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le film : « quatre saisons à la Romanée Conti » passe cette nuits sur FR3 lundi, 24 janvier 2011

Par un hasard comme il en existe, c’est le jour où j’adresse le bulletin 413 qui parle des vins de 2007 du domaine de la Romanée Conti que sera projeté le film : "quatre saisons à la Romanée Conti", qui montre la magie de ce vin et où est incluse la dégustation que j’ai faite avec un ami des Romanée Conti de 1986 et 1996 (racontée dans le bulletin 380).

Le film passe dans la nuit de lundi 24 à mardi 25 janvier (ce soir), à 00h35 sur FR3.

voyage aux U.S.A vendredi, 14 janvier 2011

Jour 1 – départ et arrivée à Miami

Mon fils repart aux USA après son court séjour en France et nous sommes dans le même avion. Alors que je suis volontiers critique sur la façon qu’a l’aéroport de gérer les formalités aéroportuaires, force est de constater que tout s’est passé avec une fluidité exceptionnelle. Au comptoir d’Air France, l’agent est aimable et efficace, à la douane, le douanier est sérieux, les personnels qui scannent les sacs et autres objets font leur travail selon les normes. Tout va bien.

Quand je veux me donner l’impression que je suis riche, je vais au magasin de vins fins de la zone détaxée. Il y a des bouteilles dont les prix sont stratosphériques, avec des coefficients multiplicateurs qui feraient passer nos restaurants trois étoiles pour l’Armée du Salut. Ayant en tête quelques prix d’achat de vins de ma cave, je pense que l’absence totale de pudeur commande la tarification. Mais quelques voyageurs fortunés en mal de cadeau se laissent aller à acheter des fleurons de l’histoire française du vin.

Nous entrons dans l’avion et nos sièges sont spacieux, contrairement à celui de notre fils qui passera son vol sous les avant-bras déployés d’un épais voyageur roumain. A nos places, il fait un froid que même un canard ne supporterait pas, comme s’il y avait une fuite dans une canalisation réfrigérante. Alors que je suis plutôt sensible au chaud qu’au froid, je me terre sous des couvertures. On nous annonce une heure de retard pour attendre trois passagers. Mon humeur est prête à bouillir, ce qui contraste avec ma congélation naissante. Le supplice durera deux heures, avant que la température ne redevienne tempérée.

Notre steward est efficace, attentionné, ce qui est agréable. Les repas sont assez bien pensés, mais souffrent du réchauffement dans des coques en aluminium, qui surcuit tous les plats, rendant sèches les viandes les plus tendres.

Les films qui sont proposés, sans service commandé du siège, ce qui devrait être la norme, sont plutôt mièvres ou insipides.

Nous survolons des zones du Groenland et du nord-est du Canada où la neige est rare alors que l’on est en hiver. Le survol de New York est spectaculaire et le pilote a le bon goût de pencher l’avion pour permettre une vision de Manhattan d’une netteté qui n’a rien à envier aux photos de National Geographic.

A Miami, par un hasard heureux, toutes les formalités se passent à une vitesse rare. Je ne suis pas peu fier, car le douanier qui m’a dévisagé et a scanné mon passeport, trouvant sans doute dans son ordinateur qu’Audouze est un "very good guy", m’a dispensé de la photo et des empreintes de doigts. Même ma belle-fille titulaire d’une carte verte n’en est jamais exemptée.

Angoissé comme toujours à l’arrivée des valises, je mets dix minutes à trouver une de mes valises, troublé que j’étais – peut-être – par l’explosion de silicones débordants devant mes yeux d’une rousse flamboyante dont ma femme, mauvaise langue, me dira que c’était un homme.

Ma belle-fille nous attend avec le sourire. Mon petit-fils est un peu fatigué au sortir de l’école mais il se déride dès qu’il voit son père. Nos valises se logent aisément dans la grosse voiture et nous nous rendons à l’hôtel Biltmore dans Coral Gables, village cossu de Miami. Je suis frappé de trouver dans ces quartiers une grande similitude avec les beaux quartiers de Los Angeles et Beverley Hills. Les rues sont larges et les trottoirs sont plantés d’arbres aux feuilles très larges comme des caoutchoutiers. Les maisons sont sans étage, cossues, et en dehors des centres commerciaux ou d’affaires, tout est résidentiel.

L’hôtel Biltmore est d’une architecture curieuse, hispanisante mais avec des emprunts à des styles un peu surchargés. Notre chambre plus que spacieuse surplombe un golf aux fairways léchés et une piscine qui ferait passer les piscines olympiques pour d’aimables bains de pieds. Le fait de dire "je fais un aller et retour" dans la piscine peut conduire à une aventure qui n’aura pas de fin.

Nous voyons de la chambre, non loin de la piscine, un orchestre qui joue des airs "latino" pendant que des danseuses aux robes exotiques créent l’ambiance d’une garden-party organisée par un "Hispanic Network".

Nous nous rendons chez mon fils dans une rue sombre bordée de lourds arbres feuillus. La maison semble de petite taille mais elle est en forme de "L" entourant une petite piscine agréable surplombée d’une structure métallique légère qui fait office de moustiquaire. Nous pouvons donc à la mi-janvier prendre l’apéritif dehors. La nuit est noire. Alors que nous avons mangé plus que nécessaire dans l’avion, notre première visite dans la maison de nos enfants expatriés, ça s’arrose. Mon fils ouvre une bouteille de Dom Pérignon pas assez froide, puisqu’elle déborde comme les bouteilles à l’issue d’un grand prix de Formule 1. Le champagne se refroidit vite. N’ayant pas vu l’année j’imagine que c’est 2000 mais c’est en fait Champagne Dom Pérignon 2002. Rien n’est meilleur pour fêter le plaisir de se retrouver après l’expatriation subite de nos enfants et petits-enfants.

Dans cette maison, tous sont épanouis, mon petit-fils motivé à apprendre en une école où il est entré sans un mot d’anglais, sa soeur, parlant couramment l’anglais, s’épanouissant dans l’atmosphère américaine et leurs parents vivant une aventure où l’incertain ajoute du piment. C’est le rêve qui se vit ici.

Nous dînons à l’intérieur, et l’agneau de Nouvelle-Zélande est d’une qualité extrême. Il est accompagné par un Ridge California Geyserville 2007 fait de quatre cépages dont le Zinfandel est majoritaire à 58%. Que peut-on dire d’un tel vin qui titre 14,4° selon l’étiquette ? C’est un vin lourd, dense, charpenté en bodybuilder, massif, au final mentholé. Ce type de vin n’a plus rien à voir avec les vins que je recherche. Et on ne peut pas dire que ce n’est pas bon, comme on ne peut pas dire qu’un jus de raisin, ce n’est pas bon. Mais c’est une tendance moderne qui désapprend ce qu’est le vin. Il faut bien dire que dans la joie familiale de retrouvailles, la juste appréciation de ce vin n’a pas beaucoup d’importance.

Mon fils me tente avec un Chartreuse Tarragone de 1965. Elle est merveilleuse, même si elle est loin d’avoir la profondeur de la Tarragone de plus de 45 ans son aînée qui me transporte d’aise. Mais goûter ensemble avec mon fils cette saveur unique, au génie fabriqué par l’histoire des Pères Chartreux, c’est un grand moment d’émotion.

Après une nuit réparatrice et un excellent petit-déjeuner, nous sommes prêts à profiter de Miami.

Jour 2 – Miami Beach et branchitude

J’ai loué une voiture et je ne me sens pas peu fier quand je conduis dans des rues propres, aux pelouses fraîchement tondues, sans l’ombre d’un papier ou plastique égaré. Il y a un grand sentiment de liberté que de conduire sur des routes larges, sans aucun stress puisque la majorité des conducteurs sont calmes et sereins.

Nous arrivons chez notre fils pour décider des visites du jour, en nous appuyant sur un programme élaboré par ma belle-fille, riche de nombreuses activités. Nous mettons le cap sur Miami Beach, la plage où il faut impérativement aller. Nous stoppons au Nikki Beach Miami Beach, restaurant de plage et lieu de bronzage. Une pancarte promet un service de voiturier mais en fait, c’est un poste de péage, car on se rend seul à un parking public, le portemonnaie délesté de dix dollars.

A peine sommes nous entrés dans la partie du restaurant qui est en plein-air que je reconnais un vigneron bordelais qui déjeune avec des relations d’affaires. Je vais les saluer et il est clair que tous dans ce groupe savent ce qu’est le vin. On nous indique une table et nous passons notre commande, ce qui nous laisse le temps d’aller admirer une longue plage de sable fin, telle que les films et cartes postales les représentent pour vanter les charmes de Miami.

Au bord de l’eau, un photographe amateur shoote (c’est comme cela que l’on dit) sa copine au corps appétissant, dont la partie basse du bikini, sur son arrière, ne consiste qu’en de minuscules lanières incapables d’empêcher l’impact du soleil sur la peau de belles mappemondes. De retour à notre table, nous voyons deux jeunes gamines déguisées en brésiliennes de carnaval qui viennent danser devant les tables et sont incapables de suggérer le moindre érotisme, tant elles paraissent gamines.

Le repas est extrêmement honnête et nous allons ensuite sur la plage pour un essai de bronzage et de sieste.

Ce qui est bien, c’est qu’on n’est pas dérangé par le bruit des vagues. Ce qui est mal, c’est que si l’on n’entend pas le bruit des vagues, c’est qu’il est couvert par le vacarme incessant des avions à hélices tractant des banderoles publicitaires, dont le rythme est ininterrompu. A côté de moi un estivant allongé raconte sa vie au téléphone. Pendant plus de vingt minutes, j’ai pu apprendre par cœur son curriculum vitae. Ici on bronze et les gardiens de "Ocean rescue" ont le sifflet rageur si des nageurs s’aventurent trop loin en mer, car les bateaux rapides ont la fâcheuse habitude de croiser trop près de côtes. La population est jeune, plutôt latino, les filles au beau bronzage et les garçons tatoués dont les biceps indiquent que l’on lève la fonte assidument dans des salles de sport.

Le soleil se couche tôt aussi allons-nous en voiture visiter de petites îles reliées entre elles par des ponts, où des villas de grand luxe de bord de mer abritent sur leurs rives des bateaux presque plus gros que les maisons elles-mêmes. Passant d’une île à l’autre nous sommes bloqués par l’ouverture d’un pont levis qui va laisser le passage à un bateau. Les deux roues remontent la file des voitures qui attendent et je vois un cycliste, d’une petite soixantaine musclée, fort bronzé, vêtu seulement d’un string en cuir marron et d’un chapeau de type colonial en cuir de la même couleur que son string. J’ai voulu le rattraper pour prendre une photo, mais il s’est perdu dans la circulation, plus rapide que les voitures.

Nous nous rendons vers un quartier qui est en passe de devenir très branché, regroupant des galeries d’artistes malheureusement fermées lorsque nous arrivons. Un magasin "Miami mid century" solde avant liquidation. Il faut peu de temps aux hommes pour comprendre qu’il n’y a rien à y trouver. Les femmes ont plus de constance et arrivent à dénicher une petite robe "à la Audrey Hepburn", qu’il faudra absolument porter.

Les galeries étant fermées, qu’allons nous faire ? Notre table est réservée dans deux heures au "Wynwood Kitchen & Bar". Allons-nous retourner chez mon fils ou simplement prendre un drink au restaurant et dîner ensuite près de la maison de mon fils ? Nous optons pour cette deuxième solution. Une immense cour abrite plusieurs bâtiments, et les murs ont été investis par de nombreux artistes tagueurs qui ont laissé libre cours à leur création. L’ensemble est beau, foisonnant, et follement branché. Nous prenons des boissons diverses, mon fils et moi commandant un cocktail assez complexe où le piment et le poivre sont insistants.

Cela appelle une nourriture et nous commandons des calamars grillés et des saucisses agrémentées de légumes pimentés. Nous picorons, nous sirotons et nous grignotons au point qu’il apparait nécessaire de doubler la mise. Changer de cocktail est une voie possible et j’en prends un à dominante de Bourbon et de cerises confites. Les enfants commencent à dîner. Ils sont si copieusement servis que nous chapardons leurs frites. Le cocktail n’étant pas à mon goût le serveur me propose d’en changer la composition et me demande de lui donner mon avis.

Il est temps de dîner. La cuisine est convenable mais pas mémorable. Nous finissons nos drinks et nos conversations dans le jardin, éclairés par la lune et entourés des peintures murales du plus bel effet. Ce lieu branché, ouvert depuis seulement trois semaines, est promis au plus grand succès.

En rentrant à l’hôtel, guidés par mes enfants plus que par le GPS, nous savourons d’avoir passé une journée de soleil, de farniente, dans une atmosphère vive et joyeuse. Vive Miami !

Jour 3 – luxe, villas, bateaux et restaurant chic

Il y a une explication à l’architecture spéciale de notre hôtel, le Biltmore. La ville de Coral Gables a été créée dans les années 20 par un riche entrepreneur, qui y a englouti des fortunes au point de se ruiner. Et le Biltmore était conçu pour être un hôpital militaire, ce qui explique la rigueur et l’extravagance mêlées du lieu.

Nous partons chez nos enfants et nous faisons une tranquille promenade matinale dans les rues alentour. Les rues sont toutes droites et maillées dans deux directions perpendiculaires. La végétation est luxuriante et riche d’arbres imposants et de plantes grasses. Les bougainvilliers sont en fleurs, les palmiers sont majestueux. Tout est propre. Les pelouses sont entretenues et tout ici respire le calme, la tranquillité et la certitude de bon voisinage. Ici on ne vole pas, on ne détériore pas, et on ne jette pas de détritus. Cette sérénité, j’aimerais qu’elle soit la règle dans notre pays.

Aux USA, cela tient au respect d’autrui, à l’acceptation de l’autre, sans jalousie. Si quelqu’un a réussi, tant mieux pour lui. S’il met un objet rare dans son jardin, c’est à lui. Pourquoi la simplicité des rapports de voisinage ne se trouve-t-elle qu’à l’étranger ?

Après la promenade, il est envisagé de déjeuner chez mon fils, qui va avec ma femme faire quelques emplettes. Ma femme revient du magasin, ouvert un dimanche midi, toute excitée et me dit : "je n’ai jamais vu ça". Alors qu’on imagine les américains réfractaires à la notion de "bio", elle n’a jamais vu en France une telle profusion et une telle diversité de produits bio.

Le déjeuner est frugal et léger mais la sieste semble obligatoire. Après un court sommeil réparateur nous sommes d’attaque pour une visite de Key Biscayne. Nous passons en voiture dans toutes les routes qui bordent les nombreux bras de mer et nous poussons des "oh" et des "ah", tant les maisons sur l’eau sont époustouflantes. Tout ce que l’on peut imaginer de plus luxueux n’est rien à côté de ce qui éblouit nos yeux. Un seul mot peut résumer ce que nous découvrons : "inimaginable". La plus invraisemblable des maisons est une immense bâtisse d’au moins trente pièces directement sur l’eau, avec un très grand jardin latéral afin que le bateau aux trois ponts, de plus de quarante mètres de long et plus haut que la maison ne cache pas la vue. On est dans l’irréel. Mais ce qui est intéressant, c’est que partout les jardins sont beaux, les pelouses soignées à la pince à épiler, et l’ambiance cossue ne rime pas avec mauvais goût. On est dans le luxe assumé. Juste par curiosité, nous avons téléphoné à une agence qui vend un terrain assez petit sur l’eau. Il est demandé pour les 1.500 m² une somme de huit millions de dollars. Nous avons phosphoré sur les moyens de faire vite fortune avant que le terrain ne soit vendu. Il y aura fort à faire !

Nous sommes allés ensuite sur la plage de Key Biscane, juste à côté du célèbre club de tennis où se jouent de brillants tournois. Un peu soûlés par tant de luxe nous sommes revenus à la maison de mon fils en passant par de jolis quartiers aux budgets à taille humaine. C’est un ‘soft landing" nécessaire avant de revenir dans la "vraie" vie.

Nous nous changeons à l’hôtel pour aller dîner dans un restaurant chic proche du bord de mer, le restaurant de l’hôtel Setai. La salle est très joliment décorée, les couleurs sombres convenant bien à l’extrême hauteur sous plafond. La liste des vins a des coefficients qui conviendraient aux villas luxueuses que nous avons vues à Key Biscayne, aussi beaucoup de pages du livre nous sont-elles interdites tant les prix sont déraisonnables.

Le Champagne Pierre Peters Cuvée Spéciale Les Chétillons, blanc de blancs grand cru 2000 a un nez qui ne trompe pas : il est bien de Mesnil-sur-Oger, la Mecque du blanc de blancs. Mon fils le trouve très agréable, mais je le trouve un peu trop dosé. Il va s’animer élégamment sur la nourriture, prenant un corps de belle expression.

La jeune serveuse s’essaie au difficile exercice de prendre les commandes de cinq convives sans prendre de notes. Elle y arrive. Mon choix est : truffle dumpling, steamed scallop with truffle cream emulsion / Wagyu beef, served with Parsnip puree, braised sweet onion, wild mushrooms, roasted beef bone marrow and Penzu sauce.

Le Champagne Delamotte blanc de blancs 1999 correspond plus à mon goût. Moins dosé il est aussi plus floral et il ne peut cacher qu’il a "l’âme" du champagne Salon. Mais c’est le Pierre Peters qui prend plus de rondeur avec la crème truffée.

La chair du Wagyu, même si elle n’atteint pas les qualités des viandes de Tokyo, est vraiment excellente, et la moelle servie dans son os est goûteuse. Sur un tel plat réussi, le Château de Beaucastel Chateauneuf-du-Pape 2007 est à son avantage. Il est servi un peu frais ce qui lui va bien, et prend son envol avec quelques degrés de plus. Ce vin est délicieux, raffiné, ne jouant pas du tout sur la puissance. Il a tout pour devenir très grand, car il est d’une grande année.

Le dessert aux agrumes est trop sucré à mon goût, mais cela n’enlève rien au jugement positif sur la cuisine de ce restaurant. Le bât blesse en ce qui concerne le service, approximatif, peu présent et relativement peu professionnel.

Nous nous sentons bien, aussi sortons-nous dans le patio de l’hôtel joliment éclairé, au décor raffiné. Le chauffage au gaz se supporte bien car le vent qui tourbillonne dans le patio rafraîchit les épaules dénudées de ma belle-fille qui inaugurait avec un succès total la robe "à la Audrey Hepburn" de grande séduction. Mon fils prend un cognac et je prends un Bourbon.

J’avoue avoir dormi sur le chemin de retour. Fort heureusement, ce n’est pas moi qui conduisais !

Jour 4 : chantons sous la pluie

Ce matin il pleut. Et quand il pleut, ça pleut. Apparemment, de telles pluies ne sont pas de saison, mais elles sont là. Nous voulions aller visiter les paysages où les oiseaux exotiques pullulent et la pluie n’est pas favorable à de telles visites. Aussi subissons-nous l’inactivité chez nos enfants, parlant, lisant, jouant à des jeux de sociétés.

Le soir, nous dînons au restaurant italien de l’hôtel Biltmore, le "Fontana", dont le nom est suggéré par l’imposante fontaine qui trône au centre du luxuriant patio de l’hôtel. La nourriture est très bonne et le service efficace, beaucoup plus que dans le restaurant de la veille. La décoration est assez sinistre, avec un mauvais goût qui doit ignorer qu’il l’est.

J’ai pris : Melanzane alla Parmigiana, wood oven baked eggplant, mozarella, parmigiano-reggiano, Italian tomato sauce / Filetto al Barolo, grilled 8 oz. prime filet mignon, roasted potato, Barolo sauce. L’exécution des plats est sans défaut. Le repas est accompagné d’un Brunello di Montalcino Col d’Orcia 2004, agréable vin italien poivré, coulant facilement en bouche, juteux, mais sans véritable émotion.

Souhaitons que demain nous rapporte de soleil. C’est la réputation de Miami qui est en jeu !

Jour 5 : coach et Fairchild Botanic Garden

La réputation de Miami était en jeu après cette journée pluvieuse "à la normande". Demain est un autre jour, dit-on, et nous le vérifions, car il y a au moins dix degrés d’écart de température entre hier et aujourd’hui. La chaleur est presque étouffante, renforcée par la moiteur créée par les pluies d’hier.

Ma journée commence par du sport. Le coach de ma belle-fille est brésilien, petit, musclé et abondamment tatoué et roule en Porsche, ce qui impressionne mon petit-fils. Il vient à l’hôtel pour me donner une leçon, offerte par ma bru. Lorsque nous nous présentons au comptoir de la salle de gymnastique, la réceptionniste me demande quelle est ma chambre et fait glisser ma carte magnétique dans une machine qui enregistre ma présence. Elle demande à mon coach quelle est sa chambre et je réponds : "nous sommes dans la même chambre". Je sens une réaction difficilement contenue lorsqu’elle fait à nouveau glisser ma carte dans la glissière de sa machine enregistreuse.

Snake, puisque c’est son surnom, me fait vivre un programme extrêmement bien dosé avec des exercices apparemment simples mais très exigeants. Dans ces salles immenses, plus équipées que ma salle de sport parisienne que je trouvais pourtant de grande taille, il y a une foule nombreuse qui torture son corps, souvent avec des coaches rattachés à l’hôtel. Aussi Snake a-t-il dû susciter des questions et la réceptionniste, quand nous avons fini notre séance, demande à Snake s’il est coach. D’un "non, non, c’est mon ami", j’ai coupé court à toute question, au risque d’être affublé d’une réputation qui serait peu appréciée de ma femme si elle venait à en être informée.

Après une douche salutaire, je me rends au salon de coiffure dont ma belle-fille est propriétaire, pour une coupe dont je n’ai pas un impérieux besoin, mais pour m’imprégner de l’ambiance du lieu. Je suis rassuré sur la pertinence de l’investissement.

Chez mon fils nous grignotons un mini-déjeuner et nous allons nous promener en voiture dans Pine Crest, lieu de résidence où les maisons ont de vastes jardins tropicaux, entretenus comme des jardins botaniques. Nous nous rendons ensuite au Fairchild Tropical Botanic Garden pour nous y promener. Ce jardin luxuriant est d’une rare beauté, avec des lacs offrant des perspectives presque infinies, et des allées bordées de plantes rares d’un épanouissement tropical. Des allées sont plantées d’arbustes qui aiment les papillons et sont aimés en retour puisque ces insectes s’y complaisent. Sur les pelouses, des sculptures des Lalanne ajoutent une note pittoresque. C’est une ivresse de beauté.

Il fait tellement chaud que sous ces voûtes végétales on se prend à suer. Un repos s’impose et une sieste profonde équilibre les efforts de la journée.

Jour 5 (suite) – bling-bling à Miami, c’est bling-bling !

Nous partons dîner dans le quartier Art Déco de Miami Beach. Les hôtels et les grandes résidences sont une magistrale démonstration de l’architecture Art Déco, évocatrice d’une époque insouciante de luxe et de beauté.

Parmi tous les hôtels, "le" lieu à la mode, celui où faut voir et être vu est l’hôtel Delano, dont la décoration a été refaite par Philippe Starck. C’est beau et ça décoiffe. A l’entrée de l’hôtel encore à l’extérieur, il y a des lits ou des alcôves de proportions inédites. Dès qu’on entre, on se sent tout petit dans un défilé de colonnades aussi grandes et imposantes que celles d’un temple égyptien. A gauche, un mur laqué couleur sang est couvert de candélabres. A droite une banquette aux dimensions cyclopéennes brille par son inutilité, mais décorative. Un bar est enrichi de cristaux de Baccarat. Des tables oblongues sont préparées pour des banquets. Tout semble organisé au travers de miroirs déformants pour offrir des surprises à chaque perspective.

Notre table est sur la terrasse extérieure, qui surplombe l’enfilade qui conduit à la piscine de l’hôtel puis à la plage. La piscine est dans un espace oblong planté de palmiers. Elle est très longue et sur ses bords, des cabanas privatives offrent des coussins et des matelas profonds. En bout de piscine, dans une partie à peine profonde, une table et des chaises en métal invitent à consommer "les pieds dans l’eau".

Le choix des vins ressemble à une épreuve de slalom géant, car il faut se frayer un chemin entre ce que l’on aimerait boire et ce qui est accessible. Pour les plats, je choisis une coquille Saint-Jacques et un bœuf Wagyu.

Le Château Carbonnieux blanc 2007 nous est servi à l’apéritif. Son nez frais évoque des légumes et herbes verts et je pense à la menthe, à l’anis et au fenouil. Le goût du vin est charmant dans sa jeunesse insouciante, et les herbes vertes ajoutent au final une belle fraîcheur. Si les Carbonnieux blancs âgés ont une maturité rassurante, cette folle jeunesse va bien à ce Pessac-Léognan. La coquille est très grosse et goûteuse. Le plat est réussi.

L’habitude d’enlever les verres dès que le serveur pense que le verre est vide est assez assommante, car il faut se cramponner à son verre si on ne veut pas que, telle ma mouette rieuse, le serveur ne subtilise un verre dont on voudrait encore profiter. Etant précautionneux, je peux essayer le Wagyu sur le vin blanc. C’est anecdotiquement bon, sans plus. L’accord naturel se trouve avec un Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus Bouchard père & Fils 2006. Ce vin, dans sa jeunesse, est d’une élégance folle. Il n’en fait pas trop, il est poli et civilisé, et domine nos cœurs par sa précision et son élégance.

La déception vient du Wagyu, ferme et dur, ce qu’un Wagyu ne doit jamais être. Nous avons malgré tout très bien dîné, avec un service très efficace.

C’est à ce moment que l’ambiance change totalement. Le va-et-vient des touristes, curieux et oiseaux de nuit s’accélère. Le nombre de minijupes et talons hauts augmente dans des proportions qui donnent des torticolis à mon fils et moi. Car le spectacle est autour de nous. La boîte de nuit de l’hôtel est ouverte, et fait fleurir les jolies filles comme des pâquerettes au printemps. Les deux femmes de notre table veulent aller voir la piscine mais sont sèchement rabrouées pas le service d’ordre. Il faut l’intervention du manager du restaurant pour qu’elles puissent se promener autour de la piscine.

Lorsque nous voulons quitter la terrasse, nous passons à travers le hall de l’hôtel où se presse une foule dense, car les "beautiful people" sont de sortie. Devant l’hôtel une Aston Martin vrombit encore alors qu’une Lamborghini est sagement en silence. Les paillettes, les jupes courtes et les hauts talons sont l’uniforme indispensable. Le Delano rafraîchi par Starck, c’est le lieu "in".

En rentrant, nous longeons la plage où des restaurants et commerces sont illuminés et explosent de musiques à réveiller des morts. Nous en avons plein les mirettes.

Miami est fidèle à sa réputation.

Jour 6 – les Everglades et la route des "Keys"

Souvent femme varie, bien fol est qui s’y fie. Est-ce que cet adage conviendrait au temps à Miami ? Car ce matin, le ciel est noir, l’air est brumeux et les rues humides laissent imaginer des pluies nocturnes, alors qu’il s’agit de l’humidité, quasi à 100%. Va-t-il pleuvoir alors que nous voulons nous rendre aux Everglades ? En fait le temps joue avec nos nerfs, car après dissipation des brumes matinales, comme le disent mes météorologues, nous aurons un soleil radieux et chaud.

Aux Everglades, qui constituent au sud de la Floride une gigantesque réserve naturelle, nous nous rendons à l’un des sites de visite du Parc National, le Royal Palm Anhinga Trail, Gumbo Limbo Trail. Une bâtisse et un parking signalent l’endroit. Nous ne voyons aucun accueil particulier. Les visiteurs sont nombreux dont certains dotés d’appareils photographiques dignes des meilleurs paparazzis. Les chemins sont d’abord goudronnés puis en bois, surplombant d’un demi-mètre le sol alentour. Les oiseaux sont extrêmement nombreux et peu farouches : des cormorans s’approchent à moins d’un mètre. Ils sont gras et bien nourris. Les hérons et ibis se laissent approcher, mais de moins près, alors qu’on pourrait toucher les vautours qui se chamaillent. Les poules d’eau ont des coloris multicolores irisés d’une rare beauté. Le premier crocodile que l’on voit en liberté, c’est déjà une belle impression, alors qu’il est à une dizaine de mètres. Le deuxième est plus proche, à cinq mètres. Le troisième est à trois mètres. Au bout d’une promenade en bois, c’est plus d’une quinzaine qui sont tout proches de nous, dont certains pourraient être touchés si nous avions la folie de tendre le bras. Un ibis se promène lentement à proximité des crocodiles, et dès que l’un d’entre eux s’approche, il déploie ses pattes comme des échasses pour rester à une distance que le crocodile ne raccourcira pas. Jamais nous n’aurions pensé rencontrer autant d’animaux en cet endroit, les oiseaux se comptant par centaines et les crocodiles au-delà de trente spécimens. Leurs peaux sont belles, presque brillantes, et ce sont d’énormes sacs à main qui s’imaginent dans nos rêves cupides. La vie est aussi dans l’eau, car la surface des lacs est en permanence chahutée par des poissons qui sautent. Nombre d’entre eux se retrouvent dans les becs des oiseaux pêcheurs, d’une habileté confondante. La vitesse des gros cormorans sous l’eau est impressionnante.

Cette visite est très inattendue du fait de l’ampleur de ces rencontres animales. Nous nous rendons ensuite sur la chaîne des "Keys", un chapelet d’îles qui s’étend sur plus de cent kilomètres, finissant à Key West, le point le plus au Sud des Etats-Unis. Nous ne traverserons que la moitié de cette grappe d’iles, dont Key Largo, rendu célèbre par Humphrey Bogart, Tavernier, Islamorada. Nous nous arrêtons pour déjeuner à Lower Matecumbe Key au bord de l’eau sous les arbres, au Robbie’s Marina, avec des pélicans qui, eux aussi, se laissent approcher sans difficulté. On peut nourrir des énormes poissons de la taille de beaux esturgeons, des "tarpons". Cette gargote pour touristes est intéressante surtout par sa situation en un site pittoresque, plus que par la nourriture.

Nous allons ensuite nous promener en pleine mangrove au Long Key State Park, où la nature est préservée au bord de l’océan Atlantique. Toute cette région est assez fascinante, car la mer, la pêche et tous les sports d’eau sont l’unique thème des habitants des lieux. Le nombre de bateaux proposés à la vente est assez énorme. On se demande quand ils trouveront preneurs.

Notre journée se termine par un repas frugal chez nos enfants, car il faut compenser les excès des jours précédents.

A chaque jour sa fascination.

Jour 7 : villa Vizcaya et dîner familial

Le lendemain matin, le ciel est d’un bleu éclatant et la journée promet d’être ensoleillée. J’ai de nouveau un cours de gymnastique avec le coach de ma belle-fille, et la réceptionniste de la salle de sport de l’hôtel Biltmore ne m’oblige pas à décliner mes préférences sexuelles pour que "Snake" puisse m’accompagner aux appareils. La séance est intense et dynamisante.

Rejoignant mon fils, je vais avec lui visiter un caviste très achalandé en grands vins à prix acceptables. J’en profite pour offrir quelques pépites à mon fils.

Le déjeuner se tient au restaurant "Georges", à deux minutes à pied de la maison de nos enfants. Dans un décor résolument moderne on mange très agréablement. Je n’ai pas aimé le tartare de bœuf dont la préparation n’a pas le goût que j’attends, alors que le propriétaire est un français. A une table d’une dizaine de femmes fêtant l’anniversaire de l’une d’entre elles, ce ne sont qu’applaudissements et de temps à autre, quand une bougie est soufflée, la sono du restaurant monte en un Himalaya de décibels.

Les emplois du temps des uns et des autres n’étant pas coordonnées, c’est avec ma belle-fille que je vais seul visiter la Villa Vizcaya, construite entre 1914 et 1916 par l’un des fondateurs d’International Harvester, la célèbre marque de tracteurs et matériels agricoles que l’on voyait sur toutes les terres du monde entier. La villa créée sur le modèle d’un palais italien avec des apports hispanisants représente une folie inimaginable. Car le quai sur l’eau mène en gondole vénitienne à une immense construction de pierre sculptée représentant un bateau grandeur nature.

James Deering, l’auteur fou de ce palais a voulu que la décoration des nombreuses chambres entourant un patio donne l’impression que le palais a été habité depuis quatre cents ans. Beaucoup de châteaux de la Loire sembleraient moins riches que celui-ci.

Ma belle-fille me conduit dans les rues de Coconut Grove, où chaque villa représente un rêve inaccessible. La richesse de Miami semble sans limite.

Nous dînons chez nos enfants. Le Champagne Dom pérignon 2002, ouvert un peu trop chaud est une pâle image de ce qu’il pourrait être. Il faut qu’il soit mis en glace et frappé pour qu’il retrouve le floral de fleurs blanches que j’aime en Dom Pérignon. Avant qu’il n’ait sa température, même des délicieux toasts au foie gras n’arrivaient pas à le débrider.

De belles crevettes juste poêlées mettent en valeur le champagne.

Le Corton Charlemagne Bonneau du Martray 2005 fait son entrée sur de massives coquilles Saint-Jacques absolument délicieuses. Et le vin de Bourgogne est d’une exquise élégance. Il y a dans son final des fleurs vertes, mais aussi de délicats légumes, et l’expression végétale est rehaussée par une longueur spectaculaire. Ce vin est frais, brillant, aux arpèges infinis, pianotant ses saveurs pour nous surprendre.

Dans le calme du soir, lors d’un dîner dehors qui n’est pas perturbé par une pluie passagère, nous avons vécu la chaleur du noyau familial reconstitué à un quart de mappemonde de ses origines.

C’est cette intimité qui est la justification de notre voyage.

Jour 8 : l’invraisemblable richesse de Palm Beach

Il est des matins sombres où tout semble se liguer pour contrarier ma vie. Le petit déjeuner est servi avec une demi-heure de retard, et la seule excuse du serveur septuagénaire est : "vous savez, nous avons beaucoup de travail". Alors que je ne contrôle jamais le retour du linge donné à laver, je constate qu’il manque une pièce de vêtement. Ça démarre mal. Là-dessus, le ciel est sombre, promettant la pluie.

Nous partons à deux voitures à West Palm Beach situé à une heure et demie au nord de Miami. Les autoroutes à cinq ou sept voies sont très encombrées et donnent lieu à de fréquents accidents. Lorsque nous arrivons chez nos amis, la table du déjeuner est installée sous un auvent, face à la piscine. C’est alors que démarre un violent orage qui durera près de deux heures, déversant des trombes d’eau. Il faut vite dresser la table à l’intérieur et mon ami gérera son barbecue ultramoderne sous un parapluie de golf, ce qui n’empêchera pas le goûteux bœuf américain d’être à la température idéale.

Nous goûterons trois vins. Un Roads End Oregon Pinot Noir 2007 assez brutal et sans imagination. Puis un Stags’ Leap Napa Valley Cabernet Sauvignon 2006 fort, brutal lui aussi, aux tannins durs et manifestement travaillé et enfin un Stag’s Leap Artemis Napa Valley Cabernet Sauvignon 2006 au nez plus expressif, au goût de fruits noirs et au bois sensible. Que dire de ces vins, sinon qu’ils ne font plus partie de ce que je recherche et que les comparer à des vins français comme ce fut le cas au fameux "Jugement de Paris" n’a absolument aucun sens.

Ce qui comptait, c’était l’amitié et le plaisir de retrouver des amis de notre sud, qui comme nous ont des enfants qui vivent en Floride et, ayant de l’avance, s’y sont installés dans une charmante maison à taille humaine, à cent mètres de Lake Worth.

Nous allons ensuite nous promener dans Palm Beach, qui concentre tout ce qu’il y a d’extrême dans la richesse américaine. C’est inimaginable et toutes les limites du luxe explosent. Il faut avoir vu cela au moins une fois dans sa vie pour comprendre ce que veut dire le mot "richesse". La propreté et le soin des jardins et des allées sont inimaginables.

C’est hallucinant.

Jour 9 : Californie – France : 1 – 0

L’hôtel Biltmore de Coral Gables n’a pas, comme je l’avais dit, été prévu pour être un hôpital militaire. En fait, la ville de Coral Gables, touchant Miami, a été créée de toutes pièces par George Merrick dans les années 20. Il a voulu faire quelque chose de grandiose, et l’hôtel Biltmore a toujours été prévu pour être un hôtel, le plus extravagant possible. Les matériaux sont venus d’Espagne, la tour est inspirée d’une tour à Séville, et le gigantisme fut la règle, pour la piscine, pour le golf et pour les chambres. C’est en 1943 que l’hôtel a été réquisitionné pour faire un hôpital militaire, ce qu’il est resté jusqu’en 1960. Cet hôtel est encore aujourd’hui la fierté de la ville, dont les quartiers pavillonnaires sont extrêmement cossus. Si les chambres sont extrêmement vastes, nous ne pouvons pas dire que nous sommes subjugués par le service hôtelier.

Nous partons nous balader dans la ville de Miami, mon fils et moi dans le quartier des plages, et les femmes et enfants du côté des galeries d’art. Sur Ocean Drive une foule se promène, fait du shopping et se restaure. Entre l’avenue et la mer, une surface sableuse est propice à tous les sports où des jeunes aux corps savamment sculptés s’exhibent. La plage de sable blanc semble s’étendre à l’infini. Dans les rues, les immeubles Art Déco ont de jolies couleurs pastel.

Nous rejoignons nos épouses au restaurant Mai Tardi au Design District, tenu par des latinos. Le quartier est branché, avec de jolis magasins et des galeries très tendance.

De retour à la maison, nous profitons des derniers instants avec nos petits enfants. Le dîner chez mon fils consiste en un jambon melon, à l’italienne, puis de beaux steaks de thon.

Le Far Niente Chardonnay 2009 a une attaque joyeuse, de chardonnay bien plein. Mais ce vin qui titre plus de 14° a plus de charpente que de plaisir, car il plombe la bouche, l’envahit d’un liquide opulent, mais sans la charge émotive que donnerait moins d’élevage. Le vin est bon, mais manque de subtilité. Il se boit malgré tout assez facilement.

J’attendais beaucoup du Riesling Clos Sainte Hune Trimbach 1999, qui devait donner une leçon au californien. Hélas, le vin trop ambré pour son âge a une vilaine trace de bouchon, peu perceptible mais réelle et donne l’impression d’avoir connu un coup de chaud qui l’a brûlé. Le vin est déplaisant. Comme j’en avais offert deux à mon fils, il sera urgent de les faire échanger au magasin caviste tout proche.

Le repas se finit sur le vin de la Napa Valley, avec des discussions sur mille projets que nous pourrions échafauder pour revenir près de nos enfants. Car cette ville attachante, voire fascinante, exerce une attraction sur nous qui est certaine. Le rêve américain va nous trotter dans la tête.

Il y a de bien pires idées !

Jour 10 – brunch au champagne et départ

Décidément, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. En rentrant dans notre chambre, je constate qu’il n’y a pas de carton pour commander le petit-déjeuner. Comme c’est la troisième fois, cela devient systémique. Et lorsque le petit-déjeuner arrive, ma femme constate qu’il manque un supplément que j’avais commandé pour elle et qui avait été surligné par le service qui prépare les petits-déjeuners. La cause est entendue, rien ne va dans ce service.

Le service de la météo locale doit avoir les mêmes principes de management, car les prévisions se sont quasiment toujours trouvées infirmées. Et aujourd’hui, notre dernier jour, c’est à notre avantage, puisqu’un soleil radieux et une température estivale vont nous accompagner jusqu’à notre départ.

Le programme du jour est le brunch du dimanche à l’hôtel Biltmore, notre hôtel. Il est célèbre même au-delà de la région, car, selon mon fils, un cubain prend l’avion uniquement pour venir au brunch du dimanche au Biltmore.

Il a raison ! Car ce brunch est exceptionnel. Le service est attentif et parfait. Dans le patio brûlé de soleil de grands parasols permettent de profiter du lieu dans les meilleures conditions. Le champagne Perrier-Jouët coule à flot et c’est particulièrement agréable. Toutes les allées couvertes du patio abritent des stands d’une nourriture à profusion. Stand de caviar et œufs de saumon, stand d’huîtres, crabes géants et crevettes, stand de sushis et sashimis, stand de poisson, stand de pâtes, stand de viandes, de légumes d’accompagnements, stand de salades de fruits et de fruits, et enfin stand de gourmandises, sorte de caverne d’Ali Baba où tous les moyens imaginables de se gaver de sucre et de calories sont rassemblés.

Les enfants ont les yeux plus gros que le ventre, mais il n’y a pas qu’eux, car c’est trop tentant. Un guitariste joue des airs classiques de guitare. Autour de nous on parle le plus souvent espagnol. Nous rions discrètement car un colosse quinquagénaire, coiffé d’un chapeau colonial porte dans une main un diffuseur qui ressemble à un lave vitres et dans l’autre un chiffon. C’est la première fois que je vois que l’on utilise les services d’un "disperseur de pigeons". En appuyant sur la gâchette, notre homme mouille les ailes des pigeons du liquide qui n’a pas l’air de leur plaire et le chiffon doit être là en cas de dommages collatéraux. Voir les allées et venues de ce chasseur attentif est particulièrement drôle.

Nous profitons de l’instant présent. Le ventre repu nous allons nous promener le long du golf de l’hôtel, puis vers l’église qui jouxte l’hôtel. Toute la petite famille nous accompagne à l’aéroport. Les adieux sont parsemés de quelques larmes vite écrasées. C’est le plaisir qui primera sur la tristesse, avec la promesse de se revoir bientôt.

Jour 11 : retour en France

Les formalités d’aéroport se passent avec une grande facilité. L’avion est ponctuel. Les places sont spacieuses. Nous arrivons à l’heure dite et les formalités de douane sont rapides. C’est la livraison des bagages qui est le parent pauvre, mais annoncé : quand on arrive au tapis à 8h23, un panneau affiche : livraison des bagages à 8h47. Ça me rappelle le service de nos petits-déjeuners !

Le retour à la vie française est assez brutal. La circulation est complètement bloquée et l’on voit bien que la France n’a absolument pas investi pour fluidifier le trafic, ce que font tous les autres pays. Mais nos hommes politiques, que le monde entier nous envie, pensent que c’est en s’opposant à la circulation automobile que l’on améliorera la productivité du pays.

Il ne faut pas longtemps pour constater que la productivité du pays n’est pas un sujet qui excite nos élus, car les journaux ne parlent que des candidatures à la présidentielle, l’un voulant collectiviser le pays, l’autre se voulant la candidate des exclus. Ce n’est pas avec des schémas pareils que la France épousera son siècle.

La saleté hideuse des autoroutes ou voies circulaires autour de Paris indique que notre pays a choisi le sous-développement. Ça fait mal de le constater à chaque retour en France.

La vraie récompense, c’est d’avoir passé dix jours heureux avec enfants et petits-enfants. Miami est fascinant. Nous y retournerons !

quelques vins bus en 2010 vendredi, 7 janvier 2011

L’année 2010 a sans doute été la plus extraordinaire de ma vie d’amoureux des vins.

Je n’ai pas encore fait le bilan de cette année, mais voici quelques vins qui ont jalonné cette année hors norme, dans l’ordre des années :

Tokay 1819
Vin de Chypre 1841
Château Lafite Rothschild 1844
Château Lafite Rothschild 1858
Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus 1865
Château la Tour Blanche 1869
Château d’Yquem 1874
Château d’Yquem 1890
Château d’Yquem 1899
Musigny Coron Père & Fils 1899
Château Lafite 1900
Blanc Vieux d’Arlay Caves Jean Bourdy 1911
Grand Chambertin Sosthène de Grésigny 1913
Richebourg Morin Père & Fils 1923
Château Haut Brion 1926
Château d’Yquem 1928
Château Lafite-Rothschild 1928
Château Palmer 1928
Château La Mission Haut-Brion 1929
Château Margaux 1929
La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1943
Château Haut-Brion blanc 1945
Château Latour 1945
Champagne Bollinger 1945
Champagne Veuve Clicquot rosé 1947
La Romanée C. Marey & Comte Liger-Belair 1949
Château d’Yquem 1949
Champagne Heidsieck Monopole Magnum 1952
Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs magnum 1959
Château Ausone 1959
Corton Charlemagne Bouchard Père et Fils 1961
Champagne Salon 1961
Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1962
Champagne Dom Pérignon Oenothèque magnum 1966
La Romanée Liger Belair 1966
Champagne Dom Pérignon Rosé Œnothèque 1966
Château Rayas Châteauneuf-du-Pape 1970
Champagne Comtes de Champagne Taittinger magnum 1971
Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1972
Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1981
Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1986
Champagne Krug Clos du Mesnil 1988
La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1990
Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1996
Richebourg Anne Gros 1996
Château d’Yquem 2009
La Romanée Conti DRC 2009
La Romanée Grand Cru Domaine Liger-Belair 2009

J’ai mis des 2009, bus au pied des fûts, parce que cette année promet d’être une très grande année, comme souvent les vins en "9".

Les autres sont toutes des bouteilles qui m’ont ému.

Jamais, dans mes rêves les plus fous d’il y a dix ans, je n’aurais imaginé pouvoir boire de tels trésors. J’essaie d’en être un modeste et fidèle témoin, pour que leur mémoire ne disparaisse pas.

Liliane mes valises ! jeudi, 6 janvier 2011

Encore un petit billet d’humeur en ce début d’année, que l’on pourrait ranger dans la rubrique : les voeux pour mon pays.

Les lecteurs de ce blog savent peut-être que je n’ai pas de chance avec mes valises. De retour de Las Vegas en passant par Los Angeles, ma valise est allée se balader en Asie et n’a rejoint Paris que cinq jours plus tard.

Allant en Corse avec ma femme via Marseille, c’est la valise de ma femme qui a décidé d’explorer d’autres destinations et n’est revenue qu’un jour plus tard. Quand je suis allé à Pékin, pourtant par un vol direct, il a fallu un jour de plus à ma valise pour me rejoindre.

Et tout récemment, allant à Tokyo, la valise avec tous mes vêtements n’a pas connu un défaut d’aéroport mais la confusion d’un passager. Il a fallu sept heures pour que je la retrouve.

Lorsque l’on sait les problèmes que posent ces retards, tels que l’impossibilité de revêtir du linge propre, on imagine les souffrances qu’ont dû connaître des voyageurs, lorsqu’ils ont su que 28.000 valises ont été bloquées à Roissy entre Noël et le jour de l’An, avec impossibilité de les repérer pendant une semaine. Passer les réveillons dans un aéroport n’est pas le "must" des ambitions.

Si l’on ajoute à cela les vols annulés parce qu’il manque du glycol, les trains qui mettent une journée pour un trajet de quatre heures et les avions qui mettent dix heures pour un trajet d’une heure, on se dit qu’il est indispensable de revoir l’ensemble de la filière du tourisme ou de l’accueil des hommes d’affaires en France.

Du fait de l’écart des revenus entre l’Europe et l’Asie, l’industrie abandonne notre pays. Le tourisme va se révéler plus que jamais notre or noir. L’ensemble de notre pays devrait être mobilisé pour une cause cruciale pour notre avenir : "l’accueil irréprochable du touriste en vue de sa satisfaction".

Il est indispensable de revoir de A à Z la politique de service :

– un aéroport n’est pas un endroit où l’on gère des flux à coûts faibles mais un endroit où chaque touriste reçoit le service qu’il attend, quel qu’il soit.

– les RTT des personnels passent après la satisfaction du client et pas avant

– le service des valises est un service crucial qui ne supporte pas le moindre défaut. La lenteur et l’approximation actuelles ne sont plus de mise

– aux files d’attente, ce n’est pas du bétail que l’on parque, mais des clients à satisfaire

– les toilettes ne sont pas un endroit où l’on doit démontrer la saleté, mais un endroit où l’on doit démontrer la propreté. Et ceci ne vaut pas que pour les aéroports mais aussi pour les gares, les cafés et brasseries, les trains et tous les lieux publics

– l’autoroute du Nord qui rejoint Paris de Roissy ne doit pas être une décharge publique

– on doit pouvoir trouver des taxis rapidement et partout

– les cafetiers doivent parler un minimum d’anglais et être aimables. Le touriste n’est pas un c..nard d’américain mais une personne qui fait vivre notre pays.

– le touriste n’est pas une personne à qui l’on doit arracher du fric en trichant sur le montant à payer mais quelqu’un que l’on doit servir honnêtement.

On pourrait continuer cette liste à l’infini.

La France doit devenir un pays qui accueille les touristes, les respecte, leur offre du service, de la propreté, de l’amabilité, voire même du respect.

Ça peut paraître futile ! Il serait temps que l’on comprenne que c’est une impérieuse nécessité. Le nombre de touristes étrangers qui disent : "je ne vais plus en France, car on ne sait jamais quand on en repartira" est beaucoup plus grand qu’on ne l’imagine.

Une mobilisation du pays sur ce sujet est une priorité nationale. Ce n’est pas demain la veille que l’accueil à la française sera inscrit au patrimoine de l’UNESCO. Et pourtant, c’est le voeu que je forme.

Gare « à vous » mardi, 28 décembre 2010

Il est une expression qui fleurit depuis quelques années et qui me sort par les trous de nez, c’est : "à vous".

J’avoue qu’à vous, ça m’ troue, ça m’ gonfle, ça m’escagasse.

Bon réveillon à vous.

Bon après-midi à vous

Bonnes fêtes à vous

Bon appétit à vous

Bonne dégustation à vous

Et bonne continuation à vous

Quand on est deux dans la même pièce et deux seulement et que la vendeuse me dit : "et bon réveillon à vous", en quoi cette précision apporte-t-elle quelque chose ?

C’est un peu plus énervant que quand un maître d’hôtel vient dire : "excellent appétit" ou "excellente dégustation", le "excellente" ayant un petit côté vaseline qui m’horripile.

Alors, faudra-t-il créer un comité anti "à vous" ?

Il faut que l’on gare à vous, il faut que l’on garde à vous pour les occasions où il est approprié :

"à vous les studios" disent les journalistes qui ne veulent plus être à l’antenne (ce qui est extrêmement rare)

"à vous de jouer" disent les croupiers.

"Le lot 342 est à vous" dit le commissaire priseur, effondré qu’on ait pu enchérir aussi haut pour un lot sans valeur. Et nous avec ce mot sans valeur.

Le prince d’Eckmühl, Davout, aurait certainement aimé qu’on lui dise : "bon après-midi à vous". Il aurait répondu : "non, moi, c’est Davout".

A vous – ez que "à vous" est totalement horripilant.

A exclure.

A vous de jouer.

Gare de Tokyo et Gare de Lyon mercredi, 15 décembre 2010

Après avoir dormi seulement trois heures, je prends avec mon épouse un train en direction d’Avignon pour assister aux obsèques d’une cousine très chère emportée par une maladie incurable. Lorsqu’on a le souvenir des gares de Tokyo, Kyoto et Fukuoka, arriver à la Gare de Lyon fait un choc. Comment un pays comme la France peut-il revendiquer le rang de grande puissance ou se croire encore dans le peloton de tête des pays de la planète, s’il accepte que l’on vive dans une telle saleté. Tout ici est sale. Les abords de loueurs de voitures sont des pièges à saleté et croulent sous les odeurs d’urines des voyageurs qui ne veulent pas payer pour se soulager.

Des toilettes publiques sont fermées, sans doute parce que la dame-pipi a pris ses RTT. Bon. Nous allons à d’autres toilettes, et là, le spectacle est assez édifiant. Une femme plantureuse est assise derrière une grande vitre trouée d’un hygiaphone. Autour d’elle, des fleurs en plastique qui n’ont pas connu de plumeau depuis des lustres. Elle dialogue avec un micro donnant du volume à sa voix, et sa seule préoccupation est de recueillir les 50 centimes nécessaires aux hommes pour une place debout ou la somme correspondant aux places assises. J’imagine volontiers que les feuilles de papier sont données au compte-goutte, car les distributeurs sont tous vides. On est obligé de passer par un tourniquet étroit qu’elle libère si l’on a payé. Les jeux de valises qui ne passent pas par le tourniquet sont assez cocasses. Et à l’intérieur, c’est la saleté congénitale des français qui nous a tellement dépréciés aux yeux des étrangers. Il est évident que cette femme est d’abord caissière – on imagine assez bien les problèmes des étrangers sans monnaie – et en aucun cas nettoyeuse de ces édicules. C’est honteux, indigne, et montre que notre pays s’enfonce en courant dans son sous-développement.

Les TGV eux-mêmes sont sales, les toilettes dans les trains sont d’une grande saleté. Qui aura un jour l’envie de redonner à la France l’envie d’être fière d’elle-même ? Et rien ne peut se construire s’il n’y a au départ la recherche de la propreté, de l’amabilité, du respect des autres. Penser qu’il y a des princes qui nous gouvernent qui considèrent comme une chance d’ajouter encore en France dix millions de personnes de plus dans les trente ans à venir ! On aimerait bien qu’ils remettent les pieds sur terre, passant plus de temps à observer la France telle qu’elle est devenue, plutôt que de doser si une alliance avec les centristes sera plus porteuse de voix au moment des régionales ou de la présidentielle qu’une alliance avec le diable frontiste.

France, qu’es-tu devenue ?

hommage à une diva de la danse et dîner au restaurant de la Maison Blanche lundi, 6 décembre 2010

Un hommage exceptionnel est rendu au Théâtre des Champs Elysées à la danseuse étoile Maia Plissetskaia pour ses 85 ans. L’organisateur est l’association "les amis des saisons russes de XXIème siècle". L’un des sponsors est le champagne Meunier & Cie repris depuis un peu plus d’un an par Julia Goncaruk. C’est grâce à un fidèle ami que je suis invité à ce spectacle exceptionnel.

Le rideau se lève. Un pas de deux est exécuté de façon assez athlétique. Le noir se fait puis un halo de lumière éclaire la diva. Cette femme aux gestes pleins de grâce est d’une folle jeunesse. On lui donnerait facilement 35 ans de moins. Elle s’assied près de Pierre Cardin et le spectacle commence. Il est d’une rare qualité avec des danseurs du Bolchoi, du Marilnski, de l’Opéra de Vienne et de l’Opéra de Paris qui parcourent un patchwork de tous les ballets que Maia a sublimés : lac des cygnes, Carmen, Don Quichotte, Giselle, Shéhérazade, le Corsaire et beaucoup d’autres.

Un repas est prévu ensuite au restaurant de la Maison Blanche. L’apéritif se fait au champagne Meunier & Cie que je trouve léger, fluide, frais et agréable à boire, d’un dosage pertinent. Julia est jeune et belle, vit à Londres et a de belles ambitions pour son champagne d’Ay. Elle connaîtra le succès.

Le menu est : amuse-bouche (petite crème de légumes rouges) / chair de tourteau, gelée de pamplemousse et salade croquante / suprême de volaille fermière rôtie, gratin de macaroni, sauce Albufera / Panna Cotta pistache, framboises fraîches, granité de sangria et mousse légère.

Les vins sont un Chablis William Fèvre 2008 de belle consistance, qui sait donner un joli coup de fouet au champagne Meunier qui prend de la matière, et un Brulières de Beychevelle 2004. Ce rouge flatteur et boisé fait partie des vins de tendances qui ne sont pas pour moi. La volaille, manifestement tenue au chaud pendant des heures est sèche comme un coup de trique.

Les participants sont nombreux d’origine russe, ou issus de la danse, mais aussi du "Tout-Paris". Les cartes de visite s’échangent avec des promesses de se revoir. Les danseurs nous rejoignent pour dîner. Cela me fait instantanément penser à l’albatros : sur scène, ce sont des personnages que l’on idéalise, aux corps touchés par une grâce divine. A table, ils redeviennent des humains.

Le plus fascinant de cette soirée, c’est la grâce extrême et la jeunesse d’une danseuse étoile de 85 ans.

retour en France jeudi, 25 novembre 2010

On dirait qu’Air France a voulu préparer notre atterrissage en douceur pour retrouver le mode de vie français – après tout, l’atterrissage, c’est leur métier – car notre avion part avec une heure de retard. Une anomalie de moteurs nécessite une réparation qui oblige à couper les moteurs auxiliaires. La climatisation ne fonctionne plus et la température dans la cabine atteint vite les 30°. Aucune annonce n’étant faite, on maudit rapidement l’équipage. Au moment du repas, ma femme déplie sa tablette rangée dans l’accoudoir en deux morceaux, et au lieu de se mettre à l’horizontale, elle reste pliée. Un steward nous dit : "ça arrive souvent. Je vais vous arranger ça". Il ne l’a pas fait. Le voyage de retour sur l’A380 fut beaucoup moins plaisant qu’à l’aller.

Entre le moment où les roues de l’avion ont touché le sol et le moment où nous avons quitté Roissy, il s’est écoulé une heure et demie, la palme étant au temps nécessaire pour que les bagages arrivent sur leur tapis. Le seul passage vraiment court, c’est le passage en douane, où aucun contrôle sérieux n’est effectué. La France terre d’accueil, c’est une réalité. L’immersion est réussie : nous sommes vraiment en France, les encombrements pour notre retour à domicile dépassant, en un trajet, ce que nous avons connu au Japon en onze jours.