Archives de catégorie : vins et vignerons

étiquettes de vieux Krug – musée Krug jeudi, 5 juin 2008

Etant dans la salle de réunion, attendant Olivier Krug, j’ai eu le temps d’être émerveillé par ces rares témoignages :

Est-ce Gold Lac ou Cold Lac, ce Krug a une belle étiquette. Qui aurait dit que le nom de Krug serait associé au mot "mousseux" ?

Jean Henri Laffitte aîné à Rheims (!) livrait les Krug en bâteau à aubes. A droite, un ancêtre Krug (je suppose, ou est-ce George Washington ?).

deux magnifiques exemples de bouteilles fermées à l’aide de lanières avant que le fil de fer ne s’impose

Krug 1926 et Krug 1937, des légendes à faire rêver tous les collectionneurs de ce vin immense

deux Sillery "mousseux". Pourquoi ne fait-on plus aujourd’hui d’étiquettes aussi belles que ces oeuvres d’art ?

On pense souvent que Dom Pérignon est le seul à faire une communication sexy. Mais M. Collomb annonçait que son Sillery mousseux était un "Vénus Brand".

L’étiquette de Private Cuvée est encore en usage pour des millésimes récents. Celle-ci est plus rare, car il s’agit de commandes speciales pour le Royaume Uni.

visite au Domaine Leflaive et petit crochet par la Romanée Conti mardi, 29 avril 2008

Je rends visite à Anne-Claude Leflaive au domaine Leflaive à Puligny-Montrachet. Elle est occupée par un rendez-vous qui se prolonge, aussi est-ce Antoine qui commence à me faire goûter. Le Puligny-Montrachet Domaine Leflaive 2006 est bien ouvert. Son nez est très aromatique et je sens instantanément la signature Leflaive. Il est fort, pas très long mais déjà d’une expression chaleureuse.

Le Puligny-Montrachet Clavoillon Domaine Leflaive 2006 est très aromatique. Un perlant assez fort lui donne de l’amertume. Nous quittons maintenant les vins en fûts métalliques pour goûter des vins en bouteilles. Anne-Claude nous rejoint. Le Puligny-Montrachet Folatières Domaine Leflaive 2006 a la même signature que les deux autres. Il est très aromatique avec un final que je trouve un peu aqueux. Le Puligny-Montrachet  les Pucelles Domaine Leflaive 2006 a un nez beaucoup plus subtil, impression qui se dégage aussi en bouche. Je le trouve romantique avec un final plus homogène.

Le Bienvenue-Bâtard-Montrachet Domaine Leflaive 2006 a un nez plus discret. C’est un vin plus équilibré mais encore discret. Je pense à la crème de lait ce qui plait à Anne Claude. Je suis sensible à un léger perlant qui n’apparaît que dans le final, plus minéral et de jolie fraîcheur. Une deuxième gorgée me paraît meilleure car le vin s’est ouvert dans le verre.

Le Bâtard-Montrachet Domaine Leflaive 2006 a un nez chaud et généreux. En bouche il n’est pas très ouvert. Il est plus délicat que les Bâtard-Montrachet plus anciens que je connais. Il reste aérien, tout en retenue. Subtil, fait de fruits blancs et de fleurs blanches, il a un final très pur dont j’aime la fraîcheur.

Anne-Claude Leflaive me demande quel vin j’aimerais goûter au restaurant. Elle avait pensé à un Chevalier-Montrachet mais je lui confesse mon amour pour le Bâtard-Montrachet aussi prend-elle un Bâtard-Montrachet Domaine Leflaive 1990. Nous allons à pied au restaurant Le Montrachet avec Antoine dont je découvre qu’il sort de la même école militaire, mais hélas pour moi, trente cinq ans plus tard. J’avais beaucoup entendu parler de ce restaurant et j’avoue avoir été surpris de le voir jouer un peu en dedans, comme un vin dans sa phase de repli sur soi. Est-ce parce que l’on est en dehors des saisons actives ? Le service fait un peu « Belle au bois dormant ».

Le Bâtard-Montrachet Domaine Leflaive 1990 a un joli nez de miel. Anne-Claude Leflaive lui trouve une évocation de vieille armoire mais précise que pour elle, c’est une qualité. Dans ce vin, tout s’est arrondi, intégré, avec une sérénité totale. Le vin réagit très bien sur des asperges vertes et blanches dont j’ai demandé que l’on simplifie totalement la présentation. Ce fut fait et bien fait.

J’avais apporté une bouteille de Château d’Yquem 1984 à la couleur déjà sympathiquement dorée. Cette année est une des pépites d’Yquem car beaucoup d’amateurs l’ignorent. Sa pureté est saisissante. On sent l’abricot et la pâte de fruit. Le vin est juteux et joyeux. Sur un canard cuit de belle façon, l’Yquem gagne en longueur tout en devenant plus sec, ce qui lui va aussi bien. Sur un comté, il est assez à l’aise. Comme je l’avais pronostiqué, un roquefort trop salé bloque le goût d’Yquem. Un ananas agréablement goûteux cohabite avec le vin sans le faire vibrer.

Mais le plus bel accord, c’est celui que nous avons trouvé avec Anne-Claude Leflaive en parlant de vins et de gastronomie et de l’école qu’elle est en train de créer pour apprendre et approfondir le vin, la vigne, les terroirs, dans une optique écologique et humaniste.

Discutant avec Anne-Claude Leflaive des années non produites par Yquem, une divergence conduisit à un pari car j’avais pris la sage précaution de faire mine d’hésiter. Le Bâtard-Montrachet Domaine Leflaive 1990 que j’ai gagné aura encore plus de saveur quand je me remémorerai ce moment passé en compagnie d’une vigneronne de talent.

Etant dans la région, je remonte vers le nord pour aller saluer Aubert de Villaine et Jean-Charles Cuvelier et leur montrer la feuille de match du centième dîner. Ma fierté d’avoir mis en premier dans mon vote la Romanée-Conti 1972, il me fallait la partager avec Aubert de Villaine. L’après-match, comme un bon vin, on voudrait que ce soit éternel.

De retour chez moi, seul, je me verse un verre du Bâtard 1990 gardé de ce midi. Le vin est divinement épanoui, ayant gagné en magnitude, mais je me sens tellement bête de boire seul que j’arrête. Les derniers verres ont été trinqués avec mon fils le lendemain. Un vin avec mon fils c’est quand même infiniment plus chaud, surtout quand il est si bon.

visite au Domaine Leflaive – les photos mardi, 29 avril 2008

Nous buvons les premiers vins 2006 en fûts.

 

Dégustation de vins en bouteilles, les 2006.

 

Plats délicieux l’un pour le Bâtard 1990, l’autre pour l’Yquem 1984.

Ananas qui cohabite sans plus avec l’Yquem

Ces bouteilles ne seront pas bues, hélas ! Elles sont dans le bureau du domaine, évocations du passé prestigieux.

Etiquettes pour habiller les 2006 mis en bouteilles.

On habille le 1990, pari gagné !

 

dîner au Domaine de Chevalier avec des vins en « 3 » vendredi, 18 avril 2008

J’arrive chez Anne et Olivier Bernard, propriétaires de Domaine de Chevalier, pour le dîner qui est l’objet principal de mon voyage. Etant logé chez eux, j’ai le temps de prendre un repos salutaire, après les agapes de Pujols. Descendant dans la cuisine pour prendre de l’eau, je croise quelqu’un à qui je dis : « il me semble bien que je vous connais ». Tel Dom Gormas répondant à Rodrigue, il me répond : « peut-être ». C’est le sommelier qui travaille avec le traiteur Marc Demund, qui a composé le repas de ce soir, et avec lequel j’ai réalisé deux dîners au château d’Yquem.

A l’heure dite, je me rends au salon décoré avec un goût très sûr, devant une cheminée qui réchauffe les jolies femmes. Pour nous faire patienter, Olivier nous sert un champagne Besserat de Bellefon rosé non millésimé qu’il avait ouvert lors d’un repas précédent. Ce rosé sympathique me rapproche un peu plus des champagnes rosés que je prise normalement assez peu. Olivier a choisi comme thème du dîner les vins en « 3 » dont il faudra trouver la décennie à l’aveugle. Cela paraît simple, car de dix ans en dix ans, les types des vins sont très différents. L’expérience va montrer que l’on se trompe facilement. Olivier nous demande si nous sommes effrayés par le chiffre « 13 », car il a poussé la règle du final en « 3 » jusqu’au nombre des convives. Sont présents autour d’Anne et Olivier Bernard : Stephan von Neipperg et son épouse, Robert Peugeot, son épouse et une amie, Alexandre de Lur Saluces, Aude et Xavier Planty, Patrick Baseden avec qui j’avais partagé le dîner à « La Poudette », mon ami américain S. et moi.

Toujours au salon, nous buvons un Champagne Pol Roger Chardonnay 1993 très plaisant et très champagne. Olivier débouche une bouteille qui fait un petit pschitt, voire pas de pschitt du tout. C’est un champagne Krug Clos du Mesnil 1983. Malgré une bulle rare, ce champagne est d’un goût exceptionnel, d’une grande pureté de définition. Certains convives apprécient et d’autres sont hermétiques au goût des champagnes âgés. Je suis enchanté de l’exotisme de ce vin malgré un mûrissement qui me paraît supérieur à ce que j’en connais.

Nous passons à table dans la salle à manger aussi élégamment décorée, avec des tons qui réjouissent le cœur. Le menu de Marc Demund est : amuse-bouche / noix de Saint-Jacques aux endives confites / émincé de volaille et foie gras aux morilles / fromages / gratin de pamplemousses rouges. Ce fut délicat.

Découvrir les vins à l’aveugle est amusant. Mais cela monopolise les conversations, et quand on pense à trouver l’année, on analyse moins bien le vin. Cela donne aussi quelques piques acerbes sur des vins des vignerons présents. Comme au jeu de la vérité, c’est parfois brûlant, mais l’atmosphère riante et joyeuse gomme tout cela. Le Domaine de Chevalier blanc 1963 est assez acide ce qui limite un peu le plaisir, mais il faut dire que ce millésime ne l’aide pas beaucoup. Le Champagne Krug extra dry 1953 est un des nombreux cadeaux de mon ami S., qui nous aura comblés par des attentions savamment étudiées. Ce champagne est généreux, charmeur, et provient d’une année exceptionnelle que j’ai – pour une fois – immédiatement reconnue.

Le Montrachet Domaine Ramonet 1983 de mon ami américain est étonnant, car il n’a pas le caractère extraverti des montrachets. Nous sommes plusieurs, dont des vignerons, à avoir pensé qu’il s’agissait d’un bordeaux, alors qu’Alexandre de Lur Saluces, mon voisin de table, a immédiatement reconnu la Bourgogne. Comme nous étions majoritaires à nous être trompés, on conviendra que ce n’était pas facile. Mais, honte sur nous.

Le Château Margaux 1933 est d’une forte acidité. On sent le charme des margaux, mais sous un voile. A côté de lui, le Domaine de Chevalier rouge 1943 est magnifique de rondeur et de douceur. C’est lui qui a le vrai charme. Je me suis trompé de dix ans pour chacun des deux rouges et lorsqu’on m’annonce les millésimes, tout me paraît plus cohérent.

Le Château Canon-La-Gaffelière 1953 est absolument grandiose, magnifique, superbe, épanoui. L’année est évidente. C’est une année de réussite exceptionnelle en saint-émilion, comme pour le cousin La Gaffelière Naudes que j’ai eu l’occasion de boire de très nombreuses fois, avec un permanent succès. Le Château Latour 1973 est noble, meilleur que ce que l’année suggère, mais il lui manque quand même ce petit quelque chose qui n’appartient qu’aux millésimes accomplis. Là aussi l’année se trouve par déduction.

Le Domaine de Chevalier 1983 est très plaisant et j’ai hésité longtemps, alors que pour le Château La Mondotte 2003 très riche et de belle qualité, qui titre 14,5°, le choix s’impose sans variante possible.

Le Château Guiraud 1983 est un jeune sauternes fort plaisant. Le Château Guiraud 1893 étonnamment clair, offert par mon ami S. qui devait savoir, sans doute, que nous avions autour de la table le tour de table complet du capital de Château Guiraud, fait beaucoup plus jeune que son millésime, que j’ai déjà abondamment exploré en sauternes. Je suis un peu gêné de le voir si jeune, ce qui n’enlève rien au plaisir de ceux des administrateurs de Guiraud qui n’avaient jamais bu d’exemplaire ce vin du 19ème siècle. Ils apprécient la valeur du cadeau de S. qui a tapé dans le mille.

Nous passons au salon qui se remplit de volutes de cigares rares. S. a offert à Olivier un cigare de 1953 (encore une année en « 3 »), ce que je trouve assez ahurissant. On nous sert alors un champagne Cristal Roederer 1973 encore de mon ami, non inscrit sur la liste du menu. Si l’on excepte le premier rosé déjà ouvert auparavant, nous finissons d’avoir bu treize vins, chiffre terminant aussi par trois. Je mets longtemps à hésiter entre champagne blanc et rosé tant l’ambre du champagne a des accents de rose mauve. Absolument délicieux, il offre une délicatesse romantique qui clôt en beauté le voyage de nos papilles.

Classer autant de vins aussi dissemblables et une gageure,  mais je vais essayer : 1 – Château Canon-La-Gaffelière 1953, 2 – Champagne Krug extra dry 1953, 3 – champagne Krug Clos du Mesnil 1983, 4 – Domaine de Chevalier rouge 1943. Je suis sûr que les votes eussent été disparates si nous nous étions livrés à cet exercice. J’ai privilégié l’accomplissement au moment où nous les avons bus des deux rouges en pleine forme, et la race de deux grands champagnes.

Dans une ambiance enjouée, nous avons découvert des vins très originaux. Le chiffre trois qui termine chaque millésime est le chiffre du divin. C’est le qualificatif qui s’impose pour l’accueil d’Anne et Olivier Bernard.

dîner au Domaine de Chevalier – les photos vendredi, 18 avril 2008

La maison privée d’Anne et Olivier Bernard, propriétaires de Domaine de Chevalier.

La table joliment préparée.

Noix de Saint-Jacques aux endives confites.

Emincé de volaille et foie gras aux morilles.

 

Fromages et gratin de pamplemousses rouges.

Belle cuisine réalisée par l’équipe de Marc Demund.

 

Champagne Cristal Roederer 1973

 Bouchon du Domaine de Chevalier rouge 1943. La bouteille a été reconditionnée en 1994.

 Impressionnante série de bouteilles :

Champagne Pol Roger Chardonnay 1993, champagne Krug Clos du Mesnil 1983, Domaine de Chevalier blanc 1963, Champagne Krug extra dry 1953, Montrachet Domaine Ramonet 1983, Château Margaux 1933, Domaine de Chevalier rouge 1943, Château Canon-La-Gaffelière 1953, Château Latour 1973, Domaine de Chevalier 1983, Château La Mondotte 2003, Château Guiraud 1983, Château Guiraud 1893.

Le Champagne Cristal Roederer photographié ci-dessus et ne figurant pas sur la photo de groupe fut bu au moment des cigares en fin de repas au salon.

visite à Climens et déjeuner chez Claude Darroze avec un 1964 vendredi, 18 avril 2008

Je me rends au Château Climens pour rendre visite à Bérénice Lurton, la propriétaire de ce château de Barsac. Elle conduit un groupe d’anglais et je les rejoins au moment de la dégustation de vins récents. Nous commençons par Cyprès de Climens 2004, le second vin de Climens, déjà ouvert, à boire jeune, aux accents de pruneaux. Le Château Climens 2004 montre sa différence qui est très nette, surtout en ce qui concerne la longueur et l’élégance. Le Cyprès de Climens 2005 est fort sucré, moins agréable actuellement que le 2004. Le Château Climens 2005 montre ses gros muscles. Il a la puissance et un fort sucre, mais qui est compensé par une fraîcheur rare. Ce sera un grand vin. Bérénice me fait raconter aux visiteurs que mon coup de foudre pour les vins anciens est né d’un Climens 1923. Les yeux de ces amateurs anglais se mettent à pétiller au récit de mes histoires. Quand leur minibus est parti, nous allons chercher dans un recoin difficile d’accès une bouteille de Climens 1964 pour aller déjeuner au restaurant de Claude Darroze à Langon. Je suggère le menu : asperges blanches, ris de veau et dessert aux agrumes. Sur de petits amuse-bouche, nous testons le Château Climens 1964. Dès la première gorgée, ce Barsac d’un or clair au nez généreux montre un équilibre spectaculaire. Il m’évoque les pomelos. Sur une petite brouillade d’œufs aux truffes, il réagit bien. Sur une crème brûlée au foie gras, le sucre chavire le vin. Dans un petit pot, tomates et huile refusent le liquoreux. L’amertume des asperges est idéale pour amplifier la longueur du vin. Mais c’est surtout avec le ris de veau et ses champignons que le Climens 1964 est éblouissant. D’une année où Yquem n’avait pas fait de millésime, Climens a réussi à faire une petite merveille. Nous sommes particulièrement heureux et nous devisons de milliers de sujets. Sur des quartiers d’orange jaune, le Climens est plus à l’aise que sur des pamplemousses roses. Couleur sur couleur se prouve une fois de plus.

Les accords de ce repas ont montré un très grand Barsac équilibré, cohérent et structuré, qui garde une légèreté et une fraicheur qui en font comme nous l’avons vérifié, l’agréable compagnon de tout un repas.

visite à Climens et déjeuner chez Claude Darroze vendredi, 18 avril 2008

Dégustation au château des 2004 et 2005 de Château Climens et du second vin "Cyprès de Climens".

 

Le graphisme de la carte et des assiettes méritait la photo.

 

j’ai oublié de photographier les délicieuses asperges blanches. Le ris de veau fut superbe sur le Chateau Climens 1964, ainsi que ce beau dessert aux oranges et pamplemousses. C’est l’orange qui se marie le mieux.

Le bouchon du Chateau Climens 1964 s’est brisé en deux, mais le sommelier réussit à le retirer.

 

Au siège du champagne Salon, lancement du Salon 1997 mercredi, 16 avril 2008

Lorsque j’avais vu Didier Depond au siège du champagne Salon il y a quelques jours, c’était avant la campagne de lancement du Salon 1997. Didier m’avait demandé de ne rien dire de mes impressions sur ce champagne goûté avant l’heure. Je n’en ai rien dit. Enfin je peux parler, car à onze heures Didier reçoit un petit groupe d’amis pour découvrir ce champagne. Il y a dans ce petit cercle de dix personnes une sympathique variété d’horizons : une journaliste d’un organe local, un homme qui compte dans le comité professionnel des vins de champagne, un caviste renommé un grossiste en produits gastronomiques de luxe, un importateur de fruits, un décorateur, un avocat et l’importateur du champagne Salon et de prestigieux vins bourguignons pour le Japon.

Dans la très jolie nouvelle salle de dégustation, nous allons goûter dix vins, mais avant nous visitons les caves de Salon, où l’on dégorge devant nous les deux champagnes que nous allons goûter à table. Didier rappelle l’histoire de ce champagne et cite les années qui ont été produites, qui sont moins de quarante sur un siècle. En l’écoutant les énumérer, je me rends compte que sur plus de quarante ans, j’ai bu tout ce qui a été produit.

La dégustation commence par cinq vins clairs de 2007. Le 2007 Mesnil 1, qui pourrait entrer dans la composition du 2007, si ce millésime est produit, a un nez très pur. La bouche est très acide, le floral est très affirmé. Le 2007 Mesnil 2, qui pourrait aussi entrer dans le Salon 2007 a un nez plus rond, floral. En bouche, l’acidité est différente. Il est plus floral et plus élégant que le 1. Didier nous indique que la décision pour le 2007 n’est pas arrêtée, mais on sent qu’une voie a sa préférence. Elle est très originale et me plait beaucoup. Je ne précéderai pas son annonce. Les autres vins, sauf peut-être un, n’entreront que dans le Delamotte. L’Avize 2007 a un nez assez curieux, avec une bouche un peu plus simple. Il est plus buvable car il est moins marqué. Le Cramant 2007 est très pétillant. Il évoque les fleurs blanches. Il manque un peu de finale. Le Chouilly 2007 est un peu plus plat, plus animal.

Nous passons ensuite à cinq vins qui ont été dégorgés ce matin à neuf heures et non dosés. Le champagne Delamotte blanc de blancs est fait à base de vins de 2002. La différence avec les vins clairs de 2007 est spectaculaire, car on entre dans le monde des vrais champagnes. Le nez évoque le poivre et le caramel. Il est d’une très belle longueur. Le champagne Delamotte blanc de blancs 1999 a un joli nez floral, assez discret. En bouche il est très équilibré, toasté, fruits jaunes. Il est un peu classique mais très pur et très élégant. C’est un champagne qui mérite vraiment l’intérêt.

Le champagne Delamotte blanc de blancs 1985 a un nez superbe et raffiné. En bouche, il est beau et glorieux. Son attaque est splendide et le corps évoque le carambar et l’amande grillée. Ce beau vin a une forte minéralité.

Le champagne Salon 1997 a un nez discret mais noble, minéral et iodé. L’élégance en bouche est d’une grande évidence, et l’on entre de plain pied dans le monde de Salon. Très pur, très concentré il va évoluer. Sa trame est belle et son final affirmé, il évoque les fleurs blanches, l’iode, la pêche blanche. Il est résolument féminin, ce que Didier traduit ainsi : le 1996 est Cary Grant et le 1997 est Audrey Hepburn.

Le champagne Salon 1988 a le nez du 1988 que je connais par cœur. Le caramel est là. En bouche il est typé, fumé, avec un petit côté animal. Ce n’est pas le plus grand 1988 que j’aie bu, mais il faut rappeler qu’il n’est pas dosé.

Nous nous dirigeons vers la jolie salle à manger du premier étage où abondent les souvenirs d’Eugène Aimé Salon et des dîners prestigieux où Salon fut à l’honneur. Il fait si beau que l’apéritif au Salon 1997 est bu le long des vignes de la parcelle magique qui fait ce vin rare. Et sur des gougères et tuiles au parmesan, le 1997 commence à montrer sa personnalité. Féminin et racé, il l’est sans conteste. Mais sa personnalité va se former encore et il choisira de l’amplifier.

Le jeune chef d’un restaurant local  a réalisé un repas d’une grande qualité. Voici le menu : crème brûlée de foie gras, carpaccio de Saint-Jacques, vinaigrette légère, pressé de légumes et rouget / risotto de homard Arborio, émulsion de crustacés / Filet de veau français printanier / cœur de parmesan 36 mois / financier aux amandes effilées, concassé de pistache et coulis d’abricot. Tout est bon délicat et de goûts précis. Il fallait bien cela pour les vins remarquables de ce déjeuner.

A table, le champagne salon 1997 fait sa mue et le gamin devient adolescent. Il affirme une puissance qu’il avait cachée jusque là. Il est absolument superbe sur le rouget, précis sur la coquille crue et en opposition avec le foie gras, car l’accord ne se fait pas. Il revit avec le risotto et le homard, plat remarquable.

Le Château Latour 1990 en magnum me laisse sans voix. Ce vin est d’une perfection absolue. On ne peut pas imaginer que ce vin puisse être meilleur que ce qu’il nous offre ainsi, sans l’ombre de plus infime défaut. Le vin est parfait, combinant une race, une distinction qui le place au plus haut niveau de la hiérarchie bordelaise, mais il y rajoute une joie de vivre simple qui est confondante. Il va sans dire que dans l’échelle parkérienne, c’est un 100 qui doit couronner ce vin. Alors, avec ma bouteille rapportée de la veille du restaurant Laurent, ne vais-je pas faire une erreur en le faisant servir maintenant ? Eh bien, la nuit plus le voyage jusqu’ici lui auront fait du bien. Le vin frappe tout de suite par un fruit incroyable. C’est confondant de générosité. Et ce qui me fait un immense plaisir, c’est que l’on peut passer du Latour au Chave et inversement sans avoir le moindre sentiment qu’ils se repoussent. Ils sont opposés mais s’acceptent. Le Latour est magnifiquement noble, le Cathelin est fruité, généreux et chantant d’une voix d’enfant. Deux splendides expressions du vin rouge. En terre champenoise, c’est du bonheur. Nous revenons au Salon 1997 sur le parmesan délicieux et, signe important, le champagne ne démérite pas après le passage de ces deux rouges de compétition. Il va même jusqu’à creuser son sillon dans nos papilles pour affirmer : j’existe et je suis là.

Pour le dessert, le Champagne Salon 1976 en magnum dégorgé en cave devant nous montre une couleur dorée magnifique. Rien n’est plus beau que cet or. Je le sens alors que la bulle éclate dans le verre et ce sont des milliers de grains de cassis qui se brisent dans cette odeur. Le champagne est grand, car 1976 est grand. Mais la fatigue des papilles commence à jouer, et le plaisir s’émousse. Les cartes de visite s’échangent, les promesses de se revoir se forment. Sous le soleil qui montre enfin son nez après tant de grisailles printanières, nous avons la sensation d’avoir vécu un grand moment. Le baptême du 1997 est convaincant. Le boire sous le signe de l’amitié est un cadeau de plus.

visite au champagne Salon – les photos mercredi, 16 avril 2008

La cave des champagnes Salon

 La cave des vieux millésimes est très petite. Ici, un Salon 1966.

 

La magnifique salle de dégustation où nous goûtons les vins clairs et le fameux 1997 Salon comparé au 1988.

 

Après la séance studieuse, nous devisons devant les vignes de ce beau champagne.

 

Les entrées pour jauger le Salon 1997, puis homard.

 

La délicieuse viande sur le magnum de Chateau latour 1990.

 

Ermitage Cuvée Cathelin Jean Louis Chave 1998 que j’ai apporté (venant du dîner de la veille au restaurant Laurent)

 

La belle couleur du champagne Salon 1976

Vertical 2007-2000 for Latour-Martillac, Kirwan, Beycehevelle and Guiraud mardi, 15 avril 2008

Vertical 2007-2000 for Latour-Martillac, Kirwan, Beycehevelle and Guiraud

At the private flat of Sophie Schÿller-Thierry in Paris, four wines were presented for eight following years, 2000 up to 2007.

I will not give detailed analysis, but some remarks can be made.

It is very interesting to taste eight years in a row, as the personality of every wine becomes clearer and clearer. And, for my taste, the personality of the wine has a greater effect than the year.

The second impression is that the hierarchy of years is different for each wine. Kirwan has a very great 2003, which is not the same for Beychevelle, and Beychevelle has made a better 2000 (comparatively to its brothers) than Kirwan or Latour-Martillac.

Some other impressions :

          2005 does not give the impression to be outrageously better than the other years

          2006 is charming for my taste

          2000 is far from being the millennium year as it was prophetised at its birth

          2001 is a very great year (at least at this moment of its life)

          The pleasure of these wines today has not much to do with the hierarchy of years given by the experts.

I drank only two wines of Guiraud : the 2007 and the 2001. They are strictly twins ! Two very great wines indeed.

Another impression is that these wines are living. Which means that they are not tasted at the same moment of their life. So, the ranking that I would make today is not the ranking that I would make in three years.

But if I had to make a choice to drink today, in general terms, for what they give today, I would drink the 2001, which please me, and the 2006 if I want to taste a wine in its youth.

I would not drink the 2000 which will probably make like the 1975 : when will they be drinkable ? I would surely put the 2003 and 2005 in the deepest corner of my cellar, and I would drink the 2002 and 2004, if I had the bad chance to have some in my cellar.

Of course it is my taste which is not a universal taste. But I must say that 2001 and 2006 pleased me in their actual form.

Just after that, to wait for my wife with whom I will have dinner, I went to the bar of hotel Crillon. The chief barman, Philippe Olivier, is a fan of Cognac. He showed me the Louis XIII Black Pearl Remy Martin which he will receive in magnum in a few days. He opened the bottle that he had to let me try. This is a real gift because I can imagine the price of a glass !

I drank it. Mamma Mia !!!

The purity of this cognac is exceptional. It will be impossible to get a bottle, as all must already been sold. But what a wonder ! fascinating exceptional cognac.

It was then time to meet my wife for a happy dinner.