Voyage dans le Jura pour la Percée du Vin Jaune samedi, 5 février 2011

La Percée du Vin Jaune - jour 1 - arrivée dans le Jura et dîner au château de Germigney


La Percée du Vin Jaune, c'est une institution. Chaque année, les vignerons organisent une grande fête au moment où les fûts de vieillissement du vin jaune du Jura, emprisonné pendant six ans et trois mois, sont percés pour qu'enfin se révèle le millésime dont le chiffre est de sept ans de moins. Cette fête populaire est chaleureuse et c'est un prétexte pour moi d'aller respirer l'esprit du Jura.


Mon point de chute rituel est le Château de Germigney, château hôtel à Port-Lesney, magnifiquement décoré. Une incitation supplémentaire est la présence à la traditionnelle vente aux enchères d'un vin jaune de 1774.


Lors du voyage au Japon, j'avais raconté cette aimable tradition a Tomo, aussi sommes nous quatre au château de Germigney, Tomo et son épouse, la mienne et moi.


Lorsque j'avais voulu réserver, on m'apprît que l'hôtel est réservé pour des journalistes car il y a un dîner de journalistes prévu à l'occasion de la Percée. Me drapant dans une dignité offensée, je remue ciel et terre pour avoir deux chambres. Mon souhait est exaucé. Ayant été nommé l'an dernier ambassadeur des vins du Jura, je devais m'inscrire au dîner des ambassadeurs. Demandant quatre places au lieu des deux normalement attribuées, j'ai senti que ce n'était pas aussi simple, même pour un ambassadeur. Faute de réponse, nous n'en serons pas.


Nous arrivons à l'hôtel dont je connais chaque recoin et je suis heureux de retrouver la chambre que j'ai chaque année, comme s'il s'agissait d'un pèlerinage. Peu de temps après, Tomo qui venait d'arriver m'appelle au téléphone et me demande de nous rencontrer. Tomo se présente à notre chambre et son épouse porte un magnifique bouquet de fleurs printanières surmontées d'une belle orchidée. Ce sont les senteurs de printemps que met en avant ce bouquet. Quoi de plus amical que ce premier geste ? C'est une attention charmante.


Nous allons prendre l'apéritif au caveau, belle salle voûtée de plusieurs siècles. La carte des vins est assez embarrassante, car la majorité des vins sont en demi-teinte. Il est difficile de trouver des pépites, mais nous serons ce soir de géniaux orpailleurs.


Le Champagne Comtes de Champagne Taittinger 1995 est la dernière du lieu. L'étiquette est rongée et illisible. Le millésime n'apparaît pas et la contre-étiquette ne donne pas l'année. Le vin est ouvert et c'est le bouchon qui confirme 1995. Le champagne fait plus que son âge mais il est délicieux. Le nez est envoûtant et le vin est d'une grande profondeur. Si je devais exprimer ses qualités, ce serait : facilité mais intensité. C'est-à-dire qu'il se boit bien comme un champagne de soif, mais il a en lui un message typé miellé, riche et profond. Sur des gougères et des petites noix caramélisées, nous sommes aux anges.


Nous passons dans la jolie salle à manger voûtée dont l'architecture est étrange. On peut imaginer une cathédrale, aux voûtes imposantes, dans laquelle on aurait mis un plancher à trois mètres du faîte. Ce serait cette impression là. La décoration est délicate comme partout dans l'hôtel.


Mon choix de plats dans une carte très intelligente est : coquilles Saint-Jacques en deux services et selle d'agneau. La coquille crue est accompagnée de saveurs trop différentes qui dispersent l'attention alors que la coquille crue est superbe. Les dernières gouttes du Taittinger se délectent de cette chair douce.


La deuxième coquille, mi-cuite, est associée à une truffe fortement trempée dans de l'huile de truffe. C'est l'occasion de se précipiter vers le Château Gazin Pomerol 2000 qui, avant carafage, m'avait un peu rebuté par un fort modernisme, mais se civilise joliment après aération.


La selle d'agneau est divine, la chair étant d'une expressivité exemplaire. Inutile de dire que le Gazin s'en régale, car il peut briller sans la moindre retenue. Et c'est vraiment un pomerol de plaisir, un peu sculptural, mais réjouissant. Un peu de fromage permet de terminer le pomerol et c'est un morbier qui a renvoyé un signal amical au vin plus qu'un saint-nectaire pourtant hospitalier.


Nous passons au salon devant l'immense cheminée où pourraient cuire des cerfs entiers. Nous goûtons une Grappa de Sassicaia et un Marc d'Arbois de Jacques Tissot 1976. Au nez, il n'y a pas de comparaison possible, le marc est infiniment mieux dessiné que la Grappa. En bouche, le marc italien démarre de façon assez aguicheuse et finit avant même d'être apparu. Plus court, je ne connais pas. A l'inverse, le marc est pur, avec toutefois un côté écurie assez prononcé. Le cœur penche vers le marc. Nous devisons, devisons, quand arrive l'heure du marchand de sable.


-


La Percée du Vin Jaune - jour 2 - tourisme


Le lendemain matin, nous allons à Arbois au point central de la Percée. La ville grouille de gens qui finissent les décorations, fignolent les façades ou mettent la dernière main aux circuits et signalisations. Nous nous échappons vite de cette agitation pour aller découvrir quelques merveilles des paysages de cette jolie région. Les cascades du Hérisson sont un émerveillement. Dans les chutes, eau et glace cohabitent, aussi, de temps à autre on entend le bruit sourd que fait en montagne une charge de dynamite. C'est un lourd bloc de glace qui se détache de la falaise et plonge dans le torrent. L'abbaye de Baume-les-Messieurs est une étape incontournable. Restaurée en 910 elle envoya ses moines fonder l'abbaye de Cluny. Il y a là le poids de l'histoire. Les grottes et les chutes de Baume-les-Messieurs sont à ne pas manquer. Nous poursuivons notre périple par la ville de Château-Chalon qui surplombe les vignes de l'appellation que je révère. L'église de Château-Chalon, sobre mais délicate est un appréciable lieu de culte respirant l'histoire de cette commune renommée.


Passant à Poligny, c'est l'occasion de faire un crochet au magasin "Essencia", tenu par la famille Bouvret. Je vante à Tomo les vieux champagnes, vieux Yquem et vieux Tokaji. Lorsque je demande de voir deux bouteilles antiques, on me regarde comme si je voulais commettre un hold-up. Le patron appelé à la rescousse me reconnaît mais dit quand même : "à quel titre voulez-vous les voir ?". Je réponds : "mais pour les acheter bien sûr, puisque je vous ai déjà acheté quelques raretés".


La réponse claque comme un coup de fouet : "je n'ai aucune intention de les vendre, ce sera pour ma consommation". Une telle rudesse, alors que les vins sont listés et cotés dans son livre commercial, est purement inacceptable. Nous sommes sortis, abasourdis de tant d'impolitesse, puisqu'à aucun moment il n'a essayé d'expliquer pourquoi il ne vendrait pas des vins qui sont dans son catalogue.


Alors que la visite à Essencia était presque un rite, ce sera la dernière.


-


La Percée du Vin Jaune - jour 2 - dîner au château de Germigney


Nous avions commandé la veille au restaurant de l'hôtel de Germigney la volaille de Bresse pour nous quatre, parce qu'elle doit se réserver à l'avance. A l'apéritif, nous buvons la demi-bouteille reçue à titre de cadeau dans notre chambre, un gentil champagne baptisé Germigney, un peu dosé, sans grande imagination, mais très acceptable.


Au dîner, nos entrées sont différentes. La mienne est faite de pâtes, d'œuf mollet et de truffes. Le vin que nous avons choisi est un Chasssagne Montrachet Villages Domaine Ramonet 2007. C'est la déception. Car ce vin qui n'est pas mal fait, au nez puissant, est rustaud, lourd, pataud, à l'alcool trop évident. Nous nous regardons avec Tomo et la conclusion est évidente : nous n'allons pas continuer avec ce vin. Faute d'alternative, nous nous tournons vers le Champagne Comtes de Champagne Taittinger 1995 qui est la dernière du lieu, ce que l'on nous a dit aussi hier. Le champagne est toujours aussi bon. Peut-être un peu moins évolué, ce qui lui va bien, même s'il est un peu moins typé.


Nous avions commandé pour voir la réaction de la volaille de Bresse un Vin Jaune Tissot (lequel de la famille ?) 2002. Le vin arrive hélas trop chaud. Mais il est clair que l'accord le plus pertinent est avec le vin jaune, qui devient brillant dès que la carafe est rafraîchie. Nous avons pu vérifier une nouvelle fois que boire une goutte du vin jaune puis ensuite le champagne donne à celui-ci une largeur et une richesse décuplée.


Le sommelier, plutôt discret, a eu la gentillesse de ne pas compter le vin de Bourgogne que nous étions prêts à payer. Ce type d'attention fidélise une clientèle.


La volaille, élevée dans le Jura mais qui a droit au label "de Bresse", est d'une tendreté exceptionnelle. Le cuisinier fait un travail d'une très belle réalisation. Il faudrait qu'en ce lieu charmant la carte des vins rehausse son niveau pour se marier à une cuisine de grand plaisir, intelligente et fondée sur de beaux produits.


-


La Percée du Vin Jaune - jour 3 - début de la Percée et vente aux enchères


Le samedi matin, c'est le début de la Percée du Vin Jaune. Nous avons la chance d'accéder avant le rush. Sur deux jours, soixante mille personnes vont faire exploser le record de participation à cette grande fête populaire. Nous marchons dans la ville d'Arbois, décorée de façon naïve et amusante.


Nous allons regarder les bouteilles qui seront mises en vente et surtout le phare incontesté de cette vente, un vin jaune de 1774. Cette bouteille me trotte dans la tête de façon obsédante, car depuis de nombreux mois, lorsque j'ai été informé de sa vente, le désir de l'acquérir m'a pris. Quand nous nous promenons dans la ville d'Arbois, ma femme et mes amis se moquent de moi en disant : "là, tu n'es pas avec nous, tu es en plein dans la vente". Et c'est vrai que je ne pense qu'à ça. Les informations que j'ai grappillées sont peu réjouissantes : il y aurait en lice un anglais, un collectionneur de Singapour, des suisses et moi. Dans ma tête trotte : "je ne vais pas l'avoir, je ne vais pas l'avoir". Et la limite que je me fixe augmente à chaque minute depuis hier.


Nous allons faire un tour au caveau où se trouvent les vins du Château d'Arlay, accueillis par Alain de Laguiche, et je goûte un vin jaune du Château d'Arlay 2003. C'est une très jolie surprise, car il est vraiment d'une joie de vivre et d'une intensité supérieure à ma supputation.


Nous grignotons aux divers stands appétissants, profitant d'un soleil qui réchauffe nos corps et nos cœurs. A 14h30, c'est l'heure de la vente. Il y a très peu de vins très anciens, peut-être une quinzaine sur les 314 lots de la vente. De temps à autre j'achète un lot, comme pour occuper mon stress, car je n'arrête pas de bouger sur ma chaise, alors qu'à côté de moi, le compétiteur anglais est d'un phlegme britannique.


Nous sommes prévenus que FR3 va filmer la vente du lot à 16h30 précises. Assez vite, le britannique est éliminé de l'ascension des enchères. J'entends qu'au téléphone c'est un ami, grand collectionneur suisse de vins rares qui enchérit. Au lieu d'être dans la salle, il s'est installé au restaurant de Jean-Paul Jeunet qui est à quelques mètres de la salle des ventes. Il est aussi filmé par FR3 sur place, comme on me l'indiquera plus tard. Les échanges aussi rapides qu'au ping-pong se font entre le caviste qui représente le singapourien et Pierre Chevrier, le suisse au téléphone. J'écoute, un peu abasourdi, et, tout-à-coup, l'asiatique est muet. Vais-je entrer en lice, alors que l'on explose mes limites qui n'avaient cessé de grimper pendant mes réflexions ? Je lève ma petite raquette portant le numéro d'enchérisseur. Et nous montons. Par deux fois, dans ce chemin de croix, je demande de réfléchir. Puis, les idées se bousculent dans ma tête. Je la veux cette 1774 dont les grappes ont mûri du vivant de Louis XV ! Mais la raison est de céder, car je sais que Pierre est encore plus têtu que moi.


Je baisse les bras, saoul de cette montée exténuante, et tellement triste de devoir abandonner cette bouteille dont je rêvais depuis des mois. Etant le seul combattant présent dans la salle, je suis interviewé, car le prix au marteau fait exploser toutes les estimations des organisateurs, la foule ayant fait des "ho" et des "ah" à chaque franchissement de seuil.


Pierre arrive, et nous nous embrassons. Comme en un combat de boxe, les deux combattants s'embrassent pour se montrer leur estime. Je suis heureux pour Pierre et je suis surtout heureux que celui qui a eu cette bouteille la boira dans de bonnes conditions.


Nous nous congratulons, nous rions, mais c'est la retombée de l'adrénaline après cette âpre bataille. Mon excitation ne s'estompera réellement que tard dans la nuit.


Nous faisons valider nos bordereaux, le mien comportant malgré tout quelques pépites de 1937, 1947 et autres beaux millésimes. Mais encore saoul de ce match que j'ai perdu, je suis presque groggy.


Les organisateurs ouvrent quelques flacons de 1973 et 1979 qui sont des queues de vente que nous partageons à quelques habitués. Le cœur n'y est pas.


Nous retournons à notre hôtel pour nous préparer à un dîner à Salins les Bains chez un caviste qui va ouvrir quelques folies.


-


La Percée du Vin Jaune - jour 3 - dîner chez un caviste à Salins-les Bains


J'ai connu philippe Chatillon lorsqu'il dirigeait le Domaine de la Pinte à Arbois. Il fut un des premiers à accompagner ma quête de connaissance des vins du Jura. Ayant quitté ce domaine, il s'est installé comme caviste et brocanteur à Salins-les-Bains.


Pensant que j'étais seul dans le Jura pour chasser la 1774, il me propose de me joindre à un dîner qu'il organise dans sa boutique avec quelques vins. Il ne savait pas que nous étions quatre. Il donne son accord pour que nous venions en force.


L'esprit encore chaviré par l'échec des mes enchères sur le vin jaune 1774, je rentre avec mon épouse et mes amis japonais dans la boutique de Philippe. Il y a là une vingtaine de personnes attablées à une seule table toute en longueur. Nous serons à une extrémité. Philippe n'ayant demandé à personne de se présenter, nous passerons ce repas dans l'ignorance des participants. Quand nous entrons, un des convives, historien de son état, raconte des histoires sur les cépages jurassiens. Ses interventions furent toutes passionnantes.


L'apéritif se prend sur des gougères avec un Champagne Duval-Leroy en magnum non millésimé, d'avant 1999 puisqu'il est habillé d'or pour le passage de l'an 2000. Ce champagne à la très jolie bouteille se boit avec plaisir et l'effet magnum joue à plein pour le rendre agréable.


N'ayant pas pris de notes et étant encore dans le tourbillon de la vente aux enchères je serai succinct sur les appréciations des vins du repas.


Le Chardonnay ouillé Château d'Arlay 1989 est un joli vin qui évoque le toast, le miel. Il accompagne une rillette de lapin au raifort et des toasts au foie gras et à la confiture d'airelle.


Le Trousseau domaine Rolet magnum 1983 est un joli vin rouge que l'on apprécie dix fois mieux dans sa région. En effet, on sait que l'on va boire. On y est donc préparé. Il a des notes de sous-bois et de framboises du plus bel effet. Il se boit sur un croque-monsieur à la saucisse de Morteau et au comté qui donne au vin des notes de fumé. Ce vin est fort plaisant.


Le Côtes du Jura rouge Port-Lesney Jean Luc Maire 1973 est un assemblage de vieux cépages de trousseau et poulsard. Il se boit sur un saumon aux lentilles noires préparé par un chef qui s'est joint à notre table et qui venait d'être membre du jury du concours de cuisine de la Percée, comme je l'avais été l'an dernier. Entre "collègues", nous avons plusieurs fois parlé cuisine au cours de ce repas. C'est un grand bonheur que d'échanger ainsi avec un chef aux réflexions pertinentes.


Philippe, qui n'arrête pas d'ouvrir des bouteilles, présente maintenant un Savagnin ouillé d'Arbois 1955. Le vin est superbe, profitant des effets d'une année exceptionnelle. Il accompagne une volaille au vin jaune faite par Philippe qui nous annonce le nombre de litres de vin jaune qui entrent dans la recette. Ce n'est pas une noyade, c'est une plongée abyssale qu'a subie la chair du poulet.


Nous avons un intermède avec une Montilla-Moriles de 15° dont le cousinage avec les vins du Jura est tel que personne n'a nommé ce vin espagnol à l'aveugle.


Un Château Chalon 1959 sans étiquette accompagne deux comtés, un de 18 mois et un de trente mois. Ce moment a autant d'intensité que le fromage ou le vin.


Un Macvin du Château d'Arlay 1989 accompagne un dessert aux pamplemousses blanches et roses, avec une gelée de coing. Ce vin est nettement meilleur quand il est bu à ce moment du repas que lors d'un apéritif. La combinaison avec les pamplemousses se fait élégamment, grâce à la gelée.


Nous nous faisons surprendre encore une fois avec un vin dans une bouteille bordelaise à la couleur d'un vieux sauternes. C'est un vin de paille domaine de la Rectorie 1989 de 17°, vin doux naturel de banyuls au goût de raisin séché absolument charmant.


Nous finissons par un vieux marc de savagnin d'Arbois élevé en fût qui a un goût de marc exacerbé et lui aussi plaisant, malgré sa virilité.


Ce dîner est bon enfant et débonnaire, marqué par la générosité de Philippe qui ouvre des vins plus fous les uns que les autres. L'ambiance était chaleureuse. Alors que je ne savais pas quel serait le programme, ce fut pour mes amis japonais une étonnante immersion dans un groupe de passionnés dirigés par un homme généreux à la moustache à la Vercingétorix, car il aurait aimé qu'Alésia soit jurassien.


-


La Percée du Vin Jaune - jour 4 - achats chez le caviste à Salins-les Bains et repos


Le lendemain matin, nous retournons à Salins-les-Bains dans la boutique de Philippe, car au cours du repas, nous avons repéré dans sa cave de quoi justifier ce retour.


La boutique est installée dans des murs qui abritaient autrefois une banque. Aussi, la cave aux trésors est-elle protégée par des murs épais et une porte hautement blindée. C'est assez amusant. La boutique est ouverte et des visiteurs goûtent quelques vins. Philippe va chercher quelques vieilleries qu'il me demande d'ouvrir. Les vins sont morts, et ne reviendront jamais à la vie. J'ai oublié leurs âges, mais ils étaient très vieux.


Tomo fouine dans les recoins de la cave et arrive à dégoter des raretés. Je me fais guider par Philippe qui oriente mes bras vers des blancs du Jura de 1906, un blanc de 1929 et un vin de paille de 1858. Nous ramassons de quoi faire un carton pour Tomo et un carton pour moi. Nous remercions Philippe de son accueil et par un soleil resplendissant, nous préférons arpenter la ville de Salins que celle d'Arbois, envahie par une foule immense pour le deuxième jour de la Percée. Aussi bien dans cette ville que dans d'autres du Jura, le patrimoine ecclésiastique se dégrade à vue d'œil.


L'après-midi est consacré à une petite collation au caveau du Château de Germigney et à une sieste bien utile, car nous aurons un grand repas ce soir.


-


La Percée du Vin Jaune - jour 4 - dîner au restaurant Jean-Paul Jeunet


Sur un forum, j'ai conversé avec un amoureux des vins et de la gastronomie qui est présent à la Percée. Après avoir fait connaissance virtuelle sur la Toile, nous choisissons de nous retrouver au restaurant Jean-Paul Jeunet qui a deux étoiles Michelin, où j'avais déjà fort bien dîné. L'inconnu que nous allons rencontrer est un habitué de ce lieu. Nous sommes cinq à dîner.


Jean-Paul Jeunet avait vécu de près les enchères de Pierre Chevrier pour la bouteille de 1774, puisque Pierre qui logeait sur place, avait enchéri en cet endroit. Aussi quand je me présente en déclinant mon nom, Jean-Paul sourit et me dit que je n'ai pas besoin de me présenter. Il y a quelques années nous nous étions battus pour enchérir sur quelques flacons. Je dois dire que la joie de nous revoir m'a montré la chaleur humaine de ce grand chef.


Nous avons pris le grand menu qui peut être associé à des vins suggérés. Nous avons choisi sur la carte des vins.


Le menu : Foie gras de canard cuit au jus de racines et sauge, un sablé de gaudes et trompettes, caramel au poivre de Tasmanie / écrevisses, scorsonères et jeunes pousses d'herbes, justes glacées en vinaigrette à la cardamome, gelée émulsionnée au vin jaune et curcuma / consommé de royale de poule, œuf de caille poché aux épices de sous-bois, émulsion vin jaune / truffe noire de Tricastin et rattes des sables, en nuances de textures et saveurs, spaghettis Parmentier / féra de lac sur une fondue de jeunes navets, quelques herbes rares étuvées au beurre de savagnin, laits crémeux aromatiques / sorbet au vin jaune et Massala / poularde de Bresse et morilles, riz mélangés de différents pays aux herbes épicées /pressé de morbier, vinaigrette aux noix et curry / pomme "belle-fille de Salins" au vin jaune épicé, gelée naturelle et sorbet à l'écrasée de pomme, un biscuit moelleux aux noix / déclinaison sur la morille, cerfeuil tubéreux en confit et crème glacé, "tube" genièvre croustillant / quelques gourmandises.


La cuisine du chef est absolument remarquable. C'est la chair de la féra qui m'a procuré la plus belle émotion. Le service en revanche n'est pas du niveau de deux étoiles. Et ce n'est pas lié au nombre de serveurs, même si le restaurant était plein. C'est un problème d'efficacité qu'il doit être facile de corriger. Alain le sommelier, assailli de toutes parts était toujours en retard d'une bataille. Et pourtant, notre choix de vins aurait dû mériter quelques attentions particulières.


L'apéritif se prend sur un Champagne Krug Clos du Mesnil 1988. Quel grand champagne ! Même arrivé trop froid, il montre d'emblée des fleurs et des fruits roses et blancs. Sa complexité est extrême. L'acidité jouant sur les notes fruitées. Il y a aussi des notes de crème et de pâtisserie. Le champagne est raffiné, complexe, au sommet de son art.


C'est Tomo qui a insisté pour que nous choisissions les deux vins qui suivent. Le Corton-Charlemagne Domaine G. Roumier 1980 est une grande surprise. La couleur est très jeune, d'un jaune encore vert. Le nez est puissant, beaucoup plus que ce qu'on attendrait. Et, sans avoir l'ampleur d'un Coche-Dury, ce Corton Charlemagne est passionnant, d'un message clair, minéral, de grande fluidité et au beau final. Nous avons aimé de vin qui s'est montré au dessus de ce qu'on pouvait attendre.


Le Chambolle-Musigny les Amoureuses Domaine G. Roumier 1971 est une découverte et un enchantement. Il est merveilleusement bourguignon, de cette Bourgogne qui ne veut pas séduire et attend qu'on la comprenne. Car il y a une amertume qu'il faut savoir apprivoiser. Ce vin me rappelle les Richebourg du domaine de la Romanée Conti. Car on a cette distinction sur un fond assez strict que j'adore. Nous prenons un plaisir sans mélange avec un vin au raffinement infini, au boisé d'une justesse extrême, à l'amertume contrôlée et au fruit délicat. C'est un vin de haute tenue.


C'est Jean-Paul Jeunet qui est allé chercher dans sa cave une pépite. Le Vin Jaune Marcel Blanchard propriétaire récoltant à Montain 1959 est au sommet de son art, car l'année 1959 est opulente et sereine. Il n'a pas le coffre d'un Château Chalon, mais le plaisir n'est pas altéré. Sa présence en bouche est un régal.


Nous avons passé un excellent dîner avec la belle cuisine d'un chef en pleine réussite. Les vins étaient superbes. C'est un grand moment de notre séjour.


-


La Percée du Vin Jaune - jour 5 - visite aux caves Bourdy, achats et retour à Paris


Le lendemain matin, avant notre retour vers la Capitale, nous faisons une halte aux Caves Bourdy à Arlay où je passe à chacun de mes séjours. Jean-François Bourdy nous reçoit avec le sourire. Il nous raconte l'histoire du domaine qui est dans la même famille depuis plus de quinze générations, aux alentours de 1450. Il a des anecdotes passionnantes et on sent que la volonté est affirmée de conserver les mêmes stratégies tout au long de l'histoire. Le domaine est en biodynamie et les visiteurs qui peuvent entrer dans un musée de la vigne et du vin où tous les appareils proviennent du domaine, ou dans un musée de la bouteille de vin avec des exemplaires du 15ème siècle de Vieille-Loye et de tous les siècles suivants dont toutes les pièces proviennent du domaine, peuvent aussi prendre un chemin qui passe à travers les vignes, qui dure un peu plus d'une heure et explique toute la démarche de la biodynamie. Jean-François est très pédagogique et intarissable tant sa passion transpire.


Nous contemplons les trésors de la cave dont la plus vieille bouteille est de 1781 et nous sommes filmés par une chaîne locale qui savait que ce rendez-vous aurait lieu. Nous dégustons trois vins, choisis dans des années que Jean-François apprécie. Ses parents viennent nous saluer, et nous sommes heureux de les retrouver. C'est auprès du père de Jean-François que j'avais participé à une dégustation de 120 vins du Jura. Il m'avait confié que l'année 1865 est la plus grande de tous les temps. C'est elle que je vais acheter aujourd'hui, la dernière disponible puisque la restante sera gardée pour la famille.


Le Côtes du Jura rouge Jean Bourdy 1942 est un vin de connaisseur. Sa couleur est assez étonnante, car sa vivacité est extraordinaire. Le vin brille comme un rubis foncé. En cave, le nez est discret d'autant que le vin est froid. Mais en bouche il sait se montrer subtil, délicat, vin fait pour des poissons de rivière. Les vins rouges du Jura sont peu charmeurs. Si l'on sait l'accueillir, ce vin d'une grande année et accompli devient un vrai régal.


Le Côtes du Jura blanc Jean Bourdy 1953 est d'une belle couleur dorée et presque ambrée, ce qui est normal pour l'année. C'est fou comme l'âge embellit ce vins. Il est plus vin blanc que vin du Jura, précis, élégant, fait pour une gastronomie de haut niveau.


Paradoxalement, alors que je l'adore, c'est le Château Chalon Jean Bourdy 1934, de l'une des plus grandes années du siècle, qui m'étonne le moins. Car ce vin bu en cave a besoin d'une aération et d'un réchauffement. Et quand on a serré le verre dans ses doigts, l'éclosion d'un grand Château Chalon est spectaculaire. Là aussi, c'est la pureté et la précision qui caractérisent ce vin qui n'a pas du tout la noix imprégnante que l'on trouve dans les vins d'autres domaines. Tomo est aux anges, ravi d'accéder à des vins de ce calibre.


Nous faisons nos emplettes, dans des années que Jean-François donne avec parcimonie pour perpétuer l'histoire du goût des vins de son domaine.


Nous repartons vers Paris, avec des émotions et des sensations qui créent de grands souvenirs. Vive la Percée du Vin Jaune et tous les émerveillements qui se créent autour.

le film : « quatre saisons à la Romanée Conti » passe cette nuits sur FR3 lundi, 24 janvier 2011

Par un hasard comme il en existe, c'est le jour où j'adresse le bulletin 413 qui parle des vins de 2007 du domaine de la Romanée Conti que sera projeté le film : "quatre saisons à la Romanée Conti", qui montre la magie de ce vin et où est incluse la dégustation que j'ai faite avec un ami des Romanée Conti de 1986 et 1996 (racontée dans le bulletin 380).


Le film passe dans la nuit de lundi 24 à mardi 25 janvier (ce soir), à 00h35 sur FR3.

Dîner au restaurant Laurent – photos mercredi, 12 janvier 2011

Le menu : salade de mâche et toasts "Melba" aux truffes noires / tronçon de turbot nacré à l'huile d'olive, bardes de légumes verts dans un jus iodé légèrement crémé / noix de ris de veau truffée et blondie, perline et lard fumé dans une fleurette aux champignons / caille dorée en cocotte, rôtie aux abats, côtes de céleri mitonnées aux olives noires / tarte fine à la mangue




Champagne Dom Pérignon 1964



Meursault-Genevrières Premier Cru Domaine des Comtes Lafon 1985



Château Ducru-Beaucaillou Saint-Julien 1953



Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1985



Schloss Johannisberger Riesling Beerenauslese 1999



photo de groupe


dîner au restaurant Laurent avec un Richebourg de rêve mercredi, 12 janvier 2011

Il y a des amis de la bande à Jean-Philippe que nous n'avions pas vus depuis longtemps, et ça nous manquait. Rendez-vous est pris pour combler ce déficit d'occurrence de notre amitié. La table est réservée au restaurant Laurent, Philippe Bourguignon fait préparer un menu pour les vins que nous avons envie de partager. Tout est sur les rails.


Las, à 17 heures un mail nous informe qu'une subite maladie d'hiver va nous priver des amis que nous voulions honorer. J'appelle aussitôt nos amis japonais pour leur proposer ce dîner le soir même. Lui peut, elle non. La table se forme. C'est parti.


Mes bouteilles ayant été livrées la veille, mon vin rouge a été ouvert à la bonne heure. Les amis arrivent avec leurs vins qui sont immédiatement ouverts.


Nous sommes au bar et grignotant quelques snacks, nous buvons un champagne Jacques Lassaigne à Montgueux dans l'Aube. La couleur est clairette et le vin est frêle, mais d'une définition dont la précision mérite l'intérêt. Voilà un champagne qui se boit pour sa fraîcheur, avec une jolie trame et une élégance dans la précision.


Nous passons à table et le menu a été conçu pour des vins dont nous avons dû changer le casting : salade de mâche et toasts "Melba" aux truffes noires / tronçon de turbot nacré à l'huile d'olive, bardes de légumes verts dans un jus iodé légèrement crémé / noix de ris de veau truffée et blondie, perline et lard fumé dans une fleurette aux champignons / caille dorée en cocotte, rôtie aux abats, côtes de céleri mitonnées aux olives noires / tarte fine à la mangue.


Nous commençons par un Champagne Dom Pérignon 1964 à la couleur d'un bel ambre légèrement gris. Le nez est engageant, la bulle est discrète et le champagne a les complexités sereines des champagnes anciens. Il y a du fruit, de l'iode, mais il y a une astringence qui me gêne un peu. C'est sur le toast à la truffe que le champagne trouve une opulence qu'il n'aurait pas naturellement. Les champagnes anciens sont sensibles à l'histoire de leurs passages en caves.


Tomo a apporté un Meursault-Genevrières Premier Cru Domaine des Comtes Lafon 1985. Le nez est magnifique et comme le vin est froid, il n'a pas encore d'ampleur. Quand il prend sa température, il devient plus gras, plus crémeux, avec une trace d'iode, et la résonance avec la sauce du turbot est spectaculaire. C'est sans doute l'accord qui m'a le plus ému.


Le vin suivant apporté par Jean-Philippe est le Château Ducru-Beaucaillou Saint-Julien 1953. La couleur est d'une folle jeunesse. Oh, je sens le bouchon de la première gorgée qui m'est offerte. Heureusement tout indique que ce bouchon va s'effacer et c'est le cas. La truffe du ris de veau fait vibrer le vin qui prend de la richesse et de l'opulence d'un beau vin fruité. Hélas, près d'un quart d'heure plus tard, le goût de bouchon réapparaît. Mais nous avons eu pendant ces quelques minutes un saint-julien riche, bien rond et facile à vivre, d'une jeunesse inattendue.


Lorsqu'on me verse les premières gouttes du Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1985, je m'exclame, tant l'évidence s'impose : "ce vin ouvre les portes des trésors de la Romanée Conti". Et le plaisir de le boire confirme cette assertion. Ce vin est un passeport pour le paradis du domaine de la Romanée Conti. Tout en lui est parfait. Il y a la salinité que j'adore, maîtrisée pour qu'elle n'entrave pas le charme. Il y a cette retenue toute prude qui vole en éclats tant le vin est parfait. Il y a une harmonie qui n'a pas d'égale. Avec Tomo, nous convenons que ce Richebourg est plus émouvant que les Romanée Conti que nous avons bues ensemble pour un film qui passera bientôt sur FR3.


Si l'on devait définir en quoi la Romanée Conti transcende le pinot noir, nous dirions : "buvez ça". Et la montée en puissance de l'extase ne cesse jamais. Nous savons que nous vivons un grand moment, un de ceux qui sont le "retour sur investissement" émotionnel du collectionneur de vins. Le plat délicieux et viril de la caille se marie merveilleusement avec le vin, impérial et charmeur, avec la signature Romanée Conti dans un état de perfection absolue. Sel, rose fanée, fruit discret, longueur inextinguible, tout y est.


Nous sommes presque sans voix tant l'instant est important.


Sur la tarte à la mangue, Tomo a apporté une demi-bouteille de Schloss Johannisberger Riesling Beerenauslese 1999 qui titre 9°. Ce vin à la finale sèche et au sucre imposant est très agréable à boire.


Mais notre mémoire va garder : 1 - Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1985, 2 - Meursault-Genevrières Premier Cru Domaine des Comtes Lafon 1985, 3 - Château Ducru-Beaucaillou Saint-Julien 1953, 4 - Champagne Dom Pérignon 1964.


Au cours du repas, nous avons bâti les projets les plus fous qui combineront les talents culinaires de Jean-Philippe et de Tomo avec quelques vins surnaturels que notre passion nous pousserait à ouvrir. Nous ne sommes pas en peine !

quelques vins bus en 2010 vendredi, 7 janvier 2011

L'année 2010 a sans doute été la plus extraordinaire de ma vie d'amoureux des vins.


Je n'ai pas encore fait le bilan de cette année, mais voici quelques vins qui ont jalonné cette année hors norme, dans l'ordre des années :


Tokay 1819
Vin de Chypre 1841
Château Lafite Rothschild 1844
Château Lafite Rothschild 1858
Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus 1865
Château la Tour Blanche 1869
Château d'Yquem 1874
Château d'Yquem 1890
Château d'Yquem 1899
Musigny Coron Père & Fils 1899
Château Lafite 1900
Blanc Vieux d'Arlay Caves Jean Bourdy 1911
Grand Chambertin Sosthène de Grésigny 1913
Richebourg Morin Père & Fils 1923
Château Haut Brion 1926
Château d’Yquem 1928
Château Lafite-Rothschild 1928
Château Palmer 1928
Château La Mission Haut-Brion 1929
Château Margaux 1929
La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1943
Château Haut-Brion blanc 1945
Château Latour 1945
Champagne Bollinger 1945
Champagne Veuve Clicquot rosé 1947
La Romanée C. Marey & Comte Liger-Belair 1949
Château d'Yquem 1949
Champagne Heidsieck Monopole Magnum 1952
Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs magnum 1959
Château Ausone 1959
Corton Charlemagne Bouchard Père et Fils 1961
Champagne Salon 1961
Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1962
Champagne Dom Pérignon Oenothèque magnum 1966
La Romanée Liger Belair 1966
Champagne Dom Pérignon Rosé Œnothèque 1966
Château Rayas Châteauneuf-du-Pape 1970
Champagne Comtes de Champagne Taittinger magnum 1971
Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1972
Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1981
Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1986
Champagne Krug Clos du Mesnil 1988
La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1990
Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1996
Richebourg Anne Gros 1996
Château d’Yquem 2009
La Romanée Conti DRC 2009
La Romanée Grand Cru Domaine Liger-Belair 2009


J'ai mis des 2009, bus au pied des fûts, parce que cette année promet d'être une très grande année, comme souvent les vins en "9".


Les autres sont toutes des bouteilles qui m'ont ému.


Jamais, dans mes rêves les plus fous d'il y a dix ans, je n'aurais imaginé pouvoir boire de tels trésors. J'essaie d'en être un modeste et fidèle témoin, pour que leur mémoire ne disparaisse pas.

Bulletins 2010 – De 356 à 408 vendredi, 31 décembre 2010

(bulletin WD N° 408 101228) Le bulletin n° 408 raconte : dixième dîner des amis de Bipin Desai au restaurant Laurent, spectacle de danse suivi d’un dîner au restaurant de la Maison Blanche. (bulletin WD N° 407 101228) Le bulletin n° 407 raconte : dîner au restaurant Kondo, spécialiste des tempuras, dîner au restaurant Kozue de l’hôtel Park Hyatt et dîner au 52ème étage de l’hôtel Park Hyatt. (bulletin WD N° 406 101221) Le bulletin n° 406 raconte : un dîner au restaurant de l’hôtel Hoshinoya Ryokan Kyoto, un dîner au restaurant Izumi, spécialiste du poisson Fugu et un dîner au restaurant Hiramatsu Fukuoka. (bulletin WD N° 405 101221) Le bulletin n° 405 raconte : à Kyoto, dîner de Wagyu au restaurant deux étoiles Isshin et dîner traditionnel japonais au restaurant trois étoiles Arashiyama Kitcho. (bulletin WD N° 404 101214) Le bulletin n° 404 raconte : dîner au restaurant de sushis Ginza Kyubei, digestif au bar de l’hôtel, visite de Tokyo, dîner au restaurant Joël Robuchon in Tokyo, départ à Kyoto à l’hôtel Hoshinoya Ryokan Kyoto. (bulletin WD N° 403 101214) Le bulletin n° 403 raconte : remise de diplômes au Cercle Interallié, déjeuner au restaurant Le Petit Broc, 141ème dîner de wine-dinners au restaurant de Patrick Pignol, départ pour le Japon. (bulletin WD N° 402 101207) Le bulletin n° 402 raconte : déjeuner au restaurant Pierre Gagnaire,  déjeuner à la Brasserie de Saint-Louis en l’île, déjeuner au restaurant Le Divellec, des repas dans le sud dont chez des amis et Casual Friday au restaurant Gérard Besson. (bulletin WD N° 401 101207) Le bulletin n° 401 raconte : dîner chez des amis japonais, dégustation des champagnes Selosse aux Caves Legrand,  vins brésiliens, dégustation de cognacs et dîner au restaurant Laurent. (bulletin WD N° 400 101130) Le bulletin n° 400 raconte : remerciements, déjeuner au restaurant Laurent, dîner au restaurant l’Ardoise, et dégustation de cognacs Hine suivie d’un déjeuner à l’hôtel Burgundy. (bulletin WD N° 399 101109) Le bulletin n° 399 raconte : un séminaire de la Chaire UNESCO « Culture et Tradition du Vin » avec des repas au Château de Clos Vougeot, Chez Guy et au château de Gilly, le 140ème dîner de wine-dinners au restaurant Laurent et un repas ‘famille et amis’ au restaurant Mathusalem. (bulletin WD N° 398 101102) Le bulletin n° 398 raconte : un déjeuner de presse au restaurant Guy Savoy et un repas de vins anciens au restaurant Le Verre et l’Assiette à Lyon Vaise. (bulletin WD N° 397 101026) Le bulletin n° 397 raconte : un déjeuner et deux dîners gastronomiques à l’hôtel CasadelMar de Porto-Vecchio. (bulletin WD N° 396 101019) Le bulletin n° 396 raconte : un déjeuner au restaurant Citrus Etoile, une conférence sur les vins anciens à un Rotary Club avec un vin de 1900 et le premier jour d’un séjour gastronomique à l’hôtel Casa del Mar de Porto-Vecchio. (bulletin WD N° 395 101012) Le bulletin 395 raconte : une dégustation des vins de la maison Faiveley au restaurant Taillevent et un dîner d’amateurs au restaurant Le Petit Verdot. (bulletin WD N° 394 101005) Le bulletin n° 394 raconte le 139ème dîner de wine-dinners au restaurant Taillevent et un déjeuner en famille l’été (le dernier ?). (bulletin WD N° 393 100928) Le bulletin n° 393 raconte : le 138ème dîner de wine-dinners au restaurant du Yacht Club de Monaco et les fonds de bouteilles deux jours après. (bulletin WD N° 392 100921) Le bulletin n° 392 raconte : un déjeuner à la table d’hôtes d’Yvan Roux et les préparatifs d’un dîner de wine-dinners au Yacht Club de Monaco. (bulletin WD N° 391 100914) Le bulletin n° 391 raconte : un repas de famille dans le sud, un dîner à l’hôtel des Roches, un déjeuner à la table d’hôtes d’Yvan Roux et un dîner d’amis dans le sud. (bulletin WD N° 390 100907) Le bulletin n° 390 raconte : des repas de famille dans le sud, un dîner chez des amis et un déjeuner au restaurant Le Petit Nice. C’est un bulletin où l’on parle beaucoup d’accords. (bulletin WD N° 389 100831) Le bulletin n° 389 raconte : des repas dans notre maison du sud, un dîner au « Côté Mer » à Hyères, un déjeuner au Yacht Club de Monaco et un dîner chez Yvan Roux. (bulletin WD N° 388 100824) Le bulletin n° 388 raconte : plusieurs repas de vacances dans notre maison du sud et plusieurs repas à la table d’hôtes d’Yvan Roux. (bulletin WD N° 387 100817) Le bulletin 387 raconte : une dégustation verticale du Chevalier-Montrachet La Cabotte de Bouchard P&F et un dîner de vins grandioses à l’orangerie du château de Beaune. (bulletin WD N° 386 100803) Le bulletin n° 386 raconte : une dégustation des 2009 au domaine de la Romanée Conti, une dégustation de 2009 au domaine Comte Liger-Belair, un déjeunerau restaurant Loiseau des Vignes à Beaune. (bulletin WD N° 385 100727) Le bulletin n° 385 raconte : un dîner chez un ami sur la cuisine de Jean-Philippe Durand, un déjeuner au restaurant Laurent et le 137ème dîner de wine-dinners au restaurant Ambassadeurs de l’hôtel de Crillon. (bulletin WD N° 384 100720) Le bulletin n° 384 raconte : une fête de famille, un déjeuner au restaurant de la Grande Cascade, un dîner d’amis au restaurant Astrance et le 136ème dîner de wine-dinners au restaurant Ledoyen. (bulletin WD N° 383 100713) Le bulletin n° 383 raconte la 13ème séance de l’académie des vins anciens au restaurant de l’hôtel Bedford, qui fut à plus d’un titre une réunion exceptionnelle. (bulletin WD N° 382 100706) Le bulletin 382 raconte : un déjeuner au château d’Yquem, une dégustation de jeunes Yquem et le 135ème dîner de wine-dinners au château d’Yquem. (bulletin WD N° 381 100629) Le bulletin n° 381 raconte : un déjeuner au restaurant l’Assiette Champenoise, un dîner chez Yvan Roux, un dîner chez des amis, le 134ème dîner de wine-dinners au restaurant Arpège et l’arrivée en sauternais, la veille d’un grand dîner. (bulletin WD N° 380 100622) Le bulletin n° 380 raconte : un déjeuner à l’Automobile Club de France, un déjeuner au Yacht Club de France, une dégustation matinale de deux Romanée Conti et un déjeuner au Grand Véfour, une conférence dégustation à l’Institut Supérieur du Marketing du Goût et une dégustation des champagnes Krug au siège de Krug. (bulletin WD N° 379 100615) Le bulletin n° 379 raconte : le 133ème dîner de wine-dinners au restaurant Laurent avec un Tokay 1819 et un Bollinger 1945, et un dîner au restaurant Laurent, à l’occasion de la sortie du livre de Michel Chasseuil. (bulletin WD N° 378 100609) Le bulletin 378 raconte : un dîner à l’Orangerie du Château de Beaune et l’ouverture des vins d’un dîner extraordinaire au restaurant Laurent. (bulletin WD N° 377 100608) Le bulletin 377 raconte : une visite du domaine Armand Rousseau, avec dégustation des vins de 2009, un déjeuner au restaurant Chez Guy, dégustation des 2008 rouges de la maison Bouchard Père et Fils et l’ouverture des vins d’un dîner à l’orangerie du château de Beaune. (bulletin WD N° 376 100601) Le bulletin 376 raconte : le 132ème dîner de wine-dinners au restaurant Apicius, un déjeuner à la Rôtisserie du Plateau de Gravelle, un déjeuner au restaurant Arpège. (bulletin WD N° 375 100525) Le bulletin n° 375 raconte un déjeuner au restaurant Laurent, un déjeuner au restaurant Patrick Pignol et un déjeuner au restaurant Mathusalem. (bulletin WD N° 374 100518) Le bulletin 374 raconte : un concours de dégustation au cellier du champagne Bollinger, dont je suis membre du jury, un déjeuner au même cellier et le 131ème dîner de wine-dinners au restaurant Laurent, d’une forme un peu particulière. (bulletin WD N° 373 100511) Le bulletin 373 raconte : un déjeuner au restaurant Laurent, un spectacle au théâtre du Châtelet puis un dîner au restaurant Georges,une présentation des champagnes Joseph Perrier au Yacht Club de France et une bouteille ouverte de façon impromptue. (bulletin WD N° 372 100504) Le bulletin 372 raconte : un déjeuner au restaurant Le Petit Nice avec un vin sublime, un déjeuner au Yacht Club de France et un dîner au restaurant de l’hôtel Crillon, le premier jour du nouveau chef. (bulletin WD N° 371 100427) Le bulletin371 raconte : une dégustation en cave des champagnes Comtes de Champagne Taittinger, déjeuner au milieu des vignes, intronisation et dîner de l’Ordre des Coteaux de Champagne, déjeuner pascal en familleet dîner chez des amis. (bulletin WD N° 370 100420) Le bulletin n° 370 raconte : un déjeuner fou au restaurant Jacques Cagna et le 130ème dîner de wine-dinners au restaurant Le Carré des Feuillants. (bulletin WD N° 369 100413) Le bulletin 369 raconte : un « casual Friday » au restaurant de Gérard Besson et un dîner de grands vins chez un ami. (bulletin WD N° 368 100406) Le bulletin n° 368 raconte : déjeuner de famille à la maison. Les« Talents du luxe et de la création » à l’hôtel Intercontinental Opéra, déjeuner au restaurant Arpège, déjeuner au Yacht Club de France, dégustation de vieilles bières à la brasserie Cantillon (Anderlecht) et déjeuner au Bistro de la Poste à Bruxelles. (bulletin WD N° 367 100330) Le bulletin n° 367 raconte : une présentation de Grands Crus d’Alsace et la douzième séance de l’académie des vins anciens au restaurant Macéo. (bulletin WD N° 366 100323) Le bulletin 366 raconte : deux déjeuners de famille à la campagne puis chez moi, un déjeuner au restaurant de l’hôtel Bedford, un repas au restaurant Villaret, un passage au bar du Crillon et les « Domaines familiaux de tradition » de Bourgogne au Pavillon Ledoyen. (bulletin WD N° 365 100316) Le bulletin 365 raconte : un déjeuner au restaurant Laurent, un déjeuner au restaurant Apicius et le 129ème dîner de wine-dinners au restaurant Taillevent. (bulletin WD N° 364 100309) Le bulletin n° 364 raconte : un déjeuner au bar du Crillon, la visite de l’exposition au château de la Malmaison, le dîner inaugural de la Percée du Vin jaune où j’ai été nommé « Ambassadeur des vins du Jura », un concours de cuisine, une vente aux enchères, et un déjeuner au Yacht Club de France.bulletinWDN363100302.pdf (bulletin WD N° 363 100302) Le bulletin 363 raconte : une présentation de vins à Sciences Po, le dîner qui a suivi avec les élèves,  un déjeuner au restaurant Taillevent, un dîner à la table d’hôtes d’Yvan Roux et un déjeuner chez Yvan Roux. (bulletin WD N° 362 100223) Le bulletin 362 raconte : le réveillon de Noël,  le lendemain de Noël, la veille de la Saint-Sylvestre et le réveillon de fin d’année. (bulletin WD N° 361 100216) Le bulletin 361 raconte : un Casual Friday au restaurant de Gérard Besson, un dîner d’amis au restaurant Laurent et le premier repas de Noël à mon domicile. (bulletin WD N° 360 100209) Le bulletin 360 raconte : un dîner chez ma fille pour « finir les restes » de vins du dîner de vignerons, un déjeuner au Carré des Feuillants et un dîner au domicile de Jean-Philippe Durand. (bulletin WD N° 359 100119) Le bulletin 359 raconte le 128ème dîner de wine-dinners au restaurant Laurent, qui est le 9ème dîner des amis de Bipin Desai, avec des amis vignerons. (bulletin WD N° 358 100112) Le bulletin 358 raconte les deux dernières Master Class du Grand Tasting et le 127ème dîner de wine-dinners au restaurant Ledoyen. (bulletin WD N° 357 100106) Le bulletin 357 raconte des Master Class et des ateliers qui se succèdent au Grand Tasting. (bulletin WD N° 356 100105) Le bulletin 356 raconte le 126ème dîner de wine-dinners au restaurant Guy Savoy, la première Master Class du Grand Tasting du Carrousel du Louvre et un déjeuner au restaurant l’Ami Louis.

Les vins des 24 et 25 décembre dimanche, 26 décembre 2010

Champagne Krug Grande Cuvée en 1/2 bouteille des années entre 1983 et 1995



Champagne Charles Heidsieck Royal 1962




Champagne Comtes de Champagne Blanc de Blancs Taittinger 1966



Le Montrachet Marc Rougeot-Dupin 1994



Château Trotanoy 1973



Château Filhot 1885 (estimé)



On voit dans le verre des bulles apparues lorsqu'il a été soufflé



"Une" Tarragone des Pères Chartreux du début du siècle 1910 #



Champagne Krug 1973



Romanée Saint-Vivant Moillard-Grivot 1937 (hélas mort)



Côte Rôtie La Mouline Guigal 1981



petit groupe



grand groupe



déjeuner de Noël samedi, 25 décembre 2010

Le lendemain, les enfants jouent dans la neige par un temps magnifique créé par un soleil éclatant. Hier, mon gendre avait remarqué en cave que j'avais des Krug 1973. A son regard admiratif, j'ai pensé qu'il fallait faire quelque chose, aussi l'apéritif débute-t-il par un Champagne Krug 1973. L'étiquette ancienne a un côté un peu désuet mais évocateur de souvenirs de belles années de ce champagne. La capsule est tachée de graisse et il est assez difficile d'ouvrir la cape épaisse. Le muselet est d'un acier de forte section et il faut des efforts pour extirper la protection du bouchon. Lorsque je tourne le haut du bouchon je rencontre une résistance inhabituelle. Le bouchon se cisaille. Avec la mèche que j'utilise sans point d'appui il m'est impossible de l'extraire. Avec un limonadier qui dispose d'un point d'appui, je peux faire levier et le bouchon s'extrait, très dense et collé aux parois. Aucun pschitt ne ponctue cet accouchement.


Lorsque je verse le champagne dans le premier verre, il y a comme une fermentation instantanée qui se fait, le champagne provoquant une forte mousse qui disparaît en moins d'une seconde. Et, surprise des surprises, le champagne est d'une clarté blanche de jeune champagne, avec une bulle lourde et forte. Lorsque je verse dans les autres verres, la bulle est aussi forte et la couleur est aussi claire.


Je suis très circonspect sur ce que je vais boire et la surprise est énorme de voir qu'il n'y a aucune déviation de goût qui le rendrait désagréable. Le champagne est élégant, précis, minéral, bien picoté par la bulle très présente. Il est objectivement bon, et nous le boirons jusqu'à la dernière goutte, mais il est comme un texte de machine à écrire où une lettre ne frapperait jamais le papier, ou une musique dont une note particulière ne produirait aucun son. Il lui manque un "je ne sais quoi" qui en ferait un Krug. Le champagne est bon, vibrant aussi bien avec le foie gras qui est aussi moelleux mais plus intense qu'hier qu'avec la poutargue qui accentue sa droiture minérale. Même s'il n'est pas l'archétype de Krug, son originalité nous a plu puisqu'il n'existe aucun défaut en arrière-plan.


L'entrée est une crème de haricots blancs aux fines lamelles de truffe. J'ai choisi pour ce plat une Romanée Saint-Vivant Moillard-Grivot 1937. Le niveau dans la bouteille était bas. Une vilaine graisse entourait le bouchon. Il m'a fallu plusieurs fois nettoyer le goulot. Dans le verre, la couleur est déviée. Le nez est désagréable. Je n'ai même pas besoin de boire pour dire que le vin est mort. En bouche il est plutôt plus agréable que ce que le nez annonce. Inutile d'aller plus loin, le vin est écarté. Comme il reste un peu de Krug, l'accord se fait agréablement et ma fille aînée peut finir le Château Trotanoy 1973 qui continue à être fringant. La crème de haricots blancs est délicieuse, mais elle ne met pas tellement en valeur la truffe. Aussi la tentation est-elle grande d'ajouter des copeaux de foie gras qui apportent de la fraîcheur et de la cohérence au plat.


Le plat principal est un hachis Parmentier de canard à la purée de pomme de terre et aux copeaux de truffe. Le vin choisi est une Côte Rôtie La Mouline Guigal 1981. Au nez, le vin paraît fumé et trahit une évolution. En bouche, le vin est beaucoup plus séduisant, vin d'une année sèche, qui simplifie le message et réduit le fruit. Mais en fait, à l'aération, le vin devient d'une grande élégance. Il n'a rien de tonitruant, mais il suit sa route bien droite, en distillant des saveurs raffinées. A mon grand étonnement, vers le milieu de la bouteille, un joli fruit rouge est apparu, ajoutant à notre bonheur. Il faut savoir aimer aussi ces vins moins tonitruants que les jeunes. Mais on peut à juste titre se poser la question de la longévité de ces Côtes Rôties qui s'épurent avec le temps.


Comme il restait un peu de Mouline, je suis allé chercher un camembert peu affiné, j'ai tranché une truffe, et fourrant à l'improviste le camembert de truffe, cela crée un accord amusant qui titille bien la Côte Rôtie.


Le dessert est fait de mangues et ananas qui conviennent très bien au reste du Château Filhot 1885 (estimé) qui est devenu nettement plus compréhensible pour mon gendre. J'adore ce vin délicat. Il a une clarté de propos et une élégance de ballerine qui me vont droit au cœur.


Il y a eu des vins nettement moins brillants pour le déjeuner de ce deuxième jour. Cela n'a pas altéré notre joie de célébrer Noël en famille.

restaurant Le Petit verdot – photos jeudi, 23 décembre 2010

Le champagne Comtes de Champagne 1973 est joli dans ce seau



Et l'on voit apparaître, par la magie des réfractions dans l'eau, le profil d'Hidé



La Romanée, Monopole de mise du domaine de la Romanée, réserve A. Bichot 1969



Les plats



Le dessert et une Folle Blanche 1996 du domaine Boignières pour écrire le mot "FIN" à cet amical dîner