Des vins merveilleux chez Tomo dimanche, 12 janvier 2014

Avec Tomo, nous avons envie d’ouvrir des bouteilles qui ont marqué l’histoire et justifient l’aura qu’elles ont acquises dans les livres. Nous avons commencé et sur les deux ou trois dernières expériences, les bouteilles de Tomo n’avaient pas la qualité qu’elles auraient dû avoir. Cela m’a contrarié et a aussi contrarié Tomo. Il a envie de rattraper son retard, même si l’on ne pourra jamais avoir une stricte égalité.

Ce dimanche midi nous sommes invités, ma femme et moi, dans le nouvel appartement que Tomo et son épouse viennent d’acquérir. Tout ici est beau. Tomo vient avec deux verres pour que nous trinquions. Le liquide est légèrement ambré, le nez est profond. Il n’y a pas une trace de bulle, mais je sens qu’il s’agit d’un champagne et d’un champagne noble. Au nez je pense à Krug, mais sans certitude. En bouche, je songe à une grande année, qui pourrait être des années 60, mais j’annonce 1959. Il s’agit en fait d’un Champagne Dom Pérignon Œnothèque 1962. Ce qui m’étonne, c’est que le champagne fait son âge, puisqu’il a perdu sa bulle et a des arômes légèrement fumés, de citron et de fruit orange comme l’abricot. Il doit s’agir d’un dégorgement ancien, puisque l’on n’a pas la vigueur des Œnothèques. Tomo me montre la bouteille et je vois un dégorgement de 2002.

Ce qui m’étonne, c’est que le champagne ait pu perdre toute sa bulle alors qu’il n’a que 11 ans depuis son dégorgement. Il a donc rattrapé le chemin de vie des mises d’origine. C’est un grand champagne, avec des évocations qui changent tout le temps. Sur de la rosette, c’est un régal. La saucisse de Morteau servie chaude crée une amertume peu plaisante pour le champagne.

C’est à table que le Dom Pérignon va montrer ses belles qualités. Le chef qui officie en cuisine est Tsuyoshi Miyazaki, second du célèbre restaurant « Passage 53″. Il a écrit pour lui-même les principaux ingrédients du menu sur un papier où se mêlent le japonais, le français et l’anglais. Par malheur, j’ai perdu toutes les photos du repas, par une manipulation que je n’arrive pas à comprendre, aussi ce menu, seul élément que j’ai conservé, est-il approximatif, car non corrigé par les photos, supports de mémoire :

cerfeuil, tubéreuse en croquette avec sauce à la truffe / foie gras, clémentine, vanille brioche / brandade de morue, pomme de terre, fleurs, ciboulette thaï / huître, mascarpone, algues, émulsion, sauce « cristomarine », mini-oseille / pasta d’aubergine, caviar, pois chiche, jus haddock, huile noisette / maquereau, noisette muscade, pachoi fromage blanc, raifort, cresson moutarde / endive braisée, épices, sauce abricot séché, huile de menthe / lotte, crème, panais en purée, huile, épinard, orange / topinambour fumé, ravioli, bouillon de peau de topinambour, truffe noire / canard colvert, sauce salmis, Tatin de pomme, poivre noir / tourte de colvert, truffe noire, oignon, sauce truffe / biscuit fourré à la truffe, glace à la truffe.

Ce menu est un chef d’œuvre de délicatesse mise au service d’une profusion frisant l’excès de produits rares. Le chef s’en est sorti avec une remarquable élégance. Les plats les plus extraordinaires sont le cromesquis à la chaude sauce de truffe, l’huître très iodée, le maquereau et le colvert. Le dessert fait aussi partie des merveilles.

Le Dom Pérignon 1962 prend de plus en plus d’étoffe, devient pulpeux avec de belles notes de crème de citron. Comme il s’est asséché assez vite, il faut ouvrir un Champagne Krug Grande Cuvée demi-bouteille très jeune. Ce champagne est agréable, mais on mesure l’extrême distance qui le sépare d’un champagne ancien qui a développé des complexités qu’il n’aurait qu’avec plus de quarante ans.

Tomo apporte un verre de vin rouge et sans hésiter j’affirme par le seul parfum, bourgogne et j’ajoute domaine de la Romanée Conti. Un tel parfum, ça ne s’invente pas. En bouche, je pense années 80. Situer le vin du domaine est plus difficile. Il s’agit de La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1978. Le vin est absolument superbe. Il a tout ce que j’aime des vins de la Romanée Conti, le sel intense, une personnalité raffinée. Il s’accorde très bien avec le maquereau, le colvert et la truffe en croûte, mais aucun plat n’apporte réellement un supplément d’âme car il vogue au sommet. Il est loin de La Tâche 1962 légendaire que j’ai bue avec Tomo, mais il boxe dans une belle catégorie. Son élégance et sa subtilité sont spectaculaires.

Assez rapidement, nous avons aussi essayé les différents plats avec le Château d’Yquem 1949. Sa couleur est d’un or orangé. Son nez est riche et évocateur de milliers d’arômes. En bouche le vin est lourd, riche, d’une plénitude absolue. Dans toutes les associations, il est trop puissant pour les plats qu’il domine. Il faut le boire seul et ce qui me frappe, c’est que ce vin est totalement parfait, impression que j’ai souvent avec les très vieux Yquem de grandes années. On pourrait critiquer tel ou tel aspect du champagne ou du bourgogne, mais avec Yquem, c’est impossible. Il a atteint une telle cohérence qu’il paraît d’une solidité indestructible et irréprochable.

Ce repas est impressionnant. Tomo a voulu compenser de récentes expériences et il l’a fait plus que brillamment. Tout fut raffiné. Classer les vins serait difficile mais je ne peux m’empêcher d’avoir un petit faible pour La Tâche. Tomo a été brillant et généreux. Ouvrons vite d’autres merveilles.

le seul témoignage (hélas) de ce repas de rêve

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Un Richebourg DRC 1953 difficile préféré par mes enfants samedi, 11 janvier 2014

On apprend toujours des vins, et j’adore ! C’est un déjeuner en famille pour l’épiphanie et le Noël des petits enfants absents à la date officielle. Nous sommes neuf, mes deux filles, leurs quatre enfants, mon gendre et ma femme.

Je suis descendu en cave, pour choisir les vins. Je suis paré pour les champagnes et un vin blanc que j’affectionne est à bonne température. Pour les rouges, je vais chercher dans une zone où j’ai isolé des « bas niveaux ». J’ouvre deux vins. L’un me semble définitivement perdu. L’autre émet des fragrances de fruits qui annoncent un retour possible. Pour ne pas être pris au dépourvu, je repère un vin de secours.

Pour l’apéritif, j’ouvre un Champagne Clos des Goisses Philipponnat 1992. D’emblée, on sent que ce champagne est grand. Il est sans histoire, c’est-à-dire qu’il trouve tout de suite son registre. La poutargue bien moelleuse lui donne de la tension du fait de son sel et son iode. Le champagne claque bien sur la langue. Pour mon gendre comme pour moi, il joue à un niveau supérieur à ce que nous attendions. Sa sérénité est remarquable. Pourquoi analyser un champagne qui est une synthèse ? Il conquiert nos cœurs sans avoir à décliner son identité.

Les coquilles Saint-Jacques sont cuites sur des galets déposés dans nos assiettes. L’effet est moins percutant que celui des langoustines cuites sur les mêmes galets. Le Clos de la Coulée de Serrant Savennières N. Joly 1990 apporté par mon gendre est un délice. Il attaque la bouche comme un bonbon. Ce sont les saveurs sucrées qui débutent, mais viennent ensuite des strates de complexité. Ce vin est grand, joyeux, mais on ne peut pas dire qu’il soit très complexe. Il est plaisant et « nature », gourmand. Les ormeaux que ma femme a cuits pour la première fois demanderaient un vin rouge, mais le Savennières s’en accommode bien. Il continue avec brio à s’accorder avec les coraux des coquilles qui sont normalement sur le terrain de chasse des rouges.

Je remonte le Château Ausone 1937 qui avait un niveau très bas. Je ne crois pas en lui, mais je goûte un vin qui est du vin, défavorisé par un final désagréable. Je ne le sers pas. Mon gendre constatera qu’il a encore quelque chose à dire mais qu’il ne faut pas insister.

La bouteille suivante était plus prometteuse à l’ouverture et effectivement le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1953 a un nez sympathique, avec un joli fruit suggéré. En bouche le vin a les vibrations du domaine, avec le sel très caractéristique. Mon gendre voit de la vanille que je ne ressens pas. Le vin est objectivement un peu fatigué, et j’ai peur de la réaction de mes enfants, mais tout le monde le boit. Et sa complexité se développe sur le gigot d’agneau à la purée Robuchon. Ayant peur qu’ils ne vibrent pas avec ce vin où je trouve beaucoup de qualités du domaine, je vais ouvrir le vin de réserve.

La Côte Rôtie La Mouline Guigal 1996 est une explosion de joie. Tout est si généreux, facile, gouleyant et agréable à boire. On va chercher bien vite un saint-nectaire et un vacherin qui l’accompagnent gentiment. Et c’est alors que mes enfants me disent : « tu sais, la Côte Rôtie est beaucoup moins intéressante et complexe que le Richebourg qui est superbe ». Et je suis heureux, car ce vin, qui avait à l’ouverture une petite fatigue s’est épanoui, est devenu à la fois salé et sucré, avec un velours confortable et une richesse qui devient explosive dans les dernières gouttes de la lie.

Alors que le vin de Guigal a tout pour lui, facile et plaisant, nous avons préféré un vin plus difficile mais porteur de plus de complexité et d’émotions. La convergence de nos réactions est le meilleur cadeau de Noël que je pouvais recevoir, car c’est agréable de nous savoir en phase.

Une de mes petites filles a eu la fève et m’a nommé roi. Tout va pour le mieux dans le royaume familial.

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15 vins qui ont marqué l’année 2014 mardi, 7 janvier 2014

Cette année 2014, j’ai bu 1003 vins si je me réfère à mes notes, qui ne reprennent peut-être pas tout.

En analysant la liste de ce que j’ai bu, il y a 79 vins qui sont des bouteilles que je considère comme mythiques, de celles que je recherche pour leur rareté et leur prestige. Et il y a 88 vins qui font partie de ma démarche de recherche de l’inhabituel, de l’inconnu ou de la surprise.

Ce serait fastidieux de tout lister, aussi j’ai retenu 15 vins qui sont probablement ceux qui m’ont marqué le plus en 2014 :

1. Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1939 vigne originelle française non reconstituée : vin exceptionnel de goût mais aussi rareté ultime puisqu’il s’agit d’une cuvée faite d’une parcelle qui avait conservé des vignes préphylloxériques. Aubert de Villaine m’a confirmé la rareté absolue de cette bouteille qui fut sublime

2. Champagne Salon 1943 : cadeau de Didier Depond président de Salon qui a ouvert ce vin en l’honneur de mon millésime personnel. Le plus grand des Salon que j’ai bus

3. Montrachet Domaine Leflaive 1996 : vin qui n’est produit que de 300 à 400 bouteilles par an. La vivacité et la perfection de ce vin m’ont ébloui

4. Auxey-Duresses Les Clous, Domaine d’Auvenay, Lalou Bize-Leroy magnum 2006 : invraisemblable perfection et vitalité de ce vin si particulier

5. Château d’Yquem 1893 : pour un dîner j’ai ouvert de ma cave deux bouteilles de cet Yquem que je considère comme le plus archétypal et conforme à ce qu’Yquem représente dans son histoire

6. Nuits-Saint-Georges 1899 : vin de producteur inconnu qui a été bu à minuit le 31 décembre 2014, fabuleux et sûrement préphylloxérique compte tenu de son caractère quasi éternel

7. Grand Musigny Faiveley 1906 : un modèle de solidité et de sérénité. Vin immense

8. Champagne Billecart-Salmon magnum 1961 : incroyable champagne qu’on peut considérer comme parfait

9. Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné rouge 1947 : quasiment l’égal (mais pas tout-à-fait) du légendaire 1961, plus grand vin rouge de ma vie. Un vin légendaire aussi

10. Domaine de Bouchon Sainte-Croix-du-Mont Café Voisin 1900 : une curiosité, d’une fraîcheur inouïe

11. Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 2000 : une merveilleuse Romanée Conti, si jeune mais déjà si complexe

12. Champagne Clos du Mesnil Krug 1979 : probablement l’un des plus grands champagnes qui soient. Le sommet de Krug dans des acceptions encore jeunes

13. Château Rayas Châteauneuf-du-Pape 1929 : curiosité absolue car je ne savais pas qu’il en existait. D’une rare solidité et parfait

14. Champagne Salon 1964 : l’un des plus grands Salon

15. Madère Moscatel 1875 : ayant fait un voyage à Madère où j’ai pu boire autour de 80 madères, celui-ci est d’une jeunesse et d’une plénitude exceptionnelle.

Il y a beaucoup de vins qui pourraient être considérés comme légendaires dans ce que j’ai bu, mais il fallait bien choisir.
Pour qu’on comprenne ce que j’appelle vins de curiosité, de recherche, comme sur LPV on parle de façon récurrente des beaujolais en se demandant s’ils peuvent vieillir, voici ceux que j’ai sélectionnés dans les 88 vins qui font partie de mes recherches :

Moulin à Vent Louis Chevallier 1926
Moulin à Vent Mommessin Beaujolais 1949
Moulin à Vent Bouchard Père & Fils 1953
Fleurie Soualle et Bailliencourt 1957
Moulin à Vent Les Vieilles Combes François Paquet négociant 1964

Ces vins montrent dans quel sens s’orientent mes recherches, même si le hasard tient sa place dans mon parcours.

Domaine de Bouchon Café Voisin 1900 lundi, 6 janvier 2014

We intend to open with friends some great wines.

I have announced my « official » wine of 1906, great year in Burgundy.

As the program looks great, it is an occasion to add and open a rarity that I have in my cellar : Domaine de Bouchon Café Voisin 1900

I have never drunk this wine and up to now I thought it is a red wine, but the capsule says « Sainte Croix du Mont ». We will see. We will explore the unknown.

Looking at information about Café Voisin, I have found that the chef was Alexandre Choron who is known to have invented the famous « sauce Choron », a special Béarnaise.

But he is known to have created a very provocative dinner during the war of 1870, for Christmas, cooking animals which were in the « Jardin des Plantes » zoo, the only animals available as only rats were to be eaten during this terrible famine.

This menu is incredible and the cellar of Café Voisin was certainly great as this dinner included Palmer, Mouton, Romanée-Conti, la Tour Blanche and a great Port wine.

http://gerardcagna.blogs.nouvelobs.com/tag/caf%C3%A9+voisin

http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Choron

When we will drink this wine, we will drink history.

Alexandre Choron has known this wine. It will be exciting.

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Un superbe réveillon de Saint-Sylvestre 2013 mercredi, 1 janvier 2014

Nous sommes le 31 décembre. Ma femme pose sur la table de la salle à manger des petits verres à alcool tous différents. Dans chacun elle dépose une pensée dont la couleur bleue très foncée s’accorde aux tons de la pièce, azulejos, vases de Nevers et liseré de la table florentine. Nous nous disputons gentiment sur le nombre de verres à poser sur table car j’en voudrais beaucoup plus pour les différents vins. La table est belle.

Lorsque les amis arrivent j’ouvre vite en cave leurs apports, certains des miens ayant été ouverts avant 17 heures. Le parfum du Vega Sicilia Unico est une magnifique explosion de fruits.

Devant le feu qui crépite dans la cheminée, le Champagne Salon magnum 1995 est à un instant de sa vie où il est parfait. Ce qui me fascine, c’est cette apparente facilité de discours. Il est compréhensible, serein, et n’a aucun besoin de compliquer les choses. Il est comme un trait dessiné par Picasso, ou comme le geste d’un calligraphe. Il se boit si facilement qu’il déjoue tous mes plans. Je le voyais commencer le repas mais en fait il sera fini en même temps que l’apéritif. Le jambon espagnol est superbe avec le Salon, l’excitant fort gentiment, plus que les toasts au foie gras. J’avais trouvé ma femme très audacieuse lorsqu’elle a eu l’idée de faire des cromesquis au foie gras. S’ils n’ont pas la rondeur de ceux de Marc Meneau, ils sont délicieux et forts en goût. Ils créent le plus bel accord avec le magnifique et généreux Salon, dont le citronné est bien dosé et la longueur parfaite.

Nous passons à table. Nous sommes neuf et trois des quatre femmes ne boivent pas. J’ai très mal calculé la capacité d’absorption des six buveurs. Pour le premier plat, coquilles Saint-Jacques crues et un caviar d’Aquitaine à la salinité parfaite, je souhaite que nous essayions trois vins. Le Champagne Initial de Selosse dégorgé en 2008 apporté par un des amis est bizarre. Ce n’est pas l’oxydation qui nous dérange mais plutôt l’absence de précision et de cohérence. Le champagne ne pourra soutenir la comparaison avec le Chablis Grand Cru Valmur Vocoret Père et Fils 1971 à la couleur d’une jeunesse incroyable. Le jaune citronné est très clair. Le parfum est riche et envahissant, conquérant les narines. En bouche ce vin est spectaculaire. Qui dirait qu’un chablis de 42 ans peut avoir cette tension miraculeuse ? Avec Tomo nous nous disons que suggérer qu’il s’agit d’un 1995 serait plausible et cohérent. Ce vin est une immense surprise et un trésor gustatif de sérénité et de richesse.

Le troisième vin à comparer est un Château Chalon Jean Bourdy 1955. Sa couleur est d’un acajou clair. Le nez est une invasion de plaisir avec la noix et la force alcoolique. En bouche, c’est le bulldozer qui redessine le palais, le poussant dans tous ses retranchements. Alors, la conclusion est que le plus adapté au plat, c’est le vin du Jura, mais la plus belle surprise est le Chablis.

Le plat suivant est une soupe au foie gras, châtaignes et panais. Le Château Cos-Labory Saint-Estèphe 1928 a une couleur d’un sang de pigeon profond. Le nez est élégant et raffiné. En bouche, le vin est d’un joli fruit noir discret. Ce qui frappe c’est son élégance et sa finesse. Tout en lui est suggéré avec délicatesse, la truffe noire et la mine de crayon. Tous mes amis sont conquis par ce beau témoignage d’une année que je révère. Le chablis fait bonne figure sur cette soupe.

Le plat qui suit a été essayé par ma femme en prévision de ce dîner. Sa gestation lui a fait plaisir et le résultat est saisissant de pertinence. Sur des galets passés au four à 180° pendant plus d’un quart d’heure sont posées à la dernière minute de petites langoustines qui cuisent tout doucement sur la roche. C’est un délice avec le Cos Labory qui ne cesse de s’épanouir.

Mes plans étant déjoués car les vins se boivent plus vite que prévu, je descends en cave pour ouvrir une des bouteilles prévues pour le cas où. C’est un vin qui m’est précieux, un Moulin-à-Vent 1949 à l’étiquette neutre, sans indication de vigneron ou de négociant. En le sentant, je fais la grimace. Le vin pourrait revenir à la vie, mais on ne peut pas le servir tel qu’il est. Il me faut en ouvrir un autre. Une bonne étoile a guidé ma main. Au hasard je tends mon bras qui prélève dans une case « à l’aveugle » une bouteille. Je la vois, je souris et je l’ouvre. Le parfum est miraculeux. Je remonte vite et fais goûter le vin à mes amis en cachant l’étiquette.

La couleur est d’un jaune beaucoup plus doré que celui du chablis. C’est un vin rouge que je souhaitais sur les coraux des coquilles Saint-Jacques juste poêlés. Mais le vin est tellement extraordinaire que personne ne s’en plaindrait. Le nez est riche, au lacté évoquant le gras. En bouche, c’est un vin d’une grande puissance mais parfaitement contenue. C’est un de mes chouchous. Personne ne trouve le nom de ce vin, un Bâtard-Montrachet Domaine Leflaive 1992, qui atteint les sommets du vin blanc de Bourgogne. Je suis aux anges. Si le chablis était une très belle surprise, ce Bâtard est impérial. Quel grand vin dont tout est généreux et accompli, la maturité étant idéale. Il a une mâche d’exception.

Pour les suprêmes de pigeon aux frites de céleri il est temps de goûter le Vega Sicilia Unico 1989 d’un des amis, vin que je chéris particulièrement. Alors que le parfum à 20 heures était d’une générosité sans égale, le vin servi maintenant s’est replié sur lui-même. Il est grand, bien sûr et va s’ouvrir dans les verres. Mais il n’a pas l’éclat que je lui connais. C’est un vin qu’il faudrait ouvrir au dernier moment pour que sa spontanéité éclate. Il nous fait un grand plaisir car nous venons de changer d’année et l’esprit est aux embrassades et à la joie.

Les fromages sont accompagnés par tous les vins et ce qui est surprenant, c’est que le saint-nectaire gomme complètement les imprécisions du Moulin-à-Vent 1949 qui, même fatigué, amorce un retour en grâce.

Le premier dessert est de mangues et pamplemousses roses juste poêlés. A quoi pense-t-on lorsque ce dessert est posé sur table ? A Yquem bien sûr. Le Château d’Yquem 1989 d’un ami a le don de me fasciner. Car avec Yquem, c’est la perfection qui arrive. Il chante juste, d’une voix brillante et posée, charmeuse mais raffinée. C’est un grand Yquem tellement facile à vivre. Et il n’a pas le moindre petit défaut. Je l’ai préféré sur le pamplemousse plutôt que sur les mangues un peu envahissantes. C’est un très grand vin même si l’on est loin des complexités des Yquem canoniques. Mais on sait qu’on boit un jeune Yquem parfait.

J’ouvre le Champagne Moët et Chandon Brut Impérial rosé magnum 1945 dont le bas du bouchon se brise à la montée. Le parfum est désagréable. Je goûte et fais la grimace. Le vin n’est pas mort, mais pas loin. Il n’a aucune vivacité. L’ami qui a apporté ce champagne est désolé et triste. La délicieuse crème chocolat et caramel attendait ce vin qu’il faut remplacer au pied levé. Ce sera un alcool, car je saisis une bouteille de Marc de Bourgogne du Domaine de la Romanée Conti. La bouteille est vieille et sans millésime. Elle pourrait être de 1949 ou de cette période, car j’ai un marc 1949 du domaine qui lui ressemble. Le bouchon tombe dans l’alcool aussi je transvase le liquide dans des petites carafes. Le parfum embaume la pièce.

Ce marc est magnifique. Il est terrien, les pieds dans la glaise, mais il sait être charnu derrière son goût râpeux. J’ai un faible pour les marcs et celui-ci est joyeux, généreux au point qu’on y revient avec plaisir malgré tout ce que l’on a bu.

Les taxis que les amis ont pu réserver – ce qui était quasiment impossible tant la pénurie est inacceptable – viennent mettre un terme à ce repas particulièrement réussi.

Ma femme a fait une cuisine, fondée sur de beaux produits, lisible comme je l’aime. Le clou du repas a été les langoustines cuites sur galets et l’originale soupe goûteuse avec les vins. Mais tout était bon. Pour les vins, la palme revient au Bâtard-Montrachet Domaine Leflaive 1992 puis au Chablis Grand Cru Valmur Vocoret Père et Fils 1971, deux vins dans un état de maturité et de sérénité exceptionnel. Choisir un troisième serait difficile entre Salon, Château Chalon, Cos Labory, Yquem et le marc. Mettons les ex-æquo. Ce fut l’un des plus beaux réveillons d’amis que nous ayons vécus. Vive 2014.

on voit le gui qui sera mis à contribution à minuit !!!

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Bulletins 2013 – De 520 à 567 mardi, 31 décembre 2013

(bulletin WD N° 567 131230)    Le bulletin n° 567 raconte : déjeuner au restaurant Epicure de l’hôtel Bristol et la 21ème séance de l’académie des vins anciens au restaurant Macéo.

(bulletin WD N° 566 121223)        Le bulletin n° 566 raconte : dîner à quatre mains au restaurant Kei, présentation par Aubert de Villaine des vins de 2010 du domaine de la Romanée Conti à « Grains Nobles » suivi d’un dîner au siège de Grains Nobles, avec un moment de pure magie…

(bulletin WD N° 565 131223)       Le bulletin n° 565 raconte : repas au restaurant l’Arôme, 173ème dîner de wine-dinners au restaurant Taillevent, déjeuner au restaurant de Jean-François Piège, au Thoumieux gastronomique.

(bulletin WD N° 564 131217)    Le bulletin n° 564 raconte : dégustation des champagnes de la maison Pierre Péters, en cave puis en salle, déjeuner au restaurant Les Avisés, dîner de L’Ordre des Dames du Vin et de la Table qui fête ses trente ans au restaurant Laurent.

(bulletin WD N° 563 131210)    Le bulletin n° 563 raconte : visite impromptue au kebab « Grillé » dont Hugo Desnoyer est partenaire, dégustation dans les caves du domaine Comte Georges de Vogüé, déjeuner au restaurant Le Millésime avec les dirigeants du domaine de Vogüé.

(bulletin WD N° 562 131210)   Le bulletin n° 562 raconte : déjeuner au restaurant de l’hôtel des Crayères avec les dirigeants des champagnes Lanson, dîner au château de Puligny-Montrachet avec Etienne de Montille, dîner à l’Orangerie du château de Beaune avec la maison Bouchard P&F, dîner de gala de l’Académie du Vin de France au restaurant Laurent.

(bulletin WD N° 561 131203)     Le bulletin n° 561 raconte : déjeuner au restaurant Hiramatsu, 172ème dîner spécial au restaurant Taillevent, dégustation de la « Lanson Vintage Collection » au siège des champagnes Lanson.

(bulletin WD N° 560 131126)  Le bulletin n° 560 raconte : déjeuner au restaurant Taillevent, dîner au restaurant « Table », déjeuner chez des amis du sud, déjeuner au restaurant « Beaucoup », déjeuner au restaurant « L’Essentiel » à Deauville.

(bulletin WD N° 559 131112)  Le bulletin n° 559 raconte : déjeuner au restaurant La Cagouille, déjeuner au restaurant Alain Senderens, dîner au restaurant Aida avec de grands vins, lancement du guide Gault & Millau au théâtre du Trianon avec cocktail.

(bulletin WD N° 558 131105)  Le bulletin n° 558 raconte : déjeuner au restaurant Alain Senderens, casual Friday au restaurant Laurent, déjeuner au restaurant Garance, dîner au restaurant Garance avec La Tâche 1962 et Romanée Conti 1960.

(bulletin WD N° 557 131029)  Le bulletin n° 557 raconte : dîner de grand talent au restaurant Akrame, mini casual Friday au restaurant Laurent, un vin de la Romanée Conti à l’hôtel Mercure de Blanc-Mesnil, deux dîners à l’hôtel Casadelmar de Porto-Vecchio.

(bulletin WD N° 556 131022)     Le bulletin n° 556 raconte : les plats du déjeuner à El Celler de Can Roca première table du monde, déjeuner de conscrits au Yacht Club de France, 171ème dîner de wine-dinners au restaurant Laurent, après-match au restaurant Garance.

(bulletin WD N° 555 131015)    Le bulletin n° 555 raconte : le Ban des Vendanges au Domaine de Chevalier avec un dîner de 1030 personnes, déjeuner au restaurant El Celler de Can Roca nommé meilleur restaurant du monde (1ère partie), avec, en première mondiale, le champagne Salon 2002 non encore commercialisé.

(bulletin WD N° 554 131008)     Le bulletin n° 554 raconte : le cercle « Climats Côte Chalonnaise » présente ses vins, dîner au restaurant Laurent, dîner à quatre mains avec Régis Marcon à l’hôtel Les Crayères à Reims, déjeuner au restaurant Garance et déjeuner de folie à l’Arpège d’Alain Passard.

(bulletin WD N° 553 131001)  Le bulletin n° 553 raconte : visite à maison Ilan, vigneron bourguignon, visite au domaine Coche-Dury, dîner au restaurant Caves Madeleine à Beaune, présentation du guide Bettane & Desseauve aux caves Legrand, présentation de deux grands bordeaux, Canon et Rauzan-Ségla, place Vendôme chez Chanel.

(bulletin WD N° 552 130924)  Le bulletin n° 552 raconte : dernier dîner avec les amis gastronomes, dernier dîner de vacances avec les enfants et dîner au restaurant « Auprès du Clocher » à Pommard.

(bulletin WD N° 551 130917)  Le bulletin n° 551 raconte : week-end de folie dans le sud avec plusieurs repas aux vins de haute qualité. Plusieurs thèmes dont : des 2002, des grands blancs et des 1989.

(bulletin WD N° 550 130910)Le bulletin n° 550 raconte : dîner chez ma fille, dîner chez des amis, parties de belote au champagne, déjeuner au restaurant San Felice de l’hôtel du Castellet, déjeuner qui donne le coup d’envoi d’un week-end de folie.

(bulletin WD N° 549 130903)Le bulletin n° 549 raconte : dîner au restaurant Garance, dans le sud dîner chez des amis, anniversaire, déjeuner à l’ hôtel Les Lodges de Sainte-Victoire, dîner chez des amis, et plusieurs autres repas de grands vins.

(bulletin WD N° 548 130827)  Le bulletin n° 548 raconte : après-match à l’hostellerie Jérôme de La Turbie, déjeuner au Bistrot de la Marine de Jacques Maximin, dîner dans le sud, déjeuner d’amis, déjeuner à la brasserie San Felice de l’hôtel du Castellet, dîner de famille et visite du domaine d’Ott avec dégustation et déjeuner.

(bulletin WD N° 547 130820)Le bulletin n° 547 raconte : 170ème dîner de wine-dinners au restaurant Taillevent avec des vins très rares et un dîner magnifique à l’Hostellerie Jérôme à La Turbie.

(bulletin WD N° 546 130708)Le bulletin n° 546 raconte : dîner au restaurant Pic à Valence avec un vin mythique, cocktail à l’hôtel Bristol organisé par Christie’s qui lance un nouveau concept, premier Champagne Salon de l’été dans le sud.

(bulletin WD N° 545 130625)Le bulletin n° 545 raconte : dîner d’amis au restaurant Garance, dîner à quatre mains au restaurant de l’hôtel Les Crayères avec le chef Gilles Goujon et déjeuner au restaurant Les Climats, temple des vins de Bourgogne.

(bulletin WD N° 544 130618)Le bulletin n° 544 raconte : dîner au restaurant Chiberta, déjeuner au restaurant Michel Rostang, déjeuner au restaurant Alain Senderens, déjeuner au restaurant Kei, dîner à la maison avec mon fils, déjeuner au restaurant Les 110 de Taillevent, vente des vins de l’Elysée.

(bulletin WD N° 543 130612) Le bulletin n° 543 raconte : dîner de conscrits au Yacht Club de France, dîner avec mon fils et des vins inconnus, dîner d’anniversaire au restaurant Laurent, à la façon d’un dîner de wine-dinners.

(bulletin WD N° 542 130607) Le bulletin n° 542 raconte : visite, déjeuner et dîner à la maison de champagne Louis Roederer, dîner à quatre mains avec deux grands chefs au restaurant de l’école Ferrandi, déjeuner au restaurant Michel Rostang.

(bulletin WD N° 541 130528) Le bulletin n° 541 raconte : dîner à la Réserve de la Pinède à Saint-Tropez, dans le nouveau trois étoiles « La Vague d’Or », dîner à quatre mains au restaurant de l’hôtel Les Avisés appartenant à Anselme Selosse et sa famille.

(bulletin WD N° 540 130523) Le bulletin n° 540 raconte : bicentenaire des Editions Féret, dîner d’anniversaire au restaurant Taillevent et verticale de Château Haut-Brion chez des amis du sud.

(bulletin WD N° 539 130513)  Le bulletin n° 539 raconte : déjeuner au restaurant Alain Senderens, dîner au restaurant Garance avec un Musigny 1899 et un Yquem 1876 exceptionnels et dîner à l’Assiette Champenoise d’Arnaud Lallement avec de grands champagnes anciens.

(bulletin WD N° 538 130507) Le bulletin n° 538 raconte : dîner en famille, dîner au restaurant d’Arnaud Lallement, l’Assiette Champenoise, avec un Lafite 1947 stratosphérique et un Clos d’Ambonnay, dîner à quatre mains avec deux chefs totalisant cinq étoiles au restaurant les Crayères à Reims, dîner à la maison.

(bulletin WD N° 537 130430)Le bulletin n° 537 raconte : déjeuner au restaurant La Méditerranée à Paris, les vendredis du Bistrot du Sommelier accueillent Seppi Landmann et la vingtième séance de l’académie des vins anciens au restaurant Macéo.

(bulletin WD N° 536 130430)Le bulletin n° 536 raconte : dîner dans ma maison du sud, déjeuner dans un salon privé du Cercle Interallié et une Romanée Conti 1929 au restaurant de la Grande Cascade.

(bulletin WD N° 535 130423)Le bulletin n° 535 raconte : 168ème dîner de wine-dinners, de forme spéciale, au restaurant Laurent et dîner inaugural de la Fondation Chasseuil qui devra accueillir la fabuleuse collection de Michel Chasseuil.

(bulletin WD N° 534 130417)Le bulletin n° 534 raconte : 167ème dîner de wine-dinners au restaurant Ledoyen, présentation des 2012 de « l’écurie » de Stéphane Derenoncourt.

(bulletin WD N° 533 130417)   Le bulletin n° 533 raconte : dîner d’amis au restaurant Garance avec des vins de folie, présentation des 2010 des domaines familiaux de Bourgogne, déjeuner à la Brasserie du Bristol, visite au siège de la maison Remoissenet à Beaune, déjeuner au restaurant hôtel Ermitage de Corton.

(bulletin WD N° 532 130409)Le bulletin n° 532 raconte : dîner chez des amis, dîner au restaurant La Tour d’Argent, dîner « à quatre mains » avec deux chefs de talent au restaurant le Petit Verdot, préparatifs d’un dîner de folie.

(bulletin WD N° 531 130402) Le bulletin n° 531 raconte : dégustations de jeunes La Tour Blanche au château, déjeuner au restaurant Saprien à Sauternes avec des La Tour Blanche plus mûrs, dîner au restaurant la Dame de Pic à Paris et déjeuner au restaurant Michel Rostang.

(bulletin WD N° 530 130326) Le bulletin n° 530 raconte : dégustation de sept Echézeaux du domaine de la Romanée Conti et déjeuner au restaurant La Dame d’Aquitaine à Dijon avec 22 vins et alcools, dont 16 du Domaine de la Romanée Conti.

(bulletin WD N° 529 130319)  Le bulletin n° 529 raconte : dîner au restaurant Le Coq de la Maison Blanche à Saint-Ouen et dîner au restaurant Garance.

(bulletin WD N° 528 130312)Le bulletin n° 528 raconte : déjeuner au restaurant Garance, déjeuner au restaurant Laurent et 166ème dîner de wine-dinners au restaurant Taillevent.

(bulletin WD N° 527 130305)Le bulletin n° 527 raconte : dîner chez des amis dans le sud, déjeuner au restaurant Garance, déjeuner au restaurant La Cagouille, ouverture d’un vin antique et mystérieux au domaine de la Romanée Conti et casual Friday au restaurant Garance.

(bulletin WD N° 526 130226)Le bulletin n° 526 raconte : dîner avec mon fils, déjeuner au restaurant Garance, déjeuner « tradition » au restaurant Taillevent, rangement de cave, repas familial, les vendredis du Bistrot du Sommelier avec les vins de Jean-Luc Thunevin.

(bulletin WD N° 525 130219)Le bulletin n° 525 raconte : séjour à Miami, avec des repas chez mes enfants mais aussi brunch dominical à l’hôtel Biltmore, déjeuner au restaurant Boater’s Grill, dîner au restaurant Barton G, dîner au restaurant Fogo de Chao, dîner au restaurant Georges Kitchen et garden-party d’une association de familles françaises de Miami.

(bulletin WD N° 524 130209)Le bulletin n° 524 raconte : déjeuner avec des « restes » de vins prodigieux, déjeuner au Yacht Club de France, déjeuner de famille, Village de Chefs, café Pinson, déjeuner au restaurant Guy Savoy, visite au champagne Philipponnat et déjeuner au restaurant de l’hôtel la Briqueterie à Vinay.

(bulletin WD N° 523 130131)Le bulletin n° 523 raconte : réveillon du 31 décembre à notre domicile de la banlieue parisienne, les surprises du lendemain, dîner extraordinaire avec des champagnes et des vins de folie au restaurant Laurent.

(bulletin WD N° 522 130117)Le bulletin n° 522 raconte : déjeuner au restaurant La Tante Marguerite, déjeuner d’avant-Noël, réveillon de Noël avec de grands vins, déjeuner au restaurant Ledoyen.

(bulletin WD N° 521 130114)Le bulletin n° 521 raconte : à l’Hôtellerie de Levernois, « extravaganza », excentricité, féerie, folie, autour de six Romanée Conti des vignes préphylloxériques d’avant 1945 (1922, 1923, 1929, 1935, 1937, 1944) et beaucoup d’autres vins.

(bulletin WD N° 520 130108)Le bulletin n° 520 raconte : dîner au restaurant de l’Hostellerie de Levernois, visite et dégustation au domaine de la Romanée Conti, déjeuner avec une profusion de vins du domaine de la Romanée Conti en une grande demeure bourgeoise à Mercurey.

THE 378 DRC WINES THAT I HAVE DRUNK dimanche, 29 décembre 2013

Since end of 2000 I have drunk 378 wines of DRC in 77 different vintages. Il represents nearly 30 per year.

The wines for which I have drunk the greatest number of vintages are :

La Tâche : 98 wines in 46 vintages

Romanée Conti : 55 wines in 38 vintages

Richebourg : 61 wines in 37 vintages.

If one « wine » is represented by one appellation in one year, I have drunk 223 different wines in 77 vintages. The average drunk for one wine is 1,7 which indicates a very large panorama on the wines of the Domaine.

The « wines » that I have drunk the most are :

6 times : 1999 Montrachet, 1956 Richebourg

5 times : 1953 Richebourg, 1983 La Tâche, 1983 Romanée-Conti, 1986 La Tâche, 1992 La Tâche

It depends mainly on my buys.

Detailed statistics are in the file attached to this message   NB VINS DRC BUS 131229

Les vins que j’ai bus en 2013 dimanche, 29 décembre 2013

Les vins que j’ai bus en 2013

Il reste encore deux jours, mais tant pis. J’ai bu 834 vins en 94 millésimes. La liste qui suit donne les nombres bus par année. Le signe # indique une année jugée approximativement parce que la bouteille était illisible ou sans année. Ces années avec # ne sont pas comptées dans les 94.

1850 #, 1856, 1865, 1876, 1880, 1890 #, 1891, 1894, 1896, 1899, 1900, 1900 #, 1901, 1904 #, 1910 #, 1911 (2), 1913, 1914 (3), 1915, 1918, 1919, 1921, 1922 (3), 1923 (2), 1926 (3), 1928 (12), 1929 (6), 1930 #, 1931, 1932 (2) – 1933 – 1934 (7) – 1935 – 1937 (8) – 1938 – 1940 # – 1942 – 1943 (11) – 1944 # – 1945 (5) – 1946 – 1947 (7) – 1948 (2) – 1949 (6) – 1950 (6) – 1950 # (3) – 1951 – 1952 (2) – 1953 (2) – 1955 (8) – 1956 (3) – 1957 (3) – 1958 – 1959 (9) – 1960 (4) – 1960 # (5) – 1961 (13) – 1962 (12) – 1964 (9) – 1965 – 1966 (9) – 1967 (6) – 1968 – 1969 (6) – 1970 (9) – 1970 # (3) – 1971 (6) – 1973 (7) – 1974 (3) – 1975 (8) – 1976 (6) – 1977 – 1978 (8) – 1979 (6) – 1980 (7) – 1980 # (2) – 1981 (2) – 1982 (7) – 1983 (16) – 1984 (4) – 1985 (12) – 1986 (5) – 1987 – 1988 (9) – 1989 (19) – 1990 (22) – 1991 (10) – 1992 (9) – 1993 (7) – 1994 (2) – 1995 (13) – 1996 (31) – 1997 (9) – 1998 (16) – 1999 (17) – 2000 (19) – 2001 (9) – 2002 (31) – 2003 (21) – 2004 (25) – 2004 # – 2005 (22) – 2006 (13) – 2007 (23) – 2008 (14) – 2009 (28) – 2010 (32) – 2010 # – 2011 (27) – 2012 (13) – 2013 – ss A (65) – Total général (834) en 94 millésimes (les # ne sont pas comptés.

Les années que j’ai bues le plus sont bien jeunes ! 2010, 1996, 2002, 2009, 2011, 2004, 2007, 1990, 2005, 2003 sont les années dont j’ai bu plus de 20 vins.

J’ai essayé de trouver les bouteilles qui m’ont donné les plus grandes émotions cette année. Ce n’est pas un classement par le goût seulement, car certaines bouteilles ont une valeur de souvenir par les émotions qu’elles m’ont données. L’examen étant fait de mémoire, je peux avoir oublié des grands vins. Là aussi, tant pis.

Champagne Dom Pérignon 1929 : bu avec Richard Geoffroy. Dans mon rangement de cave, cette bouteille a été exhumée, alors que j’ignorais que je l’avais. Il fallait absolument que je la boive avec Richard Geoffroy. C’est le plus grand Dom Pérignon de ma vie.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1962 : j’ai enfin pu acheter ce mythe. Je l’ai bue avec un ami dont la Romanée Conti 1960 était hélas trop fatiguée. Ce vin a été totalement conforme au mythe. Un des plus grands vins rouges de ma vie.

Marsala 1856 : bouteille que j’ai apportée au restaurant El Celler de Can Rocca nommé premier restaurant du monde, où je me suis rendu avec Didier Depond. Le vin a été éblouissant.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti magnum 1990 : apporté par Aubert de Villaine au dîner annuel de vignerons que j’organise, le point culminant de mon année d’amoureux des vins. La bouteille a été conforme à sa légende.

Champagne Dom Pérignon Œnothèque magnum 1975 : bu au même dîner de vigneron, ce vin m’a impressionné par sa puissance de persuasion. Un champagne immense.

Château Margaux 1/2 bt 1928 : j’ai eu la chance d’acheter cette demi-bouteille qui s’est montrée éblouissante de jeunesse dans un dîner d’amis.

Château Mouton-Rothschild en deux demi-bouteilles 1928 : même remarque pour ces deux demi-bouteilles, éblouissantes, dont personne ne pouvait imaginer que ce vin si sublime provienne de demi-bouteilles

Champagne Salon magnum 1971 : bu à El Celler de Can Rocca et fournie par Didier Depond. Vin de première grandeur partagé avec lui.

Vin d’Alicante 1865 : c’est un de mes apports au dîner de vignerons. Vin de grande délicatesse et subtilité. Merveilleux témoignage d’une époque pré-phylloxérique qui a fait des grands vins.

Romanée Conti domaine de la Romanée Conti 1934 : l’émotion vient du fait que je l’ai partagée avec Aubert de Villaine ey Bipin Desai le lendemain du dîner de vignerons.

Champagne Dom Pérignon Œnothèque 1962 : bouteille apportée par Richard Geoffroy lorsque nous avons partagé la Dom Pérignon 1929

Romanée Conti domaine de la Romanée Conti 1956 : bouteille que j’ai apportée lorsque nous avons partagé la Dom Pérignon 1929. Grande par le goût et par l’émotion du partage.

Champagne du centenaire de la maison Pierre Péters (de 1921 à 2010) : champagne fait par Rodolphe Péters et comportant tous les millésimes fait par trois générations de Péters. L’émotion est venue du fait que c’est la première fois que Rodolphe Péters ouvrait cette bouteille.

Côtes de Nuits, vers 1850 # : l’une des deux bouteilles trouvées dans les ruines e l’abbaye de Saint-Vivant. Aubert de Villaine m’a fait l’honneur de me demander, comme pour la première d’ouvrir cette bouteille relique

Musigny Coron Père & Fils 1899 : j’avais ouvert ce même vin le 31/12/1999 à 23h40 pour passer à l’année 2000 avec un vin de juste cent ans. Ce Musigny s’est montré lors d’un dîner d’amis aussi sublime que le précédent.

Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1946 : ouvert au domaine par Aubert de Villaine lors de la cérémonie d’ouverture de la relique de l’abbaye de Saint-Vivant.

Chartreuse faite à Tarragone vers 1928 : bue en de nombreuses occasions à la maison, car c’est sans doute ce qui se fait de mieux en termes de goût.

Champagne Krug Clos du Mesnil 1981 : champagne sublime de complexité bu avec un ami.

Pingus Ribeira del Duero 2009 : ouvert lors d’un repas d’été. Il est ajouté dans cette liste par amitié envers Pieter Siesseck, touché par un deuil familial d’infinie tristesse

Marc de Bourgogne Chauvet 1913 : le seul flacon de 1913 que j’ai ouvert pour ses cent ans, lors de mon dîner d’aniversaire

Maurydoré Rancio de Volontat 1880 : ouvert lors du dîner de vignerons. Je connaissais le tonneau d’où fut extrait ce vin concentré comme un parfum

Château La Tour Blanche 1943 : ouvert par mes hôtes au château lors de ma visite, pour honorer mon anniversaire

Château Lafite-Rothschild 1947 : mis dans cette sélection à cause de la perfection du goût de ce vin

Musigny Roumier 1969 : ajouté parce que je n’ai que rarement bu des vins de ce prestigieux domaine.

Au-delà de ces vins il y a des vins extraordinaires, mais j’ai choisi ceux que ma mémoire a reconnus et ceux qui ont été entourés de l’émotion de les partager.

2013 a été une année bénie pour moi, m’offrant des rencontres avec des vins extraordinaires. Je suis sensible à cette chance extrême que j’ai et aussi à l’amitié que me portent des vignerons et des amateurs qui sont chers à mon cœur.

Une Romanée Conti 1934 bue avec Aubert de Villaine samedi, 14 décembre 2013

Lors de son arrivée à Paris Bipin Desai m’avait demandé de réserver mon samedi midi pour déjeuner avec Aubert de Villaine. Samedi, c’est le lendemain de ce vendredi 13 où la chance m’a été donnée de dîner avec des vignerons amis. Le vin de Bipin et le mien sont arrivés au restaurant le Cinq du Four Seasons George V il y a deux jours. Je ne connaissais pas le vin de Bipin et je ne savais pas si ce déjeuner à trois aurait un thème ou une justification.

Après une nuit bien courte, je me présente au restaurant à 11 heures, l’heure où les sommeliers prennent leur service, pour ouvrir les vins. Le vin de Bipin est un Richebourg Van der Meulen 1921 sans indication de vigneron. La bouteille est noire, interdisant de voir la couleur du vin, ce qui est une caractéristique de ce négociant belge qui a embouteillé les vins les plus emblématiques. On voit quand même que le niveau dans la bouteille est très convenable. Le bouchon a dû être ciré et il reste encore de la cire sur le haut du bouchon mais pratiquement pas sur le goulot. Le bouchon éclate en mille morceaux lorsque je le soulève, ce qui indique un bouchage très probablement d’origine. La prise est difficile et de petits morceaux tombent dans la bouteille. Le verre est si opaque que je ne peux enlever les miettes qui surnagent. Il est exclu de carafer. Celui de nous qui sera servi en premier devra enlever dans son verre les miettes restantes. Le nez de ce vin est extrêmement sympathique.

Le fait de déjeuner en petit comité avec Aubert de Villaine m’a poussé à choisir une bouteille qu’il faut absolument boire : une Romanée Conti domaine de la Romanée Conti 1934 au niveau très bas. Avec qui d’autre boire une telle rareté, un vin préphylloxérique ? J’ai une grande appréhension au moment d’ouvrir ce vin car le Chambertin Marey & Cte Liger-Belair 1911 d’hier avait un niveau similaire et s’est révélé mort. Ma bouteille va-t-elle connaître le même sort ? La bouteille est recouverte sur la moitié du goulot d’une cire qui a craquelé avec le temps, permettant une évaporation du vin. La qualité du bouchon n’est pas bonne. Le bouchon se déchire en remontant mais j’arrive à tout extirper. Le moment est venu de savoir : morte ou pas morte ? Le nez est gras, un peu dévié, mais il n’y a pas la promesse de mort de la veille. Le vin pourrait revenir à la vie, mais rien n’est sûr. Alors ? Wait and see.

J’attends tranquillement dans le hall où tout respire le luxe. Bipin arrive et dit qu’il aimerait que les vins soient bus à l’aveugle. J’avoue que ça ne me plait pas trop, car des vins fatigués peuvent conduire à des contresens. Aubert de Villaine me prévient par téléphone qu’il aura quelques minutes de retard. La raison : il était en train de lire mon livre et n’a pas vu passer l’heure. De quoi flatter mon orgueil !

Nous passons à table et je commande un Champagne Pierre Péters Les Chétillons 2002 à la couleur très dorée. Il est opulent, plus large que d’autres bouteilles que j’ai déjà bues.

Le menu qui nous est proposé par le maître d’hôtel italien est constitué de plats qui ne sont pas sur la carte. Nous partons à l’aventure : risotto à la truffe blanche d’Alba / homard bleu « pêche au casier » cuit sur sel au goémon, jus pressé au naturel, cœur de fenouil et kumquat/ pigeon façon bécasse avec légumes d’automne.

Jean-François Coche-Dury avait donné hier à chacun de Bipin et moi un Meursault Les Rougeots Jean-François Coche-Dury 1999. Bipin estimant qu’il aurait du mal à remporter ce vin aux USA fait ouvrir le sien. C’est assez invraisemblable de voir la puissance olfactive et gustative de ce vin qui passe en force tout en ayant une précision ciselée remarquable. Il y a du génie dans ce domaine. L’accord avec le risotto est superbe, amplifiant la voix du vin, d’un coffre infini.

Nous buvons les deux rouges à l’aveugle. L’exercice est difficile avec des vins de cet âge aussi est-il inutile de le prolonger. Le Richebourg Van der Meulen 1921 a une couleur d’un rouge sang de pigeon peu compatible avec son âge. On sait que Van der Meulen a été capable du meilleur comme du pire, maquillant des vins comme ce fut le cas d’un Clos de Tart bu avec 55 autres Clos de Tart, qui jurait, tant il n’avait rien à voir avec un vin de ce domaine. Plus récemment, j’avais bu des Romanée Conti des années 20 de Van der Meulen, qui contenaient peut-être un peu de Romanée Conti. Ici, le vin est très agréable, vivant, pur, de belle mâche et l’on peut admettre que le vin est bien un Richebourg car, comme je l’ai indiqué ci-dessus Van der Meulen est aussi capable du meilleur. Aubert de Villaine n’exclut pas que ce Richebourg soit du domaine de la Romanée Conti car il est possible qu’ils l’aient embouteillé sans indiquer le domaine.

La Romanée Conti domaine de la Romanée Conti 1934 a un teint plus terreux. Le nez n’est pas désagréable. Le vin a une concentration extrême, une force incroyable et un final au sucre prononcé. Aubert de Villaine fait appel à ses souvenirs de dégustation et ses souvenirs d’archives. Les vignes à l’époque pouvaient avoir trois cents ans ! La concentration était extrême car les rendements étaient infimes et le sucre résiduel provient du fait que les techniques de l’époque n’étaient pas très précises. Merci pigeon, car le plat fait revivre la Romanée Conti, lui donne de la vigueur, et nous commençons à boire une vraie Romanée Conti. J’avais eu peur, et le Dieu des amateurs de vins a exaucé mes prières. J’ai la chance de boire la lie, presque noire, et je perçois enfin le sel qui signe l’âme de la Romanée Conti. Ce n’est certainement pas la plus ingambe des Romanée Conti, mais elle nous a donné le meilleur de ce qu’elle pouvait. Aubert de Villaine est ravi, ce qui est le principal, et je suis heureux de l’avoir partagée avec lui.

La cuisine d’Eric Briffard est précise, généreuse et rassurante, le service est parfait, supervisé par Eric Beaumard présent un samedi et ravi de voir Aubert et Bipin. Ce déjeuner à trois avec cette Romanée Conti 1934 est un bonheur de plus.

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bouchons en miettes du 1921 et du 1934

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dîner annuel de vignerons au restaurant Laurent samedi, 14 décembre 2013

Le dîner qui va suivre est certainement le point culminant de mon année, quels qu’aient été les vins spectaculaires que j’aie pu boire auparavant. Ce dîner est le 13ème dîner des amis de Bipin Desai que j’organise, que je vais comptabiliser comme le 174ème dîner de wine-dinners, puisque j’en suis le concepteur, au restaurant Laurent.

Plantons le décor avec les participants :

Caroline Frey (Château la Lagune & domaine Jaboulet Aîné),

Diner Bipin Desai 13 Decembre 2013 chez Laurent à Paris  © Laurence de Terline

Jean François Coche Dury (Domaine Coche Dury),

Diner Bipin Desai 13 Decembre 2013 chez Laurent à Paris  © Laurence de Terline

Didier Depond (Champagnes Salon & Delamotte)

Diner Bipin Desai 13 Decembre 2013 chez Laurent à Paris  © Laurence de Terline

Richard Geoffroy (Champagne Dom Pérignon),

Diner Bipin Desai 13 Decembre 2013 chez Laurent à Paris  © Laurence de Terline

Louis Michel Liger-Belair (Domaine Comte Liger-Belair),

Diner Bipin Desai 13 Decembre 2013 chez Laurent à Paris  © Laurence de Terline

Jean Charles de la Morinière (Domaine Bonneau du Martray),

Diner Bipin Desai 13 Decembre 2013 chez Laurent à Paris  © Laurence de Terline

Egon Müller (Weingut Egon Müller),

Diner Bipin Desai 13 Decembre 2013 chez Laurent à Paris  © Laurence de Terline

Jean Luc Pépin (Domaine Comte Georges de Vogüé),

Diner Bipin Desai 13 Decembre 2013 chez Laurent à Paris  © Laurence de Terline

Sylvain Pitiot (Domaine Clos de Tart),

Diner Bipin Desai 13 Decembre 2013 chez Laurent à Paris  © Laurence de Terline

Jean Trimbach (Maison Trimbach),

Diner Bipin Desai 13 Decembre 2013 chez Laurent à Paris  © Laurence de Terline

Aubert de Villaine (Domaine de la Romanée Conti),

Diner Bipin Desai 13 Decembre 2013 chez Laurent à Paris  © Laurence de Terline

Bipin Desai et moi-même.

Diner Bipin Desai 13 Decembre 2013 chez Laurent à Paris  © Laurence de Terline

Diner Bipin Desai 13 Decembre 2013 chez Laurent à Paris  © Laurence de Terline

Réunir un groupe de cette nature autour d’une même table ne peut pas me laisser indifférent. Tout au plaisir des discussions avec ces grands acteurs du monde du vin, je n’ai pas pris de notes, aussi les commentaires sur les vins seront-ils parfois succincts.

A 17 heures je viens ouvrir les bouteilles. Les parfums du Clos Sainte Hune et de La Tâche sont absolument phénoménaux. Je suis ravi que mes deux vins aient de belles odeurs. Le seul souci vient du Chambertin Marey & Liger-Belair 1911 au niveau très bas, dont l’odeur giboyeuse est de mauvais aloi.

Les amis arrivent de façon échelonnée mais sont tous à l’heure. Le Champagne Delamotte blanc de blancs magnum 2002 est un beau champagne facile à vivre, coincé pendant les premières minutes et qui s’élargit de belle façon au bout d’un quart d’heure. Il est solide et plaisant.

Le Champagne Salon magnum 1999 impose sa structure plus charpentée. On a là un champagne vineux, tendu, de belle facture, qui demande encore quelques années pour délivrer tout son potentiel.

Le menu créé par  Alain Pégouret est : Friture d’éperlans / Corail d’oursins au naturel / Noix de Saint-Jacques légèrement blondies, macaroni et  cèpes / Mousseline de brochet, bisque légère / Consommé de bœuf à la moelle / Caille dorée en cocotte, rôtie aux abats, côte de céleri mitonnée aux olives noires / Pièce de bœuf servie en aiguillettes, pommes soufflées « Laurent » jus aux herbes / Fregola Sarda à la truffe blanche d’Alba / Fourme de Montbrison / Pamplemousse rose en marmelade dans un pain d’épice maison, sorbet / Tarte fine au chocolat noir.

Tout le monde est convenu que ce repas est un sommet gastronomique majeur, par la lisibilité des plats et l’harmonie apportée aux vins.

Le Riesling Clos Sainte Hune Trimbach magnum 1983 est une pure merveille de précision. Je suis fasciné par la précision de ce riesling. Quand je dis à Jean Trimbach que ce riesling est étonnant car il est impossible de lui donner un âge, il marque un temps d’arrêt avant de vérifier et convient que ce riesling est intemporel. Il me subjugue. L’oursin est d’un goût idéal. Il donne plus de tension au vin. Le vin est bon avant ou avec le plat. Si j’adore le plat qui convient au vin, je préfère presque le Sainte Hune plus lascif sans l’oursin.

La noix de Saint-Jacques est divine, et différencier les deux vins qui s’accordent si bien n’est pas chose aisée. Le Corton-Charlemagne Bonneau du Martray 1991 est rassurant. Il a tant d’équilibre qu’on est emporté par son charme. Et ce 1991 a toutes les caractéristiques que l’on trouve dans une plus grande année. Il a une belle mâche.

Mes amis vignerons ont tendance à penser que le Musigny blanc Comte Georges de Vogüé 1993 montre des traces d’évolution. J’avoue que cela ne me dérange pas le moins du monde. Le vin est profond, plus tranchant que le Bonneau du Martray, mais moins charmeur. Les deux vins sont de bonne compagnie à un haut niveau. Le 1993 est la dernière année où ce vin blanc s’est appelé Musigny. Il est ensuite devenu « Bourgogne blanc », car provenant de vignes trop jeunes.

La mousseline de brochet convient aux deux vins qui suivent. Le Corton-Charlemagne Domaine Coche-Dury 1996 entraîne un silence immédiat. On est bouche bée. Comment un vin de 17 ans peut-il avoir cette fraîcheur de parfum ? Le nez est très ardoise, gaz de schiste (car c’est un plaisir interdit), et en bouche, le vin est d’un brio quasi inexplicable. J’avais suggéré cette année lorsque Jean-François Coche-Dury m’avait demandé quelle année apporter. J’aime le 1996 et il a bien répondu à mon appel ce soir. On pourrait ne jamais s’arrêter de boire ce vin.

A côté de lui, la tâche n’est pas simple pour l’Hermitage La Chapelle blanc Jaboulet Aîné 2010, mais il est intéressant de constater que ce vin n’a pas les rugosités de la jeunesse. Il est déjà serein et montre de belles complexités. A côté du Coche-Dury, ce qui lui manque c’est la longueur. Mais faut-il reprocher au Coche-Dury d’être hors norme ?

Le Vin d’Alicante 1865 que j’ai apporté avait à l’ouverture un parfum très engageant. Ce qui fascine maintenant, c’est sa vitalité. Il navigue entre xérès et vin jaune, très oxydatif, mais il a une vivacité spectaculaire pour ses presque 150 ans. Je suis fier que ce vin d’une année mythique dans plusieurs régions de France (je ne sais pas pour Alicante) soit au rendez-vous. Le bouillon est pertinent mais je préfère le vin sans accompagnement.

La Romanée Comte Liger-Belair 1973 est d’un présence sereine comme je les aime. Quand on est dans une année plutôt faible, les grands vins montrent leur subtilité. Et c’est le cas. J’adore cette Romanée.

A côté de lui, le Clos de Tart 1962 est plus puissant, et l’on voit apparaître dans son final une pointe d’alcool un peu lourde, à côté du final aérien de la Romanée.

Le troisième vin sur la caille dorée est le Chambertin Marey & Cte Liger-Belair 1911 de Bipin  Desai. Il n’a pas réussi son retour à la vie. Les odeurs sont désagréables, les goûts sont déviés. Le vin est à écarter.

La pièce de bœuf est divine. Une simplicité absolue conduit à la perfection. Le Musigny Vieilles Vignes Comte Georges de Vogüé 1988 est un vin solide qui tient bien sa place, mais me pardonnera-t-on de concentrer mes efforts sur La Tâche Domaine de la Romanée Conti magnum 1990. Je revendique haut et fort mon absence d’objectivité pour un vin qui a un parfum d’une délicatesse infinie, qui a un goût d’une complexité inimaginable et une longueur incommensurable. Il n’est point besoin d’analyser ce vin, il suffit d’en jouir. Et il profite à fond du plat. Tout le monde apprécie ce cadeau d’Aubert de Villaine, chaudement félicité.

Dans la hiérarchie des surprises c’est peut-être avec le Champagne Dom Pérignon Œnothèque magnum 1975 que l’on trouve un sommet. Car je crois n’avoir jamais goûté un Œnothèque aussi exceptionnel alors que j’en ai bu d’années plus mythiques les unes que les autres. Il y a dans ce vin un supplément de vivacité que je ne soupçonnais pas. Et toute la table est comme moi surprise de cette prestation hors norme. Il faut dire que la truffe  blanche et la Fregola Sarda forment probablement le plus bel accord de la soirée.

Le Schwarzhofberger Beerenauslese-Eiswein Egon Müller 1973 est un vin d’une grande présence. Il combine le sec, car il donne l’impression d’être sec, avec une sucrosité qui n’apparaît qu’en fin de bouche. J’adore ce vin et je le préfère presque au Schwarzhofberger Eiswein Egon Müller 1983 beaucoup plus lourd et sucré. Il faut des repères que je n’ai pas pour ces vins. Mais ils sont d’une élégance éblouissante. C’est un monde de saveurs raffinées.

Le Maurydoré Rancio de Volontat 1880 est un vin dont j’ai connu le fût. Laissé dans l’oubli d’une cave à Maury, stocké à des hauteurs inaccessibles, il avait atteint une telle évaporation qu’il fut décidé de le mettre en bouteilles. J’ai pu en acquérir quelques unes. Ce vin est d’une densité de plomb. On dirait un goudron doucereux. Il y a du poivre, de la mélasse, des fruits noirs et du café. Une telle vigueur est quasiment irréelle.

Dans ces dîners, on ne vote pas, car il n’est pas question de hiérarchiser des domaines. Mais je dois signaler les performances exceptionnelles de quelques vins : le Clos Saint-Hune Trimbach 1983, le Corton Charlemagne Coche Dury 1996, la Romanée Liger Belair 1973, La Tâche 1990 et le champagne Dom Pérignon 1975.

Nous étions tous unanimes pour estimer que la cuisine très claire, précise, lisible d’Alain Pégouret a été une des clefs de la réussite de ce dîner. L’ambiance était rieuse, décontractée. Tout ce soir n’était que bonheur. Pour faire mieux l’an prochain, il va falloir se surpasser !

Comme on ne voulait pas se quitter, avec Sylvain et Louis-Michel nous avons profité de la générosité de Daniel, le fidèle sommelier, et siroté un Champagne Cristal Roederer 2005 fort approprié pour piloter notre retour sur terre et préparer de doux rêves. Quelle grande soirée !

(crédit photo Laurence de Terline)

nous occupons toute la belle rotonde

Diner Bipin Desai 13 Decembre 2013 chez Laurent à Paris  © Laurence de Terline

l’esprit est à rire

Diner Bipin Desai 13 Decembre 2013 chez Laurent à Paris  © Laurence de Terline

notre belle table

Diner Bipin Desai 13 Decembre 2013 chez Laurent à Paris  © Laurence de Terline

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photos de groupe

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