Tour du Monde – Panama – diables rouges et dîner lundi, 13 novembre 2017

dans le hall de l’hôtel Trump, ce n’est pas Berthe aux grands pieds, mais une probable allusion à la fin de l’esclavage (?)

les diables rouges, ces fameux bus qui sont les frères des bus scolaires américains, en plus fous

à l’intérieur, du rose bonbon d’un chou !

dîner dans un des salons de l’American Trade Center

deux couples de danseurs nous acccueillent

les toilettes sont décorées avec du marbre

repas roboratif

Tour du Monde – Panama – la vieille ville lundi, 13 novembre 2017

d’un point de la ville, si l’on regarde à gauche on a la ville moderne ultra densifiée et à droite la vieille ville classée au Patrimoine de l’Unesco

un original marchand de bimbeloteries

contraste entre le flamboyant et le paysage dans le fond

parcours dans la vieille ville

une église de 1675 richement décorée

de vieilles façades très anciennes

l’humour au café Lessep’s !

la porte de l’Ambassade de France et la place où trône un coq sur une obélisque

sur la même place l’institut de la culture

une ville qui ne cesse de construire

un oiseau au dessus de ma tête

le palais bolivar et un Christ qui a le geste du torero qui montre les deux oreilles qu’il vient d’obtenir

déjeuner au restaurant Santa Rita, avec bien sûr une bière Balboa (découvreur du Panama en 1513)

Voyage autour du monde – 2ème jour – Panama lundi, 13 novembre 2017

Lundi 13 novembre

Le petit déjeuner est servi au 14ème étage, sur une terrasse à ciel ouvert entre les deux gigantesques ailes de l’immeuble.

Nous nous rendons aux écluses Miraflores du canal de Panama qui sont les dernières avant le Pacifique (ou les premières dans l’autre sens). Nous aurons la chance de voir passer par les écluses des deux canaux deux gigantesques bateaux. Le canal initial de 1913 permet le passage de bateaux avec 6.800 containers du format international. Le deuxième canal construit en 2006 par le Panama qui s’était affranchi de la tutelle des Etats Unis le 31 décembre 1999 permet le passage de bateaux avec 14.200 containers. Sur le plus ancien nous verrons un bateau de croisière de la « Norwegian Sun » de Nassau, avec une grande partie des croisiéristes regardant la lente opération de franchissement d’écluse, et sur le nouveau canal un énorme bateau, le  »Glovis Crown » qui transporte des gaz liquéfiés. Ces franchissements d’écluses sont très lents, mais les masses en cause sont gigantesques.

Nous nous rendons ensuite dans la vieille ville qui est d’une influence espagnole très forte. Comme elle est classée au patrimoine mondial de l’Unesco, les maisons sont entretenues voire reconstruites du fait de la richesse nouvelle que connait le Panama depuis que les ressources du canal ne sont plus versées aux Etats Unis qui ont été concessionnaires exclusifs de 1913 à fin 1999. Les maisons sont belles, colorées. Une église datant de 1675 est lourdement décorée d’or. L’Ambassade de France est sur la Plaza Francia sur un site magnifique, avec sur une place une reproduction de l’obélisque de la Concorde, surmontée d’un coq gaulois. Sous la pluie nous rejoignons le restaurant Santa Rita
où nous est servi le déjeuner. J’ai pris une salade maison avec laitue, tomate , oignons œufs et pommes fort agréable et un saumon grillé à la plancha avec des légumes sautés puis une tarte au citron. J’ai bu une bière Balboa, du nom de l’espagnol qui découvrit Panama en 1513. Elle est fort bonne, avec un fort caractère.

Après le repas, en programme optionnel, j’ai visité le musée de la biodiversité conçu par l’architecte Frank Gehry dont la femme est panaméenne. Le toit est fait de panneaux inclinés de très nombreuses couleurs qui figurent les diversités raciales du pays. Un parcours destiné à enseigner l’histoire de la biodiversité au Panama est assez intéressant mais scolaire. Sous la pluie l’eau coule partout dans l’immeuble ce qui fait tout drôle. Apparemment la construction n’est pas totalement finie.

La visite s’est faite pour notre groupe seulement, car le musée était normalement fermé aujourd’hui. Bravo au voyagiste d’avoir permis cette visite.

Nous revenons à l’hôtel et on nous a promis une surprise au moment du dîner. Pour retourner à ma chambre je dois prendre l’ascenseur qui est un véritable cauchemar. Il semblerait qu’une pièce détériorée doit venir d’Europe puisque le fournisseur des ascenseurs est allemand et cette pièce mettra plusieurs jours pour venir. Alors le temps pour monter ou descendre atteint facilement les dix minutes. Après une douche en chambre je rejoins le rez-de-chaussée où nous découvrons des « diables rouges ». Ce sont des bus qui ressemblent aux bus scolaires américains, de vieux Mack avec les pots d’échappement chromés qui à l’arrière remontent vers le ciel, déchargeant des nuages de pollution. Nous allons nous rendre dans un des salons de l’American Trade Center avec ces vétustes autobus. C’est encore une fois une attention délicate du voyagiste. Des bus sont déjà partis, un autre nous suit et tout-à-coup notre bus est arrêté par la police. Ces bus ont normalement des trajets immuables et le chemin que nous prenons n’est pas un chemin habituel ce qui justifie le zèle d’un policier. Les accompagnateurs de notre groupe palabrent avec le policier zélé. Il faut attendre les papiers justificatifs des autorisations de circuler qui étaient restés à l’hôtel. Il faut bien vingt minutes pour que l’ardeur et le zèle du policier soient récompensés. Nous arrivons avec retard dans la magnifique salle de l’American Trade Center. Un mini orchestre va jouer une musique sympathique et deux couples de danseurs costumés vont danser autour des tables des salsas et autres danses tropicales. Leur danse fait très danse de concours, avec les sourires figés de circonstance et les déhanchements excessifs. Rejoignant une table déjà occupée depuis longtemps par des membres du groupe ayant échappé aux contrôles, on me donne un verre de mojito de grand plaisir. Le menu du dîner est Panzanella de tomates, mini cresson, cœur de palmier, avocat et croutons d’anis / langoustines sur risotto de légumes et sauce romesco / thon grillé, endive braisée et sauce Tonnato / filet de bœuf aux tomates séchées, purée de pommes de terre et fromage bleu / chocolat intense, fraisier et tartelette au citron.

C’est copieux, comme si notre voyagiste avait pour mission de nous engraisser. Le thon et le bœuf sont bons, je prends des bières Balboa après avoir fini trois mojitos puisque le serveur a interprété un refus de doubler ou tripler la mise pour des acceptations. J’aurais pu évidemment refuser mais la chair est faible. Nous avons bavardé entre voyageurs plutôt fatigués par le décalage horaire et nous sommes rentrés à l’hôtel avec des bus  »normaux ».

Pour aider les clients de l’hôtel déroutés par les ascenseurs, l’hôtel a prévu des accompagnateurs, des liftiers. Notre cabine se remplit, chacun doit saisir sur un écran son étage et tout-à-coup tout s’efface. Le brave liftier essaie toutes les touches possibles mais notre ascenseur est bloqué, ne voulant ni s’ouvrir ni monter. Cela dure près de dix minutes. L’ascenseur redémarre. Ouf, j’arrive enfin dans ma chambre. Demain sera un autre jour.

Le découvreur de Panama : Balboa

accident sur la route

des bateaux dans le paysage !

le train qui rallie les deux océans

les écluses

déjà un nouveau bateau s’engage dans l’écluse

Voyage autour du monde – jour 1 – départ et Panama dimanche, 12 novembre 2017

Dimanche 12 novembre 2017

L’histoire commence il y a huit mois. Je recevais systématiquement les publicités d’un voyagiste parce que j’avais fait avec ma femme il y a environ vingt ans la croisière gastronomique du paquebot France.

La publicité pour un tour du monde en avion me donnait des envies. J’en parle à ma femme et à des amis, et nous sommes quatre, prêts à nous inscrire. Mais en fait, les hésitations se sont multipliées et je me suis retrouvé seul à vouloir confirmer une inscription. Avec l’accord de ma femme j’ai donc décidé de faire le tour du monde proposé sur trois semaines.

Je commande un taxi pour 6h30 un dimanche matin, à une heure où les rues sont vides. Le taxi arrive avec huit minutes de retard, ce qui a le don de m’énerver et le chauffeur, avec une naïveté touchante, me dit qu’il m’avait déjà conduit il y a quelques années à Roissy et qu’il était déjà arrivé en retard.

Au terminal 3 de l’aéroport de Roissy la présence du voyagiste est forte et l’on offre des viennoiseries aux arrivants ce qui est très agréable et gentil. Nous sommes environ 160 à voyager dans un avion portugais, au personnel portugais, qui va nous suivre pendant les trois semaines. Nous embarquons pour un vol direct vers Panama
distant de 8.700 kilomètres. Le vol sera de plus de onze heures et le décalage horaire est de six heures.

Comme il est fréquent, il y a beaucoup trop d’annonces tant l’animateur de notre groupe veut nous séduire et nous persuader du caractère unique de ce voyage.

A l’apéritif, on nous sert un petit coffret Kaviari qui contient une « ligne » de caviar qui constitue une aimable mise en appétit. Je goûte cet agréable caviar bien équilibré avec un Champagne Ruinart Brut sans année qui convient à cet exercice. Voilà une belle façon de nous recevoir.

Le déjeuner est très acceptable pour un repas en avion. Je bavarde avec mes voisins qui sont d’Albertville et d’Annecy et connaissent le restaurant Les Morainières à Jongieux. Nous sommes donc en terrain de connaissance. La discussion se poursuit et il s ‘avère que Didier a été dans le même métier que moi, celui de l’acier. Beaucoup de noms et de souvenirs surgissent au détour de nos échanges.

Le voyage étant fort long je regarde le film  »La La Land » qui est joliment romantique. Que du bonheur.

Le voyagiste s’est attaché les services d’un historien qui nous racontera des anecdotes tout au long du voyage. Il prend la parole pour parler du canal de Panama mais surtout pour mettre en valeur, avec une insistance particulière , les turpides de Ferdinand de Lesseps qui a ruiné des milliers de souscripteurs et n’a jamais pu achever le canal après moult faillites. Il a même égratigné Gustave Eiffel qui aurait financé la tour Eiffel avec de l’argent détourné des fonds versés par des souscripteurs au canal de Panama. Cet exposé fut beaucoup trop long, avec des redites sans cesse mais j’ai noté une citation qui m’a frappé sur le rôle de la presse : « la presse lèche, lâche et lynche ». Chacun peut trouver des situations où ce fut le cas, Tapie par exemple et bien d’autres.

Nous arrivons à Panama et à la douane on procède comme aux Etats Unis, avec photographie et prise des empreintes des dix doigts.

Nos bagages sont pris en charge par le voyagiste et nous les trouverons plus tard dans nos chambres. Nous partons pour un tour en ville en bus. Notre guide est José qui parle un bon français. Il nous explique une chose absolument astucieuse. Ferdinand de Lesseps ayant creusé avec succès le canal de Suez n’avait trouvé que du sable à enlever. A Panama, sur la chaîne des Cordillères, c’est de la roche qu’il n’a jamais réussi à percer avec les budgets dont il disposait. Quand les Etats Unis sont intervenus après les faillites françaises, au lieu de creuser ils ont créé le plus grand lac artificiel du monde, à une hauteur de 26 mètres au-dessus des niveaux des deux océans. Les écluses servent donc à monter les bateaux sur ce lac en hauteur et à les redescendre ensuite. Il n’y avait donc quasiment rien à creuser mais juste à consolider les rives du lac. C’est assez génial.

Le bus nous montre quelques aspects de la ville où les buildings montent jusqu’au ciel avec une densité aussi forte qu’à Miami. Le bus s’arrête devant un site d’attrape-touristes pour du shopping sans intérêt. Nous passons devant le musée de la biodiversité que nous visiterons demain, fait par Frank Gehry, l’architecte de nombreux monuments dont celui de la fondation Vuitton et du musée Guggenheim de Bilbao. Le bâtiment est assez surprenant avec un patchwork de couleurs.

Nous arrivons à l’hôtel Trump Ocean Sun Casino de Panama situé sur la côte Pacifique. L’immeuble est gigantesque. Ma chambre est spacieuse et fonctionnelle. Je suis au 33ème étage et comme je suis sujet au vertige, je m’approche avec prudence de la balustrade de la terrasse de ma chambre.

Après une douche réparatrice car cela fait 21 heures que je suis levé, je me rends au 13ème étage. Le dîner se tient devant les nombreuses piscines de cet étage. Le buffet est de qualité moyenne, les saveurs étant passe-partout. On nous offre à tous des chapeaux panamas, ce qui est une attention charmante. Il est temps d’aller dormir.

notre vol annoncé à Roissy

notre avion, qui nous a transportés pendant trois semaines

l’instant Caviar avec Kaviari et un Ruinart

le repas et la mignonne petite salière (que ma voisine de cabine a collectionnée !)

 

l’arrivée à Panama

le pont des deux amériques, le seul qui relie les deux continents

le musée de la biodiversité que nous visiterons demain

la halte shopping assez inutile

vue sur la ville côté buildings

l’immeuble en vert et en verre est emblématique de Panama

mais il y a aussi de la pauvreté

l’hôtel Trump et son casino

vues de ma chambre (c’est assez gigantesque)

ma chambre

ne dites pas que j’ai craché du Trump, ce n’est que pour l’hygiène buccale !

Reportage sur ma cave et mes dîners jeudi, 9 novembre 2017

Un reportage a été fait sur ma cave et sur mes dîners par un journaliste de Vice.com un site très éclectique. Voici le lien (les deux adresses conduisent au même article) :

https://www.vice.com/fr_ca/article/vb3p58/avec-francois-audouze-le-pape-des-vins-anciens?utm_source=VICEQUEBECTWITTERCARD

http://bit.ly/2yjakZV

A lire sans modération !

17ème dîner de vignerons jeudi, 9 novembre 2017

Comme chaque année lors de la visite en France de Bipin Desai, grand amateur de vins, j’organise un dîner de vignerons. C’est le 17ème dîner de vignerons appelé le « dîner des amis de Bipin Desai » et comme il est organisé à la façon de mes dîners je le compte comme le 219ème de mes dîners.

Les participants de ce dîner sont : Guillaume d’Angerville (domaine d’Angerville), Véronique Boss et Michel Boss (domaine Drouhin), Dominique Demarville (champagne Veuve-Clicquot), Jacques Devauges (Clos de Tart), Jean Luc Pépin (domaine Georges de Vogüé), Charles Philipponnat (champagnes Philipponnat), Gilles de Larouzière (champagnes Henriot), Pierre Trimbach (maison Trimbach), Bipin Desai et moi. Richard Geoffroy (champagne Dom Pérignon) ayant été empêché de venir a demandé que son vin soit servi. Nous sommes onze avec un lourd programme : douze bouteilles et quatre magnums.

J’arrive à 17 heures au restaurant Laurent et Ghislain, le chef sommelier, a déjà présenté, pour une photo de groupe, tous les vins dans l’ordre de service. Il me présente Aurélien, jeune sommelier qui sera en charge de notre table. A l’ouverture des vins, le riesling 1985 a un parfum glorieux, pur, parfait. Le Montrachet a 1990 un nez incroyable car je  ressens des fruits rouges confiturés que Ghislain ne perçoit pas comme moi. Le vin paraît très riche. Le Musigny blanc 1986 qui a été rebouché en 2002 a un nez qui sent fort le soufre.

Le Volnay 1992 a un nez de vin de vigneron collé à sa terre. C’est un parfum sans concession, très jeune. Le Clos de Tart a un nez qui a toute la noblesse de la Bourgogne. L’amertume et la râpe que l’on sent sont superbes.

Le Bonnes Mares 93 a un bouchon qui semble neuf mais aucune indication de rebouchage n’est inscrite. Jean-Luc Pépin me dira plus tard que s’il n’y a pas d’indication, c’est que le bouchon n’a pas été changé. Le nez me plait beaucoup. Le vin semble franc et joyeux. Le parfum du Muscat 1897 me tétanise et me renverse. Il a une complexité invraisemblable car il a à la fois de la douceur mais aussi une acidité citronnée diabolique. Ce vin est l’expression de la quête permanente de l’ultime. Le bouchon très court comme celui des Chypre 1845 est d’un liège parfait. Je rebouche tout de suite la bouteille pour que ce parfum unique ne s’évapore pas.

Pendant que j’officie Ghislain me propose un verre de Champagne rosé Pierre Paillard les Terres Roses Bouzy Grand Cru. Cet extra brut est très agréable et de belle construction.

Ghislain a ouvert à 18h30 le Champagne Henriot Cuve 38 magnum La Réserve Perpétuelle Blanc de Blancs qui est fait selon la méthode de la solera. Je demande à le goûter et si sa construction est parfaite, sa légère amertume en fait un champagne un peu strict.

Les vignerons amis arrivent à 19h30 et nous trinquons sur le champagne Henriot. Lorsque j’évoquerai avec mes amis l’amertume qui me gêne un peu, celui qui prendra la défense de ce champagne, avec des accents enthousiastes, c’est Dominique Demarville, de Veuve Clicquot. Le voir défendre ainsi ce champagne me plait beaucoup et montre que ma réserve n’a sans doute pas lieu d’exister.

Le menu qui a été créé par Alain Pégouret pour les vins de ce soir est : Amuse-bouche : rôtie au thon, gougère, pâté en croûte / Saint-Jacques marinées, radis en aigre-doux et salade potagère aux noisettes, gelée de « granny smith » / Turbot nacré à l’huile d’olive, bardes et légumes verts dans une fleurette iodée / Noix de ris de veau grillotée à la plancha et relevée à l’ail noir, purée de topinambour et céleri / Carré d’agneau, pommes soufflées « Laurent », jus / Chaource, Camembert / Pomme fondante au caramel façon « Tatin », arlette croustillante, crème d’Isigny / Palmiers.

Un vin et un champagne cohabitent sur les coquilles. Le Champagne Philipponnat Clos des Goisses 1979 dégorgé en 2010 est d’une puissance et d’une largeur qui sont impressionnantes. Ce champagne est goûteux de fruits jaunes et noble. Il est vraiment exceptionnel et Charles Philipponnat nous dira que venant pour la première à ce dîner de vignerons il a choisi une année qu’il considère une des plus grandes pour le Clos de Goisses. Il a raison car ce champagne expressif est percutant.

Il faut bien cela car le Riesling Cuvée Frédéric Émile Maison Trimbach magnum 1985 est tonitruant. Son parfum est intense, riche et en bouche c’est un Etna qui envahit. Ce riesling a une pureté extrême et une précision inégalable. C’est le riesling au sommet de son art et le format magnum aide à lui donner une rondeur particulière. Et ce qui me plait c’est qu’on peut passer du champagne au riesling et inversement sans aucune gêne. L’aigre-doux du plat ainsi que l’acidité sont un peu trop prononcés mais avec les coquilles seules, délicieuses, on se régale des deux vins.

Le turbot accueille deux vins blancs. Le Montrachet Marquis de Laguiche  Joseph Drouhin 1990 est plein et généreux. C’est une force tranquille qui n’est pas mitterrandienne. Il est joyeux et solaire et même gourmand.

A ses côtés le Musigny blanc Domaine Comte Georges de Vogüé 1986 a un nez très discret qui pose même des questions à Bipin Desai qui se demande s’il n’est pas dévié. Mais en fait ce vin a besoin de s’ouvrir, ce qu’il ne fera que lentement. Longtemps une énigme il délivrera un message d’une rare subtilité que j’ai appréciée en fin de verre. Difficile à comprendre il me plait beaucoup car il est raffiné. L’accord avec le turbot se trouve surtout avec la divine sauce. Le plat est excellent.

La noix de ris de veau est d’une grande qualité. Le Volnay Clos des Ducs Domaine Marquis d’Angerville magnum 1992 qui avait des accents un peu « les pieds dans la glaise » se présente sous un jour complètement différent. Il éclate de jeunesse et l’effet magnum lui donne une générosité rare. C’est un jeune chevalier conquérant qui ne doute pas de la victoire. Il est riche, gouleyant et pétulant.

Le Clos de Tart Mommessin 1978 est son strict opposé. Il est d‘un charme rare, très féminin, fait de rose fanée et de sel, ce qui évoque bien assez naturellement les vins du domaine de la Romanée Conti. Elégant et subtil, il est un peu plus vieux que son âge mais ça lui va bien. C’est un très grand Clos de Tart dont la superbe râpe est follement bourguignonne. Guillaume d’Angerville corrigera ma formulation en disant « follement Côte de Nuits » pour que ma remarque ne concerne que la Côte de Nuits. Les deux vins sont si dissemblables qu’on les aime tous les deux, riches de complexités et de grand intérêt.

Le carré d’agneau est goûteux et d’une chair gourmande. Le Musigny Joseph Drouhin 1978 est très particulier. Il est puissant, riche, dominateur, dans une version assez guerrière du Musigny. J’aime sa richesse.

Sur le même plat, le Bonnes Mares Domaine Comte Georges de Vogüé 1993 est d’une jeunesse débridée et cultive comme le blanc du même domaine le goût pour l’énigme, car ce vin est très difficile à saisir. Jean-Luc Pépin, fidèle de ces dîners, avait toujours apporté des Musigny rouges et c’est la première fois qu’il apporte un Bonnes-Mares. Je le mets bien volontiers sur un pied d’égalité avec le Musigny. Mes convives proches m’ont demandé pourquoi je n’avais pas mis les deux 1978 sur un plat et les 92 et 93 sur un autre plat. J’ai défendu mon choix car dans cette solution il y aurait eu des confrontations directes que je ne cherche pas à créer de front. Je préfère que sur chacun des plats il y ait des vins très différents, ce qui évite d’avoir des préférences trop immédiates.

Nous levons nos verres à la santé de Richard Geoffroy en buvant le Champagne Dom Pérignon P3 magnum 1975. Ce champagne c’est les All Blacks faisant le haka. Il a une puissance impérieuse. Il est riche puissant et j’aurais tendance à penser qu’au-delà de son extrême plaisir, on est loin d’un 1975. C’est un autre être. Mais Charles Philipponnat va vanter les mérites de ce champagne fait par son père qui s’occupait à l’époque de Moët et Dom Pérignon en disant qu’il est authentiquement Dom Pérignon et Pierre Trimbach va signaler la proximité de saveurs et de parfums entre ce 1975 et des rieslings de Trimbach. J’adore quand les vignerons vantent les mérites de leurs pairs et dans ce cas de leurs pères aussi. Ce champagne est impressionnant.

Le Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Cave Privée Rosé 1978 est dans une ligne qui me correspond plus car malgré un dégorgement fait il y a moins de dix ans, on est en plein dans la ligne de ce qu’est un 1978. Il se trouve que j’ai bu il y a une semaine ce champagne au dégorgement d’origine et je retrouve le même plaisir avec ce 1978 Cave Privée. Il est délicieux, à la personnalité forte et c’est l’expression aboutie d’un champagne rosé. Un convive ayant dit en le buvant : « ce qui faudrait c’est une tarte Tatin », j’ai souri puisque c’est ce qui a été servi.

Jusqu’ici nous avons bu des vins faits par les vignerons invités et presque tous présents. Nous allons maintenant remonter le temps avec le vin que j’ai apporté, un Muscat de la Tour mis en bouteille en 1897. Ce vin est tellement parfait, exceptionnel, aux complexités infinies que mes amis sont tous subjugués qu’un vin de plus de 120 ans, puisque la mise en bouteille a dû être faite avec des vins qui ont eu plusieurs année de maturation, puisse avoir autant de force, de charme et de complexité. Ce qui subjugue c’est l’équilibre entre l’extrême douceur, la suavité et une acidité d’une rare élégance. Nous sommes tous sous le charme de ce vin à la longueur infinie qui s’accorde bien au dessert et aux palmiers légendaires du restaurant Laurent.

La cuisine a été parfaite. Les chairs du turbot, du ris de veau et de l’agneau sont de toute première qualité, la sauce du turbot est magique. Ce fut du grand Alain Pégouret. Aurélien a fait un service du vin que tous mes amis ont jugé remarquable. Le temps entre les plats a été assez long mais non gênant tant les discussions étaient enjouées, et comme de plus aucun convive ne voulait mettre un terme à ce moment de communion, nous avons quitté le restaurant très tard, sentant tous que nous avions vécu un moment d’amitié rare, unique, avec des vins très différents et tous d’un intérêt gastronomique majeur. Ce 17ème dîner des amis de Bipin Desai a été une réussite complète.

Champagne Henriot Cuve 38 magnum La Réserve Perpétuelle

Champagne Philipponnat Clos des Goisses 1979 dégorgé en 2010

 

Riesling Cuvée Frédéric Émile Maison Trimbach magnum 1985

Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin 1990

Musigny blanc Domaine Comte Georges de Vogüé 1986

Volnay Clos des Ducs Domaine Marquis d’Angerville magnum 1992

Clos de Tart Mommessin 1978

Musigny Joseph Drouhin 1978

Bonnes Mares Domaine Comte Georges de Vogüé 1993

Champagne Dom Pérignon P3 magnum 1975

Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Cave Privée Rosé 1978

Muscat de la Tour mis en bouteille en 1897

photo de groupe dans ma cave

photo de groupe sur le bar

photo de groupe dans la rotonde

les bouchons des vins, dans l’ordre de service

Déjeuner au restaurant Pierre Gagnaire jeudi, 9 novembre 2017

J’ai envie de refaire un dîner avec Pierre Gagnaire, car celui que j’avais fait avec lui en 2007, le dîner n° 91, a laissé dans ma mémoire une trace très positive et excitant ma curiosité et mon envie de recommencer. Un rendez-vous est pris avec lui en son restaurant gastronomique parisien, le restaurant Pierre Gagnaire, à midi. C’est évidemment une perche que je me suis tendue pour que je réserve une table pour le déjeuner, ce que je fais.

Nous travaillons dans un recoin de la cuisine, évoquant mille idées sur une liste de vins que j’ai préparée. Pierre Gagnaire est d’une infinie gentillesse et d’une ouverture d’esprit rare. Nous nous reverrons dans quelques semaines pour continuer les mises au point. Au cours de notre discussion Pierre me fait goûter un fromage que je ne connais pas, le Stichelton, qui me semble encore meilleur que le Stilton pour les sauternes.

Au lieu de déjeuner dans l’agréable recoin créé dans la cuisine je vais déjeuner en salle. Je suis seul, je commande le menu du déjeuner et je vois à une table de l’autre côté de la salle un ami gastronome et gourmet. Il déjeune avec une personnalité politique. Je lui fais tendre ma carte et il me propose de me joindre à leur repas. Ils ont pris le lièvre à la royale en trois services et ont déjà fini le premier aussi vais-je gérer mon repas sans le synchroniser avec le leur. Ils me font servir un verre d’un Côtes du Roussillon rouge cuvée vieilles vignes domaine Gauby 2005 que je trouve chaleureux et généreux et dont le relatif manque de longueur, peu marqué, se remarque à peine. L’impression est positive.

Le menu classique du déjeuner est enrichi de quelques préparations que Pierre Gagnaire veut me faire goûter : eau de betterave rouge fumée, sablé de crevettes grises , couteaux et maquereau au sel / crème de maïs, quartiers d’artichaut, copeaux de foie gras de canard pochés / aile de raie bouclée voilée de farine de maïs, poêlée de câpres La Nicchia et cornichons maison, oignons cébettes grillées / Tomatillo, chou-fleur, vuletta / velouté vert, coquillages du moment, algues sauvages du Croisic / Pepe bucato, avocat, sirop gluant de pamplemousse rose.

La cuisine de Pierre Gagnaire est élégante, complexe et les goûts sont enthousiasmants. Certaines associations sont d’une rare richesse mais d’autres sont déroutantes. J’avoue que les algues sauvages m’ont heurté. Il faudra travailler les plats pour assurer une cohérence des à-côtés et Pierre Gagnaire y est prêt. L’aile de raie est superbement présentée mais les légumes verts ne lui conviennent pas. Il y a tant de talent dans cette cuisine que la bonne voie s’imposera d’elle-même.

J’ai tenu à honorer mes convives impromptus en leur offrant de boire ensemble un Champagne Pierre Péters Les Chétillons Blanc de Blancs 2000. Le nez de ce champagne est impressionnant. Il est d’une profondeur et d’une richesse très au-dessus de ce que l’on pourrait attendre. Et la bouche est gourmande, pleine, joyeuse. C’est un très grand champagne.

Mes hôtes ayant des rendez-vous à honorer je me suis retrouvé seul pour poursuivre mon repas. Un maître d’hôtel vient me dire qu’un client, assis seul à une table, souhaite me rencontrer. Je le rejoins et il m’explique qu’ayant entendu une discussion sur le dîner des Romanée Conti que j’ai en projet, il souhaitait en savoir plus. Nous commençons à bavarder, le contact est sympathique aussi suis-je convié à m’asseoir à sa table. Lui aussi avait pris le lièvre à la royale et allait être servi de la tourte que mes convives précédents m’avaient proposé de goûter.

Me voilà parti pour une troisième table au restaurant, comme dans jeu de chaises musicales et mon nouveau convive partage avec moi sa tourte, ce qui fait que mon menu se complète ainsi : tourte feuilletée traditionnelle / confiture d’églantine, prunelles sauvages / sorbet ananas / papaye à la cardamome, kaki / quelques desserts Pierre Gagnaire.

La tourte est accompagnée d’un verre de Château Rayas Châteauneuf-du-Pape rouge 2003 qui est dans un état de grâce absolu avec une râpe très bourguignonne. Quelle énergie, quelle élégance dans ce vin du Rhône qui sourit à la tourte comme après un premier baiser. Mon nouveau convive a quatre-vingts ans, habite Dinard et fait une fois par mois la tournée des grands restaurants pour boire de grandes bouteilles. Il est hautement probable que nous nous reverrons pour partager des vins de la Romanée Conti dont il est friand.

La cuisine raffinée de Pierre Gagnaire ainsi que sa personnalité de chef me plaisent énormément.

déjeuner à la maison dimanche, 5 novembre 2017

Mes deux filles viennent déjeuner à la maison avec leurs enfants. A l’apéritif nous grignotons de fines tranches de jambon Pata Negra et diverses tartes aux oignons préparées par ma femme et mes petites-filles. Le Champagne Heidsieck & Co Monopole Cuvée Diamant Bleu 1985 a un bouchon qu’il est très difficile d’extirper car il ne tourne dans le goulot que de façon saccadée comme s’il était cranté. Il a fallu que j’utilise un cassenoix pour qu’il se lève entier. Une belle explosion de bulle a salué la sortie du bouchon, le champagne ayant une bulle active comme celle d’un champagne très jeune. La couleur est d’un jaune clair, doré comme un beau blé d’été. Le nez est expressif et en bouche il offre de beaux fruits jaunes. Ma fille cadette parle d’une amertume qui ne me gêne pas et j’aime l’acidité bien contrôlée. C’est un beau champagne plein de vie. Les tartes à l’oignon luis conviennent bien.

Le boucher chez lequel ma femme a coutume de se fournir offre des morceaux de porcs ibériques élevés comme les Pata Negra que l’on peut cuire comme des steaks. La viande très expressive est accompagnée de petites pommes de terre rissolées. Ce plat est idéal pour l’Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné 1984. Son parfum à l’ouverture, il y a quelque trois heures, m’avait enthousiasmé par sa personnalité et ses accents bourguignons. Il cohabite aussi bien avec la viande qui a une râpe très similaire à la sienne, qu’avec les délicieuses pommes de terre. C’est un vin de caractère, subtil, expressif sans être puissant et s’il est bien rhodanien, il a des amertumes de vin de Bourgogne. Sa justesse de ton est remarquable. J’avais bu il y a peu une Côte Rôtie La Landonne Guigal 1984 que j’avais adorée. L’année 1984, plutôt calme, fait des merveilles à 33 ans.

Le repas s’est poursuivi avec des fromages dont un camembert qui a joliment accompagné le vin et le dessert, fait d’aériennes meringues à divers parfums, appelait de l’eau . Ces repas de famille sont des moments de bonheur.

le bouchon est posé dans un cadre tenu par Pierre Desproges (couverture d’un livre)

la petite étiquette fait penser à une mâchoire de requin

les nombreuses tartes aux oignons

pas de corvée de patates ! elles se mangent avec la peau

dîner au restaurant Bel Canto samedi, 4 novembre 2017

Une de mes petites-filles a dix ans et le cadeau que nous lui faisons, ma femme et moi est de dîner au restaurant Bel Canto. Le service est fait par des chanteurs d’Opéra. La nourriture est convenable sans être vraiment transcendante. Je choisis sur la carte du menu un foie gras de canard fait maison, pain bio toasté, chutney ananas oignon, graines de pavot bleu / carré d’agneau en croûte d’herbe, purée de pommes de terre à la truffe / Tatin de pommes parfumées au gingembre et crème légère vanillée.

L’intérêt est beaucoup plus tourné vers les chanteurs qui interprètent des airs connus du répertoire classique, mais pas seulement. Le Champagne Dom Pérignon 2006 ne me parle pas. C’est comme s’il jouait sur un piano désaccordé, ce qui n’est pas le cas pour la jeune pianiste excellente du restaurant. Le contact n’est jamais passé entre le champagne et moi.

Il se trouve que la veille, au bar de l’hôtel Shangri-La, j’avais bu une coupe de Dom Pérignon 2006. Il s’était présenté un peu mieux que le champagne de ce soir, mais je ne lui avais pas trouvé les qualités habituelles que j’aime en Dom Pérignon. Lors de ma première rencontre avec ce 2006, il y a presque deux ans, j’avais été enthousiasmé. A la deuxième fois, il y a un an, j’avais aussi été conquis. Alors, ce champagne est-il en train de se refermer pour atteindre plus tard une nouvelle plénitude ? Je ne sais pas mais je conseillerais volontiers de ne pas toucher aux 2006, pour en profiter dans deux à trois ans.

une chanteuse trinque avec ma petite-fille

les chanteurs