Dîner au restaurant Tan Dinhmardi, 2 décembre 2014

J’achète deux champagnes de 1928 et deux Romanée Conti à un marchand de province qui a envie de festoyer après cela. Il appelle un de ses amis qui promet d’apporter une bouteille de La Tour Blanche d’âge canonique. N’ayant pas d’obligation particulière, je réponds que je suis libre. Le rendez-vous est pris au restaurant Tan Dinh de Freddy et Robert Vifian, grands restaurateurs et amateurs de vins. Lorsque j’arrive, le restaurant est quasiment plein. Un petit monsieur de 91 ans vient me saluer avec un grand sourire. C’est le père de Freddy et Robert. Il est charmant et en pleine forme. On trouve une table dans un coin, la seule libre. Le marchand me rejoint et nous regardons la carte des vins où il y a souvent de bonnes pioches, tant qu’elles ne sont pas asséchées par de vrais amateurs, car l’adresse est bien connue pour cela. En attendant son ami nous goûtons au verre un Chassagne-Montrachet 1er Cru les Chaumées Michel Colin-Deléger 1997. C’est assez joyeux et fruité, mais nous sommes en pleine recherche dans la carte aussi avons-nous l’esprit ailleurs.

L’ami arrive et nous dit qu’il n’a pas eu le temps de passer à sa cave pour prendre La Tour Blanche. De telles circonstances ont le don de m’énerver. M’appâter pour une chose qui n’existe pas m’agace car le procédé est inélégant. Etant chez mes amis Vifian, je ne vais pas quitter la table.

Nous choisissons un Musigny Comte de Vogüé rouge 1990 et Freddy Vifian a un comportement qui m’étonne. Dix fois au moins il viendra nous dire que le vin est beaucoup trop jeune, trop fermé, que c’est dommage d’ouvrir une telle bouteille. Une fois eût suffi, puisqu’il était évident que nous le voulions. Pour le deuxième vin nous suivons son conseil, c’est un Châteauneuf du Pape Réserve des Célestins Henri Bonneau 1999. Nous laissons faire Freddy pour le menu, et les quatre plats que nous avons goûtés sont d’une belle cuisine délicate et subtile.

Comme cela arrive souvent lorsque l’on interfère dans les choix de la table, nous avons nettement apprécié le Musigny Comte de Vogüé Vieilles Vignes rouge 1990 qui bien sûr est un jeune fou très vif, mais qui a  de telles qualités qu’il nous a enthousiasmés. C’est d’ailleurs ce vin dans ce millésime que je vais boire dans peu de temps avec Jean-Luc Pépin lors du dîner annuel de vignerons que j’organise et Jean-Luc, qui dirige le domaine, n’a pas eu les réserves de Freddy quand il me l’a proposé. C’est donc qu’il l’estime buvable.

Et nous avons trouvé le Châteauneuf du Pape Réserve des Célestins Bonneau et Fils 1999 jouant un peu en dedans, plus plat et sans l’imagination du splendide Musigny. Ce soir-là, il a manqué de vibration. Mais étions nous réceptifs ?

Il ne peut s’agir que d’un acte manqué mais Freddy, sans doute contrarié par notre choix, a pesé lourdement sur la note lorsqu’il a chiffré le prix des vins. Cette erreur bien involontaire a vite été corrigée. Le repas fut fort sympathique, mais il suffit parfois de petits détails, un vin proposé pour m’aguicher qui ne vient pas, une réaction mal placée sur un choix de vin, et le résultat d’ensemble est écorné. Il faut vite corriger tout cela, car il ne faut garder que le positif dans une vie heureuse.

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