302ème dîner au restaurant Maison Rostang mercredi, 1 octobre 2025

Le 302ème dîner de wine-dinners se tient au restaurant Maison Rostang Nicolas Beaumann. C’est un participant à mes dîners qui a invité six de ses amis ou partenaires pour un dîner à huit. La présence féminine sera nulle, semblant indiquer qu’il s’agirait d’un privilège masculin que veut pourfendre l’une des égéries de la France Insoumise.

Je suis arrivé au restaurant à 15h45 pour ouvrir les vins. J’ouvre en premier le Carbonnieux blanc 1952 et le parfum de ce vin est incroyablement brillant. Une merveille. Tous les autres parfums se montreront agréables. Aucun doute n’apparait pour l’ensemble des vins du repas.

Des bouchons sont très difficiles à tirer à cause de boursoufflures et je suis aidé par Eliot puis par le sommelier Jeremy pour ces difficiles opérations. Le nez de l’Yquem 1934 est impérial et le parfum du Meursault & Santenots 1947 est très engageant.

Les ouvertures sont terminées à 17h30 aussi comme il fait beau, je me promène dans les alentours et le nombre de boutiques fermées est assez impressionnant.

J’avais demandé une arrivée précise des convives à 19h45 et à cette heure, personne ne s’est présenté. Dix minutes plus tard, l’invitant m’appelle. Il a convoqué ses amis à un autre restaurant ! Le repas ne démarrera qu’à 20h20.

Le menu préparé par le chef Nicolas Beaumann est : amuse-bouches / lotte maturée, coques et coco de Paimpol, crème aux coquillages / cèpes en fricassée au gel de mûres / suprême de canard sauvage au sang, céleri rôti et radis noir acidulé, jus de canard,  / stilton / coing, confit dans son jus safrané, jus réduit au vin jaune / figue de Solliès, délicate crème au miel de sarrasin, jus de figue à la verveine / financier.

Nous commençons par des amuse-bouches très originaux avec le Magnum de Champagne Heidsieck Monopole Diamant Bleu 1985. La couleur est très claire, la bulle est active et ce champagne est rond, joyeux, de belle longueur. C’est un vrai plaisir à boire.

Sur la très gourmande lotte il y a deux vins. Dans la présentation de mes dîners, j’ai dit : on ne juge pas un vin, on essaie de le comprendre. Et j’avais ajouté : ne buvez un vin que lorsque vous avez pris une bouchée du plat qui lui est associé. Les deux vins étant servis avant le plat chacun a pu les sentir et ce fut un festival de jugements uniquement sur le nez. Plusieurs fois au cours du repas je dirai : attendez donc d’avoir bu le vin sur le plat avant de porter des jugements. Ce fut assez amusant de constater que les jugements hâtifs se voyaient le plus souvent corrigés une fois qu’on eut porté le vin a ses lèvres.

Le Château Carbonnieux blanc 1952 a un parfum éblouissant. Il est d’une belle personnalité et jamais on ne penserait qu’un bordeaux blanc de 73 ans puisse avoir cette vivacité.

Le Bâtard Montrachet Fontaine & Vion 1990 apparaît sur les premières gorgées plus large et plus séduisant, mais au fil de la dégustation, c’est le Carbonnieux qui apparaîtra le plus brillant des deux.

Sur les cèpes nous aurons aussi deux vins. Lorsque j’avais choisi sur mes fichiers de cave le Meursault & Santenots Hospices de Beaune Cuvée Jéhan de Massol Albert Bichot 1947, j’imaginais qu’il s’agissait d’un blanc, puisqu’il y a le mot Meursault, et lorsque j’ai fait plus tard les photos des vins, j’ai constaté que l’appellation Meursault & Santenots est celle d’un rouge. Lorsqu’on a travaillé sur le menu, Jérémy a eu la même vision que moi, vite corrigée. Le vin d’Albert Bichot a un parfum extrêmement expressif et ce vin s’épanouit en bouche, se montrant d’une belle complexité de grand vin. Je ne l’aurais pas imaginé à ce niveau.

A l’inverse, le Beaune Grèves Charles Viénot 1985 d’un très grand vigneron, laisse une opinion assez limitée. Au sein des vins rouges et blancs, ce sera le seul vin qui n’aura aucun vote.

J’avais annoncé à l’invitant que je mettrais deux Beaune Grèves dans ce repas, mais comme je n’aime pas les confrontations directes, les deux ont été placés avec deux plats différents.

De ce fait c’est avec le canard sauvage qu’apparaît le Beaune Grèves Vigne de l'Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 1962. Je suis un amoureux de ce vin dont le 1865 est légendaire. Son goût est une des mes amours. Subtil, complexe, charmeur, c’est un grand vin.

Servi en même temps que lui, La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1963 offre un parfum d’une séduction rare. Le prestation de ce grand vin est très au-dessus de ce qu’on peut attendre de ce millésime. Tout au long du parcours, pour tous les convives le cœur balancera entre le Beaune Grèves et La Tâche. Grand plat et deux grands vins, La Tâche ayant la typicité de la grâce des vins du domaine.

Cela faisait longtemps que je n’avais pas suggéré, lorsque l’on mange du stilton avec un liquoreux de « mâcher, mâcher, mâcher » pour que la salive apparaisse en bouche pour un accord idéal. Le Château d'Yquem 1934 est extrêmement foncé. So parfum intense est charmeur et diabolique et cet Yquem fait partie des plus grands. Sa longueur est extrême. Il est associé ensuite au dessert au coing très pertinent.

Le Maury La Coume du Roy 1925 que j’ai associé souvent à un financier est en fait servi avec un dessert à la figue parfait, car j’avais une surprise en tête qui n’apparaîtra qu’après les votes. Ce Maury de cent ans est d’une belle fluidité. Il est si agréable à boire. Comme nous avons commencé les votes presque en même temps, ce vin est le seul que n’aura pas de vote, avec le vin de Charles Viénot.

Il est intéressant de constater que pour huit personnes qui votent pour leurs cinq vins préférés, il y aura cinq vins qui seront choisis premier. C’est assez rare. Trois vins ont eu deux votes de premier, le Meursault & Santenots 1947, La Tâche 1963 et l'Yquem 1934. Deux vins ont eu un vote de premier, le champagne Heidsieck Diamant Bleu 1985 et le Beaune Grèves Vigne de l'Enfant Jésus 1962.

Le vote de l’ensemble de la table est : 1 - Château d'Yquem 1934, 2 - Meursault & Santenots Hospices de Beaune Cuvée Jéhan de Massol Albert Bichot 1947, 3 - La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1963, 4 - Beaune Grèves Vigne de l'Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 1962, 5 - Magnum de Champagne Heidsieck Diamant Bleu 1985, 6 - Château Carbonnieux blanc 1952.

Mon vote est : 1 - Beaune Grèves Vigne de l'Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 1962, 2 - La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1963, 3 - Château d'Yquem 1934, 4 - Meursault & Santenots Hospices de Beaune Cuvée Jéhan de Massol Albert Bichot 1947, 5 - Château Carbonnieux blanc 1952.

L’idée que j’avais en tête est de faire goûter à ce groupe si sympathique le Massandra Muscat Rose Livadia et la Malvoisie des Canaries 1828 que j’avais bu précédemment avec des amis. Et les financiers les ont accompagnés. Brillants et déroutants, ils ont été appréciés.

L’ambiance du repas à été joyeuse car ce groupe d’amis dynamiques et pleins d’humour l’ont créée. Les plats ont tous été pertinents, créés par un grand chef. Jeremy a fait un service des vins appréciable qui contribue à la réussite du repas. Tous les vins ont brillé. L’accord du canard avec le Beaune Grèves 1962 m’a ravi et la surprise la plus grande, pour moi, est celle d’un vin que je ne connaissais pas, le Meursault & Santenots Hospices de Beaune Cuvée Jéhan de Massol Albert Bichot 1947.

Ce fut un grand 302ème dîner.

Le 301ème de mes dîners au restaurant Astrance jeudi, 25 septembre 2025

Le 301ème de mes dîners se tient au restaurant Astrance. Le menu a été mis au point avec le chef Pascal Barbot en tenant compte des produits disponibles en cette saison.

A 16 heures je commence l’ouverture des vins. Le Château Poujeaux 1928 a une grosse boursouflure dans le goulot qui a rendu la levée du bouchon très difficile. Les autres ouvertures se sont passées normalement et j’ai été très heureusement surpris que les champagnes de 1979 et de 1982 aient des pschitt aussi forts.

Les parfums ont été extrêmement prometteurs à l’exception d’un seul, celui de l’Echézeaux 1974 qui a une odeur lactée très désagréable. Le risque est grand du fait de ce parfum, mais j’ai déjà été témoin de résurrections spectaculaires avec les vins de la Romanée Conti. Le sommelier Lucas Hubert m'a beaucoup aidé pour l'ouverture des vins et fera, tout au long du repas, un service parfait.

Tous les convives sont à l’heure. Nous sommes treize dont seulement deux femmes. Il n’y a pourtant aucun ostracisme de ma part ! Cinq participants sont des nouveaux.

Le menu préparé par Pascal Barbot que nous avons mis au point ensemble est : amuse-bouches : gougères au comté, tuiles gribiche aux algues, jambon Pata Negra / quelques coquillages crus et cuisinés (bulot, huître et praire) / rouget beurre blanc et sauce soja / homard vapeur, essence de crustacés / riz Koshihikari fraichement poli / filet de grouse cuit au sautoir, fondue d’oignon / cèpes des Vosges cuisinés à la braise / salade d’agrumes, crémeux citron / financier à la rose.

La présentation de la philosophie de mes dîners est faite en buvant le Champagne Mumm Cordon Rouge 1979. Ce champagne est solide, carré et serein. Il n’est pas extrêmement complexe mais il se montre particulièrement plaisant. Il montre son talent sur les amuse-bouches.

Le Champagne Dom Pérignon 1982 est une pure merveille, rond, doux, complexe et extrêmement bon. L’accord avec le bulot, travaillé par Pascal Barbot est magistral. Ce 1982 est magique. A la table il y a des convives qui n’ont jamais bu de champagnes anciens. Ils sont étonnés que ces champagnes puissent être aussi plaisants.

Plus je fais de dîners, plus j’ai envie de casser les codes. Récemment, j’avais mis ensemble un Pétrus 1976 avec un Clos de Tart 2009 sur le même plat et l’association était passionnante. Aujourd’hui, je mets ensemble un Hermitage blanc Chave 1993 et un Château Poujeaux 1928. Sur le rouget absolument délicieux, le mariage à trois est parfait, à condition de repasser toujours par la case poisson, c’est-à-dire de ne pas boire les deux vins à la suite.

L’Hermitage blanc Chave 1993 est très délicat. Alors qu’il peut être puissant, ce 1993 joue sur la complexité. L’accord avec le rouget est d’une évidence claire.

Le Château Poujeaux 1928 est un de mes chouchous, depuis que j’ai découvert il y a bien longtemps à quel point il est magique. C’est un Moulis en Médoc, mais il joue dans la cour des grands. Et à 97 ans il est d’une jeunesse qui surprend mes convives. On sent une truffe profonde et une longueur précise. Le rouget le met en valeur et ce mariage à trois est un de mes plaisirs.

Alors que le duo précédent mettait ensemble des extrêmes, j’ai commis l’erreur d’associer deux vins trop proches sur le homard. Le Chambertin Grand Cru Trapet 1990 est un vin élégant et subtil. Mais le Bonnes Mares Vieilles Vignes domaine Roumier 1988 est tellement riche et puissant, avec une gamme aromatique si grande, qu’il prend le dessus et met dans l’ombre le chambertin alors qu’il eût brillé s’il avait été seul.

Quand Julien Launois s’est inscrit à ce dîner, je lui ai proposé de venir avec un de ses champagnes et je crois que c’est la première fois qu’un vin ne vient pas de ma cave. Le Champagne Paul Launois Single Barrel N°1602 est à base de vins de 2016, vieillis en fût neuf. Il est d’une grande personnalité, long et précis, fait pour la gastronomie. Je suis tellement fier d’avoir choisi le riz dont Pascal Barbot fait une expression magique. C’est exactement le goût qu’il fallait pour ce champagne précieux.

Nous allons maintenant avoir deux vins de la Romanée Conti sur la grouse, qui est probablement la meilleure grouse que j’aie eu le plaisir de goûter. Par un de ces miracles dont le vin est capable, le nez de l’Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1974 est beaucoup plus dans l’esprit de la Romanée Conti que le nez de La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1986. C’est fou. Mais en bouche il est clair que La Tâche est d’un autre calibre. Ce vin est riche et magistral, immédiatement compréhensible avec l’âme de la Romanée Conti faite de rose et de sel. L’accord avec l’oiseau est idéal.

Ayant trop souvent associé les vins jaunes avec du comté, j’essaie de varier et l’association du Château L’Etoile Vandelle & Fils Jura 1982 avec des cèpes est pertinente. Ce vin du Jura est élégant et ne joue pas sur sa puissance.

Un Champagne Veuve Clicquot Cave Privée Rosé 1978 est présenté avec ce plat, mais c’est plus une respiration avant les vins liquoreux qu’une volonté d’accord, car ce champagne ne cohabite pas avec les cèpes. C’est un rosé extrêmement raffiné. Un très grand rosé qui vieillira remarquablement.

Certains convives sont déconcertés par le fait que le Château d'Yquem 1942 est quasiment noir, couleur de terre sombre. Nous ne serons que deux à le nommer premier, ma voisine de table et moi, alors que je considère que c’est un Yquem immense, absolument parfait et au parfum diabolique. Ce vin riche et très caramel est exceptionnel. Nous sommes suffisamment complices avec Pascal pour que je lui dise qu’il eût fallu un peu moins d’acidité.

Le Maury Rancio très vieux Vin Doux Naturel La Coume du Roy # 1880 est d’une douceur infinie, simple, direct et sans chichi. L’accord avec le financier est naturel. Il conclut ce beau repas.

Nous sommes 13 à voter pour nos six vins préférés parmi 13 vins. Ce qui est intéressant c’est que chacun des treize vins a eu au moins un vote, ce qui me fait particulièrement plaisir. Il y a eu « seulement » quatre vins qui ont été nommés premiers, La Tâche 1986 six fois, le Bonnes Mares Roumier 1988 trois fois, l’Yquem 1942 deux fois comme l’Hermitage blanc Chave 1993.

Le vote de l’ensemble de la table est : 1 - La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1986, 2 - Château d'Yquem 1942, 3 - Bonnes Mares Vieilles Vignes domaine Roumier 1988, 4 - Champagne Dom Pérignon 1982, 5 - Hermitage blanc Chave 1993, 6 - Château L’Etoile Vandelle & Fils Jura 1982.

Mon vote est : 1 - Château d'Yquem 1942, 2 - La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1986, 3 - Château Poujeaux 1928, 4 - Bonnes Mares Vieilles Vignes domaine Roumier 1988, 5 - Champagne Dom Pérignon 1982, 6 - Champagne Paul Launois Single Barrel N°1602.

La cuisine de Pascal Barbot a été exceptionnelle. Le sommet du repas a été la grouse avec les deux vins de la Romanée Conti. Tout le monde a senti que c’était un grand moment. Le bulot si bien travaillé pour le Dom Pérignon m’a impressionné. La perfection de l’Yquem m’a fortement touché. Le riz avec le champagne Launois m’a réjoui. Tout a été réussi. Ce fut un grand dîner.

dernières agapes du 15 août dimanche, 17 août 2025

La fête se continuait le lendemain au restaurant l’Aventure avec des vins inhabituels, pour changer. Un ami a apporté un Champagne Comtes de Champagne Taittinger 2011 absolument charmant et complet, de grande générosité. Il fait partie des PAME (performed above my expectation).

De mon côté j’ai choisi deux vins que j’ai envie de partager, un Mazis-Chambertin Poulet P & F 1961 et un Chambertin J. Thorin 1962. Les deux bouteilles ont des niveaux parfaits, à 2 centimètres sous le bouchon. Ils seront accompagnés d’un très beau turbot cuit à la perfection.

Je suis très à l’aise avec de tels vins, car ils ont atteint une maturité paisible. Le Chambertin est un peu plus noble, mais le Mazis profite du grand millésime 1961 et de l’excellence de la maison Poulet, négociant qui fut très célèbre il y a plus de 50 ans.

Cher lecteur si dans vos recherches d’achats vous avez la chance de croiser des bourgognes des années 60 de bons niveaux, laissez vous tenter. Ce sera ce que j’appelle de « bonne pioches ».

Comment finir un aussi beau weekend avec des amis ? Pourquoi pas une petite « bataille » après coup ? Il y avait des champagnes qui ont été ouverts il y a trois jours. J’ai voulu vérifier si mon intuition sur Salon 2015 comparé à 2008 est la bonne. À mon avis, le 2008 est puissant et solide, parfaitement construit, mais le 2015, si romantique, a ma préférence.

Avec les derniers « survivants » de ce mémorable weekend, j'ai goûté les deux et cela m’a conduit à changer ma vision. Le Champagne Salon 2008 est parfait, et il a aussi une personnalité énorme. Le Champagne Salon 2015, que j'adore, est plein de charme. Mais le 2008 est au-dessus. Il est sûr que trois jours plus tard, le magnum est plus frais qu'une bouteille. Mais je suis heureux d'avoir eu la confirmation de l'incroyable complexité du 2008 quand on le compare au 2015. Longue vie à ces deux amours.

le 300ème de mes dîners vendredi, 15 août 2025

Il se trouve que le dîner qui a clôturé le premier semestre est le 299ème. Le prochain dîner sera fin septembre. Il est intéressant, mais il n’est pas au niveau des dîners comme le 100ème ou le 200ème. Une solution était possible, de créer plusieurs 300ème dîners (des A, B ou C), pour satisfaire les fidèles participants de mes dîners.

Comment résoudre ce dilemme ? J’ai décidé que ce serait le déjeuner du 15 août qui serait le 300ème repas. De ce fait j’ai préparé avant de partir dans le sud, donc tout au début du mois de juin, ce qui conviendrait à ce grand événement. Et je dois dire je suis très excité par le choix que j’ai fait. La veille du 15 août, donc juste après notre retour du repas chez Alexandre Mazzia à Marseille, j’ai ouvert un magnum de Champagne Salon 2008 pour qu’il ait pris de l’ampleur au moment du déjeuner.

De tôt matin, j’ai ouvert les autres vins. Le ciel devait être avec moi car les ouvertures se sont faites avec une grande facilité et sans risque de mauvaise odeur. J’ai eu un petit doute sur le parfum du Chevalier Montrachet, mais ce doute a très vite disparu.

La gestation du menu avec mon épouse a occupé de longues heures de discussions. Il est parfois plus facile de créer un menu avec un chef trois étoiles qu’avec la femme qui partage ma vie depuis 59 ans. Mais nous y sommes arrivés et voici le menu.

Le menu de Silke Audouze : rillette, saucisson mou, jambon Paleta de Pata Negra, pâté en croûte de canard aux abricots / anchois Cantabrique sur brioche toastée / caviar osciètre / filet de bar sur sa peau avec caviar baeri / magret de canard polenta truffée / Wagyu en deux services sel fleuri ou avec purée Robuchon / deux fromages Jort de divers affinages / tarte au citron meringué de Matyasy.

Le Champagne Salon Magnum 2008 est une singularité dans le monde du champagne, car ce 2008 n’a été proposé qu’en magnum et vendu dans des coffrets avec six autres champagnes Salon de trois autres millésimes. De ce fait ce champagne est devenu rare et difficilement accessible. C’est un champagne de ce calibre qu’il fallait pour un 300ème repas. Il mérite sa légende. Il est solide et majestueux. Mais il y a tellement de vins étonnants que ce champagne ne figurera même pas dans les six premiers du classement global.

C’est la rillette qui, de loin, met en valeur le beau champagne, suivie du saucisson dit ‘mou’. Et l’anchois crée l’accord le plus raffiné et subtil.

Le Champagne Heidsieck DRY Monopole 1955 est une pure merveille à la richesse infinie. L’indication DRY me laissait présager que ce champagne serait très doux, contrairement à l’acception habituelle de ce mot, mais en fait il est vif, opulent et délicieusement charmeur. C’est la plus belle surprise gustative.

Le champagne a cohabité avec le Chevalier Montrachet Domaine Leflaive 1994 et c’est agréable de constater que l’on peut passer de l’un à l’autre sans problème, chacun mettant en valeur son partenaire. Le filet de bar avec le caviar a fait briller les deux, le Chevalier Montrachet prenant une longueur que l’on n’attendrait pas de son millésime. Il est un Leflaive de grande pureté. J’ai pu constater aussi que le champagne était pour moi l’accompagnant naturel du caviar et qu’en fait le riche blanc de Bourgogne convenait très bien au caviar.

L’idée de mettre ensemble un Pétrus 1976 avec un Clos de Tart Grand Cru Monopole 2009 est quelque chose qui m’excite au plus haut point et comme pour le couple précédent, chaque vin respecte l’autre. Et l’on analyse beaucoup mieux leurs singularités. Le Pétrus est d’une rigueur profonde, assis sur une structure impressionnante. Le Clos de Tart est le jeune tonitruant, fier de sa jeunesse et éclatant de joie. Je suis si heureux de les avoir mariés.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1970 est d’une année difficile aussi étais-je prudent en le mettant dans ce repas. Mais il a montré une subtilité qui confirme que c’est dans les années incertaines que la Romanée Conti expose le mieux la subtilité de ses vins. L’avantage du wagyu est qu’il met en valeur tous les vins qui l’accompagnent. Une Tâche émouvante, complexe aura enthousiasmé mes amis.

Un 300ème repas m’imposait d’ouvrir les bras aux vins étrangers. Le Harlan Estate Californie 2010 est un vin riche et puissant, influencé bien sûr par les orientations de Robert Parker, mais de façon intelligente.

A côté de lui, le Vega Sicilia Unico 1961 combine la puissance et le subtilité, avec un finale charmant. Je ne sais pas pourquoi, mais les camemberts Jort ont l’air d’avoir été créés spécialement pour le champagne Salon et pour le Vega Sicilia Unico, car les accords sont particulièrement réussis.

Il fallait un intermède avant le dessert et j’ai choisi un Champagne Salon 2015 que je trouve d’un romantisme charmant. Ce champagne me fascine.

Il est suivi du Château d’Yquem 1970 au parfum envoûtant qui se montre plus gourmand que ce que j’attendais. Dans ma vision des vins c’est un sauternes ‘jeune’, mais il a quand même 55 ans et montre une sérénité joyeuse sur la tarte au citron.

J’avais dans le sud une bouteille de Cognac Grande Fine Champagne Navarre 1925. Je ne sais pas comment elle est arrivée ici et quand nous l’avons ouverte car il en reste peu. Mais pour un repas comme celui-ci un alcool de cent ans s’imposait. Contrairement à ce que je pensais, ce cognac a gardé une belle énergie et une grande noblesse.

Le classement des vins dont le cognac est exclu puisque nous le buvons en votant, n’est pas facile. Ma femme n’a pas voté puisqu’elle ne boit pas. Nous sommes sept qui désignent leurs cinq vins préférés. Tous les vins ont eu au moins un vote, ce qui est plaisant. Seuls deux vins ont trusté les votes de premier. La Tâche a eu cinq votes de premier et le Champagne Heidsieck deux votes de premier.

Le vote de l’ensemble de la table est : 1 - La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1970, 2 - Champagne Heidsieck DRY Monopole 1955, 3 - Pétrus 1976, 4 - Vega Sicilia Unico 1961, 5 - Champagne Salon 2015, 6 – Château d’Yquem 1970.

Mon vote est : 1 - La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1970, 2 - Pétrus 1976, 3 - Champagne Salon 2015, 4 - Champagne Heidsieck DRY Monopole 1955, 5 - Magnum Champagne Salon 2008.

Je suis content d’avoir associé des vins que rien ne rapproche logiquement. L’anchois, le filet de bar et le Wagyu ont été les plus belles saveurs.

Dans une ambiance de grande amitié nous avons vécu un moment merveilleux avec des vins excellents. Vive le 300ème.

déjeuner ‘algérien’ samedi, 2 août 2025

C'est le genre d'événement que j'adore. Jérémie est un ami amateur de vins algériens. Nous allons organiser un repas autour de vins que nous allons découvrir. Voici le programme tel que nous l’avons conçu : Champagne Salon 2015 - Smalah rosé 1939 (Vignal, Algérie) - Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1969 - Chambertin Clos de Bèze Armand Rousseau 2001 - La Sposata rouge (vignoble de la mère de Napoléon Bonaparte) circa 1950 - Sidi Brahim rosé 1974.

Jérémie a apporté les deux vins d’Algérie et La Sposata, car il savait que j’avais adoré un La Sposata blanc 1946 étonnant, et j’ai complété ce programme.

Nous sommes quatre : ma fille, mon fils, Jérémie, jeune amateur de vins algériens, et moi-même.

Le Champagne Salon 2015 allie force et romantisme. C'est sans conteste l'un des meilleurs Salon dans sa jeunesse. Il est parfait avec des rillettes.

Le Smalah « Vin Fin » Rosé Algérie 1939 est un vin totalement méconnu. C'est un vin de M. Vigna, propriétaire de Sidi Brahim. Son fort parfum de café, énigmatique, est si long en bouche qu'il laisse une impression profonde. Un vin admirable. Nous avons été tellement séduits qu'il a terminé premier de nos votes. Il est magique sur des coquilles Saint-Jacques.

L'Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1972 possède le nez agréable et le goût si caractéristique des vins de la Romanée Conti, avec des notes de sel et de rose. Il est très grand et largement supérieur à ce que l'on pourrait imaginer d'un 1972. C’est un excellent vin sur un steak de bœuf Angus.

Voici maintenant deux vins servis ensemble sur du bœuf Wagyu. Le Chambertin Clos de Bèze Armand Rousseau 2001 est un vin incroyable, charmant, fruité et équilibré. Une pure perfection, un rêve. On aimerait avoir toujours un Bourgogne aussi parfait à savourer.

À côté, La Sposata, un vin rouge corse produit dans une propriété appartenant à la mère de Napoléon, négociant à Cattanéo, dans les années 1950. L'odeur du café est très similaire à celle du Smalah, et curieusement, ce vin évoque le vin algérien. C’est un vin très atypique et intéressant.

Le dessert est une tarte à la reine-claude, accompagnée d'un rosé algérien Sidi Brahim Vigna rosé 1974. Ce vin a été élaboré 12 ans après la séparation de l'Algérie et est nettement moins agréable que les merveilleux rosés de Frédéric Lung élaborés dans les années 1940.

Nous étions sur un petit nuage, ravis d'avoir préparé un déjeuner aussi merveilleux avec d'aussi bons vins. Nous avons voté et le résultat global était le suivant :

1 – Smalah rosé 1939, 2 – Chambertin Clos de Bèze Rousseau 2001, 3 – Salon 2015, 4 – Echézeaux DRC 1972, 5 – La Sposata rouge circa 50s, 6 – Sidi Brahim rosé 1974.

Mon vote est le même pour les 3e, 4e, 5e et 6e, et mon premier est Rousseau et le deuxième Smalah.

Jérémie est un passionné de vins algériens, du fait de l’histoire de sa famille. Il est enthousiaste et généreux. Le repas a été riche en émotions partagées. Ce grand moment de communion est un bonheur absolu.

Salon 2002 et 2015 samedi, 12 juillet 2025

J’ai du Champagne Salon 2015 un souvenir émerveillé. Pour mon anniversaire, j'avais organisé un déjeuner avec un Salon 1955 et un Tarin Clos du Mesnil 1955. Didier Depond, président de Salon et Delamotte, avait apporté un Salon 2015, affirmant que nous étions les premiers à découvrir ce 2015. Était-ce vrai, n’a pas trop d’importance, mais j'ai eu un coup de cœur pour le 2015.

L’idée m’est venue de vérifier si mon amour est justifié. J'ai envie d'ouvrir ensemble le Salon 2002 et le Salon 2015.

Le 2002 est très difficile à ouvrir. Je me suis battu avec le bouchon pendant dix minutes. Le 2025 s'est ouvert sans difficulté.

Comme c’était un apéritif, nous avons dégusté un pâté de campagne, un camembert Jort et du saucisson. Le Champagne Salon 2002 est rond, brillant et déjà mûr dans sa jeunesse. Le Champagne Salon 2015 est plus romantique et tellement long. Il est incroyable. Mon amour était pleinement justifié car ce champagne est unique. Sa longueur est incroyable.

Avec le pâté de campagne, les deux sont parfaits, très différents car le 2002 a une forte personnalité et le 2015 un charme terrifiant. Avec le camembert, le 2015 est dix fois meilleur, taillé pour le fromage. Avec le saucisson, le 2002 est parfait.

Nous avons bu deux grands Salon. Le 2015 deviendra légendaire.

repas avec mes petites-filles jeudi, 3 juillet 2025

Une autre de mes petites filles arrive et j’ouvre un Champagne Laurent Perrier Grand Siècle sans année relativement récent. Ce champagne se caractérise par une délicatesse raffinée et une gentillesse très féminine. Ce contraste avec les Salon et Dom Pérignon me plait beaucoup. Il faut boire plus souvent les Cuvées Grand Siècle, qui offre de belles variantes sophistiquées.

Je n'avais pas de mémoire précise du Champagne Salon 2012. J'ai été très agréablement surpris. Il est dense, doté d'une structure solide, ce champagne est fait pour durer. Si j’essaie de le situer par rapport au Salon 2015, le 2015 est plus romantique. Le 2012 est plus solide, conçu pour la gastronomie. Il se bonifiera avec le temps.

Avec deux de mes petites filles, nous allons au restaurant l’Aventure, où le menu que nous prenons est quasiment le même à chaque fois : moules gratinées à l’ail et au persil, tempuras de gambas et langouste.

Le Champagne Dom Pérignon 1973 est de l'un de mes millésimes préférés de Dom Pérignon. 1973 est une année plutôt faible pour les Bordeaux et la Bourgogne, si bien que beaucoup d’amateurs ne se sont pas intéressés aux champagnes 1973, pourtant excellents. J'ai vécu des moments mémorables et émouvants avec Arnaud Donckele et Arnaud Lallement avec ce 1973.

La robe est légèrement orangée. La bulle est très présente, et le goût est merveilleux. Comme je le dis souvent, le monde des vieux champagnes n'a rien à voir avec celui des jeunes champagnes. Si l'on accepte cela, on réalise à quel point les vieux champagnes sont excellents. Ce 1973 est une merveille et un délice avec une langouste parfaitement cuite.

Au restaurant où je peux apporter mes vins, j'ai apporté un Laurent Perrier Grand Siècle ainsi qu’un Vega Sicilia Unico 2005. Le Champagne Laurent Perrier Grand Siècle des années 1960/1970 est probablement l'un des plus grands champagnes anciens que je n’aie jamais dégustés. Il est si rond, si gratifiant, si élégant qu’il procure un immense plaisir.

Pour ma fille et moi, il est meilleur que le Dom Pérignon 1980 que nous adorions. J'ai partagé ce champagne avec les aimables serveurs si sympathiques. Ils ont été émerveillés de déguster un champagne aussi exceptionnel.

Une anecdote amusante : le mot UTA est imprimé sur l’étiquette : c'était le champagne offert lors des vols avec la compagnie UTA.

Deux Dom Pérignon dimanche, 29 juin 2025

L'une de mes petites-filles vient de réussir l'agrégation de lettres françaises. Le lendemain de la publication des résultats, elle arrive avec trois amis dans notre maison du sud. Son anniversaire sera le lendemain, ce qui promet de belles festivités. Aucun des quatre n'a goûté de vins anciens, sauf ma petite-fille qui en a bu quelques-uns lors de repas de famille. Une idée m'est venue de leur faire goûter un champagne jeune associé au même champagne mais plus âgé. Comme ils n'ont aucune connaissance des vins anciens, leur jugement ne pourra pas être influencé par des expériences précédentes.

Mon choix s'est porté sur Dom Pérignon 2013 et 1980.

Les premières fraises vraiment mûres arrivent aussi nous allons commencer à goûter le Champagne Dom Pérignon 2013 avec les fraises. L'accord avec les fraises est romantique.

Nous essayons ensuite avec de la poutargue. J'aime cette transition alors que les quatre jeunes qui ont passé le concours de l'agrégation ensemble préfèrent l'accord avec la fraise.

Maintenant arrive le Champagne Dom Pérignon 1980 sur du saucisson et une andouille de Guémené. Aucun des jeunes ne veut goûter l'andouille, à cause de l'odeur.

La comparaison des deux champagnes est extrêmement intéressante. Le 2013 est fort, avec une bulle puissante et la structure du champagne est belle. Ce 2013 est long et de belle personnalité.

Le 1980 n'a plus de bulle mais a gardé un beau pétillant. Ce champagne est plus rond, de belle douceur et d'une grande complexité. Il apporte beaucoup plus de plaisir et de charme. On se rend compte que les deux vivent dans des mondes différents. Les quatre jeunes préfèrent le champagne plus ancien et c'est aussi mon avis.

Après le repas nous avons bavardé avec ces étudiants de haut niveau. Nous parlions de la situation de la France et à un moment l'un d'entre eux lance une idée : si on prenait à Bernard Arnault seulement 1% de son patrimoine, ça ne l'empêcherait pas de vivre, mais ça ferait quelques heureux. Et là, j'ai réalisé à quel point la jeunesse d'aujourd'hui (ils sont quand même adultes puisqu'ils ont tous les quatre autour de 25 ans) est baignée dans les idéaux gauchistes les plus naïfs. Je leur ai rappelé que la France a le taux d'imposition le plus élevé au monde, que la spoliation est le meilleur moyen d'inciter à l'exode fiscal et que cette mesure accélérerait la chute de la France.

Mais j'ai ajouté : il faudrait être d'une grande naïveté de croire que l'argent que l'on recueillerait aille vers les travailleurs aux bas salaires. Cet argent irait dans une des poches obscures de l'Etat et y resterait, sans aucune redistribution.

Je cite cette anecdote car elle montre à quel point les jeunes n'ont aucune conscience de ce qu'il faudrait faire dans un pays ruiné, mais l'important est la joie, les rires et les moments affectueux passés en compagnie de ces jeunes brillants.

Bulletins du 1er semestre 2025, du numéro 1043 à 1062 lundi, 16 juin 2025

Roman; font-size: 12pt;">Bulletins du 1er semestre 2025, du numéro 1043 à 1062 Roman; font-size: 12pt;">Pour lire le bulletin de votre choix, on clique sur le lien pour ouvrir le pdf de ce bulletin Roman; font-size: 12pt;">To read a bulletin, click on the link of this bulletin.

(bulletin WD N° 1062 250618)    Le bulletin 1062 raconte : déjeuner de conscrits au Yacht Club de France et la 42ème séance de l’Académie des Vins Anciens au restaurant Macéo.

(bulletin WD N° 1061 250612)    Le bulletin 1061 raconte : déjeuner au restaurant Pages avec Richard Geoffroy, déjeuner au restaurant Solstice et déjeuner au restaurant l’Ecu de France.

 (bulletin WD N° 1060 250603)a  Le bulletin 1060 raconte : déjeuner au restaurant Pages, jour de mon anniversaire, avec deux champagnes icones de 1955, dîner avec mon fils et des vins inhabituels, déjeuner au restaurant le Sergent Recruteur.

(bulletin WD N° 1059 250521)    Le bulletin 1059 raconte : 295ème dîner au restaurant Astrance, dîner avec mon fils, déjeuner de Pâques et déjeuner pour mon anniversaire.

(bulletin WD N° 1058 250513)    Le bulletin 1058 raconte : déjeuner au restaurant le Sergent Recruteur, dégustation en cave et déjeuner à l’Hôtel du Marc de Veuve Clicquot, déjeuner à la maison et déjeuner au restaurant Pages.

(bulletin WD N° 1057 250429)    Le bulletin 1057 raconte : déjeuner dans le sud avec des amateurs, avec deux bordeaux de plus de 140 ans et trois vins d’Algérie dont deux rosés et déjeuner au restaurant du port.

(bulletin WD N° 1056 250415)    Le bulletin 1056 raconte : dîner avec de jeunes dégustateurs chevronnés au restaurant "Lesar", déjeuner au Cercle de l’Union Interalliée et 294ème diner de wine-dinners au restaurant Astrance.

(bulletin WD N° 1055 250404)    Le bulletin 1055 raconte : Caviar et Krug, Château Margaux avec ma fille, déjeuner au restaurant Le Relais Louis XIII, déjeuner au restaurant L’Harissa avec le groupe X-Couscous

(bulletin WD N° 1054 250327)    Le bulletin 1054 raconte : voyage à Saint-Sébastien avec dîner au restaurant trois étoiles Arzak et un autre dîner au restaurant deux étoiles Amelia. Anecdote émouvante sur le restaurant Le Saint-Cyrille à Paris.

(bulletin WD N° 1053 250321)    Le bulletin 1053 raconte : préparation d’un dîner en déjeunant au restaurant Pages, dîner avec un étonnant Moulin à Vent, déjeuner au restaurant le Petit Sommelier pour la première présentation officielle de Château d’Yquem 2022, dîner au Sergent Recruteur avec le propriétaire de Château Climens.

(bulletin WD N° 1052 250311)    Le bulletin 1052 raconte : déjeuner au restaurant L’Ecu de France, deux déjeuners au restaurant Pages, dîner avec mon fils, déjeuner de famille.

(bulletin WD N° 1051 250307)    Le bulletin 1051 raconte : le réveillon de la Saint-Sylvestre avec deux 1919 et deux 1911, compté comme 293ème dîner à la maison et repas d’amis avec deux Cuvée Cathelin Chave.

(bulletin WD N° 1050 250224)    Le bulletin 1050 raconte : 292ème dîner au restaurant Maison Rostand, dîner de Noël à la maison.

(bulletin WD N° 1049 250219)    Le bulletin 1049 raconte : Noël avant l’heure avec mes trois enfants, déjeuner à Rennes avec trois vins du 18ème siècle et d’autres raretés.

(bulletin WD N° 1048 250212)    Le bulletin 1048 raconte : dégustation des vins du millésime 2021 du domaine de la Romanée Conti et 291ème dîner au restaurant Astrance

(bulletin WD N° 1047 250204)    Le bulletin 1047 raconte : Une nouvelle façon d’organiser les dîners.

(bulletin WD N° 1046 250128)    Le bulletin 1046 raconte : déjeuner de conscrits au restaurant Pages, déjeuner de vins étonnants au restaurant le Sergent Recruteur, dégustation de champagnes Krug et repas à la maison familiale de la maison Krug.

(bulletin WD N° 1045 250121)    Le bulletin 1045 raconte : des Master Class du Grand Tasting de Bettane & Desseauve dont ‘assemblage et millésime : l’art du champagne selon Krug’, dont ‘la maison Laurent-Perrier à l’avant-garde de la Champagne’ et dont ‘Le Génie du Vin’.

(bulletin WD N° 1044 250114)    Le bulletin 1044 raconte : La 41ème séance de l’Académie des Vins Anciens au restaurant Macéo.

(bulletin WD N° 1043 250103)    Le bulletin 1043 raconte : dîner « Enigma » pour les gagnants d’une énigme au restaurant Pages, qui est le 290ème de mes dîners et déjeuner ‘rapide’ avec ma fille.

299ème dîner au restaurant Le Doyenné mardi, 10 juin 2025

Le 299ème dîner se tient au restaurant Le Doyenné situé à Saint-Vrain dans un parc de plus d'une centaine d'hectares. Le chef et copropriétaire est australien, James Edward Henry, qui supervise le restaurant et l'immense potager dont il tire le meilleur pour ses plats.

J'étais venu il y a six jours pour étudier sa cuisine afin de préparer le menu du repas de ce soir. Mes vins avaient été laissés sur place chez le propriétaire des lieux et qui est à l'origine de ce dîner d'amis. Trois des épouses qui auraient pu venir à ce dîner avaient choisi cette date pour faire une retraite méditative ensemble, aussi nous serons dix participants masculins sur dix, ce qui n'améliore pas la parité hommes femmes de mes dîners peu égalitaires. Pourvu que Sandrine Rousseau ne le sache pas.

Je suis arrivé à 15 heures pour ouvrir les vins. Deux des participants et le sommelier Romain vont assister à cette importante séance, ce qui leur permettra de témoigner de l'évolution des senteurs des vins sur plus de quatre heures. Il y a un nombre très important de vins dont le bouchon s'est déchiré en miettes, même lorsque j'utilise le tirebouchon et bilame Durand car beaucoup de goulots ont des renflements et des boursoufflures qui rendent impossible de soulever le bouchon sans qu'il ne se déchiquète.

Le seul vin qui a eu des brisures qui sont tombées dans le vin est l'Hermitage 1915 car il y avait une surépaisseur tout en haut du goulot qui a entraîné que le bouchon s'est entièrement déchiré.

Le Laville Haut-Brion 1967 est le seul qui a un nez de bouchon à l'ouverture. En nettoyant bien le goulot nous avons pu constater que le nez de bouchon s'estompait. Il a totalement disparu au moment où le vin a été servi. Les parfums les plus intenses sont toujours ceux des liquoreux. Les deux sont impressionnants.

Le menu composé par le chef est : charcuterie du Doyenné / huîtres d'Utah Beach, petits pois / dorade royale / Barbajuan de printemps, brioche surprise et crevette rose bouquet / saint-pierre, asperges blanches, noix / homard bleu grillé, giroles, huile de café / échine de cochon du Doyenné, ail confit et anchois / pigeon de Mesquer à la braise / foie gras poché au court-bouillon / riz au lait à la mangue / financier.

Certains amis étant arrivés assez tôt, Antoine a fait ouvrir un Champagne Selosse Version Originale sans année. Il est très agréable, raffiné et vif, jeune et plaisant, bien mis en valeur par les tranches fines de cochon.

Nous passons à table. Le Champagne Salon 2006 est servi, jeune, à la bulle active. Un des convives dira qu'il préfère le Selosse alors que je pense que le Salon est plus riche, plus complexe et plus énergique. La combinaison de l'huître et des petits pois très fins est inspirante, très semblable à des créations de Pascal Barbot, et met en valeur le Salon.

Le Champagne Moët & Chandon Brut Impérial 1969 est une grande surprise pour tous, car ce champagne, à l'opposé du Salon, offre un charme et une délicatesse extrêmes. Tout en lui est gourmandise et richesse cohérente. Les crevettes roses sont divines et s'accordent parfaitement au champagne.

Comme tous les Laville anciens, le Château Laville Haut-Brion 1967 est d'une couleur très claire. Ce vin blanc de Bordeaux est noble et fluide, de belle longueur. Celui-ci a un peu moins d'ampleur que des grands Haut-Brion blancs mais il est très agréable.

La même surprise du Moët après le Salon se produit pour les vins blancs avec l'apparition de l'Hermitage Chante Alouette blanc Chapoutier 1949. Quelle belle surprise que ce vin blanc joyeux, rond et de belle structure, large en bouche, intense et parfait pour le poisson. Les amis sont surpris qu'une asperge puisse créer un bel accord.

Ils auront la même surprise avec l'association d'un homard avec un bordeaux rouge, alors que traditionnellement, c'est le vin blanc qui est choisi. Le Château de Pressac Saint-Emilion 1966 est une belle surprise pour moi. Je ne l'attendais pas si large et si ample. C'est une beau bordeaux classique, de personnalité plaisante.

Le Château Ausone 1979 est noble, fin et racé, de belle amplitude. C'est un vin galant. Bel accord avec le homard parfait et avec les fines giroles.

Nous entrons dans les passages les plus glorieux de cet opéra gustatif. Le parfum de la Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 1983 est un moment d'une intensité rare. Nous entrons dans le monde du domaine de la Romanée Conti grâce à l'intensité émouvante de ce parfum. Le vin est délicat, subtil, et offre des goûts d'une complexité harmonieuse. L'échine de cochon est un bel accompagnant de ce moment rare où l'on savoure un vin impressionnant d'amabilité.

Je ne voulais pas que les deux vins du domaine de la Romanée Conti soient en concurrence, aussi est servi comme intermède l'Hermitage Rochefine Jaboulet Vercherre 1915 sur un délicieux pigeon. J'ai bu 33 vins de 1915 et c'est un millésime que j'adore, aussi pour son histoire mondiale. Mais bien sûr c'est la qualité intrinsèque de ce millésime qui me ravit. Cet Hermitage de 110 ans est sublime. Il est vivant, actif, avec un joli fruit plaisant. J'en suis amoureux et ce sera le premier dans mon vote. Toutes les idées préconçues de mes convives tombent. Il va falloir qu'ils révisent leurs sentiments sur les vins anciens.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1974 est servie avec un foie gras poché, selon la petite coquetterie que j'ai lancée moult fois, parce que la chair délicate du foie gras poché est idéale pour mettre en valeur ce vin que presque tous mes convives découvrent pour la première fois. Ce vin est solide, riche et complexe. C'est un très grand vin sans le moindre défaut, mais qui n'a pas la subtile fraîcheur de la Romanée Saint-Vivant. J'ai adoré ses complexités et ce vin est placé dans mon vote devant la Romanée Saint-Vivant mais je comprends que le 1983 ait séduit beaucoup plus les convives.

Le Château de Rayne Vigneau Sauternes 1938 est très foncé, presque noir. Il est riche et conquérant, au parfum envoûtant. C'est un très grand sauternes, aussi grand que l'Yquem 1938 qui m'avait ébloui et étonné. Le riz au lait a un peu freiné le goût de la mangue.

Le Vin de Chypre 1870 est une immense surprise pour mes convives car ce vin a tout d'un vin éternel. Le parfum est guerrier et en bouche on ressent ce vin comme un vin qui durerait 400 ans de plus. Il est à la fois lourd et profond, mais aussi mentholé et aérien, extrêmement imprégnant et le financier calme sa fougue.

Je sens autour de moi que les visions sur les vins anciens vacillent et c'est une bonne chose. Nous allons voter. Les votes ont été assez longs à exprimer pour certains participants, mais tout le monde a voté. Deux vins n'ont pas eu de vote, mais cela s'explique. Le Salon 2006 n'en a pas eu car pour beaucoup, la découverte d'un champagne ancien aussi plaisant que le Moët 1969 a été une surprise très forte. Et il en est de même du Laville Haut-Brion 1967, très grand vin, mais mis dans l'ombre de l'excellent Hermitage blanc 1949, belle surprise.

Quatre vins ont eu des votes de premier, la Romanée Saint-Vivant 1983 a eu quatre votes de premier, la Romanée Conti 1974 a eu trois votes de premier, l'Hermitage rouge 1915 a eu deux votes de premier et le Rayne Vigneau 1938 a eu un vote de premier.

Le vote des dix participants est : 1 - Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 1983, 2 - Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1974, 3 - Vin de Chypre 1870, 4 - Champagne Moët & Chandon Brut Impérial 1969, 5 - Hermitage Rochefine Jaboulet Vercherre 1915, 6 - Château de Rayne Vigneau Sauternes 1938.

Mon vote est : 1 - Hermitage Rochefine Jaboulet Vercherre 1915, 2 - Vin de Chypre 1870, 3 - Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1974, 4 - Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 1983, 5 - Hermitage Chante Alouette blanc Chapoutier 1949.

Le chef James a parfaitement intégré mes recommandations pour que les plats créent une harmonie avec les vins, mais il a utilisé toute sa science et son talent pour réussir ce beau repas.

Tout semble indiquer que ce 299ème dîner ne sera pas le seul au Doyenné.