Dégustation des vins de 2011 du domaine de la Romanée Conti mardi, 16 décembre 2014

Comme chaque année, Aubert de Villaine, co-gérant de la Romanée Conti, vient présenter au siège de la société « Grains Nobles » le dernier millésime qui vient d’être mis sur le marché. Il est assisté de Michel Bettane et Bernard Burtschy. Les participants sont des fidèles. Aubert de Villaine nous présente les 2011 qui sont de la 46ème vendange suivie par lui. Il parle du millésime et de sa vision. Un vigneron doit prendre des risques et avoir de la chance. Le début de saison avait été précoce. Un très beau temps en avril a duré presque jusqu’à la floraison le 20 mai ce qui est très tôt, comme en 2003 et 2007. Le retournement du temps s’est produit au moment de la floraison. Il y a eu du millerandage. Pluies, vents tournants, orages ont perduré. Juillet n’a pas été beau et a donné lieu à des attaques de botrytis qui ont fort heureusement cessé car il a fait froid. Au 15 août, nouveau retournement avec chaleur et orages, ce qui a compliqué le travail en vigne. Il y a eu une maturité très rapide et une baisse des acidités. Il y a eu de la grêle à Volnay et Gevrey mais Vosne Romanée a été épargné. Fin août on sentait que la maturité était proche et il fallait prendre le risque d’attendre et de voir apparaître le botrytis. La chance a été d’avoir des peaux épaisses qui ont permis de retarder les vendanges au 2 septembre pour le Corton et au 5 septembre à Vosne, sans avoir d’explosion du botrytis. La vendange a été difficile, avec le souci d’éliminer les baies à botrytis ou grillées. Ce fut une vendange très sélective et l’on a laissé de côté les ceps qui portaient les grappes les plus grosses. On a essayé une table vibrante et on a éliminé beaucoup de larves et de coccinelles. Les raisins de cette récolte ont été parfaits. Il y a eu beaucoup moins de botrytis dans le Montrachet que dans les rouges.

Après cet exposé passionnant, nous avinons nos verres avec un Vosne Romanée Dominique Laurent 2011. Le vin est violet clair, sent des fruits aigrelets. Il est de belle mâche, bon, franc, sans complexité.

Le Corton Grand Cru Prince Florent de Mérode Domaine de la Romanée Conti 2011 est de la troisième vendange faite sous l’autorité de la Romanée Conti. Il est fait de trois sous-climats de Corton qui sont les meilleurs selon Michel Bettane. La couleur est rouge clairet. Le nez est assez chaleureux avec des suggestions de fraises écrasées. Le vin est ouvert, très fraise et framboise. Le final est vineux, avec des traces de réglisse et légèrement de thé. Il est plutôt gourmand, agréable et on sent un potentiel gastronomique. Je le trouve plus abouti que les 2009 et 2010, avec un côté terrien, racinaire dit Aubert et un bois bien fondu.

L’Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2011 a une robe d’un rouge plus foncé que celui du corton. Le nez est très pur et c’est celui du domaine, ouvert mais rêche, tout en finesse. L’attaque est gourmande avec des fruits noirs. Le final est végétal avec un peu de réglisse. Le vin est plutôt sucré, délicieux au beau final raffiné. Il semble gastronomique suggère un peu de café tout en étant vineux. Il est de grande fraîcheur et plus facile à comprendre que des Echézeaux d’autres années. Bien sûr les autres vins du domaine sont plus complexes, mais il est plaisant.

Le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2011 a une robe un peu plus sombre encore. Le vin est un peu réduit, ce qui fait qu’il a besoin de plus de temps pour s’épanouir dans le verre. Il est plus intense que l’Echézeaux, plus riche mais un peu plus brut aussi. La mâche est riche, il s’améliore. C’est un vin qu’il faudra attendre plusieurs années.

La Romanée SaintVivant Domaine de la Romanée Conti 2011 a une robe assez proche de celle du Grand Echézeaux. Aubert dit que c’est une robe de Nuits-Saint-Georges. Le nez est délicat. Il n’y a pas une trace de bois, on sent le vin. L’attaque est superbe et élégante. Le vin est gracile, féminin, doux. Le final le rend plus viril, affirmé. Il y a un saut qualitatif par rapport aux deux premiers vins du domaine. Aubert parle de concentration et transparence de ce vin ciselé.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 2011 a une robe d’un rouge intense, violacé. Le nez est aussi intense, riche, très vineux. Le vin a une attaque d’une puissance rare. Le final est riche et vineux. Il s’impose, il est carré, grandiose, guerrier. A mon goût, il est particulièrement bien fait. Il est joyeux et glorieux.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 2011 a une couleur encore plus noire. Le nez est incroyablement suave et doux. C’est assez étonnant. L’attaque est riche, plus épicée que celle du Richebourg et moins florale. Le final est beaucoup plus ample. Il y a une grande netteté, avec puissance, grandeur, fraîcheur. Le vineux évoque le sureau. Aubert de Villaine évoque le portrait de Richelieu par Philippe de Champaigne où le velours rouge capte le regard. On sent la rafle dans le vin. Il est au-dessus du Richebourg, alors que j’ai adoré le Richebourg. Aubert dit que les grains ont des maturités plus complexes que pour La Tâche 1990 que j’ai évoqué car ce 2011 m’y fait penser, à cause du travail à la vigne qui rend le vin plus fin que le 1990.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 2011 a une couleur plus rouge et plus claire. Le nez est très doux, suave, assez discret et soyeux. L’attaque tintinnabule tant elle est complexe. Le vin pianote dans toutes les directions mais il n’est pas envahissant. Il a vraiment un parcours en bouche en pianotage. Ce vin s’exprime de façon très poétique. Lorsque je reviens aux autres vins, ils paraissent tous très simples. Il y a un éventail de saveurs dont on a du mal à faire le tour. Il est impressionnant, et les fruits rouges et les épices font comme un feu d’artifice. Je me recueille. Alors que tout le monde parle autour de moi, je me renferme dans ma bulle pour essayer de capter le message du vin. Je reste sans voix, captivé par l’ampleur et la complexité du vin.

Si je résume les quatre derniers bus, la Romanée Saint-Vivant est très franche, claire et pure, le Richebourg est affirmé, puissant, direct, La Tâche a une grande complexité et beaucoup de charme et la Romanée Conti est encore plus complexe, à la palette gustative infinie. Si ces vins sont plus faciles à lire que ceux de précédentes années, ils sont loin d’avoir permis de comprendre tous leurs mystères.

Le Montrachet Domaine de la Romanée Conti 2011 a une robe d’un jaune clair avec un peu d’or blanc. Le nez combine agrumes, lait et amandes. Le vin est beaucoup plus sec que d’habitude, sans la moindre trace de botrytis. Il a du citronné et son final est grandiose. C’est dans le final qu’il s’affirme avec citron, amande et noisette. Michel Bettane dit que sur ce millésime il a le style Leflaive. Il est moins monumental que d’autres années car il est plus sec. Il a une grande pureté, une belle présence et une persistance aromatique supérieure à celle des rouges. Son empreinte est d’une grande fraîcheur.

Il est à noter que lorsque le dialogue s’instaure avec la salle, les questions sont essentiellement techniques. Personne n’a parlé de goût. Les explications de Michel Bettane sont toujours pertinentes, la vision d’Aubert de Villaine est d’une grande sagesse et humilité. Cette dégustation est un grand moment. Si je devais donner un avis sur les vins de cette année, le Montrachet est nettement plus sec et sera plus strict que d’autres années. Les rouges sont d’une très grande précision, fruits d’un travail remarquable. Mais il va falloir attendre longtemps avant que ces vins subtils ne délivrent le charme qu’ils recèlent en eux. Je ne connaîtrai sans doute jamais leur maturité.

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14ème dîner des amis de Bipin Desai au restaurant Laurent samedi, 13 décembre 2014

Le quatorzième dîner de vignerons que j’organise chaque année depuis 2001 en l’honneur de Bipin Desai, grand collectionneur américain, se tient au restaurant Laurent. C’est un grand honneur pour moi et un grand plaisir pour les participants qui sont des habitués. Tous les présents sont déjà venus à au moins l’un de ces dîners. Notre groupe de ce soir compte : Caroline Frey – Bérénice Lurton – Didier Depond – Louis-Michel Liger-Belair – Jean-Charles de la Morinière – Egon Müller – Jean-Luc Pépin – Sylvain Pitiot – Jean Trimbach – Aubert de Villaine – Bipin Desai – François Audouze. Chacun des présents apporte un ou deux vins sauf Bipin Desai qui nous invite. Richard Geoffroy qui ne peut pas être avec nous sera représenté par un vin.

Sur les conseils de Jean-Luc Pépin, le Musigny Comte de Vogüé 1990 a été ouvert ce matin à 10 heures. Je commence l’ouverture des autres vins à 17 heures. Le seul bouchon qui vient en charpie est celui du magnum de Lanessan 1914 que j’ai apporté. La seule odeur qui pourrait poser question est celle du Clos de Tart 1940, car le vin sent le champignon et la serpillière.

Didier Depond est le premier arrivé aussi pouvons-nous trinquer tous les deux puisque le premier vin à servir est le sien. C’est le Champagne Delamotte Blanc de Blancs magnum. Didier en profite pour ouvrir le Salon 1964 et les premières gouttes que nous partageons du même verre nous font sourire : il sera grand.

La première gorgée du Champagne Delamotte Blanc de Blancs magnum que je connais bien me paraît manquer d’étoffe. Mais le champagne est froid et dès qu’il s’épanouit, on retrouve l’ampleur naturelle de ce beau blanc de blancs vif, claquant sur la langue à la belle longueur. Des gougères et une friture d’éperlans animent ce beau champagne confortable d’acidité mesurée.

Le menu conçu par Alain Pégouret et Philippe Bourguignon dont j’avais reçu le projet m’était apparu d’une rare intelligence. J’ai juste demandé d’inverser deux plats pour rendre plus pertinent l’ordre des vins. Ce menu est un modèle du genre : terrine de gibiers et foie gras en croûte, moutarde de Crémone / champignons sauvages dans une nage beurrée iodée / homard servi à la façon d’une bourride / joues de veau fondantes et moelle / caille dorée en cocotte, rôtie aux abats, pommes soufflées / pâté farci d’un lièvre à la royale / risotto à la truffe blanche / crème glacée aux marrons / salade de mangues fraîches.

Le Champagne Salon 1964 est dans une forme éblouissante. Le nez commence par avoir quelques traces amères mais qui disparaissent et en bouche, c’est un festival de complexités. Je perçois beaucoup de petits fruits roses et rouges, en bouquet frais, mais aussi du miel et des amandes. Il est tellement varié qu’on pourrait l’analyser à l’infini. Il a une joie de vivre qui est communicative. C’est un très grand Salon riche et persuasif.

Sur les champignons nous avons deux vins très dissemblables. Le Corton-Charlemagne Bonneau du Martray magnum 1989 est d’un charme féminin de première grandeur. Il est précis, ample, et joue sur sa grâce. A côté de lui, le Musigny Blanc Comte de Vogüé 1989 est un rouleau compresseur. C’est Attila, roi des Huns, qui conquiert et envahit. Il a une force de persuasion gigantesque tout en étant gourmand. Les femmes de notre table préfèrent le Corton-Charlemagne. Les hommes seraient plus volontiers partisans de l’envahisseur, ce Musigny si étonnant de richesse et de puissance. C’est le Musigny qui trouve le meilleur écho avec les champignons.

Sur le homard aussi apparaissent deux vins dissemblables. Il le sont déjà par la couleur puisque le Riesling Cuvée Frédéric Emile Maison Trimbach magnum 1976 est très ambré, ce qui indique, ainsi que le goût, la présence d’un botrytis assez marqué. Ce vin est splendide, gourmand, avec des notes fumées, des notes de botrytis et une longueur rare.

Le Riesling Scharzhofberger Kabinett Egon Müller 1990 est très différent. Sa couleur est claire et blanche comme un vin de l’année. Le vin avec une petite pointe sucrée est d’un charme et d’une élégance rares. Il est frais, avec des petites notes de fruits blancs et de lacté, et s’efface un peu à côté du Trimbach très conquérant. Jean Trimbach est très fier de la performance de son vin qui correspond à ce qu’il attendait ou espérait.

Le Château Lanessan Haut-Médoc Delbos Bouteiller magnum 1914 avait un bouchon d’origine dont je montre les miettes à toute la table, et un niveau quasiment dans le goulot ce qui est rare. Le nez n’est pas d’une grande précision, mais tout se rattrape en bouche dont Sylvain Pitiot dit que c’est elle qui a la plus grande énergie des trois vins servis ensemble. Ce vin est plein en bouche, évoque la truffe noire, et me ravit par son équilibre et une présence encore jeune pour un vin de cent ans. Seul Aubert de Villaine ne le trouve pas à son goût. Le vin profite bien des délicieuses joues de veau.

Le Clos de Tart 1940 dont le nez était incertain à l’ouverture n’a plus de défaut. Ce qui frappe c’est son charme. Sylvain Pitiot ne l’avait jamais bu. Il s’agit d’un achat qu’il a fait et non pas d’un vin qui a vieilli dans la cave du Clos. Le vin est très élégant, un peu frêle mais porteur de grand plaisir. Le mot qui lui convient est « charme ».

L’Echézeaux Château de Corton André 1934 a été apporté par Caroline Frey comme un clin d’œil, car sa famille vient d’acheter le Corton André. Elle est sans illusion sur l’intérêt de ce vin mais il se présente très équilibré, agréable à boire, même si l’alcool se met un peu trop en avant. Ce n’est pas un vin très complexe mais plaisant. Des trois vins qui accompagnent la joue, le Clos de Tart est le plus charmeur, le Lanessan est le plus vif et charpenté. La joue de veau se marie bien avec les trois, avantageant l’Echézeaux.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1966 fait une impression forte immédiate. Tout en ce vin est idéal. Le parfum est intense, avec le sel que j’aime tant dans les vins du domaine. En bouche, il est d’une rare puissance alors qu’il est élégant et racé. Son final prend possession du palais. C’est un très grand vin, très vineux, le meilleur pour moi de la soirée. Aussi, la partie est difficile pour la Romanée Domaine Comte Liger-Belair 1990 qui est servie en même temps que le Richebourg. Elle paraît discrète, sans grande vibration, mais il suffit d’attendre, car son réveil est spectaculaire. Elle va progressivement s’affirmer, s’élargir, montrer des signes de grandeur, mais elle est quand même dans l’ombre du Richebourg. Louis-Michel Liger-Belair aurait préféré que l’on tente une confrontation avec le Musigny 1990 qui va suivre.

Il faut bien la richesse du pâté farci d’un lièvre à la royale pour contenir la fougue des deux vins puissants qui sont servis maintenant. Le Musigny « Vieilles Vignes » Comte de Vogüé 1990 est un jeune chien fou débordant d’énergie. Je comprends mieux l’avertissement que nous avait fait Freddy Vifian au Tan Dinh lorsque nous avons commandé ce vin il y a peu de temps dans son restaurant. Mais j’adore ce vin dans sa fougue. Il est extrêmement poivré, riche, au final qui rebondit comme un ricochet. C’est un vin qui promet de la grandeur dans une vingtaine d’années mais qui est un bonheur aujourd’hui.

L’Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné 1991 est magnifique. C’est un vin riche, joyeux, accompli et ce qui me frappe au plus haut point, c’est la parenté qu’il a avec le sublime Hermitage La Chapelle 1947 que j’ai bu il y a une semaine. Alors que le 1990 est encensé de toutes parts, je trouve ce 1991 très au-dessus en ce moment. Le bois se sent fort. Bien malin celui qui pourrait départager les deux vins qui accompagnent le lièvre à la royale, car ils sont très différents, le Musigny pénétrant, tranchant comme un couteau, et large de fruits noirs, l’Hermitage serein, riche d’une palette aromatique de vin du sud. Les deux vins sont remarquables.

Nous portons un toast en l’honneur de Richard Geoffroy qui n’a pas pu se joindre à nous. Il est représenté par un Champagne Dom Pérignon P3 1990 qui est servi sur le risotto. C’est sans doute l’accord le moins pertinent car le risotto donne des notes lactées au champagne qui devient plat et n’a pas la vigueur qu’il devrait avoir. Je suis sûr que le champagne eût brillé si Richard avait été là.

Le Scharzhofberger Auslese Egon Müller 1959 est un vin de conversation. Il n’a pas besoin du dessert. Il est d’une rare élégance. Chacun essaie de décrire ce que ce vin suggère et cela varie pour chacun. Mon image est celle de litchis avec des ananas. C’est un vin délicat au message précis de grand charme. On le déguste en se recueillant. C’est du bonheur.

Le Château Climens Barsac 1942 provient de la cave Nicolas et a été rebouché en 1995. Cela se sent au goût car il n’a pas la vigueur qu’aurait un Climens au bouchon d’origine, car 1942 est une année qui a fait des sauternes gracieux et élégants, tout en suggestion. Le vin est très agréable et colle bien au dessert. Je le bois en le savourant avec ma voisine de table, Bérénice Lurton. Ses tons d’agrumes avec un sucre un peu discret en font un sauternes de plaisir pur.

Le Cognac Gourry de Chadeville 1914 provient d’alcools d’avant 1914, mis en fût en 1914, transférés en dame-jeanne en 1946 et mis en bouteilles en 2001. C’est ce que dit le certificat de cet alcool que j’ai choisi dans ma cave pour que mon apport soit de vins de cent ans. Il est magnifique, sans impression de boisé, fluide, parfumé, très cohérent du fait de l’âge. Il est vif et parfait.

A la fin du repas, tout le monde ressentait une grande joie d’être ensemble et d’avoir partagé un moment unique. Le menu a été superbe, les confrontations de vins sur chaque plat furent audacieuses mais pertinentes. On ne classe pas les vins dans ce dîner qui comptera, comme les précédents comme un dîner de wine-dinners puisque j’en suis l’organisateur et portera le numéro 186. Mais quelques vins ressortent de ce repas comme exceptionnels. Le Champagne Salon 1964 dans un état de vigueur et de richesse aromatique rare, le Richebourg 1966 qui est une expression aboutie des vins du domaine de la Romanée Conti, le Riesling Trimbach 1976 dans un épanouissement idéal et le cognac magnifié et idéalisé par son âge. On pourrait ajouter des réussites superbes comme les vins de Vogüé, d’Egon Müller, et d’autres, mais les quatre vins que j’ai cités sont à mes yeux les plus remarquables ce soir.

Aubert de Villaine a pris la parole pour remercier chaudement Bipin Desai sans qui ces dîners n’auraient pas existé. Chacun a fermement l’intention de revenir pour la quinzième édition de ce dîner d’amitié.

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les bouchons des quatre blancs

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le bouchon du Clos de Tart 1940 est un peu descendu

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le bouchon du Egon Mûller 1959 est un peu remonté

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les bouchons des quatre blancs secs et des deux liquoreux

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tous les bouchons

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tous les vins

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le menu et les plats

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la couleur plus foncée du Trimbach par rapport au Egon Müller 1990

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Visite et dégustation au Domaine de la Romanée Conti mercredi, 10 décembre 2014

La nuit a été douce pour tous, comme si la Chartreuse nous avait protégés des effets de l’alcool et de la bonne chère. Nous arrivons aux portes du siège du domaine de la Romanée Conti. Aubert de Villaine avait prévenu qu’il ne serait pas avec nous car il doit se rendre à Paris. Nous avons juste le temps de le saluer car son taxi est en retard. Je lui ai parlé de l’impression désagréable que j’avais eue récemment avec une Romanée Conti 1964 que j’avais trouvée trop puissante par rapport à ce que j’attendais. Aubert m’a rassuré et Bernard Noblet le fera un peu plus tard, la Romanée Conti 1964 est extrêmement puissante et Bernard la préfère à la 1969. J’avais donc commis une erreur d’appréciation en buvant ce grand vin. C’est bien dommage de m’être trompé sur son message.

Nicolas, chef des cultures du domaine nous entraîne le long des vignes pour expliquer aux vignerons la philosophie de la gestion des vignes. Pour les vignerons du Rhône, qui posent de bonnes questions, les exposés très clairs de Nicolas sont un régal. Pour moi, qui ne comprends pas tout ce qui est dit, je me régale aussi mais sans la perspective que peuvent avoir les vignerons. Il fait froid, nous nous tenons chaud comme le fait un troupeau car il y a un petit vent glaçant.

Nous nous rendons ensuite en cave où Bernard Noblet, l’homme qui fait les vins du domaine à la suite de son père dans une continuité historique rare, va nous faire déguster à l’aveugle quelques vins. Il fait froid dans cette cave séculaire et il faut réchauffer son verre pour en tirer le meilleur des arômes. L’Echézeaux Domaine de la Romanée Conti magnum 2001 a un nez fermé. Il est d’un millésime de connaisseurs nous dit Bernard. Il a été fait en vendanges entières, c’est-à-dire en conservant les rafles. Il est floral, avec de jolies épices, avec des fruits rouges jolis et discrets. J’aime beaucoup ce vin élégant.

Le vin suivant a un nez très vif. Au nez, je pense à Richebourg. Il a une très forte personnalité. Pour trouver l’année, j’oublie que le vieillissement en cave du domaine est beaucoup plus lent que dans la cave d’un particulier. Aussi, l’idée des années 80 sur une année discrète comme 1984 me paraît possible. Il s’agit en fait du Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1965, d’une petite année mais qui réussit à ce Richebourg. Il y a une belle salinité, des suggestions de sous-bois, d’humus, de forêt. Le vin, très salin est superbe, au message pénétrant. Nous sommes aux anges.

Bernard va chercher deux bouteilles d’un même blanc. Le nez pétrole une grande minéralité. La bouche est intense. Immédiatement je reconnais les caractéristiques d’un Bâtard-Montrachet, mais le vin est tellement puissant que j’imagine que ce pourrait être un Montrachet qui se serait engagé sur les pistes d’un Bâtard. Il y a de la noisette, de l’amande, du caramel. Il y a aussi des notes salines. Ce vin riche est de très forte puissance. Les vendanges ont été faites tardivement de grains très mûrs. Il s’agit d’un Bâtard-Montrachet Domaine de la Romanée Conti 2007. C’est probablement le Bâtard le plus riche de tous ceux que j’ai bus au domaine.

Nous remercions Bernard et Nicolas de cette visite et de cette dégustation. Les vignerons sont contents de l’accueil chaleureux que nous avons eu. Ils offrent plusieurs bouteilles de leurs domaines. Ce fut un grand moment.

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Déjeuner au restaurant Le Millésime mercredi, 10 décembre 2014

Cette dégustation en cave fraîche à la Romanée Conti nous a mis en appétit. Nous nous rendons au restaurant Le Millésime à Chambolle-Musigny. Le menu a déjà été déterminé par le président de Rhône Vignobles. L’amuse-bouche comprend un macaron au vin rouge et une pizza au haddock. Il y a ensuite un risotto aux crustacés et moules / joue de bœuf et sauce au vin rouge.

La cuisine est de bonne facture, le service est compétent mais trop lent. Il n’y a pas la spontanéité de « Ma Cuisine » où il n’y a pas de nappes blanches mais une décontraction de bon aloi. Le Millésime est plus raffiné mais manque peut-être un peu de chaleur humaine.

Le Chablis 1er cru Vaillons Domaine François Raveneau 2000 a une belle minéralité, un très bel équilibre, une grande jeunesse et y ajoute de l’agrément. Ses quatorze années lui vont bien. L’akra à la morue lui convient, de goût bien marqué mais de mâche un peu molle.

Le Puligny Montrachet Etienne Sauzet 2012 a un nez de pétrole. Il a beaucoup de vivacité mais il est beaucoup trop jeune, surtout après le 2000. Il est trop fort pour le risotto et j’ai du mal avec ce vin qui sera bon mais est trop brutal.

Le Gevrey-Chambertin 1er cru aux Combottes domaine Arlaud 2011 est un vin superbe, joyeux, soyeux et très agréable. La joue de bœuf superbe est toute en douceur et convient à merveille au Gevrey-Chambertin. Le vin très doux évoque les prunes, les figues. C’est un vin de grande douceur.

Le Vosne-Romanée 1er Cru Les Chaumes domaine Méo-Camuzet 2011 est très jeune et un peu fumé. Il a une belle expression vineuse avec beaucoup de corps, mais contrairement au Gevrey, il montre qu’il est encore trop jeune pour exprimer son potentiel. Il sera grand.

Avant que n’arrive le dessert je dis au revoir aux membres de Rhône Vignobles, en les remerciant de leur extrême gentillesse de m’avoir intégré dans leur groupe. Il faut en effet que j’aille au plus vite à Paris où m’attend un dîner à l’hôtel Meurice.

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Dîner de vins légendaires dont Rayas 1929 au restaurant Palégrié à Lyon vendredi, 5 décembre 2014

Le dîner que je vais raconter est un peu aux limites de l’imaginable. Florent me demande de participer à un dîner à Lyon où se retrouveront des amateurs de vins disposant de caves significatives. Parmi eux, un amateur qui avait apporté à un autre dîner fou, mais sans Florent, Lafite 1844 et Lafite 1858, au moment où Lafite crevait les plafonds tarifaires, ce qui semblait d’une générosité incroyable, annonce Pétrus 1947 et un magnum de Château Lafleur 1947. La première question que l’on se pose est : « s’agit-il d’un vrai », tant Lafleur a inspiré tous les fraudeurs de la planète, mais le sérieux de la cave de cet ami plaide pour la véracité de cette bouteille.

L’annonce de bouteilles aussi prestigieuses impose que mon apport le soit aussi. J’annonce la Romanée Conti 1964 de beau niveau. Florent, qui veut que chacun se surpasse, annonce des apports de première grandeur et me demande si j’ai Montrachet domaine de la Romanée Conti 1973 qui est pour lui une année de particulière réussite de ce vin. J’essaie de dire que si j’apporte ces deux bouteilles, cela me semble un peu disproportionné, et je demande à réfléchir. Entretemps, pour des raisons que je ne saurai pas, les deux 1947 annoncés ne seront plus au rendez-vous. Pour me laisser la possibilité d’ajuster mes apports aux vins que je découvrirai sur place, puisque je suis le seul qui ait envoyé à Florent les photos de mes vins, je prends avec moi les deux bouteilles désirées par Florent, plus La Tâche 1942 en lui disant que je choisirai sur place celles que j’ouvrirai.

La table se forme avec un contingent plus faible qu’initialement prévu et tout n’est pas réglé. Nous verrons.

Le TGV est idéal car il me dépose au centre de Lyon, avec un confort appréciable. Seule angoisse, la grève des contrôleurs de la SNCF démarre demain et j’ai une importante réunion à mon retour. La France, décidément la France !

J’ai rendez-vous à 17 heures avec Florent au restaurant Palégrié à Lyon pour ouvrir les bouteilles. Elles sont presque toutes là. Il y a de très belles choses, dont une rareté extrême : Rayas 1929. Comme tous les amoureux transis je sais que je vais céder. Je fais semblant d’hésiter mais ma décision s’impose : j’ouvrirai la Romanée Conti 1964 et le Montrachet 1973 du même domaine.

Les ouvertures se passent bien. Comme cela arrive souvent avec les vins centenaires, le goulot du Rausan Ségla 1900 a une surépaisseur dans la partie haute du goulot, mais à l’intérieur de celui-ci, ce qui entraîne que le bouchon ne peut sortir autrement qu’en charpie.

Les dernières bouteilles arrivent, je les ai presque toutes ouvertes, l’ordre est fait selon mes indications que les faits valideront dans presque tous les cas. Ce soir, nous sommes douze et nous allons boire dix-sept vins : Champagne Renaudin Bollinger & Cie Extra Quality Very Dry 1906, Champagne Clos du Mesnil Krug 1979, Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1973, Bâtard-Montrachet Claude Ramonet 1959, Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin 1962, Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné blanc 1949, Montrachet Domaine Leflaive 1996, Château Rausan-Ségla 1900, Château Haut-Brion rouge 1945, Romanée-Conti domaine de la Romanée Conti 1964, La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1959, Château Rayas Châteauneuf-du-Pape 1929, Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné rouge 1947, La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1996, Côte Rôtie La Landonne Guigal 1978, Clos Papal Châteauneuf-du-Pape 1920, Bonnezeaux Domaine René Renou 1921.

Si ce n’est pas l’Everest, c’est certainement l’Annapurna des dîners de vins.

Le restaurant est tenu par Guillaume Monjuré, le chef et Chrystel Barnier son épouse a un passé de sommelière et a accompagné certains de mes dîners à Apicius ou le George V.

Le menu est fait par Guillaume en fonction des vins qu’il a sentis ou goûtés. Il a fait un travail remarquable : pain toasté, truffe noire / céleri risotto, granny smith / héliantis, topinambour, champignons cuits dans un beurre mousseux de veau / Saint-Jacques de la baie de Saint-Brieuc, citron, salsifis à cru / turbot rôti, crosnes, jus aux arêtes grillées / cardons, croûtons, truffe blanche d’Alba / petit pâté chaud de gibier / chevreuil, truffe noire, potimarron / la tartine truffée / fromage de brebis du pays basque, vieilli deux ans, comté vingt-quatre mois / coing, pomme, cynorhodon, amande.

N’ayant pas pris de note pendant ce repas, mes commentaires sont surtout liés aux sentiments.

Le Champagne Renaudin Bollinger & Cie Extra Quality Very Dry 1906 a un bouchon de toute beauté. Je suis gêné par le nez qui m’évoque la truffe blanche mais surtout une crème de lait qui aurait tourné. Et cette impression est très forte en bouche et me gêne. Le champagne est assez dosé, ce qui est normal pour cette époque et je n’arrive pas à entrer dans les goûts de ce champagne que d’autres amis acceptent plus que moi. Le toast à la truffe noire, délicieux, ne va pas avec les goûts de truffe blanche du vin, créant une incompatibilité. Ce n’est pas dû au choix de Guillaume mais au champagne.

Le Champagne Clos du Mesnil Krug 1979 fait un bruit sympathique quand le bouchon est tiré. Ça claque ! la bulle est très active et le champagne est d’une jeunesse rare. Ce qui me fascine, c’est son énergie. Ce champagne est une bombe, avec une complexité maximale. C’est un champagne exceptionnel où tout est dosé divinement, le citron, l’acidité, les agrumes, le pétillant. C’est un champagne noble et puissant. Un très grand champagne qui justifie sa réputation de meilleur des Clos du Mesnil qui ont été faits.

J’ai la première goutte du Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1973, pour le vérifier en premier et cette prise de contact me surprend un peu. Il n’a pas la puissance habituelle de ce Montrachet. Mon impression s’améliore au fur et à mesure que le vin s’épanouit. C’est en fait un montrachet très calme, subtil, avec de belles complexités, mais dont le manque de puissance me frustre un peu et encore plus quand on boit le vin suivant. Ce montrachet a de très belles subtilités, des suggestions minérales très belles mais il est discret.

Le Bâtard-Montrachet Claude Ramonet 1959 est exceptionnel. On rêverait que tous les vins blancs soient comme ce vin puissant, doré et généreux. Il déborde de joie de vivre, avec une mâche puissante de fruits dorés. C’est un grand bonheur. Un convive dit qu’il est beaucoup plus Chevalier-Montrachet que Bâtard et je suis d’accord avec lui.

Le Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin 1962 est un beau montrachet, mais après le Ramonet, c’est assez difficile de briller. Il a beaucoup de charme et de subtilité. C’est un vin racé.

L’Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné blanc 1949 est tout simplement exceptionnel. Contrairement aux bourguignons, ce blanc est un bloc de granite. Le message est droit, fort, sans fioriture. Ce vin est tout en affirmation. Et quelle plénitude. C’est fou. C’est un vin exceptionnel qui va compter dans mon classement. Il est puissant, équilibré, avec d’énormes qualités aromatiques. On est au paradis.

Et tout à coup, on bascule dans la huitième dimension. Le Montrachet Domaine Leflaive 1996 pétrole comme un vin de l’année. Et il est d’une puissance qui renvoie les autres vins au jardin d’enfant. C’est une explosion de saveurs infinies. Là, on a quitté le monde des vins anciens. C’est un vin d’une vigueur inouïe. Il est tellement hors norme par rapport aux autres que le mettre dans un classement autrement qu’à la place de premier va être difficile, car c’est un empereur. Il est exceptionnel dans sa jeunesse folle.

Le passage au Château Rausan-Ségla 1900 ne se passe pas si mal que cela après la bombe de Leflaive. Mes amis aiment assez ce vin mais même s’il a de belles ressources liée à l’année 1900, il manque un peu de cohésion. C’est un témoignage qui mérite d’être reçu, sans plus.

La vérité bordelaise est avec le Château Haut-Brion rouge 1945. Si je pense que 1926 est la plus grande année pour Haut-Brion, celui-ci est extrêmement proche du Haut-Brion idéal. Il respire la truffe noire, la boîte de cigares. Là aussi nous sommes face à un vin de plénitude, complètement intégré, riche, avec une longueur extrême.

Lorsque j’avais senti à l’ouverture la Romanée-Conti domaine de la Romanée Conti 1964, j’avais pensé que ce vin ressemblait à un vin hermitagé, car le parfum est trop riche, de beaux fruits rouges. L’impression se confirme à la dégustation. Tout indique que le vin est d’origine, car son bouchon est authentique. Mais on n’est pas dans l’image que j’aime de la Romanée Conti. Le vin est subtil, agréable, très puissant. Mais la magie Romanée Conti ne joue pas comme je l’espérais à cause d’un fruit trop affirmé. J’ai en fait commis une erreur d’appréciation dont j’aurai la confirmation plusieurs jours plus tard.

C’est avec La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1959 que l’âme de la Romanée Conti va m’apparaître avec notamment une salinité sympathique. C’est un très grand vin à la longueur exquise. Un vin de grand bonheur où l’on retrouve toutes les subtilités gracieuses d’un vin délicat du domaine combinées à de la puissance.

Vient maintenant le vin qui a le plus excité ma curiosité, le Château Rayas Châteauneuf-du-Pape 1929. Et il est au rendez-vous. Il a un nez superbe, droit, clair, précis et cela se retrouve en bouche. C’est un vin droit, carré, auquel on ne donnerait pas d’âge car il a toutes ses facultés et une vivacité préservée. Vin superbe, il n’a pas, comme des Rayas récents de suggestions bourguignonnes. Il est franchement Châteauneuf-du-Pape. De belle longueur, joyeux, il comble mes attentes.

L’Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné rouge 1947 est encore plus superlatif que tous les vins qui précèdent. Ceux qui, à notre table, ont bu le 1961 pensent que ce 1947 est supérieur mais je ne suis pas de leur avis, car le 1961 que j’ai bu il y a un peu plus d’un an était stratosphérique. Celui-ci est immense, un vin d’une plénitude rare. Mais il n’atteint pas le 1961 légendaire que je considère comme le plus grand vin rouge que j’aie bu. Ce 1947 sera mon gagnant ce soir, malgré une rude compétition. Il est tout en plénitude, équilibre et profusion de saveurs riches et vineuses.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1996 fait un peu le même effet que le Leflaive 1996 avec les blancs. Car il a la folle puissance de la jeunesse et une subtilité géniale. C’est beau un vin si jeune et si expressif.

La Côte Rôtie La Landonne Guigal 1978 est normalement un monument, mais la fatigue commençait à venir pour moi. Il a confirmé qu’il est grand, mais l’émotion ne m’a pas touché, ce qui vient de moi et non du vin.

Florent, insatiable, ouvre alors un Clos Papal Châteauneuf-du-Pape 1920, cette année étant approximative, puisque le vin n’a pas d’étiquette. C’est un vin très agréable et plaisant.

Le Bonnezeaux Domaine René Renou 1921 est un vin moelleux très agréable, assez aérien, qui conclut avec délicatesse et grâce ce voyage passionnant.

La cuisine de Guillaume a été vraiment inspirée, à part le toast à la truffe noire, trahi par le Bollinger. J’ai particulièrement aimé les Saint-Jacques, le turbot, le pâté de gibier et la tartine finale. Il convient de signaler que Victor, l’un des participants a apporté les verres de dégustation, dont des Philippe Jamesse pour les champagnes et des verres autrichiens Zalto pour les vins, qui convinrent à merveille.

Le classement des vins est pratiquement impossible. Je choisirais ainsi : 1 – Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné rouge 1947, 2 – Bâtard-Montrachet Claude Ramonet 1959, 3 – Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné blanc 1949, 4 – Château Rayas Châteauneuf-du-Pape 1929, 5 – Champagne Clos du Mesnil Krug 1979, 6 – Château Haut-Brion rouge 1945,

en admettant que le Montrachet Domaine Leflaive 1996 doit être soit premier ex-aequo, soit premier tout court, soit mis hors concours.

Sur le papier mes vins étaient parmi les plus réputés, et je suis probablement plus dur avec eux que ne le sont mes amis. C’est inhabituel que mes vins ne soient pas dans le peloton de tête mais c’est ainsi. Il y a eu à ce dîner des vins absolument fantastiques qui justifient qu’ils soient considérés comme légendaires. Ce fut un immense dîner, où l’on a évidemment beaucoup parlé de vin, rendu encore plus sympathique par l’enthousiasme souriant de Chrystel et Guillaume dans ce restaurant simple mais plein de talent.

Le lendemain, j’avance mon retour par le TGV pour éviter une éventuelle annulation de mon train du fait de la grève des contrôleurs. Dans un train rempli de près du double de la capacité disponible, j’ai commencé à voyager debout puis pendant l’essentiel du trajet je me suis assis comme d’autres sur les marches de l’escalier qui relie les deux étages du train. Les voyages forment la jeunesse !

Champagne Renaudin Bollinger & Cie Extra Quality Very Dry 1906,

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Champagne Clos du Mesnil Krug 1979,

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Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1973,

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Bâtard-Montrachet Claude Ramonet 1959,

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Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin 1962,

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Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné blanc 1949,

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Montrachet Domaine Leflaive 1996,

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Château Rausan-Ségla 1900,

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Château Haut-Brion rouge 1945, (le bouchon est à droite sur l’assiette)

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Romanée-Conti domaine de la Romanée Conti 1964,

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La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1959,

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Château Rayas Châteauneuf-du-Pape 1929,

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Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné rouge 1947,

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La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1996,

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Côte Rôtie La Landonne Guigal 1978,

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Clos Papal Châteauneuf-du-Pape 1920,

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Bonnezeaux Domaine René Renou 1921.

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la majeure partie des bouchons des vins ouverts. Victor et moi pendant l’ouverture

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(photo prise avec l’appareil de Victor masson, à gauche sur la photo)

photos de groupe avant ouverture (le groupe n’est pas complet)

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menu Palégrié 2 001 menu Palégrié 1 001

les plats de Guillaume Monjuré

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plusieurs photos de groupe de toutes les bouteilles vides

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Dîner au restaurant Tan Dinh mardi, 2 décembre 2014

J’achète deux champagnes de 1928 et deux Romanée Conti à un marchand de province qui a envie de festoyer après cela. Il appelle un de ses amis qui promet d’apporter une bouteille de La Tour Blanche d’âge canonique. N’ayant pas d’obligation particulière, je réponds que je suis libre. Le rendez-vous est pris au restaurant Tan Dinh de Freddy et Robert Vifian, grands restaurateurs et amateurs de vins. Lorsque j’arrive, le restaurant est quasiment plein. Un petit monsieur de 91 ans vient me saluer avec un grand sourire. C’est le père de Freddy et Robert. Il est charmant et en pleine forme. On trouve une table dans un coin, la seule libre. Le marchand me rejoint et nous regardons la carte des vins où il y a souvent de bonnes pioches, tant qu’elles ne sont pas asséchées par de vrais amateurs, car l’adresse est bien connue pour cela. En attendant son ami nous goûtons au verre un Chassagne-Montrachet 1er Cru les Chaumées Michel Colin-Deléger 1997. C’est assez joyeux et fruité, mais nous sommes en pleine recherche dans la carte aussi avons-nous l’esprit ailleurs.

L’ami arrive et nous dit qu’il n’a pas eu le temps de passer à sa cave pour prendre La Tour Blanche. De telles circonstances ont le don de m’énerver. M’appâter pour une chose qui n’existe pas m’agace car le procédé est inélégant. Etant chez mes amis Vifian, je ne vais pas quitter la table.

Nous choisissons un Musigny Comte de Vogüé rouge 1990 et Freddy Vifian a un comportement qui m’étonne. Dix fois au moins il viendra nous dire que le vin est beaucoup trop jeune, trop fermé, que c’est dommage d’ouvrir une telle bouteille. Une fois eût suffi, puisqu’il était évident que nous le voulions. Pour le deuxième vin nous suivons son conseil, c’est un Châteauneuf du Pape Réserve des Célestins Henri Bonneau 1999. Nous laissons faire Freddy pour le menu, et les quatre plats que nous avons goûtés sont d’une belle cuisine délicate et subtile.

Comme cela arrive souvent lorsque l’on interfère dans les choix de la table, nous avons nettement apprécié le Musigny Comte de Vogüé Vieilles Vignes rouge 1990 qui bien sûr est un jeune fou très vif, mais qui a  de telles qualités qu’il nous a enthousiasmés. C’est d’ailleurs ce vin dans ce millésime que je vais boire dans peu de temps avec Jean-Luc Pépin lors du dîner annuel de vignerons que j’organise et Jean-Luc, qui dirige le domaine, n’a pas eu les réserves de Freddy quand il me l’a proposé. C’est donc qu’il l’estime buvable.

Et nous avons trouvé le Châteauneuf du Pape Réserve des Célestins Bonneau et Fils 1999 jouant un peu en dedans, plus plat et sans l’imagination du splendide Musigny. Ce soir-là, il a manqué de vibration. Mais étions nous réceptifs ?

Il ne peut s’agir que d’un acte manqué mais Freddy, sans doute contrarié par notre choix, a pesé lourdement sur la note lorsqu’il a chiffré le prix des vins. Cette erreur bien involontaire a vite été corrigée. Le repas fut fort sympathique, mais il suffit parfois de petits détails, un vin proposé pour m’aguicher qui ne vient pas, une réaction mal placée sur un choix de vin, et le résultat d’ensemble est écorné. Il faut vite corriger tout cela, car il ne faut garder que le positif dans une vie heureuse.

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Académie des vins anciens – vins du premier groupe samedi, 29 novembre 2014

Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année

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Champagne Moët et Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962

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Coteaux Champenois Pol Roger années 70/80

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Château Carbonnieux blanc 1975

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Château Sainte Roseline Côtes de Provence blanc 1954 (ou 1955 ?)

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Puligny Montrachet Gustave Naigeon 1950

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Château Montrose 1978

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Château Lafon-Rochet Saint-Estèphe 1955

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Château Ausone 1953

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Château La Conseillante Pomerol 1946

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Château Beauséjour Saint-Emilion Grand Cru 1943

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Château Haut Brion 1941

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Moulins de Calon Médoc 1934

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Château Latour 1907

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Fleurie Soualle et Bailliencourt 1957

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Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1974

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Royal Kebir Algérie 1938

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Champagne Dom Pérignon 1969

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Vouvray Demi-Sec Huet 1961

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Château Rieussec 1957

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photos du premier groupe :

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23ème séance de l’académie des vins anciens samedi, 29 novembre 2014

Nous avons changé de lieu pour la 23ème séance de l’académie des vins anciens. Le restaurant Roméo, place Victor Hugo à Paris est un compromis entre bar, salon de thé et restaurant. Nous avons loué la salle du premier étage. Nous sommes 38 et nous allons nous partager 63 vins, ce qui est copieux, car la norme serait d’une bouteille par personne. Nous sommes répartis en trois groupes et il y a 21 vins à boire pour chaque groupe.

C’est, je crois, la plus belle séance de l’académie des vins anciens. Non pas que nous ayons eu les bouteilles les plus emblématiques, car il y a eu des séances avec des vins de légende, mais c’est la générosité et surtout la ponctualité, car toute l’organisation s’est faite avec une fluidité rare. Ajoutons à cela une atmosphère souriante, rieuse, enjouée et amicale, qui a permis de faire passer les bouteilles les plus problématiques comme des lettres à la poste. L’heure était à la joie d’être ensemble et de partager des vins rares dans la bonne humeur.

Voici les vins des trois groupes, chaque vin étant répété s’il y a eu plusieurs bouteilles du même (les vins précédés d’une astérisque sont de mon apport) :

Groupe 1 : Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Moët et Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962 – *Coteaux Champenois Pol Roger années 70/80 – Château Carbonnieux blanc 1975 – Château Sainte Roseline Côtes de Provence blanc 1954 (ou 1955 ?) – *Puligny Montrachet Gustave Naigeon 1950 – Château Montrose 1978 – Château Lafon-Rochet Saint-Estèphe 1955 – *Château Ausone 1953 – Château La Conseillante Pomerol 1946 – Château Beauséjour Saint-Emilion Grand Cru 1943 – Château Haut Brion 1941 – Moulins de Calon Médoc 1934 – *Château Latour 1907 – *Fleurie Soualle et Bailliencourt 1957 – *Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1974 – Royal Kebir Algérie 1938 – Champagne Dom Pérignon 1969 – Vouvray Demi-Sec Huet 1961 – Château Rieussec 1957.

Groupe 2 : Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Moët et Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962 – *Coteaux Champenois Pol Roger années 70/80 – Riesling Hugel 1985 – *Vin de l’Etoile Bourguignon 1964 – Château La Mission Haut-Brion Pessac Léognan 1969 – Château La Mission Haut-Brion Pessac Léognan 1966 – *Château Haut Brion 1964 – *Château Haut Brion 1953 – Cos d’Estournel Saint-Estèphe 1962 – Château La Tour de Mons Margaux 1959 – *Château Ausone 1953 – Beaune Emile Chandesais 1955 – Cornas Chante Perdrix Delas 1969 – Château Fonsalette Côtes du Rhône rouge 1979 – Vin d’Algérie « le Hoggar » rosé 1947 – Cabernet Beaulieu Vineyards Georges de Latour 1964 – Monbazillac 1955 – Château Rayne-Vigneau Sauternes 1933.

Groupe 3 : Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Moët et Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962 – *Coteaux Champenois Pol Roger années 70/80 – Château Roumieu Bordeaux Supérieur blanc sec 1959 – Pouilly-Fuissé Marey & Liger-Belair 1946 – Clos de la Coulée de Serrant Nicolas Joly 1986 – *Côtes du Jura Fruitière Vinicole de Château Chalon 1979 – Château Haut-Bailly Pessac-Léognan 1975 – Château Cheval Blanc 1970 – Château Troplong Mondot Saint-Emilion 1966 – Château Lyonnat Lussac Saint Emilion 1964 – Château La Gaffelière Saint-Emilion 1964 – *Château Haut Brion 1964 – *Château Ausone 1953 – *Château Ausone 1937 – Moulins de Calon Médoc 1934 – Gevrey Chambertin Guichard-Potheret 1947 – Mercurey Guichard-Potheret 1947 – Pommard Ph. Bouchard 1937 – Chateau Chalon Cuvée Vignes aux Dames Marius Perron 1976 – Madère Sercial Gossart Gordon 1954.

Bien sûr chacun a pu aller pêcher des vins d’un autre groupe et, dans mon cas, on m’a fait goûter des vins des autres groupes, aussi les académiciens ont pu, s’ils sont malins, déguster plus d’une trentaine de vins.

J’ai 63 vins à ouvrir. Il me paraît prudent de commencer à 15h30 les ouvertures. Trois amis me rejoindront en cours de route. Le premier est un américain. C’est Thanksgiving Day aussi ouvre-t-il un Talbott Pinot Noir Diamond T Vineyard 2012 vin californien du sud de San Francisco. Le nez est strict mais la bouche est doucereuse. Nous trinquons à cette belle fête américaine avec ce vin très chaleureux.

J’ouvre tous les vins avec des difficultés limitées, sauf deux bouteilles dont le bouchon tombera dans le liquide au moment où l’on touche à la capsule. Beaucoup des odeurs désagréables disparaîtront au moment du service.

L’apéritif se prend avec le Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année qui est un blanc de blancs, dont le propriétaire est un fidèle académicien. Le champagne est agréable, mais le goût de miel un peu fort nuit à sa légèreté.

Le menu composé par le restaurant, pour lequel on n’a pas cherché des accords avec les vins, beaucoup trop nombreux pour pouvoir en  faire, est : tartare de saumon au gingembre et citron vert / parmesan d’aubergine gratinée à la scamorza, huile pistou / fondant de bœuf à la toscane / fromages apportés par les académiciens / poire rôtie aux amandes sauce chocolat.

Nous passons à table et pour nos trois tables, nous partageons deux magnums de Champagne Moët et Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962. Les deux bouteilles sont très différentes. L’une est toute en douceur, l’autre est toute en tension, et ma table profite de la plus tendue des deux. Ce champagne est une merveille. Ce qui frappe est sa personnalité. Il a des parfums de livres anciens, des traces nobles sur des traits relativement fumés. Il est vineux, tranchant et laisse en bouche une empreinte de blessure d’épée. Ce champagne ne peut pas laisser indifférent, car il envahit le palais et le domine. Si l’autre bouteille a tout pour plaire, la nôtre est dominatrice, et tant mieux.

Le *Coteaux Champenois Pol Roger années 70/80 est un vin très sympathique, évoquant un champagne sans l’être puisque c’est un vin tranquille. Ce que l’on aime c’est qu’il est un témoignage raffiné, tout en discrétion.

Le nez du Château Carbonnieux blanc 1975 est envoûtant. Il trompette. En bouche le vin est beau, épanoui, serein, conquérant. C’est le grand vin blanc de Graves par excellence.

Le Château Sainte Roseline Côtes de Provence blanc 1954 (ou 1955 ?) est pour moi un grand moment d’émotion. J’ai eu et j’ai encore des 1953 rouges du Château Sainte Roseline. Mais des blancs de Provence aussi vieux, je n’en ai pas bu. Et voici ce vin, d’une couleur jaune citron insolemment jeune, qui se met à briller comme pas deux, vin de soif, mais aussi vin de structure, carré, solide et convaincant. Je bois du petit lait en goûtant ce témoignage rare, présenté dans la jolie bouteille historique en forme de quille.

Le *Puligny Montrachet Gustave Naigeon 1950 avait à l’ouverture un nez à se damner. Il l’a toujours. Et ce vin tonitruant, à l’ampleur invraisemblable, domine largement la série des blancs. Quel brio, quelle largeur en bouche !

Le Château Montrose 1978 a un joli nez. Il se boit bien, vin agréable mais sans doute trop attendu par rapport aux surprises qui nous attendent.

Le Château Lafon-Rochet Saint-Estèphe 1955 est une immense surprise. Le nez est superbe et intense. Le vin est d’une droiture rare, mais c’est surtout la jeunesse et l’accomplissement qui nous convainquent.

J’ai apporté pour chaque groupe une bouteille de *Château Ausone 1953 et, pour qu’il n’y ait aucune frustration ou récrimination, j’ai affecté à mon groupe la bouteille au niveau le plus bas. Malgré cela, cet Ausone est fort charmant, montrant la noblesse du grand vin avec toutefois un petit manque de netteté.

Le Château La Conseillante Pomerol 1946 est une très belle découverte. Il a un caractère, une personnalité qui sont impressionnantes. Le vin est jeune, la robe est de rubis noir, et le vin s’impose comme le plus grand à ce stade du repas. On le boit avec un infini plaisir.

Le Château Beauséjour Saint-Emilion Grand Cru 1943 est tout en douceur, presque doucereux, et calme à côté de la fulgurance de La Conseillante. Il est agréable, mais souffre de la comparaison.

Le Château Haut Brion 1941 pouvait nous donner des craintes du fait de son année, mais il se montre fort civil et nettement au-dessus de l’image que je m’étais formée. Il manque un peu de vibration.

Le Moulins de Calon Médoc 1934 est une merveilleuse surprise, car il a en bouche la largeur, la sensualité et la féminité d’un château Margaux. Il est totalement convainquant, par l’ampleur de sa douce séduction.

Le *Château Latour 1907 est hélas loin d’apporter ce que je souhaitais, sur la foi de deux expériences précédentes qui m’avaient convaincu. On peut imaginer sous le voile les splendeurs possibles, mais le manque de pureté est rédhibitoire.

Le *Fleurie Soualle et Bailliencourt 1957 est une bombe. C’est la réussite absolue d’un beaujolais qui joue dans la cour des grands. Quelle merveille. Je suis ébloui, et je m’attendais à ce que mon beaujolais soit brillant, mais voici le gagnant toutes catégories.

Le *Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1974 a le parfum qui est exactement la définition du grand vin de la Romanée Conti. Il y a le sel et la rose, tellement caractéristiques que c’en est presque caricatural tant c’est cela. Le vin est sublime, tout en subtilité retenue. C’est un immense vin que beaucoup considéreront comme le meilleur. Je suis fier de l’avoir apporté.Sa persistance en bouche est inoubliable.

Le Royal Kebir Algérie 1938 n’est pas là par hasard car quelques académiciens savent que je suis un amoureux fou des vins d’Algérie. Ce vin, c’est Maurice Chevalier chantant « ma pomme, c’est moi ». Il est facile, charmeur, désinvolte et séducteur. Il y a des traces de café et une ampleur en bouche qui est stupéfiante. Je suis aux anges, mais le Grands Echézeaux a une finesse sans comparaison.

Le Champagne Dom Pérignon 1969 a un bouchon qui s’enlève sans aucune trace de gaz. Mais en bouche le pétillant est toujours là. Et sa personnalité est prégnante. Il a le charme des champagnes anciens, typés, qui arrivent à ressembler aux vieux sauternes qui ont mangé leur sucre. J’adore.

Le Vouvray Demi-Sec Huet 1961 est agréable, mais ne m’a pas passionné après la vivacité du Dom Pérignon.

Le Château Rieussec 1957 est d’une grande pureté, sa couleur est d’un or noble. Il joue son rôle mais je suis déjà fatigué.

On m’a apporté de-ci-delà des vins des autres groupes et voici mes impressions succinctes car je n’ai pris aucune note pendant le dîner :

Riesling Hugel 1985 son bouchon était anormalement moisi. Le vin est l’ombre de ce qu’il pourrait être.

Château La Mission Haut-Brion Pessac Léognan 1966 superbe d’équilibre et de mâche juteuse.

Cos d’Estournel Saint-Estèphe 1962 vin magnifique, extrêmement racé.

Cornas Chante Perdrix Delas 1969 magnifique et joyeux, pétulant

Cabernet Beaulieu Vineyards Georges de Latour 1964 vin apporté par un ami américain pour fêter Thanksgiving lors de l’académie. C’est un vin splendide, très orthodoxe et doctrinal. Vin de norme mais aussi de plaisir.

Château Rayne-Vigneau Sauternes 1933 : sauternes parfait, car il n’est pas exubérant.

Clos de la Coulée de Serrant Nicolas Joly 1986 : superbe, impérial, généreux, justifiant la classification par Curnonsky dans les cinq plus grands vins blancs de France

Madère Sercial Gossart Gordon 1954 vin ample, gourmand, pénétrant, un très grand madère.

La cuisine n’avait pas pour vocation de servir de répondant aux vins car c’eût été impossible. Le service a été parfait. C’est surtout l’ambiance qui fut exceptionnelle . Nous avons bu des vins rares, souriant, blaguant sans jamais nous prendre au sérieux.

Quel serait mon classement ? 1 – Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1974, 2 – Champagne Moët et Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962, 3 – Château La Conseillante Pomerol 1946, 4 – Fleurie Soualle et Bailliencourt 1957, 5 – Moulins de Calon Médoc 1934, 6 – Kebir Algérie 1938. Mais beaucoup de vins mériteraient d’être dans ce classement.

Lorsque tout le monde est parti, réfléchissant au fait que nous avons sorti de nos caves 63 vins pour qu’ils soient partagés, je me suis dit que nous avions ce soir atteint le but de l’académie des vins anciens. De plus, ayant ouvert des vins que beaucoup auraient jetés, tant ils se présentaient sous un mauvais jour, et les ayant « ressuscités », j’ai humblement apporté ma contribution à une mission : faire sortir les vins anciens des caves, pour qu’ils soient partagés avant qu’il ne soit trop tard.

Cette soirée sera un beau souvenir.

quelques photos de bouchons (je n’ai pas pris de photo de l’ensemble des bouchons qui était impressionnant). Le bouchon du Lung 1938 vin d’Algérie est superbe (le dernier)

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pendant la séance d’ouverture nous avons bu ce vin apporté par Tim pour Thanksgiving : Talbott Pinot Noir 2012 Diamiond T Vineyard

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le repas

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Académie des Vins Anciens (AVA) – 23ème séance du 27 novembre 2014 – au Roméo mercredi, 26 novembre 2014

Académie des Vins Anciens (AVA) –  23ème séance du 27 novembre 2014
Règles et informations  (à lire avec attention)
Date et heure : 27 novembre 2014 à 19h30
Lieu :
Restaurant Roméo 6 Place Victor Hugo 75116 PARIS – 01 45 01 22 22

Participation financière :
120 € par personne si l’inscrit apporte une bouteille de vin ancien (1) agréé par François Audouze
240 € par personne si l’inscrit vient sans bouteille
(1) si l’inscrit n’a pas de vin assez ancien, un « troc » est possible avec François Audouze, qui mettra au programme un vin ancien, contre une (ou plusieurs) bouteille de vin jeune qui présente un intérêt pour lui.
Paiement :
Aucun chèque ne sera remis en banque avant le 25 novembre 2014. Il n’y a donc aucune raison de retarder l’envoi du chèque de paiement. On peut l’envoyer des maintenant.
Le chèque doit être remis avant le 1er novembre à François Audouze. L’ordre du chèque est : « François Audouze AVA »
Chèque à envoyer à François Audouze 18 rue de Paris 93130 NOISY LE SEC
Livraison des vins :
Les vins doivent être proposés et agréés par François Audouze. Les bouteilles sont à déposer chez Henriot 5 rue la Boétie 75008 Paris – 2ème étage – 01.47.42.18.06. Notre contact sur place est Martine Finat : mfinat@champagne-henriot.com . Aucune bouteille ne devrait être livrée après le 18 novembre. Merci d’attendre le 1er novembre pour commencer à remettre votre bouteille chez Henriot sauf en me prévenant avant envoi.
Une variante est de m’envoyer par la poste la bouteille à l’adresse : François Audouze société ACIPAR 18 rue de Paris 93130 NOISY LE SEC
Pour que l’organisation de cet événement soit fluide, il est recommandé de ne pas attendre avant de proposer les vins, les livrer et payer.
Remarque sur les niveaux des vins :
On peut envisager qu’un académicien propose une bouteille de bas niveau, à la condition que cette bouteille soit une bouteille supplémentaire et non pas la bouteille principale.
Veillez à la qualité de vos apports. Les groupes de dégustation seront créés en fonction de la qualité des apports.

Les vins annoncés pour la réunion :

Château Latour 1907 – Château Rayne-Vigneau Sauternes 1933 – Moulins de Calon Médoc 1934 – Moulins de Calon Médoc 1934 – Château Ausone 1937 – Pommard Ph. Bouchard 1937 – Royal Kebir Algérie 1938 – Château Haut Brion 1941 – Château Beauséjour Saint-Emilion Grand Cru 1943 – Château La Conseillante Pomerol 1946 – Pouilly-Fuissé Marey & Liger-Belair 1946 – Vin d’Algérie « le Hoggar » rosé 1947 – Gevrey Chambertin Guichard-Potheret 1947 – Mercurey Guichard-Potheret 1947 – Puligny Montrachet Gustave Naigeon 1950 – Château Ausone 1953 – Château Haut Brion 1953 – Château Ausone 1953 – Château Ausone 1953 – Château Sainte Roseline Côtes de Provence blanc 1954 (ou 1955 ?) – Madère Sercial Gossart Gordon 1954 – Château Lafon-Rochet Saint-Estèphe 1955 – Beaune Emile Chandesais 1955 – Monbazillac 1955 – Fleurie Soualle et Bailliencourt 1957 – Château Rieussec 1957 – Château La Tour de Mons Margaux 1959 – Château Roumieu Bordeaux Supérieur blanc sec 1959 – Vouvray Demi-Sec Huet 1961 – Cos d’Estournel Saint-Estèphe 1962 – Champagne Moët et Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962 – Champagne Moët et Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962 – Vin de l’Etoile Bourguignon 1964 – Château Haut Brion 1964 – Cabernet Beaulieu Vineyards Georges de Latour 1964 – Château Lyonnat Lussac Saint Emilion 1964 – Château La Gaffelière Saint-Emilion 1964 – Château Haut Brion 1964 – Château La Mission Haut-Brion Pessac Léognan 1966 – Château Troplong Mondot Saint-Emilion 1966 – Champagne Dom Pérignon 1969 – Château La Mission Haut-Brion Pessac Léognan 1969 – Cornas Chante Perdrix Delas 1969 – Château Cheval Blanc 1970 – Château Latour 1974 (réserve) – Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1974 – Château Carbonnieux blanc 1975 – Château Haut-Bailly Pessac-Léognan 1975 – Chateau Chalon Cuvée Vignes aux Dames Marius Perron 1976 – Château Montrose 1978 – Château Fonsalette Côtes du Rhône rouge 1979 – Côtes du Jura Fruitière Vinicole de Château Chalon 1979 – Riesling Hugel 1985 – Clos de la Coulée de Serrant Nicolas Joly 1986 – Coteaux Champenois Pol Roger années 70/80 – Coteaux Champenois Pol Roger années 70/80 – Coteaux Champenois Pol Roger années 70/80 – Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année.

Dîner chez ma fille avec La Tâche 1995 jeudi, 20 novembre 2014

A l’occasion de l’anniversaire de ma fille cadette, nous lui avions offert des Silex de Dagueneau, vins qu’elle adore. Elle a envie d’en ouvrir un pour nous et nous invite chez elle. Le prétexte est idéal pour que je sorte de ma cave une grande bouteille.

Le Pouilly-Fumé Silex de Louis-Benjamin Dagueneau domaine Didier Dagueneau 2011
a un nez superbe de fruits blancs. En bouche il est tranchant comme un silex – justement – et se montre très civilisé. C’est du plaisir avec des sensations très minérales, une acidité superbe et bien dosée et un final long et cohérent. Le vin se boit avec beaucoup de plaisir. Il n’est pas trop l’ami des olives et de la poutargue. Il s’accorde bien avec le pain des amis, celui qu’utilise David Toutain. Je suis frappé par la gourmandise de ce blanc bien dessiné.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1995
a un nez qui promet monts et merveilles. Il est très évocateur de délices. En bouche, il faut s’habituer pour entrer dans un univers de subtilité, un peu comme lorsqu’on entre dans une cathédrale. Venant d’un monde païen, il faut du temps pour communier avec un monde de ferveur. C’est un peu cela, l’approche de cette Tâche, dont on peine à faire le tour de toutes les complexités. Alors, on se concentre, on écoute le message du vin. J’y retrouve petit à petit toutes les vibrations des vins du domaine. Le sel est là, discret, les fruits roses noirs délicats et les variations gymnopédiques à la Eric Satie. Ce n’est pas une Tâche qui passe en force, même si elle a du volume, c’est une Tâche sérieuse qui suggère. Le mieux à faire c’est d’écouter et de capter tout ce que l’on est capable de saisir. Sur un gigot d’agneau juste rose, des pommes de terre rissolées et des champignons, se crée une atmosphère paysanne que La Tâche aime bien. Les champignons conversent bien avec ce grand vin. Autour de la table le silence se fait car nul ne voudrait manquer une partie du message. J’ai plus reconnu ce qui fait la richesse suggestive du domaine que la spécificité de La Tâche car ce vin demanderait quelques années de plus pour prendre l’assurance qui sera la sienne.

Les amis ont apporté des tombereaux de pâtisseries plus engageantes les unes que les autres, dont un paris-brest qui nous entraîne sur des rails de bonheur. Le Vin de Paille La Vignière Côtes du Jura Henri Maire 1999 est un vin frais, sucré, sans lourdeur, gourmand comme une compote de raisins de Corinthe, qui accompagne agréablement les desserts.

Que dire des vins ? Si l’on juge sur la noblesse et la complexité, La Tâche reçoit la palme. Mais si l’on juge du plaisir immédiat et gourmand, c’est le Silex qui gagne. Les amis que je verrai le lendemain chez Michel Rostang pour un dîner de truffes blanches sont émus par La Tâche. C’est le Silex que je retiens. Mais le plus fort est bien la chaude atmosphère de ce dîner avec ma fille, ma femme et des amis.

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Le bouchon du vin de paille s’est brisé en deux. Le bas du bouchon porte des cristaux.

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le Paris-Brest

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