Dîner de wine-dinners au restaurant le Pré Catelan mardi, 17 janvier 2006

Dîner du 17 janvier 2006 au restaurant  le Pré Catelan

Bulletin 167 – les vins et le menu

Les vins de la collection wine-dinners

Champagne Pâques Gaumont (Trépail) Brut SA (vers 1970 ou avant)

Champagne Dom Pérignon Œnothèque (dégorgé en 2002) 1988

Château Rayas blanc Châteauneuf du Pape 1997

Domaine de Chevalier blanc 1947

Château La Conseillante Pomerol 1947

Grand Chambertin Sosthène de Grévigny 1919

Léoville Las Cazes 1979

Vosne Romanée Cros Parantoux Henri Jayer 1979

Château d’Yquem 1960

Gewurztraminer Sélection de Grains Nobles Hugel 1997

Le menu composé par Frédéric Anton et Olivier Poussier

Chateau La Conseillante 1947

Amuse-bouche, Royale de foie gras

Oursin, fine gelée au paprika, aromates vinaigrés, Zéphyr

Langoustine, préparée en ravioli, servie dans un bouillon à l’ huile d’olive vierge, au parfum « Poivre et Menthe »

Os à moelle, l’un parfumé de poivre noir et grillé en coque, l’autre farci d’une compotée de chou à l’ancienne, mijotée dans un jus de rôti

Truffe, tarte croustillante, petits oignons confits

Chevreuil, poêlé, sauce poivrade « Poivre et Genièvre », pâtes au beurre demi-sel et truffe noire

Fromages bleus

Mangue aux épices

dîner de wine-dinners au Pré Catelan mardi, 17 janvier 2006

Grand Chambertin Sosthène de Grévigny 1919, Château La Conseillante Pomerol 1947, Gewurztraminer Sélection de Grains Nobles Hugel 1997, Léoville Las Cazes 1979 et bien d’autres

J’arrive au restaurant du Pré Catelan pour ouvrir les bouteilles du 62ème dîner de wine-dinners. Une chose me trotte dans la tête. Je venais de déjeuner chez Laurent il y a quelques jours et j’y avais rencontré par hasard Olivier Poussier, meilleur sommelier du monde, conseiller du groupe Lenôtre. Il m’avait dit alors : je vais mettre les deux rouges de 1979 ensemble et les deux anciens ensemble. Surprise, car si je ne l’avais vu par hasard, je ne le saurais pas. Opposer sur un plat un bordeaux et un bourgogne, et ce deux fois de suite, j’accepte, car on apprend de chaque expérience. Ce sera une première. J’en tirerai des leçons. Mais finir le repas sur un Gewurztraminer quand il y a Yquem au programme, là, on ose !!!

Je veux vérifier à l’ouverture si cette innovation se justifie. Le Gewurztraminer est une explosion d’odeurs. Pour moi c’est du litchi alors qu’on lui destine un dessert à la mangue. Voilà qui va encore compliquer les choses. L’Yquem dégage un parfum d’une telle distinction qu’on ne voit pas pourquoi ne pas lui donner le mot de la fin. D’autant qu’un fromage calmerait l’ardeur du tout fou Hugel, quand la mangue irait logiquement au cœur d’Yquem, avec ces arômes de mangue et abricots si rassurants. Comme j’aime les découvertes, les innovations, nous verrons.

La plus belle bouteille, malgré la déchirure de l’étiquette, c’est celle de Domaine de Chevalier blanc 1947. Et les senteurs les plus éblouissantes sont celles de La Conseillante 1947, d’une pureté de ton invraisemblable, et celle du Grand Chambertin, odeur prodigieuse. Ces deux vins seraient à montrer dans les écoles,pour qu’on puisse apprendre ce qu’est une odeur parfaite. Assis devant ces deux flacons d’immédiat après-guerre, La Conseillante 1947 et le Grand Chambertin qui est de 1919 et non de 1929 comme annoncé, je songe : j’ai devant moi ce qui peut se rêver de mieux, si l’on parle de l’odorat. Et ça me suffit. Je n’y trempe pas mes lèvres, ce sera pour ce soir, mais ces senteurs quasi irréelles suffisent à mon bonheur.

Le Henri Jayer attend son heure et n’en révèle pas trop. Le Las Cases lui aussi cache ses cartes (il a un joli bouchon efficace). Le Rayas a déjà le pied sur l’accélérateur.

Frédéric Anton est venu plusieurs fois sentir ces vins magiques et cela me plait qu’un chef s’y intéresse. Ce fut sans doute une des plus belles séances d’ouverture des vins, moment que j’apprécie, car je vois comme chaque vin se présente, dans le simple appareil olfactif de sa sortie de sommeil, et je m’en souviendrai quand il fera son exposé, orateur à la voix posée quand le plat le lui demandera. L’émotion des ouvertures est enrichissante et très forte pour moi.

Le menu mis au point par Frédéric Anton et Olivier Poussier est le suivant : Amuse-bouche, Royale de foie gras / Oursin, finegeléeaupaprika, aromates vinaigrés, Zéphyr / Langoustine, préparée en ravioli, servie dans un bouillon à l’ huile d’olive vierge, au parfum « Poivre et Menthe » / Osàmoelle, l’unparfumédepoivrenoiretgrilléencoque, l’autrefarcid’une compotée de chou à l’ancienne, mijotée dans un jus de rôti / Truffe, tarte croustillante, petits oignons confits / Chevreuil, poêlé, saucepoivrade « PoivreetGenièvre », pâtes au beurre demi-sel ettruffe noire / Fromages bleus / Mangue aux épices. C’est une très large palette des talents de Frédéric Anton.

L’assemblée est composée d’un couple de luxembourgeois amateurs de vins, d’un ami grec et armateur, ce qui est presque un pléonasme, accompagné d’un autre armateur mais canadien, une journaliste qui travaille pour une revue américaine de luxe, la plus fidèle participante de ces dîners arrivée la première pour une fois (incroyable) et son ami qui accueillaient un autre couple. A part mon amie, huit novices de ces dîners ont repoussé de très loin l’année du plus vieux vin qu’ils aient jamais bu.

 

dîner chez des amis samedi, 14 janvier 2006

Chez des amis, un champagne Bollinger RD 1975. La première bouteille est un peu fatiguée. La deuxième est immense, témoignage d’un savoir-faire rare. Sur des joues de porc au pain d’épices, jus au thé, accompagnées de légumes oubliés, je suis incapable de reconnaître à l’aveugle un Hermitage la Chapelle Jaboulet 1985 alors que je l’ai souvent bu. Une Côte Rôtie La Turque 1997 Guigal est toujours aussi agréable, car l’année calme lui va bien.

Un Richebourg DRC à multiples facettes vendredi, 13 janvier 2006

Une réunion d

Une réunion de banque au Jockey Club. On apprend des choses définitives sur l’évolution financière du monde. Un participant semble sympathique : « on devrait déjeuner ensemble / on partage /j’apporte une bouteille ». On se retrouve au restaurant Laurent.

J’arrive en avance

J’arrive en avance pour ouvrir une bouteille de Richebourg du Domaine de la Romanée Conti 1956. Décidément, certaines années sont propices aux niveaux bas. Je m’attends à sentir l’odeur de terre de la cave de la Romanée Conti. Nenni. Le haut du bouchon est sec et sent la poussière. Le corps du bouchon est gras, et sent atrocement le vinaigre. Le vin senti au goulot exhale des senteurs qui promettent d’intéressantes perspectives, complètement opposées au message du bouchon. Nous verrons.

Mon convive commande tête de veau et pied de porc, la tête et les jambes, je commande escargots et pieds de porc, tout cela est particulièrement français. J’appelle à la barre, puisqu’il faut un témoin de poids un Riesling Clos Sainte-Hune Trimbach 1976. L’odeur est magnifique, d’une classe folle. La couleur est d’un or jaune réjouissant. Je suis un peu étonné qu’en bouche, la trace citronnée appuyée occulte le message de Riesling. Je n’en dis rien, mais le vin est effectivement un peu limité, loin des perfections que ce millésime m’a déjà réservées. Le cromesquis servi en amuse-bouche est absolument délicieux.

Quand apparaissent les pieds de porcs, il serait peut-être temps de penserau Richebourg, mais je voudrais que le Riesling ait l’occasion de briller, car je le sens – rien qu’en voyant l’assiette – fait pour le plat. Et c’est un accord de rêve. Sur le dernier quart du plat (un porc a toujours quatre pattes), je verse le Richebourg. Un nez assez envoûtant de bourgogne ceint d’une tenture lourde. Le vin est objectivement fatigué, mais il raconte des histoires de Bourgogne. Il y a de la poussière, surtout du sel, mais on sent en filigrane l’autiste qui voudrait parler. Il y a un message qui ne demande qu’à être lu. Alors, selon que l’on sera rigoriste ou bienveillant, on aura un bourgogne fatigué ou un parchemin qui guide vers un trésor. Ce message balbutié m’a plu.

J’avais promis à Patrick Lair de lui faire goûter, mais le service n’attend pas. Aussi, après le service, nous voilà, Philippe Bourguignon, Patrick, Guislain, devant le dernier vestige, le plus concentré, et Olivier Poussier, qui était de passage, nous rejoint. J’avais pris la précaution de dire : « voici le témoignage d’un vin en fin de vie ». Or à ma grande surprise, chacun de ces grands palais va vanter les mérites de ce vin, l’un lui trouvant un beau fruit, l’autre s’extasiant devant la pureté du message. Philippe est manifestement surpris de le voir si beau. Le vin avait survécu, et bien. Il faut bien se méfier des impressions hâtives.

J’avais donné rendez-vous à un ami expert en vins après ce déjeuner. Je lui fais goûter le Riesling. Comme moi, il trouve le parfum d’une race immense, mais le palais un peu court, pas assez à l’image de cette icône. Et l’odeur du Richebourg, puisqu’il ne restait plus que ça, l’a subjugué. Ce vin, en dégustation comparative, serait mis au placard. Seul, on l’écoute, et l’on voit qu’il raconte de belles histoires bourguignonnes. N’est-ce pas le principal ?

dégustation de vins de Nicolas Joly mercredi, 11 janvier 2006

Manifestation des caves Legrand. Exposé sur la biodynamie

Gérard Sibourd

Gérard Sibourd-Baudry m’annonçant le programme des prochaines dégustations des Caves Legrand, j’entends le nom de Nicolas Joly. Instantanément ma réponse fuse : « je viens ». Nous avions échangé des mails et des propos au téléphone. Je voulais donc enfin voir ce personnage du monde du vin.

Nicolas Joly venait de tenir la réunion annuelle de son groupe de vignerons qui pratiquent la biodynamie, au cours de laquelle sur 25 candidats, huit avaient été agréés dans ce saint des saints. Aussi eûmes-nous l’impression très vite que Nicolas Joly continuait avec les 17 participants de cette soirée dégustation le conseil d’administration qu’il avait tenu peu avant. Orateur infatigable, au verbe précis et volontiers poétique, aux phrases belles et sensées, au débit et aux tics de Fabrice Luchini, Nicolas Joly a captivé un auditoire de jeunes amateurs acquis à ses thèses, dévots de ses conceptions.

J’ai été captivé pendant les dix premières minutes – mes voisins pendant plus longtemps – car je n’aime pas trop que l’on affirme ses convictions en stigmatisant « les autres », qui n’auraient rien compris, détruiraient la planète, feraient des mauvais produits, etc. Le message aurait plus porté, à mon sens, sans cet excès ayatollesque. Mais le corps du message m’a emballé, et c’est le principal, parce que, mine de rien, on remet à l’honneur des pratiques ancestrales moins théorisées, mais pratiquées. L’exergue de mon livre comporte cette phrase : « ce livre est dédié aux vignerons des années 1000 à 1500 qui ont inventé les vins d’aujourd’hui ». Ce message gentiment provocateur voulait indiquer que ce sont mille ans d’expériences qui ont conduit au vin d’aujourd’hui et non pas seulement les trente dernières années où certains pensent que tout a été inventé. A ce titre, le message de Nicolas Joly, doté d’une belle dose de bon sens, d’une écologie saine, mérite l’intérêt et le respect.

Nous devions goûter huit vins, quatre de Nicolas Joly et quatre de vignerons biodynamiciens. Notre orateur étant arrivé au moment de faire sa conférence, les vins n’ayant pas respiré, ce que nous avons bu se présentait de la pire des façons. Il eût fallu cinq heures d’oxygène pour qu’ils délivrent le message attendu. Je ne les décrirai donc pas, pour ne pas critiquer de bons vins. Je signalerai seulement que les vins de Nicolas Joly lui ressemblent : ce sont des vins militants. Ils dégagent une personnalité extrême, sans concession, où le charme n’est pas recherché, mais une tonalité de terroir brutale, poussée à l’extrême. C’est certainement le temps qui donnera raison à ses choix, car j’imagine ses vins au sommet de leur art quand ils auront une vingtaine d’années de bouteille. Sur les huit vins, ce furent les deux derniers les plus beaux, signe de l’importance déterminante de l’oxygène. Le Vouvray « le Mont » demi-sec de Huet 2002 raconte des milliers d’histoires, c’est un bouquet de fleurs, un panier de fruit blanc. Ce vin est joyeux.

Le vin Les Calcinaires de Gauby de 1999 m’a poussé à écrire sur ma feuille de notes : « ça, c’est du vin ». Ça respire le vin joyeux, simple, un peu limité, mais tellement sincère.

C’est la première dégustation à laquelle j’assiste au cours de laquelle le conférencier ou l’animateur n’a pas dit un seul mot sur aucun des huit vins présentés. Je suis un peu resté sur ma faim, car ce personnage passionnant a de belles choses à dire. Son discours est affaibli par la critique systématique de tout ce qui n’est pas sa voie. La jeune assistance a adoré ses propos Bovéiens. C’est sans doute eux qui ont raison.

Deux phrases que j’ai glanées au sein de propos sur les champs magnétiques, l’influence des planètes, les forces de gravité et de vie : « la vigne adore la présence des animaux », et « la cave n’est pas une usine quand la vigne a bien travaillé ». On ne se lasserait pas d’écouter de tels propos s’ils n’éreintaient pas tout autour. C’est un homme à suivre.

galerie 1916 lundi, 9 janvier 2006

Chateau Malartic Lagravière 1916 éblouissant, qui a subjugué tous les convives.

 Chateau Latour 1916 sans étiquette, de très beau niveau, au bouchon d’origine. Sera bu le 25/01/2007 chez Jacques Le Divellec.

le déjeuner du 1er janvier. La fête continue ! dimanche, 1 janvier 2006

La cuisine légère, suivant certaines inspirations de Marc Veyrat, allait permettre que dès le déjeuner du 1er janvier, affecté d’un petit décalage horaire, la fête reprît de plus belle.

Le foie gras poêlé au vinaigre d’agrume va permettre de constater à quel point le fendant Ravanay 1959 est un grand vin. Il a perdu tout défaut. Sur une trame dense, il déploie une belle palette aromatique, et devient vraiment un vin respectable. Il est évidemment plus fait pour le foie gras. Je lui avais trouvé un aspect beurré qui le rend gras aujourd’hui. Je suis fier d’avoir donné une chance à ce vin de devenir grand. Nous gérons évidemment les restes de vins de la veille, mais quand Jean Philippe annonce un ris de veau aux truffes blanches d’Alba, sauce vanillée à la poire, je me demande ce que l’on pourrait boire. Mon beau-frère dégaine plus vite que moi et ouvre Château de la Gardine, cuvée des générations Marie-Léoncie, Châteauneuf du Pape vieilles vignes 2000. Ce joli vin encore bien jeune va parfaitement accompagner la truffe blanche et le ris à la texture délicieuse. Une nouvelle version de la pomme de terre et truffe noire, sauce crémeuse à la truffe va me faire pousser un ouf de soulagement. L’Hermitage Chave 1998 a bien profité d’une nuit d’oxygène. Il est maintenant devenu ce qu’il doit être. Ce vin que j’adore, que j’avais trouvé très en dedans, est devenu viril, épicé, excité par la truffe, avec quelques notes discrètes de fruits rouges, et de belles expressions de poivre. Il s’est ossifié et a gagné en longueur de façon spectaculaire. Sur le Stilton, le Tokay Pinot Gris Hugel Sélection de Grains Nobles 1990 confirme l’impression de la veille : c’est le dandy sûr de lui, qui en a tellement à raconter qu’il faudrait vingt plats pour explorer tout le potentiel qu’il a. Un ravioli de mangue à la pulpe de pamplemousse rose va mettre divinement en valeur le Château Gilette crème de tête 1949 qui a encore gagné en assise. Ce vin est immense, et le dessert lui va bien. De délicates tuiles au miel d’acacia finissaient en douceur la suite du réveillon. Naïvement, je pourrais penser me reposer. J’ai cru entendre au détour de propos de cuisine qu’il est question d’un risotto de truffes blanches pour ce soir. Je suis prisonnier comme dans l’émission du Loft, ne pouvant plus m’échapper de cette haute gastronomie.

Bulletins 2005 – De 125 à 162 samedi, 31 décembre 2005

Les thèmes de ces bulletins :

(Bulletin WD N° 125 050103) Bulletin n°  125     :   1 – dîner *WD à l’hôtel Meurice

(Bulletin WD N° 126 050120) Bulletin n°  126     :   1 – conférences sur les vins et mon livre – 2 – envoyé spécial – 3 – dîner de Joël Robuchon et Robert Parker – 4 – déjeuner chez Laurent – 5 – réveillon de Noël 1

Bulletin n°  126     :   6 – réveillon de Noël 2

(Bulletin WD N° 127 050202) Bulletin n°  127     :   1 – réveillon du 31 décembre – 2 – déjeuner restaurant Peron à Marseille – 3 –  – 4 – déjeuners du Sud

Bulletin n°  127     :   6 – déjeuner au restaurant Macéo

(Bulletin WD N° 128 050210) Bulletin n°  128     :   1 – évocation de livres – 2 – déjeuner d’amis – 3 – dîner à l’Ecu de France – 4 – dîner *WD chez Laurent – 5 – déjeuner chez Patrick Pignol

(Bulletin WD N° 129 050218) Bulletin n°  129     :   1 – Saint Vincent à Mesnil sur Oger – 2 – dîner en famille – 3 – dîner à l’Ecu de France – 4 – déjeuner chez Patrick Pignol – 5 – dîner à domicile

Bulletin n°  129     :   6 – dîner à Arbois chez Jean Paul Jeunet

(Bulletin WD N° 130 050224) Bulletin n°  130     :   1 – la percée du vin jaune 2005 – 2 – dîner au château de Germigney – 3 – déjeuner avec des vins de caviste

(Bulletin WD N° 131 050304) Bulletin n°  131     :   1 – Saint Valentin au Meurice – 2 – dédicace livre librairie Delamain – 3 – dîner au bistrot Dauphin – 4 – repas à domicile – 5 – suite du dîner Robuchon Parker

(Bulletin WD N° 132 050314) Bulletin n°  132     :   1 – salon des vignerons indépendants – 2 – dîner *WD chez Patrick Pignol – 3 – dîner à l’Ecu de France

(Bulletin WD N° 133 050323) Bulletin n°  133     :   1 – dîner *WD à l’Ecu de France – 2 – déjeuner à l’Auberge des Saints Père à Aulnay – 3 – Salon des Grands Vins – jour 1 – 4 – déjeuner au Meurice – 5 – dîner des producteurs au SDGV

(Bulletin WD N° 134 050330) Bulletin n°  134     :   1 – suite du salon des grands vins – 2 – déjeuner d’amis – 3 – dîner *WD chez Gérard Besson

(Bulletin WD N° 135 050411) Bulletin n°  135     :   1 – dégustation Bouchard au plaza – 2 – dîner *WD au Bristol – 3 – dîner à domicile au Sud – 4 – dîner au Meurice

(Bulletin WD N° 136 050414) Bulletin n°  136     :   1 – primeurs 2004 au Cercle Rive Droite à Bordeaux – 2 – dîner chez un ami américain à Bordeaux – 3 – dégustation de Bordeaux – 4 – dîner au Château La Gaffelière

(Bulletin WD N° 137 050422) Bulletin n°  137     :   1 – déjeuner au Château de Pichon Longueville Comtesse – 2 – dîner à Cordeillan Bages – 3 – dîner *WD à l’hôtel Meurice – 4 – dîner chez des amis – 5 – déjeuner chez Hélène Darroze

(Bulletin WD N° 138 050502) Bulletin n°  138     :   1 – vente chez Christie’s – 2 – déjeuner à l’ACF – 3 – conférence dégustation à l’hôtel Lotti – 4 – journées nationales du livre et du vin à Saumur – 5 – déjeuner chez Laurent

Bulletin n°  138     :   6 – visite chez champagne Diebolt-Vallois

(Bulletin WD N° 139 050512) Bulletin n°  139     :   1 – déjeuner au restaurant Les Berceaux à Epernay – 2 – visite aux champagnes Philipponnat – 3 – dîner chez ma fille cadette – 4 – dîner *WD au Bristol – 5 – dîner au Petit Nice

(Bulletin WD N° 140 050520) Bulletin n°  140     :   1 – déjeune chez Jacques Chibois – 2 – visite à la Romanée Conti – 3 – visite à Clos de Tart – 4 – dîner au Gourmandin – 5 – visite au Domaine Jacques Prieur

Bulletin n°  140     :   6 – dîner à Bonneau du Martray – 7 – présentation de Mondovino en Jura – 8 – dîner au restaurant de Christophe Menozzi

(Bulletin WD N° 141 050531) Bulletin n°  141     :   1 – fin du récit du Jura – 2 – séjour dans le Sud – 3 – film et dîner chez Guy Savoy – 4 – dîner *WD au restaurant Apicius – 5 – les étoiles rendues de Alain Senderens

(Bulletin WD N° 142 050607) Bulletin n°  142     :   1 – bouchons – 2 – douche – 3 – dîner à Pichon Comtesse avec la Bacchus Society – 4 – dîner littéraire au bistrot du bigorneau – 5 – apéritif aux Caves Legrand

Bulletin n°  142     :   6 – dîner au restaurant Dauphin

(Bulletin WD N° 143 050614) Bulletin n°  143     :   1 – visite des caves Bouchard dîner au château – 2 – dîner à l’auberge de Lynch Bages – 3 – visite d’Issan et Lynch Bages – 4 – déjeuner à l’auberge de Lynch Bages – 5 – visite à Léoville Las Cazes

Bulletin n°  143     :   6 – dîner au château de château Margaux

(Bulletin WD N° 144 050621) Bulletin n°  144     :   1 – visite au Château Haut-Brion à Yquem et à Fargues – 2 – visite et déjeuner à Malartic Lagravière – 3 – dîner à Rollan de By – 4 – visite à Clos Fourtet et église Clinet – 5 – déjeuner à l’Envers du Décor

Bulletin n°  144     :   6 – dîner à Canon La Gaffelière – 7 – le laboratoire de Michel Rolland – 8 – dîner à Palmer

(Bulletin WD N° 145 050628) Bulletin n°  145     :   1 – dîner *WD à la Grande Cascade – 2 – déjeuner en famille avec des « bas niveaux » – 3 – déjeuner au Meurice

(Bulletin WD N° 146 050705) Bulletin n°  146     :   1 – dîner *WD à Taillevent – 2 – déjeuner en famille avec des « bas niveaux » – 3 – déjeuner au Polo de Bagatelle – 4 – institut supérieur de marketing du luxe

(Bulletin WD N° 147 050829) Bulletin n°  147     :   1 – dîner *WD chez Patrick Pignol – 2 – accidents de cave – 3 – départ pour Vinexpo – 4 – dîner à Fargues – 5 – Garden Party à Pichon Lalande

(Bulletin WD N° 148 050905) Bulletin n°  148     :   1 – dîner chez notre logeuse à Bordeaux – 2 – dîner des crus classés à Yquem – 3 – exposé des ambitions de wine-dinners

(Bulletin WD N° 149 050913) Bulletin n°  149     :   1 – dîner *WD au Carré des Feuillants – 2 – dîner chez Pic à Valence – 3 – dîner dans le Sud

(Bulletin WD N° 150 050920) Bulletin n°  150     :   1 – dîner chez Jacques Maximin – 2 – déjeuner à la Bouillabaisse – 3 – réception de François Simon – 4 – dîner à l’Escoundoudo

(Bulletin WD N° 151 050927) Bulletin n°  151     :   1 – déjeuner Taillevent dégustation Montrose – 2 – dîner Taillevent dégustation Montrose

(Bulletin WD N° 152 051004) Bulletin n°  152     :   1 – festival oenovideo – 2 – dîner au « Petit Verdot » – 3 – dîner des amis de Bipin Desai au Grand Véfour – 4 – déjeuner au Bistrot du Sommelier

(Bulletin WD N° 153 051012)  Bulletin n°  153     :   1 – dîner *WD au Pré Catelan – 2 – visite à la Maison Bichot – 3 – déjeuner chez Laurent

(Bulletin WD N° 154 051018) Bulletin n°  154     :   1 – déjeuner chez Laurent (suite) – 2 – dîner au Cinq avec Billecart Salmon – 3 – jury des champagnes – Spectacle du Monde – 4 – déjeuner au Bistrot du Sommelier – 5 – dîner chez Ruinart

Bulletin n°  154     :   6 – maison de l’Alsace, Trimbach

(Bulletin WD N° 155 051025) Bulletin n°  155     :   1 – séance de l’académie des vins anciens – 2 – champagne Delamotte chez Fogon – 3 – voyage chez Jean Hugel à Riquewihr

(Bulletin WD N° 156 051031) Bulletin n°  156     :   1 – voyage chez Jean Hugel à Riquewihr – 2 – dîner à l’Auberde de l’Ill – 3 – concours du meilleur caviste indépendant du monde – 4 – dîner chez Laurent Perrier à Tours sur Marne – 5 – brasserie Wepler

(bulletin WD N° 157 051108) Bulletin n°  157     :   1 – dîner au nouveau Senderens – 2 – club des professionnels du vin – 3 – rencontres vinicoles 05 – 4 – dîner *WD chez Laurent

(Bulletin WD N° 158 051115) Bulletin n°  158     :   1 – réception d’Apollonia Poilâne – 2 – Cercle Interallié – 3 – soirée jazz et signatures aux Caves Legrand – 4 – séjour chez Marc Veyrat avec des vins d’Alsace

(Bulletin WD N° 159 051123) Bulletin n°  159     :   1 – visite chez Guigal et déjeuner à Vienne – 2 – Confrérie du Lièvre à la Royale – 3 – Académie Amorim, remise des prix – 4 – France Info – 5 – dîner avec David van Laer

Bulletin n°  159     :   6 – Soirée Laurent Perrier Grand Siècle

(Bulletin WD N° 160 051129) Bulletin n°  160     :   1 – réception de 1855.com – 2 – caviste du 14ème arrondissement – 3 – exposition au Grand Palais – 4 – dîner *WD au restaurant Apicius – 5 – dîner chez l’ami de Marc Veyrat

(Bulletin WD N° 161 051212) Bulletin n°  161     :   1 – salon des vignerons indépendants – 2 – dîners chez des amis – 3 – Dom Pérignon aux Caves Legrand – 4 – dîner de grands chefs chez Jean Bardet

(Bulletin WD N° 162 051219) Bulletin n°  162     :   1 – dîner d’amis à l’hôtel Meurice – 2 – déjeuner chez Laurent avec Pétrus 1915

 

deux vins du Sud et un grand champagne samedi, 31 décembre 2005

Le soir, veille du réveillon, des envies culinaires se débrident. Un foie gras cru sur du simple pain se grignote sur les premières gouttes d’un champagne Salon 1995 en magnum. Le champagne, juste ouvert, est un jeune homme bien poli. Très BCBG, le foie gras le rassure, sans le faire sortir de son conformisme ouaté.

Nous passons à table et des huîtres n°2 de Quiberon de pleine mer font éclater le Salon. Je deviens fou, tant l’iode et le sel propulsent le Salon dans des séductions de première grandeur. Que cette association est grande ! Le Salon 1995 est évidemment un gamin, mais la taille magnum le rend accessible. Et cette huître ! Quel accord incomparable. Les mêmes huîtres, mariées à un sabayon de camembert à la cardamome ont fait surgir de nouvelles saveurs d’un champagne prêt aux accords les plus compliqués. La cardamome donne au Salon une longueur rare. Le dos de chevreuil de Sologne, sauce aux olives noires et groseille, purée de céleri rave, d’une incomparable dextérité, va côtoyer deux vins. Le Rimauresq, Côtes de Provence 1993 est un vin au fruité expressif. C’est la chair d’une perfection rare qu’il adore. Et le Bandol, Moulin des Costes 1983, d’une animalité affolante, et d’une justesse rare, a épousé la groseille. L’olive noire est évidemment son compagnon naturel. On le sent vibrer sur la viande délicieuse. Et la folie vient de la groseille. Quelle jouvence culinaire ! Et ces deux vins du Sud, si complémentaires, ont chacun capté une composante du plat. La chair pour l’un, la groseille pour l’autre. Et le céleri adoucit tout cela. Des fromages font appel à d’autres caractéristiques de ces grands vins du Sud, et le dessert arrive. Poêlée de coings, caramel d’absinthe, tuiles au miel d’acacia. Le champagne Salon 1995 va s’imposer lentement, car il faut que nos palais s’adaptent. Et quand on a compris que c’est l’absinthe qui sublime le Salon, alors on nage en pleine perfection. Ce soir ce n’était pas les vins qui avaient la vedette, mais les vins par les accords. L’huître sur le Salon est un choc total, un coup de poing dans le cœur. La groseille sur le Bandol 1983, c’est un instant de bonheur pur. Et l’absinthe qui révèle le Salon, c’est l’atteinte d’un nirvana culinaire. Ce soir, les vins avaient besoin d’un partenaire. Mon ami était là.

le réveillon du 31 décembre samedi, 31 décembre 2005

Après toutes ces prouesses, le réveillon allait-il nous surprendre encore ? La réponse est oui, clairement oui. J’ouvre tous les vins vers 16h30, et dès 17 heures, notre médecin ami, chef à ses heures mais ses heures sont larges, a réalisé une cuisine d’un éblouissement absolu. Tchaïkovski a présenté au Bolchoï des ballets célèbres. A coté de ce médecin bondissant, sentant le col d’un flacon, soupesant une chair, la lardant de thermomètre, créant des fumets dont il faut vérifier l’acuité en bondissant de nouveau, le Lac des Cygnes est une réjouissance de pensionnat. Chaque geste est précis, chaque épice est soupesée au trébuchet des parfums de mes vins. Ce ballet dura jusqu’à quatre heures du matin de la nouvelle année tant les sauces devaient s’actualiser à l’épanouissement des odeurs.

Nous passons à table. J’avais choisi un Fendant Pétillant Ravanay Les fils Maye SA Riddes 1959 pour plusieurs raisons. D’abord, la beauté diabolique de la bouteille et ensuite pour envoyer un signe : si l’on ouvre Krug Clos du Mesnil, il faut aussi mettre à l’honneur des vins moins recherchés. Le fendant annoncé pétillant n’a pas la moindre bulle. Son bouchon est le bouchon d’un vin et non d’un mousseux, aussi ai-je l’impression que la bulle est absente plutôt que disparue. On peut penser qu’elle n’a jamais existé. Le vin aux tonalités citronnées est extrêmement expressif. Inclassable, énigmatique, il révèle toutefois une belle identité jurassienne. Vin intéressant comme le fut le Côtes du Jura de Noël, il épouse exactement un caviar osciètre d’Iran sur coussin d’artichaut. Le caviar est dur au goût et salé, l’artichaut le canalise, et le fendant enveloppe le tout pour procurer une belle exactitude de saveur. L’ouverture d’un Champagne Krug Clos du Mesnil 1986 est un moment rare. Nez intense d’une race immense. La noix de Saint-Jacques juste saisie sur un coussinet de radis noir et lait virtuel de pomme acide fait ressortir toute la transcendance du Krug. Je me disais que je ne vois aucun vin qui pourrait combiner avec une telle justesse une puissance imposante, une élégance impressionnante et une expressivité de contenu rare. Mêler ces trois composantes en les poussant à ce paroxysme me paraissait impossible à égaler. La suite allait me donner tort. La Mission Haut-Brion 1926 est le seul vin ancien que j’aie apporté dans le Sud pour les réveillons. Ne pouvant lire la date tant l’étiquette a été lacérée, c’est le bouchon qui l’a indiquée avec une certitude absolue. Le bouchon très noir et gras sur un tiers de sa hauteur est beau, souple sur le reste, ayant bien fait son office, même si le niveau avait un peu baissé. La merveilleuse et capiteuse odeur à l’ouverture m’avait conduit à reboucher. J’ai eu tort d’être peureux, car une aération complémentaire aurait atténué l’acidité qui gêne un peu le plaisir. Le plat est un ris de veau aux truffes du Piémont. Le vin est étonnamment jeune et il a encore du fruit. Si l’on sait oublier un instant l’acidité, on trouve un message éblouissant. J’ai pour 1926 un amour particulier car c’est l’année de la plus belle réussite de Haut-Brion. C’est la première fois que je goûtais son cousin dans cette année qui me séduit tant. Il n’a pas trahi la famille, car les cotés capiteux, onctueux, veloutés signent un très grand vin. Un plaisir rare, et une mise en valeur sublime par une truffe et un ris de confort rassurant. Les uppercuts et crochets pleuvent sur nos papilles. Car La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1992 est invraisemblable. A l’ouverture, les émanations de ce vin étaient incompatibles avec l’année 1992. Elles annonçaient une année de grande puissance. Et là, dans nos verres, c’est l’expression d’une puissance sans limite, d’un charme redoutablement vénéneux. Ce vin est diabolique. Sur le thon à la plancha, consommé de canette, poêlée de chanterelles, le vin danse la java la plus belle, celle qui ensorcèle. Le vin nous regardait les yeux dans les yeux, nous hypnotisait de bonheur. Transporté par le plat, il exultait. J’ai bu de nombreuses fois de très beaux La Tâche. Mais à ce point de séduction, même le gigantesque 1990 fait clergyman réservé, si c’est envisageable. Le pavé de filet de biche, jus court à la figue, poêlée de topinambour est un plat extraordinaire. Il y a à la fois la façon, mais aussi la qualité de la viande. L’Hermitage rouge Domaine Chave 1998 aurait dû s’en servir de propulseur. Mais si l’on trouvait bien tout ce qui fait la pertinence de ce bel Hermitage, je n’ai pas trouvé la pétulance que j’attendais. A cet instant, c’est le plat qui a la vedette et non pas leur union. Le Tokay Pinot Gris Hugel Sélection de Grains Nobles 1990 avait de loin à l’ouverture le nez le plus serein. Ici, il impressionne par sa décontraction. Il est comme ces champions de foire qui attendent de se faire défier et ont le sourire de la confiance absolue en leur suprématie. Le Tokay est là, et il le sait. Alors, sur le foie gras poêlé, compotée d’oignons à la cannelle, façon chutney, il trouve un partenaire justifié, et il donne un récital de saveurs complexes du plus haut niveau. Quel grand vin, sûr de lui et dominateur. Et quel accord d’une précision extrême. Les baisers de bonne année ont été échangés depuis bien longtemps, et mon chef ami virevolte toujours pour ajuster chaque composante des plats. Nous tricotons nos votes futurs pour les plus beaux vins de la soirée. Tous ces bulletins sont à mettre à la corbeille, car arrive le Château Gilette crème de tête 1949. Rien ne peut être plus beau que ce sauternes totalement équilibré, sculptural, archétypal. Il est la définition de la perfection du sauternes. Un équilibre comme on ne peut pas en imaginer, une longueur infinie, il ne manque pas un seul bouton de guêtre à ce valeureux soldat. Un délicieux stilton va lui permettre d’éclore. De nombreuses discussions avaient eu lieu au sujet de l’ananas victoria rôti coulis à la mandarine. Je persiste à vouloir l’agrume pur. Le dessert absolument sublime, certainement le meilleur ananas de ma vie, éteignait le Gilette. J’ai suggéré que l’on poêle quelques tranches de pamplemousse rose. Et là, perfection culinaire absolue, le Gilette chantait dans nos palais investis et conquis. Le classement des vins ne fut pas très difficile, même si tous les votes n’étaient pas identiques. Dans l’ordre : Gilette crème de tête 1949, La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1992, Krug Clos du Mesnil 1986 et La Mission Haut-Brion 1926. Jamais, dans aucun de nos réveillons en cercle familial ou amical, nous n’avons été confrontés à une cuisine d’une telle perfection. Cet ami médecin qui a élevé la cuisine au rang de la passion, a pu faire ce qu’aucun chef n’a réellement le temps de faire : chaque composante des plats a été vérifiée en fonction de l’évolution des parfums de son vin. Ce fut éblouissant. Des grands vins ont été ouverts ce soir. La cuisine leur a rendu hommage. Nous, nous le rendons au talent artistique de notre ami.