Déjeuner au restaurant Le Duc jeudi, 24 mai 2018

Un ami m’invite au restaurant Le Duc. Ce restaurant qui fut de longue date le prince des poissons avec celui de Jacques Le Divellec est en dehors de mes circuits habituels aussi n’y suis-je pas venu depuis plus de vingt ans. La décoration qui n’a pas changé d’un poil est celle d’un repaire d’habitués comme ceux d’une bibliothèque, la Mazarine par exemple, qui veulent que rien ne bouge. Des gens célèbres y ont leur place attitrée comme jadis à l’hôtel Lutétia.

L’une des deux femmes qui accompagnent mon ami est déjà là alors que je suis en avance. Elle taquine des bigorneaux timides qui se cachent et s’extirpent difficilement. Je la suis dans cet exercice et les bigorneaux juste tièdes sont bigrement bons. L’allitération était facile. Je l’ai faite.

C’est mon ami qui prend tout en charge, le menu comme le début des vins. Nous avons d’abord d’énormes huîtres plates de Belon magnifiquement iodées et goûteuses. Nous buvons un Muscadet Sèvre et Maine sur lie Louis Métaireau Cuvée « One » 2016. Ce vin franc et direct est une mine d’iode. Il est frais, sans chichi et s’adapte parfaitement aux lourdes huîtres.

Pour le tartare de daurade, je participe au choix d’un Chablis Grand Cru Moutonne Albert Bichot 2015 qui nous offre un joli fruit et une belle présence. Il arrive froid et il faut le réchauffer entre ses mains. L’ami qui est un habitué demande des croutons aillés qui sont gourmands et ne prennent pas le dessus sur le carpaccio. Les chipirons rôtis qui suivent se marient idéalement au vin bien large en bouche.

Pour les filets de bar à la sauce légèrement citronnée j’ai suggéré un Château Carbonnieux rouge 2012 extrêmement velouté tout en ayant une structure tannique marquée et le vin accompagne bien le poisson si l’on n’insiste pas sur la sauce mais plutôt sur le riz noir.

Je prends un dessert au chocolat pour soutenir le bordeaux rouge tandis que mes convives sont au baba au rhum ce qui n’exclut pas qu’ils reviennent au bordeaux.

La qualité de la cuisine est certaine, la carte des vins est un peu chiche et la décoration est particulièrement conservatrice. Ce fut un agréable repas, riche aussi des discussions et des échanges.

Avis sur les primeurs bordelaises mercredi, 23 mai 2018

J’ai été interviewé par Gabrielle Vizzavona sur les primeurs bordelaises.

C’est sur « Le Figaro.fr Vin ».

http://avis-vin.lefigaro.fr/primeurs/o136102-primeurs-2017-lavis-du-collectionneur

Je me bats pour que l’on boive les vins à maturité aussi, comme aujourd’hui acheter un bordeaux de 40 ans ne coûte pas plus cher que d’acheter le même bordeaux en primeur, j’ai tendance à ne pas trop pratiquer ce type d’achat.

Gabrielle a retranscrit mon point de vue avec beaucoup de délicatesse.

Nouveau livre sur le vin et tout ce qui l’entoure mardi, 22 mai 2018

Il m’arrive de temps en temps de signaler la sortie d’un livre.

Il s’agit d’un livre encyclopédique qui traite des cépages.

Voici le message que j’ai reçu :

Le Dictionnaire des cépages de Pierre Galet vient d’être réédité et est disponible sur notre site :

https://libre-solidaire.fr/epages/e02491b5-ce3a-4c00-b187-dc9ff39194fc.sf/fr_FR/?ObjectPath=/Shops/e02491b5-ce3a-4c00-b187-dc9ff39194fc/Products/39 .

La première édition de cet ouvrage fondamental a été épuisée en six mois.

 

Voici un bref descriptif :

« Le Dictionnaire encyclopédique des cépages et de leurs synonymes est un ouvrage fondamental et exhaustif. Une première édition parue en 2000 est épuisée et introuvable depuis de nombreuses années. Réactualisé et augmenté, il comporte des mises à jour tant sur les statistiques que sur les dernières techniques de la science de l’ampélographie. Avec plus de 1 200 pages et 3 000 photos, il permet une identification immédiate des cépages sur le terrain en donnant toutes les clés pour les reconnaître. Il indique les synonymes et reprend les noms régionaux. Il précise leur répartition géographique et propose une identification très claire. Ce sont près de 10 000 cépages de l’ensemble du monde qui sont répertoriés et analysés : un travail unique et monumental. »

 

A avoir absolument dans sa bibliothèque.

30th session of the Academy for Ancient Wines at the Macéo restaurant samedi, 19 mai 2018

The 30th session of the Academy for Ancient Wines is held as usual at the Macéo restaurant. We are 41 members divided into four tables and the wines, officially announced for 63 will be in fact around 70 because of last minute generosity. Needless to say, we will not miss anything to drink.

I arrive before 4 pm at the restaurant with Béatrice who will help me throughout the evening. I am going to open the bottles and gradually I am joined by four friends who come to both help me but also support the morale of the opener (and theirs) with some wines not in the program. Thus, the first-comer opens a magnum of Krug Grande Cuvée with a cream label which indicates that it is over thirty years old. He brought this magnum low but we know that it does not hinder its quality, which is the case. If we start drinking at 4 pm, how will we be at the end of the evening? The Krug is so good, with a patina of old champagne particularly greedy! During this time I open the wines, helped by my friends that I help as soon as appears a situation that seems inextricable. A friend opens for the openers a Burgundy Aligote 1957 excellent freshness and energy, which we find so good that we will add it to the program of group 1 to which we are three out of four attached. Another contribution is a Sparkling Seyssel of Ain, nice sparkling very pleasant because unpretentious. But we work anyway! It so happens that I had distributed to the enrolled at the academy the list of vintages that would be present at the 30th session. The oldest is 1929 and one of the friends present who brought one of the two 1929s had asked me in the form of challenge: will you bring older? As if to titillate me a little more, he brought for the opening session a bottle without a label, without a capsule, with a cap that goes beyond and which is tied with a very fine string that would never have been suitable for a champagne . Through the glass we see a dark beige liquid cloudy. The friend does not know what it is and thinks of a wine of the beginning of the 20th century, without being able to guess its color. I open the bottle, I feel and I cry, « but it’s a cider. » The fragrance is unequivocal. We drink this Cider around 1910 which has a well controlled acidity, a nice taste of crushed apple and drinks well. What a nice surprise ! My friend challenges me with a wine older than 1929. He did not know that I had brought for the openers the secret weapon, which I decided to serve only when all the other wines were open: the rest of the bottle of Malaga 1872 opened two days ago. We are very concentrated and respectful because this rich wine is of a divine essence. Coffee, spices, tobacco, chocolate, are exhibited with infinite length.

At the opening, many wines have shown the same behavior of the cork: when we decapsule, the cork drops into the neck and back up above him, in the vacuum created, a little wine. As in other opening sessions, we can think that weather conditions have an influence on the behavior of the corks. Twice, something that almost never happens, Beatrice had to pour the wine out of two bottles whose cork fell into the wine, risking polluting it.

Overall, opened wines show very few faults, with just one burgundy and one Algerian wine appearing corked.

The contributions are very much in line with the philosophy of the academy and I was able to congratulate the members on the quality of the contributions. It is not the same for logistics contributing to the establishment of the event, the number of incidents of all kinds multiplying to infinity. So I announced that the rules will harden for the next session.

The champagnes of the aperitif are all from my cellar and I wanted to play on diversity: Champagne Collery Herbillon brut – Champagne Hediard Brut Rosé – Champagne David-Barnier – Champagne Laurent-Perrier Extra Brut – Champagne François Giraud Brut – Champagne Mailly -Champagne Cuvée Des Echansons 100% Grand Cru – Champagne Grande Cascade Rosé – Champagne Pierre Gerbais brut. All these non-vintage champagnes of various qualities were appreciated by the participants. One of the members added two magnums of Champagne Legras and Haas, of a beautiful vivacity and a perfume of a crazy youth. I liked the Hediard rosé, made by P. & C. Heidsieck, sharper than the Colley Herbillon but a winemaker present told me he preferred the Colley Herbillon, deeper. Some friends were able to taste the centennial cider.

We sit down to the table and here are the wines assigned to each group.

Table 1 : Champagne Dom Pérignon P2 2000 – Bourgogne Aligoté 1957 – Clairette Les Coteaux du Languedoc sec Emile Rouaud 1929 – Château Roumieu Bordeaux Supérieur blanc sec 1957 – Château La Cabanne Pomerol 1961 – Château Mouton-Rothschild 1952 – Château Reignac 1949 – Château Cheval Blanc magnum 1955 – Fleurie Girodit-Henry 1943 – Vosne-Romanée Bouchard Père & Fils 1971 – Vosne Romanée Colomb-Maréchal 1929 – Vin d’Algérie rouge d’Oran domaine Sénéclauze 1955 – Domaine de Castel-Fos Bordeaux Supérieur liquoreux #1960 – Tokaji Eszencia Aszu 1988.

Table 2 – Champagne Veuve Clicquot Ponsardin 1989 – Chablis 1er Cru Côte de la Fourchaume Domaine Philippon 1969 – Meursault Caves Nicolas 1961 – Château Terrey Gros Cailloux Saint-Julien 1969 – Château Fourcas Dupré Listrac Magnum 1970 (2 tables) – Château Lynch Bages 1975 – Château Jura-Plaisance Montagne Saint-Emilion 1952 – Château Nénin 1949 – Chambolle Musigny Piat & Cie années 60 – Vin d’Algérie rouge d’Oran domaine Sénéclauze 1959 – Monbazillac Louis Monbouché 1933 – Château d’Yquem 1996 – Tokaji Eszencia Aszu 1988.

Table 3 : Champagne Veuve Clicquot Ponsardin 1989 – Meursault Genevrières Louis Latour 1969 – Vin de l’Etoile Réserve du Prince Maurice Bouvret 1953 – Château Bouscaut Graves rouge 1981 – Château Bouscaut Graves rouge 1964 – Château Pavie Valette 1976 – Château Talbot 1966 – Château Latour 1950 – Châteauneuf-du-Pape Lagoste & Cie 1967 – Bertani Amarone della Valpolicella DOC Reccioto Secco 1959 – Barolo Alfredo Prunitto Alba 1967 – Château Clos Haut Peyraguey 1er Grand Cru Classé 1959 – Vénérable Pedro Ximenez Pedro Domecq Jerez 1959 – Tokaji Eszencia Aszu 1988.

Table 4 : Champagne Pierre Gerbais brut – Champagne Jean de Reyt à Chaigny les Roses 1979 – Pinot Gris J. Salzmann Tokay d’Alsace 1959 – Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1986 – Château Fourcas Dupré Listrac Magnum 1970 (2 tables, 2 et 4) – Château les Ormes de Pez 1961 – Château Lynch Bages 1958 – Aloxe-Corton Louis Latour 1955 – Nuits Saint Georges les Boudots Lionel J. Bruck 1969 – Vosne-Romanée Léon Grivelet-Cusset 1955 – Vosne-Romanée Jessiaume Père & Fils 1959 – Cornas Auguste Clape 1982 – Château Rayne Vigneau 1989 – Tokaji Eszencia Aszu 1988.

Being in group 1 I drank the wines of this group, but generous academicians also made me taste wines from their table. The menu provided by the restaurant is: grilled mackerel, scallions and shallots confit with olive oil / minestrone of black eyed peas and spring vegetables / rack of Auvergne lamb with spices, strong juice and vegetable tart / cheese some offered by academicians / roasted fresh mango, lime meringue and candied rhubarb.

The Champagne Dom Pérignon P2 2000 is of a rare power. He is wildly young and conquering. He will have to quiet down to enjoy his class. He blossomed while warming himself.

The Bourgogne Aligoté 1957, which had been opened for openers, is frank and very friendly. This Monthélie wine is very pleasant, unpretentious.

The Clairette Les Coteaux du Languedoc dry Emile Rouaud 1929 had troubled me at the opening because his nose was that of a sweet wine very caramelized. In fact in the mouth it is dry as indicated by the label. It is more a wine of curiosity than of structure but which does not lack charm.

Château Roumieu Bordeaux Supérieur dry white 1957 has a glorious fragrance and impressive presence on the palate. It is the white Bordeaux in all its nobility with in addition to sugary suggestions as it often happens for the dry wines of the Sauternes houses.

The winemaker who brought the Château La Cabanne Pomerol 1961 which is not his domain is criticizing it while at our table we like his delicate velvet. I kindly point out that it is because it is his contribution that he criticizes it. Because wine without being transcendent is frankly good.

The Château Mouton-Rothschild 1952 is a real big Mouton. Its grain, its mache, are of a nobility of very great wine. It has no defect, it is noble and perfect and would compare readily to the great vintages of Mouton as 1955 or 1959.

The Chateau Reignac 1949 is a beautiful curiosity but I cannot let myself be seduced. It is a beautiful year and a beautiful construction, but it lacks the emotion. It was one of the two wines slightly corked for our group.

I added this morning Château Cheval Blanc magnum 1955 so that one of the wines of our group can be assigned to the group of the one who brought it. I took this low level magnum and I must say it is a marvel. It has the power and the grain of a very noble wine but it adds a charm superior to that offered by the Mouton. And its length is extreme. I naturally tend to like the wines that I bring, but here I am happy with the delivery of this great wine.

The Fleurie Girodit-Henry 1943 has everything for him. He could return the favor to many great Burgundy and it is a rare readability that adds to his pleasure. It is a wine of pleasure.

The 1971 Vosne-Romanée Bouchard Père & Fils, which I also added at the last moment, also has a low level, but we do not feel any defect. It is the beautiful fresh burgundy in full possession of its seductive assets. I love this Burgundy of suggestion.

The Vosne Romanée Colomb-Maréchal 1929 is an exceptional year. It is felt in the width of the structure of this wine. But I preferred the message of 1971 and several other Vosne-Romanée other tables, because we had a nice provision of this appellation. Vosne-Romanée Léon Grivelet-Cusset 1955 and Vosne-Romanée Jessiaume Father & Son 1959 are more romantic than the 1929.

I have the eyes of Chimène for the wines of Algeria and therefore in principle for the Algerian red wine of Oran Sénéclauze domain 1955. Objectively it is simpler than the wines of Frédéric Lung, but it has a natural charm with coffee suggestions that I love.

The Domaine de Castel-Fos Bordeaux Sweet Superior # 1960 is nicely sweet but simple. I like these infantrymen. Of course, next to great sweet wines, he cannot support the comparison. But it’s nice to drink.

I added to each of the four tables a Tokaji Eszencia Aszu Disnoko 1988. This sweet wine is a fragrance. He is rich and so captivating in his performance of seduction and with his taste of dried grapes that we would drink until the end of the night. I preferred it to the Venerable Pedro Ximenez Pedro Domecq Jerez 1959 who is much stronger and leaden, almost stunning with its caramelized and roasted strength.

Along the way I was brought wines from other tables. The Château Fourcas Dupré Listrac Magnum 1970 assigned to tables 2 and 4 is produced by the winemaker of our table. Alas the bottle has a little taste of cork. It happens.

The very nicely structured Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1986 impressed me less than other guests. I have the palate more sensitive to older wines.

The Château Bouscaut Graves red 1964 is quite nice but I did not pay him the necessary attention.

The friend who brought Château Talbot 1966 is proud and he is right because it is a solid Talbot of a beautiful year.

The Château Latour 1950 is a big Latour but maybe not the biggest of the huge burgundy 1950s that I bus as Haut-Brion is mostly Pétrus.

The Chambolle Musigny Piat & Cie 60s that we could not expect much is a very nice and pretty burgundy.

The Monbazillac Louis Monbouché 1933 is indeed shading the Domaine de Castel-Fos Bordeaux Liquoreux Superior # 1960 from our table. It is a little roasted.

The Aloxe-Corton Louis Latour 1955 with a beautiful level that I added this morning is part of the authentic Burgundy I love. It must be said that 1955 is a blessed year in Burgundy.

Overall, the quality of the contributions of this edition of the academy is very beautiful. If I had to classify the wines that moved me the most: 1 – Château Cheval Blanc magnum 1955, 2 – Château Mouton-Rothschild 1952, 3 – Magnum Krug Grande Cuvée cream label, 4 – Château Roumieu Bordeaux Superior dry white 1957 , 5 – Fleurie Girodit-Henry 1943, 6 – Tokaji Eszencia Aszu Disnoko 1988.

I have kept in this ranking only wines from my table, because for others, even big, the fact that I get a drink quickly then another does not allow me to make a real judgment. There are other wines in the other tables like the Latour 1950 or the Vosne-Romanée wines that deserve a classification, but let us stay within the scope of my table for a ranking.

The menu was very good. Only the minestrone is not the friend of the wines. The service was excellent and Gwen did a service of the wines of very high level. There were some 50% regulars and 50% new ones among tonight’s members. We had three English speakers from three different backgrounds, one Chinese, one German, two Belgian and one American. Beautiful cosmopolitanism. The male population was largely in the majority. It must quickly correct that. To make me forgive this injustice I offered the only woman at my table, on the sly, the last glass of Malaga 1872. It will not be enough to make me pardon this sprain to parity.

All turn signals of this thirtieth session are green. It was a very nice session of the Academy of ancient wines, with beautiful wines, drunk in one of the most pleasant atmosphere we have known.

(all the pictures are on the articles below : 6 articles)

30ème séance de l’académie des vins anciens au restaurant Macéo vendredi, 18 mai 2018

La 30ème séance de l’académie des vins anciens se tient comme à l’accoutumée au restaurant Macéo. Nous sommes 41 présents répartis en quatre tables et les vins, annoncés officiellement pour 63 seront en fait autour de 70 du fait de générosités de dernière minute. Il est inutile de dire que nous ne manquerons pas de quoi boire.

J’arrive avant 16 heures au restaurant avec Béatrice qui va m’aider tout au long de la soirée. Je vais ouvrir les bouteilles et progressivement je suis rejoint par quatre amis qui viennent à la fois m’aider mais aussi soutenir le moral de l’ouvreur (et le leur) avec quelques flacons non au programme. Ainsi le premier arrivé ouvre un magnum de Krug Grande Cuvée à étiquette crème ce qui indique qu’il a plus de trente ans. Il a apporté ce magnum au niveau bas mais nous savons que cela ne gêne pas sa qualité, ce qui est le cas. Si nous commençons à boire dès 16 heures, comment serons-nous en fin de soirée ? Le Krug est tellement bon, avec une patine de vieux champagne particulièrement gourmande ! Pendant ce temps j’ouvre les vins, aidé de mes amis que j’aide dès qu’apparaît une situation qui semble inextricable. Un ami ouvre un Bourgogne Aligoté 1957 excellent de fraîcheur et d’énergie, que nous trouvons tellement bon que nous l’ajouterons au programme du groupe 1 auquel nous sommes trois sur quatre rattachés. Un autre apport est un Seyssel mousseux de l’Ain, gentil pétillant fort agréable car sans prétention. Mais nous travaillons quand même ! Il se trouve que j’avais diffusé aux inscrits à l’académie la liste des millésimes qui seraient présents à la 30ème séance. Le plus vieux est 1929 et un des amis présents qui a apporté l’un des deux 1929 m’avait demandé en forme de challenge : vas-tu apporter plus vieux ? Comme pour me titiller un peu plus, il a apporté pour la séance d’ouverture une bouteille sans étiquette, sans capsule, avec un bouchon qui dépasse et qui est ficelé d’une ficelle très fine qui n’aurait jamais pu convenir à un champagne. A travers le verre on voit un liquide beige foncé trouble. L’ami ne sait pas de quoi il s’agit et pense à un vin du début du 20ème siècle, sans pouvoir deviner sa couleur. J’ouvre la bouteille, je sens et je m’écrie : « mais c’est un cidre ». Le parfum est sans équivoque. Nous buvons ce Cidre vers 1910 qui a une acidité bien contrôlée, un joli goût de pomme écrasée et se boit bien. Quelle belle surprise ! Mon ami me challenge avec un vin plus vieux que 1929. Il ne savait pas que j’avais apporté pour les ouvreurs l’arme secrète, que j’ai décidé de ne servir que lorsque tous les autres vins seraient ouverts : le reste de la bouteille de Malaga 1872 ouverte il y a deux jours. Nous nous recueillons car ce vin riche est d’une essence divine. Café, épices, tabac, chocolat, sont exposés avec une longueur infinie.

Lors de l’ouverture, de nombreux vins ont montré le même comportement du bouchon : lorsque l’on décapsule, le bouchon descend dans le goulot et fait remonter au-dessus de lui, dans le vide créé, un peu de vin. Comme lors d’autres séances d’ouverture, on peut penser que les conditions météorologiques ont une influence sur le comportement des bouchons. Deux fois, ce qui n’arrive quasiment jamais, Béatrice a dû transvaser le vin de deux bouteilles dont le bouchon est tombé dans le vin, risquant de le polluer.

Globalement les vins ouverts montrent très peu de défauts, un bordeaux et un vin d’Algérie semblant bouchonnés.

Les apports sont très conformes à la philosophie de l’académie et j’ai pu féliciter les membres de la qualité des apports. Il n’en est pas de même de la logistique concourant à la mise en place de l’événement, le nombre d’incidents de toutes sortes se multipliant à l’infini. J’ai donc annoncé que les règles se durciront pour la prochaine séance.

Les champagnes de l’apéritif viennent tous de ma cave et j’ai voulu jouer sur la diversité : Champagne Collery Herbillon brut Champagne Hédiard Brut Rosé Champagne David-Barnier Champagne Laurent-Perrier Extra Brut Champagne François Giraud Brut Champagne Mailly-Champagne Cuvée Des Echansons 100% Grand Cru Champagne Grande Cascade Rosé Champagne Pierre Gerbais brut. Tous ces champagnes non millésimés de qualités diverses ont été appréciés par les participants. L’un des membres a ajouté deux magnums de Champagne Legras et Haas Collection Privée 1996, d’une belle vivacité et d’un parfum d’une folle jeunesse. J’ai bien aimé le Hédiard rosé, élaboré par P. & C. Heidsieck, plus vif que le Colley Herbillon mais un vigneron présent m’a dit qu’il préférait le Colley Herbillon, plus profond. Quelques amis ont pu goûter le cidre centenaire.

Nous passons à table et voici les vins affectés à chaque groupe.

Groupe 1 : Champagne Dom Pérignon P2 2000 – Bourgogne Aligoté 1957 – Clairette Les Coteaux du Languedoc sec Emile Rouaud 1929 – Château Roumieu Bordeaux Supérieur blanc sec 1957 – Château La Cabanne Pomerol 1961 – Château Mouton-Rothschild 1952 – Château Reignac 1949 – Château Cheval Blanc magnum 1955 – Fleurie Girodit-Henry 1943 – Vosne-Romanée Bouchard Père & Fils 1971 – Vosne Romanée Colomb-Maréchal 1929 – Vin d’Algérie rouge d’Oran domaine Sénéclauze 1955 – Domaine de Castel-Fos Bordeaux Supérieur liquoreux #1960 – Tokaji Eszencia Aszu 1988.

Groupe 2 – Champagne Veuve Clicquot Ponsardin 1989 – Chablis 1er Cru Côte de la Fourchaume Domaine Philippon 1969 – Meursault Caves Nicolas 1961 – Château Terrey Gros Cailloux Saint-Julien 1969 – Château Fourcas Dupré Listrac Magnum 1970 (2 tables) – Château Lynch Bages 1975 – Château Jura-Plaisance Montagne Saint-Emilion 1952 – Château Nénin 1949 – Chambolle Musigny Piat & Cie années 60 – Vin d’Algérie rouge d’Oran domaine Sénéclauze 1959 – Monbazillac Louis Monbouché 1933 – Château d’Yquem 1996 – Tokaji Eszencia Aszu 1988.

Groupe 3 : Champagne Veuve Clicquot Ponsardin 1989 – Meursault Genevrières Louis Latour 1969 – Vin de l’Etoile Réserve du Prince Maurice Bouvret 1953 – Château Bouscaut Graves rouge 1981 – Château Bouscaut Graves rouge 1964 – Château Pavie Valette 1976 – Château Talbot 1966 – Château Latour 1950 – Châteauneuf-du-Pape Lagoste & Cie 1967 – Bertani Amarone della Valpolicella DOC Reccioto Secco 1959 – Barolo Alfredo Prunitto Alba 1967 – Château Clos Haut Peyraguey 1er Grand Cru Classé 1959 – Vénérable Pedro Ximenez Pedro Domecq Jerez 1959 – Tokaji Eszencia Aszu 1988.

Groupe 4 : Champagne Pierre Gerbais brut – Champagne Jean de Reyt à Chaigny les Roses 1979 – Pinot Gris J. Salzmann Tokay d’Alsace 1959 – Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1986 – Château Fourcas Dupré Listrac Magnum 1970 (2 tables, 2 et 4) – Château les Ormes de Pez 1961 – Château Lynch Bages 1958 – Aloxe-Corton Louis Latour 1955 – Nuits Saint Georges les Boudots Lionel J. Bruck 1969 – Vosne-Romanée Léon Grivelet-Cusset 1955  – Vosne-Romanée Jessiaume Père & Fils 1959 – Cornas Auguste Clape 1982 – Château Rayne Vigneau 1989 – Tokaji Eszencia Aszu 1988.

Etant au groupe 1 j’ai bu les vins de ce groupe, mais des académiciens généreux m’ont aussi fait goûter des vins de leur table. Le menu prévu par le restaurant est : maquereaux grillés, cébettes et échalotes confites à l’huile d’olive / minestrone de black eyed peas et légumes printaniers / carré d’agneau d’Auvergne aux épices, jus corsé et tarte aux légumes / Fromages dont certains offerts par des académiciens / mangue fraîche rôtie, meringue au citron vert et rhubarbe confite.

Le Champagne Dom Pérignon P2 2000 est d’une rare puissance. Il est follement jeune et conquérant. Il faudra qu’il s’assagisse pour qu’on profite de sa classe. Il s’est épanoui en se réchauffant.

Le Bourgogne Aligoté 1957 qui avait été ouvert pour les ouvreurs est d’une fraîcheur franche très aimable. Ce vin de Monthélie est bien agréable, sans prétention.

La Clairette Les Coteaux du Languedoc sec Emile Rouaud 1929 m’avait troublé à l’ouverture car son nez était celui d’un vin doux très caramélisé. Or en fait en bouche il est bien sec comme l’indique l’étiquette. C’est plus un vin de curiosité que de structure mais qui ne manque pas de charme.

Le Château Roumieu Bordeaux Supérieur blanc sec 1957 a un parfum glorieux et une présence en bouche impressionnante. C’est le bordeaux blanc dans toute sa noblesse avec en plus des suggestions de liquoreux comme cela arrive souvent pour les vins secs des maisons de Sauternes.

Le vigneron qui a apporté le Château La Cabanne Pomerol 1961 qui n’est pas de son domaine se prend à le critiquer alors qu’à notre table nous aimons son velours délicat. Je lui fais remarquer aimablement que c’est parce que c’est son apport qu’il le critique. Car le vin sans être transcendant est franchement bon.

Le Château Mouton-Rothschild 1952 est un vrai grand Mouton. Son grain, sa mâche, sont d’une noblesse de très grand vin. Il n’a pas de défaut, il est noble et parfait et se comparerait volontiers aux très grands millésimes de Mouton comme 1955 ou 1959.

Le Château Reignac 1949 est une belle curiosité mais je n’arrive pas à me laisser séduire. Il est d’une belle année et d’une belle construction, mais il lui manque l’émotion. Était-ce lui le deuxième vin légèrement bouchonné de notre groupe, je ne m’en souviens plus.

J’ai rajouté ce matin le Château Cheval Blanc magnum 1955 pour qu’un des vins de notre groupe puisse être affecté au groupe de celui qui l’a apporté. J’ai pris ce magnum de niveau bas et je dois dire que c’est une merveille. Il a la puissance et le grain d’un très noble vin mais il y ajoute un charme supérieur à celui offert par le Mouton. Et sa longueur est extrême. J’ai naturellement tendance à aimer les vins que j’apporte mais là, je suis heureux de la prestation de ce grand vin.

Le Fleurie Girodit-Henry 1943 a tout pour lui. Il pourrait rendre la pareille à beaucoup de grands bourgognes et il est d’une lisibilité rare qui ajoute à son plaisir. C’est un vin de plaisir.

Le Vosne-Romanée Bouchard Père & Fils 1971 que j’ai aussi ajouté au dernier moment a lui aussi un niveau bas, mais on ne sent aucun défaut. C’est le beau bourgogne frais en pleine possession de ses atouts de séduction. J’adore cette Bourgogne de suggestion.

Le Vosne Romanée Colomb-Maréchal 1929 est d’une année exceptionnelle. On le ressent dans la largeur de la structure de ce vin. Mais j’ai préféré le message du 1971 et de plusieurs autres Vosne-Romanée des autres tables, car nous avions une belle brochette de cette appellation. Les Vosne-Romanée Léon Grivelet-Cusset 1955  et Vosne-Romanée Jessiaume Père & Fils 1959 sont plus romantiques que le 1929.

J’ai les yeux de Chimène pour les vins d’Algérie et donc par principe pour le Vin d’Algérie rouge d’Oran domaine Sénéclauze 1955. Objectivement il est plus simple que les vins de Frédéric Lung, mais il a un charme naturel avec des suggestions de café que j’adore.

Le Domaine de Castel-Fos Bordeaux Supérieur liquoreux #1960 est joliment moelleux mais simple. J’aime ces fantassins. Bien sûr à côté de grands liquoreux, il ne peut soutenir la comparaison. Mais il est agréable à boire.

J’ai ajouté à chacune des quatre tables un Tokaji Eszencia Aszu Disnoko 1988. Ce vin doucereux est un parfum. Il est riche et tellement envoûtant dans son numéro de séduction et avec son goût de raisin sec pressés qu’on en boirait jusqu’à la fin de la nuit. Je l’ai préféré au Vénérable Pedro Ximenez Pedro Domecq Jerez 1959 qui est beaucoup plus fort et plombé, presque assommant de sa force caramélisée et torréfiée.

En cours de route on m’a apporté des vins des autres tables. Le Château Fourcas Dupré Listrac Magnum 1970 affecté aux tables 2 et 4 est produit par le vigneron de notre table. Hélas la bouteille a un léger bouchon. Cela arrive.

Le Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1986 très joliment structuré m’a moins impressionné que d’autres convives. J’ai le palais plus sensible aux vins plus anciens.

Le Château Bouscaut Graves rouge 1964 est assez aimable mais je ne lui ai pas porté l’attention nécessaire. L’ami qui a apporté le Château Talbot 1966 en est fier et il a raison car c’est un Talbot solide d’une belle année. Le Château Latour 1950 est un grand Latour mais peut-être pas le plus grand des immenses bordeaux 1950 que j’ai bus comme Haut-Brion est surtout Pétrus.

Le Chambolle Musigny Piat & Cie années 60 dont on pourrait ne pas attendre grand-chose se montre un très aimable et joli bourgogne.

Le Monbazillac Louis Monbouché 1933 fait effectivement de l’ombre au Domaine de Castel-Fos Bordeaux Supérieur liquoreux #1960 de notre table. Il est un peu torréfié. L’Aloxe-Corton Louis Latour 1955 au très beau niveau que j’ai ajouté ce matin fait partie des bourgognes authentiques que j’adore. Il faut dire que 1955 est une année bénie en Bourgogne.

Globalement, la qualité des apports de cette édition de l’académie est très belle. Si je devais classer les vins qui m’ont le plus ému : 1 – Château Cheval Blanc magnum 1955, 2 – Château Mouton-Rothschild 1952, 3 – magnum de Krug Grande Cuvée à étiquette crème, 4 – Château Roumieu Bordeaux Supérieur blanc sec 1957, 5 – Fleurie Girodit-Henry 1943, 6 – Tokaji Eszencia Aszu Disnoko 1988.

Je n’ai conservé dans ce classement que des vins de ma table, car pour les autres, même grands, le fait qu’on me passe un verre rapidement puis un autre ne me permet pas de faire un vrai jugement. Il y a dans les autres tables des vins comme le Latour 1950 ou comme les Vosne-Romanée des vins qui mériteraient un classement, mais restons dans le cadre de ma table.

Le menu a été de très bonne qualité. Seul le minestrone n’est pas l’ami des vins. Le service a été excellent et Gwen a fait un service des vins de très haut niveau. Il y avait parmi les membres de ce soir environ 50% d’habitués et 50% de nouveaux. Nous avons eu notamment trois anglais de trois origines distinctes, une chinoise, un allemand, deux belges et un américain. Beau cosmopolitisme. La gent masculine était largement majoritaire. Il faut vite corriger ça. Pour me faire pardonner de cette injustice j’ai offert à la seule femme de ma table, en catimini, le dernier verre du Malaga 1872. Ce ne sera pas suffisant pour me faire pardonner cette entorse à la parité.

Tous les clignotants de cette trentième séance sont au vert. Ce fut une très belle séance de l’académie des vins anciens, avec de beaux vins, bus dans une des plus agréables ambiances que nous ayons connues.

la préparation des groupes en cave :

les champagnes, puis les vins des groupes 1, 2, 3 et 4

deux bouteilles manquaient pour le groupe 4 lors des photos en cave

voici les vins apportés pour les « ouvreurs » de bouteilles

le cidre de plus d’un siècle

le reste du Malaga 1872

les bouchons

je n’ai pas pris toutes les photos des plats

les photos de toutes les bouteilles, groupe par groupe et une par une, sont sur les articles suivants.

30ème séance de l’académie des vins anciens – champagnes d’apéritif pour tous jeudi, 17 mai 2018

Champagne Laurent-Perrier Extra Brut

Champagne Pierre Gerbais brut

Champagne Pierre Gerbais brut

Champagne François Giraux Brut

Champagne David-Barnier

Champagne Mailly-Champagne Cuvée Des Echansons 100% Grand Cru

Champagne Collery Herbillon brut

Champagne Grande Cascade Rosé

Champagne Hediard Brut Rosé

il manque les photos des Champagnes Legras & Haas

Champagne Legras & Haas Collection Privée 1996 en magnum

30ème séance de l’académie des vins anciens – vins du groupe 1 jeudi, 17 mai 2018

Champagne Dom Pérignon P2 2000

Clairette Les Coteaux du Languedoc sec Emile Rouaud 1929

Château Roumieu Bordeaux Supérieur blanc sec 1957 (sans étiquette)

Château Pavie Valette 1976

Château Mouton-Rothschild 1952

Château Reignac 1949

Château Latour 1950

Fleurie Girodit-Henry 1943

Vosne Romanée Colomb-Maréchal 1929

Vin d’Algérie rouge d’Oran domaine Sénéclauze 1955

Domaine de Castel-Fos Bordeaux Supérieur liquoreux #1960

Tokay Eszencia Aszu 1988

30ème séance de l’académie des vins anciens – vins du groupe 2 jeudi, 17 mai 2018

Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Cave Privée 1989

Chablis 1er Cru Côtes de la Fourchaume Domaine Philippon 1969

Meursault Caves Nicolas 1961

Château Terrey Gros Cailloux Saint-Julien 1969

Château Fourcas Dupré Listrac Magnum 1970 (2 tables)

Château Lynch Bages 1975

Château Jura-Plaisance Montagne Saint-Emilion 1952

Château Nénin 1949

Chambolle Musigny Piat & Cie années 60

Vin d’Algérie rouge d’Oran domaine Sénéclauze 1959

Monbazillac Louis Monbouché Teulet-Marsallet sans année (années 30)

Château d’Yquem 1996 (que vient-il faire ici, si jeune !)

Tokay Eszencia Aszu 1988

30ème séance de l’académie des vins anciens – vins du groupe 3 jeudi, 17 mai 2018

Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Cave Privée 1989

Meursault Genevrières Louis Latour 1969

Vin de l’Etoile Réserve du Prince Maurice Bouvret 1953

Château Bouscaut Graves rouge 1981

Château Bouscaut Graves rouge 1964

Château La Cabanne Pomerol 1961

Château Talbot 1966 (le petit bonhomme m’intrigue toujours !)

Châteauneuf-du-Pape Lacoste & Cie 1967 (magnifique image médiévale)

Reccioto Secco Bertani Amarone della Valpolicella DOC 1959

Château Clos Haut Peyraguey 1er Grand Cru Classé 1959 (une des plus belles étiquettes et aussi la capsule)

Vénérable Pedro Ximenez Pedro Domecq Jerez 1959

Tokay Eszencia Aszu 1988