Archives de catégorie : vins et vignerons

Dégustation des 2022 de la Romanée Conti mardi, 16 mai 2023

Luis, un participant espagnol de mes dîners m’a donné il y a quelques semaines, lors d’un dîner, un livre du 18ème siècle écrit en français afin que je le donne à Aubert de Villaine, co-gérant de la Romanée Conti. Il me semble évident que je ne dois pas être seul à remettre ce cadeau et que nous devrions, Luis et moi, le remettre à Aubert de Villaine.

Nous avons rendez-vous à 15 heures au siège de la Romanée Conti. Aubert m’avait envoyé un message me demandant si ça me dérangerait qu’une jeune chinoise de Hong-Kong participe à la dégustation en cave. Ma réponse fut évidente.

Tandis que j’attends qu’Aubert soit disponible, on m’annonce l’arrivée de Mme de Villaine. Quelle joie de la revoir, elle qui lit chacun de mes bulletins que je lui adresse par courrier. Elle vient accompagnée de la jeune chinoise et son compagnon. Nous serons donc six à la dégustation, Aubert et Pamela de Villaine, les deux jeunes hongkongais, Luis et moi.

Avant de descendre en cave nous allons dans une belle salle de réunion pour que Luis offre le beau livre particulièrement riche d’indications sur l’histoire de la Bourgogne et de belle conservation. Luis en profite pour donner un parchemin datant de 1609, relatant les relations entre des provinces espagnoles et la Bourgogne, du temps de Louis XIII.

Il y a bien longtemps que je n’étais pas venu faire la dégustation des vins sur fûts car je trouvais que la présentation des vins qui viennent juste d’être embouteillés faite chaque année par Aubert suffisaient. J’ai sans doute eu tort car l’ambiance en cave est porteuse d’une émotion particulière.

Nous irons dans les deux caves, celle de la cuverie et celle sous le siège de la société, plus ancienne et plus émouvante.

C’est Aubert qui manie la pipette pour remplir nos verres. Je souhaite prendre des notes et lorsque je commence à écrire sur l’Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2022, je mets le mot ‘riche’ et j’entends Aubert dire : ‘ce vin est riche’. Si ce mot est le premier qui vient à l’esprit d’Aubert et de moi, cela signifie probablement quelque chose.

Voici les notes succinctes que j’ai prises, sachant qu’en cave où il n’y a que des tonneaux, et tenant en main mon verre, écrire est un exercice délicat.

Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2022 : riche, fort, solide et aussi de belle fraîcheur. Fin de bouche agréable. Vieillira très bien. Très pur.

Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2022 : nez plus complexe, bouche plus ronde et souple, finale de forte personnalité. Plus fruité. L’écart entre les deux vins est plus marqué que pour d’autres millésimes.

Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 2022 : nez subtil et en bouche, ce vin est romantique, raffiné. Tout est subtil. Pureté. Très grand vin et belle réussite. Ce vin est tellement fluide.

Aubert nous dit que le millésime 2022 dispose à la fois d’une grande qualité et d’une grande quantité ce qui le fait ressembler au millésime 1959. Jamais les caves de la cuverie n’ont été aussi pleines.

Richebourg Domaine de la Romanée Conti 2022 : nez très expressif, qui n’est pas seulement lié à la puissance. Le fruit est riche et joyeux. Ce vin est large. Il est énergique et joyeux sans avoir à montrer sa puissance. Je l’adore car il est franc.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 2022 : nez glorieux. Ce vin est tellement grand. Tout est superbe. Ce vin est une synthèse. Il sera immense. Le final est superbe, très fort. Il me vient un éclair : je pense que ce vin a la perfection que j’avais trouvée dans Les Gaudichots 1929 de la Romanée Conti qui est le plus grand vin de la Romanée Conti que j’aie bu. Comme nous sommes en cave et parlons anglais, je note : « so good ».

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 2022 : c’est la grâce. Tout est rond. On s’émerveille. Il est très équilibré, mais il est en devenir. Il est plus en devenir que la Tâche qui est immédiatement aimable.

A ma demande, nous goûtons ensuite le Corton Rouge Domaine de la Romanée Conti 2022. C’est ce vin qui est normalement bu en premier. A la suite de la Romanée Conti, on voit qu’il est plus rustre et dans une philosophie très différente, mais je le trouve percutant, enthousiaste, « pushing ».

J’avais apporté avec moi deux vins déjà ouverts que je souhaitais faire goûter à Aubert de Villaine mais aussi aux autres participants et le fait de les boire dans la vieille cave du domaine va ajouter de l’émotion.

Il y a le Château Rayne-Vigneau 1928 si élégant et raffiné et le Malaga 1872 qui combine le doux et le salé. Le boire ici alors que je vénère le sel, marqueur des vins de la Romanée Conti, cela m’émeut encore plus. Luis est aussi très ému de boire ce vin de 150 ans.

Nous avons longuement bavardé. Luis est reparti vers de nouvelles aventures, heureux d’avoir pu faire un beau cadeau à Aubert de Villaine et d’avoir pu entrer dans le saint des saints ou le sein des seins, là où s’élabore le vin le plus recherché de la planète. Je suis heureux d’avoir pu être l’entremetteur de cette belle rencontre.

dans les caves

Dégustation de 7 itérations de Laurent Perrier Grand Siècle mercredi, 15 mars 2023

Le lendemain matin, avec Lucie Pereyre de Nonancourt et Edouard Cossy nous nous rendons au siège de la maison de champagne Laurent-Perrier. Après une visite des caves et des chais nous entrons dans la très jolie salle de dégustation pour un voyage dans le monde du Grand Siècle, guidé par Maximilien Bernardeau.

Nous allons boire sept Itérations portant les numéros 24, 23, 22, 21 en bouteilles et les numéros 20, 17 et 15 en magnums.

L’Itération 24 est faite de l’assemblage de 2007, 2006 et 2004 dans les proportions 60 – 20 – 20 %. Le champagne est salin, frais, large et un peu court. Ce champagne a été commercialisé en 2019.

L’Itération 23 est faite de l’assemblage de 2006, 2004 et 2002 dans les proportions 60 – 25 – 15 %. Le champagne a été dégorgé en 2022. Il est en bouteille et nous l’avons bu en magnum hier à Louvois. Il est plus riche que le précédent et on sent la craie. Il est plus strict que le n° 24. Le n° 24 est plus gourmand et le n° 23 est plus dynamique.

L’Itération 22 est faite de l’assemblage de 2004, 2002 et 1999 dans les proportions 55 – 30 – 15 %. Il a un nez très expressif. Il est large, agréable, accueillant, salin. Il se boit avec plaisir. Dégorgé en 2017, il est plus gourmand et d’une couleur plus dorée.

L’Itération 21 est faite de l’assemblage de 2002, 1999 et 1997 dans les proportions 60 – 25 – 15 %. Il a une extrême fluidité, une belle clarté. Ce champagne dégorgé en 2017 est noble et très grand.

Nous passons maintenant aux Grand Siècle présentés en magnums.

L’Itération 20 est faite de l’assemblage de 1999, 1997 et 1996 dans les proportions 60 – 20 – 20 %. Il a été dégorgé en 2019. Le nez est fabuleux, incomparable aux nez précédents. Le vin est très affirmé, large et gras tout en ayant un trajet très affuté.

La bulle est de belle énergie et le finale est superbe. Il a une belle fraîcheur. Il est grand. Il devient de plus en plus large et charmeur lorsqu’il s’échauffe dans le verre.

L’Itération 17 est faite de l’assemblage de 1995, 1993 et 1990 dans les proportions 60 – 20 – 20 %. Ce sont les premières ‘Les Réserves’ de Grand Siècle. Sa couleur est encore très claire et le parfum est discret. La largeur à l’attaque est saisissante. Ce champagne est absolument parfait et je trouve en lui le romantisme que j’adore.

Ce champagne très équilibré est parfait, gourmand et grand.

L’Itération 15 est faite de l’assemblage de 1990, 1988 et 1985 dans les proportions qui sont probablement de 60 – 20 – 20 %. Il a été dégorgé en 2021. Le nez est superbe et expressif, l’attaque est gourmande. Le vin est plein. Je ressens un peu de pain d’épices. Il est profond, très cohérent, superbe. Je le sens gastronomique et assez viril. Le finale est beau et très long. C’est un vin vif, équilibré et salin.

Que dire de cette dégustation ? Elle est faite en salle dans une atmosphère sérieuse, et nos émotions ne sont pas comparables à celles que nous avons eues au château. C’est un exercice plus chirurgical.

Tous les champagnes sont grands et l’on voit l’influence du vieillissement. Plus ce champagne vieillit et plus ses qualités s’élargissent ainsi que sa personnalité. Les trois préférés sont les plus anciens servis en magnum car l’effet du volume du flacon est déterminant. J’ai un faible pour le numéro 20, puis le 15 et enfin le 17 trois vainqueurs si différents.

Le Champagne Grand Siècle est un grand champagne qui mérite de vieillir dans la cave de celui qui en a acquis, car l’effet du temps est magique. J’ai découvert sur ces deux événements que le Grand Siècle qui correspond à une volonté d’excellence est capable d’une variété d’expression que je n’attendais pas, montrant que l’assemblage de trois millésimes n’exclut pas la diversité.

Voilà, au château et en cave, deux grands moments d’immersion dans le monde du Grand Siècle.

En cave :

vers la dégustation

Dîner au château de Louvois pour une expérience Grand Siècle mercredi, 15 mars 2023

Je suis invité par Lucie Pereyre de Nonancourt et Edouard Cossy au Château de Louvois pour un dîner et une expérience autour du Champagne Grand Siècle de Laurent Perrier. Au moment où je sonne au portail du château, avant même que je ne dise un mot, on me dit : « bonjour M. Audouze », ce qui fait plaisir à entendre.

Lorsque je gare ma voiture, David vient m’accueillir et me dit : « lorsque vous étiez venu, vous aviez apporté un Côtes du Jura de 1959 ». Ceci remonte à 2014. Quelle mémoire !

A l’heure de l’apéritif on sert à Lucie, Edouard et moi le Champagne Grand Siècle Laurent Perrier Itération n° 23 Magnum. Le champagne Grand Siècle est fait de l’assemblage de trois millésimes dont la participation dans l’ensemble est pensée pour essayer d’atteindre un champagne parfait dont la somme des qualités sera supérieure à celles de chacun des trois vins. Cette philosophie déterminée par Bernard de Nonancourt, le dirigeant iconique de Laurent Perrier, exprime une volonté absolue d’excellence.

Le numéro 23 est gracieux et élégant et profite des petits amuse-bouches élégants.

Le sujet de ce soir est de prendre connaissance du Champagne Grand Siècle Laurent Perrier ‘Les Réserves’ Itération n° 20 Magnum. ‘Les Réserves’ indique que le Grand Siècle Itération n° 20 a été gardé pendant vingt ans en cave. C’est donc une édition faite de vins qui ont mûri plus longtemps. Elle est destinée à des amateurs de champagnes anciens.

Nous allons goûter Les Réserves mais aussi l’Itération n° 20 d’origine et aussi goûter les trois vins qui font partie de l’assemblage de cette Itération, les 1996, 1997 et 1999.

A mon arrivée j’ai apporté en cuisine deux vins, dont un à ouvrir tout de suite, un Château Chalon Jean Bourdy 1942 et une autre bouteille qui sera ouverte en fin de repas.

Le menu créé par Valérie Marchandise est : bisque de langoustines / tourte de tartoufle et truffes noires / entre la poire et le fromage.

Le Champagne Grand Siècle Laurent Perrier Itération n° 20 d’origine est d’une fraîcheur de folie. Il a l’esprit Grand Siècle, champagne que je considère comme romantique.

Le Champagne Grand Siècle Laurent Perrier ‘Les Réserves’ Itération n° 20 Magnum est imposant, avec un nez confondant de puissance. Le champagne est éclatant, immense, glorieux.

Le Champagne Laurent Perrier 1999 est atypique, hors norme, ne faisant rien pour être aimé et donc on l’aime pour son côté fugueur rebelle. J’adore quand un vin ou un champagne me surprend par son côté sauvage, pirate, hors norme.

Le Champagne Laurent Perrier 1997 est tout en puissance et sans défaut, mais contrairement au pirate, il offre moins d’émotion.

Le Champagne Laurent Perrier 1996 est d’un équilibre total, d’une réussite absolue.

Le Château Chalon Jean Bourdy 1942, d’une grande année, est large et profond, intense et gastronomique. Il a bien accompagné les champagnes, mais n’a pas eu l’effet fécondant que je rencontre assez souvent dans ces associations, peut-être parce que j’étais concentré sur la compréhension des champagnes si variés.

La bisque de langoustines a été parfaite pour mettre en valeur les deux Itération n° 20. La tourte est tellement gourmande et la truffe tellement intense que tous les champagnes et le vin du Jura en profitent amplement, trouvant des largeurs nouvelles.

Ce qui est particulièrement intéressant, c’est à quel point les deux Itération 20 sont des champagnes différents. L’un est dans la grâce pure et le charme et l’autre, le ‘Les Réserves’ est en puissance glorieuse. Ils ont donc deux vies différentes et peuvent se compléter. C’est une incitation à les ouvrir ensemble.

J’ai classé les champagnes dans cet ordre : l’Itération 20 en premier, suivi du 1999 si hors norme, puis le ‘Les Réserves’ pour sa complexité, ensuite le 1996 si parfait et le 1997 complexe mais moins charmeur que les autres.

J’ouvre en cuisine le Vin de Chypre 1869 au bouchon court, au parfum diabolique et au goût de poivre, de sel, de réglisse et d’agrumes sagement acides, vin d’une intensité infinie.

Notre dîner au château de Louvois a été particulièrement agréable. Nous avons parlé de mille et une choses et j’ai été heureux de l’honneur qui m’a été fait de goûter ces champagnes nobles.

la lettre d’invitation portait un timbre particulièrement chic !

les domaines familiaux de Bourgogne mercredi, 15 mars 2023

La dégustation organisée par les domaines familiaux de Bourgogne est l’événement le plus prestigieux des manifestations où le vin est concerné. Lorsque j’arrive au Pavillon Ledoyen, la queue s’étend à l’extérieur du bâtiment pour valider les réservations. Il y a à l’heure où j’ai été invité un grand nombre de sommeliers des restaurants les plus prestigieux, ainsi que les professionnels et amis des domaines.

Commencer une dégustation par les vins du domaine Armand Rousseau, suivie peu après par les vins du domaine Georges Roumier est quelque chose de peu banal. Je vais à cet événement beaucoup plus pour saluer des vignerons amis que pour juger de la qualité du millésime 2020 qui s’annonce absolument exceptionnel.

Je suis frappé par la qualité de tous les vins, qui me semblent réussis sans la moindre faute pour tous les stands que j’ai visités. Et les qualités intrinsèques des domaines, leurs personnalités et leurs volontés s’expriment avec une grande clarté. Mes coups de cœur iront au domaine Marquis d’Angerville, au domaine de Villaine et son Bourgogne La Digoine, les domaines Trapet, Rousseau, Méo-Camuzet, Jacques Frédéric Mugnier, Roumier, les domaines Leflaive, Lafarge, Dujac Henri Gouges.

Tous ne proposent que du bonheur. La Bourgogne exprime de mieux en mieux son génie.

Présentation des vins de 2019 du domaine de la Romanée Conti jeudi, 8 décembre 2022

Comme chaque année Aubert de Villaine, qui dirige le domaine de la Romanée Conti vient présenter au siège de la société Grains Nobles les vins du dernier millésime mis en bouteille. Ce sera le 2019. Il devait être accompagné de son neveu Bertrand de Villaine, qui n’a pas pu se libérer de ses obligations.

Aubert de Villaine nous annonce qu’il s’est mis en retrait et pas en retraite, car il continue à s’intéresser à ce qui se passe au domaine. Il présente le millésime 2019 qui peut être considéré comme un grand millésime. C’est un millésime complet, d’une année passionnante que l’on peut qualifier de facile. L’hiver a été peu pluvieux, la chaleur a commencé très tôt, le débourrement a été précoce. Il n’y a pas eu de risque de gel. Il a fait chaud et les travaux ont dû être accélérés, la taille, l’ébourgeonnage, ce qui a posé des problèmes de timing. La floraison a été précoce et il y a eu un manque d’eau. Il y a eu du millerandage conduisant à un avortement partiel des grains de raisin, mais ce qui est aussi un signe de qualité.

Il a fait très chaud en juin, puis en juillet avec des périodes de canicule et une accélération de la maturité. Il y a eu des baies qui brûlent avec le risque que la vigne se mette en mode de survie, mais ça s’est bien passé. Il y a eu une petite pluie le 5 septembre et la maturité est allée très vite. On a évité la sur-maturité. La vendange a commencé le 15 septembre et le Montrachet a été vendangé plus tard.

Le profil de 2018 était très différent avec une vigne plus stressée. 2019 a fait des vins magnifiques avec des raisins juteux aux couleurs magnifiques, comparables au millésime 1865. C’est intéressant qu’Aubert de Villaine mentionne 1865 car dans la revue Vigneron qui vient d’être publiée je consacre un article d’une page au millésime 1865 qui dans plusieurs régions est considéré comme un millésime unique. Voilà une nouvelle convergence que je peux ajouter à celles que j’avais faites.

Aubert de Villaine nous fait méditer sur le fait que 1864 est très proche de 2018 et 1865 très proche de 2019, ce qui semble indiquer que le comportement de la vigne lors d’un millésime influence la vigne lors du millésime qui suivra.

C’est une réflexion que j’ai eue aussi, mais en tant que dégustateur. Pourquoi 1899 et 1900 sont des millésimes mythiques comme 1928 et 1929, 1989 et 1990 et j’y ai ajouté une interrogation qui est la suivante : pourquoi les années mythiques se succèdent d’une année sur l’autre ou bien avec un intervalle d’un an : 1869 & 1870, 1899 & 1900, 1928 & 1929, 1945 & 1947, 1959 & 1961, 1989 & 1990. Un millésime n’est donc jamais isolé dans le fil du temps.

Nous passons maintenant à la dégustation.

Le Corton Grand Cru Prince Florent de Mérode Domaine de la Romanée Conti 2019 a donné très peu de bouteilles du fait d’une très grande sélection. Le nez est extrêmement intense et incroyable. La bouche est flatteuse et charmante. Le vin est gourmand et superbe avec une belle fraicheur. Il y a eu 100% de vendange entière ce qui donne une petite touche végétale qui explique la fraîcheur.

J’ai eu la chance de déguster ce Corton depuis la première année qui est 2009. Le progrès de ce vin est éblouissant. La réussite est certaine. Ce vin est impressionnant.

L’Echézeaux Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2019 a un nez d’un raffinement extrême, fait de velours. L’attaque en bouche est forte. Le vin est viril. Il a une puissance inhabituelle. Il aura une longévité extrême. Il a une belle fluidité, il est droit et solide, très concentré. Il a 90% de bois neuf, mais on ne le sent pas, comme pour le Corton je dirai que ce vin est impressionnant.

Le Grands Echézeaux Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2019 a un nez plus calme, mais on sent qu’il annonce une bouche superbe. Et effectivement l’attaque est superbe et plus élégante que l’Echézeaux. Son finale est plus court, mais quelle grâce. C’est un vin de plaisir où l’on sent un peu de chocolat. Aubert de Villaine dit que c’est un vin discret.

La Romanée Saint-Vivant Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2019 a un parfum élégant et noble. En bouche le vin est renversant. Il a la douceur, le charme, la noblesse. Je note : c’est fou. C’est un vin immense de qualité. Aucun vin ancien ne pourrait donner l’émotion que porte ce vin jeune. Il y en aura d’autres mais quelle fraîcheur, quelle finesse. Ce vin éblouissant est parfait.

Le Richebourg Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2019 a un nez puissant et élégant. En bouche il combine puissance, équilibre et gourmandise. Il passe en force mais on voit bien qu’il est grand. Il a des petites pointes de poivre.

La Tâche Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2019 est servi dans de grands verres Riedel qui ont un peu perturbé ma dégustation. Ainsi je trouve le nez fermé et cela subsistera en changeant de verre. La bouche est pleine de grâce. C’est un très grand vin mais qui me semble plus discret que les autres. Il faudra l’attendre et il sera très grand. Sa finesse et sa complexité font qu’il sera très grand mais j’ai senti Michel Bettane et Bernard Burtschy plus laudatifs que je ne l’ai été. Je suis sans doute passé à côté.

La Romanée Conti Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2019 a un nez élégant où je trouve plus de fruit rouge que dans les autres vins. La bouche est tellement agréable, de fraîcheur et de subtilité. Mais c’est surtout le finale qui est d’une largeur aromatique formidable. Le finale fabuleux m’émerveille. Le milieu de bouche est joyeux et gourmand mais c’est vraiment dans le finale que le vin est immense. On s’habitue à sa gourmandise et je sens le cousinage avec la Romanée Saint-Vivant.

Ce que je retiens à ce stade, c’est l’immense progrès du Corton, la grâce de la Romanée Saint-Vivant et le finale de la Romanée Conti. Sans oublier bien sûr que les autres sont superbes, confirmant la qualité du millésime.

Le Montrachet Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2019 est d’une couleur très claire qui confirme l’absence de botrytis. Le nez est incroyable de force. Il a des pointes de pierre à fusil. C’est le Montrachet absolu. Quelle classe. C’est un régal. C’est un monstre de bonheur, extraordinaire et hors norme. Il est la perfection absolue et on ne peut pas imaginer qu’il puisse devenir meilleur. Il est étonnant et évidemment le premier de cette dégustation. Il est très certainement un des plus grands Montrachet Domaine de la Romanée Conti que j’ai bus.

Si je pense aux émotions ressenties, je dirais : 1 – l’extraordinaire Montrachet, 2 – la grâce divine de la Romanée Saint-Vivant, 3 – le finale entraînant de la Romanée Conti, 4 – la réussite de l’Echézeaux, 5 – le niveau atteint par le Corton.

Selon la tradition nous avons dîné avec Aubert de Villaine, Michel Bettane et Bernard Burtschy, l’équipe de Grains Nobles et deux élèves de Sciences Po qui ont aidé au service des vins et sont passionnés de vins. J’avais apporté un Vega Sicilia Unico 2000 au finale d’une fraîcheur mentholée, qui a accompagné la simple et sentimentale cuisine du lieu que j’apprécie.

Cette soirée fut mémorable avec des vins jeunes au sommet de leurs qualités.


Aubert de Villaine salue un habitué américain

la couleur de la Romanée Conti

le dîner

deuxième journée du Grand Tasting dimanche, 27 novembre 2022

La deuxième journée du Grand Tasting commence par la plus prestigieuse Masterclass appelée traditionnellement « Le Génie du Vin ». Les vins sont présentés par les propriétaires ou les maîtres de chais. La présentation générale et les commentaires sont faits par Michel Bettane et Thierry Desseauve et je suis toujours subjugué par l’étendue de leurs connaissances.

Le Champagne Deutz Amour de Deutz 2002 est présenté par Michel Davesne et Caroline Latrive, deux maîtres de chais dont l’une succèdera à l’un. C’est le septième millésime de ce vin créé en 1993. Il vieillit dix ans sur lattes. Le nez est élégant. Le vin est gourmand, de belle maturité. Il est très agréable à boire, de belle énergie. Il a été dégorgé à la mise sur le marché en 2012. Il est souple et gastronomique cumulant fruits et fleurs en une structure soyeuse.

Le Corton Charlemagne Maison Champy 2003 est présenté par Dimitri Bazas. Il est fait par moitié de grappes du domaine et d’achats de raisins. La Maison Champy est la seule de la Bourgogne à avoir été nommée entreprise du patrimoine vivant.

Le nez est d’une force percutante. L’attaque est belle, souple mais puissante. Le vin est racé, vif, combinant douceur et élégance avec une belle râpe bourguignonne, que l’on voit surtout avec les vins rouges. Michel Bettane parle de luminosité car il voit du vert dans la couleur du vin. C’est un vin magnifique de grande élégance. Réchauffé dans le verre, il est d’une grande cohésion gourmande.

Jean-Louis Chave ne pouvant pas présenter son vin, c’est Guillaume Puzo, grand dégustateur de l’équipe des organisateurs qui présente avec brio l’Hermitage Jean-Louis Chave rouge 1999. Le nez est d’une rare subtilité. C’est assez difficile de le boire après le Corton Charlemagne mais il me convainc par un beau fruit. Il devient de plus en plus élégant et gourmand. C’est un vin de grande gastronomie. Il est très cohérent et agréable à boire.

Le Château Léoville Las Cases 1996 est présenté par Jean-Guillaume Prats qui évoque la résilience d’une famille soudée et unie, celle de Jean-Hubert Delon. Le vin est de cabernet-sauvignon. Le nez est très bordelais, riche de truffe et noble. La bouche est fraîche et douce, avec une belle amertume, des épices et du cigare. C’est un vin magique qui va continuer à s’élargir au fil des années. Il est large et généreux, très noble à boire.

Le Château Cos d’Estournel 1990 est présenté par Dominique Arangoïts directeur technique qui rappelle que Cos veut dire colline de cailloux. Jean-Guillaume Prats connait bien ce vin qu’il a dirigé et dont sa famille a été propriétaire. Le nez est élégant, l’attaque est superbe, le vin est fluide, plein et subtil. C’est un vin précieux. Son finale est gourmand. Son fruit noir est acide et très beau. C’est un vin sans concession, puissant, fait pour la gastronomie et pour une longue garde.

Don Pablo Alvarez propriétaire de Bodegas Vega Sicilia est venu présenter le Vega Sicilia Unico 2010, mais il laissera s’exprimer Gonzalo Iturriaga directeur technique de tous les vignobles du groupe. Gonzalo parle de ce vin comme d’un vin éternel. Le nez est magique de joli fruit entre cassis, menthe, anis. Ce nez est d’une folle complexité. La bouche est douce et puissante, un bouquet de fleurs et de fruits. Le vin est gourmand et soyeux. C’est un rêve absolu avec une myriade de goûts qui vous assaillent. Il est d’une jeunesse folle miraculeuse. C’est un kaléidoscope de saveurs combinant fraîcheur, richesse et complexité. Ce qui est amusant, c’est qu’il met en valeur le fond de verre de l’Hermitage Chave 1999. Ce vin est fou.

Le Gewurztraminer Sélection de Grains Nobles Maison Hugel 1989 est présenté par Jean-Frédéric Hugel qui dirige la maison Hugel. La robe est dorée. Son nez est un feu d’artifice. Tout en ce vin est parfait et intense. C’est un vin miraculeux. Le botrytis est superbe. Ce vin tellement gourmand est une réussite absolue. Il est frais, aérien et d’une densité folle. Une merveille qui sera le vainqueur de cette Masterclass mais aussi des deux jours de Grand Tasting. Jean-Frédéric dit que ce vin est arrogant de jeunesse. Il a raison.

Le Porto Fonseca Vintage 1997 a bien du mal à passer après le vin de Hugel. Il a une robe brune et une jolie attaque de vin fluide et léger. Il y a de la cerise, du tabac et un peu de café. Il a des accents d’alcool, de marc, parfois un peu appuyés. Il est gourmand mais le souvenir du Hugel est trop fort.

Mon classement de cette Masterclass sera : 1 – Gewurztraminer Hugel 1989, 2 – Vega Sicilia Unico 2010, 3 – Hermitage Chave 1999, 4 – Corton Charlemagne Champy 2003, 5 – Amour de Deutz 2002.

Une Masterclass de grande qualité avec des commentaires brillants des organisateurs. A juste titre Michel Bettane a mis en valeur l’extrême pertinence de la température de service de chaque vin. On l’a ressenti.

Après la très belle présentation du « Génie du Vin », je me promène dans les allées. Je m’arrête au stand Penfolds. Je demande à la charmante personne : « avez-vous Penfolds Grange ? ». Elle me regarde et me pose des questions. Apparemment je passe avec succès cet examen car elle cherche derrière une tenture une bouteille de Penfolds Grange 2018 dont elle me sert un verre en cachette. Ce vin n’est évidemment pas présenté au stand. Dès la première gorgée, mon amour pour ce vin splendide est récompensé. Quelle générosité, quelle structure. Ce vin, comme Vega Sicilia Unico, combine richesse, puissance et fraîcheur mentholée. Un régal.

Lors de mes pérégrinations je suis arrêté par un petit groupe de quatre personnes dont un jeune chinois de haute taille qui me dit qu’en Chine je suis considéré comme une idole. Il ajoute que des milliers de mails s’échangent au sujet de ce que je raconte sur Instagram. Il ajoute qu’il serait honoré si je buvais le vin qu’il fait. Ceci se réalisera quelques heures plus tard lorsque je croiserai à nouveau leur groupe. Nous allons dans la salle où Frank Ramage gère la préparation des Masterclass. Le jeune chinois ouvre sa bouteille fermée par une capsule métallique et c’est un vin effervescent clairet qui est versé dans nos verres. Il explique que c’est un « champagne » fait sur une base de riesling. Frédéric Panaïotis, le maître de chais et directeur de la Maison Ruinart goûte avec moi et confirme le riesling. Comme moi il trouve le vin très pur et précis. Mais ce Domaine le Moodie Ba-Zing-Gaa ! Chine 2022 est tellement jeune qu’il manque de complexité. Elle n’apparaîtra que lorsque ses vignes auront vieilli.

Ce qui m’a plu, c’est l’enthousiasme de ce jeune vigneron chinois qui rêve de me recevoir en Chine.

Dans mes promenades, j’ai bavardé avec la nouvelle propriétaire du Château de Poncié qui appartenait auparavant à Bouchard Père & Fils et dont j’ai bu des millésimes canoniques dont un du 19ème siècle.

Je suis allé saluer le propriétaire de Chante Cocotte, un vin du Pays d’Oc. Cet homme très actif sur Instagram est d’une très grande érudition, d’un humour joyeux et communicatif et, ce qui ne gâte rien, ses vins sont de grande qualité, dont son Chante Cocotte vin du Pays d’Oc 2018 très subtil.

La Masterclass qui suit s’appelle « Le roi chambertin du domaine Trapet : le lieu, le style, le climat ». Jean-Louis Trapet est venu avec sa femme et ses deux fils. Il a apporté tellement de notes sur des sujets historiques qu’il a du mal à trouver ses feuilles et il pourrait raconter mille histoires s’il n’était freiné par l’horaire à respecter.

Jean-Louis dit que toute l’histoire depuis 1860 est un travail de famille. Il raconte les choix qui ont dû être faits à l’occasion du phylloxéra et rappelle que le 1893, d’un millésime très chaud, fut un éclatant succès.

Le Chambertin domaine Trapet 2020 a un nez très subtil et pur. En bouche il y a une belle attaque fruitée, toute en suggestion. Le fruit est beau et le vin est subtil. Il est encore en éclosion, mais il est plutôt ouvert pour un vin si jeune avec une belle intensité de fruits rouges.

Le Chambertin domaine Trapet 2015 a un nez de vin plus concentré. Il a beaucoup de rondeur et de cohérence. C’est un vin de douceur et d’élégance. Son finale est d’une grande finesse.

Le Chambertin domaine Trapet 2005 a un nez très élégant et pur. La bouche est large et gourmande. C’est un grand vin ensoleillé. Il a fluidité, charme et fraîcheur.

Le Chambertin domaine Trapet 1985 est servi en magnum. Normalement les vins sont vérifiés par le vigneron lui-même et par l’équipe de préparation de la dégustation. Le verre qu’on me donne a une fatigue qui est tout-à-fait anormale pour un 1985. Je veux aller voir en coulisse s’il existe un verre d’un meilleur magnum, mais dans ma précipitation je m’étale de tout mon long car j’ai ignoré une marche pour accéder à l’estrade. Rien de cassé heureusement. La femme de Frank Ramage me tend un verre en me disant qu’il est pire, mais je le trouve plutôt meilleur. Je dirai en fin de dégustation à Jean-Louis Trapet que je connais assez pour lui en faire la remarque que cette fatigue excessive est un problème de cave. Il en conviendra.

C’est dommage de ne pas avoir bu un grand 1985 mais cela n’enlève en rien à la dégustation des 2020, 2015 et 2005 qui montre à quel point le chambertin conçu par Trapet est un des plus subtils et émouvants qui existent.

Le Grand Tasting se termine toujours par une mise en valeur des brillants liquoreux de Bordeaux. La Masterclass s’appelle « Grands Crus classés de Sauternes et Barsac en 1855, dans les années solaires ». Ce qui est intéressant à signaler c’est que les six maisons représentées se sentent solidaires pour assurer la promotion de leurs vins que les jeunes boivent de moins en moins et leurs efforts ont dû payer, puisqu’ils annoncent que la demande est très forte et les prix en sensible hausse. Tant mieux pour ces vins de si grand plaisir.

Le Château Rayne-Vigneau 2016 présenté par Amélie Flé-Schultz a un nez parfait, une belle attaque saline. Le vin est d’un or clair limpide. La bouche est fraîche et d’un équilibre absolu.

Le Château Lafaurie Peyraguey 2015 présenté par Vincent Cruège est beau, mais moins cohérent que Rayne-Vigneau.

Le Château Coutet 2010 est un Barsac dont la famille Lur-Saluces a été propriétaire pendant deux siècles. Il a une bouche charmante marquée par la fraîcheur. Son style est tranchant et on sent du gingembre en fin de bouche. C’est un vin agréable et frais.

Le Château Doisy-Daëne 2009 présenté par Jean-Jacques Dubourdieu a un nez vif et clair. Très frais et fluide ce vin est très grand, gourmand et parfait.

Le Château Suduiraut 2005 présenté par Pierre Montégut a une couleur divine. Il est beaucoup plus foncé, d’un or doré (si l’on peut dire). L’attaque est d’une grande fraîcheur. Le vin est élégant et superbe, très riche et puissant.

Le Château Guiraud 2003 est présenté par Sandrine Garbaye qui vient juste d’entrer en ce château après tant d’années de réussite au château d’Yquem. Le nez est franc et discret. C’est le plus gras de tous, épais et solide mais s’adoucit à la dégustation.

Les plus frais et agréables à boire sont pour moi les 2016, 2010 et 2005, mais les six sont absolument superbes. Ce sont tous des vins extrêmement plaisants et gourmands, que l’on devrait trouver plus souvent sur les tables, à l’instar de ce que je fais dans mes dîners, puisqu’il y a toujours deux liquoreux en fin de repas.

Que dire de ce Grand Tasting ? C’est un rendez-vous incontournable pour les amateurs de vins, pour avoir accès à des vins qui se trouvent rarement dans les commerces de proximité. Les Masterclass sont intelligentes et bien organisées avec des commentaires pertinents. Les deux vins les plus mémorables que j’ai bus sont le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1959 en magnum, champagne magique et le spectaculaire Gewurztraminer Sélection de Grains Nobles Maison Hugel 1989. Mais j’ajouterai aussi le Champagne Dom Pérignon 2008 rosé, l’immense Vega Sicilia Unico 2010 et le Penfolds Grange 2018, trois belles émotions. Vive le Grand Tasting.


la Masterclass « le Génie du Vin »

le jeune vigneron chinois

la Masterclass domaine Trapet

 

Premier jour du Grand Tasting de Bettane et Desseauve samedi, 26 novembre 2022

Le Grand Tasting de Michel Bettane et Thierry Desseauve est le grand événement des amateurs de vin du fait de la qualité des vins présentés au Carrousel du Louvre. Il y a un grand nombre de stands de vignerons de toutes régions et il y a des Masterclass à thèmes.

Lorsque j’arrive à la Masterclass « Grand Siècle par Laurent-Perrier, un champagne à la conquête de l’année parfaite », elle est presque terminée. Grâce à l’amitié que j’ai avec Frank Ramage, l’homme qui orchestre la distribution des verres et la présentation des vins, on me donne des verres des quatre vins présentés, les Champagnes Laurent-Perrier Grand Siècle itération 25, 24, 23 et 22. Les assemblages de chaque année ont maintenant un numéro, comme le fait aussi la maison Krug avec sa Grande Cuvée.

Le style de ces champagnes est inimitable et pour mon goût, le champagne Grand Siècle est le plus romantique de tous les champagnes. C’est l’itération 25 qui est pour moi la plus élégante et je suis content que Lucie Pereyre de Nonancourt, la petite fille de Bernard de Nonancourt, ait le même jugement.

Je me rends ensuite à la Masterclass « Champagne Henriot, aux origines d’une maison » présentée par Alice Tétienne, chef de cave. Elle dit une phrase qui me plait beaucoup : « le vin s’écrit à la vigne » et considère que son rôle est de pérenniser l’excellence des cuvées de son domaine.

Le Champagne Henriot Brut Souverain Blanc est de belle pureté. Il n’est pas très long. Il est plaisant et assez gourmand avec 40% de vins de réserve remontant en 1969 et 60% de vins de 2016.

Le Champagne Henriot Cuvée Hemera 2006 montre une très grande différence qualitative. Il est vif, énergique, superbe. J’aime ce champagne qui est fait exactement comme la cuvée des Enchanteleurs que j’adore.

Le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1996 est absolument fabuleux et me fait dire : « oh, là, là ». Il est ciselé et de belle acidité.

Le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1959 servi en magnum est un immense cadeau de la maison Henriot. C’était le millésime préféré de Joseph Henriot que j’ai eu la chance de boire trois fois avec lui. Le dégorgement est récent. Le nez est impérial, annonçant une personnalité glorieuse. La bouche est belle, saline. Il évoque le poivre blanc et il est floral. C’est un vin de légende.

La Master Classe suivante a pour titre : « Charles Heidsieck années chaudes, années froides, même exigence, même qualité ». Elle est animée par Cyril Brun chef de caves. Le Brut millésimé est fait de 60% de chardonnay et de 40% de pinot noir, de vins de douze villages.

Je boirai le Champagne Charles Heidsieck 2006 en deux verres, un premier décevant et un deuxième conforme à ce qu’il devrait. Mon voisin de dégustation qui me connait et me lit ne comprenait pas que nous puissions avoir des jugements si différents sur ce vin, mais mon premier verre avait tout d’un vin d’une bouteille à problème. Avec le deuxième verre j’ai en face de moi un nez puissant et large, une belle bouche large, un vin accompli au beau finale, bien gras et opulent.

Le Champagne Charles Heidsieck 2012 a un nez superbe et élégant. En bouche c’est un vin frais, très agréable au finale un peu doux. Le dosage est faible, ce qui me plait bien. Il a une belle acidité et une très grande pureté.

Le Champagne Charles Heidsieck 2013 est un vin qui sera mis sur le marché en 2023, d’un millésime de grande qualité. Le nez est très élégant, la bouche est fluide avec un peu de litchi ce qui est le signe d’un vin jeune. Il est tranchant comme un couteau et n’est pas large. Cyril vante ses amers nobles et son côté salin.

Le Champagne Charles Heidsieck 2008 a un nez superbe, noble et large. Son attaque est fluide et convaincante. C’est un grand vin d’une complexité extrême, de grande acidité.

En fin de dégustation j’ai noté que le 2006 est le plus charmeur et le plus puissant, que le 2012 est charmant, que le 2013 est plaisant maintenant et promet et que le 2008 est le plus prometteur, celui que j’adore.

Ce qui est amusant c’est qu’à la fin je ne savais pas quel champagne est d’une année chaude ou froide, car tous m’ont séduit.

Entre les dégustations à thème je suis allé me promener dans les stands, où je reconnais de moins en moins de personnes, car les stands sont tenus plus par des commerçants que par ceux qui font le vin. Mais bien sûr il y a des exceptions.

Il y a dans une zone de stands uniquement des vins italiens. Quelqu’un me reconnait par mon visage montré sur Instagram et me demande que l’on fasse des photos de lui et moi ensemble, pour qu’il les montre à ses amis vignerons. Il me dit que j’ai une audience en Italie de très haut niveau. Son sourire aurait donné du courage à un mourant.

Une autre anecdote du même genre concerne la Masterclass qui offre à déguster le Klein Constantia qui sera présenté par Hans Atrom directeur général et actionnaire de ce domaine. Je passe dans la salle pour me rendre à une autre Masterclass et il m’appelle, me serre la main avec un grand sourire. Nous nous sommes promis de nous revoir bientôt pour parler du passé de ce vin et de son futur. Il m’a quand même tendu un verre de Klein Contantia 2015 qui est frais et superbe de complexité mais à qui il faudra deux siècles pour approcher le mythe des Constantia antiques que j’adore.

La Masterclass à laquelle je me rends est « Plénitude 2, la seconde vie de Dom Pérignon » présentée par Jean-Baptiste Terlay, chef de chais.

Le Champagne Dom Pérignon 2012 est jugé très proche du 2002 par le chef de chais. Son nez est fort et minéral. L’attaque est belle et l’on sent le silex, la coquille d’huître et son côté salin. Avec le temps apparaît son côté toasté. C’est un vin de belle droiture.

Le Champagne Dom Pérignon 2003 dégorgé et dosé en 2013 a un nez beaucoup plus discret. Il a une belle rondeur à l’attaque. Il est de bel équilibre, rond, au finale un peu court. Il a peu d’acidité mais une grande fraîcheur.

Le Champagne Dom Pérignon 2003 P2 dégorgé 9 ans plus tard que le P1 a un nez qui ressemble à celui du 2012. Il pétrole. Ce qui est étonnant, c’est qu’il ne fait pas plus jeune que le 2003 P1. C’est un P2 qui ne fait pas P2. Il est d’une belle fraîcheur. Le P1 me paraît à la fois plus dense et plus fluide. Ce sont des différences à la marge car les deux sont très grands.

Le Champagne Dom Pérignon 2004 P2 a eu un énorme rendement, le plus fort du siècle. Le nez est élégant, moins fort que celui du 2003 P2. La fluidité est magique. C’est un beau vin de bel équilibre, assez strict mais noble. Il est pur, élégant et frais, lumineux avec une belle acidité. Un vin superbe.

Le Champagne Dom Pérignon 2008 rosé a un nez discret. L’attaque est fabuleuse. Ce rosé est tellement grand que j’en suis amoureux. Il est fluide, frais, superbe. C’est une réussite absolue.

Je finis cette première journée par ce vin sublime, qui avec l’Henriot 1959 sont deux émotions extrêmes.


présentation des champagnes Charles Heidsieck

rencontre avec le dirigeant de Klein Constantia avant sa Masterclass

Présentation des vins du groupe Vega Sicilia au Cheval Blanc Paris dimanche, 20 novembre 2022

Le lendemain matin du 269ème dîner la société Vins du Monde organise la dégustation annuelle des vins mis sur le marché par le groupe Tempos Vega Sicilia. Cette « Masterclass » se tient à l’hôtel Cheval Blanc Paris et revêt une importance particulière car c’est le quarantième anniversaire du rachat du groupe par la famille de Don Pablo Alvarez qui dirige le groupe.

C’est lui qui va faire l’introduction de cette séance en rappelant la politique de croissance par des rachats successifs de parcelles et de vignobles pour constituer des groupes cohérents.

L’assistance est composée de sommeliers et de cavistes et d’amis du groupe.

Selon la tradition on commence par les vins blancs secs de Hongrie d’Oremus.

Le Oremus Dry Mandolas 2020 est de 100% Furmint. Il titre 13,5°. La couleur est très claire, le nez très pur, salin. La bouche est douce, subtile et le finale est salin. Il est encore vert et il faudra attendre avant de le boire.

Le Oremus Petracs 2019 est lui aussi de 100% Furmint et titre 13,5°. Sa robe est claire, le nez est discret. La bouche est fluide, saline. Le finale est un peu poivré. C’est un vin assez doux qu’il faudra attendre aussi.

Maintenant les vins rouges. Le Macan Classico 2019 est fait de tempranillo et titre 14,5°. La robe est belle et fine, délicate. Le nez est engageant, de vin puissant. La bouche est douce, de tabac et de cassis. Le vin est très agréable à boire même s’il a un peu d’amertume. Je le sens gastronomique.

Le Macan 2018 est aussi de tempranillo et titre 14°. Sa robe est très élégante, un peu violette. Le nez est discret. La bouche est fraîche, charmante. Le vin est agréable et on peut concevoir de le boire dès maintenant. Il a un finale boisé.

Le Pintia 2018 est fait de Tinta de Toro et titre 15°. Il est plus dense avec un nez discret. L’attaque est très fluide, charmante. Ce vin offre beaucoup de plaisir et son finale est très agréable. C’est un beau vin de gastronomie. Il est bien fait.

L’Alion 2019 de la Ribeira del Duero est de cépage Tinto Fino. Il titre 15°. Il a une jolie robe et un nez subtil mais intense. La bouche est fluide, douce. C’est un vin aérien malgré la charge alcoolique. Le finale est moins charmant mais assez gourmand.

Le Vega Sicilia Valbuena 5° 2018 est fait de 96% de Tinto Fino et de 4% de merlot. J’ai enfin l’explication du 5° qui figure dans le nom du vin. Cela signifie tout simplement que le vin est mis sur le marché après cinq ans d’élevage, alors que l’Unico est mis sur le marché généralement après 10 ans. Il titre 14,5°. La robe est belle et le nez discret. La bouche est toute en douceur. Le vin est très agréable et racé. Il est beaucoup plus plaisant car il a un velouté très délicat. C’est un grand vin.

Le Vega Sicilia Unico 2013 est de 97% Tinto Fino et 3% de cabernet-sauvignon. Sa robe diffère très peu des robes des vins précédents. Son nez de velours est un nez que j’adore car j’aime ce vin comme j’aime les vins de la Romanée Conti et leurs nez reconnaissables. L’attaque est très douce et fluide, mais il faudra attendre ce vin même s’il est très séduisant. C’est un vin noble.

Le Valbuena est plus dur que le Unico. L’Unico a un charme extrême et le Valbuena a une grande personnalité, plus virile que l’Unico.

Le Vega Sicilia Unico Reserva Especial en vente en 2023 est fait de 2009, 2011 et 2012. Il titre 14°. Son nez est très expressif et fort car il a des vins plus anciens. Il y a une fluidité magique dans l’attaque. Le finale est un peu râpeux alors que le milieu de bouche est tout en douceur. Le vin est très doux.

Les deux Unico sont superbes, des vins de grands plaisirs.

Selon la tradition on revient en Hongrie avec des vins doux. Le Oremus Late Harvest 2021 est fait de plusieurs cépages et titre 11,5°. Le nez est de litchi et la bouche de litchi aussi. Il est agréable et son fruit est mentholé. On dirait un bonbon à la menthe. Je le vois bien avec un brochet à la crème. C’est un vin de belle fraîcheur.

Le Oremus, Tokaj Aszu 5 Puttonyos 2016 a un nez tout en velours. Il titre 11°. La bouche est fraîche, très glace vanille. Le finale est de belle acidité et salin. C’est un vin très agréable sans aucune lourdeur. Ce vin est de belle élégance.

La présentation a été faite par Gonzalo Iturriaga de Juan qui dirige les vignes et la vinification de tous ces domaines. Il est passionnant à écouter car il montre à quel point la réussite d’un vin dépend de myriades de décisions. C’est un régal de l’entendre. Il y a dans la salle des sommeliers célèbres des grands restaurants parisiens qui ont posé des questions pertinentes donnant lieu à de belles discussions dans une ambiance amicale.

Cette dégustation est enrichissante mais je prie le ciel que ces vins soient gardés longtemps en cave pour n’être bus que lorsqu’ils expriment toutes leurs qualités. J’ai discuté avec des gens charmants du domaine et de la sommellerie, ce qui a rendu cette matinée encore plus riche.

Dîner Dom Pérignon au restaurant Plénitude de l’hôtel Cheval Blanc Paris samedi, 11 juin 2022

Je reçois un appel d’Alexandre Larvoir, le directeur du restaurant Plénitude de l’hôtel Cheval Blanc Paris, qui me demande si je suis libre pour un dîner au Plénitude, dont le thème est le lancement du Dom Pérignon P2 2004. Alors que j’aurai le lendemain l’Académie des Vins Anciens, je n’hésite pas une seule seconde et je dis oui.

Comme à mon habitude j’arrive en avance, ce qui me donne l’occasion de saluer des membres de l’équipe du restaurant, dont les charmantes hôtesses d’une rare élégance et maquillées comme des déesses. Il faut dire qu’il y a dans le groupe LVMH de quoi satisfaire toutes les envies d’être belle.

Des photographes ont réalisé un décor tout en blanc sur le thème de Dom Pérignon pour photographier les V.I.P. qui viendront. Nous serons cinq à table dont le sommelier d’un grand hôtel de luxe, deux amis d’Arnaud Donckele qui vivent dans le sud de la Bourgogne mais ne sont pas du monde du vin, l’éditrice de la Revue Vigneron et moi.

Lorène, notre charmante hôtesse, toute souriante, nous explique que notre repas se fera en plusieurs étapes en des lieux différents. Chaque table suivra le même parcours, mais successivement. Je n’ai que la version anglaise du menu qui est inspiré par le Champagne Dom Pérignon Vintage 2004 P2 : oyster, champagne, fennel for broth « songe anisé » / leerfissh, spider crab, broccoli for vinaigrette « ambroise » / sea potato for broth « ode à l’iode » / Zitone pasta Saint-Tropez inspiration / poultry, caviar, trompette courgette for velouté « champenois » / twilight over the star, grapefruit, rose, champagne / rose financier.

Je ne sais pas si c’est volontaire ou inconscient, mais le financier à la rose est ce que je demande quasi systématiquement pour accompagner le dernier liquoreux de mes repas. La talentueuse Yuki, ancienne pâtissière du restaurant Pages, maintenant installée à son compte, propose ce financier qu’elle nomme financier François en souvenir de la création commune de ce dessert. Hasard ou préméditation ce soir, les deux hypothèses me plaisent.

L’huître divine est le meilleur ambassadeur pour faire connaissance avec le Champagne Dom Pérignon Vintage 2004 P2. Instantanément le plaisir est là. Le champagne est d’un équilibre rare, serein et pourrait être l’étalon de mesure de ce qu’est le parfait Dom Pérignon. Il est agréable à boire tel qu’il est, si simple mais si structuré.

Alors que je suis quasi inconditionnel des champagnes de dégorgement initial, car ils représentent ce qu’est le champagne de son millésime originel, je dois dire que ce champagne est un vrai succès car il ne joue pas le champagne qui voudrait montrer qu’il est « encore » jeune. Il est équilibré, serein et se justifie.

Après les deux premiers plats nous allons en cuisine et ça me fait plaisir que les cuisiniers affairés me saluent par mon nom. Nous prenons place dans la salle du chef, juste en face de la ruche travailleuse, et Arnaud Donckele nous apporte une sauce. Il nous dit que pour ses plats il faut toujours commencer par la sauce, car le plat est au service de la sauce et non l’inverse. Il nous dit que la sauce est composée de quatre ou cinq madeleines de Proust de son enfance qu’il a voulu associer. Il nous les décrit.

C’est tellement poétique que je lui demande s’il pourrait m’écrire ce qu’il a dit. Il ne le fera pas, bien sûr, mais il aurait fallu enregistrer un moment d’une sensibilité exceptionnelle.

Alors que je pensais que le nom du restaurant était le choix des équipes de marketing du groupe Cheval Blanc, Arnaud nous dit que c’est son choix, car il aime le Dom Pérignon et il aime le concept de Plénitude, qu’il essaie de transposer dans sa cuisine. C’est amusant car mon amitié pour Richard Geoffroy et mon amour pour Dom Pérignon sont nés le jour où j’ai rencontré ce maître de chais qui a expliqué sa vision de l’évolution de son champagne qui ressemble comme deux bulles de champagne à ma vision du vin.

Après ce passage émouvant par la salle privée du chef en cuisine, nous traversons des couloirs habillés de tentures blanches au sigle de Dom Pérignon, qui conduisent au fumoir où nous sommes accueillis par Vincent Chaperon, le maître de chais de Dom Pérignon, qui a réalisé avec Richard Geoffroy le millésime 2004. Vincent nous explique la philosophie de Dom Pérignon et la vision des plénitudes et souvent on croit entendre des intonations de Richard. En pleine possession de son sujet et assuré, Vincent nous passionne.

Nous montons ensuite au dixième étage du bâtiment de la Samaritaine où la vue sur Paris est impressionnante. C’est ici que nous goûtons debout les desserts, accompagnés comme les plats par le 2004 P2 toujours aussi gastronomique.

Sous un ciel aux nuages noirs inquiétant et par un temps froid ce soir la danseuse étoile Dorothée Gilbert a dansé avec une rare élégance, légère comme les bulles du délicieux champagne qui a accompagné notre repas.

Arnaud a une telle passion créatrice que je suis comme le rat devant le cobra, hypnotisé par son génie. J’avais il y a trente ans un dieu vivant de la cuisine en la personne de Joël Robuchon. Aujourd’hui mon dieu vivant est Arnaud Donckele dont l’amitié est un précieux cadeau pour moi. Ce fut une soirée mémorable d’une délicatesse rare.

dessert sur le toit de la Samaritaine

danse

Arnaud Donckele et Vincent Chaperon

Le Dom Pérignon 2004 « Plénitude » 2

Italian report about a marvelous dinner with rare Barolos lundi, 10 janvier 2022

Mitico pranzo di vecchi Barolo con due leggendari 1920.

Marcello, un giovane appassionato di vino italiano che ha sviluppato una passione per i vecchi Barolo, è in contatto con una persona che ricerca in vecchie cantine e dopo la selezione, gli porta dei veri tesori. Questo fornitore gli riserva solo le migliori bottiglie.

Marcello mi segue su Instagram e mi ha contattato per partecipare ad un pranzo al ristorante Arnaud Lallement – Assiette Champenoise, annunciando un largo numero di vecchi vini, incluso un Barolo 1920 di Giacomo Conterno. Ho avuto l’impressione mi fossi scordato tutto quello che ci eravamo detti, perché pensando solo al Barolo 1920 un bagliore mi è arrivato al cervello: questa è un’occasione unica per aprire un Vega Sicilia Unico 1920, una bottiglia molto rara.

Ho accettato di partecipare e pensare a cosa mettere. Mi era sembrato di capire ci fossero dei produttori di Champagne, qualcuno che conoscevo già e altri no, ma solo perché non avevo ascoltato bene. Ho consigliato che Marcello venisse al ristorante alla 10 di mattina per aprire le bottiglie.

Quando il giorno è arrivato io ero in anticipo alle 9:30. Marcello è in orario e sono stati portati su dalla cantina due cartoni dove erano custodite 12 bottiglie. Gli ho detto che non sarebbe stato ragionevole aprire tutti questi vini, perché saremmo stati solo in sette, avendo l’ottavo purtroppo dovuto rinunciare per Covid. Marcello mi ha confermato che la sua volontà che tutto venisse aperto per questo pranzo che si sarebbe preannunciato folle.

Dalla mia parte, ho portato un vino di Siracusa del 1946 che abbiamo deciso però di non aprire. Apriremo il Ruffino Riesling Monteselva 1970, che mi stupisco di come possa essere entrato nella mia cantina, poi il Vega 1920 naturalmente, e ho portato una Grappa del Domaine d’Ott 1929 per il fine pasto.

Ho dotato Marcello del mio cavatappi Durand per aprire i vini più giovani mentre io sono partito con quelli più vecchi. Marcello mi mostra i tappi sottolineando di quale qualità siano, alcuni sembrando più pezzi di legno che di sughero. Tutti i profumi dal collo della bottiglia erano brillanti. Nessuna bottiglia problematica. Tutti i livelli delle bottiglie erano impressionanti, belli alti nel collo.

L’operazione di apertura è andata via veloce, così abbiamo avuto il tempo, io e Marcello, per fare due chiacchiere. Arnaud Lallement si è unito a noi per parlare dei piatti che avrebbe voluto fare per noi. Io ho provato a semplificare alcune ricette perché i vecchi vini necessitano di sapori molto consistenti, ma senza aromi che possano deviare dalla degustazione principale.

Con Arnaud abbiamo trovato dei compromessi, di modo che ognuno fosse contento. « Alveare del nostro parco », « Gambero, caviale », « San pietro da pesca », « Ravioli Carbonara, tartufo nero pregiato », « Astice blu, omaggio a mio padre », « pane dolce, carota tonda in riduzione », « tortino di piccione e spinaci », formaggi e dessert al cioccolato.

I produttori sono arrivati e abbiamo preso l’aperitivo al bar, seduti ovviamente come il nostro primo ministro ha richiesto.

Il Béreche & Fils Le Cran Magnum Rosé 2006 Champagne ha un buon attacco ed un colore magnifico, ma l’ho trovato leggermente corto, correttissimo con il delizioso piccolo aperitivo sul divano.

Champagne René Geoffroy Extra Brut 2000 ha una magnifica vitalità. È bello ed intenso.

Champagne Tarlant P&F 1976 sboccato in Novembre 2006 mostra qualche segno di stanchezza che non dovrebbe avere alla sua età.

Continuo a non capire come sia arrivato il Ruffino 1970 Monteselva Riesling nella mia cantina. È al disopra di come me lo aspettavo. Non assomiglia per nulla a livello gustativo ad un Riesling, tranne con il caviale con cui forma un brillante abbinamento. Il vino è ricco e ben costruito.

Il Barolo Bruno Giacosa 1988 è un vino molto largo e opulento e sono molto contento di averlo degustato con il pesce crudo, perché ci si abbina brillantemente.

Il Barolo 1971 Fontana Saverio non ha un grande naso, ma al palato è superbo. Ha 50 anni ma sembra estremamente giovane e vitale.

Il Gattinara 1967 Riserva Luigi Nervi & Figlio è adorabile, così levigato e fine.

Il Barolo Oddero 1961 ha un buon attacco ma non amo particolarmente il suo finale con un accento di canfora.

Il Barolo Marchesi di Barolo 1958 è leggermente neutrale, acido e complesso.

Il Barolo Mascarello Natale fu Maurizio 1958 è sublime nella sua dolcezza. Questo è il migliore vino fino a questo punto.

Il Brunello di Montalcino Biondi Santi 1957 ha un colore molto scuro e un accento di caffè. Il palato è meglio del naso e nel complesso è un vino con una buona personalità.

Il Barolo Giacomo Conterno Monfortino Riserva 1945 è straordinario, favoloso, leggendario. E’ così giovane, combinando velluto ed energia. Mi sono innamorato di questo vino perfetto.

Il Barolo Marchesi di Barolo 1933 è anche lui favoloso, più virile e potente del 1945. Qui ci sono due vini che si rincorrono l’un l’altro, molto diversi ma entrambi al top della denominazione Barolo.

Alla fine, il Barolo Giacomo Borgogno & Figli Riserva Speciale 1931 è anche lui magico, con un finale mentolato come il Vega Sicilia Unico. È favoloso, ma preferisco il 33.

Con i due 1920, stiamo andando su un altro pianeta. Barolo Riserva Giacomo Conterno Monforte d’Alba 1920 è magico, ricco, immenso. Questo vino ha una consistenza unica. Non cambierei una virgola di questo vino perfetto. Questo vino è la prima annata di riserva di questa azienda. Un’infinita rarità.

Il Vega Sicilia Unico 1920 poteva farmi svenire. Questo è ovviamente ad oggi il miglior Vega che io abbia avuto la possibilità di bere. E la cosa stupefacente è che ha tutte le caratteristiche che fanno l’eccellenza di un giovane Vega Sicilia Unico. Che freschezza!

L’italiano 1920 è perfetto e completamente coerente. Lo spagnolo 1920 è più esotico e così carismatico. Capirei completamente mettessimo il Barolo 1920 per primo, ma per il mio viaggio nel mondo del vino ed il mio amore per Vega Sicilia Unico faccio questa classifica: 1 – Vega Sicilia Unico 1920, 2 – Barolo Riserva Giacomo Conterno Monforte d’Alba 1920, 3 – Barolo Marchesi di Barolo 1933, 4 – Barolo Giacomo Conterno Monfortino Riserva 1945, 5 – Barolo Giacomo Borgogno & Figli Riserva Speciale 1931, 6 – Barolo Mascarello Natale fi Maurizio 1958, 7 – Vino Rosso Riserva Luigi Nervi & Figlio Gattinara 1967.

Siamo tornati al bar e abbiamo degustato il distillato che avevo portato, un distillato di vinacce Marc Rosé del domaine d’Ott 1929. Combina un magnifico colore ambrato, il colore più roseo di quelle che avevo comprato. È un magnifico distillato di vinacce. Volevo forse nel mio subconscio dimostrare che le « Marc » trascendono le « Grappe »? Non credo, questo prova che non ne ero cosciente. Anche involontario è il fatto che abbia messo un vino che abbia messo come primo. « è serio, dottore? ».

Abbiamo chiacchierato, ricordandoci questo magico pranzo progettato da Marcello, e ricordando quanto fosse ispirata la cucina di Arnaud Lallement. L’atmosfera è quella che tutti desidereremmo proseguire e ripetere. Le foto ed i commenti su Instagram mi hanno portato 600 nuovi follower in due giorni, la maggior parte italiani, che mi hanno dato un’idea dell’impresa che Marcello ha raggiunto. Ben fatto. Bravo.