Archives de l’auteur : François Audouze

présentation des vins du Chateau de Tracy au restaurant Guy Savoy mercredi, 13 juin 2007

A peine remis de la fatigue de cette soirée, je me dirige pour déjeuner au restaurant de Guy Savoy car un vigneron reçoit la presse et l’on me fait l’honneur de m’inclure dans ce petit groupe où des personnalités comme Michel Bettane et Bernard Burtschy sont celles que l’on écoute.

Nathalie d’Estutt d’Assay et son frère Henri présentent des Pouilly-Fumé du Château de Tracy. Lorsque l’on choisit Guy Savoy pour mettre en valeur un vin, c’est que l’on veut frapper très fort. Et Guy Savoy a répondu à l’appel par un menu dont l’intitulé, comme les courtisanes les plus redoutables, suggère plus qu’il ne dévoile : tout petit pois / entre terre et mer / thon « toutes saveurs » au gingembre / fromages affinés / passion de légumes. Le plat de petits pois est une merveille absolue, faisant ressurgir tous les souvenirs des grains verts que je croquais crus dans le jardin potager de mon grand-père. Etant venu en avance j’ai eu le temps d’évoquer avec Guy le dîner à El Bulli. Je suis ravi que nous ayons la même analyse, d’adhésion totale à la démarche de Ferran Adria qui ne convient qu’à lui, car c’est l’expression de sa personnalité. Lorsque nous attendons les retardataires on me tend un verre de Pouilly Fumé Château de Tracy 2002 à la couleur claire et nette, au nez pur. En bouche c’est la clarté de l’exposé qui apparaît. Le vin est élégant et le final est joli, poivré. Les notes citronnées sont bien mesurées.

Le 2004 a une couleur plus jaune que le 2002. Le nez est clair et la bouche est jolie. L’accord est merveilleux avec le petit pois, car on est totalement pris à contre-pied. Michel Bettane aime beaucoup cet élégant 2004 qui est 100% sauvignon.

(ce plat de petits pois est une merveille absolue)

(quel festival de couleur !)

Le 2005 a une couleur très claire et un nez surpuissant. Son goût est trop puissant pour moi. Le 2000 est de l’or. J’apprécie beaucoup, mais les grands spécialistes présents préfèrent le 2005. J’essaie de suivre leur idée, malgré le gap gustatif que représente un 2005 pour moi et je viens progressivement à leur analyse, trouvant en définitive le 2005 plus aérien et subtil que le 2000.

Nous allons maintenant goûter le « Haute densité », dont le nom provient du fait que l’on a planté 17.000 pieds de vignes par hectare, contre 7.000 pour l’appellation. Ceci permet de ne conserver que 2,5 grappes par pied et conduit à un vin plus raffiné. S’il y a de la densité de pieds plantés, il y en a aussi dans le verre ! Car le Haute Densité 2004 est une bombe de plomb. Le Haute Densité 2005 est beaucoup plus aérien, d’une élégance et d’une variété rares. J’écris sur mes notes qu’il est fabuleux, et s’harmonise avec le gingembre de délicate façon.

Le Pouilly Fumé « normal » 1998 est un petit bonheur sur trois fromages, le brie de Nadine de Rothschild et deux chèvres de la ferme du Port Aubry à Cosne-sur-Loire en forme de cônes pour s’en souvenir, l’un du 29 avril et l’autre du 29 mai, il y a donc quinze jours. Le vin est doré, au nez de citron vert, rond de plaisir en bouche. C’est un vin magnifique.

Le 1996 qui suit a un nez de truffe blanche et de pierre à fusil, avec une petite note citronnée. La couleur est d’un or très clair. J’aime le gras de ce vin, mais les deux vedettes sont pour moi le Haute Densité 2005 Château de Tracy et le Pouilly-Fumé 1998.

Henri a fait une présentation d’une rare élégance, ayant cette humilité et ce sens de la réserve qui sont l’apanage des grands. Longue vie au Château de Tracy, Pouilly-Fumé.

—–

(variation sur un dessert)

 

On m’apporte ce dessert. Je décide de mettre une bouche à ce visage.

 

Puis je lui écarte les joues, et enfin, je lui mets une moustache.

séance de l’académie des vins anciens le 12 juin mardi, 12 juin 2007

La nouvelle séance de l’académie des vins anciens se tiendra le 12 juin au Cercle Suédois.

Les conditions de participation sont les mêmes que pour la précédente séance du 29 mars (voir à cette date).

Informations :

Lieu de la réunion : Restaurant Rivoli du Cercle Suédois à Paris, 242, rue de Rivoli, 75001 PARIS, escalier de gauche dans le hall d’entrée, 2ème étage (à noter) 

TEL: 01 42 60 40 22,

Date de la réunion : c’est le 12 juin à  19 heures, heure absolument impérative.

Coût de la participation : 120 € pour un académicien qui vient avec une bouteille ancienne. 240 € pour les académiciens sans bouteille. Chèque à adresser dès maintenant à l’ordre de "François Audouze AVA" à l’adresse suivante : François Audouze société ACIPAR, 18 rue de Paris, 93130 Noisy-le-Sec.

Nota du 4 juin : n’envoyez plus aucun règlement : vous paierez sur place en espèces ou chèque au nom de "François Audouze AVA"

Dates limites : envoi du chèque : le 5 juin. Livraison des vins : le 1er juin.

Livraison des bouteilles : Au bureau de la maison de champagne Henriot 5 rue la Boétie 75008 PARIS – tél : 01.47.42.18.06. C’est au deuxième étage.

Indiquez bien votre nom sur votre paquet, mais surtout, n’écrivez rien sur les bouteilles et ne collez rien sur les bouteilles.

Compte tenu de la chaleur ambiante, me prévenir de la livraison afin que j’aille chercher les bouteilles pour les mettre en cave.

Vous pouvez vous informer sur les précédentes réunions en regardant sur le blog.

Merci de vous inscrire en utilisant mon mail (indiqué ci-dessus dans la rubrique "comment me joindre") pour une séance qui – je l’espère – sera aussi brillante que la dernière réunion qui fut un succès total.

Voici les vins annoncés :

Vouvray le Haut Lieu moelleux Domaine Huet 1924 – Maury La Coume du Roy de Volontat 1925 – Maury La Coume du Roy de Volontat 1925 – Meursault maison Bichot 1928 – Château Petit Gravet 1929 – Cru Laneré Sauternes 1931 – Château Doisy Daëne 1934 – Château Phelan Segur, mise negoce, avant guerre (39/45), bouteille soufflée (niveau HE)  – Vosne Romanée Les Suchots Louis B?? 1945 – Corton Clos du Roi Prince de Mérode Joseph Drouhin 1949 – Domaine de Chevalier rouge 1952 – Mercurey Caves de la Reine Pédauque 1952 – Château la Dame Blanche 1953 – Sauterne-Barsac Doisy-Daëne 1953 – Larrivet Haut-Brion rouge (bas) 1955 – Torres Coronas Gran Reserva 1955 – Cos d’Estournel 1955 – Chinon Couly 1958 – Corton Charlemagne Nicolas 1959 – Branaire Ducru 1959 – Château Pontet St Emilion 1959 – Santenay Clos de Tavanne 1959 – Meursault blanc Jaboulet-Vercherre 1961 – Château Petit Faurie de Soutard 1961 – Sylvaner Trimbach 1962 – Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1967 – Château Giscours 1967 – Nuits Saint-Georges Les Cailles Remoissenet P&F 1969 – Château Filhot 1969 – Château Pouget Margaux 1970 – La Passion Haut-Brion 1971 – Côte Rôtie de Vallouit 1976 – Champagne Mumm cuvée René Lalou magnum 1979 – Champagne Georg coop de Vertus 1979 – Château Gazin 1979 – Champagne Grand Blanc Philipponat 1980 – Champagne Napoléon 1982 – Champagne Napoléon 1982 – Château Carbonnieux rouge 1982 – Clos de la Coulée de Serrant Nicolas Joly 1983 – Champagne Delamotte 1985 – Krug Grande Cuvée vers 1985 – Château Grand Mayne 1987 – Hermitage rouge « Le Gréal » Sorrel 1990

Académie des vins anciens – 6ème séance – 12 juin 2007 mardi, 12 juin 2007

Voici l’ordre de service des vins, l’ensemble des bouteilles étant réparties en trois groupes de dégustateurs :

Groupe 1 :

Champagne Besserat de Bellefond – Champagne Napoléon NM (1996) – Champagne Mumm cuvée René Lalou magnum 1979 – Champagne Napoléon 1982 – Champagne Grand Blanc Philipponat 1980 – Sylvaner Trimbach 1962 – Meursault maison Bichot 1928 – Château Petit Faurie de Soutard 1961 – Larrivet Haut-Brion rouge 1955 – Château Pontet St Emilion 1959 – Château Phelan Segur, mise negoce, vers 1934 – Château Petit Gravet 1929 – Santenay Clos de Tavanne 1959 – Corton Clos du Roi Prince de Mérode Joseph Drouhin 1949 – Cru Laneré Sauternes 1931 – Château Doisy Daëne 1934 – Vouvray le Haut Lieu moelleux Domaine Huet 1924

Groupe 2 :

Champagne Besserat de Bellefond – Champagne Napoléon NM (1996) – Champagne Mumm cuvée René Lalou magnum 1979 – Champagne Napoléon 1982 – Champagne Delamotte 1985 – Meursault blanc Jaboulet-Vercherre 1961 – Château Gazin 1971 – Branaire Ducru 1959 – La Passion Haut-Brion 1971 – Chinon Couly 1958 – Nuits Saint-Georges Les Cailles Remoissenet P&F 1969 – Vosne Romanée Les Suchots Louis B?? 1945 – Côte Rôtie de Vallouit 1976 – Torres Coronas Gran Reserva 1955 – Hermitage rouge « Le Gréal » Sorrel 1990 – Château Filhot 1969 – Château la Dame Blanche 1953 – Maury La Coume du Roy de Volontat 1925

Groupe 3 :

Champagne Besserat de Bellefond – Champagne Napoléon NM (1996) – Champagne Mumm cuvée René Lalou magnum 1979 – Champagne Napoléon 1982 – Krug Grande Cuvée vers 1985 – Corton Charlemagne Nicolas 1959 – Clos de la Coulée de Serrant Nicolas Joly 1983 – Château Carbonnieux rouge 1982 – Château Grand Mayne 1987 – Château Pouget Margaux 1970 – Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1967 – Domaine de Chevalier rouge 1952 – Château Giscours 1967 – Mercurey Caves de la Reine Pédauque 1952 – Cos d’Estournel 1955 – Sauternes-Barsac Doisy-Daëne 1953 – Maury La Coume du Roy de Volontat 1925

Il y a de quoi passer une belle soirée.

Académie des vins anciens – 6ème séance – 12 juin 2007 – compte-rendu mardi, 12 juin 2007

L’académie des vins anciens a tenu sa sixième édition le 12 juin au Cercle suédois. Si le cadre est un des plus ravissants qui soient avec une belle vue qui surplombe le grand bassin du jardin des Tuileries, l’absence de climatisation en cette période est un handicap pour les vins rouges. Et le niveau de la cuisine ne restera pas dans les mémoires. Je visais 32 académiciens pour constituer deux groupes de seize vins. Mais par un prompt renfort, nous nous vîmes 39 avec 45 vins ce qui m’imposa de constituer trois groupes.

Voici ces trois groupes par ordre de service des vins, sachant que plusieurs furent communs lorsque l’on eut deux bouteilles :

Groupe 1 : Champagne Besserat de Bellefon – Champagne Napoléon NM (1996) – Champagne Mumm cuvée René Lalou magnum 1979 – Champagne Napoléon 1982 – Champagne Grand Blanc Philipponat 1980 – Sylvaner Trimbach 1962 – Meursault maison Bichot 1928 – Château Petit Faurie de Soutard 1961 – Larrivet Haut-Brion rouge 1955 – Château Pontet St Emilion 1959 – Château Phelan Segur, mise negoce, vers 1934 – Château Petit Gravet 1929 – Santenay Clos de Tavanne 1959 – Corton Clos du Roi Prince de Mérode Joseph Drouhin 1949 – Cru Laneré Sauternes 1931 – Château Doisy Daëne 1934 – Vouvray le Haut Lieu moelleux Domaine Huet 1924

Groupe 2 : Champagne Besserat de Bellefon – Champagne Napoléon NM (1996) – Champagne Mumm cuvée René Lalou magnum 1979 – Champagne Napoléon 1982 – Champagne Delamotte 1985 – Meursault blanc Jaboulet-Vercherre 1961 – Château Gazin 1971 – Branaire Ducru 1959 – La Passion Haut-Brion 1971 – Chinon Couly 1958 – Nuits Saint-Georges Les Cailles Remoissenet P&F 1969 – Vosne Romanée Les Suchots Louis B?? 1945 – Côte Rôtie de Vallouit 1976 – Torres Coronas Gran Reserva 1955 – Hermitage rouge « Le Gréal » Sorrel 1990 – Château Filhot 1969 – Château la Dame Blanche 1953 – Maury La Coume du Roy de Volontat 1925

Groupe 3 : Champagne Besserat de Bellefon – Champagne Napoléon NM (1996) – Champagne Mumm cuvée René Lalou magnum 1979 – Champagne Napoléon 1982 – Krug Grande Cuvée vers 1985 – Corton Charlemagne Nicolas 1959 – Clos de la Coulée de Serrant Nicolas Joly 1983 – Château Carbonnieux rouge 1982 – Château Grand Mayne 1987 – Château Pouget Margaux 1970 – Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1967 – Domaine de Chevalier rouge 1952 – Château Giscours 1967 – Mercurey Caves de la Reine Pédauque 1952 – Cos d’Estournel 1955 – Sauternes-Barsac Doisy-Daëne 1953 – Maury La Coume du Roy de Volontat 1925.

Les trois premiers champagnes furent servis debout au bar du cercle. Etant dans le groupe 1, voici quelques remarques, sachant que je n’ai pas pris de notes, car j’étais accaparé par des conversations et le devoir de faire semblant que tout procédait de mon organisation.

Le Champagne Besserat de Bellefon est le champagne de bienvenue, d’une bonne dizaine d’années, un peu dosé à mon goût, mais de belle générosité. Le Champagne Napoléon 1996 est un champagne de Vertus qui ne peut que me plaire, car le champagne familial depuis mes grands-parents provenait de cette commune. Très pur, précis, il excite gentiment le gosier en cette chaleur.

Le Champagne Mumm cuvée René Lalou 1979 en magnum a un nez renversant. On sait immédiatement que ce sera splendide. La bulle est très vivante, picotant même et le goût est absolument étrange car en milieu de bouche il y a des notes de pierre à fusil, de munition que l’on vient de vider de sa poudre. C’est un champagne envoûtant, d’une maestria rare.

Nous passons à table, avec le champagne Napoléon 1982 qui est non dosé et a été dégorgé il y a trois jours. Il a une belle fraîcheur convaincante. Mais mon goût est plus porté sur la maturité du champagne Grand Blanc Philipponat 1980 qui est absolument séduisant, combinant jeunesse et maturité. Le Krug Grande Cuvée vers 1985 vient troubler mes certitudes, car ce champagne fait avec des vins des années 70 a une noblesse évidente. Mais je garde un petit faible pour le Philipponnat, plus conforme à mes envies de ce soir.

Les surprises commencent pour tous avec le Sylvaner Trimbach 1962 car personne n’attendrait ce vin avec cette vigueur et cette vivacité expressive. C’est un Alsace qui fait honneur à sa région. On m’apporte un verre de Meursault blanc Jaboulet-Vercherre 1961 et là, c’est moi qui suis surpris que ce vin puisse avoir ce talent et une belle définition. Mais le respect s’impose avec le Meursault Fortier-Picard maison Bichot 1928 qui fait voyager dans l’imaginaire pur, tant le rêve côtoie le réel. Il y a à la fois des repères de grands Meursault, et des variations sur le thème de l’âge qui ne me laissent pas indifférent.

Le Château Petit Faurie de Soutard 1961 est un vin fort agréable, qui ne dégage pas une folle émotion mais représente bien la solidité de son année. Le Larrivet Haut-Brion rouge 1955 est d’un niveau bas dans la bouteille, d’une couleur très dense. Le vin fait un peu torréfié, et n’est pas déplaisant, sans plus.

Le Château Pontet St Emilion 1959 est d’une autre stature. Epanoui comme un 1959, il a le charme discret de la bourgeoisie. Le Château Phelan Segur, d’une mise négoce d’avant guerre dans une  bouteille soufflée au cul profond doit être des années 30. Compte tenu de sa belle solidité on pourrait penser à 1934. Un vin solide plein de charme.

Le Château Petit Gravet 1929 que j’avais acheté à la famille propriétaire fait partie de ces vins que je chéris particulièrement car ils montrent à mes convives – et c’est l’objet de l’académie – que des vins qui ne sont pas des appellations les plus prestigieuses savent traverser le temps. Une jeune femme américaine à ma table, dont le vin bu le plus ancien est des années 70 reçoit comme un choc cette information nouvelle : un vin de 78 ans qui ne fait pas la une de tous les journaux peut être vivant, vibrant, excitant et passionnant. Le nez est marqué par les fruits rouges, la couleur est d’une jeune beauté et en bouche, ce Saint-émilion est rassurant de joie de vivre.

Le  Santenay Clos de Tavanne 1959 est un bourgogne solide et sans histoire. L’émotion la plus absolue vient du  Corton Clos du Roi Prince de Mérode Joseph Drouhin 1949 que j’ai apporté. Il a la perfection absolue des bourgognes que l’on aime, sauvages, fous, chantants, intrépides. Un vin à conserver en mémoire comme une chanson entêtante.

Le Cru Laneré Sauternes 1931, aussi de ma cave, d’une propriété qui m’est totalement inconnue, montre une fois de plus qu’un petit sauternes exprime avec l’âge des saveurs d’agrumes délicats et de fruits exotiques comme le font les grands. Ah, bien sûr, quand on a la chance d’avoir ensuite un Château Doisy Daëne 1934 exceptionnel, on mesure qu’un vin plus grand, c’est un vin plus grand. Surtout quand ce sauternes est ici au sommet de son art. Il a l’épanouissement absolu du beau sauternes où citron, pamplemousse ananas et mangues cohabitent avec café, thé et caramel. Sa densité est exceptionnelle.

Le Vouvray le Haut Lieu moelleux Domaine Huet 1924 était fermé d’un muselet comme un vin de champagne. Le niveau du liquide collait au bouchon, car il y avait moins d’un millimètre d’air. A l’ouverture plus de cinq heures auparavant, le bouchon était fort imbibé et le liquide légèrement pétillant. En bouche, l’impression est curieuse, car on ne sait pas bien  dans quelle direction va ce vin curieux mais fort sympathique. Inclassable il dérouta plus d’un.

Certains académiciens étant fort fiers de leurs apports, on m’apporta quelques verres. Le  Chinon Couly 1958 est fort intéressant. Fragile, timide, au goût incertain, il m’attire beaucoup par son envie de plaire. Le Branaire Ducru 1959 est un vin d’un accomplissement absolu, bouteille saine comme on les aime. Le Corton Charlemagne Nicolas 1959 est fatigué malgré une couleur séduisante. Il n’a pas survécu à la chute subite de son bouchon dans le liquide au moment de l’ouverture. Le  Château Pouget Margaux 1970 est fort aimable. On fit fort compliment du Domaine de Chevalier rouge 1952 pris dans ma cave qui est une réussite étonnante de cette année, mais je n’en eus point. Le Cos d’Estournel 1955 est un vin au sommet de son art. De niveau parfait il n’a aucun défaut. Le Maury La Coume du Roy de Volontat 1925 est délicieux et charmeur comme à l’accoutumée.

Si je dois retenir quelques vins de ce que j’ai bu ce sera le Meursault 1928 très pur témoignage des goûts de l’époque, le Petit-Gravet 1929 tout en charme contenu, l’immense Doisy-Daëne 1934 et le spectaculaire Corton 1949. Rien que cela justifie l’académie. Le Mumm René Lalou 1979 en magnum est une merveille. Il y avait vraiment de quoi apprendre le monde des vins anciens. Aux sourires, à l’ambiance enjouée, on mesure que l’académie correspond à une envie d’entrer dans ce monde fascinant.

les vins de l’académie 3 lundi, 11 juin 2007

magnifique bouteille de Branaire 1959

 Je ne connais pas du tout ce vin. A découvrir grâce à l’académie !

 

Si la devise dit : "in tenebris lumen rectis", je reste dans les ténébres pour la traduction. Avis aux linguistes. Le vin quant à lui est d’une très belle couleur.

 j’ai déjà bu ce vin que je vais partager. Un vrai plaisir.

 Mon petit fillot personnel est de 1969. Alors !

les vins de l’académie 2 lundi, 11 juin 2007

Je pense que ce Corton 1940 Clos du Roi que j’ai depuis quelques années va briller à l’académie (?)

 J’ai souvent ouvert ce vin avec beaucoup de bonheur.

 On mesure l’écart de fraîcheur de l’étiquette par rapport au 1934. Et l’écart de couleur est aussi marqué !

 

Trois 1955, nous sommes gâtés !

 Voilà un apport dans l’esprit de l’académie ! Qu’allons-nous découvrir ? Du bon vin, c’est sûr.

les vins de l’académie 1 lundi, 11 juin 2007

nous finirons avec deux bouteilles de cet excellent Maury

 

Très belle bouteille et aussi belle capsule de ce Petit Gravet que j’ai acheté directement à la famille Nouvel.

 

J’aime beaucoup ces petits sauternes aux couleurs extrêmement belles. J’ai acheté ce cru Lanére sans en savoir beaucoup.

 

Magnifique Doisy Daëne 1934 d’un académicien.

ce Phélan Ségur très ancien dans une bouteille elle-même très ancienne est de quelle année ?

Disons 1935 ?

 

déjeuner chez ma fille cadette avec un bien curieux 1947 samedi, 9 juin 2007

Déjeuner chez ma fille cadette pour l’anniversaire de mon gendre. Sur de belles et rondes gougères, nous buvons un Château Laville Haut-Brion 1982. La couleur dorée est engageante. Le nez est serein, et en bouche, c’est une apothéose. Tout est parfait dans ce vin équilibré, mesuré mais profond, au charme insolent. On sent que c’est un vin de pure gastronomie. Je l’ai nettement préféré au récent Haut-Brion blanc 1992, peut-être un peu plus complexe mais nettement moins chaleureux et joyeux.

Mon gendre a déniché quelques vins anciens et c’est sans a priori qu’il nous soumet un vin qu’il a ouvert à 8h30 ce matin. La bouteille est de forme bourguignonne, bouteille soufflée à la main et au cul profond comme on en trouve pour les flacons du 19ème siècle. Or que dit l’étiquette : Château Laborde, Lalande Pomerol, Henri Lichtwitz jeune, négociant 1947. A  cette époque, on embouteillait dans les flacons qui passaient à portée de main. Cette bouteille a certainement connu des dizaines de vins différents depuis son premier usage. Il est à noter que l’étiquette dit « Lalande Pomerol » et non pas « Lalande de Pomerol » comme on dit aujourd’hui. Le vin a fortement imprégné le verre qui est devenu opaque. Le nez est immédiatement charmant. Légèrement torréfié avec des notes de truffe, ce qui convient aux œufs brouillés à la truffe. En bouche, c’est charmant. N’attendons pas un ténor. Mais ça chante bien et le plaisir que nous avons de cette découverte est un plaisir franc, sincère, car le vin est bon. Nous remarquons qu’il s’affadit dans le verre alors qu’il ne s’affadit pas en bouteille. Il faut donc se servir très peu.

Sur de délicieux filets de rougets, la première gorgée de Château de Léoville las Cases 1970 est immédiatement décevante. Ce vin n’a rien, rien à dire, rien à chanter, il est d’une platitude gustative rare, or rien ne permet de penser qu’il s’agit d’une faiblesse de la bouteille. C’est le vin qui n’a aucun message à faire passer. On revient donc au 1947 qui devait être l’outsider et se retrouve en position de leader. Le grand Saint-Julien compte suffisamment d’autres belles années où il a excellé pour que nous gardions notre estime pour Léoville. De ce beau repas familial je retiens la perfection de ce Laville 1982 magistral.