Bulletins du 2ème semestre 2025, du numéro 1063 à … jeudi, 11 décembre 2025

Roman; font-size: 12pt;">Bulletins du 2ème semestre 2025, du numéro 1063 à ... Roman; font-size: 12pt;">Pour lire le bulletin de votre choix, on clique sur le lien pour ouvrir le pdf de ce bulletin Roman; font-size: 12pt;">To read a bulletin, click on the link of this bulletin

(bulletin WD N° 1077 WD 251213)    Le bulletin 1077 raconte : déjeuner au siège des champagnes Salon et Delamotte et dîner de grands vins au restaurant Comme chez Soi de Bruxelles organisé par la société Vincroyable, dans l’esprit de mes dîners.

(bulletin WD N° 1076 251203)    Le bulletin 1076 raconte : déjeuner d’anniversaire en famille et 304ème dîner à Reims, la première fois à l’Assiette Champenoise d’Arnaud Lallement.

(bulletin WD N° 1075 251119)    Le bulletin 1075 raconte : dîner au restaurant l’Ecu de France où un jeune italien a eu un plaisir émouvant, dîner au restaurant Hakuba de l’hôtel Cheval Blanc et déjeuner au restaurant Pages, le déjeuner Enigma, 303ème repas de wine-dinners. (bulletin WD N° 1074 251111)    Le bulletin 1074 raconte : le 302ème dîner de wine-dinners au restaurant Maison Rostang Nicolas Beaumann, déjeuner du dimanche en famille, déjeuner au Yacht Club de France et déjeuner « couscous » avec des amis d’école au restaurant Harissa. (bulletin WD N° 1073 251029)    Le bulletin 1073 raconte : déjeuner au restaurant Le Sergent Recruteur avec des vins d’Algérie et le 301ème de mes dîners au restaurant Astrance.

(bulletin WD N° 1072 251021)    Le bulletin 1072 raconte : un champagne de Bouzy inconnu, déjeuner à l’Assiette Champenoise pour préparer un futur dîner, déjeuner au restaurant Pierre Gagnaire, dîner au restaurant Hanada et déjeuner au restaurant Pages avec un vin australien de 1883.

(bulletin WD N° 1071 251009)    Le bulletin 1071 raconte : déjeuner au restaurant de l’hôtel Lilou, trois déjeuners au restaurant l’Aventure, déjeuner au restaurant A.M. d’Alexandre Mazzia, une « battle » entre Salon 2008 et 2015 et déjeuner d’amis dans ma cave.

(bulletin WD N° 1070 250930)    Le bulletin 1070 raconte : déjeuner au restaurant l’Aventure, apéritif chez des voisins, arrivée des premiers convives du 15 août, déjeuner au restaurant d’Alexandre Mazzia et 300ème repas de wine-dinners dans ma maison du sud.

(bulletin WD N° 1069 250923)    Le bulletin 1069 raconte : comparaison de deux champagnes Salon, réception de voisins, déjeuner au restaurant l’Aventure, déjeuner avec des vins algériens exceptionnels, apéritifs d’été et déjeuner au restaurant Brise Marine.

(bulletin WD N° 1068 250911)    Le bulletin 1068 raconte : apéritif au restaurant Rouge, dîner au restaurant de l’hôtel Lilou, comparaison de champagnes, dîner au restaurant Rouge et plusieurs repas au restaurant l’Aventure.

(bulletin WD N° 1067 250903)    Le bulletin 1067 raconte : 299ème dîner au restaurant Le Doyenné situé à Saint-Vrain, déjeuner au restaurant l’Aventure dans le sud, et déjeuner au restaurant de l’hôtel Lilou à Hyères.

(bulletin WD N° 1066 250825)    Le bulletin 1066 raconte : dégustation de vins de Bourgogne organisée pour le club d’amateurs de vins d’une grande société internationale de conseil et déjeuner au restaurant La Maison Arthur Dubois.

(bulletin WD N° 1065 WD 250818)    Le bulletin 1065 raconte : 298ème dîner, imaginé et créé sous le signe d’une totale extravagance et déjeuner au restaurant Le Doyenné à Saint-Vrain où se tiendra un futur dîner.

(bulletin WD N° 1064 250715)    Le bulletin 1064 raconte : compétition de dégustation à l’aveugle au siège de la maison Bollinger pour 14 écoles de commerce, déjeuner avec les élèves et 297ème dîner de wine-dinners au restaurant Maison Rostang Nicolas Beaumann.

(bulletin WD N° 1063 250702)    Le bulletin 1063 raconte : dégustation de vins anciens pour les élèves de l'Association Grands Crus HEC et 296ème repas de wine-dinners au restaurant Plénitude Arnaud Donckele avec 17 vins dont 12 premiers grands crus classés de Bordeaux, pour célébrer la classification de 1855.Roman;">

dégustation des 2022 du domaine de la Romanée Conti mercredi, 10 décembre 2025

Chaque année, la société Grains Nobles présente les vins de la Romanée Conti dans le millésime qui vient d’être mis en bouteilles. Pour la première fois Aubert de Villaine ne sera pas le présentateur. C’est Perrine Fenal, co-gérante de la Romanée Conti depuis 2019 qui fera cette présentation.

L’année 2022 a une marque spéciale : tout est ‘trop’. Trop de soleil, trop de vins, trop de fûts. Le printemps fut enthousiasmant par son exubérance. La floraison fut précoce et l’été chaud brûlant et tout ce qui était excessif devint mesuré. Les vendanges commencées fin août se finirent le 13 septembre. Il y a eu une abondance de raisins donnant des jus parfaits. Ce millésime est particulier mais d’une grande clarté.

La maison Riedel représentée par son président nous a permis de boire dans des verres très adaptés aux vins. Les notes qui vont suivre ont été prises au fil de la plume, et parlent du vin tel que je le bois, dans son état actuel, et non pas en imaginant son futur, sauf si je l’évoque.

Le Corton Charlemagne Grand Cru Prince Florent de Mérode Domaine de la Romanée Conti 2022 est un vin que la Romanée Conti a commencé à vinifier en 2009. Il rassemble trois Cortons, le Bressandre, le Renard et le Clos du Roi. Aubert de Villaine avait envisagé de les vinifier séparément après quelques années de transformation des méthodes de vinification. La couleur est un peu violette. Le vin offre une bouffée de senteurs brillantes mais le nez est serré. Il en est de même pour la bouche qui est gourmande mais serrée. Le vin est un peu strict, pas très large mais montre un bel équilibre et une belle texture. Il vieillira bien.

L’Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2022 a un nez nettement plus plaisant. On change de qualité de vin. Le nez est gourmand et magique. Le vin est agréable en bouche, mais pas aussi long que ce que le nez promet. Le finale est superbe. La longueur viendra plus tard. La qualité du fruit est belle, mais c’est le nez qui est le plus fabuleux.

Le Grands-Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2022 a un nez très pur mais pas aussi ouvert et gourmand. Ce nez est plus tendu et plus fermé. En bouche le vin est grand et il a plus de matière. Il est plus accompli et plus grand et déjà gastronomique. L’Echézeaux est raffiné et subtil, le Grands Echézeaux est gourmand. Les deux sont précis et d’une grande pureté.

La Romanée Saint-Vivant Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2022 a un nez plus fermé mais tellement élégant ! l’attaque en bouche est élégante et le vin est superbe. C’est un grand vin gourmand mais aussi distingué. Je suis émerveillé par sa précision.

Le Richebourg Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2022 a un nez très riche et une bouche magique. D’une grande longueur, il est puissant et riche. Il est vibrant au point que je ressens des frissons. Ce 2022 est un géant, de réussite totale. Ce Richebourg est d’un millésime magistral, associant puissance et fraîcheur.

Paradoxalement, La Tâche Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2022 a un nez moins conquérant que le Richebourg. Ce vin est grand mais encore fermé. A ce stade il me paraît un peu scolaire. Il est plus une promesse même s’il est assez gourmand.

La Romanée Conti Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2022 a un nez très délicat et subtil. L’attaque est joyeuse et canaille. Le finale est un peu poivré. Le vin est très grand et solide. Il est plus gourmand que ce qu’est habituellement une Romanée Conti. Il est très doux et gracieux. Il va être géant, mais plus tard.

De tous ces rouges, la grande surprise, c’est le Richebourg. En le buvant après la Romanée Conti, on voit comme il est gourmand.

Nous passons aux vins blancs qui selon l’adage : blanc sur rouge, rien ne bouge…

Le Corton Charlemagne Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2022 est servi dans un verre prévu pour les blancs de Bourgogne, pertinent comme l’autre verre l’était pour les rouges. Le nez est un peu fermé mais noble. La bouche est plaisante et combine gourmandise et rigueur. Ce vin manque un peu de largeur qu’il aura plus tard. Le plaisir est limité à ce stade de sa vie. Mais il est quand même grand quand le vin s’est réchauffé dans le verre.

Le Montrachet Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2022 a un nez d’une noblesse rare. Il est très pur. En bouche l’attaque est gourmande. Le vin est d’une grande puissance et d’une belle rondeur, sans aucun botrytis. Même s’il a une belle attaque il faudra attendre ce vin qui manque un peu de finale.

Michel Bettane présent a apporté des commentaires sur ces vins, en plus des présentations de Perrine Fenal, en insistant sur la précision du travail qui a été fait au domaine.

J’avais bu tous ces vins de 2022 sur fût au domaine de la Romanée Conti  le 15 mai 2023 et j’avais commenté ces vins dans le bulletin 996. Ces vins étaient alors des promesses incroyables et j’en avais été ému. Ils sont plus affirmés aujourd’hui et porteurs de belles promesses. La tentation sera très grande de les boire jeunes. La sagesse serait sans doute d’attendre, car ces 2022 ont tout le potentiel pour devenir des vins aussi glorieux que les 1928. J’en suis persuadé, mais je ne serai plus là pour en faire la preuve. Pourvu que mes petits-enfants en gardent !!!

des vins à risque et des merveilles dimanche, 7 décembre 2025

J’ai commencé à entrer des vins en cave en 1970. C’est en 1975 qu’est apparu mon amour pour les vins anciens. De ce fait il y a dans ma cave des bouteilles dont l’espérance de vie est en question, généralement du fait de la faiblesse du bouchon qui ne joue plus son rôle, mais aussi des blessures des capsules qui favorisent les évaporations. Comme mon âge avance, je sais que je ne pourrai pas boire tous les vins qui m’attendent, alors il faut que je m’intéresse aux vins qu’il faut ‘sauver’, c’est-à-dire, les boire avant qu’il ne soit trop tard.

C’est évidemment avec mon fils que je peux « sauver ces soldats blessés ».

J’ai ouvert de bon matin les vins du repas. En premier, La Tâche 1954 au niveau très bas. Le haut du goulot est plein de poussière et le bouchon est noir et poussiéreux. Tout est sale et mes mains sont noires. Et, pour couronner le tout l’odeur est désagréable et nauséabonde. Tout laisse prédire un vin imbuvable.

J’ouvre donc un Corcol Grand Vin de Beaune Bourgogne 1938 qui a lui aussi un bouchon noirci et sale, mais le parfum annonce un vin probablement buvable.

J’ouvre ensuite un Champagne Maurice d’Arhanpé Blanc de Blanc Mareuil sur Ay 1955 venant d’un caviste de Monte Carlo. C’est curieux qu’on fasse à Mareuil un blanc de blancs dans la région des blancs de noirs. Le bouchon se cisaille lorsque je le tourne pour le sortir. L’odeur est possible, nous verrons.

Comme je ne peux pas imposer à mon fils uniquement des vins ‘en sursis’, j’ai ouvert une demi-bouteille de Champagne Perrier-Jouët Réserve Cuvée Finest quality Extra Dry 1928 réservé pour la Grande Bretagne qui est d’une rare beauté. Le bouchon vient entier et il a une particularité que je vais essayer d’élucider : au centre de la capsule rouge, il y a comme la tête d’un clou doré, qui porte un nombre : 40. De quoi s’agit-il, je ne sais pas.

Quatre heures plus tard, nous prenons l’apéritif autour d’un caviar osciètre de Kaviari, absolument délicieux. Le couleur du Champagne Maurice d’Arhanpé Blanc de Blanc Mareuil sur Ay 1955 est presque rouge foncé. En bouche, le champagne est délicieux. Il a des signes d’âge qui ne limitent pas le plaisir de le boire. 1955 est une grande année dans beaucoup de régions dont la Champagne. L’accord est grand avec le caviar et moins avec une rillette de porc. Nous considérons, mon fils et moi, que c’est un grand champagne.

Nous passons à table. La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1954 est d’un belle couleur d’un beau rouge et ce qui est ahurissant, c’est que le parfum est parfait. Je suis habitué aux resurrections de vins de la Romanée Conti, mais c’est quand même invraisemblable que le vin soit si grand. Nous avons l’une des plus belles expressions de La Tâche, avec le côté salin si reconnaissable. Sur un poulet délicieux, nous sommes aux anges et d’autant plus que ce vin aurait été éliminé par plus d’un amateur de vins anciens.

Nous n’en sommes pas à une suprise près, car quand le Corcol Grand Vin de Beaune Bourgogne 1938 est servi, on sent nettement un nez de bouchon. Et quand le vin est servi le nez de bouchon est toujours là, mais aucune trace n’est perceptible en bouche. Le vin est agréable mais n’a pas le charme de La Tâche. Il est quand même intéressant. Le Brillat-Savarin fait briller le Corcol 1938 alors que l’Époisse est idéale pour La Tâche.

C’est maintenant le moment de boire le petit bijou que je voulais partager avec mon fils. Le Champagne Perrier-Jouët Réserve Cuvée Finest quality Extra Dry 1928 en demi-bouteille a une couleur d’une incroyable jeunesse, d’un or éblouissant. Et le champagne est majestueux, riche, flamboyant de jeunesse. Quel bonheur ! Alors que j’avais trouvé La Tâche magistrale, ce champagne m’émeut encore plus, car je suis un adorateur du millésime 1928.

Alors que j’avais choisi des vins à risque, le plus en danger étant La Tâche, nous avons bu deux vins merveilleux, La Tâche à la résurrection impensable et le glorieux Perrier-Jouët brillantissime. Mais les autres avaient aussi leur mot à dire, car ils avaient encore de beaux messages. Cette expérience avec mon fils m’a beaucoup plu.

305th wine-dinners in Astrance restaurant vendredi, 5 décembre 2025

The 305th wine-dinners dinner is held at the Astrance restaurant with chef Pascal Barbot. We are twelve and it is certainly one of the most cosmopolitan of my dinners: there are two Hungarians whom I had met at the recent dinner at the restaurant Comme chez Soi in Brussels, two Spaniards including a winemaker, a Dutch also a winemaker in Champagne, a French person living in Mexico who came with his two children and three regulars. Half of the table is made up of new participants at my dinners.

I arrive very early at the restaurant because I will receive around 4pm the two Spanish guests who wish to let me taste wines from their vineyard. When I say hello to Pascal Barbot, he is all joyful because he was able to find an old Brane-Cantenac that will serve as a red mullet sauce to create a beautiful agreement with the Petrus 1976 and the Brane-Cantenac 1978.

While waiting for my Spanish friends, I open the bottles. The sommelier Lucas Hubert brought me the bottles he had put on their feet last night and the color of La Tâche 1966 seems like a rosé wine. Would the wine be depigmented? I don’t see any deposit. This color remains an enigma.

As always, there are wines whose stoppers come in torn pieces, which is generally caused by necks that are not cylindrical and whose pinching prevents the ascent. This will be the case for the Carbonnieux Blanc 1947 cork and especially for the wine of Cyprus 1870.

Luis and Emmanuel came with three bottles of wine, an Alto Alberche 2023 from Domaine Dexaïe de la Sierra de Gredos and two great wines La Camilleja Domaine Dexaïe 2021 and 2023. These wines from the Sierra de Gredos are growing at an altitude of 1200 meters. The wine is based on Grenache with sometimes centenary vines. If the Alto Alberche 2023 is simple but pleasant, both La Camilleja are really big and rich, with a beautiful nobility. This wine enjoys a good reputation and I am happy to have tasted these two vintages.

To thank my friends, I had brought a 1973 Champagne Canard Duchêne of which there was one unopened bottle left from the three that I had brought to the academy of ancient wines. This champagne is round and charming, tasty and full of pleasure.

The dinner composed by Pascal Barbot for my wines is thus written: gougères au comté, gribiche tiles with radishes, Pata Negra ham / some shellfish, raw and cooked/ Koshihikari rice, marinated juice / scallops, warm oysters and Kombu butter / steamed rouget butter and red butter / grilled hare grated, onion fondue / hare compote according to the recipe of Senator Couteau / Charcoal mushrooms and melted with comté/ natural stilton/ mango/ financial with rose.

The guests arrive and we start with a Champagne Laurent Perrier Grand Siècle 60s or 70s. It is of a beautiful maturity and noble, but it is especially the roundness and softness that make it very pleasant. With Spanish ham, the pairing is gourmet.

From the first sip of the 1982 Salon Champagne, we know that we are in the presence of an immense champagne. We rub shoulders with the perfection of champagne. What nobility! What greatness! With the oyster, champagne is excited. It is lively. With a clam topped with an acidic sauce, it is also excited. We swim in happiness.

Normally the 1982 Salon should have accompanied the divine rice which is a success of Pascal Barbot, but we were greedy and the rice accompanies the Château Carbonnieux Graves Blanc 1947 which one might think that the nose is corked but this is not the case. This perfume hinders a bit to appreciate at best the very interesting, fluid and pleasant Graves from 1947.

On the contrary, the Bâtard-Montrachet Antonin Rodet 1989 is rich and generous. I believe I have never tasted such succulent and delicate scallops as those prepared by Pascal Barbot this evening. The texture is divine and moves me, and the solid Bâtard highlighted the dishes showing a wealth that brings happiness.

The red mullet is also masterfully treated with a Brane-Cantenac wine sauce. The Château Brane-Cantenac Pauillac 1978 is an accomplished wine, very dense, but it is a little erased by the complexity and refined richness of the Pétrus Pomerol 1976. What a great truffle-flavored wine highlighted by this fish that is my ‘caprice” : every time I put a Petrus in a dinner, I like it to be accompanied by a red mullet and a red wine sauce. We have the proof.

In the menu, it was planned that the two Bourgognes would be served together, but I prefer that the Musigny Vieilles Vignes Domaine Georges de Vogüé 1985 be alone to add the hare râble. This racy and glorious wine is of a rare youth. We are in the presence of a very great long, rich, and subtle Burgundy. It leaves a very convincing impression on the palate. The highly veniform character of the hare highlights it.

The hare compote is served for La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1966 which has completely lost the rosé color of the moment of the opening. The wine has a beautiful dark color and its scent is that of a rich and powerful wine. This 1966 is of a perfect personality and we are all under the charm of this wine. What happiness!

Next to him on the same dish there is the Châteauneuf du Pape Réserve des Chartes Léopold Ranc 1947. If he were alone, we would feast on his incredible balance and charm. But unlike Josephine Baker, we cannot have two loves on this dish.

I had asked Pascal Barbot not to plan for a county that is too often chosen to marry a yellow wine from the Jura. His dish with mushrooms happily accompanies a relatively little powerful but pleasant and very accessible Château Chalon Joseph Tissot 1947.

We will now drink three wines that if they were rated at school, would have 20 out of 20 or if they were rated by wine experts, would have 100 out of 100.

The Château de Fargues Lur-Saluces 1989 is the ideal and perfect Sauternes of this period, a total achievement for its age. Alexandre de Lur Saluces was very proud of this 1989 Fargues that I have drunk several times with him.

The Château Guiraud Sauternes 1893 is equipped with an original stopper. The year can be clearly read on the cap, which is not frequent for very old corks and the capsule bears the name Guiraud which is very readable. The bottle has no label and a thick layer of black dust was removed when I had to open the wine, so that Lucas would not have black hands at the time of serving this wine.

To situate this 1893, it turns out that I had the chance to drink 106 vintages of Yquem and that I consider Yquem 1893, drunk several times, as the archetypal Yquem. It summarizes and synthesizes everything that Yquem can offer. I find in this Guiraud 1893 a particular perfection. This wine offers wealth and grace, with infinite finesse. It is sweet but lively. It is the perfection of the multifaceted Sauternes.

At the opening, the Vin de Chypre 1870 was the one with the most complex fragrance possible. I made Emmanuel, the Spanish winemaker feel it so that he smells an absolutely complex perfume, mixing acidity and sweetness. I am naturally in love with these sweet wines so powerful.

The atmosphere at our table was particularly cheerful. Jokes and laughter were flowing but in front of the wine, we were serious.

There are so many great wines that we have very different votes. All the wines of the meal had at least one vote, which is remarkable since we drank thirteen wines.

Five wines were nominated first. The Salon 1982 and La Tâche 1966 each had four first-prize votes. The wine of Cyprus 1870 had two first-place votes. Le Bâtard-Montrachet 1989 and the Guiraud 1893 had a first vote and what is paradoxical, it is that the Guiraud, despite only one first vote finishes first in front of those who had four first votes, because he had six second votes.

The ranking of the entire table is: 1 - Château Guiraud Sauternes 1893, 2 - La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1966, 3 - Champagne Salon 1982, 4 - Vin de Chypre 1870, 5 - Bâtard-Montrachet Antonin Rodet 1989, 6 - Musigny Vieilles Vignes Domaine Georges de Vogüé 1985.

My ranking is: 1 - La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1966, 2 - Château Guiraud Sauternes 1893, 3 - Champagne Salon 1982, 4 - Vin de Chypre 1870, 5 - Bâtard-Montrachet Antonin Rodet 1989, 6 - Château de Fargues Lur-Saluces 1989.

Pascal Barbot often came to comment on the dishes. He achieved tonight a quality and subtlety that make me think he is at the level of a three-star chef. The cooking of scallops, rice, mullet are at the top of what I have been able to taste in my culinary experiments. He lives these gastronomic moments with passion.

All this evening, by the cosmopolitan side of the table, its good mood, the cuisine and exceptional wines, makes this 305th dinner one of the most exciting that I have created.

le 305ème dîner au restaurant Astrance vendredi, 5 décembre 2025

Le 305ème dîner de wine-dinners se tient au restaurant Astrance avec le chef Pascal Barbot. Nous sommes douze et c’est certainement l’un des plus cosmopolites de mes dîners : il y a deux hongrois que j’avais rencontrés au récent dîner au restaurant Comme chez Soi à Bruxelles, deux espagnols dont un vigneron, un hollandais lui aussi vigneron en Champagne, un français vivant à Mexico venu avec ses deux enfants et trois habitués. La moitié de la table est composée de nouveaux participants à mes dîners.

J’arrive très en avance au restaurant car je recevrai vers 16h les deux convives espagnols qui souhaitent me faire goûter des vins de leur vignoble. Lorsque je dis bonjour à Pascal Barbot il est tout joyeux car il a pu récupérer un Brane-Cantenac ancien qui servira de sauce au rouget pour créer un bel accord avec le Pétrus 1976 et le Brane-Cantenac 1978.

En attendant mes amis espagnols, j’ouvre les bouteilles. Le sommelier Lucas Hubert m’apporte les bouteilles qu’il avait mises debout hier soir et la couleur du La Tâche 1966 paraît celle d’un vin clairet. Est-ce que le vin serait dépigmenté ? Je ne vois pas de dépôt. Cette couleur reste une énigme.

Comme toujours il y a des vins dont les bouchons viennent en morceaux déchirés, ce qui est généralement causé par des goulots qui ne sont pas cylindriques et dont le pincement empêche la remontée. Ce sera le cas pour le bouchon du Carbonnieux Blanc 1947 et surtout pour le vin de Chypre 1870.

Luis et Emmanuel sont venus avec trois bouteilles de vins, un Alto Alberche 2023 du Domaine Dexaïe de la Sierra de Gredos et deux grands vins La Camilleja Domaine Dexaïe 2021 et 2023. Ces vins de la Sierra de Gredos sont élevés à une altitude de 1200 mètres. Le vin est à base de grenache avec des vignes parfois centenaires. Si l’Alto Alberche 2023 est assez simple mais plaisant, les deux La Camilleja sont vraiment grands et riches, d’une belle noblesse. Ce vin jouit d’une belle renommée et je suis content d’avoir goûté ces deux millésimes.

Pour remercier mes amis j’avais apporté un Champagne Canard Duchêne 1973 dont il restait une bouteille non ouverte des trois que j’avais apportés à l’académie des vins anciens. Ce champagne est rond et charmant, goûteux et porteur de plaisir.

Le dîner composé par Pascal Barbot pour mes vins est ainsi rédigé : gougères au comté, tuiles gribiche aux radis, jambon Pata Negra / quelques coquillages, crus et cuisinés/ riz Koshihikari, jus marinière / saint-jacques, huitre tiède et beurre de Kombu / rouget vapeur et beurre rouge / râble de lièvre grillé, fondue d’oignon / compote de lièvre selon la recette du sénateur Couteau / Champignons à la braise et fondue au comté / stilton au naturel / mangues / financier à la rose.

Les convives arrivent et nous commençons par un Champagne Laurent Perrier Grand Siècle années 60 ou 70. Il est d’une belle maturité et noble, mais c’est surtout la rondeur et la douceur qui le rendent très plaisant. Avec le jambon espagnol, l’accord est gourmand.

Dès la première gorgée du Champagne Salon 1982 on sait qu’on se trouve en présence d’un champagne immense. On côtoie la perfection du champagne. Quelle noblesse ! quelle grandeur ! Avec l’huître le champagne est excité. Il est vif. Avec un clam garni d’une sauce acide il est aussi excité. Nous nageons dans le bonheur.

Normalement le Salon 1982 aurait dû accompagner le riz divin qui est une réussite de Pascal Barbot, mais nous avons été gourmands et le riz accompagne le Château Carbonnieux Graves Blanc 1947 dont on pourrait penser que le nez est bouchonné mais ce n’est pas le cas. Ce parfum gêne un peu pour apprécier au mieux le très intéressant fluide et plaisant Graves de 1947.

Au contraire, le Bâtard-Montrachet Antonin Rodet 1989 est riche et généreux. Je crois n’avoir jamais goûté des coquilles Saint-Jacques aussi succulentes et délicates que celles préparées par Pascal Barbot ce soir. La texture est divine et m’émeut et le solide Bâtard a mis en valeur le plats montrant une richesse porteuse de bonheur.

Le rouget est lui aussi traité de façon magistrale avec une sauce au vin de Brane-Cantenac. Le Château Brane-Cantenac Pauillac 1978 est un vin accompli, très dense, mais il est un peu effacé par la complexité et la richesse raffinée du Pétrus Pomerol 1976. Quel grand vin au goût truffé mis en valeur par ce poisson qui est mon ‘caprice’ : chaque fois que je mets dans un dîner un Pétrus, j’aime qu’il soit accompagné par un rouget et une sauce au vin rouge. Nous en avons la preuve.

Dans le menu il était prévu que les deux bourgognes soient servis ensemble, mais je préfère que le Musigny Vieilles Vignes Domaine Georges de Vogüé 1985 soit seul pour accompagner le râble de lièvre. Ce vin racé et glorieux est d’une jeunesse rare. On est en présence d’un très grand bourgogne long, riche et subtil. Il laisse une trace en bouche très convaincante. Le caractère très gibier du lièvre le met en valeur.

La compote de lièvre est servie pour La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1966 qui a perdu complètement la couleur clairette du moment de l’ouverture. Le vin a une belle robe foncée et son parfum est celui d’un vin riche et puissant. Ce 1966 est d’une personnalité parfaite et nous sommes tous sous le charme  de ce vin. Quel bonheur !

A côté de lui sur le même plat il y a le Châteauneuf du Pape Réserve des Chartes Léopold Ranc 1947. S’il était seul, on se régalerait de son équilibre incroyable et de son charme. Mais contrairement à Joséphine Baker, nous ne pouvons pas avoir deux amours sur ce plat.

J’avais demandé à Pascal Barbot de ne pas prévoir de comté qui est trop souvent choisi pour se marier à un vin jaune du Jura. Son plat avec des champignons accompagne fort heureusement un Château Chalon Joseph Tissot 1947 relativement peu puissant mais agréable et très accessible.

Nous allons maintenant boire trois vins qui s’ils étaient notés à l’école, auraient des 20 sur 20 ou s’ils étaient notés par des experts en vins, auraient des 100 sur 100.

Le Château de Fargues Lur-Saluces 1989 est le sauternes idéal et parfait de cette période, d’un accomplissement total pour son âge. Alexandre de Lur Saluces était très fier de ce Fargues 1989 que j’ai bu plusieurs fois avec lui.

Le Château Guiraud Sauternes 1893 est doté d’un bouchon d’origine. L’année se lit clairement sur le bouchon, ce qui n’est pas fréquent et la capsule porte le nom Guiraud qui est très lisible. La bouteille n’a aucune étiquette et une forte épaisseur de poussière noire a été enlevée lorsque je devais ouvrir le vin, pour que Lucas n’ait pas les mains noires au moment du service de ce vin.

Pour situer ce 1893, il se trouve que j’ai eu la chance de boire 106 millésimes d’Yquem et que je considère Yquem 1893, bu plusieurs fois, comme l’Yquem archétypal. Il résume et synthétise tout ce qu’Yquem peut offrir. Je trouve en ce Guiraud 1893 une perfection particulière. Ce vin offre de la richesse et de la grâce, avec une finesse infinie. Il est doux mais vif. C’est la perfection du sauternes multiforme.

A l’ouverture, le Vin de Chypre 1870 était celui qui avait le parfum le plus complexe qui soit. Je l’ai fait sentir à Emmanuel, le vigneron espagnol pour qu’il sente un parfum absolument complexe, mêlant l’acidité et la douceur. Je suis naturellement amoureux de ces vins doux si puissants.

L’atmosphère à notre table a été d’une gaieté particulière. Les plaisanteries et les rires fusaient mais face au vin, nous étions sérieux.

Il y a tellement de grands vins que nous avons des votes très différents. Tous les vins du repas ont eu au moins un vote, ce qui est remarquable puisque nous avons bu treize vins.

Cinq vins ont été nommés premiers. Le Salon 1982 et La Tâche 1966 ont eu chacun quatre votes de premier. Le vin de Chypre 1870 a eu deux votes de premier. Le Bâtard-Montrachet 1989 et le Guiraud 1893 ont eu un vote de premier et ce qui est paradoxal, c’est que le Guiraud, malgré un seul vote de premier finit premier devant ceux qui ont eu quatre votes de premier, car il a eu six votes de second.

Le classement de l’ensemble de la table est : 1 - Château Guiraud Sauternes 1893, 2 - La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1966, 3 - Champagne Salon 1982, 4 - Vin de Chypre 1870, 5 - Bâtard-Montrachet Antonin Rodet 1989, 6 - Musigny Vieilles Vignes Domaine Georges de Vogüé 1985.

Mon classement est : 1 - La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1966, 2 - Château Guiraud Sauternes 1893, 3 - Champagne Salon 1982, 4 - Vin de Chypre 1870, 5 - Bâtard-Montrachet Antonin Rodet 1989, 6 - Château de Fargues Lur-Saluces 1989.

Pascal Barbot est venu souvent nous commenter les plats. Il a atteint ce soir une qualité et une subtilité qui me font penser qu’il est du niveau d’un chef trois étoiles. Les cuissons des saint-jacques, du riz, du rouget sont au sommet de ce que j’ai pu goûter dans mes expériences culinaires. Il vit ces instants gastronomiques avec passion.

Tout ce soir, par le côté cosmopolite de la table, sa bonne humeur, la cuisine et des vins hors normes, fait que ce 305ème dîner est l’un des plus passionnants que j’ai créés.

43ème Académie des Vins Anciens jeudi, 27 novembre 2025

L’académie des vins anciens, pour sa 43ème édition, se tient au restaurant Macéo qui est le lieu privilégié depuis de nombreuses années. L’abondance des apports a été extrême au point que pour 30 convives, il y a eu 31 vins apportés par des académiciens généreux. Pour une première fois, j’aurais pu n’ajouter aucun vin de ma cave. Mais il se trouve que les plus généreux, qui sont invités à ma table, remplissaient à eux seuls ce que pouvaient boire deux tables.

Pour faire trois tables cohérentes, j’ai décidé d’ajouter 14 vins, ce qui fait que l’abondance existerait pour toutes les tables.

Voici les vins qui seront bus à l’apéritif et à chacune des tables.

Apéritif pour tous les participants : Magnum Perrier-Jouët Grand Brut NV (# 1970 à 1980) - Magnum Champagne Charles Heidsieck Brut réserve # 1985 - 3 bouteilles de Champagne Canard Duchêne 1973.

Vins de la table 1 : Champagne Dom Pérignon 1978 - Champagne Cristal Roederer 1947 - Vouvray Clovis Lefèvre 1959 - Château Laville Haut-Brion Blanc 1948 - Double magnum Château Gazin Pomerol 1975 (partagé) - Château Mauvezin Saint-Emilion 1937 - Château Mouton-Rothschild  1929  - Cos d'Estournel Saint-Estèphe 1929 - Château Trotanoy Pomerol 1943 - Vosne-Romanée non-identifié 1903 - Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1972 - La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1972 - Châteauneuf-du-Pape Bessac Monopole 1933 - Châteauneuf du Pape, cardinal de Saint-Ange 1937 - Cru de Coy Enclave Yquem 1923.

Vins de la table 2 : Champagne Roederer années 50 - Champagne Dom Pérignon 1982 - Pinot gris Vins de Moselle 1981 - Double magnum Château Gazin Pomerol 1975 (partagé) - Château du Glana Saint Julien 1952 - Chateau Cantenac Brown Margaux 1959 - Château Soutard Saint-Emilion 1955 - Château Figeac Saint-Emilion 1955 - Beaune Henry Girodit 1937 - Corton Hospice de Beaune 1967 - Château Lange Sauternes 1966 - Château d'Arche Pugneau Sauternes 1923.

Vins de la table 3 : Champagne Ruinart années 50 - Vouvray Clovis Lefèvre 1959 - Clos de la Coulée de Serrant Mme Joly 1983 - Meursault Genevrières domaine Latour Giraud 1987 - Double magnum Château Gazin Pomerol 1975 (partagé) - Château Canon Saint-Emilion 1971 - Château Trottevieille 1945 - Aloxe Corton Successeurs Girodit Henry 1934 - Amarone della Valpolicella 1947 - Gewurztraminer Spaetlese 1970 - Château Lafaurie Peyraguey Sauternes 1970.

Si la table 1 a plus de vins que les autres c’est parce que les plus généreux des convives ont vu leurs vins partagés dans les deux autres tables et comme les apporteurs aiment boire les vins qu’ils ont apportés, j’ai dû leur laisser à la table 1 un plus grand nombre de leurs apports.

Comme à chaque académie j’avais fixé des dates limites pour s’inscrire, pour payer sa participation et pour apporter ses vins aux lieux prévus, et comme d’habitude les dates limites ne sont pas respectées, ce fut une fois de plus le cas. C’est la vie !

Il est intéressant de voir les millésimes qui seront bus à chaque table :

Table 1 : 1903 - 1923 - 1929 - 1933 - 1937 - 1937 - 1943 - 1947 - 1948 - 1959 - 1972 - 1972 - 1975 - 1978 – 1985.

Table 2 : 1923 - 1937 - # 1950 - 1952 - 1955 - 1955 - 1959 - 1966 -1967 - 1975 - 1981 – 1982.

Table 3 : 1934 - 1945 - 1947 - # 1950 - 1959 - 1970 - 1970 - 1971 - 1975 - 1983 -1987.

Jamais nous n’aurons eu à l’académie autant de millésimes mythiques, avec 23 vins d’avant 1960. C’est vraiment une académie de vins anciens.

Béatrice, l’amie qui range les bouteilles vides dans la grande salle où je garde les plus belles m’a aidé à rassembler tous les vins de cette séance que j’avais reçus. Elle va aider à l’ouverture des vins et ensuite fera le service des vins d’une des tables, en complément du service fait par Adrian Williamson, le directeur du restaurant et l’un des serveurs.

Des amis me rejoignent pour l’ouverture des vins. Beaucoup de bouchons sortent déchiquetés car il y des goulots non cylindriques dont les surépaisseurs déchirent le liège. Quelques vins ont des odeurs de bouchon qui disparaîtront peut-être. Les bouchons des deux vins du domaine de la Romanée Conti sont les plus durs à tirer. L’un d’eux tombe dans le liquide et Béatrice arrivera à l’extraire et à remettre le vin dans la bouteille.

Les amis des ouvreurs sont généreux. L’un ouvre un Pouilly-Fuissé Pascal Renaud Vieilles Vignes 2021 simple mais agréable à boire. Un autre a apporté un Puligny-Montrachet Clos de la Garenne Alvine Pernot 2022 que je trouve gourmand, rond et joyeux. Un autre ami a apporté un Riesling allemand Fritz Schäfer 1970 qui a le charme des vins doux allemands. Un autre a apporté un Chassagne-Montrachet Caroline Morey 2022 délicat. C’est la débouche de générosité.

Un fidèle académicien a apporté un comté 36 mois et un camembert à la truffe noire qui ont mis en valeur les vins jeunes de cette séance d’ouverture des vins.

Comme si nous manquions de vins alors que l’apéritif n’est pas encore lancé, nous ouvrons l’un des trois Champagne Canard Duchêne 1973 que j’ai apportés et je le trouve beaucoup plus charmant que ce que j’attendais.

Les participants arrivent et sont à l’heure ce qui permet de lancer l’apéritif.

Le Magnum Champagne Charles Heidsieck Brut réserve # 1985 est de belle présence mais il apparait que le Magnum Perrier-Jouët Grand Brut NV (# 1970 à 1980) est beaucoup plus élégant et fin, de grand plaisir et le Champagne Canard Duchêne 1973 est le plus gourmand.

Nous passons à table. Le menu préparé par le chef du Macéo est : Saint-Jacques en carpaccio, vinaigrette de clémentine, huile basilic et endive rouge / foie gras de canard mi-cuit, condiment coing, pain de campagne / canette de barbarie et topinambour caramélisé, oignons au vin rouge / trio de fromages de saison de Jean-Yves Bordier / tarte Tatin, feuilletage maison.

Mis a part le carpaccio de Saint-Jacques d’une acidité difficile à supporter pour les vins, le menu bien exécuté a servi de support élégant pour tous les vins.

Le premier vin du repas est le Champagne Dom Pérignon 1978. Il est large et plaisant, si facile à boire car il est convaincant.

Le Champagne Cristal Roederer 1947 a une couleur très foncée. Lorsqu’on s’habitue à son goût on comprend que ce champagne est raffiné, un peu fatigué, mais porteur d’une belle élégance. On l’aime.

Le Vouvray Clovis Lefèvre 1959 a un nez de bouchon qui n’apparaît pas trop en bouche. Le vin qui hésite entre vin sec et vin doux a relativement peu d’intérêt.

Le Château Laville Haut-Brion Blanc 1948 est fortement ambré ce qui est curieux pour ce vin qui garde le plus souvent une couleur claire sans aucun signe d’âge. Le vin est bon mais pas complètement parfait.

Un ami a apporté un Double magnum Château Gazin Pomerol 1975 qui est partagé entre toutes les tables. Je le trouve élégant, précis et de grand plaisir. C’est un pomerol de belle race et agréable à boire.

Le Château Mauvezin Saint-Emilion 1937 a tout le charme des vins de 1937. Il est extrêmement élégant et a conservé une belle jeunesse.

Le Château Mouton-Rothschild 1929 est un grand vin solide et noble. Quel beau cadeau de l’ami qui l’a apporté.  Il est servi en même temps que le Cos d'Estournel Saint-Estèphe 1929 que je trouve plus brillant et plus profond que le très beau Mouton. Avoir ces deux vins de 1929 dans un dîner de l’académie est un privilège lié à la générosité des académiciens.

Je savais depuis longtemps que le Château Trotanoy Pomerol 1943 est un vin brillant. Et il l’est. Quel plaisir et quelle jeunesse ! Il est d’une grande précision raffinée.

Un ami a apporté le vin le plus vieux du repas, un Vosne-Romanée non-identifié 1903. En le goûtant, je ressens un choc. Ce vin me fait entrer dans le monde des ‘vrais’ vins anciens, dans ‘mon’ monde et je suis complètement ému. Mon cerveau voyage dans ce monde avec émotion et j’adore ce vin, de quelque domaine qu’il vienne. C’est un choc de bonheur.

Lors du discours du début de repas, j’avais dit que la générosité est comme le jeu de Jokari. Quand on lance la balle très fort et très loin, elle revient très fort et très loin. Un jeune ami, pour sa première académie, avait apporté un vin de la Romanée Conti de 1972. J’ai renvoyé la balle en apportant aussi un vin de la Romanée Conti de 1972. Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1972 de ma cave est hélas peu convaincant, fatigué et imprécis.

Heureusement, La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1972 du jeune nouveau est beaucoup plus agréable à boire. Il a de légers signes de fatigue, mais on le boit avec plaisir.

Ce qui est fascinant avec les vieux Châteauneuf-du-Pape c’est qu’ills ne montrent aucun signe d’âge et restent joyeux et gourmands. Le Châteauneuf-du-Pape Bessac Monopole 1933 est un vin de pur plaisir, qui se boit avec bonheur. Il a tout pour séduire.

Le Châteauneuf du Pape, cardinal de Saint-Ange 1937 n’a pas le caractère brillant du 1933 mais il est extrêmement agréable à boire lui aussi.

J’ai voulu répondre à la générosité de mes voisins de table en apportant un vin que j’adore, le Cru de Coy Enclave Yquem 1923. La robe est très foncée, la bouteille soufflée est très ancienne et la capsule dorée était brillante comme un bijou. Ce sauternes est miraculeux. Il est large est complexe, gourmand et très long. Il est mis en valeur par la tarte Tatin. C’est un bonheur pur.

Je crois que nous n’avons jamais eu un programme aussi riche que celui-ci. Il y a eu quelques vins faibles, mais très peu.

Mon classement serait : 1 - Vosne-Romanée non-identifié 1903, 2 - Cru de Coy Enclave Yquem 1923, 3 - Cos d'Estournel Saint-Estèphe 1929, 4 - Château Trotanoy Pomerol 1943, 5 - Châteauneuf-du-Pape Bessac Monopole 1933, 6 - Double magnum Château Gazin Pomerol 1975.

Ce qui est intéressant c’est le nombre de très jeunes amateurs qui se passionnent pour les vins anciens. La relève de ce que j’ai créé avec cette académie sera sans doute présente, au moment où je me retirerai pour que se perpétue l’amour des vins anciens. Il n’y a pas eu d’académie aussi généreuse que celle d’aujourd’hui.

Vincroyable realised a brilliant dinner in Brussels samedi, 1 novembre 2025

A wine lover living in Brussels had participated in one of my dinners at the Apartment Moët Hennessy two and a half years ago. He had undoubtedly appreciated the form of my dinners to the point that he created a company that organizes dinners in the spirit of my dinners.

Recently, he sent me the schedule for one of his future dinners, explained to me that he was inspired by my dinners and would like me to register. The program is extremely attractive and I will enjoy a «friend price» that helps to persuade me. I tell him that I am very happy that he makes meals like mine because the most important thing is that great wines are drunk. He had announced that we would be eight but the reality will be quite different.

It had been fifteen years since I had gone to the Gare du Nord, and I notice a certain change in the population that walks the aisles of this large station. All the populations of the world are represented. The station is much cleaner than I remembered.

The train I travel on is more spacious than the trains I take from Paris to Toulon. I arrive in Brussels in a very short time. I am staying in a large hotel in an area whose shops indicate that it is rather luxurious.

I arrive shortly after 7pm at the restaurant Comme Chez Soi that I knew in the 80s when the boards of directors of the company I chaired were held in Brussels. Lionel Rigolet, son-in-law of previous chef Pierre Wynants is the restaurant’s chef. Throughout the evening we will see how much we feel a family atmosphere and it is extremely pleasant.

I am greeted by Wouter, whom I had received at one of my dinners, and by Pieter, his partner in the company Vincroyable that they founded to offer fine wine dinners.

We go down to the restaurant’s cellar where a Champagne Dom Pérignon 2015 is served to the dinner participants who are all already there.  We introduce ourselves and chat among the participants. The appetizers that accompany the champagne are very sophisticated. The champagne is extremely soft and pleasurable. While the Dom Pérignon is not excessively dosed, it gives an ideal and silky comfort.

We will then take a photo in the kitchen and go up one floor to go into the private dining room very nicely decorated.

I had remembered that we would be eight but we will be twelve, with four wines that will be added over the meal. The menu is presented as follows: terrine-brioche foie gras / scallop – Shiitake ravioli – autumn truffle / veal sweetbreads, mushroom emulsion - butter rubbed/ saddle of hare – creamy Pomerol sauce, potato/ three cheeses blue paste/ numerous and diverse desserts.

The first wine service includes Champagne Jacques Selosse Original Version without year and Champagne Jacques Selosse Ambonnay, Le Bout du Clos without year. The juxtaposition is interesting because we see how much Ambonnay’s white of blacks has a masculine personality, when the Original Version has a more romantic expression. The two wines, very precise, have beautiful expressions. The pairing with foie gras is ideal.

Three white wines will appear now, the third being served without us knowing what it is. The Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1996 surprises me because it is all smooth, wonderfully subtle while most often it is conquering. I really like this different expression.

The 2006 Corton Charlemagne Domaine Coche-Dury is a marvel. I love this expression of incredible power and elegant energy so much. I am conquered when drinking this wine.

The Domaine Leflaive Puligny Montrachet Les Pucelles 2007 is the most charming of the three wines but I measure that it does not have the complexity of a Grand Cru unlike the other two. The agreement of the three with the scallops is perfect.

The next step is with three red wines of which the third is not known. Everyone is obviously excited by the presence of the Cros Parantoux Domaine Henri Jayer 1993 of extreme subtlety. This wine just speaks with a certain talent. What a great archetypal wine.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1998 is very expressive and has the soul of Romanée Conti. It is very characteristic of the very square side of La Tâche.

The Richebourg Domaine Méo Camuzet 1998 is also a subtle and well-balanced wine. I was looking for which wine and I did not recognize the Richebourg which plays in the same category as the other two great wines.

The two organizers wanted us to return to younger wines before moving on to Bordeaux. The Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2000 and the Richebourg Domaine de la Romanée Conti 2000 are a bit young for me but they present themselves as they should be. I was very pleasantly surprised by the extent of the Grands Echézeaux.

It is now that two large Bordeaux wines from 1945 appear. While traditionally I serve the Bordeaux before the Bourgognes, I found that the arrival of these two wines was very relevant.

The Château Cos d'Estournel 1945 is a great wine absolutely balanced and has no age as it is full of energy. But I have such a love for Château Lafite-Rothschild 1945 that Alexandre de Lur Saluces had made me discover during a private dinner at the Château de Fargues that I adore his rich, solid and at the same time seductive expression. It’s a deep wine.

The sweetbreads seemed too strong to accompany these two splendid wines.

For the Château d'Yquem 1983 three blue cheeses are presented. It is absolutely obvious that stilton is the most suitable cheese. This 1983 is perfect, with a beautiful coherent and charming expression, without excessive power.

I brought a Rancio domain of Volontat which must be one year between 1880 and 1920. I am very surprised that it is so powerful but above all complex, more complex than the Yquem.

We are then overwhelmed with desserts, each more greedy than the other. In Brussels, we feel that the greed is limitless.

I suggested that we vote as in my dinners and it was accepted. Five wines were named first, which is little for 14 wines, but it’s because of the wine by Henri Jayer who had six first-prize votes, followed by the Montrachet from Romanée Conti and the Lafite 1945 with two first-prize votes each, then from Corton Charlemagne Coche Dury and from Cos d'Estournel 1945 with a first-place vote.

The vote of the entire table is: 1 - Domaine Henri Jayer Cros Parantoux 1993, 2 - Château Lafite-Rothschild 1945, 3 - Domaine de la Romanée Conti Montrachet 1996, 4 - Domaine de la Romanée Conti La Tâche 1998, 5 - Domaine Coche-Dury Corton Charlemagne 2006, 6 - Château Cos d'Estournel 1945.

My vote was: 1 - Domaine Coche-Dury Corton Charlemagne 2006, 2 - Château Lafite-Rothschild 1945, 3 - Domaine Henri Jayer Cros Parantoux 1993, 4 - Domaine de la Romanée Conti Montrachet 1996, 5 - Domaine de la Romanée Conti La Tâche 1998.

All the participants are passionate. The Chef made a high quality meal and what seduced me is the family character of this restaurant that gives extra pleasure. Some drank alcohol and at one o'clock in the morning we were still at the table.

It was the son of chef Lionel Rigolet who escorted me back to my hotel by car. In which restaurant would I find such attention? Vincroyable has a bright future ahead of him. So much the better.

Vincroyable organise un dîner magnifique à Bruxelles samedi, 1 novembre 2025

Un amateur de vins vivant à Bruxelles avait participé à l’un de mes dîners à l’Appartement Moët Hennessy il y a deux ans et demi. Il avait sans doute apprécié la forme de mes dîners au point qu’il a créé une société qui organise des dîners dans l’esprit de mes dîners.

Récemment, il m’envoie le programme d’un de ses futurs dîners, m’explique qu’il s’est inspiré de mes dîners et aimerait que je m’inscrive. Le programme est extrêmement attractif et je jouirai d’un « prix d’ami » qui aide à me persuader. Je lui dis que je suis très heureux qu’il fasse des repas comme les miens car le plus important est que les grands vins soient bus. Il avait annoncé que nous serions huit mais la réalité sera toute autre.

Il y avait bien quinze ans que je n’étais pas allé à la Gare du Nord, et je constate un changement certain de la population qui arpente les allées de cette grande gare. Toutes les populations du monde sont représentées. La gare est beaucoup plus propre que ce dont je me souvenais.

Le train dans lequel je voyage est plus spacieux que les trains que je prends de Paris à Toulon. J’arrive à Bruxelles en un temps très court. Je loge dans un grand hôtel dans un quartier dont les commerces indiquent qu’il est plutôt luxueux.

J’arrive peu après 19h au restaurant Comme Chez Soi que j’ai connu dans les années 80 lorsque les conseils d’administration de la société que je présidais se faisaient à Bruxelles. Lionel Rigolet, gendre du précédent chef Pierre Wynants est le chef du restaurant. Tout au long de la soirée on verra à quel point l’on ressent une atmosphère familiale et c’est extrêmement plaisant.

Je suis accueilli par Wouter, que j’avais reçu à un de mes dîners et par Pieter, son associé dans la société Vincroyable qu’ils ont fondée pour faire des dîners de grands vins.

Nous descendons dans la cave du restaurant où un Champagne Dom Pérignon 2015 est servi aux participants du dîner qui sont déjà tous là.  Nous nous présentons et bavardons entre participants. Les amuse-bouches qui accompagnent le champagne sont très sophistiqués. Le champagne est d’une douceur extrême de grand plaisir. Alors que le Dom Pérignon n’est pas excessivement dosé, il donne un confort idéal et soyeux.

Nous allons ensuite faire une photo en cuisine et nous montons d’un étage pour aller dans la salle à manger privative très joliment décorée.

J’avais retenu que nous serions huit mais nous serons douze, avec quatre vins qui seront ajoutés au fil du repas. Le menu est ainsi présenté : foie gras terrine-brioche / coquille Saint-Jacques – Shiitake ravioli – truffe d’automne / ris de veau, émulsion de champignons - beurre baratté / selle de lièvre – sauce crémeuse au pomerol, pomme de terre / trois fromages pâte bleue / desserts nombreux et divers.

Le premier service de vin comprend le Champagne Jacques Selosse Version Originale sans année et le Champagne Jacques Selosse Ambonnay, Le Bout du Clos sans année. La juxtaposition est intéressante car on voit à quel point le blanc de noirs d’Ambonnay a une personnalité masculine, quand le Version Originale a une expression plus romantique. Les deux vins, très précis ont de belles expressions. L’accord avec le foie gras est idéal.

Trois vins blancs vont apparaître maintenant, le troisième étant servi sans que nous sachions ce qu’il est. Le Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1996 me surprend car il est tout en douceur, merveilleusement subtil alors que le plus souvent il est conquérant. J’aime beaucoup cette expression différente.

Le Corton Charlemagne Domaine Coche-Dury 2006 est une merveille. J’aime tellement cette expression d’un puissance inouïe et d’une énergie élégante. Je suis en pamoison en buvant ce vin.

Le Domaine Leflaive Puligny Montrachet Les Pucelles 2007 est le plus charmeur des trois vins mais je mesure qu’il n’a pas la complexité d’un grand cru contrairement aux deux autres. L’accord des trois avec les coquilles Saint-Jacques est parfait.

L’étape suivante est avec trois vins rouges dont le troisième n’est pas connu. Tout le monde est évidemment excité par la présence du Cros Parantoux Domaine Henri Jayer 1993 d’une subtilité extrême. Ce vin parle juste avec un talent certain. Quel grand vin archétypal.

Le La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1998 est très expressif et a l’âme de la Romanée Conti. Il est très caractéristique du côté très carré de La Tâche.

Le Richebourg Domaine Méo Camuzet 1998 est lui aussi un vin subtil et de bel équilibre. Je cherchais quel vin et je n’ai pas reconnu le Richebourg qui joue dans la même catégorie que les deux autres grands vins.

Les deux organisateurs ont voulu que l’on revienne à des vins plus jeunes avant de passer aux bordeaux. Le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2000 et le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 2000 sont un peu jeunes pour moi mais se présentent comme ils doivent être. J’ai été très agréablement surpris pas l’ampleur du Grands Echézeaux.

C’est maintenant qu’apparaissent deux grands bordeaux de 1945. Alors que traditionnellement je fais servir les bordeaux avant les bourgognes, j’ai trouvé que l’arrivée de ces deux vins s’est passée d’une façon fort pertinente. Le Château Cos d'Estournel 1945 est un grand vin absolument équilibré et n’a pas d’âge tant il est plein d’énergie. Mais j’ai un tel amour pour le Château Lafite-Rothschild 1945 que m’avait fait découvrir Alexandre de Lur Saluces lors d’un dîner privé au château de Fargues que j’adore son expression riche, solide et en même temps séduisante. C’est un vin profond.

Le ris de veau m’est apparu trop fort pour accompagner ces deux vins splendides.

Pour le Château d’Yquem 1983 trois fromages bleus sont présentés. Il est d’une évidence absolue que le stilton est le fromage le plus adapté. Ce 1983 est parfait, d’une belle expression cohérente et charmante, sans puissance excessive.

J’ai apporté un Rancio domaine de Volontat qui doit être d’une année entre 1880 et 1920. Je suis très surpris qu’il soit aussi puissant mais surtout complexe, plus complexe que l’Yquem.

Nous sommes ensuite submergés de desserts plus gourmands les uns que les autres. A Bruxelles, on sent que la gourmandise est sans limite.

J’ai suggéré que l’on vote comme dans mes dîners et ce fut accepté. Cinq vins ont été nommés premiers ce qui est peu pour 14 vins, mais c’est à cause du vin d’Henri Jayer qui a eu six votes de premier, suivi du Montrachet de la Romanée Conti et du Lafite 1945 avec deux votes de premier chacun, puis du Corton Charlemagne coche Dury et du Cos d’Estournel 1945 avec un vote de premier.

Le vote de l’ensemble de la table est : 1 - Domaine Henri Jayer Cros Parantoux 1993, 2 - Château Lafite-Rothschild 1945, 3 - Domaine de la Romanée Conti Montrachet 1996, 4 - Domaine de la Romanée Conti La Tâche 1998, 5 - Domaine Coche-Dury Corton Charlemagne 2006, 6 - Château Cos d'Estournel 1945.

Mon vote a été : 1 - Domaine Coche-Dury Corton Charlemagne 2006, 2 - Château Lafite-Rothschild 1945, 3 - Domaine Henri Jayer Cros Parantoux 1993, 4 - Domaine de la Romanée Conti Montrachet 1996, 5 - Domaine de la Romanée Conti La Tâche 1998.

Tous les participants sont des passionnés. Le Chef a fait un repas de grande qualité et ce qui m’a séduit, c’est le caractère familial de ce restaurant qui donne un plaisir supplémentaire. Certains ont bu des alcools et à une heure du matin nous étions encore à table.

C’est le fils du chef Lionel Rigolet qui m’a raccompagné en voiture à mon hôtel. Dans quel restaurant trouverais-je une telle attention ? Vincroyable a un bel avenir devant lui. Tant mieux.

304ème dîner à l’Assiette Champenoise lundi, 20 octobre 2025

Une amie américaine, Sarah, est la plus assidue de mes dîners. Elle doit avoir fait plus de 25 dîners. Elle est chevalier du Tastevin depuis quelques années et vient en France avec une quinzaine de chevaliers du Tastevin pour un des chapitres de la confrérie. Leur voyage en France comprend un passage en Champagne. Sarah m’a demandé si son groupe pourrait être reçu à déjeuner chez un vigneron champenois.

J’ai proposé de faire un de mes dîners à l’Assiette Champenoise pour un groupe limité à dix personnes et le lendemain un déjeuner au siège des champagnes Salon et Delamotte, le président Didier Depond m’ayant donné son accord.

Il y a trois semaines, j’étais venu à l’Assiette Champenoise pour mettre au point le menu du dîner et cela s’était passé dans une ambiance agréable de compréhension mutuelle entre Arnaud Lallement et moi. J’avais laissé les vins du dîner sur place. Avant de partir aujourd’hui, je rajoute un vin qui sera servi avant le début du repas et un alcool pour finir le repas.

J’arrive à l’hôtel Assiette Champenoise vers 15h30 et les vins avaient été mis debout la veille. Le chef sommelier Frédéric Bouché reste avec moi pour les ouvertures et m’aide à en ouvrir certains. Tous les parfums sont engageants, le plus prometteur étant celui du Grands-Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1970. Les parfums des vins de Rousseau et Trapet sont très élégants. Ceux du Château Chalon Bourdy 1937 et du Chateau Coutet 1969 sont délicieux. Le seul vin qui n’est pas totalement parfait est le Brane-Cantenac 1947. Aurait-il une trace de goût de bouchon, nous le verrons.

Il me reste du temps avant le dîner aussi je vais dans la piscine de l’hôtel pour me reposer un peu. Alors que le dîner est prévu à 20 heures, on m’annonce à 19h10 que les participants du dîner sont arrivés et tous installés au bar. Je les rejoins et je présente la philosophie de mes dîners. Il apparait rapidement que le champagne de bienvenue que j’avais prévu de boire dans la salle du premier étage où aura lieu le dîner doit être servi maintenant. Il n’était pas annoncé dans le programme et à titre de clin d’œil pour évoquer le lieu où nous irons demain, j’ai choisi un Champagne Delamotte millésimé 1985.

Arnaud Lallement venu nous saluer avait prévu des amuse-bouches à l’étage. Il décide d’en ajouter quelques-uns au bar tant il est généreux. Le Champagne Delamotte millésimé 1985 est impressionnant de largeur, cohérence et force de caractère. C’est un très grand champagne.

Nous montons à l’étage où dans une jolie salle est installée une table très longue ce qui a permis de mettre les onze verres en ligne, comme un arc-en-ciel.

Le menu créé par Arnaud Lallement est : amuse-bouches / langoustine royale rôtie à l’huile d’olive, tartare / homard bleu, hommage à mon Papa / lièvre à la royale, pomme de terre, sauce royale / ris de veau fermier, céleri P. Richard, vin jaune / mangue G. Adam, condiment mangue / financier.

Le Champagne Heidsieck Monopole Cuvée Diamant Bleu 1969 est accompagné des amuse-bouches dont les subtilités raffinées sont gourmandes. Le champagne est d’une maturité accomplie. Ce champagne est très agréable à boire, plus vif mais moins rond que le Delamotte.

Deux vins sont associés à la langoustine qui est, très probablement, la meilleure langoustine que j’aie jamais mangée. Le Champagne Krug Grande Cuvée (étiquette crème) 2ème édition # 1980 est royal comme la langoustine, très noble, mais si je pense aux trois champagnes que nous venons de boire, il n’est pas sûr que le Krug soit le premier car il est un peu trop consensuel.

A côté du Krug, pour la langoustine, nous buvons un Chablis Grand Cru Blanchot Vocoret 1988 dont la fraîcheur m’émerveille. Il est au sommet de son art, subtil et plaisant. Je trouve que le chablis crée un meilleur accord sur la langoustine, alors que mon voisin de table pense le contraire. « de natura rerum » … disait Lucrèce.

J’avais eu peur à l’ouverture des vins, mais le Château Brane-Cantenac Margaux 1947 pouvait s’épanouir. Etant servi du premier verre, qui est le premier à se frotter au goulot, j’ai encore un petit doute. Mais en fait ce vin va se montrer brillant au point que deux convives le mettront premier de leurs votes, malgré la forte concurrence. Ce vin est riche, lourd, fort, puissant. C’est un conquérant, ce qui n’est pas toujours la marque des margaux.

Il est associé au Gevrey-Chambertin Armand Rousseau 1976 et je m’aperçois de plus en plus que ces accouplements de vins qui n’ont rien de commun sont passionnants. Car le vin de Rousseau est d’une élégance fragile si délicate que le homard exceptionnel délivre aux deux vins des messages différents et enrichissants.

J’aurais pu mettre le Chambertin Trapet 1979 avec le Rousseau, mais ce n’aurait pas été aussi excitant. Le Trapet est d’une réussite certaine. Très équilibré et subtil il est un Chambertin idéal. Mon voisin préfère le Rousseau et je préfère le Trapet qui est associé au Grands-Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1970 pour goûter un lièvre à la royale excitant dans lequel Arnaud Lallement a fait cohabiter les deux versions du lièvre, celle du sénateur Couteaux et celle d’Antonin Carême. Sur ce plat, le Grands-Echézeaux est totalement à son aise, car le plat semble fait pour lui avec ce côté terrien, paysan, qui vante les plus beaux moments de la gastronomie bourguignonne. J’avais senti à l’ouverture que ce 1970 serait éblouissant. Il l’est avec une douceur infinie dans le finale.

Je suis un peu lassé que l’on associe trop souvent les vins jaunes avec du comté. C’est évidemment excellent, mais je voulais autre chose. Avec Arnaud Lallement, nous avons pensé qu’un ris de veau serait un bon partenaire. Ce fut exceptionnel. Le Château Chalon Bourdy Jura 1937 est d’une année magique. Il a un équilibre et une douceur extrême, avec une longueur en bouche incroyable. Quel grand vin, tout joyeux.

Le Château Coutet Barsac 1969 a un parfum d’un bel équilibre. Tout en ce vin est pur et équilibré. Sa douceur nous enchante sur un dessert qui lui convient.

Le Maury Domaine La Coume du Roy Agnès de Volontat 1925 vient fort opportunément accompagner l’une de mes coquetteries, un financier gourmand. Le vin de cent ans à une douceur charmante ?

Le Marc de Champagne Oudinot & Fils à Avize # années 40 est d’une grande force et a un parfum démoniaque que l’on devrait interdire tant il est addictif. Les marcs, c’est viril. J’adore.

C’est le temps des votes. Nous votons en excluant le marc des votes. Tous les vins ont eu au moins un vote ce qui est plaisant. Cinq vins ont été nommés premiers, La Tâche 1970 quatre fois, le Brane-Cantenac 1947 et le Gevrey-Chambertin Armand Rousseau 1976 deux fois, le Chambertin Trapet 1979 et le Champagne Delamotte 1985 une fois chacun.

Le vote de la table est : 1 - Grands-Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1970, 2 - Gevrey-Chambertin Armand Rousseau 1976, 3 - Chambertin Trapet 1979, 4 - Château Brane-Cantenac Margaux 1947, 5 - Champagne Delamotte 1985, 6 - Château Chalon Bourdy Jura 1937.

Mon vote est : 1 - Grands-Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1970, 2 - Chambertin Trapet 1979, 3 - Gevrey-Chambertin Armand Rousseau 1976, 4 - Chablis Grand Cru Blanchot Vocoret 1988, 5 - Château Chalon Bourdy Jura 1937.

La cuisine d’Arnaud Lallement est exceptionnelle. Dès la première bouchée des amuse-bouches, on sait que l’on entre dans le monde de l’excellence. Tous les goûts sont d’une finesse extrême et d’une belle joie de vivre. La langoustine est hors concours, le ris de veau est remarquable et tout est grand.

Le service des vins et des plats a été parfait. Je suis évidemment content que tous mes vins aient brillé. Mes convives tous chevaliers du Tastevin ont été éblouis, car ils ont vécu un repas qu’ils n’attendaient pas à ce niveau. Ce fut un très grand 304ème de mes dîners.

anniversaire et des vins à surprise dimanche, 19 octobre 2025

C’est l’anniversaire de ma fille née en 1974. L'ouverture des vins m’a donné l’impression d’être vraiment dans un mauvais jour.

J'ouvre d'abord La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1974 au bouchon très noir dont le sommet est dur comme un roc.  Le parfum est excellent et prometteur. Je suis content mais ça ne va pas durer.

J'ouvre le Château Margaux 1978 et je constate que le bouchon est tombé dans le liquide ce que je n’avais pas remarqué en prenant le vin en cave. C’est une très mauvaise nouvelle qui devrait condamner le service de ce vin. Mais, si l'odeur n'est pas parfaite, elle me semble possible. Je carafe le vin en espérant que le temps arrange les choses.

Par précaution, je descends en cave et je choisis un Château Latour 1974. Je vois que le bouchon est tombé. Celui-ci n'est pas buvable. Quelle malchance.

Je me dis que maintenant les mauvaises nouvelles sont derrière moi. Quand j’ouvre le Krug Grande Cuvée Première Génération avec des vins des années 70 et 80, le pschitt est fort, ce qui est une bonne nouvelle. Mais l'odeur est un peu terreuse. Vraiment, ce n'est pas mon jour. Je carafe la moitié de la bouteille pour que le champagne ait une aération qui fera disparaître cette odeur qui n’est pas définitive.

Pour l’ouverture du Rivesaltes Gérard Bertrand 1974, tout va bien.

Toute la famille arrive. Nous serons dix à table dont seulement cinq boivent du vin. L’apéritif comprend des chips, du saucisson et une jolie composition de pain, de feta et de figues. Le Krug Grande Cuvée Première Génération avec des vins des années 70 et 80 est absolument fabuleux. Non seulement son parfum n’a plus aucun défaut mais en plus le goût est exceptionnel, d’une grande douceur, et tellement agréable. Je mets ce champagne dans la plus haute hiérarchie des grands champagnes.

À ma grande surprise, le Château Margaux 1978 est agréable à boire. Un peu serré, peut-être, mais sans aucun problème après trois heures d’aération. Un bouchon tombé peut être dangereux mais dans ce cas précis, tous les buveurs l’ont adoré, sur un poulet de grande qualité.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1974 est un vin magnifique, racé et raffiné. Le Domaine de la Romanée Conti se montre performant dans les petites années. J’en ai fait maintes fois l’expérience avec des millésimes comme 1956, 1973 et 1974.

Ce vin, accompagné d'un excellent Brillat-Savarin, donne un accord phénoménal le vin prenant encore plus de longueur. Un moment de bonheur bourguignon.

Le dessert traditionnel familial est une reine de Saba car on peut planter des bougies pour les souffler. Le Rivesaltes Gérard Bertrand Vin doux naturel 1974 est idéal et se montre meilleur que ce que j’attendais avec une très belle longueur et un bel équilibre dans la douceur.

Au total, une bouteille a été perdue, celle de Latour 1974, mais toutes les autres se sont bien comportées, avec deux merveilles : le Krug et La Tâche. Une ouverture précoce permet aux vins de se remettre sur pied et d’effacer les imperfections.

L’ambiance familiale joyeuse a permis un très bel anniversaire.