Déjeuner en ma cave avec mon fils vendredi, 3 février 2023

Avant de repartir à Miami, mon fils a envie de déjeuner avec moi dans ma cave. Il s’occupe de trouver des plats simples chez un traiteur. Nous commençons par un Champagne Moët & Chandon Brut Impérial 1969 de l’année de mon fils. Je suis en totale admiration pour ce champagne qui, lorsqu’il est vieux, devient glorieux. Il est rond, joyeux, confortable. C’est un bonheur de champagne.

J’ai ouvert ensuite un Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1974 dont la capsule est bombée, recouvrant un dépôt noir et terreux qui fort heureusement n’a aucune influence sur le bas du bouchon de belle qualité. C’est fréquent que les vins du domaine de cette période aient des dépôts terreux sous la capsule. Le vin est superbe, représentation emblématique de la noblesse du domaine. Le sel est élégant et la rose est subtile. Ce vin d’une année de peu de puissance montre de ce fait toutes les subtilités et la grâce du domaine. Mon fils et moi sommes émus de tant de sensibilité dans ce vin délicat.

Partager nos sensations avec mon fils est un plaisir pur.

Des vins partagés dans le sud samedi, 21 janvier 2023

Ma fille cadette vient nous visiter dans le sud avec son compagnon. J’ouvre un Champagne Philipponnat Clos des Goisses 1983 que j’avais envie de redécouvrir. Le bouchon et très beau et le pschitt est présent, même si de peu d’énergie. La bulle est présente, la couleur est d’un bel ambre clair. Je bois beaucoup plus souvent des blancs de blancs que des blancs de noirs aussi est-ce un plaisir d’apprécier la typicité de ce blanc de noirs. Il a une très belle énergie, il est vif, intense et combine complexité et noblesse. Tout se passe dans l’attaque car le finale est assez court.

Curieusement le dernier verre que je sers est gris, avec beaucoup plus de sédiment qu’il ne devrait avoir. Et le goût de ce dernier verre est peu plaisant. Ce qui n’empêche pas ce champagne de nous avoir séduit.

Pour le risotto à la truffe noire, j’ai ouvert un Châteauneuf-du-Pape Saint-Préfert 1990 qui est une belle surprise. On dit souvent que Château Rayas est le plus bourguignon des Châteauneuf, et je pense que ce Saint-Préfert délicieux est dans la même direction que Rayas. Et il profite du millésime exceptionnel qui lui donne une solide structure et un charme épanoui. C’est vraiment un vin de belle grandeur.

Le lendemain nous organisons un dîner qui sera fondé sur deux piliers : un plateau de fruits de mer dont chacun a donné ses requêtes et un caviar osciètre avec baguette et beurre. La presque centaine de pièces, huîtres, palourdes, crevettes, langoustines, crabes, bulots et autres est répartie sur trois plateaux. Le Champagne Laurent Perrier Grand Siècle en magnum, dégorgé en 2016 est le compagnon idéal pour ce repas. L’accord le plus brillant est sur les huîtres, car l’iode excite le champagne comme la muleta mise sous le nez du taureau de combat. Sur les crustacés, le champagne est beaucoup plus doucereux et aimable. Je considère le Grand Siècle comme l’un des plus romantiques champagnes. Celui-ci est encore jeune, mais d’un charme subtil.

Des plateaux de fruits de mer aussi copieux, ça donne soif, aussi j’ouvre un Champagne Dom Pérignon 1990. Et c’est totalement idéal pour le caviar car Dom Pérignon semble être le meilleur compagnon possible pour le caviar car le sel du caviar appelle sa douceur. Une combinaison de rêve avec un Dom Pérignon au sommet de sa subtilité.

Un grand dîner avec deux champagnes parfaits.

réveillon de la Saint-Sylvestre 2022 dimanche, 1 janvier 2023

Le réveillon de la Saint-Sylvestre se tient dans notre maison du sud. Tous les vins sauf un proviennent de ma cave de la région parisienne et sont venus avec moi en train. A 15 heures commence l’ouverture des vins du dîner.

Le Château Le Pape Léognan 1929 n’a pas d’étiquette mais la capsule donne le nom et l’année très lisibles. Le niveau est haut pour un vin de cet âge et le bouchon est très court et vient sans problème. Le parfum m’évoque immédiatement la noblesse et la solidité du millésime 1929, l’un des tout premiers du siècle.

J’avais pris un Château Haut-Brion 1923 pour célébrer l’entrée dans le millésime 2023 avec un vin de cent ans. Le niveau dans la bouteille est très bas. Le bouchon extrêmement long est levé tout doucement et vient entier. Le parfum est rassurant, car il n’est pas abîmé par le niveau très bas. Il y a bien sûr des signes de vieillesse, mais je pense que le vin va se reconstituer.

Le Meursault Hospices de Beaune Cuvée Lopin 1955 est un vin que j’ai acheté de la cave de l’Institut de France où il y a un grand nombre de vins dont les bouchons ont été changés et personne à l’Institut ne savait comment et pourquoi cela avait été fait. Il y a donc une inconnue pour chaque bouteille. Je lève un bouchon neutre et l’odeur est rassurante. Le vin ne semble pas madérisé et n’est pas dévié. Il profitera de l’oxygénation lente jusqu’au moment où il sera servi.

La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 1992 a un niveau parfait et un bouchon de grande qualité. Son parfum est timide mais sans problème. En six ou sept heures il s’épanouira.

Le Châteauneuf-du-Pape Brotte et Armenier 1947 est d’une bouteille de grande beauté, avec un beau niveau. Son parfum est magnifique et généreux.

Pour ouvrir le Château d’Yquem 1986, j’utilise un tirebouchon classique. Je lève le bouchon de quelques millimètres et normalement, le tirebouchon devrait être remplacé par une longue mèche pour la levée complète. Mais lorsque je veux enlever le tirebouchon, le bouchon tourne avec lui. Impossible de le lever. Logiquement le bouchon devrait remonter sans problème mais en fait une surépaisseur du verre l’empêche de remonter. Je fais donc ces efforts très lents, mais la mèche du tirebouchon est petite et le bouchon très long. A un moment le bas du bouchon se brise et tombe dans le liquide. N’ayant pas les outils que j’utilise à Paris, je suis obligé de carafer le vin. Comme c’est un jeune Yquem offert par un de nos amis, il ne souffrira pas.

Le Champagne Pol Roger Goût Français Grand Vin # 1940 est un cadeau d’un ami que je n’ai pas vu depuis des années. Il m’a fait savoir qu’il a deux vieux Pol Roger dont il a changé les bouchons pour mettre des bouchons jeunes et m’a indiqué que selon lui, cette opération ne réduit pas la vivacité des bulles. J’ai déjà bu en famille la bouteille la plus basse, vraiment très basse et qui m’avait fait bonne impression, et nous allons boire celle-ci. Pour chaque bouteille il avait joint l’ancien bouchon qui permet d’estimer l’âge. J’ai pensé années 40 mais la mention « interdit d’exporter » pourrait indiquer années 50. Le nez du champagne est prometteur.

Le dernier vin que j’ouvre est le Champagne Dom Pérignon Moët & Chandon 1966, de l’année que je préfère dans la décennie 1960 – 1969. Le bouchon est court et délivre un pschitt discret. L’odeur évoque une belle suavité.

Les amis arrivent à 19 heures. Nous sommes six. Une amie a apporté ce qui fera l’apéritif : poutargue, Pata Negra, toasts au foie gras, asperges, petits toasts de mimolette avec une confiture à la mirabelle et petits toasts de roquefort à la confiture de framboise.

Je sers le Champagne Pol Roger Goût Français Grand Vin # 1940. Quelle surprise ! le champagne est doux, très doux, ce qui est amusant car généralement on disait des champagnes très dosés qu’ils avaient le goût américain. Or Pol Roger les nomme Goût Français. Le champagne est délicieux, expressif, et ce sera la plus belle surprise du repas pour son originalité. Il va avec la poutargue, naturellement avec les toasts. C’est un champagne de grand plaisir.

Nous passons à table et le menu est ainsi construit : comparaison de deux caviars, l’osciètre de Kaviari et un caviar malossol lituanien / coquilles Saint-Jacques crues avec un caviar Baeri / pommes de terre cuites à la vapeur, à la crème et à la truffe / filets de pigeon et purée Robuchon / fromages / Stilton / tarte Tatin.

Le Champagne Dom Pérignon Moët & Chandon 1966 est noble, large et incisif. Il trace sa route. Il convient parfaitement aux deux caviars très différents, le malossol qui est croquant et subtil et l’osciètre fonceur et profond. Le Dom Pérignon est très élégant, charmeur, lui aussi fonceur tant il délivre son message avec une droiture rare. L’accord avec le champagne est divin.

Le Meursault Hospices de Beaune Cuvée Lopin 1955 est servi sur les coquilles et le Baeri. Ce vin est d’une belle complexité et délivre ses subtilités en salves successives. Chaque gorgée n’est pas la même que la précédente ce qui est plaisant et le différencie du champagne 1966 qui ne dévie jamais de sa trajectoire. Le sucré de la coquille est idéal pour mettre en valeur ce meursault qui ne peut pas cacher son âge même s’il est bon.

Les pommes de terre truffées accueillent les deux bordeaux. Le Château Le Pape Léognan 1929 a une couleur d’un rouge sang, d’une jeunesse étonnante. Il est magistral, intense, truffé, long et imposant, et montre parfaitement ce qui fait de 1929 une année mythique. C’est un grand vin qui me plaira tellement que j’en ferai mon gagnant malgré les superbes vins qui vont suivre.

Le Château Haut-Brion 1923 a une couleur plus terreuse. En le buvant, il y a à un moment une trace d’acidité qui ne gêne pas le reste du message. Il est complexe, chaleureux, noble et distingué et chacun arrive à ne pas être rebuté par la trace acide car ce vin figurera dans tous les votes. Il est superbe mais blessé et nous ne sommes pas gênés par sa blessure. L’accord de la crème des pommes de terre est plus brillant avec le Haut-Brion qu’avec le Château Le Pape.

Les deux vins qui suivent accompagnent les filets de pigeon et la purée gourmande. La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 1992 a un nez subtil et gracieux qui évoque toutes les qualités de la Romanée Conti. Le vin est frais, avec ses traces de rose et de sel et mes amis s’extasient, car le vin est élégant, d’un charme raffiné. Je suis moins impressionné car les Richebourg 1963 et 1969 que j’ai bus lors des réveillons de Noël sont à des hauteurs impressionnantes, du fait de l’âge, qui sourit aux vins du domaine.

Le Châteauneuf-du-Pape Brotte et Armenier 1947 est exceptionnel. Le niveau est haut, le nez est imposant mais gourmand et en bouche c’est une plénitude. Il est riche, entreprenant, large et joyeux. Un vin exceptionnel qui sera classé premier dans le décompte du consensus. Une merveille.

J’avais acheté une dizaine de fromages différents. Après l’apéritif copieux et les plats successifs l’esprit n’était pas à prendre du fromage, sauf à goûter un excellent Stilton qui va accompagner le Château d’Yquem 1986. Il est déjà joliment doré, son parfum est idéal et en bouche il est ensoleillé. Yquem est toujours parfait et le Stilton lui convient dans cette jeunesse.

La tarte Tatin de mon épouse devrait être couronnée de mille médailles. C’est moi qui ai eu l’honneur et le courage de retourner le plat à tarte. La pomme est fondante à souhait et l’accord avec l’Yquem est brillant.

Ayant organisé le choix des vins et avec ma femme le choix des plats, ce repas sera classé dans les dîners de wine-dinners, au numéro 270.

Nous sommes cinq à voter pour nos cinq vins préférés. Trois vins sur les huit ont eu des votes de tout le monde : le Châteauneuf du Pape, la Romanées Saint-Vivant et le Haut-Brion 1923. Trois vins ont eu des votes de premier, le Châteauneuf du Pape deux fois, la Romanée Saint-Vivant deux fois et le Château Le Pape Léognan 1929 une fois.

Le classement de l’ensemble de la table est : 1 – Châteauneuf-du-Pape Brotte et Armenier 1947, 2 – Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 1992, 3 – Château Haut-Brion 1923, 4 – Château Le Pape Léognan 1929, 5 – Champagne Pol Roger Goût Français Grand Vin # 1940, 6 – Château d’Yquem 1986.

Mon classement est : 1 – Château Le Pape Léognan 1929, 2 – Châteauneuf-du-Pape Brotte et Armenier 1947, 3 – Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 1992, 4 – Château Haut-Brion 1923, 5 – Champagne Dom Pérignon Moët & Chandon 1966.

Nos amis ont été impressionnés par la pertinence des accords. Je suis heureux que mes vins se soient comportés aussi bien. Nous avons franchi le passage d’un millésime à un autre de la plus belle des façons.

The slow oxygenation method for opening old wines lundi, 26 décembre 2022

This is a actualised version of an article of 2006 :

I create this subject as my method for opening old wines has been called the « Audouze method » on the board of Robert Parker. I find it absolutely funny. Here is what I wrote :

I find it absolutely charming to name this method with my name, especially the verb (I tell that to my friends : some of you say “I have Audouzed my wine”, and my friends do not believe that), but I am certainly not the first to have made the experiment. Bernard Pivot in his Dictionary in love for Wine wrote an article named so : To Audouze a wine = open the bottle as François Audouze does.

At this very moment, the actuality is on the judgement and perspectives on 2005 wines. So, I create a new message just to answer to some questions which arose on a recent discussion. I will not create any sensation. There is already a text that is the reference on my method. I do not know where it is. So, this message gives only some precisions answering to questions.

My personal contribution has been to understand that slow oxygenation has a considerably better effect on a wine than decanting. And of course, the older the wine is, the greater the effect is.

Everybody knows that when someone is found in a desert, still living but lacking cruelly of food and water, it is crucially important to feed him extremely slowly. If fed too quickly, he could die.

So, the so-called Audouze method should be called : slow oxygenation method. But as some of you have tried to use it by making innovations, I would be happy that this method would be called : “do nothing method”.

I would be happy that the method would be used in its total purity.

So, the skeleton of this method is :

         you open a wine 4 to 5 hours before drinking

         you let it stand

         you do not touch it anymore (you store it in a room with appropriate temperature, or in the door of a fridge for white wines)

         when it is time, you pour it in the glasses

         point.

The more you use it in its simplest way, the more you will check how efficient it is.

I have confused some of you by introducing variations. Let us talk about the variations :

1 – enlarge the surface to give more air : it is better to enlarge the time of opening than to enlarge the surface by drinking a drop of the wine. When the wine smells earth, mud, meat, then enlarge the surface (I would not do that today). But if the smell is just shy, let the air play its role.

2 – recork when the smell is very good. You recork with a neutral cork (a cork that smells nothing) only with some millimetres and you do it only when you are afraid that the smell would deteriorate. If the smell of a very old wine is too generous, then you do it (you will do it once out of twenty times or less).

3 – after the slow oxygenation, decant at the last moment : I would not do it as I prefer to never shake the wine by a not necessary operation. The sediment remains at the bottom of the bottle. That’s it.

4 – change the time before opening and service : it is clear that the youngest the wine is the more it will accept a long time. For La Mouline Guigal 1990, you take no risk by opening it 8 to 12 hours before.

A question has raised for champagnes. Generally I do not open champagne before serving. The noise of the opening belongs to the symbols of the rarity of the moment of serving champagne. Anyway, it could be done for very strong champagnes like Krug and Salon which could benefit from 20 minutes of open air (today I would say 2 hours). For old champagnes, I would not recommend it (today I would say for old champagnes, open them two hours before serving).

So, I hope it answers to your questions :

         for young wines, do what you want, as the differences will be minimal, but I would prefer a young wine opened with slow oxygenation than with decanting : question of smoothness

         for old wines, use the method in its simplicity

         if you decide to buy a very expensive wine in a restaurant, I suggest that you buy it before the meal and ask the sommelier to open it four hours before. You will use your money largely better.

Thank you for the interest that you show for the method that I use and which helped to save the life for a great number of wines, which would have been refused and thrown away if this method had not been used.

Le deuxième réveillon de Noël dimanche, 25 décembre 2022

Le second réveillon de Noël sera le soir du 24 décembre. Nous serons huit, ma femme, mes deux filles, leurs quatre enfants et moi. Il n’y aura que quatre buveurs. Nous attendons nos invités vers 18h00. C’est donc dès 14 heures que je commence les ouvertures des vins. Je commence par les champagnes.

Le bouchon du Moët & Chandon Brut Impérial 1980 a failli me sauter des mains tant la pression du gaz a créé un pschitt étonnamment puissant. Le bouchon est beau et de belle qualité. Le parfum est idéal, généreux, large et conquérant.

Le bouchon du Dom Pérignon 1980 se brise à la torsion et la lunule restée dans le goulot est retirée au tirebouchon. On voit que la qualité du liège est moins belle que celle du Moët. Le parfum est plus discret, subtil, prometteur lui aussi mais sur un registre plus calme.

Le Mouton-Rothschild 1967 a un niveau entre mi-épaule et basse épaule et la capsule a été abîmée ce qui peut expliquer la perte de volume. Le bouchon est un peu gras et noir sur une bonne partie de son cylindre. En sentant le vin j’éprouve un sentiment très positif. Le vin paraît au nez précis, noble et élégant. Nous devrions boire un grand vin.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1963 a un niveau très acceptable pour les vins de la Romanée Conti de cette époque à environ huit à dix centimètres sous le bouchon. Lorsque j’enlève la capsule, je vois un tas de poussière noire sur le haut du bouchon, ce qui m’étonne toujours. Comment le bouchon a-t-il pu exsuder toute cette poussière qui sent la terre et une poussière peu amène ? Un tel phénomène se voit très souvent sur les vins du Domaine de plus de cinquante ans. Le bouchon n’est noir que sur un quart de sa longueur, bouchon de belle qualité. Le parfum de ce vin est un miracle. Je suis tellement heureux de trouver tout ce que j’aime dans les vins de la Romanée-Conti, la rose et le sel mais poussés ici à un paroxysme de perfection. Quel bonheur. J’ai toutes les raisons d’être heureux.

Tout le monde est présent à 18 heures. Les nombreux cadeaux sont dispersés sous le sapin. Nous commençons l’apéritif devant la cheminée qui crépite avec le Champagne Moët & Chandon Brut Impérial 1980. Sa couleur est particulièrement claire pour un champagne de 42 ans. Son parfum est généreux, large et gourmand et en bouche c’est un rayon de soleil. Voilà un champagne si agréable à boire que tous les amateurs de vins en feraient leur ordinaire, tant il est bon. La tarte à l’oignon est idéale car l’oignon est presque sucré ce qui excite la douceur du champagne. L’accord est un régal.

L’apéritif fait un intermède pour la distribution des cadeaux. Je suis toujours étonné de voir à quel point mes petits-enfants sont au courant de ce qui fait la mode. Le pull, la chaussure, le parfum qu’il faut avoir leur est offert par un membre de la famille. Et ce ne sont que des « oh » et des « ah » pour consacrer la justesse des choix des cadeaux. Tout le monde est heureux.

L’apéritif reprend sur des chips à la truffe et une autre tarte à l’oignon, avec le Champagne Dom Pérignon 1980. Ils sont totalement différents. Le nez du second est beaucoup plus discret et le vin est plus subtil, plus raffiné, plus complexe. Mais s’il est grand, il n’entraîne pas dans une farandole de plaisir.

Le Dom Pérignon va accompagner une pomme de terre à la crème et à la truffe et créer un accord magnifique. On avait annoncé que la truffe noire 2022 ne serait pas exceptionnelle, du moins c’est ce que j’avais cru entendre, mais cette truffe offerte par mon fils non présent est une merveille et le Dom Pérignon devient divin.

Nous allons nous partager en deux camps, ceux qui préfèrent le Moët et ceux qui adoptent le Dom Pérignon. Je suis dans le camp des partisans du Brut Impérial. Je voulais mettre ensemble ces deux 1980 pour voir s’ils sont proches ou lointains. Je n’imaginais pas qu’ils puissent être aussi différents.

Ma femme qui cuisinait depuis deux jours et avait fait cuire à feu doux un gigot d’agneau dans un bouillon de légumes le sert maintenant. La chair est fondante. Mes filles s’émerveillent devant le Château Mouton-Rothschild 1967 qui a un parfum précis et noble et une bouche d’une grande distinction. C’est un grand vin qui justifie le classement de premier grand cru classé qu’il n’obtiendra que six ans après ce millésime. Le vin est grand, raffiné, noble, riche et profond. Mes filles l’adorent.

J’ai tout fait pour retarder le plus possible le moment de servir le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1963 car il aurait fait de l’ombre au Bordeaux. Lorsque je le sers, c’est une explosion de bonheur. Mes filles sont conquises. Ce vin est magique. Le nez est intense, de sel et de rose clairement signifiés. En bouche c’est un festival de complexités. Ce vin a un charme inouï, imprégnant tant il est fort. Je me régale et mes filles aussi. Et l’on voit que l’on peut adorer un grand Bordeaux comme ce Mouton d’une année assez calme mais qui a trouvé un très bel équilibre, et passer ensuite à un vin qui emmène sur une stratosphère gustative.

Mes deux filles ont préféré ce 1963 au 1969 que nous avons goûté il y a cinq jours avec mon fils. Je n’ai pas le même avis, car même si le charme de ce 1963 est irréel (qui l’aurait cru de cette année), le 1969 a une charpente et une solidité qui en font un vin d’une performance un peu plus aboutie.

Les deux rouges ont pu briller selon les fromages qui ont été présents, brie à la truffe, saint-nectaire, camembert et autres.

Le dessert est de poires crues coupées en deux et recouvertes de chocolat. J’ai servi le reste du Porto Ferreira 1815 que j’avais ouvert il y a quelque temps. Ce porto m’est apparu plus ancien que ce que j’avais ressenti la première fois, mais on est loin des 207 ans annoncés sur l’étiquette. Le Porto est bon mais assez conventionnel, sans grande émotion.

Mon classement des vins de ce soir est : 1 – Richebourg 1963, 2 – Moët 1980, 3 – Mouton 1967, 4 – Dom Pérignon 1980. Tous ont été d’un charme passionnant.

Ce deuxième réveillon de Noël, comme le premier avec mon fils, a été un grand moment de joie familiale.

Déjeuner chez ma soeur jeudi, 22 décembre 2022

Avec ma femme nous nous rendons chez ma sœur et son mari. J’ai annoncé que j’apporterais les vins, ce qui serait mon cadeau. De bon matin dans ma cave j’ai ouvert les vins du déjeuner et juste avant de partir j’ai mis des bouchons pour transporter les vins. Généralement j’ouvre les vins à l’endroit où ils seront bus, mais là, il fallait les ouvrir dans ma cave et les apporter. J’ai constaté que cela n’a pas affecté les vins.

Pour l’apéritif et le somptueux plateau d’huîtres, le Bâtard-Montrachet Veuve Henri Morini 1992 est ambré et son nez est délicat. Je le trouve un peu vieux, mais avec les produits de la mer, huîtres, crevettes et langoustines, le vin va s’élargir, devenir plus gras, étoffé et retrouver une jeunesse qu’il n’avait pas au début.

Le Château La Louvière Léognan 1950 a un nez profond et incisif. En bouche il est dense, riche, truffé et d’une belle jeunesse. Il a 72 ans, mais on pourrait lui donner moins de vingt ans. Sa densité est extrême. Je suis assez surpris de sa précision. Le blanc ayant été fini assez vite, le vin rouge a cohabité avec les huîtres sans qu’il s’agisse d’une hérésie. C’est une merveille qu’il ait cette jeunesse et cette richesse.

Le Mazis-Chambertin Poulet Père & Fils 1961 a un nez qui évoque le salin des vins de la Romanée Conti. En bouche, il est d’un charme bourguignon particulier, fait de sel, de râpeux, de retenue. J’adore ces messages tout en subtilité et persuasion. Un Maroilles puissant de belle personnalité donne de la rondeur au vin de Bourgogne.

Une délicieuse mousse au chocolat conclut ce repas agréable où les trois vins ont brillé, les rouges se montrant d’une jeunesse inattendue.

Le cadeau à mon beau-frère

les vins

Réveillon de Noël anticipé mardi, 20 décembre 2022

Le lendemain, 19 décembre nous allons faire un Réveillon de Noël anticipé puisque mon fils repartira pour fêter Noël à Miami. Dès 14 heures, je veux ouvrir le magnum de Château Margaux 1947 car il y a une incertitude à son égard. J’ai eu l’opportunité d’acheter des vins de la cave de l’Institut de France, Quai Conti, et beaucoup de bouteilles avaient donné lieu à un changement de bouchon recouvert de cire. De ce fait rien ne pouvait assurer que les vins soient bons.

La cire très dense est difficile à casser et enlever. Le bouchon court et neutre doit avoir moins de vingt ans. Le nez ne me déplait pas. Je peux imaginer que ce soit bien Château Margaux et que l’aération va l’épanouir. Je n’ai donc pas besoin de prévoir de remplacer ce vin.

J’ouvre ensuite une bouteille de Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1968 à l’étiquette très déchirée, à la couleur légèrement ambrée sympathique et au niveau correct pour cet âge. Le bouchon est noir sur une petite partie haute et je peux voir la confirmation de l’année qui m’avait été annoncée, illisible sur l’étiquette et sans ambiguïté sur le beau bouchon. Le parfum est discret mais prometteur. Voilà une bonne nouvelle.

Je vais ouvrir maintenant une bouteilles d’un vin de la Romanée Conti qui n’a plus d’étiquette sauf un minuscule petit morceau dont un bout de H et un bout de E indiquent qu’il s’agit d’un Richebourg. Quant à l’année, elle a été vue par mon vendeur, qui a délicatement découpé la capsule pour la faire apparaître. Il s’agit donc d’un Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1969 au beau niveau.

Le bouchon vient entier et la moitié supérieure est noire, ce qui ne permet pas de confirmer Richebourg, alors que l’année, au bas du bouchon, est clairement lisible. Je sens le vin et mon émotion est à son comble car c’est le parfum idéal d’un vin du Domaine, avec une senteur de sel si caractéristique. Ce vin a toutes les chances d’être le plus grand du repas.

Nous sommes onze, dont ma femme et moi, nos trois enfants plus un conjoint et cinq de nos six petits-enfants. Seulement cinq convives boivent du vin. Avant que ne débute l’apéritif mon fils boit avec moi le reste du Champagne Pol Roger sec des années 40 qui a gagné en largeur et affiche plus distinctement son caractère doux. C’est un beau champagne que le bas niveau n’avait pas abîmé. Il lui fallait seulement plus de temps pour s’assembler.

L’apéritif consiste en des chips à la truffe, délicieuses et en des boudins blancs coupés en lamelles et poêlés. Le Chevalier-Montrachet La Cabotte Bouchard Père & Fils magnum 1992 a toujours un parfum épanoui et entraînant et une belle complexité joyeuse. Le Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1968 a un parfum discret et une attaque discrète et tout se passe en fait dans le finale qui est d’une longueur impressionnante et d’une richesse rare. En plaisir pur, à cet instant, le Chevalier est plus fringant que le vin de la Romanée Conti. Mais son ascension va être impressionnante.

Nous passons à table pour manger du caviar osciètre de Kaviari avec les deux vins blancs. Alors que d’habitude l’accord de ce caviar se trouve avec des champagnes, je suis heureux de constater que les deux vins blancs se marient bien avec ce beau caviar au sel bien dosé. Le Montrachet commence à s’élargir alors qu’il a été ouvert cinq heures avant le repas. On s’aperçoit que des dés de saumon avaient été oubliés alors qu’ils devaient soutenir l’apéritif. Ils sont mangés maintenant et les deux blancs les acceptent.

Le foie gras apparaît maintenant. Comme pour le caviar, mon credo est : foie gras égale champagne. Mais les vins prouvent le contraire et le Montrachet a maintenant trouvé son envol. Son attaque en bouche s’est élargie. En bouche il est plein, puissant et complexe et c’est le finale qui prouve sa race, sa noblesse et sa supériorité manifeste. Il n’a pas un gramme de botrytis, il est donc sec, il n’est pas d’une année puissante, mais il a trouvé sa voie et brille comme un vin d’une complexité rare. Mes enfants sont aux anges, car c’est leur premier Montrachet du domaine.

Ma femme a fait cuire des poulets bio à basse température. La chair est tendre et une purée faite de châtaigne, de butternut et de soupçons de Cranberry l’excite gentiment. Le Château Margaux magnum 1947 qui avait un niveau entre basse épaule et mi-épaule se montre absolument brillant. Il est large et sensible, profond avec des notes à peine truffées, riche mais féminin et d’une longueur majestueuse. C’est un grand vin noble réussi. Son équilibre fait plaisir. Connaissant l’incertitude que représentait le rebouchage non fait au château, je suis plus que ravi.

C’est maintenant l’heure du Wagyu d’une tendreté opulente divine. Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1969 subjugue mes enfants. Sa signature Romanée Conti est confondante. Il incarne le sel qui fait le talent du Domaine. C’est un vin grandiose, sensible, émouvant, d’une séduction infinie. Quel grand vin ! Nous sommes aux anges.

Nous avons tant mangé que les fromages surnuméraires ne seront pas mangés.

Ma fille aînée a apporté une buche à la meringue et au citron. Mon fils a la même idée que moi. Il y a des mois et des mois que nous n’avions pas bu le fameux Calvados que m’avait offert un chauffeur de camion de mon ancienne entreprise, qui avait toujours deux bouteilles sous son siège : une pour offrir et une autre pour sa consommation à l’époque où les tests d’alcoolémie n’existaient pas.

Nous avons voté avec mon fils pour les deux repas. Le gagnant magistral est le Richebourg 1969. Le deuxième, du fait de son originalité mais aussi de son goût est l’Hermitage 1918. Le troisième est le Montrachet 1968 à la complexité brillante. Le quatrième est le Chevalier Montrachet 1992 au charme extrême et au parfum superbe. Le cinquième est le Château Margaux 1947 noble et précis.

Le plus important sentimentalement est la chaleur de la cohésion familiale, ce qui n’a pas de prix, mais mes enfants, pourtant habitués à boire de grands vins avec moi ont été éblouis par la profusion de vins légendaires. Voilà donc un grand pré-Réveillon.

le seul indice du nom « Richebourg » et l’année par le bouchon

Présentation des vins de 2019 du domaine de la Romanée Conti jeudi, 8 décembre 2022

Comme chaque année Aubert de Villaine, qui dirige le domaine de la Romanée Conti vient présenter au siège de la société Grains Nobles les vins du dernier millésime mis en bouteille. Ce sera le 2019. Il devait être accompagné de son neveu Bertrand de Villaine, qui n’a pas pu se libérer de ses obligations.

Aubert de Villaine nous annonce qu’il s’est mis en retrait et pas en retraite, car il continue à s’intéresser à ce qui se passe au domaine. Il présente le millésime 2019 qui peut être considéré comme un grand millésime. C’est un millésime complet, d’une année passionnante que l’on peut qualifier de facile. L’hiver a été peu pluvieux, la chaleur a commencé très tôt, le débourrement a été précoce. Il n’y a pas eu de risque de gel. Il a fait chaud et les travaux ont dû être accélérés, la taille, l’ébourgeonnage, ce qui a posé des problèmes de timing. La floraison a été précoce et il y a eu un manque d’eau. Il y a eu du millerandage conduisant à un avortement partiel des grains de raisin, mais ce qui est aussi un signe de qualité.

Il a fait très chaud en juin, puis en juillet avec des périodes de canicule et une accélération de la maturité. Il y a eu des baies qui brûlent avec le risque que la vigne se mette en mode de survie, mais ça s’est bien passé. Il y a eu une petite pluie le 5 septembre et la maturité est allée très vite. On a évité la sur-maturité. La vendange a commencé le 15 septembre et le Montrachet a été vendangé plus tard.

Le profil de 2018 était très différent avec une vigne plus stressée. 2019 a fait des vins magnifiques avec des raisins juteux aux couleurs magnifiques, comparables au millésime 1865. C’est intéressant qu’Aubert de Villaine mentionne 1865 car dans la revue Vigneron qui vient d’être publiée je consacre un article d’une page au millésime 1865 qui dans plusieurs régions est considéré comme un millésime unique. Voilà une nouvelle convergence que je peux ajouter à celles que j’avais faites.

Aubert de Villaine nous fait méditer sur le fait que 1864 est très proche de 2018 et 1865 très proche de 2019, ce qui semble indiquer que le comportement de la vigne lors d’un millésime influence la vigne lors du millésime qui suivra.

C’est une réflexion que j’ai eue aussi, mais en tant que dégustateur. Pourquoi 1899 et 1900 sont des millésimes mythiques comme 1928 et 1929, 1989 et 1990 et j’y ai ajouté une interrogation qui est la suivante : pourquoi les années mythiques se succèdent d’une année sur l’autre ou bien avec un intervalle d’un an : 1869 & 1870, 1899 & 1900, 1928 & 1929, 1945 & 1947, 1959 & 1961, 1989 & 1990. Un millésime n’est donc jamais isolé dans le fil du temps.

Nous passons maintenant à la dégustation.

Le Corton Grand Cru Prince Florent de Mérode Domaine de la Romanée Conti 2019 a donné très peu de bouteilles du fait d’une très grande sélection. Le nez est extrêmement intense et incroyable. La bouche est flatteuse et charmante. Le vin est gourmand et superbe avec une belle fraicheur. Il y a eu 100% de vendange entière ce qui donne une petite touche végétale qui explique la fraîcheur.

J’ai eu la chance de déguster ce Corton depuis la première année qui est 2009. Le progrès de ce vin est éblouissant. La réussite est certaine. Ce vin est impressionnant.

L’Echézeaux Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2019 a un nez d’un raffinement extrême, fait de velours. L’attaque en bouche est forte. Le vin est viril. Il a une puissance inhabituelle. Il aura une longévité extrême. Il a une belle fluidité, il est droit et solide, très concentré. Il a 90% de bois neuf, mais on ne le sent pas, comme pour le Corton je dirai que ce vin est impressionnant.

Le Grands Echézeaux Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2019 a un nez plus calme, mais on sent qu’il annonce une bouche superbe. Et effectivement l’attaque est superbe et plus élégante que l’Echézeaux. Son finale est plus court, mais quelle grâce. C’est un vin de plaisir où l’on sent un peu de chocolat. Aubert de Villaine dit que c’est un vin discret.

La Romanée Saint-Vivant Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2019 a un parfum élégant et noble. En bouche le vin est renversant. Il a la douceur, le charme, la noblesse. Je note : c’est fou. C’est un vin immense de qualité. Aucun vin ancien ne pourrait donner l’émotion que porte ce vin jeune. Il y en aura d’autres mais quelle fraîcheur, quelle finesse. Ce vin éblouissant est parfait.

Le Richebourg Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2019 a un nez puissant et élégant. En bouche il combine puissance, équilibre et gourmandise. Il passe en force mais on voit bien qu’il est grand. Il a des petites pointes de poivre.

La Tâche Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2019 est servi dans de grands verres Riedel qui ont un peu perturbé ma dégustation. Ainsi je trouve le nez fermé et cela subsistera en changeant de verre. La bouche est pleine de grâce. C’est un très grand vin mais qui me semble plus discret que les autres. Il faudra l’attendre et il sera très grand. Sa finesse et sa complexité font qu’il sera très grand mais j’ai senti Michel Bettane et Bernard Burtschy plus laudatifs que je ne l’ai été. Je suis sans doute passé à côté.

La Romanée Conti Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2019 a un nez élégant où je trouve plus de fruit rouge que dans les autres vins. La bouche est tellement agréable, de fraîcheur et de subtilité. Mais c’est surtout le finale qui est d’une largeur aromatique formidable. Le finale fabuleux m’émerveille. Le milieu de bouche est joyeux et gourmand mais c’est vraiment dans le finale que le vin est immense. On s’habitue à sa gourmandise et je sens le cousinage avec la Romanée Saint-Vivant.

Ce que je retiens à ce stade, c’est l’immense progrès du Corton, la grâce de la Romanée Saint-Vivant et le finale de la Romanée Conti. Sans oublier bien sûr que les autres sont superbes, confirmant la qualité du millésime.

Le Montrachet Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2019 est d’une couleur très claire qui confirme l’absence de botrytis. Le nez est incroyable de force. Il a des pointes de pierre à fusil. C’est le Montrachet absolu. Quelle classe. C’est un régal. C’est un monstre de bonheur, extraordinaire et hors norme. Il est la perfection absolue et on ne peut pas imaginer qu’il puisse devenir meilleur. Il est étonnant et évidemment le premier de cette dégustation. Il est très certainement un des plus grands Montrachet Domaine de la Romanée Conti que j’ai bus.

Si je pense aux émotions ressenties, je dirais : 1 – l’extraordinaire Montrachet, 2 – la grâce divine de la Romanée Saint-Vivant, 3 – le finale entraînant de la Romanée Conti, 4 – la réussite de l’Echézeaux, 5 – le niveau atteint par le Corton.

Selon la tradition nous avons dîné avec Aubert de Villaine, Michel Bettane et Bernard Burtschy, l’équipe de Grains Nobles et deux élèves de Sciences Po qui ont aidé au service des vins et sont passionnés de vins. J’avais apporté un Vega Sicilia Unico 2000 au finale d’une fraîcheur mentholée, qui a accompagné la simple et sentimentale cuisine du lieu que j’apprécie.

Cette soirée fut mémorable avec des vins jeunes au sommet de leurs qualités.


Aubert de Villaine salue un habitué américain

la couleur de la Romanée Conti

le dîner

37ème séance de l’Académie des Vins Anciens samedi, 3 décembre 2022

La 37ème séance de l’Académie des Vins Anciens se tient au restaurant Macéo. Je suis arrivé au restaurant à 15 heures pour ouvrir les vins. Il y aura une cinquantaine de vins pour les 37 inscrits aussi vais-je ouvrir les vins des trois groupes dans l’ordre de service en passant d’un groupe à l’autre pour que le temps d’aération soit le même pour tous les groupes. C’est une opération très fatigante car il y a de nombreux goulots qui ne sont pas cylindriques dont le pincement entraîne une déchirure des bouchons qui remontent en charpie. Pour les trois vins du Jura de 1914, les bouchons sont durs comme du béton et extrêmement serrés. Il me faudra une force herculéenne pour les extirper.

Le vin allemand de 1979 a une odeur de bouchon qui est probablement la pire de ce que j’ai pu sentir. La tentation serait de l’éliminer mais il faut toujours laisser une chance au vin, même si je n’y crois pas. L’une des deux bouteilles de Château La Mouline 1961, celle du groupe 3, a le bouchon qui a sombré dans la bouteille. Je considère que le vin ne sera pas buvable aussi, comme la table 3 a 13 convives au lieu de 12, je décide de leur affecter le Château Gruaud-Larose 1962 au nez superbe.

Les vins offrent des parfums variables, le Vieux Château Certan 1967 me paraît fatigué, les trois vins d’Algérie qui, je l’espère, seront les vedettes de la table 1 ont des parfums très engageants. Le Châteauneuf-du-Pape 1961 a un parfum qui m’inquiète alors que celui de 1969 est prometteur. Tous les vins d’Alsace ont de beaux parfums forts. Les vins bourguignons sont en pleine forme.

J’ai vu de nombreux bouchons présentant des petits trous indiquant la présence de parasites, dont les trois vins du Jura et d’autres encore.

Béatrice, qui m’aide à gérer les verres et les vins a ouvert quelques vins, dont les liquoreux et les champagnes ce qui fait que l’opération d’ouverture est finie à 17h30. Il y a longtemps qu’aucun académicien n’est venu m’aider pour les ouvertures, certains apportant des vins de réconfort pour les ouvreurs.

Voici le programme des vins de ce dîner dont j’ai fourni 26 d’entre eux.

Les champagnes anciens, bruts sans année : Champagne Gardet Extra Quality Finest Réserve Brut – Champagne GH Mumm Cordon Rouge – Champagne Heidsieck Monopole Dry – Champagne Lanson Extra Quality Brut Rosé – Champagne Martin Laurent Brut – Champagne Mercier Private Brut.

Les vins du groupe 1 : Vin blanc illisible Hospices de Beaune 1953 – Bâtard Montrachet Pasquier-Desvignes & Cie 1929 – Côtes du Jura Blanc 1914 – Château Gruaud-Larose Saint-Julien Cordier 1962 – Vieux Château Certan Pomerol 1967 – Gevrey-Chambertin Bouchard Aîné et Fils 1953 – Côtes du Jura Rouge 1914 – Châteauneuf du Pape CH Bader-Mimeur 1961 – Le Rabelais Haut Dahra Ets Jouvin Alger 1951 – TSMARA Domaine du Fendeck Comte Hubert d’Hespel 1929 – Sidi Brahim Grand Vin Vieux Haut Mascara # 1930 – Vouvray Vernon Négociant 1947 – Malvoisie Coteaux d’Ancenis Louis Guindon 1964 – Marsala Superiore Florio &Co ACI 1840.

Les vins du groupe 2 : Riesling Bott Frères Greiner 1967 – Eberstadt WeingartnerTrollinger Genossencchaft 1979 – Puligny Montrachet Clos de la Mouchère Nicolas 1980 – Château La Lagune Haut Médoc 1970 – Château Beychevelle Saint-Julien 1970 – Château La Mouline Moulis en Médoc 1961 – Château La Conseillante Pomerol 1962 – Château Haut-Marbuzet, Saint-Estèphe 1962 – Château de Pez Saint Estèphe 1955 – Châteauneuf-du-Pape Château des Fines Roches 1969 – Clos Fontindoule Monbazillac G. Cros années 60 – Loupiac Cru Peytoupin Vve Robert Cartier 1964 – Sainte Croix du Mont Bouchard Père & Fils 1955.

Les vins du groupe 3 : Pouilly Fuissé Debaix Frères blanc 1961 – Puligny Montrachet Les Folatières Savour Club 1982 – Chablis Grand Cru Blanchots caves du Nectar Bourguignon 1963 – Gewurztraminer Clos St Imer Goldert Ernest Burn 1989 – Château Trotte Vieille 1973 – Lynch Bages 1970 – Château La Mouline Moulis en Médoc 1961 – Chambolle Musigny Joseph Drouhin 1967 – Pommard – Epenots Armand Girardin 1938 – Côtes du Jura Rouge (ou blanc ?) 1914 – Loupiac Nicolas années 60 – Sauternes Lahon Frères 1939 – Cérons JH Rivière Fils 1947.

L’invitation est de venir à 19 heures mais dès 18 heures les premiers académiciens se présentent ce qui poussera à ouvrir les champagnes beaucoup plus tôt. J’en avais prévu neuf, mais Adrian Williamson, le directeur des lieux qui a géré cette séance avec efficacité m’avait dit que c’est beaucoup trop aussi nous n’avons bu que six bouteilles avant de passer à table. Tous ces champagnes sans année sont des années 60 ou des années 70. Le Mumm Cordon rouge, le Mercier et le Lanson se sont montrés particulièrement brillants. Pour beaucoup, ces champagnes anciens aux couleurs ambrées sont de belles découvertes. Les délicieuses gougères mettent en valeur ces champagnes

Nous passons à table avant 20 heures. Le menu sera : truite en gravlax, citron confit et chou-fleur dans tous ses états / cabillaud sauvage rôti et moules safranées, pak choï / navarin d’épaule d’agneau, navet boule d’or / fromages affinés par la maison Bordier et fromages des membres / honeycake au miel de sarrasin, curd de mangue et fruit de la passion.

Tous les plats ont été pertinents et goûteux. Seul le dessert n’apportait rien aux vins.

J’avais posé sur chaque table les vins rouges dans l’ordre de service. Cela a facilité le service et a permis que chaque convive se concentre sur les vins de sa table. De ce fait que je n’ai pas goûté des vins des autres tables.

Le Vin blanc illisible Hospices de Beaune 1953 a un nez extraordinaire et le vin en bouche est une réussite absolue. C’est un très grand vin, de la qualité d’un grand cru, avec un fruit généreux et une mâche joyeuse.

Boire un Bâtard Montrachet de 1929 est extrêmement rare. Le Bâtard Montrachet Pasquier-Desvignes & Cie 1929 est assez énigmatique. Il délivre de belles complexités et des goûts très inhabituels, mais il lui manque un soupçon de charme pour qu’on puisse l’aimer.

J’ai mis à ma gauche à la table 1 un ami généreux qui a apporté trois vins du Jura de 1914 dont il m’a dit ceci : les bouteilles sont issues de la cave du commandant Georges-Emile Grand (1886-1974). Les bouteilles ont été achetées à l’époque et ont été conservées dans cette cave jusqu’à son partage récent entre les descendants. Les millésimes étaient écrits à la craie et les bouteilles rangées par casiers. L’ami avait bu un 1929 plaisant ce qui m’avait poussé à faire ce cadeau à l’académie.

Je suis servi en premier du Côtes du Jura Blanc 1914 et mon ami est servi en dernier aussi la couleur de son verre est nettement foncée par rapport à mon verre clairet. L’ami estime que son verre est plus riche et goûteux que le mien. Je le goûte et je préfère nettement mon verre clairet donnant un vin frais, fluide et très plaisant même s’il n’est pas très complexe. Boire ce vin de 108 ans est très enthousiasmant.

Des amis m’ont dit que le Château Gruaud-Larose Saint-Julien Cordier 1962 que j’avais transféré à leur table s’est montré brillant.

Quelle surprise avec le Vieux Château Certan Pomerol 1967 dont je n’avais pas aimé le parfum. Il est brillant, pur et n’a pas un gramme de défaut. C’est un vin très plaisant.

Le Gevrey-Chambertin Bouchard Aîné et Fils 1953 est d’une pureté et d’un charme que je n’imaginais pas à ce niveau. C’est un très grand vin d’une subtilité rare. Je l’ai adoré. Et les deux 1953 de ma cave, le blanc et celui-ci se sont montrés parfait.

Le Côtes du Jura Rouge 1914 a des accents charmants, mais est peu porteur d’émotion.

Le Châteauneuf du Pape CH Bader-Mimeur 1961 avait un parfum indécis. Il s’est élargi avec l’aération mais il manque un peu d’émotion. Il faut dire que je suis tellement impatient d’accueillir les trois vins algériens que j’abrège mon parcours avec ce vin du Rhône.

Le Rabelais Haut Dahra Ets Jouvin Alger 1951 a un parfum très algérien avec des évocations de tabac et de café. En bouche c’est une surprise car ce vin plaisant a de forts accents de marc. Nous nous sommes amusés à dire qu’un vin algérien hermitagé au marc est particulièrement original. Le vin est bon, mais la trace de marc est forte.

Il va se passer maintenant quelque chose d’inouï. On me sert le Sidi Brahim Grand Vin Vieux Haut Mascara # 1930 car je goûte en premier tous les vins. Je bois le vin, je ferme les yeux, je mets mes mains sur mes yeux, et je m’enferme dans une bulle imaginaire, où n’existent plus ni le temps ni l’espace. Je suis en train de boire un vin parfait, le vin qui a un tel pouvoir qu’il me crée un choc physique.

En face de moi, l’ami qui a apporté le Sidi Brahim s’inquiète. Que se passe-t-il ? Ai-je souffert de goûter ce vin ? Je le rassure et je lui explique que quelques vins dans ma vie ont été d’une telle perfection que mon corps a ressenti fortement le génie magique du vin. Ceci m’est arrivé pour un Yquem 1900, pour un Hermitage La Chapelle 1961 et pour un Montrachet Bouchard Père et Fils 1865. Cela m’est sans doute arrivé d’autres fois mais ces trois exemples percutants sont rejoints par ce Sidi Brahim. Pour que l’on comprenne bien, j’ai bu des vins absolument transcendantaux comme Les Gaudichots 1929 de la Romanée Conti, comme Pétrus 1950 en magnum. Ils étaient brillantissimes, et certainement plus complexe que ce vin algérien, mais pas au point de me donner ce choc physique de l’apparition de la beauté absolue.

Et ce Sidi Brahim, totalement cohérent, rond, parfait, a ce pouvoir inouï de représenter la perfection absolue. Alors, je suis revenu de mon petit nuage pour boire les autres vins, encore ému.

Le vin que j’attendais le plus est le TSMARA Domaine du Fendeck Comte Hubert d’Hespel 1929 qu’une charmante dame m’avait proposé d’apporter, en souvenir de son grand-père qui possédait ce vin. Elle m’avait demandé quoi en faire et je lui ai proposé de le boire à l’académie. Ce vin est parfait, d’une complexité beaucoup plus grande que celle du Sidi Brahim, très algérien et évoquant un cousinage avec les grands Royal Khebir. Ce qui en fait un vin rarissime, c’est son millésime. Il n’a aucune trace de vieillesse. Il est grand, noble, mais ne peut atteindre l’émotion que m’a donné le Sidi Brahim.

Le Vouvray Vernon Négociant 1947 est absolument remarquable de douceur et de fraîcheur. Il a une longueur extrême que donne sa fraîcheur.

Le Malvoisie Coteaux d’Ancenis Louis Guindon 1964 est une belle curiosité. Il y a des saveurs épicées et des douceurs rares, mais ce vin sec n’atteint pas l’émotion du Vouvray.

Le Marsala Superiore Florio &Co ACI 1840 avait été apporté par l’un des plus fidèles et généreux des membres de l’académie. Il était sans illusion car il est évident que ce vin est plus jeune d’au moins un siècle que ce qui est annoncé sur l’étiquette, car la présence alcoolique est trop forte. Il est délicieux à boire pour un vin qui aurait cent ans de moins.

Tout s’est passé au mieux. J’ai eu une surprise en allant à la table 2 pour demander si le vin allemand avait été écarté. Non seulement il a été bu mais certains l’ont aussi aimé. Etait-ce le jour des miracles ?

Mon classement met le Sidi Brahim vers 1930 à des années lumières au-dessus des autres. Ensuite, le Tsmara 1929 mérite d’être second. Je mettrai ensuite trois vins qui se sont montrés superbes, le Vin blanc illisible Hospices de Beaune 1953, le Gevrey-Chambertin Bouchard Aîné et Fils 1953 et le Vouvray Vernon Négociant 1947.

Au titre des curiosités, les deux vins du Jura de 1914, la Malvoisie 1964 et le vin d’algérien 1951 méritent d’être cités. L’ambiance à notre table était chaleureuse, ouverte et attentive aux vins anciens. Ce fut une magnifique séance de l’Académie des Vins Anciens.


la composition des groupes se fait dans ma cave

des photos de l’ouverture des vins

le repas

les photos des vins des trois groupes et des champagnes sont dans les articles ci-dessous.

Premier jour du Grand Tasting de Bettane et Desseauve samedi, 26 novembre 2022

Le Grand Tasting de Michel Bettane et Thierry Desseauve est le grand événement des amateurs de vin du fait de la qualité des vins présentés au Carrousel du Louvre. Il y a un grand nombre de stands de vignerons de toutes régions et il y a des Masterclass à thèmes.

Lorsque j’arrive à la Masterclass « Grand Siècle par Laurent-Perrier, un champagne à la conquête de l’année parfaite », elle est presque terminée. Grâce à l’amitié que j’ai avec Frank Ramage, l’homme qui orchestre la distribution des verres et la présentation des vins, on me donne des verres des quatre vins présentés, les Champagnes Laurent-Perrier Grand Siècle itération 25, 24, 23 et 22. Les assemblages de chaque année ont maintenant un numéro, comme le fait aussi la maison Krug avec sa Grande Cuvée.

Le style de ces champagnes est inimitable et pour mon goût, le champagne Grand Siècle est le plus romantique de tous les champagnes. C’est l’itération 25 qui est pour moi la plus élégante et je suis content que Lucie Pereyre de Nonancourt, la petite fille de Bernard de Nonancourt, ait le même jugement.

Je me rends ensuite à la Masterclass « Champagne Henriot, aux origines d’une maison » présentée par Alice Tétienne, chef de cave. Elle dit une phrase qui me plait beaucoup : « le vin s’écrit à la vigne » et considère que son rôle est de pérenniser l’excellence des cuvées de son domaine.

Le Champagne Henriot Brut Souverain Blanc est de belle pureté. Il n’est pas très long. Il est plaisant et assez gourmand avec 40% de vins de réserve remontant en 1969 et 60% de vins de 2016.

Le Champagne Henriot Cuvée Hemera 2006 montre une très grande différence qualitative. Il est vif, énergique, superbe. J’aime ce champagne qui est fait exactement comme la cuvée des Enchanteleurs que j’adore.

Le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1996 est absolument fabuleux et me fait dire : « oh, là, là ». Il est ciselé et de belle acidité.

Le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1959 servi en magnum est un immense cadeau de la maison Henriot. C’était le millésime préféré de Joseph Henriot que j’ai eu la chance de boire trois fois avec lui. Le dégorgement est récent. Le nez est impérial, annonçant une personnalité glorieuse. La bouche est belle, saline. Il évoque le poivre blanc et il est floral. C’est un vin de légende.

La Master Classe suivante a pour titre : « Charles Heidsieck années chaudes, années froides, même exigence, même qualité ». Elle est animée par Cyril Brun chef de caves. Le Brut millésimé est fait de 60% de chardonnay et de 40% de pinot noir, de vins de douze villages.

Je boirai le Champagne Charles Heidsieck 2006 en deux verres, un premier décevant et un deuxième conforme à ce qu’il devrait. Mon voisin de dégustation qui me connait et me lit ne comprenait pas que nous puissions avoir des jugements si différents sur ce vin, mais mon premier verre avait tout d’un vin d’une bouteille à problème. Avec le deuxième verre j’ai en face de moi un nez puissant et large, une belle bouche large, un vin accompli au beau finale, bien gras et opulent.

Le Champagne Charles Heidsieck 2012 a un nez superbe et élégant. En bouche c’est un vin frais, très agréable au finale un peu doux. Le dosage est faible, ce qui me plait bien. Il a une belle acidité et une très grande pureté.

Le Champagne Charles Heidsieck 2013 est un vin qui sera mis sur le marché en 2023, d’un millésime de grande qualité. Le nez est très élégant, la bouche est fluide avec un peu de litchi ce qui est le signe d’un vin jeune. Il est tranchant comme un couteau et n’est pas large. Cyril vante ses amers nobles et son côté salin.

Le Champagne Charles Heidsieck 2008 a un nez superbe, noble et large. Son attaque est fluide et convaincante. C’est un grand vin d’une complexité extrême, de grande acidité.

En fin de dégustation j’ai noté que le 2006 est le plus charmeur et le plus puissant, que le 2012 est charmant, que le 2013 est plaisant maintenant et promet et que le 2008 est le plus prometteur, celui que j’adore.

Ce qui est amusant c’est qu’à la fin je ne savais pas quel champagne est d’une année chaude ou froide, car tous m’ont séduit.

Entre les dégustations à thème je suis allé me promener dans les stands, où je reconnais de moins en moins de personnes, car les stands sont tenus plus par des commerçants que par ceux qui font le vin. Mais bien sûr il y a des exceptions.

Il y a dans une zone de stands uniquement des vins italiens. Quelqu’un me reconnait par mon visage montré sur Instagram et me demande que l’on fasse des photos de lui et moi ensemble, pour qu’il les montre à ses amis vignerons. Il me dit que j’ai une audience en Italie de très haut niveau. Son sourire aurait donné du courage à un mourant.

Une autre anecdote du même genre concerne la Masterclass qui offre à déguster le Klein Constantia qui sera présenté par Hans Atrom directeur général et actionnaire de ce domaine. Je passe dans la salle pour me rendre à une autre Masterclass et il m’appelle, me serre la main avec un grand sourire. Nous nous sommes promis de nous revoir bientôt pour parler du passé de ce vin et de son futur. Il m’a quand même tendu un verre de Klein Contantia 2015 qui est frais et superbe de complexité mais à qui il faudra deux siècles pour approcher le mythe des Constantia antiques que j’adore.

La Masterclass à laquelle je me rends est « Plénitude 2, la seconde vie de Dom Pérignon » présentée par Jean-Baptiste Terlay, chef de chais.

Le Champagne Dom Pérignon 2012 est jugé très proche du 2002 par le chef de chais. Son nez est fort et minéral. L’attaque est belle et l’on sent le silex, la coquille d’huître et son côté salin. Avec le temps apparaît son côté toasté. C’est un vin de belle droiture.

Le Champagne Dom Pérignon 2003 dégorgé et dosé en 2013 a un nez beaucoup plus discret. Il a une belle rondeur à l’attaque. Il est de bel équilibre, rond, au finale un peu court. Il a peu d’acidité mais une grande fraîcheur.

Le Champagne Dom Pérignon 2003 P2 dégorgé 9 ans plus tard que le P1 a un nez qui ressemble à celui du 2012. Il pétrole. Ce qui est étonnant, c’est qu’il ne fait pas plus jeune que le 2003 P1. C’est un P2 qui ne fait pas P2. Il est d’une belle fraîcheur. Le P1 me paraît à la fois plus dense et plus fluide. Ce sont des différences à la marge car les deux sont très grands.

Le Champagne Dom Pérignon 2004 P2 a eu un énorme rendement, le plus fort du siècle. Le nez est élégant, moins fort que celui du 2003 P2. La fluidité est magique. C’est un beau vin de bel équilibre, assez strict mais noble. Il est pur, élégant et frais, lumineux avec une belle acidité. Un vin superbe.

Le Champagne Dom Pérignon 2008 rosé a un nez discret. L’attaque est fabuleuse. Ce rosé est tellement grand que j’en suis amoureux. Il est fluide, frais, superbe. C’est une réussite absolue.

Je finis cette première journée par ce vin sublime, qui avec l’Henriot 1959 sont deux émotions extrêmes.


présentation des champagnes Charles Heidsieck

rencontre avec le dirigeant de Klein Constantia avant sa Masterclass