Dîner des amis de Bipin Desai au restaurant Laurent vendredi, 13 décembre 2013

Champagne Delamotte blanc de blancs magnum 2002 (Didier Depond)

DSC06968 DSC06966

Champagne Salon magnum 1999 (Didier Depond)

DSC06970 DSC06969

Riesling Clos Sainte Hune Trimbach magnum 1983 (Jean Trimbach)

DSC06986 DSC06987

Corton-Charlemagne Bonneau du Martray 1991 (Jean-Charles de la Morinière)

DSC07029

Musigny blanc Comte Georges de Vogüé 1993 (Jean-Luc Pépin)

DSC06979

Corton-Charlemagne Domaine Coche-Dury 1996 (Jean-François Coche-Dury)

DSC06983

Hermitage La Chapelle blanc Jaboulet Aîné 2010 (Caroline Frey)

DSC07032 DSC07031

Vin d’Alicante 1865 (François Audouze)

2013-09-26 10.02.36 2013-09-26 10.02.27 2013-09-26 10.02.20

La Romanée Comte Liger-Belair 1973 (Louis-Michel Liger-Belair)

DSC06976 DSC06977

Clos de Tart 1962 (Sylvain Pitiot)

DSC06991

Chambertin Marey & Comte Liger-Belair (Bipin Desai)

DSC07026

Musigny Vieilles Vignes Comte Georges de Vogüé 1988 (Jean-Luc Pépin)

DSC06978

La Tâche Domaine de la Romanée Conti magnum 1990 (Aubert de Villaine)

DSC06974 DSC06975

Champagne Dom Pérignon Oenothèque magnum 1975 (Richard Geoffroy)

DSC06990 DSC06989 DSC06988

Schwarzhofberger Eiswein Egon Müller 1983 (Egon Müller)

DSC06965

Schwarzhofberger Beerenauslese-Eiswein Egon Müller 1973 (Egon Müller)

DSC06964

Maurydoré Rancio de Volontat 1880 (François Audouze)

2013-09-26 10.02.42

DSC06994 DSC06995 DSC06996

DSC07033

après dîner Cristal Roederer 2005

DSC07062

 

M2 D M2

21ème séance de l’académie des vins anciens vendredi, 6 décembre 2013

La 21ème séance de l’académie des vins anciens se tient au restaurant Macéo. Nous sommes 39 et nous allons partager une cinquantaine de vins. Ayant décidé d’apporter beaucoup de vins notamment parce que de nombreux académiciens n’en fournissent pas, j’ai choisi des vins qui doivent être bus. Sur les 24 vins de ma cave certains sont de bas niveau, voire vidange, ce qui n’est acceptable que parce que le nombre fourni est important : il y aura assez pour boire bon.

J’ai la lourde tâche d’ouvrir toutes les bouteilles et même en arrivant avant 17h, mon travail n’est pas terminé lorsqu’arrivent les premiers convives, à 19h. Il faut dire qu’ayant mis des bouteilles de niveaux bas, les bouchons se désagrègent, ce qui rend l’ouverture beaucoup plus difficile et prenant plus de temps. Certaines odeurs sont insupportables, d’autres sont de belles surprises comme celle du Palmer 1900. Globalement, le bilan est meilleur que ce que j’attendais.

Nous serons répartis en trois tables et trois groupes de vins dont voici la répartition :

Groupe 1 : Champagne le Brun de Neuville Millésimé 2003; Champagne Chauvet magnum 1914; Champagne Dom Pérignon Oenothèque 1969; Macon Viré André Bonhomme 1971; Château Palmer très probable 1900; Cos d’Estournel 1928; Château Margaux 1923; Château Lagrange Saint-Julien années 50; Château Bel Air-Marquis d’Aligre 1961; Chambolle Musigny Pasquier Desvignes 1934; Corton Clos du Roi Camille Chandesais 1957; Chapelle-Chambertin Louis Trapet 1974; Moulin a Vent René Guyenet 1947; Inglenook Cabernet Sauvignon Napa Valley 1978; Château Lafaurie Peyraguey 1926; Marc de Bourgogne L’Héritier-Guyot magnum 1970#

Groupe 2 : Champagne le Brun de Neuville Millésimé 2003; Champagne Chauvet magnum 1914; Champagne Napoléon Ch. & A. Prieur à Vertus # 1970; Moët & Chandon Grand Vintage Collection 1993; Hermitage blanc Chave 1983; Vin de Margaux de négoce années 60; Château Haut-Brion années 20 ou plus vieux André Gibert propriétaire; Château Lagrange Saint-Julien 1933; Château Bellefond-Belcier Saint-Emilion Commandant Gilard 1926; Château Palmer 1966; Gevrey Chambertin Pierre Bourrée Fils 1931; Château Canon Saint-Emilion magnum 1955; Côtes de Nuits Village Champy & Fils 1945; Fixin Clos du Chapitre Bouchard P&F 1961; Barolo Riserva Giacomo Borgogno & Figli 1955; Barsac Latrille-Ginestet 1926; Marc de Bourgogne L’Héritier-Guyot magnum 1970

Groupe 3 : Champagne le Brun de Neuville Millésimé 2003; Champagne Napoléon Ch. & A. Prieur à Vertus # 1970; Champagne Drappier Carte d’Or 1995 dégorgé en mai 2012; Sancerre Sauvignon G. Leschemelle 1949; Château La Louvière Graves; Château Brane-Cantenac 1970; Château Montrose 1921; Château Talbot 1934; Château Canon Saint-Emilion magnum 1955; Château Pichon Longueville Baron 1964; Vosne Romanée Roland Thévenin 1955; Clos des Lambrays 1943; Pommard Naigeon-Chauveau 1961; Chateauneuf-du-Pape Montredon 1967; Château Haut Bergeron sauternes 1978; Château Climens 1979; Marc de Bourgogne L’Héritier-Guyot magnum 1970#

Au total, la répartition des millésimes surs et indicatifs (marqués d’un #) est : 1900#, 1914 (2), 1920 # , 1921, 1923, 1926 (3), 1928, 1931, 1933, 1934 (2), 1943, 1945, 1947, 1949, 1950 #, 1955 (4), 1957, 1960 #, 1961 (3), 1964, 1966, 1967, 1969, 1970 # 1970 (3), 1971, 1974, 1975, 1978 (2), 1979, 1983, 1993, 1995, 2003 (3), (2), Total 49 vins de 34 millésimes.

Il convient de signaler que je n’ai pas pris de notes en cours de repas, pris par les conversations qui fusaient de toutes les directions, aussi est-il possible que ma mémoire me joue des tours.

L’apéritif debout se prend avec un champagne unique, dont la maison appartient à l’un des académiciens. C’est le Champagne le Brun de Neuville Millésimé 2003. D’une année atypique, il est une agréable surprise et on y revient volontiers. Les gougères donnent de la douceur à son côté lacté.

Nous passons à table et nous partageons les vins du groupe 1. Quand le Champagne Chauvet magnum 1914 m’est servi pour goûter, je vois le petit mouvement de stupeur de mes convives, car la couleur est marron, de terre sale. Je hume, je goûte et un sourire barre mon visage. Car ce champagne qui n’a plus de bulle donne encore une sensation de pétillant. Je vois des évocations de fruits rouges alors qu’autour de moi on ressent plutôt la vanille et les noix. Quelle que soit la direction que l’on prend, ce champagne est vif, plein de dynamisme, et ravit tous les convives. Il est à noter que le magnum étant partagé avec la table 2, il aura moins de succès à cette table, ce qui montre que la dégustation est un art très subjectif. J’ai adoré ce beau témoignage d’une année exceptionnelle en champagne dont Pierre, l’apporteur, nous a raconté l’histoire, les barriques ayant été déplacées en Bourgogne pour y mûrir du fait de la guerre.

Le Champagne Dom Pérignon Œnothèque 1969 est un rayon de soleil. Sa couleur est très claire. Il est complexe, charmeur, et montre des aptitudes gastronomiques extrêmes. On me demande lequel des deux champagnes je préfère. Celui qui comblera le plus facilement tous les désirs d’excellence, c’est le Dom Pérignon. Mais celui qui attire mon cœur par la qualité de son témoignage, c’est le Chauvet que je préfère.

Le Mâcon Viré André Bonhomme 1971 est une immense surprise. Que ce vin puisse atteindre un tel niveau de perfection est incroyable car on a exactement ce que l’on rêverait de boire si l’on désire un blanc charnu équilibré, profond à la lourde trace en bouche. C’est très probablement la plus belle surprise de ce dîner mais il y en aura d’autres.

Le Château Palmer très probable 1900 avait un niveau très bas, en vidange et m’avait donné une très belle surprise à l’ouverture. Le vin confirme l’impression d’il y a quelques heures. La bouteille sans étiquette mais un nom visible sur la capsule est soufflée, au cul profond ce qui est un indice de l’âge, le repère étant pour moi celui des années que j’ai achetées de ce vin. Le parfum du vin est de fruits noirs profonds. En bouche, je ressens une pâte de fruit de fruits noirs. Le vin est profond, avec un message très expressif. Des convives qui garderont longtemps leur verre n’en reviennent pas qu’il puisse garder sa force et son intégrité aussi longtemps. Sans attendre, je dirai que c’est mon vainqueur de la soirée.

Le Cos d’Estournel 1928 a une acidité beaucoup trop forte. Il y a tant de vins à venir qu’il est inutile de s’attarder sur ce vin.

Le Château Margaux 1923 se présente comme manquant de corps après le Palmer 1900. Mais il se réchauffe, s’ébroue, et son message féminin devient de plus en plus charmant. Il n’est pas très aidé de passer derrière un Palmer si expressif.

Le Château Lagrange Saint-Julien années 50 est bouchonné. Inutile d’insister, même si ce désagrément s’estompe avec le temps.

Le Château Bel Air-Marquis d’Aligre 1961 est un vin qui n’a pas d’âge. Serein, rond, joyeux, il est tellement accompli que c’est l’éternel jeune homme, dans l’éclat de sa séduction.

On dirait que la Bourgogne veut faire un concours de jeunesse, car le Chambolle-Musigny Pasquier Desvignes 1934 est facile à vivre, tranquille, aimablement bourguignon.

J’adore le Corton Clos du Roi Camille Chandesais 1957 car il est encore plus bourguignon que le précédent avec une râpe délicate.

Et comme si c’était la soirée des concours, le Chapelle-Chambertin Louis Trapet 1974 se met à vouloir lutter avec les deux autres pour afficher sa bourgognitude. Bien que de deux Côtes différentes, le Corton et le Chapelle-Chambertin ont beaucoup de points communs car ils ont la grâce délicate que donnent les petites années.

Le Moulin a Vent René Guyenet 1947 est un joli témoignage du beaujolais, peut-être pas le plus grand des 1947 que j’ai bus de cette belle région, mais très convaincant par sa densité.

On m’apporte un verre du Gevrey Chambertin Pierre Bourrée Fils 1931 du groupe 2 et je ne peux pas cacher ma surprise de constater que tous les bourgognes sont dans un état de jeunesse et de richesse très supérieur à tout ce que je pouvais attendre. Celui-ci est profond, droit, riche et convaincant. Une belle surprise d’une année extrêmement difficile à trouver.

Le Inglenook Cabernet Sauvignon Napa Valley 1978 est d’une solidité à toute épreuve. Je suis étonné de lui trouver des accents bordelais. Les grands vins américains des année 70 sont maintenant de vraies merveilles.

Le Château Lafaurie Peyraguey 1926 est noir comme du café et le miracle est que ce café respire les agrumes. Le vin a tout pour lui, l’équilibre, la puissance et la séduction. C’est le sauternes comme on les aime, dans leur plénitude absolue.

Les amis étant insatiables, je fais ouvrir le Marc de Bourgogne L’Héritier-Guyot magnum 1970 # que j’avais apporté pour le cas où nous aurions encore une petite soif. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce marc est viril. Il a de la paille dans les sabots. Adorant les marcs je trouve celui-ci très roturier mais expressif. Il ponctue bien ce dîner.

Comment faire un classement dans un groupe d’une telle diversité ? Ce ne peut être qu’un choix de coups de cœur. Il faut se jeter à l’eau : 1 – Palmer 1900, 2 – Champagne Chauvet magnum 1914, 3 – Mâcon Viré André Bonhomme 1971, 4 – Château Lafaurie Peyraguey 1926, 5 – Champagne Dom Pérignon Œnothèque 1969. Est-ce un bon choix, je ne sais pas.

Le classement des surprises serait : 1 – Mâcon Viré André Bonhomme 1971, 2 – Palmer 1900, 3 – Champagne Chauvet magnum 1914. Mon classement de plaisir est donc très lié aux heureuses surprises que j’ai rencontrées.

Je n’ai jamais vu une assemblée aussi sage. Dans des réunions précédentes on voyait des académiciens qui couraient de table en table pour essayer les vins des autres groupes. Point de cela aujourd’hui. L’atmosphère a été joyeuse, avec beaucoup de nouveaux. Ces réunions de l’académie sont une occasion unique de partager des vins d’âges canoniques et de comprendre que tout ce qui se dit sur les vins anciens procède de préjugés qui ont la vie dure mais qui tombent lorsqu’on démontre la longévité inouïe de tous ces vins. Longue vie à l’académie des vins anciens.

DSC06753 DSC06754

AVA MENU 131205 001

DSC06755 DSC06756 DSC06757 DSC06758

21ème séance de l’académie des vins anciens – les vins jeudi, 5 décembre 2013

Vins marqués de ** : vins de la cave de François Audouze

Groupe 1 :

DSC06704

Champagne le Brun de Neuville Millésimé 2003

DSC06771 DSC06772

Champagne Chauvet magnum 1914

DSC06638 DSC06639

Champagne Dom Pérignon Oenothèque 1969

DSC06640

Macon Viré André Bonhomme 1971

DSC06654 DSC06653

**Château Palmer très probable 1900

DSC06652

**Cos d’Estournel 1928

DSC06637

Château Margaux 1923

DSC06643

**Château Lagrange Saint-Julien années 50

DSC06648

Château Bel Air-Marquis d’Aligre 1961

DSC06649

Chambolle Musigny Pasquier Desvignes   1934

DSC06657 DSC06656

Corton Clos du Roi  Camille Chandesais  1957

DSC06668 DSC06667

Chapelle-Chambertin Louis Trapet 1974

DSC06677 DSC06676

Moulin a Vent René Guyenet 1947

DSC06666 DSC06664

Inglenook Cabernet Sauvignon Napa Valley 1978

DSC06680 DSC06681

**Château Lafaurie Peyraguey 1926

DSC06685

**Marc de Bourgogne L’Héritier-Guyot magnum 1970#

DSC06708 DSC06707

Groupe 2 :

DSC06700

Champagne le Brun de Neuville Millésimé 2003

DSC06771 DSC06772

Champagne Chauvet magnum 1914

DSC06638 DSC06639

**Champagne Napoléon Ch. & A. Prieur à Vertus # 1970

DSC06752 DSC06751

Moët & Chandon Grand Vintage Collection 1993

DSC06642

Hermitage blanc Chave 1983

DSC06655

**Vin de Margaux de négoce années 60

DSC06647

**Château Haut-Brion années 20 ou plus vieux André Gibert propriétaire

DSC06380 DSC06371

**Château Lagrange Saint-Julien 1933

DSC06692 DSC06691

**Château Bellefond-Belcier Saint-Emilion Commandant Gilard 1926

DSC06644

**Château Palmer 1966

DSC06650

Gevrey Chambertin Pierre Bourrée Fils 1931

Gevrey Chambertin 1931

**Château Canon Saint-Emilion magnum 1955

DSC06697 DSC06696

**Côtes de Nuits Village Champy & Fils 1945

DSC06662 DSC06661

Fixin Clos du Chapitre Bouchard P&F 1961

DSC06670

Barolo Riserva Giacomo Borgogno & Figli 1955

DSC06678

**Barsac Latrille-Ginestet 1926

DSC06683 DSC06682

**Marc de Bourgogne L’Héritier-Guyot magnum 1970

DSC06708 DSC06707

Groupe 3 :

DSC06698

Champagne le Brun de Neuville Millésimé 2003

DSC06771 DSC06772

**Champagne Napoléon Ch. & A. Prieur à Vertus # 1970

DSC06752 DSC06751

Champagne Drappier Carte d’Or 1995 dégorgé en mai 2012

DSC06641

**Sancerre Sauvignon G. Leschemelle 1949

DSC06702

Château La Louvière Graves 1975

DSC06651

**Château Brane-Cantenac 1970

DSC06693

**Château Montrose 1921

DSC06750 DSC06636

**Château Talbot 1934

DSC06646

**Château Canon Saint-Emilion magnum 1955

DSC06697 DSC06696

Château Pichon Longueville Baron 1964

Vosne Romanée Roland Thévenin 1955

DSC06695 DSC06694

**Clos des Lambrays 1943

DSC06663

**Pommard Naigeon-Chauveau 1961

DSC06672 DSC06671

Chateauneuf-du-Pape Montredon 1967

DSC06675 DSC06674

Château Haut Bergeron sauternes 1978

DSC06687

Château Climens 1979

DSC06688

**Marc de Bourgogne L’Héritier-Guyot magnum 1970#

DSC06708 DSC06707

Présentation des 2010 du domaine de la Romanée Conti mercredi, 4 décembre 2013

Comme chaque année Aubert de Villaine vient présenter les vins du domaine de la Romanée Conti vieux de trois ans au siège de la société Grains Nobles et comme il aime à le rappeler, c’est la seule invitation qu’il honore en France, de présenter les vins de son domaine. Dans la cave médiévale au cœur de Paris, il est entouré de Bernard Burtschy et de Michel Bettane.

Il commence à rappeler trois faits marquants de l’année 2010. Après un printemps au début favorable, la floraison s’est faite par un temps difficile. Il y a eu de la coulure et une inégalité de floraison. Il y a eu des raisins dits « millerands » qui ont des grains très petits, en grand nombre, et dépourvus de pépins, ce qui pour Aubert de Villaine va apporter de la qualité. Août a été très mauvais, humide et froid. Mais le raisin a développé des armes pour se défendre : les peaux sont devenues épaisses. Septembre a connu une belle période de chaleur donnant un mûrissement très rapide. Le botrytis n’a pas progressé sauf à partir du 15 septembre sur les chardonnays. Le 22 on a vendangé le Corton et le Montrachet et à partir du 24 dans l’ordre Richebourg, Romanée Conti, La Tâche, Romanée Saint-Vivant, Grands Echézeaux et Echézeaux. Le Vosne Romanée n’a pas été fait en 2010 car jugé peu satisfaisant. Il y a eu environ 20% d’éraflage, ce qui n’avait pas été le cas en 2009.

Nous commençons la dégustation par le Corton Grand Cru Prince Florent de Mérode 2010 dont le domaine de la Romanée Conti est le fermier. La robe est profonde, presque noire. Le nez est riche et l’alcool se sent. La bouche est gourmande, épaisse presque sucrée. Il y a un beau final tannique. C’est un vin costaud, profond. Lorsqu’Aubert de Villaine dit que le vin est aérien, je suis étonné. Aubert de Villaine explique qu’il ne travaille que les vieilles vignes qui sont implantées sur trois climats. Pour l’instant, on regroupe les vins des trois climats et dans dix à quinze ans on vinifiera séparément le Clos du Roi, les Bressandes et les Renardes. Le Corton a moins de fûts neufs que les vins du domaine. Un tiers est éraflé. Dès le reprise en 2008 la démarche bio a démarré.

Avec l’Echézeaux domaine de la Romanée Conti 2010 on change de monde, car on entre vraiment dans le domaine. Le nez est élégant, le vin est beaucoup plus clair que le Corton. La subtilité du parfum est extrême. L’attaque est élégante, joyeuse, fruitée, séduisante. Le final est élégant, raffiné, poivré. Le vin est gourmand et plein de charme.

Le Grands Echézeaux domaine de la Romanée Conti 2010 a un nez plus vineux, plus cerise. Mais il annonce du velours. Le vin est plus strict, très poivré. Il a beaucoup de fluidité, de fruité et de richesse. Il a plus de matière mais il est encore strict quand l’Echezeaux est déjà ouvert. Sa persistance en bouche est forte. Michel Bettane dit que la qualité du raisin est exceptionnelle.

La Romanée Saint-Vivant domaine de la Romanée Conti 2010 a un nez beaucoup plus profond et plus riche. La couleur est très intense et belle, d’un rose sombre. La bouche est très belle, très caractéristique, avec une belle râpe. Il y a beaucoup de délicatesse. Il est plus romantique que le Grands Echézeaux qui est plus puissant. Sa délicatesse est remarquable. Michel Bettane insiste sur le fait que le vin n’est pas réduit et cela vient de la qualité de la mise en bouteille, faite au bon moment, en lune descendante mais surtout avec de hautes pressions atmosphériques. Le vin est élégant, d’agréable densité. C’est un aristocrate. Il est à un moment de sa vie qui est charmant. Aubert de Villaine utilise deux mots : féminin et monastique. Les vignes de Marey-Monge ont été reprises en fermage en 1966 puis achetées plus tard.

Le Richebourg domaine de la Romanée Conti 2010 a un nez moins facile à comprendre. Le vin est très complexe et fort. Le rose d’un rubis clair est très beau. Le vin est fort, puissant, ouvert, épicé, plus fonceur et en même temps très fluide. Il se cherche un peu, il est moins équilibré que la Saint-Vivant. Il est plus nerveux et l’on sent un potentiel qui ne demande qu’à s’exprimer. Il y a deux climats dans le Richebourg, un qui fait les deux tiers et qui s’appelle simplement Richebourg et les Veroilles qui fait le troisième tiers.

La Tâche domaine de la Romanée Conti 2010 a une robe plus profonde. Le nez est relativement peu précis. En bouche, on est loin de l’idéal, avec de l’acidité, de l’amertume. Le vin est assez ingrat, d’un plaisir limité. Le vin est « crunché », réduit. En remuant fortement le verre, on voit apparaître la profondeur d’un fruit noir bien riche. Même s’il est rigide, on voit la promesse et la persistance extrême. Nous apprenons que notre bouteille est nettement moins bonne que l’autre servie.

La Romanée Conti domaine de la Romanée Conti 2010 n’en apparaît que plus grande, tant le contraste est sensible. Le nez est vraiment Romanée Conti. Tout ici est dosé à la perfection. Tout est suggéré. Michel Bettane dit que cette Romanée Conti est parfaite. Il signale le poivron dans le final qui pour lui est une signature. Le final est salin et c’est le seul des rouges dégustés qui a cette trace saline. Il est parfait car tout ici est assemblé et cohérent. C’est l’équilibre. Il est soyeux, velours, porteur d’extase. Il est subtil et de belle râpe.

J’en profite de faire un nouveau round de verres mieux aérés. La Romanée Saint-Vivant est superbe de rondeur et de charme, le Richebourg est très en force et poivré, La Tâche s’est ouverte mais a une signature de réduction. La Romanée Conti enfin est formidable, offrant l’équilibre mais aussi le mystère. Elle est grandiose et de grande pureté. Michel Bettane suggère l’églantine et c’est vrai. C’est l’églantine plus que la rose et un sel tout frais.

Le Montrachet domaine de la Romanée Conti 2010 a été très touché par le botrytis. Il a donc été vendangé très tôt. Le nez est difficile à apprécier. Le vin est étonnamment léger et s’affirme assez peu, mais on sent qu’il est sur le frein à main, car il est servi froid. Michel Bettane signale l’élégance de son boisé. Il y a du miel, de la poire et des fruits blancs, un peu de lactique. C’est un grand vin dont l’élevage est fait en deux temps égaux, en fûts neufs et en fûts d’un vin, c’est-à-dire ayant servi déjà, mais une seule fois. En comparaison selon Aubert de Villaine, le 2008 est plus dans le miel et plus sensuel et le 2010 a plus de vivacité. La persistance du 2010 est belle. Je sens un peu de miel et de fruit confit. Il y a un grand équilibre de fraîcheur et de vivacité.

Les trois vins qui ressortent nettement de cette dégustation sont la Romanée Conti, très grande, la Romanée Saint-Vivant particulièrement réussie et le Montrachet pour ses qualités intrinsèques mais non encore totalement exprimées. Goûter les vins du domaine avec les explications d’Aubert de Villaine et les commentaires avisés de Michel Bettane, c’est un plaisir et un privilège.

2013-12-04 19.40.30 2013-12-04 20.10.37

Dîner qui suit la présentation des 2010 de la Romanée Conti mercredi, 4 décembre 2013

Selon la tradition, après la présentation des vins de la Romanée Conti, Pascal Marquet, dirigeant de Grains Nobles retient à dîner Aubert de Villaine, Bernard Burtschy et Michel Bettane, plus deux ou trois amis, dans les locaux de son restaurant tenu par un couple chaleureux et authentique.

Nous commençons par un Champagne Brut Grand Cru Egly-Ouriet millésime 1999 qui a passé 109 mois en cave et a été dégorgé en août 2009, issu de vieilles vignes d’Ambonnay. Je suis stupéfait par la complexité de ce champagne riche, prenant possession du palais. On a un irrésistible besoin d’y revenir tant il est gourmand. C’est une petite merveille.

Le vin suivant est un vin de garage, ce qui est inhabituel en Californie. C’est un La Côte, santa Rita Hills Pinot Noir Domaine de La Côte Lompoc Californie 2011. Il n’a été fait que 99 caisses de ce vin confidentiel. Il est des moments où je me félicite de ne pas être dégustateur professionnel, car ça me permet d’éviter de tels vins qui, pour moi, n’ont absolument aucun intérêt. Il n’y a aucun bord d’attaque qui permettrait d’y trouver du plaisir.

(l’épisode qui suit est aussi raconté dans un autre message. Il est ici en italique)

Le vin suivant est découvert à l’aveugle. Il faut en être témoin pour le croire. Le vin est trouble, sans doute remué, d’un rouge sang coupé de rose. Il est beaucoup trop froid. Bernard et Michel annoncent tout de suite pinot noir et à la question de la région, c’est Bernard qui lance le premier la région Bourgogne. Michel est le premier à lancer Côtes de Beaune et Bernard acquiesce. Michel a en tête Volnay. Le premier à lancer une année – et il n’y en aura pas deux – c’est Bernard qui dit 1985 et c’est 1985. On lui demande pourquoi et il répond : « parce que 1985 est la seule année équilibrée des années 80″. Bien. On s’égare un peu vers Pommard, sans y croire, et le tir se rapproche de Corton et l’ami approuve. Michel dit : je verrais bien Chandon de Briailles et ça doit être un Bresssandes.

Bernard dit Clos du Roi et l’ami confirme à Bernard : « c’est effectivement Clos du Roi Chandon de Briailles « . Michel dit : « c’est curieux, parce que pour moi, c’est le style d’un Bressandes ». Et l’ami pour détromper Michel soulève le cylindre qui cachait l’étiquette, regarde et pousse un cri de stupeur : « oh, ça alors, je croyais avoir pris un Corton Clos du Roi, car je voulais faire un clin d’œil à Aubert de Villaine qui fait un Corton sur les terres de Mérode dont une partie est en Clos du Roi et je me suis trompé en la prenant ».

Si on me racontait cette histoire, j’aurais du mal à la croire. Assis entre ces deux géants de la dégustation, je hochais la tête de droite à gauche comme le spectateur d’un match de tennis et j’allais d’émerveillement en émerveillement quand ces deux sommités expliquaient les raisons de leurs choix. Le vin est un Corton Grand Cru Les Bressandes domaine Chandon de Briailles 1985 à la couleur trouble et servi trop froid, découvert à l’aveugle en additionnant ces deux talents. Très doucereux, parfois presque sucré, il était bien vivant et velouté. Un vin au fruit rose ou rouge bien dessiné, frappé d’une infime trace de TCA.

On mesure le fossé himalayesque qui sépare un amateur de vin de ces deux génies, dotés d’une culture qui m’époustoufle en chaque occasion où j’ai la chance de déguster à leurs côtés.

Nous avions commencé le repas sur une délicieuse soupe aux champignons et maintenant, c’est un morceau très tendre de bœuf avec une purée qui accueille un Château Bel Air Marquis d’Aligre magnum 1985 château dont je sais que Bernard et Michel sont deux fanas inconditionnels. Le vin est magnifique de précision, goulu et de bonne mâche.

J’ai envie de quitter la table car j’ai demain un programme très lourd, mais on me retient en disant que je ne peux pas ne pas goûter un Mâcon-Pierreclos « Le Chavigne » domaine Guffens-Heynen 2004. Force est de dire qu’on a bien fait de me retenir, car ce vin est particulièrement généreux et joyeux.

L’ambiance après la dégustation des vins de la Romanée Conti est amicale et décontractée. C’est un plaisir de dîner avec des personnes de si bonne compagnie.

2013-12-04 22.37.33 2013-12-04 22.44.21

2013-12-04 22.49.38 2013-12-04 22.49.06 2013-12-04 22.49.48

2013-12-04 23.13.11 2013-12-04 23.13.06

2013-12-04 23.26.54 2013-12-04 23.47.00

2013-12-04 22.59.35 2013-12-04 23.14.59

173ème dîner de wine-dinners au restaurant Taillevent jeudi, 28 novembre 2013

Le 173ème dîner de wine-dinners se tient au restaurant Taillevent, dans le somptueux salon lambrissé du premier étage. Vers 17h30 je viens ouvrir les vins. Le bouchon du Beychevelle 1928 se déchire en mille morceaux tant le liège colle fortement au verre. Je suis obligé d’aller à la pêche aux morceaux avec mon épuisette miraculeuse. Tout rentre dans l’ordre. Le parfum du 1928 est très prometteur. Les deux parfums les plus nobles sont ceux du Pétrus 1985 et de la Romanée Conti 1993, à la subtilité incroyable. Alain Solivérès, le chef brillant vient bavarder avec moi et peut sentir cette immense Romanée Conti. Le parfum du Vega Sicilia Unico 1957 est si riche de fruits lourds que ce serait dommage de cantonner ce vin au Saint-nectaire. Je demande au chef et à Jean-Marie Ancher si l’on peut prévoir un deuxième service du chevreuil. L’accord m’est donné. Le parfum du muscat 1935 évoque le café aussi fais-je la demande que l’on suggère le café dans le dessert au chocolat. Là aussi, mes demandes sont favorablement reçues.

Nous sommes dix et les convives sont d’une ponctualité exemplaire : quand sonne vingt heures, nous sommes au complet. C’est à signaler.

Le premier vin se prend d’abord debout. C’est un Champagne Charles Heidsieck 1955 qui s’entend comme larron en foire avec les fondantes gougères. Le champagne est ancien, a perdu sa bulle, mais il offre une complexité et des fruits jaunes dorés très plaisants. Sa complexité et son équilibre sont des modèles. Nous passons à table et un jambon délicieux se marie bien à ce beau champagne à la belle trace en bouche. 1955 est une grande année et ce champagne à de beaux restes.

Le menu mis au point par Alain Solivérès est : noix de coquilles Saint-Jacques marinées et caviar osciètre / saint-pierre en filet doré, écrevisses / perdreau « patte-rouge » rôti, polenta et romarin / noisettes de chevreuil sauce grand veneur, panais rôtis et betteraves confites / saint-nectaire fermier / mangue rafraîchie / chocolat Taïnori en feuillet craquant.

Après le 1955, le Champagne Krug Clos du Mesnil 1983 paraît d’une folle jeunesse alors qu’il a trente ans. Il est brillantissime, d’une tension extrême et d’une précision diabolique. On ne peut pas concevoir un champagne plus précis que celui-là. Je le consacrerai dans mon vote. Le caviar trouve en lui une résonnance idéale.

Le Montrachet Bouchard Père & Fils 2003 est d’une opulence totalement sécurisante. C’est comme si l’on chaussait ses charentaises, s’asseyait dans un fauteuil profond pour lire du Stendhal. Car ce montrachet est facile à vivre, riche et généreux. Il est plein en bouche et l’on n’a pas d’état d’âme. On est heureux.

Le Château Beychevelle Saint Julien 1928 me stupéfie par sa couleur qui est sang de pigeon, de la même tenue que son voisin qui affiche 57 ans de moins ! Il est beau, profond, et soutient la comparaison avec le Pétrus Pomerol 1985 qui est beaucoup plus complexe, très truffe noire, mais ne rabaisse pas le talent du 1928. Ma grande surprise, c’est que ces vins séparés de plus d’un demi-siècle puissent avoir les mêmes couleurs. Le 1928 est serein. Le 1985 est brillant et complexe, incisif et profond. Avec le perdreau dont la farce est très riche et intense, chacun des vins trouve sa place avec un grand confort, le 1928 étant un peu plus sensuel sur le plat.

Associer sur un même plat deux vins aussi dissemblables, c’est la philosophie de mes dîners. C’est mon plaisir, voire ma coquetterie. Le Cahors Clos de Gamot 1937, sur les premiers verres versés, révèle un léger goût de bouchon. Plusieurs minutes plus tard, tout a disparu, et ce Cahors montre des qualités que je ne soupçonnais pas, même si j’ai déjà bu des vins anciens de ce domaine, comme 1929, 1937, 1942 et 1961. Il est assez simple de construction mais s’en tire par son équilibre. Lui non plus n’a aucune trace de tuilé dans sa robe.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1993 servie en même temps n’a plus un nez aussi diabolique que celui que j’avais senti il y a cinq heures à l’ouverture. Je suis étonné que le fruit soit aussi affirmé. Un ami familier de la Romanée Conti retrouve la rose et le sel qui sont la signature de ce vin, mais je ne trouve pas ces caractéristiques avec la même acuité. Le vin est grand et va recueillir les votes les plus flatteurs, mais je ne me sens pas dans le cœur de ce vin comme je l’ai déjà été. Le vin est riche, convaincant, persuasif, mais il manque – pour moi – ce petit « je ne sais quoi » de romantisme qu’il pourrait avoir. Et à côté de lui, le Cahors trace sa route avec une solidité et une sureté qui font plaisir à boire. Le chevreuil est délicieux, et les deux vins en profitent.

J’ai eu raison de demander un deuxième service du chevreuil, car les médaillons sont tendres et propulsent le Vega Sicilia Unico 1957 à des hauteurs extrêmes. Le vin a un parfum riche et lourd. Le vin n’a pas la complexité du vin de la Romanée Conti, mais il a cette aisance qui fait un peu penser aux vins de Guigal. Il est gouleyant, facilement lisible, généreux et je l’adore. Le sang de la sauce du chevreuil est son miroir. Mon ami Tomo est moins fan que moi de ce vin. Cela m’étonne car nous avons des goûts très proches. Je suis conquis par ce 1957 d’un équilibre rare, sans trace d’âge.

Le Château d’Yquem Sauternes 1976 est d’un bel acajou clair. Le nez est pénétrant. C’est un vin d’une grande année pour Yquem, absolument réussi. Il a la longueur infinie que l’on attend d’Yquem. Il est tellement équilibré que ça paraît presque facile et naturel. Un vin de jouissance.

Le Muscat rosé Gurzuf Collection Massandra 1935 avait à l’ouverture un nez de café. Ce nez s’est complexifié. Le vin est frêle comme les jeunes filles photographiées par David Hamilton. Il n’écrase pas le palais mais au contraire le rafraîchit malgré sa charge alcoolique. Tout en délicatesse, c’est une gourmandise raffinée. Enigmatique si l’on a en tête un muscat puissant qu’il n’est pas, il m’enchante.

Voter dans ces conditions, c’est un exercice extrêmement difficile. Tous les votes sont différents et c’est bien compréhensible tant les vins étaient grands. Imaginez une chose : il y a dix votants pour dix vins. Chacun ne vote que pour quatre vins et en oublie donc six. Le résultat est qu’aucun vin n’a eu moins de deux votes. C’est-à-dire qu’aucun vin n’a été considéré comme ne devant pas être dans le quarté. On imagine aisément ma fierté de voir que mes vins brillent à ce point.

Cinq vins ont eu des votes de premier, la Romanée Conti truste six places de premier et le Krug, le Beychevelle, le Pétrus et le Vega Sicilia Unico ont chacun recueilli un vote de premier.

La Romanée Conti a obtenu 9 votes (je suis le seul à ne pas l’avoir mise sur la feuille de vote) et le Vega Sicilia Unico a eu aussi 9 votes, Tomo étant le seul à ne pas l’avoir inclus.

Le vote du consensus serait : 1 – Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1993 – 2 – Vega Sicilia Unico 1957 – 3 – Château Beychevelle Saint Julien 1928 – 4 – Pétrus Pomerol 1985 – 5 – Champagne Krug Clos du Mesnil 1983 – 6 – Château d’Yquem Sauternes 1976.

Mon vote est : 1 – Champagne Krug Clos du Mesnil 1983, 2 – Vega Sicilia Unico 1957, 3 – Muscat rosé Gurzuf Collection Massandra 1935, 4 – Château Beychevelle Saint Julien 1928.

J’avais voulu dans ce dîner mettre les vins les plus emblématiques : Romanée Conti, Pétrus, Yquem, Krug Clos du Mesnil, Vega Sicilia, un Montrachet, un vin de la collection Massandra et des vins plus originaux comme le Heidsieck 1955, le Cahors 1937 ou le Beychevelle 1928. Tous ces vins ont été présents au rendez-vous qui leur était donné.

La cuisine d’Alain Solivérès est d’une maturité qui s’affirme de plus en plus avec des plats lisibles, goûteux, parfaits pour les vins. Le plus beau plat pour moi est le médaillon de chevreuil juste cuit dans son jus, servi en deuxième service du chevreuil. Le perdreau traité en gibier est aussi un grand moment. Rajoutons à cela un service exemplaire et des convives chaleureux et souriants. Tout cela donne un 173ème dîner de réussite totale.

DSC06520 DSC06521

DSC06524 DSC06523

DSC06525

DSC06585

DSC06529 DSC06528

DSC06586

DSC06530 DSC06532 DSC06531

DSC06588

DSC06535 DSC06534

DSC06589 DSC06591

DSC06540 DSC06538 DSC06536

DSC06592 DSC06593

DSC06551 DSC06549

DSC06595

DSC06547 DSC06546

DSC06596 DSC06598

DSC06544 DSC06543

DSC06600

DSC06602

DSC06581

DSC06604 DSC06605 DSC06607 DSC06608 DSC06609 DSC06610

Invraisemblable journée au siège du champagne Péters avec 20 vins différents dont des raretés absolues samedi, 23 novembre 2013

Cela faisait longtemps que nous voulions nous retrouver ! J’arrive à Mesnil-sur-Oger au siège du champagne Pierre Péters. Rodolphe Péters me propose de déguster les vins clairs de 2013. Je me suis déjà livré à cet exercice dont l’idée me plait. Nous faisons cette dégustation dans les chais.

Le vin clair Les Monts Martin au Mesnil 2013 se présente à l’œil comme un jus de citron un peu trouble, marqué de deux gouttes de lait. Il en sera de même des autres. Le vin évoque le citron, les fruits blancs, la craie. Il est surtout citron.

Le vin clair La Fosse à Avize 2013 est plus austère. Sa structure est différente. Il est plus gras, plus riche mais moins tendu. Il est plus pamplemousse que citron. S’il est plus gras et ample, cela vient du profil du vignoble me dit Rodolphe Péters qui évoquera au fil de la dégustation les caractéristiques des parcelles, telles que l’orientation, l’ensoleillement et la composition du sol.

Le vin clair Les Bellevues à Oger, côté Mesnil 2013 a une attaque superbe, plus généreuse de pomelos. Il y a aussi un côté floral, fleur d’oranger. Il est très élégant avec un beau final. Très généreux.

Le vin clair Les Chemins de Chalons à Cramant 2013 a une attaque très fraîche suggérant la menthe. Il y a des fruits blancs. C’est celui qui a la plus belle palette de fruits et fleurs blanches avec un bel agrume, le pamplemousse. Il a plus d’acidité car ce vin n’a pas fait sa fermentation malolactique. Il a des épices douces.

Le vin clair Les Chétillons de Mesnil-sur-Oger 2013 est pétillant. Il a des fruits blancs. L’agrume est peu marqué. Le fruit est plus confit. Je dis : « c’est le plus difficile à comprendre » et cette formule plait à Rodolphe Péters car il est à juste titre fier de ce vin.

Rodolphe Péters m’apporte deux vins sans me dire de quoi il s’agit.

Le premier vin a un nez très précis, une attaque très douce, calme. Seul le final est citronné.

Le second vin a un nez plus large que précis. L’attaque est plus rêche mais il a plus de matière. Le final est moins long et sans agrume.

Rodolphe Péters m’explique que le premier vin a été élevé avec une levure saccharomyces et que le second a été élevé avec une levure torulaspora puis saccharomyces. Le premier n’a eu qu’une levure alors que le second en a eu deux.

Le premier est plus droit et le second plus large. J’avoue bien volontiers que cette expérience me passe un peu au dessus de la tête.

Le vin que je goûte maintenant est le Brut Sans Année de réserve. Il est fait avec 50% de brut sans année de l’année précédente plus 50% de vin de l’année. Le Brut Sans Année de réserve a commencé en 1988. Ce vin est beaucoup plus rond, car il est plus ancien. Il a un bel équilibre mais il manque un peu de final.

Nous allons maintenant à la salle de dégustation pour continuer notre voyage. Rodolphe Péters me fait goûter le Champagne du centenaire de la maison Pierre Péters. Il y a des vins de l’arrière-grand-père, le 1921 et le 1937. Des vins du grand-père 1947, 1959, 1966. Des vins du père de Rodolphe, 1969, 1973, 1976, 1979, 1982, 1985, 1988, 1990, 1995, 1996. Cet assemblage représente un tiers du vin. Le deuxième tiers comprend les 2000, 2002, 2004 et 2008. Le troisième tiers est fait de 2010. Ce qui me surprend, c’est que Rodolphe Péters ne l’a pas encore bu. Il le découvre donc avec moi. Quel honneur !

Le nez est très intéressant car multiple. Il y a une évocation de fenouil. En bouche c’est très jeune, marqué par du caramel au beurre salé. C’est la patine des vieux vins. Rodolphe Péters dit que l’impact de la levure est trop présent. C’est un vin très curieux, très intéressant mais pas concluant. Il y a probablement trop de 2010 qui brouille le message des plus vieux témoignages des vins de cette maison.
Nous passons ensuite à des vins plus conventionnels. Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 2006 a un nez un peu lacté. L’attaque est brillante et riche, avec du lait et du beurre. Le vin est très long, avec deux caractéristiques : caramel et mandarine.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 2005 a un nez plus racé, plus champagne. Il y a plus de tension mais moins d’opulence. Il est plus champagne que le 2006 mais le 2006 va évoluer. Le 2005 a de l’amande et de la mandarine, ce qui est caractéristique des Chétillons.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 2004 est dans une phase qui ne plait pas à Rodolphe Péters. Le nez est très minéral, la bouche est lactée, beurre et noisette. Rodolphe pense qu’il y a trop de coing et pas assez d’agrumes et que le fruit est un peu éteint. Je trouve que c’est un grand vin mais pas très pétulant.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 2002 a beaucoup plus de tension. Le nez est vineux. Le vin est carré, solennel, très grand. L’équilibre est minéral avec du pamplemousse. Le vin est de grande longueur. Il est grand.

Entretemps, le vin du centenaire s’est assemblé. Il est beaucoup plus serein, large avec un final de lait et de caramel. Et le 2002 s’ouvre aussi, offrant la mandarine caractéristique du Chétillons.

Rodolphe présente maintenant un vin qui s’appelle Champagne Pierre Péters « Réserves Oubliées » un vin créé pour Michael Edwards, poète et membre de l’académie française, qui voulait un « goût anglais ». Seules 60 bouteilles ont été faites. La base est la réserve perpétuelle vieillie un an en cuve. La base est de 2007 et les vins plus anciens, mis en cuve en 2009 et gardés quatre ans en cave. Le vin est très bon, plein et effectivement, on a une impression de boisé. Il est beau, chaleureux, minéral, très pur, joyeux et gourmand. Du grand champagne.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 1997 a un parfum fort prégnant. Il a un côté très agréable et complexe, dans beaucoup de directions. Lacté, foin, grillé.

Le centenaire continue de s’épanouir, et du floral apparaît.

Après cette dégustation d’un rare éclectisme et avec des vins originaux, nous nous rendons au restaurant Les Avisés où nous sommes accueillis par Anselme Selosse qui ne restera pas avec nous. Je vais saluer Nathalie qui va servir notre repas et Stéphane Rossillon, le chef avec qui j’avais partagé des moments mémorables il y a quelques mois. Le menu affiché sur l’ardoise est : l’œuf mollet et son velouté de champignons, châtaignes au curcuma / suprême de volaille fermière au citron, endive rôtie au piment d’Espelette, cocos de chevriers aux aromates / mousse au chocolat tiède à l’orange.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 1996 a un nez très minéral et très champagne. Le vin, de grande tension et harmonieux a un goût de truffe.

Le Château Chalon Fruitière Viticole de Voiteur 1966 que j’ai apporté a un merveilleux goût de noix. C’est un Château Chalon au sommet de sa plénitude. Il est « énorme ».

Rodolphe Péters, qui n’en est pas à une surprise près à m’offrir a apporté le vin qui est maintenant le plus vieux de sa maison puisque les plus vieux champagnes ont tous été assemblés dans le vin du centenaire. C’est un Vin rouge de Vertus Pierre Péters 1937. Son nez est salin et on ne peut pas ne pas penser aux vins de la Romanée Conti. L’attaque en bouche est très fruitée, de fruits rouges. Le vin est presque sucré, mais son final est salin. La jeunesse du fruit est remarquable. Il a une énergie immense. S’il a des fruits rouges, il a aussi de l’écorce d’orange. Le côté sucré évoque le ratafia.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 1986 a un côté évolué extrêmement plaisant. Le 1966 est charnu, il a du gras et la noix est bien dosée. Il réagit très bien sur l’endive.

Le 1986 paraît jeune à côté du 1937 et du 1966. Il est très agrume frais, peut-être pas très long mais très large.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 1976 est marqué par la noix. Il a une belle évolution, une belle énergie. Il est mordant en bouche, vineux et coquille d’huître. Le pont que je voulais créer entre vin jaune et champagne se trouve idéalement avec ce 1976 mais aussi avec le 1986.

La générosité de Rodolphe Péters est incommensurable. Ce qui est amusant c’est qu’il avait prévu que nous buvions 1996, 1986 et 1976 et que je suis venu avec un 1966. Hasard ?

Je repars sur un petit nuage à Paris. Le dîner de L’Ordre des Dames du Vin et de la Table m’attend au restaurant Laurent. Comment vais-je survivre, je ne sais pas.

2013-11-21 10.26.57 2013-11-21 10.51.13 2013-11-21 10.27.16 2013-11-21 10.27.32

la couleur des vins clairs et la salle de dégustation

2013-11-21 10.30.18 2013-11-21 10.46.11 2013-11-21 11.29.11

le vin rouge de Vertus de 1937

2013-11-21 12.09.21

le Chateau Chalon 1966

DSC06498 DSC06499 DSC06497

les Chétillons 1996 et 1986

DSC06503 DSC06504

nous avons demandé une poêlée de champignons pour accompagner le rouge de 1937

DSC06500 DSC06501 DSC06502 DSC06506 DSC06511

dîner de gala de l’Académie du Vin de France vendredi, 22 novembre 2013

Comme chaque année, le dîner de gala de l’Académie du Vin de France se tient au restaurant Laurent. Avant cela, les membres de l’académie donnent à goûter lors d’une paulée le dernier millésime mis en bouteilles. Cette année, c’est le 2011. Les plus sérieux boivent tous les vins présentés qui sont une cinquantaine. La tentation est grande de bavarder avec les vignerons que l’on a plaisir à retrouver, ce qui limite les dégustations. J’ai bu et apprécié un Muscat Zind Humbrecht, le Clos Sainte-Hune Trimbach aérien, un Puligny-Montrachet les Pucelles domaine Leflaive puissant, un Crozes-Hermitage Graillot excellent, la Romanée Saint-Vivant du domaine de la Romanée Conti merveilleusement romantique, un Hermitage rouge Chave d’une fraîcheur extrême, un Château Gazin aux tannins de belle affirmation, le Mas Jullien très pur, le Château Simone solide et pour finir, les deux liquoreux de Cauhapé et de Fargues séduisants mais tellement jeunes !

L’apéritif permet de se rafraîchir le palais avec un Champagne Pol Roger 2004 de belle tension riche et déjà bien épanoui. Il se boit avec bonheur.

Nous rejoignons nos tables. Je suis venu avec ma fille que beaucoup de vignerons sont heureux de rencontrer car elle est souvent citée dans les aventures que ces vignerons amis me font le plaisir et l’honneur de lire. Autour de la table il y a des fidèles du restaurant Laurent du monde de la finance ou de l’administration, monsieur et madame Graillot avec lesquels j’ai en vue des agapes proches au cours desquelles l’on ouvrira de grands vins et Olivier Jullien qui est le premier vigneron languedocien à avoir rejoint l’académie. Le menu mis au point par des membres de l’académie et Alain Pégouret est : Corail d’oursins au naturel / homard servi à la façon d’une bourride, truffe blanche d’Alba / pigeon à peine fumé et rôti, champignon des bois et pommes soufflées, sauce piquante / saint-marcellin et vieux gouda / glace vanille minute, huile d’olive toscane « Castello Colle-Massari » récolte 2013 / palmiers et mignardises.

Le Riesling Clos Windsbuhl Zind-Humbrecht 2007 est une merveille de précision. Que ce vin est bon ! Il m’apporte une joie que je peux difficilement contenir. Car ce vin est parfait, joliment fouetté par le corail puissant au point d’avoir une persistance aromatique en bouche quasi infinie. J’ai eu un peu de mal à trouver l’accord avec les trois saveurs, gelée, crème et langues d’oursins. Jacques Puisais avec qui j’en ai parlé en fin de repas m’a dit : » il fallait prendre de grandes lampées du vin pour créer l’accord ».

L’Hermitage blanc J. L. Chave 2000 est riche et profond, en grand contraste avec l’alsacien précis et aérien. On est ici sur un vin terrien de belle mâche qui trouve dans la truffe blanche une résonance d’une force rare. Ce vin plein au beau fruité un peu confit est du bonheur.

Il m’est difficile de ne pas frémir quand je suis servi de La Tâche domaine de la Romanée Conti 2000. L’accord avec le pigeon et les champignons est d’un naturel absolu. Jacques Puisais l’a préféré sur les pattes du pigeon. Je l’ai préféré sur les suprêmes. C’est évidemment à la marge, car l’accord d’ensemble est divin. Le vin est d’une distinction, d’une politesse qui n’existent qu’avec les vins bien nés. Mais il sait aussi être judicieusement gourmand. Boire cette Tâche qui n’est pas la plus opulente mais laisse une belle trace en bouche est un plaisir d’un raffinement consommé.

Le Chateauneuf-du-Pape Château de Beaucastel rouge 2003 est un vin très différent, plus carré, plus facile à vivre, mais de belle joie. Il a la dure tâche d’accompagner des fromages très bons mais qui ne le font pas vibrer comme ils le pourraient.

Le Château de Fargues Sauternes 2005 a tous les attributs d’un grand sauternes, mais qu’est-ce qu’il est jeune ! Il lui faudrait trente ans de plus pour exprimer tout son talent. Il a toutefois créé un accord qui est probablement le plus original que j’aie rencontré cette année. Et le miracle de cet accord, c’est l’huile d’olive ! Car elle fluidifie la glace fondante qui claque sur le sauternes. Chapeau bas à ceux qui ont imaginé cet accord diabolique.

Comme chaque année Jacques Puisais a analysé les vins et les accords avec un brio parfois très gaulois. La cuisine du Laurent a été une fois de plus de très haute qualité, la truffe d’Alba et le pigeon rosé mettant en valeur les vins associés et l’accord du dessert tutoyant le génie.

Les dîners de l’académie du vin de France sont l’occasion de retrouver des vignerons qui comptent parmi les plus prestigieux de France. Leurs 2011 et les vins servis à table en ont fait une éclatante démonstration.

dîner de l'académie du vin de France 001

DSC06471 DSC06473 DSC06474

Dîner au château de Puligny-Montrachet vendredi, 15 novembre 2013

Au château de Puligny-Montrachet Etienne de Montille m’accueille avec un large sourire. Nous voulions depuis si longtemps nous retrouver. Nous sommes heureux de passer la soirée en tête-à-tête. Sur une plaque de marbre je vois des bouteilles ouvertes.

Il faut que je m’isole pour ouvrir mon vin que je souhaite présenter à l’aveugle à Etienne. Pour me donner du cœur à l’ouvrage pour cette ouverture, Etienne m’apporte un verre de Saint-Aubin 1er Cru en Rémilly Château de Puligny-Montrachet 2011. Son attaque est joliment fruitée, mais le vin est un peu strict.

Etienne a prévu le menu qui comprend une soupe de potimarrons et une belle pièce de bœuf aux épinards frits et pommes de terre sautées.

Nous commençons avec le Champagne Lanson magnum 1964 qui a été chahuté dans ma voiture depuis Reims, mais se comporte divinement bien. Il est opulent et follement complexe, fou de fruits jaunes. Même si l’accord avec la soupe n’est pas recherché, cela se passe bien.

Etienne lève très vite l’interrogation sur ses vins, car rien ne sert que je cherche à les découvrir. Le Volnay 1er Cru Les Champans domaine de Montille 1990 a un joli nez racé et profond. Mais la bouche ne suit pas. Il est suave, presque sucré, évoquant des fruits en salade. Il est charmeur, mais il manque cruellement de tension. Etienne reconnaît qu’il a un problème, probablement de brettanomyces.

Le Volnay 1er Cru Les Taillepieds domaine de Montille 1976 est absolument superbe, très bourguignon, avec une belle salinité. Son état est parfait. Etienne est content quand je lui dis que je considère cette bouteille comme absolument exceptionnelle pour ce vin qui atteint un accomplissement unique. On ne cesse d’y revenir tant il donne envie.

Etienne cherche de quelle région pourrait être mon vin et je ne prolonge pas l’incertitude. Il est tout étonné de la prestation du Moulin à Vent des Hospices civils de Romanèche-Thorins 1964. Car ce vin qui a un niveau exceptionnel (deux centimètres sous le bouchon de belle qualité) est de belle tenue, très bourguignon dans l’âme. Il est gouleyant, de belle râpe et convient divinement bien à la viande ferme et rose. Le gamay vieillit bien !

Nous finissons le repas sur le Champagne Lanson demi-sec magnum 1989 qui n’éveille pas un grand intérêt, s’étant assoupi et n’ayant aucun écho doucereux auquel se confronter.

Le plus beau vin, c’est le 1976. La plus belle surprise, c’est le 1964. Mais le plus important, c’est d’avoir réchauffé notre amitié en parlant de mille et un sujets qui nous passionnent. Ça fait du bien.

DSC06453

DSC06419 DSC06418

Je n’ai pas pris de photo de la belle pièce de boeuf, hélas.

DSC06454

Dîner de conscrits au restaurant Taillevent mercredi, 13 novembre 2013

Nous ne pouvions pas finir l’année 2013 sans fêter nos communs 70 ans, puisque nous sommes tous conscrits, sauf un benjamin qui a rejoint notre groupe. Mille plans avaient été échafaudés qui achoppaient au dernier moment sur des détails. Lassé de l’inefficacité de ces valses hésitations, j’ai proposé que nous nous retrouvions dans le beau salon du restaurant Taillevent et pour enlever la décision j’ai ajouté : « j’apporterai des vins de 1943″.

Habitué de dîners aux restaurant Taillevent, il m’était facile d’organiser ce dîner comme un dîner de wine-dinners, aussi, même si ce n’est pas son exacte philosophie, il sera classé comme le 172ème dîner de wine-dinners, les vins étant prélevés sur la cave du restaurant, sauf les 1943 de ma cave.

A 17h30, les vins de 1943 sont ouverts et ne donnent que de bonnes surprises olfactives. L’attente qui suit est peuplée par une étude de la carte des vins où l’on peut trouver beaucoup de bonnes pioches. Elles sont notées pour que les amis approuvent ma sélection.

Deux champagnes sont prévus pour l’apéritif. J’hésite un instant sur l’ordre de passage. Nous commençons par un Champagne Egly-Ouriet Blanc de Noirs Vieilles Vignes sans année dégorgé en février 2011. Le champagne est très vineux, très tendu. Il claque comme un fouet, ce qui ne l’empêche pas d’avoir beaucoup de persuasion. De solide structure, il diffère fondamentalement des champagnes de chardonnay.

Mon choix de l’ordre de passage était le bon car le Champagne Dom Pérignon 2002 est une bombe de luxure. Comment fait-il pour être aussi séducteur ? Il expose des fruits blancs et des fleurs légères. Il nous ravit au point que nous doublons la mise. Jean-Marie Ancher a prévu un délicieux jambon qui excite bien le champagne.

Le menu de notre dîner de huit personnes est : huîtres David Hervé en gelée / noix de coquille Saint-Jacques, beurre salé, pomme reinette et cidre / noix de ris de veau croustillante, oignons des Cévennes et truffe noire / noisettes de chevreuil sauce Grand Veneur, panais rôtis et betteraves confites / stilton / chocolat Nyangbo aux noisettes du Piémont.

Le Riesling Clos Sainte-Hune Trimbach 1997 a la précision du riesling dont je suis toujours admiratif. Il n’a pas l’ampleur des grandes années solaires de ce Clos, mais il a une telle distinction qu’on le boit religieusement. L’accord avec les délicieuses huîtres est naturel. C’est un beau vin classique dont la précision m’enchante.

Le Bâtard-Montrachet domaine Leflaive 1996 est une explosion de joie. Voilà un vin juteux, épanoui, sensuel. Son nez pétrole encore comme s’il était un bambin alors qu’il a 17 ans le bougre. Vin dominant, il se marie bien aux coquilles mais surtout au beurre salé. C’est un vin de charme et de puissance conquérante.

J’avais repéré sur la carte le Chateau Nénin Pomerol 1971 vin que j’ai maintes fois bu et adoré dans ce millésime. Il est conforme à la mémoire que j’en ai gardée et crée avec la truffe noire un accord absolument naturel. Car le vin devient truffe. Il est riche, opulent comme la sauce lourde de la truffe. Ce vin est un régal, sans doute d’une des années les plus réussies de Nénin.

Le Vosne Romanée Marey & Comte Liger-Belair 1943 a une couleur d’un rose délicat. Le nez est d’une rare séduction, très féminin. En bouche le vin est tout en suggestion. Il y a des fruits rouges comme la framboise et une présence qui étonne mes amis. Car le vin est vivace, complexe, avec de jolies amertumes bourguignonnes, des fruits roses subtils et une longueur surprenante pour l’âge. Etant servi du fond de bouteille beaucoup plus noir, je profite de la richesse vineuse de ce grand vin. C’est une belle émotion. La chair fondante et merveilleuse du chevreuil crée un accord rose sur rose avec le vin.

Le Chateauneuf-du-Pape Réserve des Célestins Henri Bonneau 1999 est un solide gaillard qui contraste avec le précédent. Car s’il est serein et équilibré, il est beaucoup moins complexe. Il est assez monolithique et à ce stade du repas, je n’en profite pas autant qu’il le mérite. Ce n’était pas le jour de ce grand vin que j’apprécie habituellement.

Le Sainte-Croix-du-Mont G. M. Dumons 1943 est une divine surprise. A l’ouverture j’avais été frappé par la richesse de son parfum, fou d’agrumes. Dans nos verres il a ce parfum riche. Sa sucrosité est bien contenue et il forme avec un stilton de compétition dont Jean-Marie Ancher nous dit qu’il a dix ans (est-ce possible ?), un accord absolument exceptionnel. Le stilton est crémeux et le vin l’enrobe de son charme. Quel plaisir !

Le Tokaji Tremeloï Mintapance 1943 se présente dans une demi-bouteille élégante de forme. Le vin est de couleur un peu trouble dans des tons de prunes. Le parfum est subtil et langoureux. En bouche, tout est douceur. Ce vin est une odalisque de bains turcs. Doucereux, il joue sur la sensualité raffinée des vins doux dont rien n’est excessif. On le boit comme on sucerait un bonbon. Il est tellement énigmatique qu’il charme par son étrange séduction. Il va remarquablement avec le dessert au chocolat.

Jean-Marie Ancher nous fait servir le Bas Armagnac domaine de Jouanda 1943 qu’il avait déjà offert à ma table il y a quelques mois lorsque j’avais fêté en ce lieu mon anniversaire. Cet alcool d’une joie franche et généreuse ponctue remarquablement un dîner de fête.

Il n’y a pas eu de vote, mais il faut bien pour les archives de ces dîners. Ce sera : 1 – Vosne Romanée Marey & Comte Liger-Belair 1943, 2- Tokaji Tremeloï Mintapance 1943, 3 – Bâtard-Montrachet domaine Leflaive 1996, 4 – Champagne Dom Pérignon 2002. Le vote consacre en priorité des vins inhabituels qui furent de très belles surprises.

Tous les accords ont été pertinents. Le plus percutant est celui du stilton et du Sainte-Croix-du-Mont. Le plus subtil est celui de la chair du chevreuil avec le Vosne-Romanée. Le plus profond est celui de la truffe avec le Nénin. Tout a été parfait mais on sait qu’au Taillevent, c’est une habitude.

Il nous reste trente ans pour devenir centenaires. Nous nous sommes promis de bien les utiliser.

DSC06429 DSC06430

DSC06431 DSC06426

DSC06428 DSC06427

DSC06425

DSC06400 DSC06350 DSC06351 DSC06349

DSC06424 DSC06423

DSC06354 DSC06353

DSC06348 DSC06347 DSC06346

DSC06415

DSC06402

DSC06413

DSC06405 DSC06406 DSC06407 DSC06408 DSC06409 DSC06412