Visite de la maison de cognac Hennessy et dégustations jeudi, 2 février 2017

La maison de cognac Hennessy invite une quinzaine de personnes à visiter ses installations et goûter ses cognacs lors d’un programme étalé sur deux jours. Notre groupe est très cosmopolite. De France les invités viennent d’Amiens, de Paris et de Charente. S’ajoutent des indiens, des écossais, un suisse, un malaisien et une singapourienne. Nous nous retrouvons à plusieurs dans le même TGV de Paris à Angoulême et les discussions vont bon train.

Nous sommes conduits dans la distillerie des cognacs Hennessy, distillerie du Peu, du nom du lieu-dit, accueillis par un apéritif à base de cognac V.S. « on the rocks », avec des feuilles de menthe et des kumquats. Un sirop donne une saveur sucrée qui évoque un peu les bourbons. Ce breuvage qui se boit bien est traître, car il a une belle charge d’alcool. Les petits fours sont absolument délicieux.

Après les explications qui nous sont données sur les alambics et les processus de distillation nous déjeunons dans la grande salle des alambics. Le menu élaboré par le chef David Fransoret, chef du château de Bagnolet, propriété d’Hennessy est : Saint-Jacques poêlées, fumet au beurre noisette, mousseline de chou-fleur / pavé de cabillaud, Tatin de panais et potimarron, sauce cassis / Linzer agrumes meringué.

Le déjeuner est accompagné d’un Puligny-Montrachet 1er Cru Les Louves Domaine des Lambrays 2012 joyeux, fruité, très agréable, qui s’accorde bien aux noix de Saint-Jacques. J’ai la chance d’être assis à côté de Maurice Hennessy, qui est de la huitième génération de la famille des fondateurs en 1765 de cette célèbre maison, comme Yann Fillioux, maître de chai, représente la septième génération de sa famille à occuper depuis 1802 cette fonction de maître de chai. Le dessert est accompagné d’un Cognac X.O. Hennessy très expressif.

Nous nous rendons ensuite à la Sarrazine, la tonnellerie de réparation des tonneaux de Hennessy pour assister à une démonstration de confection d’un tonneau. Cet atelier est crucial car la maison Hennessy a un stock de 380.000 tonneaux et en utilise 20.000 par an. Ces chiffres donnent le vertige.

Nous sommes ensuite conduits au « cellier du fondateur » acquis en 1774 qui est l’un des celliers où dorment des fûts de tous âges. Au-delà d’un siècle environ le chêne n’apporterait plus rien à l’alcool aussi les plus anciens cognacs sont en dame-jeanne, les plus vieilles étant de 1800. Nous avons l’insigne honneur de goûter sur fût un Cognac Hennessy 1910 Petite Champagne Hennessy Divers que je trouve d’une fraîcheur confondante, fluide, romantique émouvant, au finale gracieux. Nous goûtons ensuite un Cognac Hennessy 1908 Petite Champagne Hennessy Divers plus viril, plus rêche et plus court et à ma grande surprise une majorité des membres de notre groupe préfèrent le 1908 alors que je trouve le 1910 infiniment plus vibrant. Des goûts et des couleurs…. Je dis à Stanislas, notre cornac, que le 1910 à lui seul, valorise et justifie le voyage que nous faisons.

Olivier Paultes, le maître des lieux, directeur des distilleries, nous parle avec émotion de ce stock spectaculaire sur lequel il règne, qui permet de concevoir les cognacs les plus rares, le Paradis Impérial étant, par exemple, l’assemblage de plus d’une centaine des alcools qui dorment ici et dans les nombreux autres celliers.

Nous nous rendons au siège de la maison Hennessy et visitons la salle du comité de dégustation qui comprend six membres plus deux stagiaires qui n’ont pas le droit de s’exprimer et seront en stage pendant dix ans. Olivier qui fait partie de ce comité qui se réunit tous les jours boit de l’ordre de 10.000 cognacs par an. Le rôle du comité est de préparer les assemblages pour les cognacs à commercialiser mais aussi à détecter les jeunes eaux-de-vie qui composeront les cognacs les plus prestigieux dans un demi-siècle. Le comité travaille pour l’immédiat et pour le futur.

Dans la salle de dégustation pour les invités, nous avons devant nous sept cognacs dont quatre numérotés 1, 2, 3, 4, dont deux numérotés A et B et le dernier n’ayant pas de numéro, qui est le Paradis Impérial.

Le cognac n° 1 est une nouvelle eau de vie transparente dont Olivier nous dit qu’au nez, elle sent la fleur de vigne. Pour moi elle sent plus l’alcool pur, sans trace de bois. En bouche il y a du fruit, du bonbon anglais, de la mirabelle et de la colle à l’amande.

Le cognac n° 2 est un Cognac Hennessy 2005 vieilli dans un fût de plus de huit ans et le n° 3 est aussi de 2005, vieilli dans un fût neuf. C’est le 3 qui est le plus foncé. Le 2 a un nez très doux, de vanille. En bouche il est très sec. Le 3 a un nez aussi très doux, plus boisé. En bouche il est très doux. Le 2 est très équilibré mais à ce stade de leurs vies je préfère le 3.

Le cognac n° 4 est un Cognac Hennessy 1996. Il n’est pas encore prêt pour entrer dans un assemblage nous dit Olivier. Il a un nez qui est déjà agréable, fort. La bouche est un peu lactée.

Les qualités des cognacs sont dans l’ordre décroissant : grande champagne, petite champagne, borderie, fins bois, bons bois et bois ordinaires. Les quatre que nous venons de boire sont des fins bois et le cognac A que nous goûtons maintenant est un Cognac Hennessy Grande Champagne 1996 de la même année que le 4, mais en grande champagne. Olivier nous dit que le « A » a le potentiel pour entrer dans la composition du Paradis Impérial. Pour que nous comprenions ce que cela représente, il nous dit que sur 10.000 alcools testés sur une années, dix seulement seront jugés aptes à entrer dans la composition du Paradis Impérial.

Le cognac B est une Cognac Hennessy Grande Champagne 1965. Olivier Paultes nous dit que cet alcool mériterait d’être à lui tout seul un Paradis Impérial, mais ce n’est pas possible car cet alcool doit obligatoirement être le produit d’un assemblage. Cela veut dire qu’Olivier considère ce 1965 comme étant au plus haut niveau de qualité. En le buvant, je lui trouve un superbe équilibre. Je ressens des fruits blancs et du muguet. Il est beau et romantique un peu comme le 1910 bu dans le cellier. Le « B » est facile à boire, de belle longueur et délicat. Il est très charmeur. Olivier dit qu’il mérite dès maintenant d’entrer dans le Paradis Impérial, car il n’a pas besoin d’un vieillissement supplémentaire.

Je trouve que le parfum du A est plus cognac que le parfum du B. Mais en bouche c’est le B qui est d’un raffinement total. Il est temps de goûter le 7ème cognac présenté, le Cognac Hennessy Paradis Impérial. Sa couleur est superbement ambrée. Le nez est magnifique, superbe et expressif, un peu fumé et délicat. En bouche on sent à quel point il est complexe. Les évocations sont innombrables, zestes d’orange, tarte Tatin, etc. Le finale est grand et le cognac fait de plus d’une centaines d’eaux-de-vie est relativement calme. Le concept de Paradis Impérial date de 2010 alors que le concept de Paradis est plus ancien.

Les cognacs s’épanouissent en cours de dégustation, devenant beaucoup plus accueillants et ouverts et le nez du B que je trouvais moins cognac que le A s’épanouit grandement. Le Paradis Impérial distribue généreusement fragrances et arômes. C’est un cognac subtil.

Après cette dégustation, nous rendons au château de Bagnolet, demeure de réception de la maison Hennessy. C’est une très jolie maison bourgeoise décorée à l’ancienne. Après un court assoupissement bien nécessaire nous nous retrouvons dans le jardin d’hiver aux plantes tropicales pour l’apéritif nommé Hennessy X.O. Ice. Ce cognac sur glaçons est très agréable mais un peu monotone après quelques gorgées. Fort heureusement les petits amuse-bouche dont une anguille très typée excitent très bien le cognac glacé.

C’est Olivier Paultes qui est notre hôte à la belle table du château. Le dîner se fera au cognac, sur un menu « Précision » créé par le chef Guy Martin du Grand Véfour pour le cognac Paradis Impérial et exécuté par le chef du château David Fransoret : magret de canard Tataki, petits légumes croquants / pot au feu, jeunes légumes glacés / consommé, tartine de moelle à la truffe / mangue, papaye, fruits de la passion, biscuit aux amandes.

Je suis un peu sur la défensive en pensant que nous allons faire tout le repas au même Cognac Paradis Impérial. Le premier plat confirme mes craintes car, même si le cognac est servi frais, il est beaucoup trop puissant pour le gras du magret. Il étouffe le plat. Mes craintes vont s’estomper car le pot-au-feu délicieux colle parfaitement au cognac, qui s’adapte aussi bien à la chair délicieuse de la viande qu’au bouillon. On tient là un accord très bien conçu.

Il en est de même de l’accord du cognac avec le consommé très réduit et concentré et de l’accord avec le toast à la truffe. Ces deux plats valident la création de Guy Martin. Le dessert est aussi en harmonie avec le cognac. Le Paradis Impérial est d’une grande longueur, en évocations subtiles et non agressives. Si l’expérience montre que c’est possible, la démonstration n’est pas faite que l’on ait envie de recommencer ou de la faire chez soi. Car le même cognac tout au long d’un repas est monotone, et les accords, même s’ils se montrent pertinents, seraient surpassés par d’autres, avec des vins ou des champagnes. Ce repas que j’approuve dans son envie de convaincre, conforte plutôt l’idée que le cognac doit garder sa place en fin de repas, comme un point d’orgue, du moins dans la conception européenne ou française des repas. Les chinois et les asiatiques prouvent que le cognac peut être présent partout, comme en ce repas. Je leur laisse bien volontiers ce choix.

Après le repas on nous sert dans le jardin d’hiver le Cognac Hennessy Paradis, beaucoup plus foncé, plus rustique et de plus faible longueur. C’est évidemment un grand cognac mais la saturation existe, sauf pour certains fumeurs qui ont continué tard dans la nuit à rendre hommage aux cognacs de la maison Hennessy.

Après une nuit courte nous prenons le petit-déjeuner dans la belle salle à manger. Les groupes se séparent. Du fait du retard d’un des convives au départ de la navette, ceux qui comme moi repartaient vers Paris ont dû courir sur les quais, le train étant sur le point de partir.

L’accueil de la maison Hennessy est généreux et le service au château est exemplaire, tout le monde étant attentif à nos désirs. Si l’expérience d’un repas au cognac est intelligemment réussie, cela reste malgré tout un exercice de style qui sera difficile à reproduire. Mais le Paradis Impérial, élégant cognac, me donne envie de le mettre plus souvent à sa place attitrée, selon mes critères, celle du point d’orgue d’un repas de gastronomie.

En réfléchissant à cet exercice de style et en prenant en compte ma vision des repas, je verrais bien un dîner en l’honneur du cognac avec un cognac glacé en apéritif, un plat qui convienne à un riche vin blanc, un peu comme nous l’avons fait à la distillerie, puis un plat comme le toast à la moelle et à la truffe pour le cognac Paradis Impérial, puis un plat pour un riche vin rouge, un dessert préparé pour aller aussi bien avec un champagne rosé qu’avec un cognac, l’après dessert revenant au cognac seul. Cette forme de repas serait à l’honneur du cognac en trois reprises, plus facile à appréhender qu’un repas dévoué en totalité au cognac. Je serais heureux d’en faire l’expérience.

1- à la distillerie :

avec M. Hennessy

2 – à la tonnellerie

3 – le cellier du fondateur

4 – le siège de la maison Hennessy et la salle du comité de dégustation

5 – la dégustation

6 – le dîner au château de Bagnolet

Dîner avec un Dom Pérignon 1964 jeudi, 5 janvier 2017

Un ami vient dîner à la maison. J’ai envie de voir ce que devient le Champagne Dom Pérignon 1998. Ce champagne avait eu des périodes d’incertitudes. Qu’en est-il aujourd’hui ? Bonne nouvelle, ce champagne a pris de l’ampleur et se montre excellent. Il est plein, charmant, peut-être pas aussi romantique que sur d’autres millésimes, mais c’est un beau compagnon de gastronomie. Alors que le Pata Negra est bien gras et vif, c’est avec un saucisson que le Dom Pérignon vibre le mieux. Le saucisson est d’ailleurs l’ami aussi bien des champagnes que des vins blancs et des vins rouges car selon le partenaire il fera apparaître certaines de ses facettes. Ici, c’est sur le poivre et le gras que l’accord se trouve.

Sur un risotto à la truffe noire, le Dom Pérignon est aussi présent, surtout sur le parmesan car la truffe noire est plutôt discrète.

Un poulet cuit à basse température accueille une Côte Rôtie La Mouline Guigal 1996. C’est toujours un régal de boire les Côtes Rôties de Guigal mais je m’attendais à plus de vivacité de la part de ce 1996. Il est paradoxal que La Landonne 1987 ait été plus riche et plus vive que cette Mouline. Le vin est évidemment agréable mais je suis un peu sur ma faim. Il suggère les pins plus que la garrigue, avec un joli parfum et une longueur peu affirmée.

Notre ami est esthète et adore les bons produits. Il dirige deux boucheries et épiceries fines et prend un soin particulier dans le choix des produits qu’il vend. Il va visiter ses producteurs pour réserver les plus belles pièces, un peu comme le font les grands restaurateurs aujourd’hui. Aussi est-ce avec joie que j’ouvre pour lui un champagne que j’adore, le Champagne Dom Pérignon 1964. Le bouchon vient de deux fois car la rondelle de liège du bas de bouchon est restée en place sans suivre le bouchon. Le pschitt n’est pas là mais le pétillant du champagne est intact. La couleur est joliment ambrée mais très claire. Dès la première gorgée, ce champagne est un voyage vers l’infini. On sait que pour aller trouver la première planète qui pourrait être habitable et propice à la vie, il faudrait quelques milliers d’années avec les techniques actuelles. Eh bien, ce champagne c’est ça. Il nous propulse vers un autre monde de saveurs. S’il y a des évocations citronnées gracieuses, il aussi des kakis, des fruits compotés, des grâces vineuses. Il est impossible de faire le tour des complexités de ce vin. Si on lui disait : « dessine-moi un mouton », il le ferait. Il arrive même à évoquer de frêles fruits rouges. Son vineux est fort. Ce voyage hors du temps est irréel. C’est un grand champagne hors-piste.

Le suite du repas est faite de fromage puis de mousse au chocolat avec des palmiers. Le champagne se boit pour lui-même, rayon de soleil de ce dîner.

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209ème dîner de wine-dinners au restaurant Pages vendredi, 23 décembre 2016

Le 209ème dîner de wine-dinners se tient au restaurant Pages. Le thème de ce dîner est original puisque c’est un amateur de vins que je connais et qui m’avait déjà demandé de faire un dîner il y a quelque temps qui réunit ses trois enfants, deux conjoints d’enfants et deux amis pour être avec eux autour d’un bon repas alors qu’ils sont souvent par monts et par vaux. Nous serons huit, six hommes et les deux filles de mon ami. Le repas et l’ouverture des vins seront filmés par une équipe d’une télévision chinoise privée dont l’audience, à l’échelle de la Chine, ferait pâlir d’envie bien des télévisions françaises.

La cave du restaurant étant de très petite taille j’ai apporté mes vins le jour même pendant l’heure du déjeuner. Qui vois-je à table, mon ami Tomo qui déjeune avec un chef coréen. Tomo me dit : « veux-tu goûter ? » et me tend son verre. La couleur est un peu tuilée et le goût me rappelle des vins familiers. Le Richebourg domaine de la Romanée Conti 1961 me plait beaucoup car malgré une certaine faiblesse de puissance, il est très évocateur et porteur du charme subtil des vins du domaine. Je quitte vite ces deux amis car j’ai un rendez-vous.

A 16h30 je commence à ouvrir les vins, filmé par deux cameramen. Deux problèmes vont apparaître pendant la séance d’ouverture. Le bouchon du Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus 1962, à peine effleuré, baisse d’un centimètre dans le goulot. Quelle que soit la douceur de mes gestes, le bouchon glisse et finit par tomber. Je suis obligé de carafer le vin ce qui est contraire à mes usages et après avoir extirpé le bouchon de la bouteille que j’ai nettoyée, j’ai remis le vin dans la bouteille. Malgré ces opérations, le vin ne sent pas mauvais. Mais étant chahuté ainsi, il est probable qu’on le ressentira à table. Un tel incident ne s’est quasiment jamais produit dans mes dîners ou du moins, je n’en ai pas le souvenir alors que cela s’est relativement plus souvent produit lors des séances de l’académie des vins anciens. Et cela arrive, comme par un mauvais hasard, le jour où l’ouverture des vins est filmée.

Le deuxième problème concerne le Maury 1925 présenté en une demi-bouteille qui a été embouteillée il y a une dizaine d’années d’un fût d’origine que je connais. Le bouchon est donc quasi neuf. Quelle que soit la façon dont j’essaie de tirer le bouchon, il ne remonte pas. Même en faisant levier avec un limonadier, rien ne bouge. Je dois donc déchiqueter calmement le bouchon miette par miette sur plus de la moitié du bouchon pour qu’enfin je puisse le lever.

Le dîner démarre à 19h30 et pour ne pas gêner les tables avoisinantes je donne les consignes usuelles lorsque nous sommes assis à table. Le Champagne Mumm Cuvée René Lalou 1985 est d’une belle couleur claire. La bulle n’est pas très active mais le pétillant est vif. Le vin se place dans la catégorie des grand champagnes, au message fort de blés blonds d’été. Il est gentiment titillé par les amuse-bouche qui vont dans des directions extrêmement variées et c’est un petit filet de maquereau au goût très fort qui lui donne un coup de fouet magistral.

Le menu créé par le chef Ryuji Teshima est : amuse-bouche / caviar de Sologne / carpaccio de bœuf Wagyu / saint jacques, risotto de riz sauvage croustillant / lotte, coquillages et choux / agneau de lait basque, jus d’agneau, champignons / pigeonneau de la Nièvre, écrasé de céleri rave / dégustation de bœuf maturé (normande maturée 4 semaines, salers maturé 6 semaines et Wagyu Ozaki) / stilton / tarte tatin et glace à la truffe.

Le Champagne Salon 1988 est beaucoup plus ambré que le Mumm pourtant plus vieux. Ce champagne est une bombe. Olfactive d’abord et gustative ensuite. C’est un Salon parfait. Il a la puissance vineuse, il est glorieux et emplit la bouche d’un soleil radieux. L’accord avec le caviar est sublime, la crêpe donnant une douceur qui met en valeur le salin du caviar et la petite ciboulette excitant le champagne. Le carpaccio de bœuf Ozaki est d’une rare douceur et dompte le Salon qui ne demande que cela. De fines lamelles de truffe prolongent le bonheur d’un champagne hors norme. Il est à noter, et nous en ferons l’expérience pour d’autres séries de vins, que le passage de l’un à l’autre, c’est-à-dire du Salon vers le Mumm et retour, ne nuit à aucun des deux. Le Mumm tient sa place malgré la puissance du Salon.

Le Chablis Grand Cru Blanchot Vocoret & Fils 1988 est plus discret que des précédents de ce même vin bus récemment. Il est fluide, léger mais précis et de belle minéralité et forme avec les Saint-Jacques un bel accord.

Le Bâtard Montrachet Domaine Ramonet 1992, comme le Salon 1988, est une bombe. Son parfum explose. En bouche il est d’une présence infinie. C’est un immense bourgogne blanc. La lotte forme avec ce vin un accord d’une rare luxure. Le jeu des choux de Bruxelles, l’un vert, l’autre violet, excite le vin à la longueur sans pareille. Comme précédemment pour les champagnes, le retour vers le chablis se passe sans difficulté.

Lorsqu’on me donne les premières gouttes du Clos Saint-Denis Domaine Dujac 1979, le seul parfum du vin me transporte d’aise et je m’exclame : « ce vin est un passeport pour la plus belle Bourgogne ». Ce vin est pour moi l’expression de l’idéal bourguignon. Il a un peu de ce qu’offrent le Clos de Tart et les vins de la Romanée Conti. Car il y a une signature saline d’une belle gaieté. L’agneau est d’une tendreté inouïe et le vin d’une douceur et d’un charme parfaits magnifie l’accord.

Le Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 1962 a deux facettes. D’un côté c’est un vin fatigué et dévié, de l’autre c’est un vin buvable. Mon ami l’aime beaucoup et comme le pigeon est exceptionnel, il en jouit. Pour ma part, les traces de goût de chocolat signent un vin dévié, mais comme la sauce du pigeon est lourde, l’accord se trouve sur la sauce. Malgré tout, je suis un peu déçu.

Le Musigny Domaine Comte de Vogüé 1978 est tout simplement exceptionnel. Il affiche une aisance et une personnalité impressionnantes. Il est glorieux comme le sont le Salon et le Ramonet. Le boire, c’est boire du bonheur. Il est vineux, avec une belle amertume et il sait être doucereux quand il le faut. Sa longueur est infinie. Nous aurons une querelle d’école, Naoko, la femme du chef et moi, mais cette question divisera aussi la table. Naoko nous dit de manger dans l’ordre Ozaki / normande / salers alors que je pense que le plus pertinent serait normande / salers / Ozaki. La viande d’Ozaki est grasse, tendre et douce. Si on commence par elle, les deux autres paraissent plus dures alors qu’en commençant par des goûts que l’on connaît, l’Ozaki est un feu d’artifice de douceur. Comme une partie de la table a approuvé Naoko, laissons la question en suspens. La seule chose qui compte est que ces viandes sont délicieuses et que le Musigny est immense.

Le Château d’Yquem 1922 est ambré mais relativement peu pour cet âge alors que mes convives moins familiers de ces vins le trouvent très foncé. Il est d’une délicatesse infinie, subtil, évoquant des agrumes fins et racés. Il a mangé une bonne partie de son sucre mais il en reste encore. L’accord est beaucoup plus brillant avec le stilton dans sa partie blanche qu’avec la tarte Tatin qui manque un peu de mâche de pomme et à l’inverse montre trop de feuilleté.

J’avais demandé à Dorian le talentueux pâtissier de prévoir la Tatin en deux services dont le deuxième plus caramélisé pour le Maury La Coume du Roy 1925. Ce Maury est superbe de douceur et malgré ses 17° il est d’une fraîcheur incroyable. Une des filles de mon ami trouve framboise et menthe dans ce vin. L’accord génial de ce vin est avec la glace à la truffe. Il est possible de passer du Maury à l’Yquem sans que les vins ne se gênent. Des convives ont préféré le Maury à l’Yquem ce qui montre qu’ils ne sont pas influencés par les étiquettes. Certains ont jugé le Maury plus complexe que l’Yquem, ce que je conteste catégoriquement tant ce 1922 est d’une noblesse incommensurable avec des subtilités pianotées comme des gymnopédies.

Nous n’aurions dû être que huit à voter mais l’un des gendres arrivé très tard a été suffisamment astucieux pour goûter tous les vins et nous sommes donc neuf à voter. Sept vins sur neuf figurent parmi les votes où chacun ne vote que pour ses quatre vins préférés. Un vin a reçu des votes de tout le monde ce qui arrive assez peu, c’est le Musigny qui recueille neuf votes. Cinq vins ont eu l’honneur d’être nommés vainqueurs, le Bâtard-Montrachet trois fois, le Clos Saint-Denis et le Musigny Domaine Comte de Vogüé deux fois et le Champagne Salon et l’Yquem une fois. Le fait que neuf personnes choisissent cinq vainqueurs différents montre bien la diversité des goûts.

Le vote compilant ceux des convives est : 1 – Musigny Domaine Comte de Vogüé 1978, 2 – Bâtard Montrachet Domaine Ramonet 1992, 3 – Château d’Yquem 1922, 4 – Champagne Salon 1988, 5 – Maury La Coume du Roy 1925, 6 – Clos Saint-Denis Domaine Dujac 1979.

Mon vote est : 1 – Clos Saint-Denis Domaine Dujac 1979, 2 – Bâtard Montrachet Domaine Ramonet 1992, 3 – Musigny Domaine Comte de Vogüé 1978, 4 – Château d’Yquem 1922.

Toute la table a été enthousiasmée par la pertinence des accords mis au point par le chef Teshi pour les vins. L’ambiance de cette famille a été joyeuse tout au long du repas, décontractée mais studieuse quand il le fallait. A part le Beaune Grèves, tous les vins se sont présentés au mieux de ce qu’ils pouvaient offrir. Le Musigny, le Bâtard, l’Yquem, le Clos-Saint-Denis et le Salon sont des vins immenses. Ce fut un très beau repas gastronomique.

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les bouchons des deux blancs

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les bouchons du Dujac 1979 et du Beaune Grèves 1962

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bouchons du Musigny et de l’Yquem (le 1922 est lisible)

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Trois repas avec mon fils jeudi, 22 décembre 2016

Nous dînons en famille avec ma fille cadette, mon fils, une nièce de ma femme et une de nos petites-filles. Alors qu’aucun apéritif n’était prévu, j’ai envie d’ouvrir un Champagne Perrier-Jouët 1966. Aussitôt des petites vérines aux goûts variés éclosent sur la table, ainsi que des champignons de Paris baignant dans de l’huile et fortement oints d’ail, suivis par une terrine de foie gras. Le décor est planté et le champagne peut entrer en scène. A l’ouverture j’ai senti un léger pschitt et le bouchon est venu facilement. La bulle est quasi inexistante mais le pétillant est bien là. La couleur du champagne est très belle, à peine ambrée, joyeuse. Le parfum discret est noble et le champagne a une jeunesse en bouche qui est plus belle que celle du Salon 1983 bu il y a deux jours qui a pourtant dix-sept ans de moins. Bien affirmé, solide, carré, aux beaux fruits jaunes, vineux, c’est un grand champagne d’une grande année.

J’ouvre un Champagne Krug Grande Cuvée de plus de trente ans, le frère de celui qui a été bu il y a deux jours. La couleur est claire, limpide, ce qui est d’une rare beauté. La bulle est très active. C’est un champagne en pleine possession de ses moyens, au parfum envoûtant tant il est fort. Ce Krug emplit la bouche s’installe et domine. Il est toutefois un peu moins glorieux que le même champagne ouvert il y a deux jours. Il a moins le sourire du vainqueur. Mais on est à tel niveau de perfection que le plaisir n’est pas entamé.

Ayant cherché des vins dans ma cave j’ai eu la curiosité de regarder dans des zones non inventoriées. J’ai vu un Mercurey Château de Chamirey 1er grand cru années 40 que je suis obligé d’estimer puisque l’étiquette de millésime a disparu. Le niveau est bas aussi l’ai-je ouverte pour ce soir avec l’espoir qu’il ne soit pas trop tard. Mais hélas le bouchon très gras laisse sortir un parfum désagréable. Dans le même examen en cave j’ai prélevé un Pommard Clos des Epeneaux Domaine Comte Armand 1962. Même niveau bas, même peur et là aussi à l’ouverture un parfum peu engageant.

Prévoyant le pire, j’ai ouvert une bouteille de Vega Sicilia Unico 2002 au parfum tonitruant. Ce que ce vin affiche, c’est Alain Delon quand il avait vingt ans. Le parfum est de fruits noirs mais aussi de violette.

A table au moment où est servi le poulet dominical, les odeurs des deux bourgognes sont moins rebutantes mais je n’éprouve pas le besoin de faire l’essai. J’ai trop envie du vin espagnol qui montre à quel point il est raffiné. C’est un vin juteux, spontané, nature, avec des complexités nobles. Il y a du cassis de la myrtille, de la violette et au finale, ces notes de fenouil et de menthe qui signent une fraîcheur inégalable. C’est un vin magique, parfait dans cette belle jeunesse spontanée.

Ma femme a prévu des fondants au chocolat qui sont servis froids. Le Vin de Paille domaine Hubert Clavelin 1994 en demi-bouteille est très agréable, fleurant bon les grains de raisins avec un peu de raisin de Corinthe et c’est une joie saine que ce vin gourmand.

Dans ma folie je sers une goutte de Marc Chauvet 1913 que j’avais ouvert lorsqu’il a eu cent ans et qui a gardé une vivacité et une fraîcheur rares trois ans plus tard. Il y a eu deux vedettes ce soir, le champagne Perrier Jouët 1966 et le Vega Sicilia Unico 2002. Ce fut un beau repas.

Le lendemain, ma femme aimerait que nous soyons plus raisonnables aussi ai-je un large sourire lorsque je rentre à la maison et découvre le dessert de ce soir, une folie que mon fils et moi adorons. Il y aura de délicieux fenouils passés au four et crémés, un peu de fromage pour ceux qui veulent et le clou de ce repas sera ces boules de meringue saupoudrées de pépites de chocolat qu’on n’a plus le droit de nommer de leur nom originel. Qu’importe, tant le goût est à se damner. Pour ce repas qui se voulait frugal, c’est un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs magnum 1996 qui va accompagner notre semblant de sagesse. Par rapport aux champagnes récemment bus, on change complètement de registre. Ce champagne est rassurant, lisible, franc et joyeux. Sa bulle est forte, sa couleur est celle d’un très jeune champagne et c’est sa sérénité qui séduit. Il combine à la fois une belle acidité discrètement citronnée, de beaux fruits jaunes d’été et un petit côté pâtissier de bon aloi. On est vraiment bien avec ce champagne franc.

Le séjour de mon fils touche à sa fin. Nous avons surtout bu de grands champagnes aussi vais-je clôturer la partie œnologique de son séjour sur un vin qui pourrait l’émouvoir. Le programme est simple, poulet cuit au four à basse température avec du riz noir, restes de fromages et c’est tout. J’ouvre le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1974 au niveau à quatre centimètres sous le bouchon ce qui est très convenable. Le bouchon est noir sur sa moitié supérieure, de la poussière noire s’étant émiettée sous la capsule, mais la partie inférieure du bouchon est saine. L’odeur première est assez acide, peu engageante. Hélas, je ne suis rentré du bureau qu’une heure et demie avant le repas aussi le temps sera bien court pour que le vin ressuscite. Au moment de le servir, je ressens que le vin est fatigué. Il y a bien la grâce et la subtilité discrète des vins du domaine mais sous un voile de fatigue et d’une acidité légèrement excessive. Mon fils est beaucoup plus indulgent que moi. A la deuxième passe de service, le vin me plait beaucoup plus. Il s’améliore à grande allure et je regrette de ne pas lui avoir donné les quatre heures d’ouverture qui auraient tout changé. Et c’est à la troisième passe que le vin atteint enfin ce qu’il doit être c’est-à-dire un vin gracile, tout en suggestion délicate. Il y a le sel qui me remet dans les sillons des vins du domaine et enfin le pinot noir s’exprime avec une belle râpe. Ouf, le vin a atteint son but. Lorsque je me verse la lie, j’ai un vin plein, droit, franc, d’une belle expression bourguignonne d’une année gracile. Quel dommage de ne pas l’avoir ouvert comme il eût convenu. Mon fils plus tolérant l’a aimé de bout en bout. Tant mieux puisque c’était pour lui.

Sur un cake aux raisins secs et massepain nous avons fini le reste du vin de paille 1994 entamé il y a peu. L’accord, superbe grâce aux raisins secs a mis le point final à une courte semaine de folie, tant j’ai envie que mon fils des Amériques profite des pépites de ma cave.

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Tasting the 2013 of Romanée Conti with Aubert de Villaine samedi, 17 décembre 2016

I go to the headquarters of the company Grains Nobles where, as every year, the presentation of the last vintage put in bottles of the Romanée Conti wines is made by Aubert de Villaine himself. It is the only presentation of this kind he makes in France, due to friendship for the former owners of this company but also for the current ones. Pascal Marquet welcomes me and I see that an American, Bill, has preceded me, to have the place of choice at one of the tasting tables, just facing Aubert de Villaine. Being ahead, I will have the other place of choice that faces.

The tasting starts at 7:30 pm with some faithful whom I recognize. At the table of speakers there is Aubert de Villaine, surrounded by Michel Bettane and Bernard Burtschy. We will taste the 2013 of the domain of Romanée Conti. 2013 is a tough vintage with a sullen start to the season. Spring was bad with 350 millimeters of rain versus about 200 usually. The vintage was chaotic, especially at the beginning. The mildew was hard to manage, with a lot of dripping, grapes spinning and berries that abort. It was soon very certain that a small crop with a late bloom on June 25, with at least three weeks delay. Fortunately the weather was fine in mid-July. There was a beautiful summer with a bit of heat wave. Catastrophic storms affected the Côte de Beaune, which suffered its third consecutive year of hail, while the Côte de Nuits was not affected. At the end of September there was already a good maturity. The Montrachet was hailed and was harvested first because of the botrytis. The Corton was harvested on 3 October followed by stormy rains on 4 and 5 October. The harvest resumed on 6 October and there, a miracle occurred, it was cold, which stopped the botrytis. The harvest ended on 13 October and we witnessed a very high rise of degrees despite the cold. It took a lot of selection and vinification was easy. The key to this vintage is the low yields of 15 to 20 hectoliters per hectare. It was necessary to fight and biodynamics helped to fight. Aubert points out that there were many millerand grapes, that is to say, very small grains, which had to be sorted. As every year, there have been periods of great fear and nature reserves some miracles that save the crops.

We prepare our glasses and our palate with a Vosne-Romanée Vieilles Vignes Dominique Laurent 2013 and if the attack of this wine is pleasant, the final is rough, harsh, and I do not appreciate it.

The Corton Grand Cru Prince Florent de Mérode Domaine de la Romanée Conti 2013 is a wine made by Domaine de la Romanée Conti since 2009. There are three cortons, the Clos du Roy, the Renardes and the Bressandes which are vinified together and Michel Bettane would not recommend that DRC makes three separate wines, whereas Aubert de Villaine had mentioned the possibility a few years ago. The nose is a bit sweet. The attack is also sweet. The finish is beautiful fruit. The wine is gourmand, good, young and solid. It also has purity and floral character. It is very good, already on the fruit.

The Echezeaux Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 has a beautiful color. The nose is noble, pure and discreet. The attack surprises me as it is powerful. I would never have expected that. It is a great peppered wine that has great finesse in the final. It has a bright future but surprises me to be so expansive.

The Grands-Echézeaux Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 has a very rich and attractive nose. The mouth is more bitter. It is more bitter than the previous one. The touch in mouth is very close to that of the Echezeaux but because of the bitterness, I prefer the Echezeaux.

La Romanée Saint-Vivant Grand Cru «Marey-Monge» Domaine de la Romanée Conti 2013 has a very powerful nose. The attack is pleasant. This wine is made of density and charm. I love this wine that will age well but it does not have the romantic grace that I love so much. I am also a little troubled because the three wines at this stage are solid warriors, which is not their usual attitude. Is it due to low yields? In any case, these are wines to wait for at least twenty years.

The Richebourg Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 has an impressive nose of richness. What power! The attack is that of an immense fruit. The fruit is fine, precise and joyful. The wine is sweet, very open. It combines power and finesse. It is a genius Richebourg who is at this moment in a phase of absolute grace.

La Tâche Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 has a very noble nose. The wine is noble and perfect. How good it is! Aubert de Villaine will often use the word « transparent ». The purity is incredible and the wine is fluid. It is elegant and for me very much above the other wines.

La Romanée Conti Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 has a fine and elegant nose. It is a refined wine. But it has more carbon dioxide than the others. There is the richness of the fruit, spices at the end of the mouth but it is less easy to drink because of the gas. The wine is more saline than the others. It is the wine that is the most typical of the domain of all that we have drunk, but it is not nowadays ready to drink contrary to the Richebourg and not as friendly as is La Tâche. The last drop is unfortunately the most beautiful.
While I defend the Romanée Conti beak and nails I must say that my ranking of this day is: 1 La Tache, 2 Richebourg, 3 Romanée Conti. It is necessary to make an appointment in twenty years so that the Romanée Conti takes the first place.

The Montrachet Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 is of a botrytis vintage, but frankly, I do not feel it at all. The nose has petroleum accents and no botrytis. The mouth is dry, citrus fruit. Michel Bettane says that its botrytis is very noble, but I do not feel it. It is a wine that is not opulent and does not evoke the fat or butter that is often found. It is mineral, fresh, noble. We’ll have to wait before we drink it during meals.
The discussions went well with extremely technical questions to which Aubert de Villaine replied with good grace with the support of Michel Bettane and Bernard Burtschy.
I was surprised by this tasting because the Romanée Conti and the Montrachet are more discreet than I expected while conversely the other reds are much more exuberant.

According to tradition, Pascal Marquet invites a few people to dinner, including Aubert de Villaine, Michel Bettane, Bernard Burtschy, one or two friends and Claire Gibourg who ran Grains Nobles a few years ago and now lives in Washington. The atmosphere of this dinner is always friendly and the food is excellent.
The Champagne Fallet-Gouron white of extra-brut whites has a hard time passing after what we drank, very hard for an extra-brut which has an inaccurate final.
The Meursault Désirée Domaine des Comtes Lafon 2002 is very pleasant, hospitable, gourmand with a nice vibration of the fruit. It is not a classified growth but it is a wine of pleasure drunk in honor of Christian, habitual participant of these dinners and who brought almost systematically wines of the Comtes Lafon and could not be present.
The Châteauneuf-du-Pape Clos des Papes 2005 has a franchise, a readability and a drinking pleasure that is particularly appreciated. It is a pleasure to drink this successful and gourmand wine. To put at one’s table absolutely.
The Coteaux du Languedoc Clos des Cistes Peyre Rose 1995 is a very nice discovery because the wines of Marlene Soria that I have drunk are from the 21st century. This wine of twenty years is pleasant. It does not have an extreme complexity and length but it has a balance between acidity and bitterness that makes it appealing and pleasant to drink.
The Coteaux du Languedoc Mas Jullien 2001 has a style that I like more because there is a complexity and a vibration that speak more to me. The wine is more lively and pleasant.
The lamb comes with purple potatoes whose chew is superb. It is time to go to sleep because my tiring stay in London immediately followed this beautiful tasting and this friendly dinner impose my rest.

Hearing Aubert de Villaine talking with Michel Bettane and Bernard Burtschy and understanding how much they are on the same wavelength with infinite skill and culture is a treat for me that almost surpasses the pleasure of drinking these great wines of the Domaine which are far from having achieved what they are going to give in four or five quinquennials.

Dégustation des 2013 du domaine de la Romanée Conti et dîner samedi, 17 décembre 2016

Un taxi londonien aux invraisemblables itinéraires me conduit de mon hôtel à la gare de Saint-Pancras pour prendre d’Eurostar et retourner à Paris. La file d’attente pour passer la douane est impressionnante. Quinze minutes avant le départ on signale qu’un problème de sécurité existe sur le train que je dois prendre. Aucune information sur la date de départ n’est donnée. J’espère que ça ne va pas se passer comme à l’aller où le stress de l’absence d’information m’était insupportable. Fort heureusement le retard n’excède pas le quart d’heure. A Paris, pas le moindre contrôle de douane, ce qui est inquiétant. La gestion de la prise en charge des voyageurs par les taxis est un chef-d’œuvre d’inorganisation. On met à peu près cinq fois plus de temps que si l’on saupoudrait trois grammes de bon sens dans cette opération.

N’ayant pas le temps de rentrer chez moi pour déposer mes valises, je me rends directement au siège de la société Grains Nobles où, comme chaque année, la présentation du dernier millésime mis en bouteilles des vins de la Romanée Conti est faite par Aubert de Villaine lui-même. C’est la seule présentation de ce genre qu’il fait en France, par amitié pour les anciens propriétaires de cette société mais aussi pour les actuels. Pascal Marquet m’accueille avec mes lourds bagages et je vois qu’un américain, Bill, m’a précédé, pour avoir la place de choix à l’une des tables de dégustation, juste en face d’Aubert de Villaine. Etant en avance, j’aurai l’autre place de choix qui fait vis-à-vis.

La dégustation démarre à 19h30 avec des fidèles que je reconnais. A la table des orateurs il y a Aubert de Villaine, entouré de Michel Bettane et Bernard Burtschy. Nous allons goûter les 2013 du domaine de la Romanée Conti. 2013 est un millésime difficile avec un début de saison maussade. Le printemps fut mauvais avec 350 millimètres de pluie contre 200 environ habituellement. Le millésime fut chaotique, surtout au début. Le mildiou fut dur à gérer, avec beaucoup de coulure, de raisins qui filent et des baies qui avortent. On a eu très vite la certitude d’une petite récolte avec une floraison tardive au 25 juin, avec trois semaines au moins de retard. Heureusement le temps fut beau à la mi-juillet. Il y a eu un bel été avec un peu de canicule. Des orages catastrophiques ont affecté la Côte de Beaune qui a subi sa troisième année consécutive de grêles, alors que la Côte de Nuits n’a pas été touchée. A fin septembre il y avait déjà une belle maturité. Le montrachet a été grêlé et a été vendangé en premier à cause du botrytis. Le Corton a été vendangé le 3 octobre suivi de pluies orageuses les 4 et 5 octobre. Les vendanges ont repris le 6 octobre et là, un miracle s’est produit, il a fait froid, ce qui a arrêté le botrytis. La vendange s’est terminée le 13 octobre et on a assisté à une très forte élévation des degrés malgré le froid. Il a fallu beaucoup de tris et la vinification fut facile. La clé de ce millésime, c’est la faiblesse des rendements de 15 à 20 hectares. Il a fallu se battre et la biodynamie a aidé à se battre. Aubert signale qu’il y a eu beaucoup de raisins millerands, c’est-à-dire aux grains très petits, qu’il a fallu trier. Comme chaque année, il y a eu des périodes de grande peur et la nature réserve quelques miracles qui sauvent les récoltes.

Nous avinons nos verres et nos palais avec un Vosne-Romanée Vieilles Vignes Dominique Laurent 2013 et si l’attaque de ce vin est agréable, le final est rêche, âpre, et je ne l’apprécie pas.

Le Corton Grand Cru Prince Florent de Mérode Domaine de la Romanée Conti 2013 est un vin fait par le Domaine de la Romanée Conti depuis 2009. Il y a trois cortons, le Clos du Roy, le Renardes et le Bressandes qui sont vinifiés ensemble et Michel Bettane déconseillerait que l’on en fasse trois crus séparés alors qu’Aubert de Villaine en avait évoqué la possibilité il y a quelques années. Le nez est un peu doucereux. L’attaque est aussi doucereuse. Le finale est de beaux fruits. Le vin est gourmand, bon, jeune et solide. Il a aussi de la pureté et un caractère floral. Il est très bon, déjà sur le fruit.

L’Echézeaux Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 a une très belle couleur. Le nez est noble, pur et discret. L’attaque me surprend tant elle est puissante. Jamais je n’aurais attendu cela. C’est un grand vin un peu poivré qui a une grande finesse dans le finale. Il a un bel avenir mais me surprend d’être si expansif.

Le Grands-Echézeaux Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 a un nez très riche et séduisant. La bouche est plus âpre. Il est plus amer que le précédent. Le toucher de bouche est très proche de celui de l’Echézeaux mais du fait de l’amertume, je préfère l’Echézeaux.

La Romanée Saint-Vivant Grand Cru « Marey-Monge » Domaine de la Romanée Conti 2013 a un nez très puissant. L’attaque est agréable. Ce vin est fait de densité et de charme. J’aime ce vin qui va bien vieillir mais il n’a pas la grâce romantique que j’aime tant. Je suis d’ailleurs un peu troublé car les trois vins à ce stade sont de solides guerriers, ce qui n’est pas leur habitude. Est-ce dû à la faiblesse des rendements ? En tout cas, ce sont des vins à attendre vingt ans au moins.

Le Richebourg Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 a un nez impressionnant de richesse. Quelle puissance ! L’attaque est celle d’un fruit immense. Le fruit est fin, précis et joyeux. Le vin est suave, très ouvert. Il combine puissance et finesse. C’est un Richebourg génial qui est en ce moment dans une phase de grâce absolue.

La Tâche Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 a un nez très noble. Le vin est noble et parfait. Qu’est-ce qu’il est bon ! Aubert de Villaine utilisera souvent à son sujet le mot « transparent ». La pureté est incroyable et le vin est fluide. Il est élégant et pour moi très au-dessus des autres.

La Romanée Conti Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 a un nez fin et racé. C’est un vin raffiné. Mais il a plus de gaz carbonique que les autres. Il y a la richesse du fruit, des épices en fin de bouche mais il est moins facile à boire à cause du gaz. Le vin est plus salin que les autres. C’est le vin qui est le plus typique du domaine de tous ceux que nous avons bus, mais il n’est pas aujourd’hui prêt à boire contrairement au Richebourg et pas assez amical comme l’est La Tâche. La dernière goutte est hélas la plus belle.

Alors que je défends la Romanée Conti bec et ongles je dois dire que mon classement de ce jour est : 1 La Tâche, 2 Richebourg, 3 Romanée Conti. Il faut prendre rendez-vous dans vingt ans pour que la Romanée Conti prenne la première place.

Le Montrachet Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 est d’un millésime à botrytis, mais franchement, je ne le sens pas du tout. Le nez a des accents de pétrole et pas de botrytis. La bouche est sèche, d’agrumes. Michel Bettane dit que le botrytis est très noble, mais je ne le sens pas. C’est un vin qui n’est pas opulent qui n’évoque en rien le gras ou le beurré que l’on trouve souvent. Il est minéral, frais, noble. Il va falloir attendre avant de le boire.

Les discussions sont allées bon train avec des questions extrêmement techniques auxquelles Aubert de Villaine a répondu de bonne grâce avec l’appui de Michel Bettane et Bernard Burtschy.

J’ai été étonné de cette dégustation car la Romanée Conti et le Montrachet sont plus discrets que ce que j’attendais alors qu’à l’inverse les autres rouges sont beaucoup plus exubérants.

Selon la tradition, Pascal Marquet retient quelques personnes à dîner dont Aubert de Villaine, Michel Bettane, Bernard Burtschy, un ou deux amis et Claire Gibourg qui dirigeait Grains Nobles il y a quelques années et vit maintenant à Washington. L’ambiance de ce dîner est toujours sympathique et la nourriture est excellente.

Le Champagne Fallet-Gouron blanc de blancs extra-brut a du mal à passer après ce que nous avons bu, très dur pour un extra-brut et au finale imprécis.

Le Meursault Désirée Domaine des Comtes Lafon 2002 est très agréable, hospitalier, gourmand avec une jolie vibration du fruit. Ce n’est pas un cru classé mais c’est un vin de plaisir bu en l’honneur de Christian, participant habituel de ces dîners et qui apportait quasi systématiquement des vins des comtes Lafon et n’a pas pu être présent.

Le Châteauneuf-du-Pape Clos des Papes 2005 est d’une franchise, d’une lisibilité et d’un plaisir de boire qui est particulièrement appréciable. C’est un bonheur de boire ce vin réussi et gourmand. A mettre à sa table absolument.

Le Coteaux du Languedoc Clos des Cistes Peyre Rose 1995 est une très agréable découverte car les vins de Marlène Soria que j’ai bus sont du 21ème siècle. Ce vin de vingt ans est agréable. Il n’a pas une complexité et une longueur extrêmes mais il a un équilibre entre acidité et amertume qui le rend interpelant et plaisant à boire.

Le Coteaux du Languedoc Mas Jullien 2001 est d’un style qui me plait plus car il y a une complexité et une vibration qui me parlent plus. Le vin est plus vif et agréable.

L’agneau se présente avec des pommes de terre violettes dont la mâche est superbe. Il est temps d’aller dormir car mon séjour à Londres fatigant suivi immédiatement de cette belle dégustation et de ce dîner amical imposent mon repos.

Entendre Aubert de Villaine discuter avec Michel Bettane et Bernard Burtschy et comprendre à quel point ils sont sur la même longueur d’ondes, avec une compétence et une culture infinies est un régal pour moi qui surpasse presque le plaisir de boire ces grands vins du Domaine qui sont loin d’avoir atteint ce qu’ils vont donner dans quatre ou cinq quinquennats.

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Aubert de Villaine et Bernard Burtschy

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208ème dîner de wine-dinners au 67 Pall Mall Club de Londres jeudi, 15 décembre 2016

Le 208ème dîner de wine-dinners se tient au 67 Pall Mall Club de Londres. J’arrive au club à 16 heures pour ouvrir les bouteilles dans la salle qui servira d’écrin à ce repas. Les bouchons montrent moins de résistance que lors du 207ème dîner et si le parfum du Clos Vougeot 1967 n’est pas très précis, je ne ressens aucune réelle crainte. Les senteurs du Fargues 1967 sont d’une générosité extrême et celles du Doisy 1921 sont d’une noblesse extraordinaire. Tout semble se présenter sous d’agréables auspices aussi ai-je le temps de bavarder avec des membres du club que je connais.

Julian qui participera au dîner ce soir m’offre de partager un verre de Château Lynch-Bages 1985 qui est dans une belle phase de sérénité et d’accomplissement. Alexander avec qui j’avais déjeuné samedi dernier autour de deux Moët, un 1911 et un 1971, m’offre un verre de Champagne Perrier Jouët Belle Epoque 2007 encore bien jeune pour être réellement apprécié. Dans ce club tout le monde discute avec tout le monde en échangeant des vins.

Contrairement au dîner précédent il n’y aura que des hommes. Nous sommes onze dont deux inscrits que j’avais rencontrés ici il y a trois jours. La participation est essentiellement britannique, un finlandais assistant à son deuxième dîner de suite et un américain texan venant pour la première fois. Quatre convives ont déjà assisté à un ou plusieurs dîners et six sont des nouveaux.

Nous prenons l’apéritif debout en trinquant avec un Champagne Perrier Jouët Réserve Cuvée rosé 1961. Il n’a quasiment pas de bulle mais le pétillant est intact. Sa couleur est belle, discrètement ambrée d’or fin plus que de rose. C’est un champagne de forte personnalité, intense, riche et percutant. Il faut se familiariser avec les champagnes évolués mais les convives, tous amateurs de vins, s’y prêtent volontiers. Je suis très favorablement impressionné par ce beau champagne d’une grande année.

Le menu conçu en collaboration avec le chef Marcus Verberne est : œufs de caille à la royale / champagne et risotto aux truffes / tarte aux champignons des bois / homard poché en vol-au-vent, bisque de homard, filet rôti de bœuf galicien, purée de pomme, cassis cassonade / jus de citron / amande crème brûlée, pamplemousse rosé caramélisé /gâteau d’orange aux pistaches.

Le service des plats a été particulièrement lent au début avec des attentes difficilement compréhensibles (on m’a expliqué le lendemain qu’il y avait un dîner de 60 personnes dans une autre salle) et c’est au moment où nous profitions de trois bourgognes associés à la superbe viande de Galice qu’on nous a servi trop rapidement le stilton et le Fargues, ce qui m’a contrarié.

Le Champagne Mumm Cuvée René Lalou 1973 se présente dans une bouteille que je trouve toujours aussi belle. Le champagne est en contraste majeur avec le précédent. Il est romantique, aérien et fluide alors que le Perrier Jouët est puissant et affirmé. Il a des accents crayeux de coquille d’huître. Le Mumm sera désavantagé par le risotto trop salé. C’est ce qui explique sans doute que ce vin soit l’un des deux seuls vins du repas sans aucun vote.

Sur la merveilleuse tarte aux champignons, nous avons deux vins blancs de deux régions bien différentes. Le Château Haut Brion blanc 1996 est jeune, puissant, conquérant, avec une trace en bouche très lourde. Il est noble mais souffre de l’association avec le bourgogne.

A côté de lui, le Bâtard Montrachet Domaine Ramonet 1992 a un parfum absolument envoûtant, magnifiquement mis en valeur par un verre Zalto qui exprime le parfum du vin de façon idéale. Au bar du club, avant le repas, j’avais trinqué avec le représentant pour le Royaume-Uni de ces verres qui équipent le club, qui sont d’une légèreté incroyable et d’une grande aide pour les vins. Le Bâtard est une merveille, le vin blanc absolu dans une grande année. Son nez pétrole comme un vin de l’année et il est opulent, gras, beurré. Un bonheur. J’aurais dû demander un plat spécifique pour le Haut-Brion qui souffre de la comparaison avec le bourgogne, et d’un verre moins adapté. Le Ramonet me transporte et m’émeut car il est dans un état de perfection absolue, surtout par son parfum. L’accord avec les champignons est peut-être le plus grand du repas.

Le plat du homard est une merveille. Il va s’accorder aux deux bordeaux de façon miraculeuse. Comme deux patineurs sur une piste de glace, les deux vins vont jouer à qui sera premier, l’un passant devant l’autre, puis le suivant. Le Château Margaux 1959 a le caractère féminin des margaux. Il est tout en grâce. A côté de lui, le Château Lagaffelière Naudes 1929 est plus guerrier, plus dans la truffe. Les couleurs des deux vins, très noires, sont quasiment identiques. Tout le monde est étonné que le vin de 87 ans soit aussi vif. Le margaux 1959 n’est pas le plus grand de ceux que j’ai bus malgré des fulgurances de grandeur. Après le chassé-croisé des préférences mon cœur ou ma raison me mettront dans le camp du Saint-Emilion manifestement plus riche et impressionnant.

Dans mes dîners il y a souvent des bouteilles de secours. Pour ce dîner j’ai décidé de les inclure aussi le plat de viande sera accompagné de trois bourgognes. Les deux premiers seront servis ensemble et le troisième décalé. Le Clos Vougeot Charles Noellat 1967 avait à l’ouverture un parfum nettement plus sympathique que celui du même vin son cadet, le Clos Vougeot Charles Noellat 1969. Les deux vins ont des goûts très proches, d’une grande subtilité et d’un velours agréable. On sent le talent du grand vinificateur Charles Noellat. Ces deux vins sont émouvants et subtils et j’ai une préférence pour le 1967.

Tout le monde se tait, le temps s’arrête au moment où est servi le Chambertin Edouard Jantot 1961. Il nous prend par surprise. On attendait un troisième bourgogne et voilà que nous sommes face à une apparition divine. Ce vin a tout pour lui. Une attaque envoûtante, une présence incroyable, une richesse gustative, une plénitude qui sont spectaculaires. Je me sens vraiment pris par surprise car j’attendais un bon vin mais pas un vin spectaculaire. Ce vin aura sept votes de premier ce qui est extrêmement rare. Il nous transporte.

Aussi suis-je furieux quand Caroline, notre très agréable sommelière, me demande de goûter le Château de Fargues 1967 avant de le servir aux autres convives. Je suis en plein ravissement avec un bourgogne exceptionnel et on me demande d’accélérer alors qu’au début du repas nous trouvions le service d’une lenteur extrême. Fort gentiment Caroline nous a laissé profiter du chambertin comme il convenait.

Mes convives britanniques ont du mal à comprendre qu’un français puisse considérer un fromage anglais comme le meilleur partenaire d’un sauternes. C’est vrai que pour moi le stilton est de loin le compagnon idéal d’un sauternes. Le Château de Fargues 1967 est d’un or glorieux. Son parfum est une promesse de luxure. Il est riche, plein joyeux, et l’accord est superbe.

A l’ouverture j’avais été frappé par la noblesse du parfum du Château Doisy Barsac 1921. Il est servi maintenant et la sensation que j’ai est celle qui apparaît lorsque je suis en face d’un vin totalement parfait. Il est impossible d’imaginer que ce vin puisse être autre chose que l’ultime perfection. Et je suis physiquement envoûté par ce vin au point que je m’enferme dans ma bulle pour jouir de chaque goutte de ce nectar incroyable. Sa couleur est très foncée, il évoque des zestes d’orange délicats, et il m’envoûte. Nous ne serons que trois à voter pour cette perfection miraculeuse et c’est dommage, car nous avons eu la chance de croiser un vin parfait.

J’ai rajouté en fin de repas un Champagne Dom Pérignon 1973 qui trouve sa place pour nous faire revenir dans le monde des humains. Ce 1973 est très percutant, combinant romantisme et personnalité. C’est un Dom Pérignon de très grande classe qui trouve en cette fin de repas une place idéale. Et j’adore les dégorgements d’origine de ce merveilleux champagne.

Il y a manifestement trois vins qui sortent du lot, le Bâtard, le chambertin et le Doisy, mais les votes seront, comme souvent, très différents. Nous sommes onze à voter pour les 4 vins que nous préférons. Dix vins sur les douze du repas auront des votes ce qui est un très beau score pour l’ensemble des vins, les seuls sans vote étant le Mumm 1973 car souvent les vins du début sont oubliés et le Clos Vougeot 1969 auquel le 1967 a été préféré.

Contrairement à d’autres repas le vote du vin préféré par les convives est très concentré entre trois vins seulement, le Chambertin 1961 nommé sept fois premier ce qui est rare, le Doisy 1921 trois fois et le Perrier Jouët 1961 une fois.

La compilation des votes donne : 1 – Chambertin Edouard Jantot 1961, 2 – Château Doisy Barsac 1921, 3 – Bâtard Montrachet Domaine Ramonet 1992, 4 – Champagne Perrier Jouët 1961, 5 – Château Lagaffelière Naudes 1929, 6 – Château Haut Brion blanc 1996.

Mon vote est : 1 – Château Doisy Barsac 1921, 2 – Chambertin Edouard Jantot 1961, 3 – Bâtard Montrachet Domaine Ramonet 1992, 4 – Château Lagaffelière Naudes 1929.

La cuisine a été une fois de plus délicieuse avec deux plats qui ont créé des accords exceptionnels, la tarte au champignon avec le Bâtard Montrachet et le homard avec les deux bordeaux. Comme pour le dîner précédent, les desserts gagneraient à être plus précis. Le service est attentif et motivé. Quelques détails sont encore à travailler. Tout m’incitera à vouloir recréer de tels dîners dans ce club sympathique.

Lynch Bages 1985 bu au bar

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exemple de moule en bois pour faire des verres Zalto

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les vins du repas

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le Dom Pérignon 1973 que j’ai ajouté a été présenté par erreur comme un 1975 (on le voit sur le menu)

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sur la photo de groupe faite dans ma cave, le Perrier Jouët 1961 est à droite et a remplacé la deuxième bouteille qui est un Perrier Jouët 1966 non servi. Et il manque le Dom Pérignon 1973 mis à la fin.

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les bouchons, dans l’ordre de service des vins

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regroupés dans l’ordre de service des vins

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la table avant le dîner

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la table après le repas

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208th wine-dinners dinner at 67 Pall Mall Club jeudi, 15 décembre 2016

The 208th wine-dinners dinner is held at 67 Pall Mall Club in London. I arrive at the club at 4 pm to open the bottles in the room which will serve for this meal. The corks show less resistance than at the 207th dinner and if the perfume of Clos Vougeot 1967 is not very precise, I do not feel any real fear. The scents of the Fargues 1967 are of extreme generosity and those of the Doisy 1921 are of extraordinary nobility. Everything seems to present itself under pleasant auspices so I have time to chat with members of the club that I know.
Julian who will participate in dinner tonight offers me to share a glass of Chateau Lynch-Bages 1985 which is in a beautiful phase of serenity and accomplishment. Alexander with whom I had lunch last Saturday around two Moët, a 1911 and a 1971, offers me a glass of Champagne Perrier Jouët Belle Epoque 2007 still very young to be truly appreciated. In this club everyone discusses with everyone by exchanging wines.
Unlike the previous dinner there will only be men. We are eleven, two of whom I had met here three days ago. The participation is essentially British, a Finn attending his second consecutive dinner and a Texan American coming for the first time. Four guests have already attended one or more dinners and six are new.
We take the aperitif standing with a Champagne Perrier Jouët Réserve Cuvée rosé 1961. It has almost no bubble but the sparkling is intact. Its color is beautiful, discreetly amber with fine gold more than pink. It is a champagne of strong personality, intense, rich and percussive. It is necessary to become familiar with the champagnes evolved but the guests, all lovers of wines, lend themselves willingly. I am very favorably impressed by this beautiful champagne of a great year.
The menu, designed in collaboration with chef Marcus Verberne, is: quail eggs / champagne and truffle risotto / wild mushroom tarts / poached lobster in a vol-au-vent, lobster bisque / roast fillet of Galician beef, mashed apple, cassis brown sugar, lemon juice / stilton / crème brûlée almond, caramelised pink grapefruit / orange cake with pistachios.
The service of the dishes was particularly slow at the beginning with no-show difficult to understand (I was told the next day that there was a dinner of 60 people in another room) and it was when we enjoyed three burgundies associated with the superb meat of Galicia that we were served too quickly the stilton and the Fargues, which upset me.
The Champagne Mumm Cuvée René Lalou 1973 presents itself in a bottle that I continue to find so beautiful. The champagne is in major contrast with the previous one. He is romantic, aerial and fluid while Perrier Jouët is powerful and assertive. It has chalky oyster shell accents. The Mumm will be disadvantaged by too salty risotto. This undoubtedly explains why this wine is one of the two wines of the meal without any vote.
On the wonderful mushroom tart, we have two white wines from two very different regions. The Château Haut Brion white 1996 is young, powerful, conquering, with a trace in the mouth very heavy. He is noble but suffers from the association with the Burgundy.
Beside him, the Bâtard Montrachet Domaine Ramonet 1992 has an absolutely enchanting fragrance, beautifully enhanced by a Zalto glass that expresses the perfume of wine in an ideal way. At the club bar, before lunch, I had a drink with the representative for the United Kingdom of these glasses that equip the club, which are of an incredible lightness and a great help for the wines. The Bâtard is a marvel, absolute white wine in a great year. Its nose smells oil like a wine of the year and it is opulent, fat, buttered. Happiness. I should have asked for a specific dish for Haut-Brion which suffers from the comparison with Burgundy, and a less suitable glass. The Ramonet transports me and moves me because it is in a state of absolute perfection, especially by its perfume. The agreement with the mushrooms is perhaps the biggest of the meal.

The lobster dish is a marvel. He will agree with the two Bordeaux in a miraculous way. Like two skaters on an ice track, the two wines will play who will be first, one passing the other, then the next. The Château Margaux 1959 has the feminine character of a Margaux. It is all in grace. Beside him, the Château Lagaffelière Naudes 1929 is more warrior, more in the truffle. The colors of the two wines, very black, are almost identical. Everyone is amazed that the 87-year-old wine is so alive. The Margaux 1959 is not the biggest of those I have drunk in spite of fulgurances of grandeur. After the chase-cross of preferences my heart or my reason will put me in the camp of Saint-Emilion obviously richer and impressive.
In my dinners there are often bottles of security, in case… For this dinner I decided to include them also the meat dish will be accompanied by three burgundies. The first two will be served together and the third one staggered. The Clos Vougeot Charles Noellat 1967 had at the opening a perfume much more sympathetic than that of the same wine its younger, the Clos Vougeot Charles Noellat 1969. Both wines have tastes very close, a great subtlety and a velvet pleasant. One feels the talent of the great winemaker Charles Noellat. These two wines are moving and subtle and I have a preference for 1967.
Everybody is silent, the time stops when the Chambertin Edouard Jantot 1961 is served. He takes us by surprise. We were expecting a third burgundy and here we are facing a divine apparition. This wine has everything for him. A mesmerizing attack, an incredible presence, a gustatory richness, a plenitude that are spectacular. I feel really taken by surprise because I was expecting a good wine but not a spectacular wine. This wine will have seven first votes which is extremely rare. He transports us.
So I am furious when Caroline, our very nice sommelier, asks me to taste the Château de Fargues 1967 before serving it to the other guests. I am delighted with an exceptional burgundy and I am asked to accelerate while at the beginning of the meal we find the service of an extreme slowness. Very kindly Caroline let us enjoy the chambertin as it suited.
My British guests have difficulty understanding that a Frenchman can consider an English cheese as the best partner of a sauternes. It is true that for me the stilton is by far the ideal companion of a sauternes. The Château de Fargues 1967 is of a glorious gold. Its perfume is a promise of lust. He is rich, full of joy, and the agreement is superb.
At the opening I had been struck by the nobility of the perfume of Château Doisy Barsac 1921. It is served now and the feeling I have is that which appears when I am in front of a totally perfect wine. It is impossible to imagine that this wine could be anything other than the ultimate perfection. And I am physically bewitched by this wine to the point that I lock myself in my bubble to enjoy each drop of this incredible nectar. Its color is very dark, it evokes delicate orange zest, and it envelops me. We will only be three to vote for this miraculous perfection and it is a shame, because we had the chance to meet a perfect wine, to meet perfection.
I added at the end of the meal a Champagne Dom Pérignon 1973 which finds its place to bring us back into the world of humans. This 1973 is very percussive, combining romanticism and personality. It is a Dom Pérignon of very high class who finds in this end of meal an ideal place. And I love the original disgorgements of this wonderful champagne.

There are obviously three wines that stand out, the Bâtard, the Chambertin and the Doisy, but the votes will, as often, be very different. We are eleven to vote for the 4 wines that we prefer. Ten wines out of twelve of the meal will have votes which is a very good score for all the wines, the only ones without vote being the Mumm 1973 because often the wines of the beginning are forgotten and the Clos Vougeot 1969 to which the 1967 was preferred.
Unlike other meals the wine vote preferred by the diners is very concentrated between only three wines, the Chambertin 1961 named seven times first which is rare, the Doisy 1921 three times and the Perrier Jouët 1961 once.
The compilation of the votes gives: 1 – Chambertin Edouard Jantot 1961, 2 – Château Doisy Barsac 1921, 3 – Bâtard Montrachet Domaine Ramonet 1992, 4 – Champagne Perrier Jouët 1961, 5 – Château Lagaffelière Naudes 1929, 6 – Château Haut Brion blanc 1996.
My vote is: 1 – Château Doisy Barsac 1921, 2 – Chambertin Edouard Jantot 1961, 3 – Bâtard Montrachet Domaine Ramonet 1992, 4 – Chateau Lagaffelière Naudes 1929.
The cuisine was once again delicious with two dishes that created exceptional combinations, the mushroom tart with the Bâtard Montrachet and the lobster with the two Bordeaux. As for the previous dinner, the desserts would gain to be more accurate. The service is attentive and motivated. Some details are still to be worked out. Everything will make me want to recreate such dinners in this friendly club.

(pictures of this dinner can be seen on the same article in French version) (see just above)

207ème dîner de wine-dinners au 67 Pall Mall Club vendredi, 9 décembre 2016

Pendant que nous attendions deux retardataires inscrits au 207ème dîner de wine-dinners au 67 Pall Mall Club, qui me faisaient craindre le pire car ils étaient censés avoir payé leur participation directement au club, Terry le chef sommelier m’avait tiré par la manche pour me présenter à la charmante fille de Corinne Mentzelopoulos, propriétaire du château Margaux et au fils de Paul Pontallier qui a géré pendant de nombreuses années les vins du château Margaux. Cette heureuse rencontre est prometteuse d’autres. Quelle heureuse surprise ! Je les quitte après échange de cartes de visite et évocation de moments rares partagés avec leurs parents.

Nous sommes enfin neuf dans la petite salle appelée bibliothèque dont les armoires vitrées des quatre murs regorgent du plancher au plafond de vins prestigieux. Il y a quatre femmes dont les trois américaines que je connais et une anglaise qui accompagne un finlandais actionnaire du club. Un autre anglais est aussi actionnaire du club, un anglais dont la tenue évoque les festivités de Noël avec des représentations de la Vierge Marie d’inspiration russe, le journaliste Dan et moi. Pour deux américaines, c’est le cinquième dîner auquel elles assistent, pour le finlandais, c’est le second. Les autres sont nouveaux.

Le Champagne Brut Imperial Moët & Chandon 1952 est pris dans la bibliothèque. Il est d’un confort extrême, chaleureux, large, montrant qu’il a de l’âge puisque son goût est celui d’un champagne déjà ancien avec une bulle quasi inexistante mais un joli pétillant actif. Il est chaleureux et généreux et un amuse-bouche tiède en forme de cromesquis délicat au goût discret de truffe blanche lui convient.

Nous descendons dans la salle Saint-James qui nous a été réservée, magnifiquement décorée pour Noël avec un joli sapin et des motifs de table dans les mêmes tons. Tous les verres sont sur table avec les millésimes des vins inscrits sur les pieds des verres. Terry Kandylis fait un bref discours de bienvenue très apprécié.

Le menu créé par Marcus Verberne le chef du restaurant du club est : canapé, champagne et truffes arancini / tataki de thon au sésame / vol-au-vent de langoustine / filet poêlé de saint-pierre aux girolles sautées / ris de veau, bacon croustillant, sauce soubise / cuissot de chevreuil, pomme dauphinoise, cavolo nero, jus de chocolat / Stilton / Panna cotta au safran et à la mangue.

Le Champagne Krug Vintage 1969 lorsqu’il se boit seul montre une certaine acidité et une vivacité beaucoup plus grande que celle du Moët. Lorsque l’on goûte le thon cru, la transformation du champagne est spectaculaire. Il s’élargit, perd son acidité pour gagner en rondeur et en complexité. C’est un champagne extraordinaire, plein, à la personnalité extrêmement affirmée. C’est un bonheur que de boire un tel champagne aussi vif.

Sur le vol-au-vent de langoustine, nous avons deux vins que tout oppose même s’ils partagent la même appellation. Le Corton Charlemagne Eugène Ellia 1993 est romantique, fluide, tout en suggestion. Sa délicatesse charme tout le monde.

A côté, le Corton Charlemagne J.F. Coche Dury 2001 est une bombe. Son nez pétrole comme un vin de l’année et en bouche il explose. Il est tellement puissant mais en même temps complexe et chaleureux que je tombe sous son charme, tant il représente le goût idéal du Corton-Charlemagne interprété par Jean-François Coche-Dury. Quand on a la chance de goûter ce vin confidentiel dans sa forme la plus aboutie, on ne peut que l’aimer. L’accord du 1993 se trouve sur la pâte du vol-au-vent alors que le 2001 s’accorde avec la lourde sauce crémée du plat vif et délicieux.

Sur le saint-pierre nous buvons deux Haut-Brion dont le plus jeune a été mis en secours éventuel de l’ancien, mais c’est l’ancien qui sera le plus brillant. Le Château Haut-Brion 1928 arrive trop froid de cave et un peu serré. Il faudra plusieurs minutes pour qu’il délivre un velours délicat. Son nez m’avait impressionné en cave. Il est plus contenu maintenant, n’ayant pas trouvé d’expansion du fait du froid de la cave. Lorsque son velours arrive, il crée avec le poisson un accord de première grandeur. On sent que le vin est grand, mais pas assez épanoui.

Le Château Haut Brion 1961 est une désagréable surprise. Je m’attendais à une éclosion à venir après un nez incertain à l’ouverture et en fait le parfum est poussiéreux, voire même un peu liégeux. Le vin existe, mais on est loin de ce qu’un 1961 devrait donner puisque c’est un vin glorieux en cette année mythique. Etant extrêmement sensible aux performances de mes vins que je considère comme mes enfants, je suis un peu vexé. Fort heureusement le très bon saint-pierre aide considérablement les deux vins.

Avec l’excellent ris de veau il y a un seul vin, la Côte Rôtie La Mouline Guigal 1973. Enfin un rouge parfait. Le parfum de ce vin est d’une délicatesse toute bourguignonne. Le vin est subtil et racé, délicat comme un Volnay ou un Pommard. On reconnaît bien sûr un vin du Rhône mais aux accents délicats d’une année frêle, ce qui lui sied à merveille. Ce vin est de grand plaisir subtil.

J’avais raconté à toute la table la joie que j’avais eue en sentant le Vega-Sicilia Unico 1936 en cave et Dan en avait été le témoin. Aussi, lorsque Terry me sert en premier un verre de ce vin, je suis stupéfait. La couleur est celle d’une eau terreuse, comme si le rouge était totalement dépigmenté avec la couleur rouge tombée en fond de bouteille. Le fond qui sera servi est effectivement beaucoup plus sombre mais ces couleurs sont affreuses. Comment ce vin qui m’avait enchanté peut-il se désagréger ainsi. Le nez évoque le chocolat, le café et l’alcool. Un convive lui trouvera des accents de madère et le jugera délicieux sur le gibier. Je suis consterné et c’est une bonne chose que Dan puisse témoigner de ce que nous avions ressenti. Le vin est buvable malgré sa couleur, mais on est loin de ce que j’attendais.

Fort heureusement, le Vega-Sicilia Unico Ribera del Duero 1960 n’a pas l’ombre d’un défaut. C’est un Vega Sicilia au sommet de sa gloire, pur, plein, à la couleur d’un rouge vif, sang de pigeon, opulent et vif. C’est un grand vin qui brille encore plus du fait du caractère sanguin et goûteux du cuissot. Malgré les performances de deux vins brillants, le 1973 et le 1960, je ronge mon frein et trouve que deux sublimes sur cinq, ce n’est pas suffisant. Et quand je ne suis pas content, mes convives le remarquent, même si je fais bonne figure. Le 1960 brillant est un vrai réconfort.

Le stilton est parfait avec juste ce qu’il faut de gras et d’amertume. Le Château d’Yquem 1942 à la couleur très foncée est délicieux, très zeste d’orange amère avec une rare distinction et des subtilités juste suggérées. C’est un Yquem discret et raffiné à la longueur en bouche infinie.

Le Château Guiraud 1893 est glorieux, déjà par sa couleur qui est d’un acajou clair. On dirait un soleil tant il brille. En bouche ce sont les fruits exotiques généreux qui abondent. Le dessert à la mangue manque un peu de vivacité mais le vin se suffit à lui-même, parfait et abouti. C’est une leçon que ce vin de 123 ans, vif, jeune, riche de mangue et vibrant au-delà de tout.

Il est temps de voter. Nous sommes neuf à voter pour nos quatre préférés et huit vins figureront dans les votes ce qui est presque inespéré compte-tenu des accidents de quelques vins. Cinq vins auront l’honneur d’être nommés premiers, le Guiraud 1893 trois fois, le Corton Charlemagne 2001 et la Côte Rôtie 1973 deux fois chacun, et l’Yquem 1942 et le Vega 1960 une fois chacun.

Le vote du consensus, compilation des votes est : 1 – Côte Rôtie La Mouline Guigal 1973, 2 – Vega-Sicilia Unico Ribera del Duero 1960, 3 – Château Guiraud 1893, 4 – Corton Charlemagne J.F. Coche Dury 2001, 5 – Champagne Krug Vintage 1969, 6 – Château d’Yquem 1942.

Mon vote diffère de celui du consensus. Il est : 1 – Château Guiraud 1893, 2 – Corton Charlemagne J.F. Coche Dury 2001, 3 – Champagne Krug Vintage 1969, 4 – Vega-Sicilia Unico Ribeira del Duero 1960.

C’est la première fois que je trouve un écart aussi important entre l’impression à l’ouverture et le vin qui est servi. Alors que je voulais montrer au journaliste les bienfaits de la « méthode Audouze », ce fut loin d’être convaincant. L’explication pourrait être que l’ouverture pratiquée dans une cave très froide, au lieu d’épanouir les vins les resserre. Aussi ai-je dit à Terry que pour le prochain dîner j’ouvrirai les vins dans la salle où se tiendra le dîner, comme je le fais d’habitude.

Marcus Verbene a fait un menu brillant que nous avions mis au point lors de mon passage il y a un mois, pour la dégustation verticale du champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill. Marcus a été chaudement félicité et je l’ai senti heureux d’avoir pu faire un repas aussi adapté aux vins. Le plus bel accord pour moi est celui du thon avec le Krug 1969, suivi de l’accord du saint-pierre avec le Haut-Brion 1928. Dans une ambiance enjouée et très cosmopolite, avec un service exemplaire, et malgré quelques petites contreperformances de certains vins, ce fut un dîner heureux et apprécié.

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207th dinner in the 67 Pall Mall Club of London vendredi, 9 décembre 2016

This is the departure for London to make two of my dinners in the 67 Pall Mall club where I already had a dinner eight months ago. At the Gare du Nord, nothing moves. I get information on my phone: « all trains are blocked at the Gare du Nord ». Then I hear a loudspeaker saying « no train can leave and we cannot give any information ». Then it’s « the 15:13 train is canceled. We will inform you when we can give you information.  » It would seem that it was a catenary that was ripped off by a regional train. Like hundreds of people, I try to change ticket by queuing at the counters of the Eurostar. At the rate of changing tickets at the counter, I could still be there tomorrow. Then arrives an agent who says to a small group: « if you were registered on the train of 15:13, I can put you on the train of 16:13 ». I cling to that hope. My ticket is changed. Then begins a wait, again without explanation. It is only after an hour more that I can embark on the train that remains at the dock. The stress created by the lack of information is intense. Finally the train moves, with 2h30 delay. On landing at Saint-Pancras, life begins to smile again.
A good night’s sleep later, I meet for lunch two American ladies, my friends, accompanied by one of their friends whom I do not know, who will all participate to the first dinner. We’ll have lunch at the Avenue restaurant. The wine list is rather thin. The only real nugget is a Chateau de Pibarnon Bandol 2012. On a Scottish beef tenderloin, the wine is very nice. The second bottle of this same wine is infinitely better, more lively, more typical, evoking the south and the garrigue. Such variation on such a young wine is difficult to imagine. What will happen tomorrow night with wines that have many decades more if such variations occur?
I go to 67 Pall Mall Club at 3:30 pm to open the 207th dinner wines. A journalist from the magazine The Economist had planned to interview me during the opening of the wines and as the quorum of the dinner was not reached, I had announced to him that I invite him to dinner tonight.
Terry Kandylis, the excellent chef-sommelier of the club, has prepared the bottles in the cellar, vertical for two days so that the possible sediments rest at the bottom of the bottles. The space he reserved for me in the cellar to open the wines is very small and the temperature in the cellar is very cold, probably too cold.
The perfumes of the wines are absolutely enthusiastic, with, in the order of the happy surprises, the Guiraud 1893 dazzling and glorious, complex to infinity, the Vega Sicilia Unico 1936, combining red fruits and chocolate of a wild youth and Haut- Brion 1928, with a magnificent red fruit. The only uncertain wine is the Haut-Brion 1961, which needs to hunt scents of dust that do not seem to have to subsist.
The cork that has created the greatest problem is that of Haut-Brion 1928 totally glued to the glass which I was able to extirpate into pieces as an archaeologist who would find the remains of a dinosaur. Other corks disintegrated but everything went out as it should.
It is therefore very confident that we go back, Dan the journalist and me, to the club bar for me to answer his questions. The club proposes five hundred wines by the glass thanks to the intensive use of Coravin, this syringe which allows to pump wine through the cork and to replace it by an inert gas which allows to preserve the wine without any oxidation linked to the sample. Dan will offer me a glass of Bonnes-Mares Domaine Comte de Vogüé 2006 with a nice liveliness followed by a glass of Chambolle-Musigny Domaine Comte de Vogüé 2005 more discreet but still nice to drink even if it is very young and less noble than the previous Grand Cru.
At 6:30 pm, time of the appointment, my American friends all beautiful are of an absolute punctuality. We are quickly seven and the last two give me cold sweats because they had never responded to my emails. When I finally see them arrive, a heavy weight is released and dinner can begin.

While we were waiting for two latecomers on the 207th dinner of wine-dinners at the 67 Pall Mall Club, which made me fear the worst because they were supposed to have paid their participation directly at the club, Terry the sommelier had pulled me by the sleeve to present me to the charming daughter of Corinne Mentzelopoulos, owner of Château Margaux and the son of Paul Pontallier who managed for many years the wines of Château Margaux. This happy encounter is promising others. What a happy surprise! I leave them after exchange of business cards and evocation of rare moments shared with their parents.
We are finally nine in the small room called the library whose glass cabinets of the four walls are overflowing from the floor to the ceiling of prestigious wines. There are four women of whom the three American I know and an English who accompanies a Finnish shareholder of the club. Another English is also a shareholder of the club, an English whose dress evokes the Christmas festivities with representations of the Virgin Mary of Russian inspiration, the journalist Dan and me. For two Americans, it is the fifth dinner they attend, for the Finnish, it is the second. The others are new participants.
The Champagne Brut Imperial Moët & Chandon 1952 is drunk in the library. It is of extreme comfort, warm, wide, showing that it is of age since its taste is that of an already old champagne with a bubble almost nonexistent but a nice active sparkling. It is warm and generous and a warm appetizers in the shape of delicate cromesquis to the discreet taste of white truffle suits him.
We go down into the Saint James room which was reserved for us, beautifully decorated for Christmas with a nice decorated pine tree and table motifs in the same tones. All the glasses are on table with the vintages of the wines inscribed on the feet of the glasses. Terry Kandylis makes a very nice welcome speech.
The menu created by Marcus Verberne the chef of the club’s restaurant is: Canape, Champagne & truffle arancini / Tuna tataki with sesame / Langoustine tartlet / Pan-fried fillet of John Dory with sauteed girolles / Veal sweetbread, crispy bacon, sauce soubise / Roast fillet of venison, pomme dauphinoise, cavolo nero, Chocolate jus / Stilton / Saffron pannacotta with mango.
The Champagne Krug Vintage 1969 when it is drunk alone shows a certain acidity and vivacity much greater than that of the Moët. When you taste raw tuna, the transformation of champagne is spectacular. It widens, loses its acidity to gain in roundness and complexity. It is an extraordinary champagne, full, with an extremely strong personality. It is a pleasure to drink such a lively champagne.
On the vol-au-vent of langoustine, we have two wines that all oppose even if they share the same name. The Corton Charlemagne Eugène Ellia 1993 is romantic, fluid, all in suggestion. Its delicacy charms everyone.
Next, the Corton Charlemagne J.F. Coche Dury 2001 is a bomb. Its nose is of petrol like a wine of the year and in the mouth explodes. It is so powerful but at the same time complex and friendly that I fall under its charm, as it represents the ideal taste of the Corton-Charlemagne interpreted by Jean-François Coche-Dury. When one has the chance to taste this confidential wine in its most accomplished form, one can only love it. The 1993 accord is on the dough of the vol-au-vent while the 2001 agrees with the heavy creamy sauce of the lively and delicious dish.
On the saint-pierre we drink two Haut-Brion, the youngest of whom has been put in the eventual succor of the old one, but the oldest will be the most brilliant. The Château Haut-Brion 1928 comes too cold from the cellar and a little tight. It will take several minutes for him to deliver a delicate velvet. His nose had impressed me in the cellar. It is more contained now, having not found expansion due to the cold of the cellar. When his velvet arrives, he creates with the fish a chord of first size. One feels that the wine is large, but not sufficiently blossomed.

The Château Haut Brion 1961 is an unpleasant surprise. I was expecting an outbreak to come after an uncertain nose at the opening and in fact the scent is dusty, or even a little corky. The wine exists, but we are far from what a 1961 should give since it is a glorious wine in this mythical year. Being extremely sensitive to the performance of my wines that I consider my children, I am a little upset. Fortunately the very good Saint-pierre helps considerably the two wines.
With the excellent sweetbread there is only one wine, the Côte Rôtie La Mouline Guigal 1973. It’s time for a perfect red. The perfume of this wine is of a Burgundian delicacy. The wine is subtle and racy, delicate like a Volnay or a Pommard. We can of course recognize a Rhone wine but with the delicate accents of a fragile year, which suits him perfectly. This wine is of subtle pleasure.
I had told the whole table the joy I had in smelling the Vega-Sicilia Unico 1936 in the cellar and Dan had witnessed it. Also, when Terry first serves me a glass of this wine, I am amazed. The color is that of an earthy water, as if the red was completely depigmented with the red color fallen at the bottom of the bottle. The lower part of the bottle that will be served is actually much darker but these colors are awful. How could this wine which had enchanted me disintegrate thus? The nose evokes chocolate, coffee and alcohol. A guest will find him accents of Madeira and will judge it delicious on the venison. I am appalled and it is a good thing that Dan can testify to what we felt. The wine is drinkable despite its color, but we are far from what I expected.
Fortunately, the Vega-Sicilia Unico Ribera del Duero 1960 has not the slightest sign of a defect. It is a Vega Sicilia at the summit of its glory, pure, full, with the color of a bright red, pigeon blood, opulent and lively. It is a great wine that shines even more due to the blood and tasty character of the cuissot. Despite the performance of two brilliant wines, the 1973 and the 1960, I am not happy enough and find that two sublime out of five, is not enough. And when I’m not happy, my guests notice it, even if I try to make my best smile. The bright 1960 is a real comfort.
The stilton is perfect with just enough fat and bitterness. The 1942 Chateau d’Yquem with very dark color is delicious, very bitter orange peel with a rare distinction and subtleties just suggested. It is a discrete and refined Yquem with infinite length in mouth.
Château Guiraud 1893 is glorious, already by its color which is of a clear mahogany. It looks like a sun as it shines. In the mouth it is the generous exotic fruits that abound. The dessert with the mango lacks a little vivacity but the wine is self-sufficient, perfect and accomplished. It’s a lesson that this 123-year-old wine, lively, young, rich in mango and vibrant beyond all.
It’s time to vote. We are nine to vote for our four favorite and eight wines will appear in the votes which is almost unexpected given the imprecisions of some wines. Five wines will have the honor of being named first, Guiraud 1893 three times, Corton Charlemagne 2001 and Côte Rôtie 1973 twice each, and Yquem 1942 and Vega 1960 once each.
The vote of the consensus, compilation of the votes is: 1 – Côte Rôtie La Mouline Guigal 1973, 2 – Vega-Sicilia Unico Ribera del Duero 1960, 3 – Chateau Guiraud 1893, 4 – Corton Charlemagne JF Coche Dury 2001, 5 – Champagne Krug Vintage 1969, 6 – Chateau d’Yquem 1942.
My vote differs from consensus. It is: 1 – Chateau Guiraud 1893, 2 – Corton Charlemagne J.F. Coche Dury 2001, 3 – Champagne Krug Vintage 1969, 4 – Vega-Sicilia Unico Ribera del Duero 1960.
This is the first time that I find such a large gap between the impression at the opening and the wine that is served. While I wanted to show the journalist the benefits of the « Audouze method », it was far from convincing. The explanation could be that the opening made in a very cold cellar, instead of blossoming the wines tightens them. So I told Terry that for the next dinner I will open the wines in the dining room, as I usually do.
Marcus Verbene made a brilliant menu that we had developed during my visit a month ago, when I came for a vertical tasting of the champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill. Marcus was warmly congratulated and I felt glad to have been able to make a meal so adapted to the wines. The best combination for me is that of the tuna with the Krug 1969, followed by the agreement of saint-pierre with the Haut-Brion 1928. In a cheerful and cosmopolitan atmosphere, with exemplary service and despite some slightly wounded wines, it was a happy and appreciated dinner.

 

(pictures of this dinner can be seen on the same article in French version) (see just above)