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Dégustation de 41 millésimes de La Romanée Comte Liger-Belair dimanche, 10 juin 2012

Dégustation de 41 millésimes de La Romanée Comte Liger-Belair

Nous sommes 24 personnes, mais seuls 16 verres sont servis, quelques personnes partageant le même verre. Dégustation en sachant que c’est la Romanée, mais sans aucune indication de millésime. Donc un aveugle total sur les années.

Série 1 : 1988 – 1995 – 2004 – 1993 – 2006

Série 2 : 1979 – 1970 – 1982 – 1972 – 1976

Série 3 : 2000 – 1997 – 2007 – 2003 – 2001

Série 4 : 1968 – vers 1925 – 1973 – 1923 – 1957 – 1975

Série 5 : 1998 – 2010 – 2008 – 1996 – 2002

Série 6 : 1986 – 1983 – 1985 – 1992 – 1978

Série 7 : 1990 – 1989 – 2009 – 1999 – 2005

Série 8 : 1961 – 1966 – 1964 – 1969 – 1953

Chacun vote pour son n° 1 et son n° 2 seulement. J’ai classé tous les vins de chaque série.

Voici les classements dans chaque série :

Série 1 – Le vote du groupe est : 1 : 2006, 2 : 2004, 3 : 1993, 4 : 1995, 5 : 1988.

Mon vote est : 1 : 2006, 2 : 2004, 3 : 1993, 4 : 1988, 5 : 1995.

Série 2 – Le vote du groupe est : 1 : 1972, 2 : 1976, 3 : 1970, 4 : 1982, 5 : 1979.

Mon vote est : 1 : 1972, 2 : 1976, 3 : 1979, 4 : 1970, 5 : 1982.

Série 3 – Le vote du groupe est : 1 : 2003, 2 : 2007, 3 : 2001, 4 : 2000, 5 : 1997.

Mon vote est : 1 : 2000, 2 : 2007, 3 : 2001, 4 : 1997, 5 : 2003.

Série 4 – Le vote du groupe est : 1 : 1973, 2 : 1957, 3 : 1975, 4 : 1923, 5 : vers 1925, 6 – 1968.

Mon vote est : 1 : 1973, 2 : 1975, 3 : 1957, 4 : 1923, 5 : 1968, 6 : vers 1925.

Série 5 – Le vote du groupe est : 1 : 2008, 2 : 2002, 3 : 2010, 4 : 1996, 5 : 1998.

Mon vote est : 1 : 2002, 2 : 2008, 3 : 1998, 4 : 2010, 5 : 1996.

Série 6 – Le vote du groupe est : 1 : 1992, 2 : 1983, 3 : 1986, 4 : 1978, 5 : 1985.

Mon vote est : 1 : 1983, 2 : 1992, 3 : 1986, 4 : 1978, 5 : 1985.

Série 7 – Le vote du groupe est : 1 : 2009, 2 : 1999, 3 : 2005, 4 : 1989, 5 : 1990.

Mon vote est : 1 : 1989, 2 : 2009, 3 : 1999, 4 : 1990, 5 : 2005.

Série 8 – Le vote du groupe est : 1 : 1969, 2 : 1953, 3 : 1961, 4 : 1964, 5 : 1966.

Mon vote est : 1 : 1969, 2 : 1953, 3 : 1964, 4 : 1966, 5 : 1961.

Voici les vins qui sont classés par le groupe soit n° 1 soit n° 2, classés dans l’ordre des millésimes (avec entre parenthèse le classement du groupe puis mon classement) :

2009 (1 – 2), 2008 (1 – 2), 2007 (2 – 2), 2006 (1 – 1), 2004 (2 – 2), 2003 (1 – 5), 2002 (2 – 1), 1999 (2 – 3), 1992 (1 – 2), 1983 (2 – 1), 1976 (2 – 2), 1973 (1 – 1), 1972 (1 – 1), 1969 (1 – 1), 1957 (2 – 3), 1953 (2 – 2).

Vins n°s 3, 4, 5 ou 6 pour le groupe :

2010 (3 – 4), 2005 (3 – 5), 2001 (3 – 3), 2000 (4 – 1), 1998 (5 – 3), 1997 (5 – 4), 1996 (4 – 5), 1995 (4 – 5), 1993 (3 – 3), 1990 (5 – 4), 1989 (4 – 1), 1988 (5 – 4), 1986 (3 – 3), 1985 (5 – 5), 1982 (4 – 5), 1979 (5 – 3), 1978 (4 – 4), 1975 (3 – 2), 1970 (3 – 4), 1968 (6 – 5), 1966 (5 – 4), 1964 (4 – 3), 1961 (3 – 5), vers 1925 (5 – 6), 1923 (4 – 4).

A part pour le 2003 jugé premier par le groupe et 5ème par moi et les 2000 et 1989 jugés 4ème par le groupe et premiers par moi, il y a une grande homogénéité entre les votes du groupe et les miens, ce qui semble indiquer que dans chaque groupe l’écart qualitatif était assez clair.

Pour plus de lisibilité, vins classés 1 ou 2 par le groupe :

2009, 2008, 2007, 2006, 2004, 2003, 2002, 1999, 1992, 1983, 1976, 1973, 1972, 1969, 1957, 1953.

Vins classés au-delà de 2è par le groupe :

2010, 2005, 2001, 2000, 1998, 1997, 1996, 1995, 1993, 1990, 1989, 1988, 1986, 1985, 1982, 1979, 1978, 1975, 1970, 1968, 1966, 1964, 1961, vers 1925, 1923.

On note qu’il y a des années dites « moyennes » dans les mieux classées comme 1992, 1973, 1972 et 1957, par exemple, et des années dites « grandes » moins bien classées comme 2005, 1990, 1989, 1978, 1961, 1923.

Dans le compte-rendu ci-dessous, je donne des indications succinctes sur chaque vin.

Une remarque sur l’aveugle. J’ai participé à beaucoup de verticales extensives comme celle-ci. L’intérêt de ces événements, c’est de mieux connaître l’histoire et l’âme d’un vin. Je sens que j’apprends beaucoup mieux quand je bois le vin d’une année en faisant appel à ma mémoire des vins de cette année.

Il faisait très chaud, et l’alcool revenait plus qu’il ne devrait, aussi mes appréciations de l’âge des vins était toujours plus vieille que la réalité. Et je n’étais pas dans mes repères.

Il est certain que l’avantage, c’est de ne pas être influencé par l’année, ce qui a permis à des années dites moyennes de surclasser de plus grands millésimes, mais j’ai pu vérifier par exemple sur le 1923 que j’ai bu à l’aveugle, puis en sachant que c’est 1923, que je comprenais dix fois plus de choses lorsque je savais ce que je buvais. Et le 1923 que j’ai classé 4ème de la série, comme le groupe, je l’ai retrouvé avec une richesse de message beaucoup plus grande, car j’avais le référentiel de 1923.

Avantage pour la spontanéité de l’exercice avec cet aveugle, mais moins de pertinence des jugements, qui sont moins complets et moins précis quand on ne sait pas ce qu’on boit.

La verticale de 56 milésimes de Clos de Tart convenait plus à mon approche et j’ai beaucoup plus appris sur chaque décennie que je ne l’ai fait dans celle-ci.

Mais, bien évidemment, c’est un plaisir et un honneur de participer à de telles verticales.

Gerhard, l’organisateur, et Louis-Michel Liger-Belair

dégustation de 41 millésimes de la Romanée dimanche, 10 juin 2012

La dégustation de 41 millésimes de la Romanée Liger-Belair se tient au restaurant « Im Fünften » qui comme son nom l’indique est au cinquième étage d’un centre commercial, surplombant la Jakominiplatz de Graz. Nous sommes environ 24, mais chaque bouteille sera partagée en seize verres, puisque plusieurs personnes partageront un verre à deux. Le service des vins se fait selon un processus assez astucieux. Gerhard, l’organisateur de la dégustation, a apporté des petits verres à schnaps, et chaque participant recevant la carafe d’un nouveau vin utilise un petit verre pour doser la quantité, en ayant le repère d’une marque sur le verre.

Il fait très chaud et pendant la première partie de la dégustation, avant que le soir ne tombe, les vins montrent un peu trop leur alcool en premier. Nous dégustons « à l’aveugle » presque total puisque, si nous connaissons le vin que nous buvons, nous ne connaissons pas son année.

Les séries sont de cinq vins, dont l’ordre a été établi par Gerhard, et nous n’en savons rien. Les notes que j’ai prises sont plutôt pour différencier les vins dans chaque série, puisque nous votons, que pour les décrire de façon intrinsèque. De plus, comme il y a beaucoup de séries, par prudence je ne reviens pas de nombreuses fois sur chaque vin. Le souci de différencier fait que je mets en avant tel ou tel défaut, même si le vin est globalement plaisant. A noter que je ne sais pas quel est le vin quand j’ai écrit ces notes où, pour des questions de lisibilité, j’indique après coup l’année au lieu du numéro d’ordre du vin. J’ai gardé mes notes telles quelles, avec ses erreurs, ses redites, et ses imperfections. On notera que le plus souvent, mon vote pour les trois premiers vins est très proche du vote du groupe.

Série n° 1. Le 1988 a la couleur la plus fatiguée, son nez profond montre des signes d’âge. Le 1995 est beaucoup plus jeune de couleur, plus frais, un peu strict. Il a une belle structure plaisante. Le 2004 a un nez puissant, un nez de cassis et une attaque généreuse. C’est le préféré de Louis-Michel Liger-Belair, car il est dans le style qu’il veut donner à son vin. Il est opulent. Le 1993 est plus aqueux, un peu moins structuré. Mais il s’améliore dans le verre. Le 2006 est élégant, mesuré, très joli.

Les vins, dans l’ordre de service, de la série 1 : 1988 – 1995 – 2004 – 1993 – 2006.

Le vote du groupe est : 1 : 2006, 2 : 2004, 3 : 1993, 4 : 1995, 5 : 1988.

Mon vote est : 1 : 2006, 2 : 2004, 3 : 1993, 4 : 1988, 5 : 1995.

Série n° 2. Le 1979 a un nez chaleureux, le 1970 un nez moins précis, le 1982 a un nez plutôt animal, le 1972 a un nez élégant, le 1976 exhale beaucoup d’alcool, mais c’est lié à la chaleur.

La bouche du 1979 est élégante, raffinée. J’aime ce vin. Le 1970 est légèrement fatigué, avec un soupçon de bouchon qui ne se confirme pas. Il est assez minéral. Il devient plus chaleureux. Le 1982 est plus vieux, un peu aqueux, mais il a une belle élégance. Il est un peu râpeux, rêche et un peu imprécis. Le 1972 a fraîcheur et élégance, au final très fluide. Je note : « que du bonheur ». Le 1976 est élégant mais avec un peu moins de personnalité. Il est racé aussi.

Les vins, dans l’ordre de service de la série 2 : 1979 – 1970 – 1982 – 1972 – 1976

Le vote du groupe est : 1 : 1972, 2 : 1976, 3 : 1970, 4 : 1982, 5 : 1979.

Mon vote est : 1 : 1972, 2 : 1976, 3 : 1979, 4 : 1970, 5 : 1982.

Série n° 3. Le 2000 a une couleur très jeune. Il est très fluide. Il est élégant et soyeux. Le 1997 a un joli nez. C’est un beau vin, moins fin que le premier. Le 2007 a un nez moins clair. J’aime son côté râpeux. Il est plus séducteur, plus bourguignon, mais avec la chaleur, montre trop son alcool. Le 2003 a un nez moins plaisant. Le gout est aussi moins plaisant. Le final n’est pas assez précis. Il est plutôt fermé. Le 2001 a un parfum de belle personnalité. Il est atypique mais assez excitant. Il est déroutant, mais j’aime.

Les vins, dans l’ordre de service de la série 3 : 2000 – 1997 – 2007 – 2003 – 2001

Le vote du groupe est : 1 : 2003, 2 : 2007, 3 : 2001, 4 : 2000, 5 : 1997.

Mon vote est : 1 : 2000, 2 : 2007, 3 : 2001, 4 : 1997, 5 : 2003.

Série n° 4. Le 1968 a un nez de camphre, le vin qui n’a pas de millésime mais que l’on peut dater entre 1920 et 1935 puisque c’est un vin distribué par Marey & Comte Liger Belair a un nez de gibier, le 1973 a un nez superbe, le 1923 a un nez de porto, le 1975 a un nez « possible ».

Le 1968 n’est pas si mal en bouche, du moins à l’attaque, mais il est dévié, malade. Le probable 1925 a une belle attaque, mais il est un peu fatigué. Le 1973 est plus élégant. Il a encore du fruit. Le final est un peu incertain. Mais après quelques minutes il montre qu’il est très beau. Le 1923 est plaisant. On sent son alcool. Le 1957 est le plus jeune des cinq. Comme les deux premiers étaient un peu fatigués, Gerhard ajoute un sixième vin, le 1975 que je trouve très joli. Goûté ensuite en sachant l’année, je le trouve au dessus de ce qu’il devrait être pour 1975. Et j’ai la même réaction en sachant que le 4ème vin est de 1923. C’est un superbe 1923.

Les vins, dans l’ordre de service de la série 4 : 1968 – vers 1925 – 1973 – 1923 – 1957 – 1975

Le vote du groupe est : 1 : 1973, 2 : 1957, 3 : 1975, 4 : 1923, 5 : vers 1925, 6 – 1968.

Mon vote est : 1 : 1973, 2 : 1975, 3 : 1957, 4 : 1923, 5 : 1968, 6 : vers 1925.

Série n° 5. Le 1998 a un nez joliment fruité. Il est joli, riche, poivré, très puissant. Le 2010 a un nez plus ancien, pas facile à cerner (je ne connais pas le millésime). Il est truffe, végétal, pas encore structuré. Le 2008 a un nez jeune comme le 2010 (c’est ce que j’ai écrit, qui ne semble pas très cohérent). Il est plus joyeux, bien structuré. C’est un grand vin en devenir. Le 1996 a un nez très joli, riche, opulent. En bouche, il est un peu serré, strict, mais de beau potentiel. Le 2002 a un nez joli et discret. En bouche il est élégant et raffiné. C’est pour moi la plus belle série, de vins très jeunes et très bien faits.

Les vins, dans l’ordre de service de la série 5 : 1998 – 2010 – 2008 – 1996 – 2002

Le vote du groupe est : 1 : 2008, 2 : 2002, 3 : 2010, 4 : 1996, 5 : 1998.

Mon vote est : 1 : 2002, 2 : 2008, 3 : 1998, 4 : 2010, 5 : 1996.

Série n° 6. Le 1986 a un très joli nez. Il est joli, charmeur, mais ne fait pas Grand Cru. Le 1983 a un nez séduisant, vineux. Je l’aime bien. Il est assez simple mais très authentique. Le 1985 est bouchonné, hélas. Le 1992 a un nez très charmant. Il est très plaisant en bouche, charmeur, mais n’a pas la tension qu’avait la 5ème série. Le 1978 est bouchonné, ce qui est rageant quand on apprend de quel millésime il s’agit. Louis-Michel vote pour ce vin et le place premier en expliquant pourquoi : il a reconnu le millésime et ressent tout le potentiel immense de ce vin. Il fait donc abstraction du goût de bouchon que nous subissons.

Les vins, dans l’ordre de service de la série 6 : 1986 – 1983 – 1985 – 1992 – 1978

Le vote du groupe est : 1 : 1992, 2 : 1983, 3 : 1986, 4 : 1978, 5 : 1985.

Mon vote est : 1 : 1983, 2 : 1992, 3 : 1986, 4 : 1978, 5 : 1985.

Série n° 7. Le 1990 a un nez de grande classe. En bouche il est doucereux, presque sucré, pas très orthodoxe. Le 1989 a un nez assez joli, mais peu structuré. En bouche, il est plus frais, charmant, avec pas mal de fruit. Je l’aime assez. Le 2009 un beau nez. Il est un peu doucereux aussi mais beaucoup plus réussi que le 1990. Je m’en veux, car je n’ai pas reconnu ce 2009 que j’avais goûté au domaine. Le 1999 a un nez un peu fermé. Il est un peu râpeux en bouche mais très intéressant. Le 2005 a un assez joli nez, discret. En bouche il n’est pas mal, mais je ne le trouve pas très sexy.

Les vins, dans l’ordre de service de la série 7 : 1990 – 1989 – 2009 – 1999 – 2005

Le vote du groupe est : 1 : 2009, 2 : 1999, 3 : 2005, 4 : 1989, 5 : 1990.

Mon vote est : 1 : 1989, 2 : 2009, 3 : 1999, 4 : 1990, 5 : 2005.

Série n° 8. Le 1961 a un nez assez ancien. Il fait âgé. En bouche, il est doucereux, et n’a pratiquement pas de final. Le 1966 a un nez assez animal. En bouche il est doucereux mais amer aussi. Le 1964 a un nez fatigué, mais il est plaisant en bouche. Il a un final plaisant où l’alcool se montre. Le 1969 a un nez beaucoup plus joli. Malgré une amertume dans le final, j’aime ce vin. Le 1953 a un nez intéressant. Il est un peu aqueux en bouche mais ne me déplait pas. Cette série est peut-être celle qui m’a le moins convaincu, car on est dans une période où l’on peut penser que ceux qui ont fait le vin n’avait pas une suffisante envie d’excellence, contrairement à ce qu’on voit aujourd’hui.

Les vins, dans l’ordre de service de la série 8 : 1961 – 1966 – 1964 – 1969 – 1953

Le vote du groupe est : 1 : 1969, 2 : 1953, 3 : 1961, 4 : 1964, 5 : 1966.

Mon vote est : 1 : 1969, 2 : 1953, 3 : 1964, 4 : 1966, 5 : 1961.

Gerhard nous fait maintenant goûter à l’aveugle une série de liquoreux.

Série n° 9. Le Bonnezeaux domaine de la Croix des Loges 1974 est très sucré. On dirait un bonbon anglais auquel on ajouterait cannelle et guimauve. Il a une belle fraîcheur, mais l’aspect ananas lui va moins bien. Le Zeltinger Schlossberg Riesling Auslese Mosel Maximilien Keilereien 1964 a un nez bizarre. Il est assez léger, à peine sucré, au final un peu imprécis.

Le Château Rieussec 1985 est nettement plus agréable, car c’est un sauternes confortable (je n’ai pas de doute en le buvant). Le vin suivant et dernier vin a une étiquette fantaisiste, car il ne peut pas être commercialisé du fait qu’il titre seulement 4°. En le buvant j’ai immédiatement pensé à un Essenzcia hongrois car il en a le nez, le sucre énorme et la belle fraîcheur. Et c’est un Welschriesling Essenz autrichien 2001. On est donc dans le même esprit.

Nous avons bu ces quatre liquoreux sur des fromages autrichiens choisi avec amour par le restaurant, sacrément affinés, pour que nous constations que l’Autriche aussi fait des fromages couillus. Mon classement de ces quatre vins est Rieussec, Essenz, Bonnezeaux et Mosel Riesling.

Que dire de cette soirée ? D’abord, c’est l’opiniâtreté de Gerhard qui a permis de rassembler tous ces vins, ce qui n’est pas une mince affaire quand un vin a une aussi petite production. Ensuite, c’est un privilège de boire autant de millésimes de ce grand vin. Gerhard est un grand passionné de vin et il faut de tels personnages pour faire de beaux événements.

Le 1923, que j’ai mis quatrième de sa série, quand je l’ai bu en sachant ce qu’il est, m’a enthousiasmé. Ceci me montre que je préfère les dégustations verticales quand on sait ce que l’on boit, car je peux alors profiter de mes références sur ces années.

Mais l’avantage de la dégustation à l’aveugle, c’est que l’on peut faire apparaître sans risque d’être influencé qu’il y a des années dites « moyennes » parmi les mieux classées comme 1992, 1973, 1972 et 1957, par exemple, et des années dites « grandes » moins bien classées comme 2005, 1990, 1989, 1978, 1961, 1923.

C’est ainsi que les vins classés 1 ou 2 par le groupe sont : 2009, 2008, 2007, 2006, 2004, 2003, 2002, 1999, 1992, 1983, 1976, 1973, 1972, 1969, 1957 (Leroy), 1953 (Leroy- tastevinage).

Et les vins classés au-delà de 2è par le groupe sont : 2010, 2005, 2001, 2000, 1998, 1997, 1996, 1995, 1993, 1990, 1989, 1988, 1986, 1985, 1982, 1979, 1978, 1975, 1970 (Bichot), 1968, 1966 (Bichot), 1964 (Bichon à Margaux), 1961 (Leroy), vers 1925 (Marey et Liger-Belair), 1923 (Léon Rigault).

Pendant certaines périodes, le vin n’a peut-être pas eu le traitement qu’il méritait. Est-ce parce que ceux qui en avaient la charge n’ont pas donné tout le soin qu’ils auraient dû, je ne sais pas. Mais un grand vin venant d’un grand terroir prend toujours le dessus. Et Louis-Michel est en train de démontrer que la Romanée Liger-Belair est un des plus beaux vins, des plus racés de la belle Bourgogne. Le fait que ce vin soit grand dans des années dites petites est bien le signe qu’il s’agit d’un grand vin.

Souhaitons longue vie à ce beau vin dont les millésimes récents m’ont conquis.

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pour voir les fromages dégustés, dont un est affiné en entendant chaque jour et chaque nuit des chants grégoriens, c’est ici : LesfromagesGraz.pdf

photos de quelques bouteilles, dans l’ordre de dégustation

2001 – 1968

entre 1920 et 1932 – 1973

1923 Tête de Cuvée !!!

1957

1975 – 2010

2008 – 1996

2002 – 1990

1989 – 2009

1961

1964 – 1966

1969

1953

Les liquoreux

Champagnes de la Baltique autour de 1839 / 1840 vendredi, 8 juin 2012

La vente a été faite de 11 bouteilles sur les 79 buvables (2 vendues en 2011 – il en restera 66) :

1 bt de Heidsieck à 11.500 € avant frais

4 bt de Veuve Clicquot entre 10.000 et 14.000 € chacune avant frais

6 bt de Juglar entre 9.500 et 14.000 € avant frais.

Les estimations d’Artcurial ont donc été confirmées par les faits. Il n’y a pas eu l’explosion de prix que certains attendaient.

Comparativement, les bouteilles vendues l’an dernier ont atteint 30.000 € chacune.

Reste maintenant à savoir si elles sont bonnes !

visite au domaine Stefan Potzinger en Autriche vendredi, 8 juin 2012

Le lendemain matin Gerhard, femme et enfants ainsi qu’un ami allemand nous dirigent vers les vignobles autrichiens qui jouxtent la Slovénie. Les paysages sont vallonnés, voire torturés, d’une grande beauté et les vignes sont installées sur des pentes vertigineuses. J’ai du mal à imaginer que des tracteurs puissent remonter de telles pentes. Nous rendons visite à un vigneron, Stefan Potzinger, propriétaire du domaine éponyme.

Lorsque Stefan nous accueille au seuil de sa maison, et nous parle de son domaine, une épouvantable odeur d’une porcherie voisine envahit nos narines. Nous visitons ses installations et nous allons en salle de dégustation, heureusement non touchée par les odeurs, pour goûter ses vins.

Stefan Potzinger Sauvignon blanc Aus den Rieden 2011, Stefan Potzinger Joseph Sauvignon blanc Ried Sulz 2009, Stefan Potzinger Joseph Sauvignon blanc Ried Sulz 2008, Stefan Potzinger Joseph Sauvignon blanc Ried Sulz 2003, Stefan Potzinger Joseph Sauvignon blanc Ried Sulz 2004, Stefan Potzinger Traminer Zoppelberg 2003. Il me faut beaucoup de temps pour m’acclimater à des vins qui, même avec quelques années, ont encore des candeurs de vins trop jeunes. Leur caractéristique est d’être précis, frais, bien faits. On sent l’enthousiasme de ce jeune vigneron ambitieux.

Nous allons ensuite visiter les vignes pentues du domaine Stefan Potzinger. Les vendanges sont faites à la main, car il serait impossible d’engager des machines sur ces pentes. Les allées étant herbeuses, je me demande comment l’on peut rester debout lorsqu’il pleut. Si l’on tombe, on ira rapidement plus vite qu’une luge. Nous nous arrêtons pour l’apéritif chez les parents de Stefan dans une maison rustique au panorama de toute beauté.

Même avec beaucoup d’imagination, je n’arrive pas à comprendre que l’on puisse prendre un apéritif avec ces bébés : Stefan Potzinger Gelber Muskateller Steirische Tradition 2011 et Stefan Potzinger Weissburgunder (pinot blanc) Aus den Rieden 2011. On sent que c’est bien fait, que le pinot blanc a de belles promesses, mais pourquoi se faire mal ? On passe à côté de l’ampleur que peuvent prendre ces vins bien faits. On en verra la preuve ce soir.

Stefan Potzinger et Louis-Michel Liger-belair

les photos ne rendent pas l’ampleur vertigineuse des pentes. Quels beaux paysages !

visite au vignoble Sepp et Maria Muster en Autriche vendredi, 8 juin 2012

Nous rendons visite au vignoble Sepp et Maria Muster qui travaille en biodynamie. L’homme est charmant, didactique, et d’une simplicité d’approche remarquable. Ce n’est pas un de ces ayatollahs de la biodynamie, qui voient des influences telluriques ou stellaires partout. Tous les choix sont raisonnés et l’on sent qu’il est en recherche permanente. Il nous explique sur le terrain sa vision de la croissance de la vigne, en cave, il nous parle d’expériences que Louis-Michel m’aide à comprendre, et le résultat se goûte dans la salle de dégustation.

Muster Sauvignon vom Opok 2008, Muster Morillon Vom Opok 2008, Muster Graf Morillon Vom Opok 2008, Muster Graf Sauvignon 2008, Muster Graf Sgaminegg 2008, Muster Graf Sgaminegg 2007. On est assez impressionné par la précision, la fluidité, la longueur de ces vins délicieux. Alors, la question que je me pose est : est-on favorablement conditionné pour aimer ces vins dans le contexte du lieu où ils sont faits, ou sont-ils aussi bons que ce que nous ressentons ? Et Gerhard a la réponse : un des vins de Sepp Muster ayant une vingtaine d’années, confronté à des Corton Charlemagne, les dominait nettement. Il se trouve que nous aurons l’occasion de vérifier ce soir la pertinence de cette assertion.

Nous goûtons ensuite un essai, une curiosité : Muster Gräfin 2008, vin non filtré qui a passé deux ans en fût. C’est original mais ne m’émeut pas, alors que le Muster Erde 2007, mis en bouteille dans un flacon en grès me plait énormément.

Nous nous livrons ensuite à une expérience très passionnante : le Muster Sgaminegg 2006 a été mis en bouteille au même moment dans une bouteille en verre et dans un flacon en grès. L’écart est intéressant. Le nez, le fruit, et la rondeur du vin sont nettement à l’avantage de la bouteille de verre. Et la rémanence et la longueur sont nettement en faveur du pot de grès. Alors lequel préférer ? Sur la mâche, c’est le verre. Pour la mémoire en bouche, c’est le grès. Sepp Muster, passionnant conteur, fait des vins de très grande précision et surtout de grande persistance en bouche. Il nous rejoindra ce soir au dîner.

l’enseigne au bord de la petite route et l’une des maisons anciennes

ça fermente dans les tonneaux !

Sepp Muster et Louis-Michel Liger-Belair

les contre-étiquettes expliquent les vins

voici le recto des bouteilles dégustées (quelques unes)

le Muster « Erde » (terre) est embouteillé dans un flacon en terre

Sepp Muster a embouteillé le même vin en verre et en terre

Sepp dans la salle de dégustation répondant aux questions

History of La Romanée Liger-Belair lundi, 4 juin 2012

I am going to attend a fantastic vertical tasting of La Romanée Comte Liger-Belair with 41 millesimes. Louis-Michel Liger-Belair will attend this event prepared by a friend of mine, a completely passionate wine lover.

Having received the history of this wine, I find interesting to communicate it as it is very interesting.

But the tasting will be interesting too !

LA ROMANÉE – History:

LA ROMANÉE Grand Cru is with 0.8452 ha the smallest Appellation controlee in France – monopole of Domaine du Comte Liger-Belair.

The vineyard has been renowned at least since the 14th century. If it has ever been actually part of Romanée-Conti remains unsure, but both seemed to origin (at least partially) from a lot of small vineyard plots later called „Aux Echanges“ uphill from (=west of) Romanée-Saint-Vivant.

Between 1815 and 1826 the ancestor of the family, Comte Louis Liger-Belair, acquired all in all 9 parcels of “Aux Echanges”, “En La Romanée” and “Sentier au Prêtre”, first through marriage, then by purchase, and registered it in 1827 eventually under the name LA ROMANÉE. The vineyard then passed to Louis-Charles L-B – and has remained the property of the family ever since.

In 1924 Henri, the great-grandfather of Louis-Michel died, and in 1931 the widow passed away too. Because two of the ten children were still minors (French law forbid minors to take over ownership) all properties had been put up for public auction the 31st of August 1933 (including also the original La Tâche).

Although René Engel was interested in buying La Romanée, Just Liger-Belair, a priest, and his brother Michel (grandfather of Louis-Michel) fortunately were able to buy the vineyard back for the family – together with an important part of Vosne-Romanée Aux Reignots.

Because the brothers were not winemakers the vineyards were rented out „en metayage“: first to the Michaudet family, from 1946 onwards to the Forey family. Responsible for the vineyard work and vinification was Jean Forey from 1961 to 1987, afterwards Regis Forey (1988-2001).

The wines have rarely been bottled by the owners or metayeurs, but sold to different negociants: Maison C.Marey & Comte Liger-Belair, Maison Thomas-Bassot, Maison Leroy (1950-1962), Maison Bichot (1963-1975) and Bouchard Pere & Fils (1976-2005), but often barrels have been sold to other negociants, too – so one can find also bottling by Regnier, Champy, Rigault, Lupé- Cholet, Belin, Giroud among others.

In 2000 Louis-Michel Liger-Belair, grand-son of Michel and son of Henry, started his domaine with Village- and 1er-Cru-Vosne-Romanee – and in 2002 he took over the vineyards and the vinification of La Romanée and VR Aux Reignots from Regis Forey. But he still had to transfer half of the wine to Bouchard Pere & Fils until 2005 – and so there are two different bottling of these four vintages in existence.

In 2006 he was able to rent a further 5,5 ha from Domaine Lamadon with Grand Cru Echezeaux and 1er Cru and Village Vosne-Romanée and Nuits-St-Georges.

Les vins des quatre propriétaires de Chateau Guiraud jeudi, 10 mai 2012

Le Château Guiraud organise un déjeuner de presse au restaurant de l’hôtel Shangri La, le Shang Palace, dirigé par Frank Xu. Les invités avaient le choix entre déjeuner ou dîner. Je serai du déjeuner.

Guiraud, c’est quatre compères, Robert Peugeot, majoritaire grâce à son holding familial, Xavier Planty, qui fait les vins du domaine, Olivier Bernard du Domaine de Chevalier et Stephan von Neipperg de Canon La Gaffelière, La Mondotte et autres vignobles. Le déjeuner est consacré aux vins de Guiraud, mais c’est l’occasion d’élargir aux vins des copropriétaires.

Le menu conçu par le chef est : Ha Kao, Siu Mai, ravioli aux Saint-Jacques, « buns » de porc laqué sucré-salé /saumon Le Hei / canard laqué façon pékinoise, premier service peau croustillante servie avec des crêpes à la farine de riz, concombre, cébette émincée / Assortiments de spécialités rôties façon cantonaise, poêlée de pois gourmands aux champignons, taro et patate douce / canard laqué façon pékinoise, deuxième service chair de canard émincée et sautée au wok, en feuilles de laitue / bœuf sauté aux pleurotes, sauce barbecue, riz sauté à la façon du chef / boules moelleuses à la crème montée et fruits frais.

Nous sommes dans un salon double, répartis en deux tables. La décoration résolument chinoise plait sans doute aux chinois, mais je ne mords pas du tout à cette présentation assez hétéroclite et un peu banale à mon goût. Sur les deux tables rondes, un plateau tournant reçoit les mets. Il faut donc être attentif à ce qui tourne, ce qui fait qu’à la fin, on ne sait pas vraiment ce qu’on a mangé. La qualité des plats est superbe, les chairs sont goûteuses. C’est assez dépaysant, mais j’aime. L’association avec les vins n’est pas toujours évidente. Le service est impeccable.

Le G de Guiraud 2011 est évidemment très vert, mais il se boit bien. Son acidité est maîtrisée, et il est vraiment prometteur. Il est surtout très gastronomique et se marie avec ces cuisines complexes.

Le Château Lespault-Martillac Pessac-Léognan 2009 est géré par Olivier Bernard. Il est un peu pataud, et souffre d’être présenté à côté des trois autres rouges superbes.

La Mondotte 2001 est d’un spectaculaire finesse. C’est la pureté et l’élégance qui s’imposent, avec une évocation de truffe charmante. On est loin d’un vin moderne, chapeau.

Le Château Canon-La-Gaffelière 2000 est fortement boisé et tannique. On est surpris de le voir si jeune et tout fou. Il a un potentiel énorme et je le vois bien devenir dans quinze ans un vin de très grande qualité, quand il aura gommé ses aspérités. Il se boit bien.

Le Domaine de Chevalier 1990 est un très beau vin épanoui. C’est un Domaine de Chevalier généreux et serein. Mais il manque un peu de coffre et de final et ne ressemble pas au superbe 1990 que j’avais bu il y a un an au domaine, servi en magnum.

Le Château Guiraud 1988 est d’une belle couleur d’un or intense. Il est épanoui, plaisant, gourmand. Le Château Guiraud 2001 est d’une étoffe plus noble. Mais il sert de faire-valoir au 1988, dont le côté plus équilibré, plus recentré, apparaît encore mieux quand il est bu après son cadet. Ce sont deux vins superbes dont Xavier est légitimement fier. J’apprends que l’étiquette est devenue noire l’année de la mort de Napoléon 1er, en 1821.

Que retenir de ce déjeuner ? Les vins des quatre mousquetaires sont de beaux fleurons du vignoble bordelais. Mon classement, purement anecdotique, puisque les millésimes sont différents, c’est Mondotte, Canon-La-Gaffelière, Domaine de Chevalier et pour Guiraud, 2001 devant 1988 pour le futur, mais 1988 devant 2001 pour le plaisir immédiat. Ce que je retiens le plus de ce repas, c’est la chaude amitié qui réunit ces quatre grands acteurs des vignobles bordelais, avec un sens de l’humour aiguisé et de francs sourires.

Olivier Bernard, Xavier Planty et Robert Peugeot

Pétrus aide les acheteurs jeudi, 5 avril 2012

Pétrus fait des efforts importants pour traquer les faux et remonter les filières des fabricants de faux.

C’est pour cela que des détails changent chaque année, afin de tromper les fraudeurs.

Ce que j’avais pris pour une absence de cohérence est en fait le fruit de leur volonté. Et Pétrus ne souhaite pas que l’on donne des indices aux fraudeurs.

BON A SAVOIR : Pétrus répond en moins de 24 heures à tout acheteur qui souhaiterait vérifier si la bouteille qu’on lui propose est une vraie. Il suffit d’adresser des photos de la bouteille, de l’étiquette, de la capsule et du cul de la bouteille, ainsi que toute inscription sur le verre.

Les 2011 des vins conseillés par Derenoncourt Consultants mercredi, 28 mars 2012

A la table du Royal Monceau où nous dégustions le Chateau Guadet saint-émilion, on parlait du rendez-vous qui allait suivre au George V, la présentation des 2011 conseillés par Derenoncourt Consultants. La curiosité me poussant je me rends dans les salons de l’hôtel George V et je suis époustouflé de rencontrer tant de vins qui ont Stéphane Derenoncourt comme conseiller. Quel succès pour ce brillant œnologue dont j’ai connu les débuts lorsqu’il est venu présenter avec son franc-parler les vins qu’ils suivait au Salon des Grands Vins au tout début des années 2000. Plus de 80 domaines sont présents.

Comme il est exclu que je les goûte tous, je vais déguster ceux que je connais. J’ai particulièrement aimé deux vins, le Château La Gaffelière 2011 d’une grâce extrême et le Château Smith Haut-Lafitte 2011 remarquablement fait. J’ai bien aimé des valeurs sûres comme le Domaine de Chevalier rouge 2011, le Château Petit-Village 2011, le Château Canon-la-Gaffelière 2011 présenté par Stephan von Neipperg souriant et pince sans rire, et La Mondotte 2011 du même.

J’ai rencontré avec plaisir Louis Gadby l’animateur de l’Ami Louis qui présente le Château Louis, ex Rol de Fombrauge, et Olivier Decelle qui présente ses vins de Bordeaux dont le Château Jean Faure. S’il est conseillé par Stéphane, c’est parce qu’il veut pouvoir discuter des choix à prendre.

Je suis impressionné de voir tant de grands vins dans « l’écurie Derenoncourt » et je suis aussi impressionné de constater que chacun garde sa personnalité, sans que l’on perçoive un style qui s’imposerait. Chaque vin a son âme, et c’est tant mieux.

Quelle réussite pour ce brillant œnologue !

Présentation du Chateau Guadet au Royal Monceau mercredi, 28 mars 2012

Un déjeuner de presse est organisé par le Château Guadet, un Saint-Emilion. Guy-Pétrus Lignac dirige le domaine avec son épouse et son fils Vincent qui a pris la direction de la vinification. Il a engagé la démarche en biodynamie et profite de son expérience acquise dans les vignobles des quatre coins de notre planète.

Nous sommes reçus dans un minuscule jardin niché dans l’hôtel Royal Monceau maintenant Raffles. La presse du vin est représentée par des français bien sûr mais aussi par des chinois, belges, japonais et des coréens. On trinque sur le Château Guadet 2011 très plaisant, très pur et authentique. C’est la pureté qui est la qualité principale de ce vin. Le Château Guadet 2010 est un joli vin, qui a pris un peu de muscle. Même si l’année 2010 est plus étoffée aujourd’hui, je préfère la pureté du 2011.

Deux carafes nous sont annoncées comme recelant de plus vieux vins. Le premier qui est servi trahit une certaine fatigue. L’amertume est trop prégnante et le bois n’est plus maîtrisé. Je le dis aimablement à madame Lignac qui en convient. Voulant imaginer le millésime je pense aux années quarante, mais Nicolas de Rabaudy lance 1964 qui est la bonne réponse. L’idée des années quarante correspond à la fatigue excessive du vin. Heureusement la deuxième carafe du Château Guadet 1964 est nettement meilleure. L’attaque est belle, fruitée. L’amertume est toujours là, ainsi que l’astringence, mais elles sont mesurées. Je demande à Manuel Peyrondet, le sympathique sommelier du lieu, de me garder quelques pincées de ce nectar.

Nous passons à table dans la magnifique salle à manger de l’hôtel, relookée par Philippe Starck avec une réussite certaine. Sous un plafond aux peintures très modernes et tendance, les décorations sont vives et rassurantes. On se sent bien. Nous sommes répartis en trois tables, ce qui est toujours frustrant, mais j’ai la chance d’être assis à côté de Guy-Pétrus qui est de la cinquième génération des propriétaires de Guadet.

Le menu mis au point par le chef Laurent André est : risotto aux morilles, jus de viande, fromage râpé de fromage « Primo sale » / selle d’agneau de Lozère rôtie, sacre de légumes de printemps / tarte feuilletée aux fraises, menthe fraîche (dessert de Pierre Hermé). On ne peut pas rêver de meilleurs plats pour mettre en valeur les vins.

Le Château Guadet 1998 a la même astringence que le 1964. On sent la continuité historique. C’est un vin « ancienne école » un peu serré.

Le Château Guadet 2001 est un peu trop strict. Le Château Guadet 2005 est un vin parfait. Il est charmant, équilibré, naturel, sans chichi, mais précis. J’adore.

Le Château Guadet 2006 est très riche, fruité, plus généreux que le 2005. Je me demande si je préfère le 2005 ou le 2006 plus dynamique. Mon cœur penchera pour le 2005.

Le Château Guadet 2007 a beaucoup de charme même si la matière est plus faible que celle des deux années qui précèdent. C’est à ce moment que Guy-Pétrus me dit que Stéphane Derenoncourt conseille le château depuis novembre 2005.

Le Château Guadet 2008 est bien fait mais un peu râpeux. Je ne le trouve pas totalement équilibré. Je suis assez surpris par la couleur noire du Château Guadet 2009. Pour moi ce vin n’est pas Guadet. Il est un peu trop moderne pour mon palais, alors que j’ai aimé le 2011. Il se peut que le 2009 soit dans une phase ingrate.

Je suis curieux de revenir au 1964. Le nez est somptueux. L’attaque est magistrale et exprime l’âme de Guadet. C’est un grand vin et il faut oublier l’astringence qui raccourcit le final.

De cette dégustation je retiens quatre vins : le 1964, splendide expression de l’âme de Guadet, malgré un final un peu restreint. Le 2005, le plus épanoui et brillant. Le 2006 très joyeux, et le 2011 dont la pureté m’a impressionné.

Le vin a évolué vers plus de précision. J’ai l’impression que sur quelques années on s’est un peu écarté de la trace historique, pour un travail mieux fait mais plus moderne. L’année 2011 avec Vincent marque sans doute une recherche de la trace historique de ce beau château.

Le1964 montre que tout existe pour tenir le ticket gagnant.

Nicolas de Rabaudy, le chef Laurent André, Guy Pétrus Lignac, Vincent Lignac et sur laphoto de droite, madame Lignac.