Dîner à Saint-Tropez avec Moët Hennessy mercredi, 19 juillet 2023

Moët Hennessy possède un appartement à Paris pour recevoir leurs clients les plus importants. J’ai déjà organisé deux repas en ce lieu, les n°s 268 et 271. Pour une partie du mois de juillet, Moët Hennessy a loué une gigantesque villa au centre de Saint-Tropez pour recevoir sa clientèle internationale. Je suis invité à venir dîner en ce lieu et j’aurai l’honneur de rencontrer le président de Moët Hennessy et des membres de la direction.

Venir de ma maison du sud à Saint-Tropez est une punition en voiture, car la circulation est d’une densité extrême. Lorsque l’on doit suivre une voie, des énormes voitures de toutes nationalités viennent doubler les voitures disciplinées, car leurs conducteurs se croient tout permis.

Par manque d’indications sur cette villa, j’ai marché plus d’une heure en tournant en rond sur la Place des Lices, alors que la villa était à moins de dix mètres du parking où j’avais garé ma voiture.

Stanislas, qui a eu la gentillesse de m’inviter, vient me secourir et enfin j’entre dans cette imposante bâtisse sur quatre étages et des sous-sols, dont l’architecture des escaliers est très originale mais coûteuse en volume. Dans un des sous-sols, dans une salle immense, trône une de ces voitures de luxe dont le prix se compte en millions d’euros et dont l’une des principales fonctions pour le propriétaire est de se montrer en garant sa voiture devant le casino de Monte-Carlo.

Lorsque j’arrive, je rencontre Bill, le maître distillateur du whisky Glenmorangie. Immédiatement le contact se crée tant cet homme est passionnant. On me propose de descendre dans une salle au sous-sol où je peux déguster des whiskys Glenmorangie. J’en goûte deux résolument différents. L’un est chaleureux comme un Bourbon et accueillant. L’autre est plus strict et distingué. Tous les deux sont complexes et de longueurs infinies. On mesure l’importance des barriques de vieillissement qui ont servi à faire mûrir des bordeaux, des chardonnays, des portos et autres. Ce sont ces barriques qui créent le goût.

Pour le plaisir, j’ai apporté avec moi un Champagne Dom Pérignon 1962, d’une année que j’adore. Je pensais le boire en petit comité après le repas, mais le président de Moët Hennessy qui venait d’arriver me suggère qu’on le boive dans la salle où j’avais goûté les whiskys. Nous sommes cinq et serons rejoints par deux autres invités.

Il me faut de gros efforts pour dévisser le fil de fer de trop grosse épaisseur et lorsque le fil se détache un peu je vois apparaître des petites bulles entre le bouchon et le goulot, ce qui me semble être un signe très positif. Le bouchon s’enlève sans la lunule du bas, qui viendra avec un tirebouchon. Il n’y a pas de pschitt ou à peine. Le nez est expressif et superbe et la couleur est beaucoup plus claire que ce que j’attendais, signe de jeunesse.

Le champagne est délicieux, rond, cohérent plein d’énergie et de grandeur. Je le sens gastronomique et gourmand. Certains des participants de cette dégustation non prévue ont peu d’expérience des champagnes anciens et comprennent qu’il s’agit d’un autre monde que les champagnes jeunes. Ils perçoivent l’intérêt de ce monde, qui donne envie de recommencer.

Une grande table d’une trentaine de personnes accueille des professionnels et des amateurs de vins de plusieurs nationalités, Allemagne, Italie, Royaume Uni, et même Russie et d’autres. Le menu qui a été réalisé par le traiteur Potel & Chabot est : poulpe grillé, salade de pommes de terre nouvelles à la vinaigrette citrique et ciboulette ciselée / suprême de canard légèrement fumé, ananas carbonisé, kale rôti, purée de poivrons rouges rôtis au feu, gingembre et citronnelle / tarte à la cassonade avec raisins pochés, glace au gingembre tige et garniture d’amandes fumées en dés.

Ma grande surprise est de découvrir que c’est un repas au whisky, ce dont je n’avais pas été prévenu. Il y aura quatre whiskys et l’intarissable Bill, pétri d’humour, nous présentera chaque whisky en nous donnant envie. Nous aurons le Glenmorangie Tuiga, chaleureux et doucereux, le Glenmorangie édition n° 9 plus droit, subtil, qui ne devient ample qu’en fin de bouche. Je constate que les essais de mariage de whisky avec des plats est une gageure, car ces whiskys sont des alcools de méditation. Ils avaient plus de longueur lorsque je les ai bus sans manger, alors que les plats raccourcissent leur discours.

Le premier plat a été servi avec le premier whisky et avec un Cloudy Bay Chardonnay 2021 que j’ai trouvé délicieusement précis et bien fait, mais que l’on ne devrait pas trouver sur le marché avant qu’il ait acquis une certaine maturité.

Le deuxième plat a accueilli un Termanthia 2015 vin espagnol de la région de Toro fait de Tinta de Toro et Tempranillo qui titre 14,5°. Après avoir bu le Vega Sicilia Unico 1995, l’écart qualitatif paraît considérable, mais nous serons plusieurs à constater qu’après quelque temps, le vin s’épanouit et délivre des saveurs qu’il avait cachées jusqu’alors et apporte du plaisir.

Le problème des traiteurs, c’est qu’ils ont envie de faire plaisir en offrant de multiples talents. Mais lorsqu’on essaie de marier le vin espagnol avec le canard et qu’on croque un peu de l’ananas, le palais devient comme le parachutiste qui a oublié son parachute, c’est la chute libre.

C’est alors qu’arrive un de ces moments d’émotion que je chéris. Avec le dessert on verse un whisky Ardberg 25 ans d’âge dont le parfum de tourbe est intense et allume un souvenir fort. J’avais acquis en 2006 un whisky de la cave parisienne du Duc de Windsor au parfum tourbé impressionnant. Je retrouve le même. C’était, comme l’indique l’étiquette un « the finest scotch whisky, very great age, John Dewar and sons ltd, Perth rs » que j’avais situé vers 1860. L’odeur qualifiée volontiers de punaise est un bonheur parfait. Quelle émotion de retrouver le même.

Nous avons fini le repas avec un Ardberg Islay Single Malt plus jeune offrant un agréable parfum tourbé mais moins extrême que le précédent, qui a créé un très bel accord avec du roquefort.

Autant un cognac trouve une place naturelle en fin de repas car il peut être un point final savoureux, autant le whisky a du mal à prendre sa place dans un repas, et je pense que ce doit être un alcool de méditation qui se déguste pour lui-même. Mais rien n’empêche de tenter.

Nous sommes montés au dernier étage sur une belle terrasse. Je n’ai pas pu résister au plaisir de goûter un excellent cigare en devisant avec des gens sympathiques. Je reverrai très probablement Bill, le distillateur passionnant de Glenmorangie car nous avons des visions communes sur la gastronomie.

Ce fut une belle et originale soirée.


les photos sont nombreuses pour montrer l’orateur de talent, maître de chais de Glenmorangie

une voiture dans le sous-sol de la villa

mon cadeau aux organisateurs

la terrasse où l’on peut deviser en buvant un beau whisky et en fumant un grand cigare

Vega Sicilia Unico 1995 dimanche, 16 juillet 2023

Pour l’anniversaire de notre petit-fils il y aura évidemment un gâteau et des bougies, mais pour le repas j’ai ouvert au dernier moment un Vega Sicilia Unico 1995. Malgré ses 28 ans je le considère comme jeune aussi je lui applique la nouvelle règle pour les vins jeunes très fruités : les ouvrir au dernier moment. C’est le contraire de la méthode Audouze, qui préconise l’oxygénation lente et le service quatre heures plus tard ; La raison de cette autre méthode, c’est qu’un vin ouvert au dernier moment montre une fraîcheur délicate et frêle sur la première moitié de la bouteille. Après, le vin s’étant réchauffé et aéré par les multiples manipulations pour servir, il devient plus épanoui, large et confortable. Il a perdu son caractère sauvage des premières gorgées. J’adore l’éveil de ce vin, fruité, juteux, si riche en bouche. Un pur régal.

quelques bouteilles déjà bues cet été

Sublime Krug jeudi, 13 juillet 2023

Mon fils va partir demain aussi j’ai décidé d’ouvrir un champagne que j’adore au plus haut point. C’est un Champagne Krug Grande Cuvée à l’étiquette olive, qui est la première apparition de la Grande Cuvée qui remplaçait la Private Cuvée. Il a été mis sur le marché au début des années 80 et comporte des vins des années 70.

Le bouchon vient entier ce qui est très appréciable, et la grande surprise, c’est que le pschitt est d’une belle énergie. A cet âge, c’est rare.

L’apéritif consiste en des chips à la truffe d’été, des olives superbes, et d’autres gourmandises. Le premier contact avec le champagne est fascinant. Il offre la douceur, le fruit, l’élégance et ce qui s’impose, c’est le raffinement. On est au sommet de ce qu’un champagne peut offrir pour nous éblouir. Un champagne au sommet de sa maturité. Quel bonheur.

Pour des bars cuits divinement, c’est-à-dire peu, et un écrasé de pommes de terre, je sers le Blanc Fumé de Pouilly Silex Domaine Dagueneau 2012 fait par Louis-Benjamin Dagueneau. A l’ouverture, le parfum de ce vin est apparu doucereux et rond, ce qui n’est pas ce que nous attendions.

Au service, le vin est rond et agréable, juteux, mais on n’a pas du tout la tension et l’énergie que l’on attendrait de ce vin. Il est devenu plus banal que grandiose, comme nous l’aimions. On le boira bien sûr, mais il a changé d’orientation.

Nous avons fini vin et champagne sur d’originaux gâteaux d’un pâtissier nouvellement installé qui semble très doué mais peut-être un peu complexe. Le séjour de mon fils se finit sur un Krug exceptionnel. Il le méritait.

Dîner au restaurant Tom Cariano jeudi, 13 juillet 2023

Nous allons au restaurant Tom Cariano à deux pas de l’aéroport de Hyères. L’accueil est sympathique. On dîne dehors et l’espace est large et agréable. Nous sommes quatre, ma femme, mon fils et ma fille cadette. Je commande un Champagne Dom Pérignon 2010 pour fêter la présence de nos deux enfants.

Je prendrai des huîtres Marennes Oléron fines de claires n° 3 qui me semblent un compagnon idéal du champagne.

Il me semble qu’un carré d’agneau au romarin pourra accompagner un vin qui me fait envie, un Clos Vougeot Grand Cru Domaine Louis Latour 2015.

L’apéritif commence, on nous sert le Champagne Dom Pérignon 2010 à la belle bulle et au parfum engageant. Ce champagne est la définition de ce que Dom Pérignon doit être, charmant, bien construit et de belle ampleur en bouche. Les huîtres l’excitent avec bonheur. Je pense que ce champagne vieillira avec bonheur, sans limite de vie. Il n’a pas le prestige du 2008 mais il est dans la ligne historique de Dom Pérignon.

Le chef, heureux de voir que des amateurs choisissent de grands vins nous offre des toasts au carpaccio de thon rouge de Méditerranée. Un régal pour le Dom Pérignon.

Le Clos Vougeot Grand Cru Domaine Louis Latour 2015 est d’une vivacité puissante et d’une forte personnalité bourguignonne. Il est fait pour la gastronomie. Nous nous régalons avec ce vin vif et intense, mais je ne peux m’empêcher de penser au Volnay Caillerets 1999 que nous avons bu deux fois au restaurant d’Alexandre Mazzia, qui, bien que Premier Cru, surpasse en émotion ce beau Grand Cru.

Le chef Tom Cariano fait une cuisine simple sur des produits de qualité. Le service a été excellent. Nous avons passé un excellent dîner.


Au déjeuner, un anniversaire

Au restaurant

Escargots et Tokaji Dry lundi, 10 juillet 2023

Dans le sud, nous profitons de la visite de notre fils. Il a apporté des truffes d’été que ma femme va utiliser pour faire des œufs brouillés aux truffes. En se promenant dans la région, notre fils a trouvé un éleveur d’escargots et a acheté deux pots où les escargots ont deux présentations différentes.

Il me semble qu’un Dom Pérignon conviendrait à ce programme. Je vais chercher un 1978. Le bouchon se cisaille et j’extirpe difficilement la lunule inférieure. Le nez du champagne est de belle expression.

Au moment de l’apéritif, je sers le Champagne Dom Pérignon 1978 qui n’offre aucune bulle. Sa couleur est d’un or orangé. En bouche, ce sont des évocations d’abricot et de mangue. C’est un peu comme un sauternes pétillant. Nous sommes donc en face d’un champagne dont l’expression est celle d’un champagne ancien. On a perdu la vivacité des champagnes jeunes, mais cette version du champagne offre d’autres plaisirs. Les escargots à l’ail et au pesto sont délicieux et forts. Le champagne s’accommode mieux des œufs brouillés à la truffe d’été.

J’ai l’idée de servir le Tokaji Szamorodni Dry Hongrie 1947 qui avait été ouvert il y a cinq mois et sommeillait dans le réfrigérateur. Il est vraiment sec mais avec des accents doucereux, ce qui est idéal pour les escargots dans leur présentation.

Le Tokaji accompagnera aussi des petits gâteaux secs.

Le lendemain ma femme prépare la truffe d’été avec des pommes de terre à la crème. C’est de loin la meilleure association pour une truffe beaucoup plus discrète que la melanosporum.

Déjeuner au restaurant A.M. d’Alexandre Mazzia dimanche, 9 juillet 2023

Pour déjeuner avec notre fils, nous revenons au restaurant A.M. d’Alexandre Mazzia. L’accueil est toujours aussi chaleureux. Nous avions trouvé le plus grand menu très riche mais presque trop, aussi nous commandons le menu avec un plat de moins. Mais comme il y a une option caviar, nous ne voulons pas la rater.

J’avais tellement aimé les vins du récent repas que je les commande à nouveau. Le Champagne Billecart-Salmon Cuvée Nicolas François 2002 dégorgé en avril 2019 est absolument superbe, équilibré, généreux et très gastronomique. On est très à l’aise avec un champagne aussi franc. Lors de notre récent repas nous avions bu deux bouteilles de ce vin, l’une absolument exceptionnelle et l’autre paraissant moins vibrante. Celle d’aujourd’hui est entre les deux, mais proche de la meilleure. Ce champagne est un grand bonheur.

Plus qu’en d’autres occasions, j’ai été enthousiasmé par l’apparition des goûts en saveurs successives, composant des progressions gustatives passionnantes. Il n’y a jamais un goût synthétique mais des successions de variations. C’est un vrai enchantement et ce qui me fascine, c’est la créativité du chef.

Pour les plats qui mettent en valeur un caviar Pétrossian Daurenki je souhaite un champagne 100% pinot noir, pour avoir une vivacité tranchante. Dans la carte des vins, je choisis le Champagne Verzenay Grand Cru Marguet 2016 dégorgé en mai 2021. Ce champagne correspond exactement à ce que je souhaitais. Il est vif, tranchant, imposant. Et l’accord se trouve idéalement. C’est un champagne de grande personnalité et grand. La langoustine ‘plancton’ est un des plats les plus merveilleux du repas. Je suis content d’avoir découvert ce champagne.

Pour la suite du repas qui appelle des vins rouges, le Volnay les Caillerets, ancienne Cuvée Carnot, Bouchard Père & Fils 1999 apparaît. Il est aussi brillant que la dernière fois et a tout d’un Grand Cru, alors qu’il est Premier Cru. Nous avions bu il y a deux jours un Chambertin Clos de Bèze Domaine Armand Rousseau 2001. Nous convenons volontiers que ce Volnay est au niveau du chambertin. Quel régal. Son acidité est charmante et son élégance est impressionnante. J’ai bu une trentaine de millésimes de ce vin que j’adore, le plus vieux étant de 1929, dont j’ai signalé sa ‘pétulance endiablée’. Celui-ci pourra vieillir cent ans sans problème.

Nous sommes revenus vers les deux champagnes avec les desserts, le 2002 apportant son charme et sa joie toute en douceur et le 2016 apportant son tranchant et son énergie.

Une fois de plus le service a été parfait, le sommelier Kevin faisant un service parfait. Margot souriait discrètement de nos plaisanteries, Jean-Philippe nous fournissait des explications pertinentes. Tout en ce lieu ne fut que bonheur.

Avant de reprendre l’autoroute pour aller vers Toulon, nous sommes passés par le Prado, la Corniche, le port, constatant que Marseille est beau et mériterait une vie paisible.

Quel beau repas !

Dîner avec mon fils dans le sud jeudi, 6 juillet 2023

Il y a quelques semaines, j’ai acheté quelques bouteilles d’un champagne que je n’ai jamais bu, le Champagne Réserve Grand Trianon A. Rothschild & Cie Brut Spécial 1964. La bouteille est d’une rare beauté, avec une présentation riche et qui se veut noble. Je voudrais ouvrir ce champagne avec mon fils. Vers 16 heures j’ouvre la bouteille. Le bouchon se cisaille et le bas du bouchon reste collé au goulot. Il sort avec un tirebouchon. Surprise, la capsule est très banale, avec le mot champagne en relief, comme pour des champagnes ordinaires. Le nez est engageant.

J’ouvre aussi un Chambertin Clos de Bèze Domaine Armand Rousseau 2001 au niveau absolument impeccable, au bouchon parfait, qui libère un parfum d’une richesse prometteuse.

Comme il restait du Salon 1997 nous commençons l’apéritif avec ce champagne qui est devenu plus large et plus calme que la veille. Nous voulons vérifier si la fraise ou la cerise conviennent mieux au Salon. La fraise Mara des bois, si gourmande, est de loin la gagnante, car la cerise, acceptable, ne fait pas vibrer le Salon.

Nous continuons avec une rillette fondante et exquise qui est divine pour le grandiose Salon.

Il est temps de servir le Champagne Réserve Grand Trianon A. Rothschild & Cie Brut Spécial 1964. Sa couleur est d’un or orangé et le parfum est doux et charmant. En bouche, on sent immédiatement que l’on a changé de monde. On est dans les monde des champagnes anciens, qui n’a rien à voir avec le monde des champagnes jeunes. Certains pourraient dire que le champagne est madérisé, vocable utilisé le plus souvent à mauvais escient et ce serait une erreur. Le champagne est rond, doucereux, offrant des goûts de fruits chauds et exotiques. Le champagne est assez lourd mais attrayant.

Les côtelettes d’agneau arrivant plus vite que prévu, nous mettons le champagne de côté pour accueillir le Chambertin Clos de Bèze Domaine Armand Rousseau 2001. Quel grand vin, quelle joie de vivre. Il est authentiquement bourguignon. C’est un vin de vigneron, qui exprime son terroir sans fioriture, tout en générosité. Quel bonheur. Il est noble, subtil et souriant. La viande et des pommes de terre le mettent en valeur. Je ressens la personnalité d’Éric Rousseau dans son message, comme il m’arrive parfois de sentir la personnalité du vigneron dans des vins bourguignons.

Il arrive alors quelque chose de totalement inattendu. Il restait du Clos de Tart 2003 de la veille et il était temps de le finir. Je le sers et je ressens comme un choc. C’est comme si Louis XIV arrivait auprès de nous, on se lève et on se courbe en signe de respect.

Le Clos de Tart montre sa grandeur et sa gloire, avec une dimension qui le porte au-dessus du Chambertin, qui est plaisir et générosité. Le Clos de Tart m’impressionne dix fois plus que la veille.

J’adore quand se produisent des surprises de ce niveau, que je n’aurais pas imaginées.

Nous avons fini le Grand Trianon 1964 le lendemain. Sa couleur est devenue plus foncée mais cela pourrait venir de la couleur du ciel plus nuageux. Le vin est beaucoup plus accompli et cohérent que la veille, offrant un plaisir plus accompli. Décidément, les lendemains sourient aux vins.

Premier dîner dans le sud mardi, 4 juillet 2023

Mon fils vient nous rendre visite dans le sud. C’est le premier invité de notre été. J’ai ouvert deux vins vers 15 heures pour le dîner. Le bouchon du champagne Salon 1997 en magnum vient facilement avec un joli pschitt, ce qui m’étonne car avec des bouteilles de Salon 1997 j’ai souvent dû lutter contre des bouchons trop serrés.

Le bouchon du Clos de Tart 2003 est tellement serré qu’après avoir utilisé le limonadier classique j’ai voulu utiliser une mèche que je n’ai pas réussi à enfoncer dans le liège anormalement comprimé. Je suis quand même arrivé à sortir le bouchon et le parfum du vin m’est apparu fermé, trop discret.

Pour l’apéritif je sers le Champagne Salon magnum 1997 au parfum intense et à la jolie couleur d’un or citronné. Ce champagne impose le respect. Il est noble, large, d’une grande intensité. Nous le buvons en goûtant des rillettes et du pâté de canard. C’est avec les rillettes que l’accord est magistral. Je savais déjà que ce Salon se marie avec les fraises aussi des Mara des bois créent un accord divin. Ce champagne est d’une longueur impressionnante.

Le Clos de Tart 2003 a maintenant un parfum aimable mais que l’on sent encore contraint. Le vin est impressionnant, d’une incroyable énergie. Mon fils l’adore. L’intensité conquérante de ce vin évoque pour mon fils un grand bordeaux alors que je compare plutôt à un Vega Sicilia Unico. Nous le buvons sur un saint-nectaire et l’accord est idéal. Il se trouve que Vega Sicilia Unico est un partenaire idéal pour le camembert Jort. Je décide d’essayer le vin bourguignon avec ce camembert et je ressens le même comportement du vin avec le fromage. Le cousinage entre le vin espagnol et le vin bourguignon est étonnant.

Mon fils est enthousiaste pour ce Clos de Tart. Je le suis un peu moins, même si je suis très satisfait de ce beau vin.

Au mois de janvier j’avais reçu dans le sud un américain qui voulait partager avec moi une Petite Liqueur Pétillante de Moët & Chandon. Le reste était gardé dans le réfrigérateur et il est servi pour accompagner un Kouign Amann. L’accord est magique. La liqueur a perdu son pétillant mais elle a gardé la douceur de son élégant goût liquoreux. Je pense que Moët devrait produire à nouveau cette petite liqueur, d’autant que la jolie petite bouteille est d’un charme tentant.

Rencontre improbable mardi, 27 juin 2023

Nous sommes dans le sud et près du port, le long de la plage, il y a un restaurant fort sympathique aux plats très simples et à la carte des vins microscopique. Quand on s’assied face à la mer sous les canisses, on est vraiment en vacances.

Je commande un Champagne Billecart-Salmon Brut sans année agréable et sans histoire, qui se boit avec plaisir. Nous avons commandé des moules et des couteaux qui sont beaucoup trop cuits et déplaisants. Les couteaux sont caoutchouteux. Par précaution, nous demandons que le loup soit très peu cuit pour ne pas subir une trop forte cuisson, trop souvent pratiquée dans beaucoup de restaurants.

Le loup est cuit idéalement et sa chair est bonne, mais la rouille est fade et les pommes de terre mal cuites. J’ai pu bavarder de tout cela avec le sympathique directeur qui va remédier à tout cela. Nous étions à deux doigts de décider de ne plus revenir, mais nous donnerons une chance à ce sympathique restaurant.

Vers la fin du repas, un monsieur assis à la table voisine me parle et me dit qu’il a bu un vin exceptionnel qu’il trouve extraordinaire. C’est un Côtes de Provence blanc 2020 et il veut absolument que je le goûte. Je le bois et effectivement il a un joli corps et le monsieur me dit alors : « dites-donc, vous avez pris du champagne pour accompagner du loup, ce n’est pas terrible au plan gastronomique ». Intérieurement je m’amuse et je ne vais pas lui dire que si je prends un champagne, c’est parce que les vins blancs trop jeunes ont du mal à me tenter. C’est quand même amusant et il me dit ensuite qu’il a une merveilleuse maison tout à côté du restaurant et qu’il n’y a rien de mieux aux alentours. Je lui montre une photo de notre maison ce qui ne l’empêche pas de nous montrer une photo d’un joli laurier rose de sa maison.

Et, comme il était en veine, je ne sais pas comment est venue la question de nos âges. Il voulait les comparer et je lui dis qu’il est un gamin ce dont il doute. Il me dit : quel âge me donnez-vous ? Comme il s’imaginait proche de mon âge j’ai dit 72 ans. Aïe, il a 68 ans, ce qui est quand même assez loin de mon âge.

Ce qui m’a amusé dans cette anecdote, c’est l’aplomb du monsieur qui veut me convaincre que son vin est une merveille, qui me donne des leçons de gastronomie et qui fait une joute puérile sur nos âges. Il m’a promis qu’on se reverrait. J’adore.

Bulletins du 1er semestre 2023, du numéro 974 à 998 mardi, 27 juin 2023

Bulletins du 1er semestre 2023, du numéro 974 à 998

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(bulletin WD N° 998 230629)    Le bulletin n° 998 raconte : dégustation d’un Krug Private Cuvée années 60 avec Arnaud Lallement, déjeuner de vins italiens avec un sublime 1908 au restaurant l’Assiette Champenoise, déjeuner chez ma sœur et présentation des vins de la 38ème séance de l’Académie des Vins Anciens.

(bulletin WD N° 997 260621)    Le bulletin n° 997 raconte : déjeuner ‘Enigma’ au restaurant Pages avec les gagnants d’une énigme posée sur Instagram, dîner au restaurant Poppy, arrivée à l’Assiette Champenoise et visite de la maison de champagne Coutier à Ambonnay.

(bulletin WD N° 996 230615)    Le bulletin n° 996 raconte : visite au domaine de la Romanée Conti avec remise d’un parchemin, dégustation en cave des vins sur fûts et déjeuner d’amis avec des bouteilles historiques et splendides.

(bulletin WD N° 995 230608)    Le bulletin n° 995 raconte : dîner au restaurant Paul Bocuse avec de grands vins de 1983, compté comme 276ème et visite de ma cave puis dîner à la maison avec un aventurier globe-trotter.

(bulletin WD N° 994 230531)    Le bulletin n° 994 raconte : déjeuner avec mon fils et son fils, visite de ma cave suivie d’un déjeuner à mon domicile et dîner au restaurant Paul Bocuse pour préparer un grand dîner d’anniversaire en ce restaurant.

(bulletin WD N° 993 230523)    Le bulletin n° 993 raconte : 275ème repas de wine-dinners au restaurant Plénitude Arnaud Donckele de l’hôtel Cheval Blanc à Paris.

(bulletin WD N° 992 230517)   Le bulletin n° 992 raconte : déjeuner au restaurant l’Ecu de France pour mes quatre-vingts ans, apéritif dînatoire, déjeuner de famille et déjeuner dans ma cave avec une journaliste.

(bulletin WD N° 991 230510)    Le bulletin n° 991 raconte : dîner à l’Auberge Nicolas Flamel avec des normaliens, déjeuner au restaurant Le Sergent Recruteur et préparation des vins la veille d’un déjeuner de 55 personnes.

(bulletin WD N° 990 230503)    Le bulletin n° 990 raconte : déjeuner au restaurant Le Sergent Recruteur avec deux amateurs de vins, déjeuner de famille et déjeuner au restaurant Pages avec un ami de longue date.

(bulletin WD N° 989 230427)    Le bulletin n° 989 raconte : déjeuner au restaurant de l’hôtel Les Crayères à Reims, déjeuner à l’Automobile Club de France, préparation d’un prochain repas avec Arnaud Donckele, déjeuner au restaurant Langosteria et déjeuner en famille.

(bulletin WD N° 988 230419)    Le bulletin n° 988 raconte : déjeuner de conscrits au Yacht Club de France, déjeuner fraternel au restaurant Procope, déjeuner de famille à la maison, 274ème dîner au restaurant Pages.

(bulletin WD N° 987 230413)    Le bulletin n° 987 raconte : dans le sud déjeuner aux pieds de porc, présentation des 2020 des domaines familiaux de Bourgogne, dîner au château de Louvois de Laurent-Perrier et dégustation de sept itérations du Laurent-Perrier Grand Siècle au siège de Laurent-Perrier.

(bulletin WD N° 986 230405)    Le bulletin n° 986 raconte : le 273ème dîner de wine-dinners au restaurant Maison Rostang Nicolas Beaumann et apéritif impromptu dans le sud.

(bulletin WD N° 985 230328)    Le bulletin n° 985 raconte : le 272ème dîner de wine-dinners au restaurant Garance et un déjeuner au restaurant Les Confidences de l’hôtel San Régis.

(bulletin WD N° 984 230317)    Le bulletin n° 984 raconte : déjeuner de conscrits au Yacht Club de France, déjeuner avec les responsables d’un grand Institut, dîner au restaurant Kei, déjeuner à l’hôtel Saint-James et dîner au restaurant Jean Imbert du Plaza Athénée.

(bulletin WD N° 983 230307)    Le bulletin n° 983 raconte : déjeuner dans ma cave avec mon fils et 271ème repas, déjeuner à l’Appartement de Moët Hennessy, avec trois vins du domaine de la Romanée Conti.

(bulletin WD N° 982 230228)    Le bulletin n° 982 raconte : Champagne impromptu, déjeuner avec un américain du Minnesota et une liqueur inconnue, déjeuner au restaurant Place Royale et déjeuner au restaurant l’Astrance.

(bulletin WD N° 981 230222)    Le bulletin n° 981 raconte : le réveillon de la Saint-Sylvestre dans le sud, deux repas de famille donnant la place belle aux champagnes.

(bulletin WD N° 980 230215)    Le bulletin n° 980 raconte : deuxième réveillon de Noël, déjeuners et dîners impromptus dans le sud précédant la Saint Sylvestre.

(bulletin WD N° 979 230208)    Le bulletin n° 979 raconte : dîner lors de la finale du championnat du monde de football, premier réveillon de Noël anticipé et déjeuner de famille.

(bulletin WD N° 978 230131)    Le bulletin n° 978 raconte : dîner au restaurant Plénitude Arnaud Donckele de l’hôtel Cheval Blanc Paris, déjeuner au restaurant Pages avec des vins inattendus.

(bulletin WD N° 977 230124)    Le bulletin n° 977 raconte : présentation par Aubert de Villaine des vins du millésime exceptionnel 2019 du domaine de la Romanée Conti, suivie d’un dîner au siège de la société Grains Nobles et dîner au Plaza Athénée de Jean Imbert.

(bulletin WD N° 976 230117)    Le bulletin n° 976 raconte : la 37ème séance de l’Académie des Vins Anciens au restaurant Macéo avec 37 inscrits et plus de 50 vins.

(bulletin WD N° 975 230110)    Le bulletin n° 975 raconte : deuxième journée du Grand Tasting de Bettane & Desseauve avec notamment un atelier Chambertin et un atelier Sauternes et déjeuner de dimanche à la maison.

(bulletin WD N° 974 230103)    Le bulletin n° 974 raconte : le Grand Tasting de Bettane et Desseauve avec de nombreuses Master Class de Laurent Perrier, Henriot, Charles Heidsieck, Dom Pérignon et la fameuse Master Class, « Le Génie du Vin ».