Archives de catégorie : académie des vins anciens

Règles pour la 35ème séance de l’académie des vins anciens du 2 décembre 2021 mercredi, 3 novembre 2021

Pour participer à une séance il faut suivre le cheminement habituel :

  • Si l’on vient sans bouteille de vin, respecter les dates de paiement.
  • Si l’on veut venir avec un vin, proposer un vin ancien et fournir tous éléments sur le vin, dont le niveau dans la bouteille (chaque photo ne devra pas dépasser 500 Ko et devra être lisible)
  • Obtenir mon agrément pour la ou les bouteilles proposées
  • Respecter les critères d’âge :
  • Champagnes d’apéritif : pas de règles. Seront des cadeaux des académiciens qui veulent en apporter, au-delà de leur apport
  • Champagnes : avant 1997
  • Vins blancs : avant 1991
  • Vins rouges et liquoreux : avant 1972
  • Les livrer à partir du 20 octobre et avant le 15 novembre selon le processus décrit ici :
  • soit livrer sa bouteille au siège du champagne Henriot (65 Rue d’Anjou 75008 Paris). Appeler avant. Notre contact sur place est Madame Mathilde Jauneau : mjauneau@mdhenriot.com (téléphone : 01 47 42 18 06)
  • soit expédier sa bouteille à l’adresse : François Audouze Société ACIPAR, 44 rue André Sakharov 93140 BONDY.
  • Payer sa participation dans les délais prévus (avant le 2 novembre)
  • Chèque à l’ordre de « François Audouze AVA » à adresser à François Audouze société ACIPAR 44 rue Andrei Sakharov 93140 BONDY, qui est de : 150 € si on apporte un vin agréé ou 260 € si on vient sans vin.
  • Ou bien avant 02/11 pour le paiement et maintenant au plus vite plutôt par virement à RIB FRANCOIS AUDOUZE AVA : FR7630003030000005024474342
  • Venir à la réunion le jour prévu et à l’heure prévue : 19 heures
  • Si l’on vient sans bouteille de vin, respecter les dates de paiement.

– Le lieu de la réunion est : RESTAURANT MACEO 15 r Petits Champs 75001 PARIS

– Heure de la réunion : 19h et fin impérative 0h00.

Recommandations supplémentaires :

– ne pas mettre de chèque dans le colis qui comporte votre vin. Les chèques doivent être envoyés à part.

– ne pas coller quoi que ce soit sur la bouteille. Tout ce qui est collé est difficile à enlever.

Remarque générale importante :

L’expérience des 34 séances précédentes (sauf la 33ème, parfaite) est que je suis obligé de gérer beaucoup trop de cas particuliers au dernier moment. On va essayer de ne pas subir les impondérables.

34ème séance de l’Académie des Vins Anciens Vins du Groupe 1 jeudi, 10 juin 2021

34ème séance de l’Académie des Vins Anciens

Vins du Groupe 1
:

Champagne Gaston Chiquet 1er Cru à Dizy

Champagne SaintSauveur Frédéric Thomas Vertus 1er cru 1977 (dégorgé en 2021)

Champagne Henriot 1989

Y d’Yquem 1977

Kebir Impérial Blanc Frédéric Lung 1947

Côte de Moselle 1893

Château La Tour des Termes SaintEmilion 1928

Château Haut Brion Graves 1918 (niveau bas)

Château Léoville Las Cases Saint Julien 1918 (niveau bas)

Beaune Marconnet Remoissenet Père et Fils 1947

Jéroboam de Champagne Veuve Clicquot Ponsardin du bicentenaire 1772/1972 DemiSec

Château Lauretan Liquoreux 1924

Massandra Tokay 1931

Madère Malmsey 1900

34ème séance de l’Académie des Vins Anciens Vins du Groupe 2 jeudi, 10 juin 2021

34ème séance de l’Académie des Vins Anciens

Vins du Groupe 2
:

Champagne Besserat de Bellefon

Champagne SaintSauveur Frédéric Thomas Vertus 1er cru 1977 (dégorgé en 2021)

Champagne Henriot 1989

Champagne Mumm Cordon Rose 1971

Aligoté Coteaux de SaintBris Jean Guimiot 1979

Tokay d’Alsace Pinot Gris Louis Reinhard années 50

Meursault Clos des Bouches Chères René Manuel 1964

Beaune Chanson 1er Cru 1967

Berberana cosecha especial Rioja 1964

Berberana Carta de Oro Rioja 1966

Federico Paternina Ollauri Rioja gran reserva 1928

Jéroboam de Champagne Veuve Clicquot Ponsardin du bicentenaire 1772/1972 DemiSec

Sauternes 1929

Cru Lanère Sauternes 1931

34ème séance de l’Académie des Vins Anciens Vins du Groupe 3 jeudi, 10 juin 2021

34ème séance de l’Académie des Vins Anciens

Vins du Groupe 3
:

Champagne Laurent Perrier

Champagne SaintSauveur Frédéric Thomas Vertus 1er cru 1977 (dégorgé en 2021)

Champagne Henriot 1989

Meursault Patriarche 1942

Vouvray Clovis Lefèvre 1959

Côte de Moselle 1893

Château Le Bourdieu Haut Médoc 1975

Château Jean Faure SaintEmilion mise Hannapier 1941

Château Le Crock SaintEstèphe 1959

Richebourg Gros Frère et Sœur 1974

Pommard Hospices de Beaune Morin Père et Fils 1943

Jéroboam de Champagne Veuve Clicquot Ponsardin du bicentenaire 1772/1972 DemiSec

Château de la Roulerie Chaume 1934

Monbazillac Theulet Marsallet 1922

ajouté par un participant : Cognac Frapin

34ème séance de l’Académie des Vins Anciens jeudi, 10 juin 2021

Je me rends au restaurant Macéo où se tiendra la 34ème séance de l’Académie des Vins Anciens. Nous serons 26 académiciens répartis en trois groupes et ayant à se partager plus de 45 vins. Nous ne manquerons pas de boisson, d’autant que j’ai fourni 17 d’entre eux !

Compte-tenu du couvre-feu de 23 heures le rendez-vous est à 17h30 et je ne peux commencer les ouvertures des vins qu’à 15 heures puisqu’avant il y a au restaurant le service du déjeuner. Voici les vins des trois groupes.

  • Groupe 1 : Champagne Gaston Chiquet 1er Cru à Dizy – Champagne Saint-Sauveur Frédéric Thomas Vertus 1er cru 1977 (dégorgé en 2021) – Champagne Henriot 1989 – Y d’Yquem 1977 – Kebir-Impérial Blanc Frédéric Lung 1947 – Côte de Moselle 1893 – Château La Tour des Termes Saint-Emilion 1928 – Château Haut-Brion Graves 1918 (niveau bas) – Château Léoville Las Cases Saint-Julien 1918 (niveau bas) – Beaune Marconnet Remoissenet Père et Fils 1947 – Jéroboam de Champagne Veuve Clicquot Ponsardin du bicentenaire 1772/1972 Demi-Sec – Château Lauretan Liquoreux 1924 – Massandra Tokay 1931 – Madère Malmsey 1900.
  • Groupe 2 : Champagne Besserat de Bellefon – Champagne Saint-Sauveur Frédéric Thomas Vertus 1er cru 1977 (dégorgé en 2021) – Champagne Henriot 1989 – Champagne Mumm Cordon Rose 1971 – Aligoté Coteaux de Saint-Bris Jean Guimiot 1979 – Tokay d’Alsace Pinot Gris Louis Reinhard années 50 – Meursault Clos des Bouches Chères René Manuel 1964 – Beaune Chanson 1er Cru 1967 – Berberana cosecha especial Rioja 1964 – Berberana Carta de Oro Rioja 1966 – Federico Paternina Ollauri Rioja gran reserva 1928 – Jéroboam de Champagne Veuve Clicquot Ponsardin du bicentenaire 1772/1972 Demi-Sec – Sauternes 1929 – Cru Lanère Sauternes 1931.
  • Groupe 3 : Champagne Laurent Perrier – Champagne Saint-Sauveur Frédéric Thomas Vertus 1er cru 1977 (dégorgé en 2021) – Champagne Henriot 1989 – Meursault Patriarche 1942 – Vouvray Clovis Lefèvre 1959 – Côte de Moselle 1893 – Château Le Bourdieu Haut Médoc 1975 – Château Jean-Faure Saint-Emilion mise Hannapier 1941 – Château Le Crock Saint-Estèphe 1959 – Richebourg Gros Frère et Sœur 1974 – Pommard Hospices de Beaune Morin Père et Fils 1943 – Jéroboam de Champagne Veuve Clicquot Ponsardin du bicentenaire 1772/1972 Demi-Sec – Château de la Roulerie Chaume 1934 – Monbazillac Theulet Marsallet 1922.

    Il fallait faire vite pour ouvrir tous les vins dont certains ont des bouchons qui se brisent en mille morceaux. J’ai pris en charge les bouchons les plus difficiles, laissant à des amis la charge de bouchons apparemment plus faciles. Selon la tradition les ouvreurs ont droit à des attentions amicales. J’avais apporté un Tavel Rosé Château d’Agueria 1954 très plaisant à boire, fluide et rafraîchissant, d’une couleur d’un vrai rose. Un ami a apporté un Champagne Lang-Biémont d’Avize 1949 dont la couleur trahit une réelle fatigue mais qui s’en soucie ? Il a aussi apporté un Passito 1901, vin passerillé et doucereux d’une belle élégance. Une vraie rareté dont cet ami a souvent le secret.

    J’étais épuisé après cette séance d’ouverture qui demande une attention de tous les instants pour ne pas voir les bouchons glisser dans le liquide où se briser en semant des miettes dans le vin. Les académiciens arrivent progressivement et du fait des précautions à respecter, l’apéritif se prendra assis et non debout. Les six tables n’ont pas plus de cinq personnes par table pour les mêmes raisons.

    Parmi les académiciens il y a beaucoup de nouveaux et j’ai accordé huit places à des étudiants des plus grandes écoles françaises. L’ambiance fut rare, joyeuse, ouverte et généreuse.

    Le menu conçu par Adrian Williamson avec le chef du Macéo est : terrine de canard landais pressé dans son foie gras / maigre rôti et ses légumes de saison / ribs de cochons bio de la ferme du vieux poirier, cocotte printanière / fromages généreusement offerts par des académiciens / tatin de rhubarbe confite.

    Les vins que j’ai bus sont ceux du premier groupe. Le Champagne Gaston Chiquet 1er Cru à Dizy sans année que j’ai apporté est une découverte pour moi et pour beaucoup d’autres. Il doit avoir une vingtaine d’années et c’est une agréable surprise car il a une personnalité sereine et affirmée.

    Le Champagne Saint-Sauveur Frédéric Thomas Vertus 1er cru 1977 (dégorgé en 2021) est présent à toutes les tables puisqu’il y a trois bouteilles. Le seul champagne 1977 que j’ai bu est un Cristal Roederer. Les 1977 sont très rares. La première impression est celle des feuilles d’artichaut les premières que l’on goûte, plus amères que celles qui sont plus près du cœur. Il faut attendre pour boire ce champagne qu’il ait plusieurs mois après ce dégorgement. Il devrait devenir plus civilisé.

    Le Champagne Henriot 1989 est lui aussi présent à toutes les tables. Voilà un grand champagne magnifié par son âge, expressif et convivial. Quel beau champagne.

    Le Y d’Yquem 1977 a un nez qui sent le botrytis et en bouche, au-delà de l’aspect sec, il y a un délicieux botrytis qui lui donne du charme.  C’est une très bonne année pour ce Y très gastronomique.

    Des amis de l’académie connaissent mon amour pour les vins de Frédéric Lung aussi vais-je vérifier une fois plus mon absence totale d’objectivité dès qu’il s’agit de ces vins. Car le Kebir-Impérial Blanc Frédéric Lung 1947 offert par un ami est pour moi une pure merveille. Le vin est sombre et opaque, mais cela n’empêche pas son charme envoûtant de vin épais et magique. Je suis aux anges.

    Un académicien a apporté deux bouteilles de Côte de Moselle 1893 aux niveaux très bas et au nez très poussiéreux à l’ouverture. Mais la chance que nous avons de goûter ce vin de 128 ans nous pousse à n’écouter que le charme du message qu’il esquisse. C’est une expérience rare que de boire un vin de la Moselle française, conservé pendant tant de temps.

    Le Château La Tour des Termes Saint-Emilion 1928 a un charme qui est directement lié à son millésime exceptionnel. Ce vin est intemporel. Equilibré, carré, il laisse une empreinte forte sur le palais.

    Le Château Léoville Las Cases Saint-Julien 1918 au niveau assez bas avait à l’ouverture le parfum le plus beau de tous les vins rouges. Il se présente de façon très charmante mais pas totalement intégrée. Il virevolte autour de ses acidités. On ne peut que l’adorer, mais aussi le trouver étrange.

    Au contraire, le Château Haut-Brion Graves 1918 au niveau aussi assez bas est d’un équilibre spectaculaire. La structure aboutie de ce Haut-Brion est parfaite. A ma table de quatre nous votons pour ces trois rouges de Bordeaux et le classement qui apparaît le plus cohérent est : Haut-Brion, La Tour des Termes et Léoville Las Cases. Les trois sont brillants.

    Le Beaune Marconnet Remoissenet Père et Fils 1947 a un parfum à se damner. Magique est le mot qui convient. En bouche il n’est que velours, avec un charme inouï. Quel grand vin à la séduction absolue !

    Le Jéroboam de Champagne Veuve Clicquot Ponsardin du bicentenaire 1772/1972 Demi-Sec doit dater de la fin des années 60. Ce champagne est étrange, incernable car il n’a pas trouvé sa cohérence entre ses aspects secs et doux. Il a une valeur anecdotique qui ne manque pas d’intérêt mais ne donne pas de réel plaisir.

    Le Château Lauretan Langoiran 1924 est une merveille de liquoreux. Tous les liquoreux du Sud-Ouest gagnent tellement avec l’âge qu’il faut en boire sans hésitation.

    Le Tokay collection Massandra 1931 est un vin superlatif qui mérite le respect. Il a une douceur confondante. Tout en lui est lascif et charmeur, à la persistance aromatique infinie.

    J’attendais beaucoup du Madère Malmsey 1900 d’un ami. J’ai été assez déçu de ne pas le voir briller comme il aurait dû car les madères sont indestructibles. Bon sans doute il n’est pas ce qu’il devrait être.

    La profusion de vins fait que beaucoup de verres sont venus jusqu’à moi. Le Tokay d’Alsace Pinot Gris Louis Reinhard années 50 est absolument exceptionnel, très au-dessus de ce que je pouvais attendre. Le Federico Paternina Ollauri Rioja gran reserva 1928 est très équilibré et solide mais j’attendais un peu plus de ce vin que j’ai déjà souvent bu. Le Sauternes 1929, vin générique à la couleur magique de beauté est un vin que j’adore, magnifié par son millésime. Le Château Le Crock Saint-Estèphe 1959 est une heureuse surprise, car son apporteur ne croyait pas tellement lui. Le Pommard Hospices de Beaune Morin Père et Fils 1943 est un régal d’équilibre et de sensualité.

    Comme le vin de Kebir, le Monbazillac Theulet Marsallet 1922 fait partie de mes chouchous inconditionnels. Celui-ci est miraculeux de fraîcheur malgré sa haute concentration. Un pur régal fait par une lignée de vignerons talentueux.

    Voter pour tous ces vins n’est pas chose facile mais j’ai fait ce choix : 1 – Beaune Marconnet Remoissenet Père et Fils 1947, 2 – Kebir-Impérial Blanc Frédéric Lung 1947, 3 – Monbazillac Theulet Marsallet 1922, 4 – Château Haut-Brion Graves 1918, 5 – Massandra Tokay 1931, 6 – Pommard Hospices de Beaune Morin Père et Fils 1943.

    Le fait que les années de ces vins choisis soient : 1947 – 1947, 1922 – 1918 – 1931 – 1943 montre une fois de plus que les grands vins sont éternels.

    Bravo à Macéo et à Adrian Williamson pour la gestion de cet événement, ainsi qu’à Béatrice sans qui je serais incapable de gérer toute la logistique de ces événements.

    L’ambiance joyeuse et la qualité des vins ont fait de cette réunion, reportée deux fois pour cause de Covid, une des plus chères à mon cœur.

les vins préparés dans ma cave :

prêts à être déplacés au restaurant

les trois groupes de vins présentés au restaurant Macéo

les vins partagés entre les ouvreurs de bouteilles

les bouchons

Règles pour la 34ème séance de l’académie des vins anciens du 10 juin 2021 mardi, 25 mai 2021

Actualisation après l’annonce du couvre-feu et du confinement : la réunion plusieurs fois reportée est fixée au 10 juin 2021

Avertissement important

La réunion prévue initialement en mars 2020 a été annulée. Espérons que la date du 10 juin est définitive.

L’heure de la réunion comme il y a un couvre-feu sera à 17 heures 30.

Règles

Pour participer à une séance il faut suivre le cheminement habituel :

–    Proposer un vin ancien et fournir tout élément sur le vin proposé (on peut venir sans vin en payant une contribution différente)

–    Obtenir mon agrément pour la ou les bouteilles proposées

–   Payer sa participation dans les délais prévus (avant le 26 octobre)

–    Livrer sa ou ses bouteilles dans l’un des endroits possibles et dans les délais prévus selon modalités que j’annoncerai aux inscrits

–    Venir à la réunion le jour prévu et à l’heure prévue.

Données pratiques :

–    Proposer une bouteille dès maintenant selon les nouvelles règles (voir plus loin)

–    Livrer sa bouteille dans le délai qui sera annoncé

–    soit livrer sa bouteille au siège du champagne Henriot (65 Rue d’Anjou 75008 Paris). Appeler avant. Notre contact sur place est Madame Mathilde Jauneau : mjauneau@mdhenriot.com  – téléphone : 01 47 42 18 06

–    soit expédier sa bouteille à l’adresse : François Audouze Société ACIPAR, 44 rue André Sakharov 93140 BONDY.

–    Payer sa participation avant le 1er mai (maintenant, au plus vite) par chèque à l’ordre de « François Audouze AVA » à adresser à François Audouze société ACIPAR 44 rue Andrei Sakharov 93140 BONDY,  qui est de : 150 € si on apporte un vin agréé ou 260 € si on vient sans vin.

A noter qu’en cas d’annulation pour cas de force majeure, les chèques versés seront déchirés et scannés déchirés afin que chacun puisse vérifier que son chèque a été détruit. Cette clause ne vaut que pour le cas de force majeure et non pas pour un désistement qui serait connu après le 18 novembre.

–    Le lieu de la réunion est : RESTAURANT MACEO 15 r Petits Champs 75001 PARIS

–    Heure de la réunion : 17 h 30 et fin impérative 22h15 pour respecter le couvre-feu.

Merci de lire très attentivement et de respecter strictement ce qui est indiqué. Pour les photos des vins, se reporter aux règles de la 26ème édition :

http://www.academiedesvinsanciens.org/academie-des-vins-anciens-26eme-seance-du-19-mai-2016/

Vins agréés (nouveau et impératif)

Les critères d’âge seront plus stricts que lors de séances précédentes :

  • Champagnes d’apéritif : pas de règles. Seront des cadeaux des académiciens qui veulent en apporter, au-delà de leur apport
  • Champagnes : avant 1997
  • Vins blancs : avant 1991
  • Vins rouges et liquoreux : avant 1972

Ceux qui ne peuvent proposer des vins dans ces limites d’âge seront considérés comme sans apport, même s’ils apportent des champagnes d’apéritif.

Recommandations supplémentaires :

– ne pas mettre de chèque dans le colis qui comporte votre vin. Les chèques doivent être envoyés à part.

– ne pas coller quoi que ce soit sur la bouteille. Tout ce qui est collé est difficile à enlever.

Remarque générale importante :

L’expérience des 33 séances précédentes (sauf la 33ème, parfaite) est que je suis obligé de gérer beaucoup trop de cas particuliers au dernier moment. Dans la circonstance particulière de cette académie, on va essayer de ne pas subir les impondérables. Les dates limites incontournables seront annoncées dès que je le pourrai :

–  avant 01/05 pour le paiement et maintenant au plus vite plutôt par virement à RIB FRANCOIS AUDOUZE AVA : FR7630003030000005024474342

– à fixer pour la livraison des vins, probablement entre le 10 mai et le 25 mai et maintenant ai plus vite.

Malgré les circonstances, comme la 32ème séance et la 33ème ont été un succès complet, il faut que la 34ème le soit aussi.

Témoignages des participants au déjeuner au restaurant Pages jeudi, 22 octobre 2020

Témoignage d’un participant, Gauthier

Je vous envoie ce courriel pour vous remercier une nouvelle fois de l’incroyable repas auquel vous nous avez conviés Maximilien et moi hier midi. Votre approche humble, authentique et bienveillante transparait autant à table que dans vos écrits que j’avais pu glaner çà et là quelques semaines avant notre rencontre. Nous sommes bien loin d’une approche « industrieuse » comme vous le disiez si bien.

Le repas a été pour moi une suite de surprises. Qu’un vieux Pauillac soit sublimé par du citron changera ma façon de voir Bordeaux, qu’un risotto donne ses lettres de noblesse à un Clos de la Roche ne fera que confirmer la haute idée que je me fais de la Bourgogne. Le Rayne-Vigneau 1997, qui est un vin que j’ai eu la chance de goûter plusieurs fois cette année, ne m’avait jamais paru si noble et apaisé qu’avec ce dessert tout breton. Les financiers à la noisette en présentaient encore une image plus subtile. Je m’attendais à réentendre ce que j’avais lu. Au début du repas j’avais l’impression de devoir faire table rase de vos écrits précédents pour mieux écouter les vins et l’originalité de leur message. Et le temps passant, je comprends la cohérence de l’expérience que j’ai vécue et de celles que vous avez retranscrites sur votre site au fil des années.

Avec le recul, je suis frappé par l’écart, que je ne sondais qu’à peine, entre le Pibarnon que nous avons goûté et le Clos de la Roche que nous avons dégusté. Je pensais que le Pibarnon écraserait un vin fragilisé par le temps. Mais il n’en est rien, et je me surprends à repenser que le Clos de la Roche ne s’estompait pas l’espace d’un instant après une gorgée d’un Bandol, si érotique comme vous dites. C’était même l’occasion de constater quelque chose, qui ne me serait pas apparu sans la présence du 2016 : l’incroyable longueur et persistance d’un vin si travaillé par les années.

Sachez que Maximilien et moi serons ravis d’assister à l’académie des vins anciens fin novembre. Un autre ami, étudiant philosophe de l’ENS et sciences-piste à ses heures perdues, serait ravi de participer. C’est un bon vivant, et pour sûr un amoureux des bons vins !

En vous remerciant encore,

 

Témoignage d’un participant, Maximilien

Je tenais à vous remercier pour votre gentille invitation à ce déjeuner exceptionnel, et vous dire à quel point j’avais été ravi de ce moment passé avec vous. Grâce à vous interventions sur LPV (peut-être ne serait-ce qu’au moins pour cela que votre aventure sur ce forum en valait le coup : les écrits que vous y avez laissés, même si bien souvent dans la douleur, ont été énormément lus, et ont pu transmettre de nombreuses choses à beaucoup de lecteurs dont je fais partie !) et les billets dantesques écrits sur votre blog, j’avais découvert votre amour immense des vins anciens. Et n’étant jusqu’alors pas tout à fait convaincu par cette démarche, j’étais spécialement heureux de la tenter, et comment autrement mieux qu’avec l’ambassadeur mondial des vieux vins !

Cette rencontre était délicieuse également par ce merveilleux restaurant : ma première initiation à la gastronomie, et une belle découverte de ce qui peut se cuisiner de grand en France ! Et enfin bien évidemment, une découverte « coup de foudre » de ce que peut déceler d’exceptionnel un vin ancien : le souvenir de de Clos de la Roche 1953 restera impérissable, et doté d’une grande émotion que de l’avoir bu avec vous.

J’ai bien cherché à en identifier le producteur à partir du blason, mais ce n’est en fait que celui des Ducs de Bourgogne, ce qui n’aide malheureusement pas beaucoup.

 

C’est avec une joie dénuée du scepticisme qui aurait pu être présent avant ce déjeuner et cette découverte que je viendrai à l’Académie des Vins Anciens le 26 novembre. L’ami étudiant à l’EDHEC que j’avais mentionné est également emballé, et de son côté Gauthier devrait avoir trouvé quelques personnes, mais je lui laisse le soin de vous contacter directement.

Je vous remercie grandement pour cette somme de belles découvertes, humaine, gastronomique et œnologique, et vous dis à très bientôt !

Déjeuner au restaurant Pages avec deux étudiants jeudi, 22 octobre 2020

J’avais reçu il y a bien longtemps, du temps où le mot coronavirus n’était pas dans mon vocabulaire, des mails d’un étudiant de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, qui fait partie du club d’œnologie de l’école, club qui s’exerce à la dégustation et fait même des concours inter-écoles de dégustation. Son message m’était apparu sympathique. Il souhaitait qu’avec un ami de son école nous bavardions de vin autour de bouteilles qu’ils apporteraient. Le temps a passé et quand j’ai repris son idée, j’ai proposé de nous retrouver à déjeuner ensemble au restaurant Pages.

La veille, l’élève, appelons-le Gauthier, m’appelle, gêné, et me dit qu’ayant consulté la carte du restaurant, le budget était hors de portée pour de jeunes élèves, fussent-ils d’une prestigieuse école. J’ai immédiatement répondu que je serais la puissance invitante.

Lorsque j’ai déménagé en 2012 ma cave qui était dans un local qui allait être exproprié, Grand Paris oblige, j’avais bénéficié de l’aide efficace d’une charmante jeune personne qui travaillait dans la société d’aciers que dirige mon fils. Elle avait regroupé dans des cases les bouteilles illisibles pour elle. Elles ne sont pas inventoriées. En vue de notre déjeuner je farfouille dans ces cases et tout-à-coup, oh surprise, je mets la main sur un magnum de Château Lafite 1869. Je savais que j’avais cette précieuse bouteille et je m’étais étonné qu’elle ne figure pas dans l’inventaire. Elle réapparaît, magnifique de niveau et de couleur. Rien que cela me fait bénir le déjeuner à venir. Je choisis dans ces cases deux bouteilles, l’une de Bordeaux l’autre de Bourgogne, avec l’idée derrière la tête de les faire goûter à l’aveugle à mes deux jeunes futurs convives.

Le matin du rendez-vous, je me présente vers 11 heures au restaurant Pages pour ouvrir mes apports. Les deux bouchons viennent assez facilement. Le bouchon du bordeaux me permet d’estimer l’âge probable du vin qui est un générique sans millésime. Les odeurs sont sympathiques, surtout celle du Bourgogne, qui me paraît très prometteuse. J’ai du temps devant moi aussi est-ce l’occasion de regarder la carte des vins que Matthieu le sommelier a profondément remaniée avec une grande intelligence. Il y a dans cette carte des vins pour tous les goûts et pour tous les budgets, sans que l’on subisse des coefficients incendiaires.

J’en profite pour commander au verre un Champagne Bérêche & Fils Rilly la Montagne 1er Cru Blanc de noirs 2015 dégorgé en 2019 et dosé à 3 grammes, ce qui en fait un Extra Brut. J’avais envie, étant seul, de confronter mon palais à un blanc de noirs. Ce champagne est vif, tranchant, avec un final salin. C’est manifestement un champagne de gastronomie plus qu’un champagne d’apéritif. Je l’aime, parce qu’il est sans concession. J’aime quand les goûts prennent des pistes aventurières.

Maximilien arrive en premier. Gauthier le rejoint et le déjeuner commence. Le menu préparé par Lumi et Ken et avec Yuki pour la pâtisserie est : betterave à la bavaroise, citron caviar / velouté de Kabocha / maquereau mariné et fumé au foin / chips de pomme de terre et patate douce / couteaux poêlés, cédrat, yuzu vert, jus de coquillage monté au beurre / risotto de riz gluant, encornet snacké, bouillon corsé de céleri-rave / daurade royale de Saint-Jean de Luz, sauce « umami » à l’orange et livèche, coques d’Utah Beach, fenouil / pigeon façon pékinoise, sauce salmis, navet et poireaux / dégustations de bœufs maturés huit semaines : Limousine et Simmental / tuile et glace au sarrasin, pommes sautées, mousse au caramel beurre salé / financiers aux noisettes.

Les amuse-bouches se prennent avec le champagne Bérêche qui montre ses qualités d’adaptation. Il est viril, cinglant, et je l’adore dans cette forme provocante.

Mes jeunes convives ne connaissent pas le menu et vont aller de surprise en surprise, tant pour la qualité des plats que pour l’audace des accords.

Car le premier accord est particulièrement osé. Il se trouve que j’avais dit à Ken il y a quelque temps que j’adore les couteaux. Il a réussi à en trouver et les a traités de façon remarquable. Et le Pauillac générique rouge Barons de Rothschild vers 1978 est magnifiquement adapté au plat. Qui dirait que couteaux et vin rouge s’associent ? Les étudiants, à l’aveugle, ont réussi à trouver la rive gauche de Bordeaux et ont estimé Saint-Julien. On peut dire que c’est une bonne réponse. Ils ont pensé le vin plus vieux. Je l’ai personnellement daté de la deuxième moitié des années 70 à cause de son bouchon que j’étais le seul à avoir vu. Matthieu qui a goûté le vin a eu la bonne estimation à l’aveugle.

Le bordeaux Pauillac appellation contrôlée est un vin de début de gamme mais je trouve qu’il a bénéficié de son âge. Il est précis, simple, de bonne longueur, et pourrait figurer sur des tables sans que l’on se plaigne de sa roturière extraction. Une petite trace de café dans le goût pourrait être gênante, mais pas trop. Le vin a continué au fil du repas à offrir de belles sensations.

Mon deuxième apport, dégusté à l’aveugle est un Bonnes Mares négociant illisible 1953 de la cave du restaurant La Bourgogne. Pour mon goût, c’est la Bourgogne que j’aime, celle qui ne cherche pas à plaire, avec notamment une belle râpe en fin de bouche. Le vin est en pleine maturité, expressif, à l’attaque vive, au milieu de bouche charmeur et velouté et au finale de belle râpe. Programme parfait. Mes jeunes amis ont trouvé Côtes de Nuits, et pour les âges se sont gentiment fourvoyés. C’est sur le pigeon délicieux que ce vin s’est révélé glorieux.

Maximilien a apporté un Château de Pibarnon Bandol 2016. Ce vin riche est tout en suggestions voluptueuses. Il est fort bien sûr mais suave en même temps. Maximilien avait peur que je le trouve trop jeune, mais je l’ai adoré, vin de pur plaisir et racé à la fois. Le vin est absolument parfait sur les deux viandes de bœuf cuites à la perfection.

Gauthier a apporté un Château Rayne-Vigneau 1997 d’une année jeune, magique pour les sauternes. Quel régal. C’est la perfection du sauternes jeune, car il a un gras superbe et une longueur inextinguible. C’est le vin sans défaut. Avant le repas, j’avais demandé à Yuki si elle pouvait faire des financiers. Ses financiers sont à se damner et forment avec le sauternes un accord prodigieux.

Si l’on regarde les accords de ce repas, les plus beaux sont le maquereau avec le champagne Bérêche, les couteaux avec le Pauillac, le pigeon avec le Clos de la Roche, les bœufs avec le Pibarnon et les financiers avec le Rayne-Vigneau. Nous sommes tombés d’accord pour classer les vins ainsi : 1 – Clos de la Roche 1953, 2 – Rayne-Vigneau 1997, 3 – Pauillac vers 1978, 4 – Pibarnon 2016.

Si le Pibarnon est classé après le Pauillac c’est parce qu’il y a une prime au vin le plus surprenant. Je reverrai mes deux complices lors de l’académie des vins anciens. Ils vont essayer d’entraîner d’autres élèves à les accompagner. Je suis très heureux de ce beau déjeuner sur une cuisine toujours aussi pertinente.

Déjeuner au restaurant Pages avec des vins inhabituels, dont deux centenaires dimanche, 19 janvier 2020

Philippe, un ami de l’académie des vins anciens, n’avait pas pu venir à la dernière séance de l’académie et comme Romain il y a quelques semaines, il a souhaité que nous déjeunions ensemble. Comme avec Romain, on peut envisager d’ouvrir des bouteilles non conventionnelles.

Philippe a annoncé un Château Le Jura Saint-Emilion 1913 et je sais qu’il apportera beaucoup d’autres vins. Je choisis en cave une bouteille étrange, sans étiquette ni capsule, certainement du 19ème siècle, dont la couleur vue à travers le verre assez opaque semble rose, pouvant indiquer un vin blanc ou un liquoreux, mais plutôt un blanc quand on agite un peu le vin, car il paraît plus fluide qu’un liquoreux.

Je choisis ensuite une bouteille sans étiquette, au très beau niveau, dont la capsule indique clairement Jacques Bouchard & Cie. Tout indique que la bouteille est des années 40 ou plus vieux. La couleur m’indique que ce vin doit être grand. Le troisième vin que j’ajoute est un Loupiac, Château Pageot 1943.

J’arrive le premier au restaurant Pages et sachant qu’il y aura surnombre de vins, j’ouvre celle qui me paraît avoir les plus belles chances, le Bourgogne Jacques Bouchard. Le bouchon vient classiquement et tout laisse penser à un vin des années 40. Le nez est superbe.

Philippe arrive avec une valise comportant une dizaine de vins. Ce n’est pas raisonnable. Nous choisissons sur ses conseils, une demi-bouteille de Graves Supérieures blanc 1919, le Château Le Jura 1913 bien sûr, et une bouteille que Philippe suggère d’un Tursan, vin blanc du sud-ouest des années 50. Cela fait un programme raisonnable. Le fait que Matthieu, sommelier du Pages connaisse ce vin m’impressionne, car je n’en ai jamais entendu parler.

Je mets un temps infini à ouvrir le vin de 1913 qui résiste à toutes les tentatives. La raison est simple, il y a une très forte surépaisseur dans le goulot qui empêche de lever. Il faut cureter, briser le bouchon en mille morceaux. Le parfum du vin me plait. Le vin devrait être bon.

Le bouchon du Graves 1919 vient facilement et entier. Le nez est très engageant et on peut supposer que le vin n’est pas sec, mais que la douceur est très atténuée. Le Tursan n’a pas d’étiquette, sa couleur à travers le verre est d’un citron légèrement ambré mais à peine. Le bouchon vient en se brisant. Le nez est très neutre.

J’avais conçu avec Ken, le chef du Pages sous l’autorité du chef Teshi, le menu du déjeuner sans savoir exactement le programme des vins. Il n’est pas nécessaire de le changer. Ce sera :  »Otsumami » velouté de céleri-rave, amandes / tartare de bœuf et anchois / tartelette au sablé parmesan et panais // carpaccio de bar de ligne de Noirmoutier, coques d’Utah Beach / Ormeau sur un risotto de riz gluant / cabillaud confit, sauce au Nuits Saint-Georges Cave de la Reine Pédauque 1949 / pigeon de Vendée, raisins, jus de volaille réduit / dégustation de bœuf, Normande 5 semaines, Charolaise 9 semaines, Wagyu Ozaki 5 semaines / meringue tropicale / galettes des rois de Yuki.

Le Graves Supérieures 1919 est d’une bouteille qui est plutôt de 50 cl que de 37,5. Il n’y a aucune indication de vigneron ou de négoce. Ce doit être une étiquette passepartout de caviste, très jolie. Le vin est d’une belle couleur claire. Le nez est très droit et franc. En bouche le vin est très agréable, doucereux peut-être mais qui est devenu sec. Il est gastronomique et se plait bien avec les amuse-bouche dont le beau tartare à l’anchois discret mais incisif. Une telle vivacité pour un vin de cent ans en petit format est la preuve de la solidité des vins.

Le Tursan blanc années 50 vient de la cave coopérative de Tursan, mais le centre de la capsule comporte la mention ‘Beaune’. Le vin est très sec, trop sec et trop simple. Il peut se boire, mais sans dégager d’émotion. Nous avons suffisamment de vins et nous pouvons nous consacrer aux autres.

Le carpaccio de bar est superbe et les coques sont extrêmement puissantes. On pourrait en mettre un peu moins. Le 1919 convient parfaitement à ce plat. Pour l’ormeau absolument parfait, le bordeaux, Château Le Jura Saint-Emilion 1913, est idéal. Il trouve sur ce plat une belle énergie. La couleur du vin ne porte aucun signe d’âge. Il a tout d’un saint-émilion fait de truffe et de charbon. Il se comporte beaucoup mieux que ce qu’on pouvait attendre de 1913 qui ne fait pas partie des grandes années. Il est velouté et séduisant, confortable et à la longueur infinie.

Le pigeon est délicieux et peut cohabiter avec les deux rouges, le saint-émilion et le Bourgogne Jacques Bouchard & Cie années 40. Le vin a lui aussi une couleur sang de pigeon, sans signe d’âge. Son nez est riche et noble, très complexe. En bouche, il a tout d’un grand cru tant il combine puissance et des complexités rares. La première idée qui me vient spontanément est Echézeaux. Il en a la grandeur. Mais si l’on me disait que c’est un Musigny, je ne contredirais pas. En tout cas, il est de la Côte des Nuits. Il est d’un équilibre rare, d’une grande pureté sans défaut et d’une belle longueur. C’est le prototype des vins réussis des années 40, peut-être 1943 ou 1945 (?).

Il a l’énergie suffisante pour accompagner les trois bœufs goûteux et intenses, tous de belle personnalité, le Wagyu beaucoup plus gras et de belle tenue.

Le prédessert est d’une rare fraîcheur. Il est magnifique. Lorsque j’ai échafaudé le menu avec toute l’équipe, on m’a largement forcé la main pour que je demande la galette des rois pour deux, car c’est le dessert fait par la charmante et talentueuse pâtissière Yuki, au très beau design, qui s’impose. On ne refuse pas. La fève est un éléphant bleu. Elle est comme par hasard arrivée dans ma moitié de galette. Le Graves Supérieures 1919 s’est très bien comporté avec le beau dessert. J’ai refusé de porter la couronne prévue pour les rois. C’est mon côté sans-culotte.

Le classement n’est pas difficile à faire : 1 – Bourgogne Jacques Bouchard années 40, 2 – Graves Supérieures 1919, 3 – Château Le Jura 1913, 4 – Tursan blanc années 50. Les trois premiers se sont comportés remarquablement.

La cuisine du restaurant est parfaite. Je n’ai pas osé prendre les grains de raisins qui accompagnaient le pigeon pour préserver la continuité gustative de la chair exquise avec le vin de 106 ans.

C’est agréable de déjeuner avec un amoureux des vins anciens, car on peut oser choisir des bouteilles à risque et s’apercevoir de la capacité de vins qui ont plus de cent ans de se montrer fringants. Le vin est beaucoup plus solide dans le temps que ce qui se dit depuis des décennies, bien loin de la réalité. Comme nous avons bu trois bouteilles de Philippe pour une de ma part, je lui ai offert le Loupiac 1943 que bien sûr nous boirons ensemble.

Voilà un beau déjeuner.


les vins que j’avais préparés

les galettes des rois de Yuki et celle avec la fève

33ème séance de l’académie des vins anciens mardi, 3 décembre 2019

La 33ème séance de l’académie des vins anciens se tient au restaurant Macéo. J’arrive vers 16 heures au restaurant pour ouvrir les vins. Je serai progressivement rejoint par quelques fidèles qui m’ont aidé pour peut-être un cinquième des vins. Il y a une proportion assez incroyable de vins dont le bouchon se brise en dizaines de morceaux. Est-ce lié à des conditions atmosphériques locales, je ne sais pas mais je suis de plus en plus étonné de voir une convergence dans le comportement des bouchons. Comme toujours les parfums sont variables et ne sont pas forcément liés à la réputation ou à la noblesse des vins. Ainsi un Pommard Epenots 1952 et un vin d’Algérie 1930 me sont apparus comme de petites merveilles olfactives.

Ouvrir les vins donne soif aussi avons-nous ouvert le Champagne Lebrun de Neuville Brut sans année prévu pour l’apéritif sans attendre l’arrivée des convives. Un dosage un peu fort et torréfié empêche de profiter de ce champagne. Nous ouvrons ensuite le Champagne Lebrun de Neuville millésimé 2003 plus accessible mais aussi gêné par son dosage.

Les académiciens arrivent et sont tous à l’heure. Nous sommes 29 et nous allons nous partager une soixantaine de vins, ce qui est au-dessus des normes de l’académie. Nous serons répartis en trois tables et voici le programme de la soirée :

Apéritif : Champagne Lebrun de Neuville Brut sans année, Champagne Lebrun de Neuville 2003, Champagne Delamotte Blanc de Blancs sans année, Champagne Legras & Haas Blanc de Blancs Jéroboam 1992.

Vins du groupe 1 : Champagne Moët & Chandon Brut Impérial 1986, Champagne Cristal Roederer 1959 , Chablis 1er cru Pierre Léger 1921, Kebir-Rosé Frédéric Lung Algérie 1940, Château Soutard 1/2 bt 1976, Château Pontet Canet 1929, Gevrey-Chambertin Lavaux Saint-Jacques A. Seguin & Fils 1976, Pommard Epenots Les Vins fins de Goutagny 1952, Volnay A. Noirot-Carrière 1961, Bonnes-Mares Lionel J. Bruck 1966, La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1965, Barolo Nebbiolo 1900, Domaine de la Trappe Vin rouge d’Algérie (vidange) (don) 1920, Chateau du Vieux Moulin Loupiac 1955, Château Climens 1957, Rhum Naura (années 70).

Vins du groupe 2 : Coteaux Champenois Pol Roger sans année vers 1980, Vouvray sec Domaine Clovis lefèvre 1961, Riesling Sommerberg Grand Cru Domaine Boxler 1986, Riesling Sommerberg Grand Cru Domaine Boxler 1983, Château Soutard 1/2 bt 1976, Château Bel-Air Marquis d’Aligre 1970, Cos d’Estournel 1970, Château Franc Patarabet J.P. Barraud Saint-Emilion 1961 , Château Bouscaut Graves rouge Comte de Rivaud et V. Place 1926, Chambertin Paul Bouchard & Co vers 1925, Chateauneuf du Pape Clos du Grand Père Raoul Ginoux 1962, Champagne Lebrun de Neuville 1/2 sec 1991, Vouvray Moelleux Maurice Audebert 1921, Château d’Yquem 1966, Rhum Naura (années 70).

Vins du groupe 3 : Champagne Heidsieck Monopole Blue Top Brut # 30 ans, Muscadet Sèvres et Maine Château de la Galissonière (des années 1955 ou 59) , Puligny Montrachet Clos de la Pucelle domaine Denoune-Naudin 1961, Gewurztraminer Clos des Capucines Domaine Weinbach Théo Faller 1989, Château Soutard 1/2 bt 1976, Château Palmer 1974, Château Lestage Listrac Médoc 1967, Chateau Lestage Darquier Moulis 1955, Morey (?) Les Sorbets de négoce probable 1959, Châteauneuf-du-Pape M. Chapoutier 1956, Vin d’Algérie F. Lung 1920 (vidange) (don) , Sénéclauze rouge vin d’Algérie 1930, Château Rayne-Vigneau 1947, Muscat du Domaine de la Trappe Algérie années 50 (don), Rhum Naura (années 70).

Nous commençons l’apéritif avec le Champagne Legras & Haas Blanc de Blancs Jéroboam 1992. Il est incroyablement floral, de fleurs blanches, combinant délicatesse, fragilité et énergie, ce qui est paradoxal, avec une longueur extrême. C’est un magnifique champagne tout en grâce subtile.

Le Champagne Delamotte Blanc de Blancs magnum sans année est servi quand nous sommes assis. Comme le précédent il est blanc de blancs. Il a plus de vivacité mais il a moins d’énigme que le 1992 qui est beaucoup plus séducteur. Le Delamotte est un solide champagne mais plus consensuel.

Le menu préparé par le restaurant est : bœuf Angus maturé aux épices, huile de pistaches & pickles d’échalotes / poêlée de champignons à la provençale / joue de bœuf braisée, légumes blanquette / trio de fromages affinés par la maison Bordier / tarte tiède aux pommes, glace caramel.

Il n’y aura pas de construction d’accords mets et vins tant il y a de vins différents, mais la cuisine s’est montrée d’une qualité idéale pour les vins, par la lisibilité évidente des recettes.

Etant dans le groupe 1, voici quelques bribes de ce que j’ai ressenti.

Le Champagne Moët & Chandon Brut Impérial 1986 est très solide et cohérent, mais je ne retrouve pas ce qui fait le charme habituel des « brut Impérial », souvent exceptionnels. Il est bon, sa couleur d’or blond est belle, mais il manque de tempo.

Le Champagne Cristal Roederer 1959 d’un niveau assez bas et d’une couleur assez sombre avait fait peur à l’ami qui l’a apporté. Mais quand on fait abstraction de la couleur sombre et peu engageante, on s’aperçoit que ce champagne a une bulle plus active que celle du 1986 et qu’il offre en milieu de bouche un fruit rouge d’une rare persuasion. Et j’adore ce soldat blessé car il m’émeut.

Le Chablis 1er cru Pierre Léger 1921 étant un de mes apports, qu’on n’attende pas de moi de l’objectivité. En cave, j’avais vu à travers la bouteille poussiéreuse une belle couleur de vin. Dans le verre cette couleur est magnifique de jeunesse et le vin est extrêmement vivant, vif et joyeux. Je l’adore.

Mais le Kebir-Rosé Frédéric Lung Algérie 1940 est lui aussi d’une incroyable séduction. Tous les repères sur les vins rosés tombent car il est dense riche et il a ce soupçon de café qui est la signature des vins algériens. Lequel aimer des deux, je ne sais pas, le Chablis est délicieusement féminin et le Kebir est le mâle dominant. Aimons donc les deux.

J’ai mis à chaque table une demi-bouteille de Château Soutard Saint-Emilion 1976. A l’ouverture, les parfums n’étaient pas éblouissants. Sur table notre Soutard est plutôt sympathique avec une belle mâche, sans que l’on tombe en extase.

Le Château Pontet Canet 1929 avait une capsule neutre qui pourrait donner des doutes, mais le bouchon levait ces doutes sans ambiguïté. Le vin est tout simplement sublime car il a la puissance glorieuse des vins de 1929 qui n’amoindrit pas la subtilité du vin. On a là l’expression la plus aboutie du grand vin de Bordeaux.

Le Gevrey-Chambertin Lavaux Saint-Jacques A. Seguin & Fils 1976 est assez agréable mais je l’ai peu mémorisé, car je n’ai pas pris de notes en cours de repas.

Le Pommard Epenots Les Vins fins de Goutagny 1952 avait un superbe parfum à l’ouverture et montre une grâce extrême. J’aime ces vins qui sont tout en suggestion.

Le Volnay A. Noirot-Carrière 1961 est plus riche que ce que je pouvais m’imaginer. On m’apporte tant de vins des autres tables que je perds assez vite le fil de certains vins.

Le Bonnes-Mares Lionel J. Bruck 1966 est carré et bien construit mais je ne retrouve pas la vibration habituelle des Bonnes-Mares.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1965 est un grand vin, mais l’ami qui l’a apporté fera la même constatation que moi, ce vin fort agréable n’a pas l’émotion habituelle des vins du domaine. Il est cohérent mais sans souffle.

Le Barolo Nebbiolo 1900 provient d’une bouteille qui est très ancienne et se situerait plutôt vers les années 1850, et l’étiquette d’écolier où le nom est marqué est aussi d’un usage de la moitié du 19ème siècle plutôt que de 1900. Le nez est pur, mais on ne peut pas le situer. La couleur du vin est d’un rose pâle ce qui est inattendu, et en bouche ce vin fort me fait plus penser à un blanc qu’à un rouge. Il est indéfinissable mais il a beaucoup d’intérêt car c’est une énigme. On a le même dépaysement qu’avec le Kebir-Rosé 1940.

Le Domaine de la Trappe Vin rouge d’Algérie 1920 avait un niveau extrêmement bas qui laissait prévoir une mort assumée, mais en fait ce vin qui m’a été offert par un amateur généreux non présent se montre beaucoup plus sociable, avec la solidité des bons vins algériens.

Le Château du Vieux Moulin Loupiac 1955 a une belle couleur dorée et il est d’une richesse rare. Il pourrait jouer dans la cour des grands tant il a d’énergie.

Le Château Climens 1957 est évidemment d’une plus belle lignée, mais comme ce Climens joue un peu en sourdine, le Loupiac est plus souriant. On reconnaît la subtilité du Haut-Barsac, même si elle ne s’exprime pas totalement.

Un académicien est distillateur de quetsches et a apporté deux petites fioles à goûter entre nous alors que j’avais prévu un rhum. Qu’à cela ne tienne, j’ai essayé cet alcool fort et ce qui m’a frappé, c’est qu’on ne sent pas du tout la force alcoolique tant cette eau de vie a de fraîcheur.

Le Rhum Naura (années 70) a accompagné des chocolats apportés par des amis.

Au-delà de mon programme, celui du groupe 1, on m’a apporté généreusement des verres des vins des autres tables.

Le Château Bouscaut Graves rouge Comte de Rivaud et V. Place 1926 est une splendeur d’accomplissement.

Le Chambertin Philippe Bouchard & Co vers 1925 est d’une jeunesse extrême et d’un rare équilibre.

Le Château d’Yquem 1966 est glorieux, archétype de l’Yquem accompli, dont l’apporteur savait que je l’adore.

Le Château Palmer 1974 est une belle surprise pour un vin de cette année.

Le Châteauneuf-du-Pape M. Chapoutier 1956 est d’un équilibre insolent.

Le Sénéclauze rouge vin d’Algérie 1930 pourrait être un vainqueur de la soirée tant son parfum est marqué par le sel, comme sa bouche.

Le Château Rayne-Vigneau 1947 est riche et éblouissant.

Le Muscat du Domaine de la Trappe Algérie années 50 est un palais des mille et une nuits, d’un charme sans équivalent.

La variété des vins est extrême. Chaque table a eu un programme très riche. Ce qui compte le plus c’est l’atmosphère de cette académie marquée par la générosité et par l’envie de tous d’explorer le monde fascinant des vins anciens. Ce fut sans nul doute l’une des plus belles séances de l’académie des vins anciens.