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la percée du vin jaune approche ! mardi, 2 février 2010

La Percée du Vin Jaune approche. Cette fête annuelle qui marque la naissance d’un millésime est un événement populaire à ne pas manquer. Un journaliste de France Culture est en charge d’un sujet sur les vins du Jura et sur la Percée. Quand il m’a contacté, je subissais les rigueurs patagoniennes ou je jouissais des douceurs caraïbes.

Un rendez-vous est pris au bar du Crillon pour une interview qui précède la Percée. Le journaliste a peur des bruits parasites de l’atmosphère d’un bar aussi Philippe, barman efficient, trouve un salon privé où nous pourrons deviser en paix face au micro. Hélas, un rhume rebelle nasalise ma voix. En attendant le journaliste, l’idée me vient que l’interview se passe autour d’un vin de la région. Je demande à David Biraud s’il a quelques vins du Jura. David regarde sur sa liste et me propose un Arbois de 2001. Je lui demande s’il n’a pas autre chose et sa réponse est étrange : « oui, bien sûr, mais vous savez, ce sont des vieux ». Me dire ça à moi ! Il pointe sur la carte des vins un Côtes du Jura blanc Jean Bourdy 1934. C’est évidemment celui-là qu’il me faut.

Olivier le journaliste arrive, le barman lui demande s’il veut boire quelque chose et il répond : « pourquoi pas une coupe de champagne ». Quand je dis : « non », le journaliste me regarde avec un air outré. Comment, est-ce possible ? Suis-je l’impertinent qui l’empêcherait de boire du champagne ? Je m’empresse de lui répondre, pour éviter toute susceptibilité : « non, parce que j’ai mieux ».

Nous nous rendons dans le salon privé et David nous sert le vin, doré comme l’armure d’un soldat grec. Olivier a immédiatement le sourire, puisqu’il adore les vins du Jura. Ce vin est délicieux. Malgré mon rhume je perçois le nez profond, pénétrant et insistant. En bouche, il y a du fumé et des fruits jaunes, mais ce qui frappe, c’est l’épanouissement d’un vin à l’équilibre sans défaut. La longueur est belle sans être immense. Le vin est grand, riche, plein, et fait voyager dans une autre dimension.

Olivier me dit qu’il est très sensible au fait que j’aie apporté un vin de ma cave. Je n’ai pas contredit son affirmation. Est-ce péché, je ne sais. Je ne voulais pas qu’il imagine que je dépense des sommes folles uniquement pour un rendez-vous de presse.

Pour ce vin, je commande des huîtres et un cabillaud à la purée truffée. Olivier n’aime pas les huîtres, ce que je ne savais pas, il mariera le vin à un foie gras. Les petites huîtres sont divines avec le vin, sans toutefois offrir un prolongement déterminant. Mais le plaisir est appréciable, que je doublerai puisque les huîtres de la réserve du chef (il n’y en a pas à la carte) ont été ouvertes pour deux.

J’attendais beaucoup du Côtes du Jura sur la purée truffée, et c’est vrai que l’accord fonctionne, mais c’est sur le cabillaud que l’accord est saisissant. L’iode est capté par le vin de 1934 qui le restitue sur la langue en un coup de fouet magistral. Enfant, j’étais fasciné quand Zorro était capable de zébrer son initiale sur une chemise adverse. Ce Côtes du Jura cingle l’iode avec la même célérité.

Feuilleter les vins du Jura, c’est exactement comme lorsque j’étais enfant déchiffrant le grec, les lourdes pages du gros Bailly, ce dictionnaire dont les élèves n’avaient droit qu’à la version abrégée, me donnaient les réponses aux interrogations linguistiques les plus subtiles. L’odeur du papier porteur de la sagesse hellénique était celle d’une secte. Ce vin du Jura a de ce parfum là.

Olivier est ravi. Nous nous reverrons à la vente aux enchères de la Percée du Vin Jaune. Le 1934 a entretenu la flamme de mon amour pour les vins du Jura.

diversité mardi, 8 décembre 2009

J’aime que dans ma cave il y ait de la diversité, du rare, de l’ancien et de l’insolite. Mettre côte-à-côte ces vins me réjouit le coeur :

Chypre 18xx ? En décryptant l’étiquette, ce pourrait être 1819 ou 1899 ( ?)

Clos Montmartre cuvée réservée 1980 (la bouteille porte le n° 194)

Bourgueil la Cuvée de Jean Carmet par Bouvet-Laduray 2003 avec la complicté d’Olivier et Jean-François Carmet

Pajarette Arneaud 1858

Montrachet Marquis de Laguiche 1923

Chaque bouteille a son histoire. Chacune est riche d’évocations.

de la vigilance en toute chose mardi, 8 décembre 2009

J’ai déjà acquis une fine du Château Mouton-Rothschild, jolie bouteille avec une étiquette en papier quadrillé d’écolier.

Quand on me parle d’une liqueur du Château Latour, quoi de plus naturel.

Sauf qu’une distillerie de la Tour, ce n’est pas tout-à-fait pareil qu’une liqueur du Château Latour.

Il faudra que je goûte ce grand vin de liqueur "garanti pur" qui est une importation 1946. Qu’y a-t-il dedans ? Bien malin ou bien expert celui qui pourrait le dire.

La tour imite gentiment celle de Château Latour. Pendant qu’on y est, autant barrer de rouge comme le champagne Mumm Cordon Rouge !

J’adore ces vins qui sont de vraies énigmes.

les étiquettes de Mouton-Rothschild jeudi, 3 décembre 2009

Un ouvrage que l’on peut lire aisément sur le net :

http://fr.calameo.com/read/00003074798238f3abade

Philippe Margot, journaliste vitivinicole suisse a fait ce livre qui montre la gestation de toutes les étiquettes depuis celle de 1924 de Carlu, qui est reprise en haut et à gauche de mon blog.

Lisez cet ouvrage passionnant et instructif.

Audouze subliminal dimanche, 29 novembre 2009

Cet après-midi, à 16 heures, le journaliste de M6 qui m’avait contacté pour l’émission "Capital" du 29/11/09, qui m’avait suivi à une vente aux enchères à Paris, et à une autre à Cannes où j’ai perdu une journée et où je me suis ruiné, m’envoie un SMS me disant que du fait de la longueur de certains sujets, la partie du reportage qui me concerne n’a pas été retenue.

C’est punir ceux qui ont eu la gentillesse de chercher à me voir.

On me voit 1/10ème de seconde, devant une bouteille de Romanée-Conti, que d’ailleurs j’ai achetée.

C’est bien la première fois que je suis aussi peu bavard de ma vie.

un nouvel achat samedi, 28 novembre 2009

l’annonce est de vieux madères dont on me montre les photos.

Sans avoir goûté, j’achète. Les voici dans ma cave (à droite de mes vins de Chypre)

la similitude avec le flacon d’un Lacrima Christi 1780 (à droite), offerte par un ami avec qui je l’ai bu le 31/12/99 (en fait le 1/1/00, car il était tard) est très grande :

les culs semblent montrer que le vin acheté (à gauche) est un peu plus jeune que le 1780

mais tout cela est très vieux…

A boire, vite !

photos vendredi, 13 novembre 2009

Un lecteur fidèle du blog me reproche l’absence de photos sur maintenant plus d’un mois.

Je suis extrêmement en retard, et ce n’est pas le voyage à Los Angeles qui me fera rattraper ce déficit.

Le jour venu, il vous faudra lire plusieurs pages en arrière pour retrouver les photos qui agrémentent les textes.

Désolé pour ce retard et mille excuses.

Mes coups de cœur à Los Angeles mercredi, 11 novembre 2009

Essayant de mettre de l’ordre dans ma mémoire voici quelle pourrait être aujourd’hui la synthèse de mes coups de cœur de ce voyage à Los Angeles :

Les vins qui constituent une divine surprise et un divin plaisir :

Meursault Perrières Comtes Lafon 1989 / Veuve Clicquot 1949 / Montrachet Ramonet 1989

Les vins que je connaissais et qui sont d’une perfection absolue :

Yquem 1959 / Montrachet DRC 1999 / Latour 1959 / Pétrus 1989

Les vins qui m’ont donné un plaisir immense :

Lafite 1959 / Latour 1929 / Salon 1996 / Hermitage La Chapelle Jaboulet 1959 / La Tâche DRC 1989 / Bonnes-Mares Roumier 1959 / La Tâche DRC 1949 / La Romanée Liger Belair 1949

shopping à Beverly Hills vendredi, 6 novembre 2009

Aller faire du shopping à Beverly Hills ne ressemble à rien d’autre. Toutes les plus grandes marques mondiales du luxe sont présentes dans de larges avenues où le vrombissement des Ferrari et le feulement de mastodontes dont le son évoque les vieux bateaux de pêche, passent totalement inaperçus. Ici, tout respire le fric, tout exsude l’opulence avec des taux de concentration qui dépassent les seuils admissibles et pourraient être interdits par la loi si l’on était en France. Ici, tout est serein, assumé. J’avoue que venant d’un pays où la réussite n’est pas acceptée et doit être cachée, on se sent bien. Mais on se sent petit, tant l’échelle du pouvoir d’achat paraît atteindre des dimensions inconnues. Le plaisir de se promener dans des allées où les palmiers graciles montent au ciel l’emporte largement.

Bipin Desai, l’organisateur des trois jours de folie ayant prévu d’organiser un dîner informel entre les trois repas officiels m’a demandé de fournir un champagne récent de qualité. Ayant reçu son mail après mon départ en avion, je vais dans une boutique de vins de qualité que j’avais déjà visitée. Le double magnum de Mouton 1929 est toujours là, ainsi que d’impressionnantes collections de grands vins anciens. J’achète un champagne et voulant négocier, le vendeur me dit qu’il faut l’aval de la patronne propriétaire de l’endroit. Nous bavardons, j’achète et elle me dit : « voulez-vous prendre un café ». Et à la terrasse d’une échoppe qui vend des chocolats, nous avons bavardé autour d’un café coupé de chocolat chaud. Il n’y a qu’en Amérique qu’une telle convivialité peut si facilement se nouer.

à la recherche des faux, pause au Crillon et jury littéraire mercredi, 28 octobre 2009

Pour une émission de télévision célèbre, un journaliste veut traiter du sujet de l’investissement en vins et de la problématique des faux. Un premier rendez-vous a lieu dans une grande maison d’enchères pour une vente de vins. Quand j’assiste à une vente, j’achète. Nous bavardons du sujet de l’émission. Des rendez-vous de tournage se prennent. Dès que tout est en route, je quitte vite la vente pour ne plus acheter. Ayant peu de temps après rendez-vous avec le jury du prix Edmond de Rothschild, je fais une halte dans le hall de l’hôtel Crillon pour travailler en nomade. Antoine Pétrus, l’un des deux sommeliers du lieu, fait un cours de dégustation à de jeunes sommeliers. Un verre de Chateauneuf-du-Pape Domaine du Vieux Télégraphe 1990 atterrit comme par miracle sur ma table de travail. Nous nous reverrons demain à l’académie des vins anciens. Antoine me fait donc la grâce de ce verre. Le parfum est magnifique, mais le vin semble fatigué. L’attention compte plus que le vin.

La Baronne Nadine de Rothschild m’a fait l’honneur de m’admettre au sein du jury du prix Edmond de Rothschild et du prix Nadine de Rothschild destinés à couronner des ouvrages dont le vin est l’objet principal. La réunion a lieu dans une des salles artistiquement lambrissées de la banque Rothschild. Nous commentons les ouvrages. Nicolas de Rabaudy dirige les débats avec autorité. Michel Bettane et Philippe Bourguignon sont écoutés. Le choix se fait assez rapidement entre des livres de grande valeur. Nous rejoignons un joli buffet où nous sont proposés les vins des domaines d’Edmond de Rothschild ainsi que les produits de es fermes, beurre salé, un brie de très grande qualité ainsi que d’autres fromages. La profusion ayant été à l’ordre du jour, Nadine nous fait préparer des petits sachets de fromages. Le mien sera utilisé à l’académie des vins anciens du lendemain, où je retrouverai Nicolas de Rabaudy pour le troisième soir consécutif.