presque tous les champagnes du déjeuner.

Le menu indique « langoustine royale en tartare et truffe noire, fritot et crémeux de truffe à l’eau de noix », mais ma femme et moi préférons comme au déjeuner de voir ce plat traité avec du caviar. Nous prenons ensuite le pigeon d’Onjon laqué de Coteaux Champenois, le deuxième filet sous une rôtie de farce à gratin.

Les quatre vins qui restent, puisque le Clos du Mesnil 2000 a été fini au déjeuner, ont pris de la largeur et sont toujours aussi fringants, mais c’est moi qui le suis moins aussi me paraît-il plus judicieux que l’équipe des Crayères profite de ce qui reste de ces champagnes miraculeux.

Des deux repas, le plat qui émerge et mérite sans aucun doute possible le statut de trois étoiles, c’est le pigeon, gourmand, ferme, original et savoureux. Philippe Mille a créé un pigeon qui mérite d’être dans les annales de la gastronomie.

Après une nuit peuplée de beaux rêves et un petit déjeuner de bonne gourmandise j’avais encore de belles bulles joyeuses qui chantaient dans ma tête le souvenir de cette communion avec les champagnes d’une grande maison.

Le carnet de Joseph Krug

le tableau donnant le programme (en anglais) qui ne sera pas suivi à la lettre

les verres dans la salle de dégustation

le Krug Grande Cuvée années 80

Le Krug Private Cuvée 1964

le repas initialement prévu

le repas que nous avons eu

le dîner

les vins du midi

le pigeon

le petit déjeuner du lendemain

Dîner de champagnes à l’hôtel Les Crayères de Reims dimanche, 12 février 2017

Deux amis de l’académie des vins anciens qui vivent en Champagne ont décidé de créer un événement inspiré de l’académie. Ils l’ont intitulé « les Antiquaires du champagne ». Jérôme est vigneron à Chouilly et Pierre est entrepreneur et vend du vin. Ils ont formé une table de dix amateurs dont neuf hommes et la compagne de Pierre. Il y aura deux amateurs de champagne suédois, un écossais que je rencontre très souvent lorsque le champagne est le centre de l’intérêt, un autre vigneron de Champagne qui a quitté sa profession parisienne pour venir exploiter les vignes de la famille de sa femme, un autre ami de l’académie des vins anciens, un élu des Ardennes, Guillaume, et moi.

Le dîner se tiendra à l’hôtel Les Crayères de Reims, et on nous propose de faire la visite de la cathédrale de Reims commentée par Guillaume, le jeune élu des Ardennes. Guillaume est passionnant et nous décrit les motifs des nombreuses représentations sculpturales, qui racontent l’histoire de nos rois. Guillaume est passionnant mais il fait un tel froid, aussi bien devant la cathédrale que dans la nef que je suis obligé de supplier que l’on abrège ces vivants récits tant je me momifie. De retour à l’hôtel je me recroqueville dans mon lit pour essayer de retrouver un semblant de forme humaine tant je suis devenu un manchot non empereur.

A 19h30 nous nous retrouvons au salon du bar de l’hôtel autour d’un Champagne Legras et Haas Chouilly Grand Cru Blanc de Blancs non millésimé, très agréable, fluide, beau champagne d’une belle soif. Les tuiles au parmesan se marient bien avec ce champagne agréable.

Nous nous rendons dans un salon privé qui immédiatement fait resurgir des souvenirs professionnels lointains, lorsque, travaillant avec les sidérurgie belge et luxembourgeoise, nous choisissions de nous retrouver pour des repas de travail à mi-chemin. La salle est belle, bien décorée et de taille idéale pour notre groupe de dix.

Le menu mis au point par Philippe Mille le chef, Philippe Jamesse, l’excellent sommelier, Jérôme et Pierre, nos deux hôtes, est : tartare de gambas blanches au caviar, pommes céleri et agrumes / homard de casier de Montmartin au parfum d’estragon, lentillons de la Champagne et royale d’oignons doux / entrecôte de veau rôti au beurre demi-sel, pommes fondantes et champignons au palomino / brillat-savarin farci de truffe noire, dentelle de pain croustillante / dans l’esprit d’une tarte à l’orange, granité traditionnel et sablé agrumes.

Le Champagne José Michel ‘Spécial Club’ Vintage 1976 a été dégorgé en 1982. C’est un beau témoignage de la maison qui appartient à la famille du beau-père du vigneron ex-parisien. Un tel champagne doit lui donner envie de continuer dans cette belle voie car le champagne, sans être parfait, offre de belles évocations fruitées.

Le Champagne Louis Roederer ‘extra dry’ 1976 est beaucoup plus ambré et sombre que son conscrit. Il est manifestement madérisé mais sur une crème de topinambour, il va se reconstituer et offrir des lueurs plaisantes. Il devient même bon, dans cette forme trop évoluée pour son âge.

Le Champagne Mumm Cuvée René Lalou 1979 que je connais particulièrement bien est grand mais un peu poussiéreux. Il a tout pour plaire mais manque un peu de séduction.

Ces trois champagnes ont accompagné la délicieuse entrée aux gambas et au caviar, plat qui aurait gagné à être plus copieux tant on l’adore. Une discussion est intervenue sur les verres. Philippe Jamesse a inventé une collection de verres pour les champagnes que je trouve exceptionnelle. Mais pour ces champagnes anciens il a choisi ses plus grands verres. Or ces verres, s’ils exhaussent les parfums et les arômes d’une belle façon, amplifient aussi les défauts lorsqu’il y en a et le vieillissement. Un des suédois avait demandé des verres plus petits et il était clair que les petits défauts du Roederer étaient largement atténués avec les verres plus petits.

Le Champagne Charles Heidsieck ‘La Royale’ 1975 est un vin absolument superbe, d’un équilibre absolu et très vif.

Le Champagne Charles Heidsieck 1973 à côté du 1975 apparaît très bon mais sans le côté brillant de la belle cuvée La Royale. Il fait un peu pataud à côté du cinglant 1975.

Le Champagne Pommery & Greno 1949 dont l’étiquette montre qu’il a été servi au mariage de Grace Kelly le 19 avril 1956 est absolument princier sur les lentilles. C’est un immense champagne.

Le Champagne Moët & Chandon Brut Impérial 1934 est aussi un grand champagne mais n’a pas la perfection du 1949. Le plat de homard est une merveille de gourmandise, surtout grâce aux intelligentes lentilles.

Le Sillery Rouge Pommery & Greno 1942 a un niveau bas qui n’amplifie pas ses défauts. Je le trouve intéressant.

Le Bouzy Rouge Pommery & Greno 1942 est superbe. C’est un très beau vin gourmand et de belle vivacité qui se marie bien à la tendreté du veau.

Le Bouzy Rouge Paul Sévès 1970 est agréable mais n’a pas le niveau du 1942. Ces trois vins rouges par leur côté salin rappellent un peu les bourgognes. Ils tiennent bien leur place dans ce repas.

Le Champagne Dom Pérignon 1964 est un de mes apports à ce repas. C’est un vin que j’adore et qui se présente bien, mais n’est pas au sommet que j’ai l’habitude de trouver en ce grand Dom Pérignon.

Il faut dire que le Champagne Dom Pérignon 1947 au niveau très bas dans sa bouteille est extraordinaire. Il est d’une précision inégalable et d’un charme tout en douceur. C’est un champagne de rêve.

J’avais apporté pour le cas où une deuxième bouteille. L’ambiance enjouée et amicale me pousse à demander qu’on l’ouvre. Le Champagne Lanson Red Label 1971 et superbe, à son optimum, très grand champagne expressif.

Mon quarté des champagnes de ce soir sera : 1 – Dom Pérignon 1947, 2 – Pommery & Greno 1949, 3 – Lanson red label 1971, 4 – Charles Heidsieck ‘La Royale’ 1975.

La cuisine a été de très haut niveau, la palme revenant au homard aux lentilles. Le service de l’équipe du restaurant est attentionné et compétent, rendant le diner encore plus agréable. Le dîner s’est tenu en français et en anglais, dans une ambiance amicale, joyeuse mais aussi attentive à découvrir les mille complexités de ces vins anciens originaux.

Pour une première des « Antiquaires du champagne » Jérôme et Pierre ont réussi un coup de maître.

Visite de la maison de cognac Hennessy et dégustations jeudi, 2 février 2017

La maison de cognac Hennessy invite une quinzaine de personnes à visiter ses installations et goûter ses cognacs lors d’un programme étalé sur deux jours. Notre groupe est très cosmopolite. De France les invités viennent d’Amiens, de Paris et de Charente. S’ajoutent des indiens, des écossais, un suisse, un malaisien et une singapourienne. Nous nous retrouvons à plusieurs dans le même TGV de Paris à Angoulême et les discussions vont bon train.

Nous sommes conduits dans la distillerie des cognacs Hennessy, distillerie du Peu, du nom du lieu-dit, accueillis par un apéritif à base de cognac V.S. « on the rocks », avec des feuilles de menthe et des kumquats. Un sirop donne une saveur sucrée qui évoque un peu les bourbons. Ce breuvage qui se boit bien est traître, car il a une belle charge d’alcool. Les petits fours sont absolument délicieux.

Après les explications qui nous sont données sur les alambics et les processus de distillation nous déjeunons dans la grande salle des alambics. Le menu élaboré par le chef David Fransoret, chef du château de Bagnolet, propriété d’Hennessy est : Saint-Jacques poêlées, fumet au beurre noisette, mousseline de chou-fleur / pavé de cabillaud, Tatin de panais et potimarron, sauce cassis / Linzer agrumes meringué.

Le déjeuner est accompagné d’un Puligny-Montrachet 1er Cru Les Louves Domaine des Lambrays 2012 joyeux, fruité, très agréable, qui s’accorde bien aux noix de Saint-Jacques. J’ai la chance d’être assis à côté de Maurice Hennessy, qui est de la huitième génération de la famille des fondateurs en 1765 de cette célèbre maison, comme Yann Fillioux, maître de chai, représente la septième génération de sa famille à occuper depuis 1802 cette fonction de maître de chai. Le dessert est accompagné d’un Cognac X.O. Hennessy très expressif.

Nous nous rendons ensuite à la Sarrazine, la tonnellerie de réparation des tonneaux de Hennessy pour assister à une démonstration de confection d’un tonneau. Cet atelier est crucial car la maison Hennessy a un stock de 380.000 tonneaux et en utilise 20.000 par an. Ces chiffres donnent le vertige.

Nous sommes ensuite conduits au « cellier du fondateur » acquis en 1774 qui est l’un des celliers où dorment des fûts de tous âges. Au-delà d’un siècle environ le chêne n’apporterait plus rien à l’alcool aussi les plus anciens cognacs sont en dame-jeanne, les plus vieilles étant de 1800. Nous avons l’insigne honneur de goûter sur fût un Cognac Hennessy 1910 Petite Champagne Hennessy Divers que je trouve d’une fraîcheur confondante, fluide, romantique émouvant, au finale gracieux. Nous goûtons ensuite un Cognac Hennessy 1908 Petite Champagne Hennessy Divers plus viril, plus rêche et plus court et à ma grande surprise une majorité des membres de notre groupe préfèrent le 1908 alors que je trouve le 1910 infiniment plus vibrant. Des goûts et des couleurs…. Je dis à Stanislas, notre cornac, que le 1910 à lui seul, valorise et justifie le voyage que nous faisons.

Olivier Paultes, le maître des lieux, directeur des distilleries, nous parle avec émotion de ce stock spectaculaire sur lequel il règne, qui permet de concevoir les cognacs les plus rares, le Paradis Impérial étant, par exemple, l’assemblage de plus d’une centaine des alcools qui dorment ici et dans les nombreux autres celliers.

Nous nous rendons au siège de la maison Hennessy et visitons la salle du comité de dégustation qui comprend six membres plus deux stagiaires qui n’ont pas le droit de s’exprimer et seront en stage pendant dix ans. Olivier qui fait partie de ce comité qui se réunit tous les jours boit de l’ordre de 10.000 cognacs par an. Le rôle du comité est de préparer les assemblages pour les cognacs à commercialiser mais aussi à détecter les jeunes eaux-de-vie qui composeront les cognacs les plus prestigieux dans un demi-siècle. Le comité travaille pour l’immédiat et pour le futur.

Dans la salle de dégustation pour les invités, nous avons devant nous sept cognacs dont quatre numérotés 1, 2, 3, 4, dont deux numérotés A et B et le dernier n’ayant pas de numéro, qui est le Paradis Impérial.

Le cognac n° 1 est une nouvelle eau de vie transparente dont Olivier nous dit qu’au nez, elle sent la fleur de vigne. Pour moi elle sent plus l’alcool pur, sans trace de bois. En bouche il y a du fruit, du bonbon anglais, de la mirabelle et de la colle à l’amande.

Le cognac n° 2 est un Cognac Hennessy 2005 vieilli dans un fût de plus de huit ans et le n° 3 est aussi de 2005, vieilli dans un fût neuf. C’est le 3 qui est le plus foncé. Le 2 a un nez très doux, de vanille. En bouche il est très sec. Le 3 a un nez aussi très doux, plus boisé. En bouche il est très doux. Le 2 est très équilibré mais à ce stade de leurs vies je préfère le 3.

Le cognac n° 4 est un Cognac Hennessy 1996. Il n’est pas encore prêt pour entrer dans un assemblage nous dit Olivier. Il a un nez qui est déjà agréable, fort. La bouche est un peu lactée.

Les qualités des cognacs sont dans l’ordre décroissant : grande champagne, petite champagne, borderie, fins bois, bons bois et bois ordinaires. Les quatre que nous venons de boire sont des fins bois et le cognac A que nous goûtons maintenant est un Cognac Hennessy Grande Champagne 1996 de la même année que le 4, mais en grande champagne. Olivier nous dit que le « A » a le potentiel pour entrer dans la composition du Paradis Impérial. Pour que nous comprenions ce que cela représente, il nous dit que sur 10.000 alcools testés sur une années, dix seulement seront jugés aptes à entrer dans la composition du Paradis Impérial.

Le cognac B est une Cognac Hennessy Grande Champagne 1965. Olivier Paultes nous dit que cet alcool mériterait d’être à lui tout seul un Paradis Impérial, mais ce n’est pas possible car cet alcool doit obligatoirement être le produit d’un assemblage. Cela veut dire qu’Olivier considère ce 1965 comme étant au plus haut niveau de qualité. En le buvant, je lui trouve un superbe équilibre. Je ressens des fruits blancs et du muguet. Il est beau et romantique un peu comme le 1910 bu dans le cellier. Le « B » est facile à boire, de belle longueur et délicat. Il est très charmeur. Olivier dit qu’il mérite dès maintenant d’entrer dans le Paradis Impérial, car il n’a pas besoin d’un vieillissement supplémentaire.

Je trouve que le parfum du A est plus cognac que le parfum du B. Mais en bouche c’est le B qui est d’un raffinement total. Il est temps de goûter le 7ème cognac présenté, le Cognac Hennessy Paradis Impérial. Sa couleur est superbement ambrée. Le nez est magnifique, superbe et expressif, un peu fumé et délicat. En bouche on sent à quel point il est complexe. Les évocations sont innombrables, zestes d’orange, tarte Tatin, etc. Le finale est grand et le cognac fait de plus d’une centaines d’eaux-de-vie est relativement calme. Le concept de Paradis Impérial date de 2010 alors que le concept de Paradis est plus ancien.

Les cognacs s’épanouissent en cours de dégustation, devenant beaucoup plus accueillants et ouverts et le nez du B que je trouvais moins cognac que le A s’épanouit grandement. Le Paradis Impérial distribue généreusement fragrances et arômes. C’est un cognac subtil.

Après cette dégustation, nous rendons au château de Bagnolet, demeure de réception de la maison Hennessy. C’est une très jolie maison bourgeoise décorée à l’ancienne. Après un court assoupissement bien nécessaire nous nous retrouvons dans le jardin d’hiver aux plantes tropicales pour l’apéritif nommé Hennessy X.O. Ice. Ce cognac sur glaçons est très agréable mais un peu monotone après quelques gorgées. Fort heureusement les petits amuse-bouche dont une anguille très typée excitent très bien le cognac glacé.

C’est Olivier Paultes qui est notre hôte à la belle table du château. Le dîner se fera au cognac, sur un menu « Précision » créé par le chef Guy Martin du Grand Véfour pour le cognac Paradis Impérial et exécuté par le chef du château David Fransoret : magret de canard Tataki, petits légumes croquants / pot au feu, jeunes légumes glacés / consommé, tartine de moelle à la truffe / mangue, papaye, fruits de la passion, biscuit aux amandes.

Je suis un peu sur la défensive en pensant que nous allons faire tout le repas au même Cognac Paradis Impérial. Le premier plat confirme mes craintes car, même si le cognac est servi frais, il est beaucoup trop puissant pour le gras du magret. Il étouffe le plat. Mes craintes vont s’estomper car le pot-au-feu délicieux colle parfaitement au cognac, qui s’adapte aussi bien à la chair délicieuse de la viande qu’au bouillon. On tient là un accord très bien conçu.

Il en est de même de l’accord du cognac avec le consommé très réduit et concentré et de l’accord avec le toast à la truffe. Ces deux plats valident la création de Guy Martin. Le dessert est aussi en harmonie avec le cognac. Le Paradis Impérial est d’une grande longueur, en évocations subtiles et non agressives. Si l’expérience montre que c’est possible, la démonstration n’est pas faite que l’on ait envie de recommencer ou de la faire chez soi. Car le même cognac tout au long d’un repas est monotone, et les accords, même s’ils se montrent pertinents, seraient surpassés par d’autres, avec des vins ou des champagnes. Ce repas que j’approuve dans son envie de convaincre, conforte plutôt l’idée que le cognac doit garder sa place en fin de repas, comme un point d’orgue, du moins dans la conception européenne ou française des repas. Les chinois et les asiatiques prouvent que le cognac peut être présent partout, comme en ce repas. Je leur laisse bien volontiers ce choix.

Après le repas on nous sert dans le jardin d’hiver le Cognac Hennessy Paradis, beaucoup plus foncé, plus rustique et de plus faible longueur. C’est évidemment un grand cognac mais la saturation existe, sauf pour certains fumeurs qui ont continué tard dans la nuit à rendre hommage aux cognacs de la maison Hennessy.

Après une nuit courte nous prenons le petit-déjeuner dans la belle salle à manger. Les groupes se séparent. Du fait du retard d’un des convives au départ de la navette, ceux qui comme moi repartaient vers Paris ont dû courir sur les quais, le train étant sur le point de partir.

L’accueil de la maison Hennessy est généreux et le service au château est exemplaire, tout le monde étant attentif à nos désirs. Si l’expérience d’un repas au cognac est intelligemment réussie, cela reste malgré tout un exercice de style qui sera difficile à reproduire. Mais le Paradis Impérial, élégant cognac, me donne envie de le mettre plus souvent à sa place attitrée, selon mes critères, celle du point d’orgue d’un repas de gastronomie.

En réfléchissant à cet exercice de style et en prenant en compte ma vision des repas, je verrais bien un dîner en l’honneur du cognac avec un cognac glacé en apéritif, un plat qui convienne à un riche vin blanc, un peu comme nous l’avons fait à la distillerie, puis un plat comme le toast à la moelle et à la truffe pour le cognac Paradis Impérial, puis un plat pour un riche vin rouge, un dessert préparé pour aller aussi bien avec un champagne rosé qu’avec un cognac, l’après dessert revenant au cognac seul. Cette forme de repas serait à l’honneur du cognac en trois reprises, plus facile à appréhender qu’un repas dévoué en totalité au cognac. Je serais heureux d’en faire l’expérience.

1- à la distillerie :

avec M. Hennessy

2 – à la tonnellerie

3 – le cellier du fondateur

4 – le siège de la maison Hennessy et la salle du comité de dégustation

5 – la dégustation

6 – le dîner au château de Bagnolet

Fargues à Toulouse 22 avril 2017 mercredi, 11 janvier 2017

Le Club Œnophile du Midi organise le 22 avril 2017 une dégustation de plusieurs millésimes du Château de Fargues, en présence d’Alexandre de Lur Saluces.

Cela se fera le 22 avril 2017 à La Cour des Consuls Hôtel et Spa 46 rue des Couteliers 31000 Toulouse.

Le lendemain, une vente aux enchères est organisée sur place.

Les deux dépliants ci-joints donnent toutes les précisions utiles concernant les horaires et les modalités d’inscription.

Boire Fargues 1989 en compagnie du propriétaire du château, qui a réussi ce millésime aussi bien que son Yquem 1989 est une occasion rare à ne pas manquer.

fargues-1

fargues-2

bulletin-simple-fargues

bulletin-dinscription