visite à ma petite fille et un beau vin samedi, 5 avril 2008

Devant me rendre avec mon épouse chez des amis, nous avons le temps de faire un petit crochet chez ma fille cadette pour aller admirer les progrès de la petite dernière. Mon gendre ouvre un champagne Jacquesson 1990 dégorgé en 2007 non dosé. Nous sommes surpris tous les deux de la discrétion du message. Le champagne n’est pas très expressif et la bulle est épaisse. En fait quand le vin s’élargit dans le verre, on voit progresser l’expression de sa personnalité. Mais nous restons un peu sur notre faim. Un risotto aux morilles étant prévu, on me fait goûter le vin qu’ils boiront ce soir : Château Trotanoy 1999. Voilà du vin ! Ce qui frappe instantanément, c’est la pureté du message. Ce vin et grand et vieillira bien.

 

 

dîner chez un ami amoureux des vins anciens samedi, 5 avril 2008

Nous arrivons chez nos amis qui avaient partagé avec nous l’impressionnante verticale de Pommard Epenots du domaine Parent il y a deux mois. Lui est un habitué de mes dîners, fanatique des vins anciens. Elle est plus raisonnable et sera hélas collée à ses fourneaux, car elle a placé la barre très haut pour réaliser des plats délicieux d’une cuisine raffinée.

Comme nous sommes en avance, Lionel m’annonce qu’il envisage de ne pas servir un Hermitage blanc Ozier 1945 car un de ses amis qui n’apprécie pas les vins anciens pourrait le rejeter. Nous le goûtons et je morigène mon ami, car ne pas boire ce vin ce soir serait un crime. Ce vin a un nez intense et en bouche, il est pénétrant. Il pourrait bien sûr conduire à des contresens, si on ne comprend pas son évolution. Mais il est intense, profond et délicieux. Les autres amis arrivent, tous des quadras actifs et dynamiques, souriants, et nous commençons par un Champagne Gosset rosé.

Je le trouve très agréable, expressif et goûteux, sans l’amertume habituelle de certains rosés. Avec les petits sablés au parmesan, c’est un bonheur. Toujours à l’apéritif, nous goûtons un Corton Charlemagne Louis Latour 1981. Le nez est extrêmement généreux, le vin est de grande qualité, même s’il n’est pas tonitruant, ce que l’année explique.

Un des amis a apporté un Hermitage blanc Chave 1983. Puissant, mais sans excès, typé, il est un excellent « faire-valoir » de l’Hermitage 1945 et l’ami qui émet souvent des réserves sur les vins anciens en convient. Le plus jeune est très rassurant et bien fait, mais le plus âgé, plus concentré, plus expressif, a une trace en bouche quasi éternelle par rapport à ce jeune Chave. Un consommé de foie gras agrémenté d’une délicieuse madeleine au foie gras et un consommé de cèpes à l’ail s’harmonisent parfaitement à ces grands blancs.

Le passage aux rouges se fait avec un Château d’Issan 1926 absolument merveilleux. Il y a dans cette année une capacité à l’envoûtement quasi irrésistible. Le vin a une couleur d’une grande jeunesse, d’un rubis profond, un nez séducteur et en bouche, c’est un festival de framboises, de grande race. Nous en jouissons. C’est alors le tour d’un magnum de Château Léoville-Las-Cases 1952. La couleur est aussi jeune, le nez est un peu moins charmeur et en bouche, c’est un Saint-Julien de belle facture. Le vin est un peu strict mais se boit avec un  grand bonheur. Sur la lotte, l’accord est judicieux.

Pour les fromages, Lionel nous sert un Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1982. Le charme bourguignon, le charme spécifique du domaine agissent redoutablement. Le côté salin est ici d’une belle évidence, et s’ajoute aux touches terriennes. Sa longueur est infinie. Sur l’un des fromages, l’accord joue magnifiquement. Je me suis amusé à expliquer comment profiter au mieux des accords vins et fromages en supprimant le pain et en salivant abondamment. Dans une atmosphère où le studieux cédait au plaisantin, ces recommandations surprirent plus d’un  par leur pertinence.

Nous essayons un stilton sur un Château Raymond Lafon 1943, délicate attention de mon ami. Le bouchon déclare « contigu d’Yquem », comme pour se rassurer. Le vin a tellement mangé son sucre qu’il est carrément sec, et son alcool ressort. Il est d’un charme énigmatique, déclinant des saveurs intrigantes, et nous offre un grand plaisir sur le très complexe et goûteux dessert de notre hôtesse. Il est cependant dans une évolution plus avancée que son année ne devrait créer.

Globalement, les vins de mon ami ont été d’une qualité remarquable, surtout les rouges. Mais c’est la générosité qui me marque le plus. Si je devais classer mes préférences, je le ferais ainsi : 1 – Château d’Issan 1926, 2 – Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1982, 3 – Hermitage blanc Ozier 1945, 4 – Château Raymond Lafon 1943. La qualité des discussions, la générosité de mon ami, le talent culinaire de la maîtresse de maison, je ne sais pas classer ces qualités-là.

 

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Journée des vins clairs au champagne Bollinger à Ay vendredi, 4 avril 2008

Lors du dernier Grand Tasting à la fin de l’année 2007, j’avais assisté Michel Bettane, à mon modeste niveau, pour animer des tables rondes consacrées à plusieurs domaines prestigieux. Parmi ceux-ci, le champagne Bollinger. Lorsque j’ai dit à l’œnologue que je n’étais jamais venu visiter Bollinger, celui-ci s’empressa de m’inviter à « la journée des vins clairs », où l’on goûte une quinzaine de vins qui vont entrer dans la composition du champagne Bollinger. Le jour dit, je me présente au siège de cette célèbre maison de champagne et je retrouve les coins et recoins qui avaient été filmés par Jean-Pierre Fleury pour un reportage « In Vino … » passé de nombreuses fois sur plusieurs chaînes de télévision dont TF1, où Ghislain de Montgolfier parle de son champagne et où je parle de ma cave. Ce reportage où nous étions « associés » remonte à cinq ou six ans. Nous allons nous recueillir sur la petite parcelle qui fait le rarissime Bollinger Vieilles Vignes Françaises, et c’est assez symbolique, car ce que nous voyons en terre est loin du romantisme qui existe dans le verre. Nous visitons les installations très modernes et les caves antiques avec Mathieu, l’œnologue, puis nous retrouvons en groupe de près de 70 personnes dans une grande salle. Il y a là des vignerons qui fournissent des raisins à Bollinger depuis de longues années, des journalistes et quelques amis. Nous pouvons goûter seize vins qui entrent dans l’assemblage de la Cuvée Spéciale Bollinger. Sur les seize vins il y a quinze vins clairs des vendanges 2007 et un magnum de réserve de 2003.

Aucun conseil ne nous est donné, mais il paraît logique de commencer par les chardonnays. J’indiquerai pour chacun si la maturation est faite en cuve ou en fût, et s’il s’agit d’un premier cru ou d’un grand cru. Le cépage est chardonnay, pinot noir ou pinot meunier.

L’Oger, cuve, chardonnay, Grand Cru est le premier, aussi la bouche n’est pas encore étalonnée. Il a une belle acidité, des fruits blancs, il fait très jeune (eh oui, c’est 2007). Le Vertus cuve chardonnay, Premier Cru est plus amer, moins brillant et n’a pas de fruit. L’Avize, cuve chardonnay, Grand Cru a une forte acidité, des fleurs blanches, un final trop acide. Le Cuis cuve chardonnay Premier Cru est perlant et abrupt. Le Cuis fût, chardonnay, Premier Cru est plus rond, plus doux, avec un joli final de fruits blancs. Le Mesnil, fût, chardonnay, Premier Cru est très élégant, équilibré, avec un final moins triomphant que le Cuis précédent. Le Cramant, fût, chardonnay, Grand Cru est très champagne. Il est homogène et plaisant, avec un final de champagne un peu plus sucré que le Mesnil. A la fin de cette série de chardonnays, les deux que je préfère sont le Cramant en fût et le Mesnil en fût.

Je passe ensuite aux pinots noirs : le Mareuil, cuve pinot noir Premier Cru m’étonne après les chardonnays. Il a un goût médicinal troublant. Je lui trouve un petit problème, malgré le fruit que l’on sent. Le Ay cuve pinot noir Grand Cru est chaleureux, vivant et charpenté. J’aime. Le Ay fût, pinot noir Grand Cru est déjà du champagne. Il a un beau final mais un peur court. L’Avenay, cuve pinot noir Premier Cru a une couleur plus rose et fait plus évolué. Il est floral et fruit avec un beau final bien long. Il est un peu hors norme. Le Tauxières cuve pinot noir Premier Cru a un perlant très fort. Il est très séduisant alors que je ne suis pas à l’aise avec le perlant, et malgré cela, j’aime ses jolis fruits blancs. Le Louvois fût, pinot noir, Grand Cru a une attaque très fruitée et son joli final est aussi fruité. Le Verzenay fût pinot noir Grand Cru est équilibré, avec des fruits délicats. Le final est équilibré et long. Je classe parmi les pinots noirs, dans l’ordre le Verzenay, puis le Ay en cuve et le Louvois.

La sélection des 2007 se termine sur le seul pinot meunier, le Venteuil cuve pinot meunier qui a une très forte personnalité, une bulle amère et un fruit énorme. J’aime ce vin malgré le perlant.

Lorsque l’on passe au magnum de réserve de Mesnil 2003, chardonnay Grand Cru, cela fait tout drôle, car on commence à boire du champagne. Il a une très belle personnalité, une bulle active, un goût de biscuit sec croquant, un beau final une belle acidité et sa trace est longue. Il faut maintenant passer à l’assemblage spécial cuvée 2007 qui va encore vieillir quatre ans en cave avant de se trouver dans le commerce. Ce qui frappe instantanément, c’est que ce vin assemblé, et c’est assez incroyable, a gommé tous les petits défauts que l’on pouvait trouver dans les composantes. Et c’est presque trop beau, comme si la perfection avait un peu trop discipliné ce vin. Cela va évidemment se corriger avec le temps en cave et peut-être avec l’ajout d’un peu plus de magnums de réserve, mais à ce stade, le champagne fait un peu « politiquement correct ». Il faut bien sûr saluer le travail d’œnologie qui est un art que je vénère. Je n’ai aucun doute que le vin, au moment de sa sortie, sera parfait. L’exercice de juger les vins clairs est passionnant. Il est fort probable que mes impressions n’ont aucun caractère universel, mais le plus important est de les avoir vécues.

Nous passons ensuite à table dans le cuvier où huit jolies tables ont été dressées. Je suis assis à côté de l’épouse de Ghislain de Montgolfier qui fait un discours de bienvenue joliment troussé et fort spirituel. Il va passer dans quelques semaines le flambeau à Jérôme Philipon qui lui succédera à la tête de cette prestigieuse maison de champagne.

Le menu qui est préparé par le traiteur Philippet est : salade de homard aux abricots moelleux, pignons grillés et mesclun à l’huile vierge / tournedos de filet de veau aux morilles, cannellonis de petits légumes / duo de fromages et salade / tarte à la rhubarbe, glace vanille et crème chantilly.

Le Bollinger Special Cuvée qui nous est servi est nettement plus civilisé que celui que nous avons goûté, fruit de l’assemblage des 2007. Ici, l’assemblage est fait entre 2003 et 2004 avec l’ajout de magnums de réserve de 1995. C’est vraiment le Bollinger comme on l’aime, vin agréable et surtout vin de soif, car il y a un goût de « revenez-y » particulièrement marqué. La chair du homard avec sa sauce réduite concentrée se marie merveilleusement avec ce champagne de gastronomie.

Il semble que ce soit une toute première fois que l’on goûte une création, le champagne Bollinger rosé, qui est un assemblage de 2003 et 2004. C’est un champagne très délicat, un très beau rosé et de ma part, c’est un compliment, car je ne suis normalement pas un fanatique du rosé. C’est une belle expérience et c’est bien de l’avoir tenté sur une viande malheureusement trop salée et à la sauce trop lourde. Chair et champagne eurent suffi.

Le champagne Bollinger Grande Année 1999 se présente avec un nez très minéral qui va progressivement révéler des accents de miel. En bouche il est assez curieux, car il ne donne pas l’impression d’être très homogène. Il y a du doucereux et du rêche. Il est un peu dosé pour moi. Je pense qu’il faut qu’il vieillisse plus, car on sent qu’il évolue dans le verre. Avec le brie il devient merveilleux et chaleureux. C’est un grand accord. S’il s’assemble dans le verre, on note quand même un côté assez troublant ou déroutant qui disparaîtra dans peu d’années.

Le vin surprise est comme toutes les surprises : on ne le trouve pas. J’ai commencé par dire 79 mais la bulle me paraissait trop jeune pour cette année. Avec un vigneron de la table nous en sommes venus à 1983. C’était en fait un champagne Bollinger Grande Année 1992, d’une année à fort botrytis qui a donné un vin remarquable, plus mûr que son âge. Ghislain dit qu’il est ce que le 1999 deviendra dans quelques années. C’est une année où l’on n’a pas fait de « R.D. » (récemment dégorgé). Bien évolué, charmeur et beau, il est complètement dans le style Bollinger ou selon l’expression américaine dont j’ai horreur, dans le style Bolly.

Nous nous sommes quittés dans une ambiance joyeuse et j’étais content de cette expérience sur les vins clairs, qui deviennent un miracle quand ils sont assemblés et que le temps leur a donné la grâce. Je me sentais James Bond en rentrant à Paris.

visite de la maison Bollinger – photos vendredi, 4 avril 2008

Voici l’une des parcelles des vieilles vignes françaises. Si on ne le sait pas, c’est difficile d’imaginer que se fait ici l’un des plus rares champagnes au monde.

Photo de l’équipe pour la presse. au premier rang à droite le président actuel et son successeur.

 

Plusieurs kilomètres de galeries sous le village de Aÿ.

 

Mûrissement et stock de magnums de réserve.

 

De l’intérêt de l’étanchéité des bouchons !

 Passage obligatoire par la tonnellerie. Le tonneau couvert de copeaux, aux arceaux entièrement en bois, est plus que centenaire.

 

Dans un hall de vieillissement, on peut estimer l’âge canonique des fûts.

 

C’est ici que nous avons goûté les vins clairs, avec seize tonneaux portant des échantillons comme celui-ci.

 

Déjeuner dans le cellier joliment décoré.

 

Une vitrine de capsules et muselets.

 

 

Très beau repas. Ghislain de Montgolfier est heureux après son speech.

Académie des vins anciens – 8ème séance – le récit mercredi, 2 avril 2008

La 8ème séance de l’académie des vins anciens s’est tenue au restaurant Macéo. Mark Williamson, propriétaire des lieux et grand amateur de vins nous a fait le plaisir de nous offrir un liquoreux, geste que j’ai particulièrement apprécié. Nous étions 34 répartis en deux groupes qui ont bu chacun 21 ou 22 vins. En voici la liste dans l’ordre de service :

Groupe 1 :  1 – champagne Besserat de Bellefon non millésimé – 2 – Champagne Le Brun de Neuville blanc de blancs 1998 – 3 – magnum de champagne Dom Pérignon Rosé 1978 – 4 – Meursault Calvet 1966 – 5 – Puligny-Montrachet Ph. Meunier 1949 – 6 – Château Montrose 1975 – 7 – Château Brane Cantenac 1964  – 8 – Château Moulinet 1955 – 9 – Château Lafite-Rothschild 1965 – 10 – Pomerol 1934, mise de Luze, étiquette et année non lisible – 11 – Château Rauzan Segla 1921 – 12 – Corton Clos de la Vigne au Saint Louis Latour 1969 – 13 – Clos de Tart 1964 – 14 – Pommard Epenots Marie André 1953 – 15 – Bourgogne grand vin des caves du chapitre, Jaffelin,  probable 1934 – 16 – Chateauneuf du Pape Hugues 1959 – 17 – Vega Sicilia Unico 1959 – 18 – Langoiran, Truilhé, 1957 (moelleux) – 19 – Château Sigalas Rabaud 1962 – 20 – Château Gilette "Crème de tête" 1979 – 21 – Gewurztraminer Vendanges Tardives SGN Hugel 1934 – 22 – Rivesaltes ambré Cuvée Prémice 1932.

Groupe 2 : 1 – champagne Besserat de Bellefon non millésimé – 2 – Champagne Brut  Prince De Bourbon Parme Abel Lepitre Reims  1975   – 3 – magnum de Dom Pérignon Rosé 1978 – 4 – Domaine de Darrouban, Grande réserve, G Subervie et fils, (Graves sec) 1957  – 5 – Montrachet Bichot 1933 – 6 – Clos Triguedina 1962 (Cahors) – 7 – Château Nénin 1984 – 8 – Château Beychevelle 1952 – 9 – Château Talbot 1959 – 10 – Château Calon ségur 1934 (année illisible) – 11 – Gevrey-Chambertin "Clos Prieur"  Domaine Harmand-Geoffroy 1973 – 12 – Bonnes Mares Négoce 1966 – 13 – Santenay Clos de Tavanne, de Fauconnet Négociant 1959 – 14 – Vosne-Romanée « Clos des Réas », Pedrizet & Cie 1928 (3/4 cms) – 15 – Bonnes-Mares, Charles Bernard 1915 (6/7 cms) – 16 – Chateauneuf Du Pape Mont Redon 1957 (année illisible) – 17 – Château Suduiraut 1969 – 18 – Château Beau-Site Monprimblanc 1937 – 19 – Domaine du Pin Premières Côtes de Bordeaux 1937 – 20 – Château Coutet 1967 – 21 – Rivesaltes ambré Cuvée Prémice 1932.

Une fois de plus une extrême générosité côtoie un certain manque d’implication dans le choix des vins. Il est assez difficile de refuser certaines bouteilles à des habitués, car la grande majorité des présents sont des fidèles. La qualité ‘globale’ est exceptionnelle chacun des académiciens pouvant accéder à des vins rares dans les meilleures conditions. Deux bouteilles me sont apparues particulièrement curieuses. J’avais demandé que les bouteilles soient livrées au siège de la maison Henriot qui est propriétaire de Bouchard Père & Fils. Je demande à ma correspondante au téléphone de me lire les étiquettes. On m’avait annoncé Château Beychevelle 1952. Quand je demande les noms elle me dit : « Bouchard Père & Fils, Château Beychevelle 1952 ». Je lui dis que c’est impossible, pensant qu’elle lisait le document d’envoi d’un académicien. Elle me dit : « non, non, c’est ce qui est sur l’étiquette ». Je n’insiste pas, mais je n’y crois pas. Or l’étiquette lui donne raison, le Beychevelle étant embouteillé par le négociant Bouchard Père et Fils, avec le sigle habituel de cette maison.

L’autre étiquette amusante est un Chateauneuf du Pape 1959 sur lequel je lis : « Qualitätswein abgefüllt bei R. Hugues in La Valette (Var) Frankreich ». Un vin du Rhône embouteillé en Provence près de Toulon par un négociant qui imprime son étiquette en allemand, apporté par un ami académicien russe, c’est un cheminement cosmopolite qui n’a pas particulièrement suivi le plus court chemin.

Le menu composé par le restaurant n’a pas vocation à « coller » aux vins, compte tenu de l’extrême diversité : crème de petits pois glacée, citron confit à l’huile d’argan / petit tartare de bar, chair de crabe et quinoa aromatique / aiguillette de saint-pierre, têtes d’asperges vertes, fin ragoût printanier / noisette de veau fermier, croustilles de céleri, rouelle d’oignons frits en salade pimentée / poires rôties compressées, fine dentelle oranges / chocolat tendre et pipérade de poivrons sésame. Il fut agréablement apprécié.

Venons-en aux vins bus ce soir. Le champagne Besserat de Bellefon non millésimé est prévu pour tous en apéritif debout. Présent dans ma cave depuis dix ans environ, il a gagné en sérénité. Des tons de noix, de brioche, lui donnent un équilibre et une présence en bouche appréciables. Je lui trouve beaucoup d’intérêt, plus qu’au Champagne Le Brun de Neuville blanc de blancs 1998 de ma cave que nous buvons en passant à table et qui ne m’émeut pas.

Le magnum de champagne Dom Pérignon Rosé 1978 impressionne déjà par la beauté de son flacon. La bulle est presque évanouie mais le vin pétille en bouche. Il est très fin, subtil, de belle acidité, et a une persistance aromatique en bouche remarquable. Il n’a pas l’émotion que donne son puiné le 1990, mais c’est un grand champagne. 

Le Meursault Calvet 1966 est une très agréable surprise. Le nez est superbe et le final est joyeux. Le Puligny-Montrachet Ph. Meunier 1949 de ma cave est très ambré, avec un couleur évoquant le thé. Le nez est un peu discret. Le final est un peu rêche, mais pas si mal que ça. Le Puligny s’accorde mieux au tartare que le Meursault.

Un ami m’apporte une goutte du Montrachet 1933 Bichot qui révèle une race assez extraordinaire d’évocation sous le voile d’une légère fatigue.

Le Château Montrose 1975 est une magnifique surprise. Son nez est superbe, de fruits rouges. Son goût est très pur. Il est plus grand que ce que j’imaginais. Le Château Brane-Cantenac 1964 fait plus fatigué, même si l’on sent que c’st un vin racé. On m’apporte quelques gouttes du Clos Triguedina  Cahors 1962. Il est vraiment très typé Cahors, avec une belle personnalité. Le vin qui me fait bondir de joie, c’est le Château Moulinet 1955 un pomerol absolument parfait. L’année est belle et le vin est en ce moment à un optimum, car on ne peut lui trouver aucun défaut. Je me suis levé pour en faire part  tous nos amis.

Le Château Lafite-Rothschild 1965 a une couleur nettement plus vieille que le Moulinet, pourtant son ainé de dix ans. Une infime trace de bouchonné n’est pas suffisante pour expliquer sa mauvaise performance. Le Pomerol 1934, mise de Luze, étiquette et année non lisible mais confirmée par son apporteur fait un peu torréfié mais ne manque pas d’intérêt.

C’est le Château Rauzan Segla 1921 qui est sublime, forcément sublime. Il est d’une année parmi les plus grandes de l’histoire et il en a les caractéristiques. Il évoque la framboise. C’est un très beau vin et pendant ce temps le 1934 s’améliore dans le verre tout en étant vineux.

Le Corton Clos de la Vigne au Saint Louis Latour 1969 est la bouteille de ma cave sur laquelle je fondais mes espoirs. C’est un vin magique et d’une finesse rare. Distingué tout en étant bourguignon, il flatte les papilles. Le Clos de Tart 1964, cadeau de Sylvain Pitiot donné en son absence a un final en fanfare. Il n’est peut-être pas aussi brillant qu’il pourrait l’être, mais c’est un grand vin.

Le Pommard Epenots Marie André 1953 est tout doucereux, mais d’un final désagréable. C’est un vin fatigué. Le Bourgogne grand vin des caves du chapitre, Jaffelin,  probable 1934, vin ordinaire, se comporte largement au dessus de toute espérance. C’est un vin agréable.

Le Chateauneuf du Pape Hugues 1959, celui qui a l’étiquette en allemand, semble avoir une belle entame, mais le final est affreux. Le Vega Sicilia Unico 1959 montre sa noble origine, mais il est trop en sourdine. Ses accents chocolatés sont moins perçants qu’ils ne devraient. On m’apporte une goutte du Bonnes-Mares, Charles Bernard 1915, mais son nez est marqué par la mort. Sa bouche a quelques traces, mais le vin est mort.

Il y a tellement de beaux liquoreux qu’on les dispose sur une petite table entre les quatre tables pour que nous puissions prendre des photos. Les tons de mangue, d’acajou, de cuivre sont d’une rare beauté.

Le Langoiran, Truilhé, 1957 (moelleux) est décevant. Le Château Sigalas Rabaud 1962, cadeau de Mark Williamson, est exactement ce qu’on en attend, à peine dévié. Le Château Gilette "Crème de tête" 1979 est superbe. C’est un grand sauternes.

Le Gewurztraminer Vendanges Tardives SGN Hugel 1934 est sans doute la bouteille la plus rare de cette soirée, apportée par Jean Hugel toujours aussi vaillant et pétillant, qui fera un discours positif qui m’a mis du rouge aux joues tant il m’a fait de compliments. Son vin est devenu sec, d’une complexité inimaginable. Ce vin est une leçon.

Le Rivesaltes ambré Cuvée Prémice 1932 est un vin de volupté pure. L’accord avec le chocolat est trop, comme on dit dans les cours de récréation. Il a des accents de griottes. Le Domaine du Pin Premières Côtes de Bordeaux 1937 de ma cave que l’on m’apporte maintenant me remplit de joie, car il a un charme frais d’agrumes et de mandarine qui le placerait au niveau des sauternes plus qu’à celui de son appellation. Le Château Coutet 1967 qu’on m’apporte est très frais, léger, doté d’un trace d’épices. C’est un vin plaisant. Pour finir sur un palais frais avec les petits chocolats qui nous sont apportés, il n’y a rien de mieux que le rivesaltes frais et charmeur.

On voit que les vins ont été de d’une qualité générale extrême, les quelques bouteilles fanées ne nuisant pas à l’impression d’ensemble. L’académie a pleinement joué son rôle de partage de vins anciens. L’atmosphère amicale et enjouée est un plaisir de plus. Cette huitième séance fut un grand succès.

J’ai créé un concept qui s’appelle « PAME – PIME – PUME » pour exprimer comment un vin se situe par rapport à mes attentes. Les sigles sont en anglais : « performed above my expectation, performed within (in) my expectation, performed under my expectation ». Il est intéressant d’utiliser ce critère pour des vins aussi variés. La différence fondamentale entre une notation et ce concept, c’est qu’une notation prétend à l’universalité, alors que je ne juge que par rapport à mon attente. C’est personnel, ressenti et non biblique.

Les PAME, qui m’ont positivement surpris, dans l’ordre des surprises en partant de la plus grande, sont : Château Moulinet 1955 – Corton Clos de la Vigne au Saint Louis Latour 1969 – Meursault Calvet 1966 – Rivesaltes ambré Cuvée Prémice 1932 – Château Montrose 1975 – Domaine du Pin Premières Côtes de Bordeaux 1937 – Champagne Besserat de Bellefon non millésimé – Château Rauzan Segla 1921.

Les PIME, qui se sont  comportés comme je l’attendais sont ici classés en fonction de leur valeur intrinsèque : Gewurztraminer Vendanges Tardives SGN Hugel 1934 – magnum de champagne Dom Pérignon Rosé 1978 – Château Gilette "Crème de tête" 1979 – Clos de Tart 1964 – Château Sigalas Rabaud 1962 – Château Coutet 1967 – Pomerol 1934, mise de Luze, – Puligny-Montrachet Ph. Meunier 1949 – Bourgogne grand vin des caves du chapitre, Jaffelin,  probable 1934 – Champagne Le Brun de Neuville blanc de blancs 1998.

Les PUME, qui m’ont plutôt surpris par une performance négative par rapport à l’image que j’en avais, allant du plus petit écart au plus grand sont : Montrachet Bichot 1933 – Château Brane Cantenac 1964  – Vega Sicilia Unico 1959 – Pommard Epenots Marie André 1953 – Langoiran, Truilhé, 1957 (moelleux) – Château Lafite-Rothschild 1965 – Chateauneuf du Pape Hugues 1959 – Bonnes-Mares, Charles Bernard 1915.

Le jugement final, du plaisir pur, combinant la classe intrinsèque et le plaisir du moment est le suivant : Gewurztraminer Vendanges Tardives SGN Hugel 1934 – magnum de champagne Dom Pérignon Rosé 1978 – Corton Clos de la Vigne au Saint Louis Latour 1969 – Château Moulinet 1955 – Rivesaltes ambré Cuvée Prémice 1932 – Château Montrose 1975 – Domaine du Pin Premières Côtes de Bordeaux 1937.

La 8ème académie des vins anciens a atteint ses objectifs. Vivement la suivante.

Académie du 2 avril 2008 – les vins mercredi, 2 avril 2008

Voici les vins qui sont annoncés :

Bonnes-Mares, Charles Bernard 1915 (6/7 cms)

Château Rauzan Segla 1921

Vosne-Romanée « Clos des Réas », Pedrizet & Cie 1928 (10 cms)

Rivesaltes Ambré Cuvée Prémice 1932

Montrachet Bichot 1933 –

 

Pomerol 1934, mise de Luze, étiquette et année non lisible

 

Bourgogne grand vin des caves du chapitre, Jaffelin,  probable 1934

Château Calon ségur 1934

Gewurztraminer Sélection de Grains Nobles Hugel 1934

Domaine du Pin Premières Côtes de Bordeaux 1937

Chateau Beau-Site-Monprimblanc 1937

Puligny-Montrachet Ph. Meunier 1949

Château Beychevelle 1952 curieusement embouteillé par Bouchard Père & Fils

Château Moulinet 1955

Pommard Epenots Marie André 1953

capsule amusante. Je suppose que c’est avec ce Pommard ?

Chateauneuf Du Pape Mont Redon 1957 (année illisible)

Langoiran, Truilhé, 1957 (moelleux)

Domaine de Darrouban, Grande réserve, G Subervie et fils, (Graves sec) 1957  

 

Château Talbot 1959

Vega Sicilia Unico année 1959

Santenay Clos de Tavanne, de Fauconnet Négociant 1959

Chateauneuf du Pape Hugues 1959 (étiquette imprimée près de Toulon, en allemand !)

Clos Triguedina Cahors 1962

Clos de Tart 1964

Chateau Brane-Cantenac 1964

Chateau Lafite-Rothschild 1965

Meursault Calvet 1966

Bonnes Mares Négoce Lionel J. Bruck 1966 –

Corton Clos de la Vigne au Saint Louis Latour 1969

Château Suduiraut 1969

Gevrey-Chambertin "Clos Prieur"  Domaine Harmand-Geoffroy 1973

Chateau Montrose 1975

Champagne Brut  Prince De Bourbon Parme Abel Lepitre Reims  1975  

magnum de Dom Pérignon Rosé 1978

Château Gilette "Crème de tête" 1979

Chateau Nénin 1984 (est-ce vieux ?)

Champagne Le Brun de Neuville blanc de blancs 1998

champagne Besserat de Bellefon non millésimé

champagne Besserat de Bellefon non millésimé

Académie des vins anciens – 8ème séance mercredi, 2 avril 2008

Informations sur la 8ème séance de l’académie des vins anciens du 02 avril 2008 :

Lieu de la réunion : restaurant Macéo  15 r Petits Champs 75001 PARIS  01 42 97 53 85

Date de la réunion : c’est le 02 avril à  19 heures, heure absolument impérative.

Coût de la participation : 120 € pour un académicien qui vient avec une bouteille ancienne. 240 € pour les académiciens sans bouteille. Chèque à adresser dès maintenant à l’ordre de "François Audouze AVA" à l’adresse suivante : François Audouze société ACIPAR, 18 rue de Paris, 93130 Noisy-le-Sec.

Inscription : dès le 5 décembre 07 par mail à François Audouze

Proposition de vins anciens : dès le 5 décembre 07  (indiquer toutes informations sur l’état et le niveau). Toute bouteille proposée doit être agréée par François Audouze

Dates limites : comme nous sommes proches de la date de réunion : livrer les bouteilles au plus vite. Envoyer votre chèque avant le 15 mars, date vraiment limite.

Livraison des bouteilles :

Si vous déposez les bouteilles, faites le au bureau de la maison de champagne Henriot 5 rue la Boétie 75008 PARIS – tél : 01.47.42.18.06. C’est au deuxième étage. Indiquez bien votre nom sur votre paquet, mais surtout, n’écrivez rien sur les bouteilles et ne collez rien sur les bouteilles.

Si vous expédiez les bouteilles, faites le à l’adresse de mon bureau : François Audouze société ACIPAR, 18 rue de Paris, 93130 Noisy-le-Sec, et je les garderai dans ma cave.

Informations complémentaires :

Vous pouvez vous informer sur les précédentes réunions en regardant sur le blog.

visites du blog en mars 2008 mardi, 1 avril 2008

Voici les résultats sur le mois de mars 2008 et les chiffres depuis le début de ce blog :

blog : www.academiedesvinsanciens.org  
mois :    03/2008
par mois par jour par visite
visites du blog 30 508 984
accès pages 119 296 3 848 3,91
succès 433 904 13 997 14,22
durée (en minutes) 7:12:00
Visiteur : une série d’occurrences sur votre site par un visiteur particulier pendant une période spécifique.
Accès pages : une demande au serveur Web par le navigateur d’un visiteur pour une page Web quelconque; cela exclut les images, javascripts et les autres types de fichiers généralement intégrés.
Succès : toute demande d’un navigateur de visiteur à un serveur Web.
Les internautes ont passé sur le blog : 3 661     heures de visite
CUMUL DEPUIS LA CREATION     
TOTAL par jour par visite
visites du blog 474 956 579
pages lues 2 360 662 2 875 4,97
succès 5 492 213 6 690 11,56
durée (en minutes) 7′ 6" 
temps passé sur le blog 56 159  heures

presque 3.700 heures de connection au blog avec des visites de plus de 7 minutes, c’est encourageant.

28 producers and their 2005 Burgundies : I was a kid in a candy store lundi, 31 mars 2008

This is a fantastic event.

It was held in restaurant Ledoyen.

As I will probably drink the 2005 in twenty years ad min, I had not a great motivation to compare every wine. But it was like the Ali Baba cave.

All wines were 2005.

In whites, I drank :

Bonneau du Martray Corton Charlemagne : elegant but needs more years

Comtes Lafon : Meursault, Meursault Clos de la Barre, and Meursault Charmes : what a style ! I adored the two last, having a huge personality. Great wines

Domaine Leflaive : Puligny-Montrachet, Puligny-Montrachet Clavoillon, Puligny-Montrachet Les Pucelles : pure bombs. Bombs of pleasure.

Raveneau : Chablis Clos Grand Cru : the wine of the purest distinction.

In reds, I drank :

Marquis d’Angerville : Volnay Champans and Volnay Clos des Ducs : classic wines

Bonneau du Martray : Corton red : I have a weakness for this wine, appealing

Jospeh Drouhin : Beaune Clos des Mouches : elegant and interesting

Dujac : Clos de la Roche : great wine

Michel Gaunoux : Pommard Grands Epenots : my style of wine

Méo-Camuzet : Clos de Vougeot : great wine high promise

Comtes Lafon : Volnay Santenots : highy typed, but I was under the charm of the whites

Montille : Volnay Taillepieds : a sincere wine full of charm, Corton Clos du Roi : a knight, Vosne Romanée Les Malconsorts : full of grace

Mugnier : Musigny : one of the stars of my trip

Roumier : Chambolle-Musigny les Cras and Bonnes Mares : two very great wines, the Bonnes-Mares being a prince

Rousseau : Charmes Chambertin, Ruchottes Chambertin, Chambertin : the coronation of the tasting. The Ruchottes is more performing at this moment than the Chambertin which will become a star

I did not make a precise analyse as it has a limited interest for the moment (I will buy the 2005 in 15 years), but I must say that this year is a wonder. The wines are good, and very good.

What is interesting is that the owners are there. Etienne de Montille, Erwan Faiveley, Eric Rousseau, Anne-Claude Leflaive, and so many others were there, talking nicely to me.

I adored the familial atmosphere of this meeting, as they have not the stress to sell, but the joy to share their wines.

Purely lovely.