Dîner avec mon fils dans le sudjeudi, 6 juillet 2023

Il y a quelques semaines, j’ai acheté quelques bouteilles d’un champagne que je n’ai jamais bu, le Champagne Réserve Grand Trianon A. Rothschild & Cie Brut Spécial 1964. La bouteille est d’une rare beauté, avec une présentation riche et qui se veut noble. Je voudrais ouvrir ce champagne avec mon fils. Vers 16 heures j’ouvre la bouteille. Le bouchon se cisaille et le bas du bouchon reste collé au goulot. Il sort avec un tirebouchon. Surprise, la capsule est très banale, avec le mot champagne en relief, comme pour des champagnes ordinaires. Le nez est engageant.

J’ouvre aussi un Chambertin Clos de Bèze Domaine Armand Rousseau 2001 au niveau absolument impeccable, au bouchon parfait, qui libère un parfum d’une richesse prometteuse.

Comme il restait du Salon 1997 nous commençons l’apéritif avec ce champagne qui est devenu plus large et plus calme que la veille. Nous voulons vérifier si la fraise ou la cerise conviennent mieux au Salon. La fraise Mara des bois, si gourmande, est de loin la gagnante, car la cerise, acceptable, ne fait pas vibrer le Salon.

Nous continuons avec une rillette fondante et exquise qui est divine pour le grandiose Salon.

Il est temps de servir le Champagne Réserve Grand Trianon A. Rothschild & Cie Brut Spécial 1964. Sa couleur est d’un or orangé et le parfum est doux et charmant. En bouche, on sent immédiatement que l’on a changé de monde. On est dans les monde des champagnes anciens, qui n’a rien à voir avec le monde des champagnes jeunes. Certains pourraient dire que le champagne est madérisé, vocable utilisé le plus souvent à mauvais escient et ce serait une erreur. Le champagne est rond, doucereux, offrant des goûts de fruits chauds et exotiques. Le champagne est assez lourd mais attrayant.

Les côtelettes d’agneau arrivant plus vite que prévu, nous mettons le champagne de côté pour accueillir le Chambertin Clos de Bèze Domaine Armand Rousseau 2001. Quel grand vin, quelle joie de vivre. Il est authentiquement bourguignon. C’est un vin de vigneron, qui exprime son terroir sans fioriture, tout en générosité. Quel bonheur. Il est noble, subtil et souriant. La viande et des pommes de terre le mettent en valeur. Je ressens la personnalité d’Éric Rousseau dans son message, comme il m’arrive parfois de sentir la personnalité du vigneron dans des vins bourguignons.

Il arrive alors quelque chose de totalement inattendu. Il restait du Clos de Tart 2003 de la veille et il était temps de le finir. Je le sers et je ressens comme un choc. C’est comme si Louis XIV arrivait auprès de nous, on se lève et on se courbe en signe de respect.

Le Clos de Tart montre sa grandeur et sa gloire, avec une dimension qui le porte au-dessus du Chambertin, qui est plaisir et générosité. Le Clos de Tart m’impressionne dix fois plus que la veille.

J’adore quand se produisent des surprises de ce niveau, que je n’aurais pas imaginées.

Nous avons fini le Grand Trianon 1964 le lendemain. Sa couleur est devenue plus foncée mais cela pourrait venir de la couleur du ciel plus nuageux. Le vin est beaucoup plus accompli et cohérent que la veille, offrant un plaisir plus accompli. Décidément, les lendemains sourient aux vins.