Conférence dégustation pour des amoureux du vin mercredi, 4 juin 2025

Le club d'amateurs de vin du siège parisien d'une grande société de conseil internationale m'a contacté pour que j'organise une dégustation de vins de Bourgogne avec la plupart des membres du club. J'ai répondu positivement à leur demande.

Le choix des vins est toujours excitant car j'ai envie de convaincre ces amateurs de l'intérêt des vins anciens et de les faire rêver. Le programme que j'ai conçu m'a excité. Je l'ai communiqué à ma correspondante de ce club et j'ai ajouté un vin mystère dont je n'ai pas communiqué le nom.

J'arrive un peu après 15 heures au siège de cette société où il est impossible de circuler si l'on n'a pas un badge. Les salles qu'on me montre ne sont pas très adaptées à ce que nous voulons faire, mais les consultants étant des personnes foisonnant d'idées, une solution est trouvée.

L'ouverture des vins est un exercice qui demande de la patience. L'un des membres du club et ma correspondante ont assisté à ces ouvertures. En me regardant faire le membre du club est subjugué par le fait que même si le bouchon se brise en mille morceaux, aucune miette de liège ne tombe dans le vin.

Lors de cette ouverture, tous les parfums me sont parus très prometteurs. Aucun vin  n'a suscité de doute.

J'avais devant moi beaucoup de temps avant la conférence qui démarre à 19 heures. Julia, très aimablement, est restée avec moi sur la terrasse de l'immeuble d'où l'on voit la tour Eiffel et l'Arc de Triomphe. Nous avons bavardé par un temps clément.

Les membres du club arrivent. Je n'avais pas en tête autant de participants. Nous serons vingt ce qui pose un problème pour servir des bouteilles de façon équitable sans en oublier un. Celui qui a fait cette opération pendant la soirée l'a fait avec succès.

Comme je devais parler et animer la soirée, je n'ai pas eu le temps de prendre de note. Mes commentaires seront succincts.

Le Meursault Goutte d'Or Louis Latour 1995 est un vin doté d'un joli gras, de belle présence avec un finale très long.

Le Meursault Charmes Roulot 1997 me plait par sa grande présence en milieu de bouche. Les deux Meursault sont très différents. Globalement les participants voteront plus pour le 1995 qui est d'une belle fraîcheur et j'ai plutôt préféré le 1997 que j'ai trouvé plus riche et plus prononcé. Mais je peux comprendre que le Louis Latour est un meursault plus archétypal.

Le Corton-Charlemagne Eugène Ellia 1993 apporte plus de complexité et d'expressivité que les deux vins précédents. J'adore son dynamisme. C'est un vin très agréable.

Le Bâtard-Montrachet Veuve Henri Morini 1991 fait encore monter d'une marche sur l'échelle des plaisirs. Alors qu'il est d'une année dite faible et d'un vigneron qui n'est pas des plus connus, ce vin est riche et expressif, glorieux. Il sera largement plébiscité dans les votes.

Dans les fiches que j'avais préparées pour la dégustation j'avais oublié l'un des vins, le Puligny Montrachet Henri Boillot 1959 qui normalement n'aurait pas dû être servi après le Bâtard-Montrachet plus puissant. Et en fait ce Puligny s'est montré très agréable, rond et cohérent. Son âge le rend plus confortable.

Cette série de cinq blancs a été très diverse et plaisante. Un beau voyage dans les vins blancs de Bourgogne.

Il faisait très chaud dans l'immeuble et il n'y avait de disponible qu'un seul réfrigérateur. Aussi les blancs et les rouges étaient ensemble à une température intermédiaire. Aussi lorsque l'on a servi le vin des Hospices de Beaune Pommard magnum 1990, la fraîcheur du vin m'a enthousiasmé, car cela le rendait émouvant, séduisant, d'une longueur infinie. J'ai eu un moment de grand plaisir avec ce vin frais et entraînant. La délicatesse des Pommard.

Je ne me souviens plus très bien du Gevrey-Chambertin Jean Raphet magnum 1983 car je racontais des tonnes d'anecdotes. Il n'a pas tellement marqué les esprits, surtout le mien.

Le Chambolle Musigny 1er cru Les Vignes du château Grivelet magnum 1971 a tout pour lui, un grand vigneron et une très grande année. Et effectivement ce vin est une bombe. Il est généreux, puissant et très expressif. C'est un grand vin.

Le vin qui, à l'évidence, comble l'attente des participants est l'Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1994 du fait de la réputation du domaine. Mais la fraîcheur qui avait joué pour le Pommard joue aussi pour lui. Ce vin délicat est en même temps large et profond et il a la plus belle complexité. Ce vin, c'est du bonheur pur.

J'ai dit que j'avais aussi apporté un vin surprise mais je préfère que l'on vote maintenant et nous boirons ce vin après les votes.

Nous sommes vingt votants. Chacun a voté et les résultats sont intéressants. Les neuf vins ont eu au moins trois votes. Cinq vins ont eu des votes de premier. L'Echézeaux 1994 a eu 8 votes de premier, le Bâtard Montrachet 1991 a eu 7 votes de premier, le Chambolle Musigny 1971 a eu deux votes de premier et le Puligny 1959 comme le Meursault Goutte d'Or 1995 ont eu chacun un vote de premier.

Le vote de l'ensemble des participants est : 1 - Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1994, 2 - Bâtard-Montrachet Henri Morini 1991, 3 - Chambolle Musigny 1er cru Les Vignes de château Grivelet magnum 1971, 4 - Corton-Charlemagne Eugène Ellia 1993, 5 - Meursault Goutte d'Or Louis Latour 1995, 6 - Puligny Montrachet Henri Boillot 1959.

Mon vote est : 1 - Chambolle Musigny 1er cru Les Vignes de château Grivelet magnum 1971, 2 - Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1994, 3 - Bâtard-Montrachet Henri Morini 1991, 4 - Hospices de Beaune Pommard magnum 1990, 5 - Corton-Charlemagne Eugène Ellia 1993.

J'ai tellement envie de convaincre les amateurs de vins que la « vérité » est chez les vins anciens, que je n'ai pas résisté au plaisir de faire goûter un Corton Clos du Roi L.A. Montoy 1929. A l'ouverture, il avait un parfum très plaisant. Ce vin subtil est adorable. Il n'a pas la puissance des vins jeunes mais il a un joli fruit et une cohésion qui est admirable. Je l'adore. 1929 est une de mes années fétiches.

Les membres du club sont émus évidemment et heureux de faire cette expérience qui repousse de beaucoup l'âge du plus vieux vin qu'ils aient bu.

J'espère par cette dégustation pour des amoureux du vin, les avoir encouragés à chercher à entrer dans le monde des vins anciens.

297ème dîner au restaurant Maison Rostang mercredi, 28 mai 2025

Un ami qui a participé à plusieurs repas et m'a demandé d'en organiser soit pour des amis soit pour des relations professionnelles me demande d'organiser un dîner pour des amis proches qui partagent le même loisir, la chasse. Nous serons onze au restaurant Maison Rostang Nicolas Beaumann.

J'arrive à 15h30 au restaurant pour ouvrir mes bouteilles et je suis accueilli par Frédéric Rouen le directeur et par Jérémie le sympathique sommelier sans qui je ne serais peut-être jamais arrivé au bout de cette opération. Les premières bouteilles s'ouvrent assez facilement et quand j'ouvre le Haut-Bailly 1964, je ressens une odeur de bouchon. Elle est moins forte que celle du Y d'Yquem 1985 ouvert au dernier repas, mais elle est là. Alors nous allons utiliser la même méthode en créant un rouleau de cellophane que l'on trempe dans la bouteille. Au bout d'une heure, le nez de bouchon a un peu diminué et nous choisissons de garder le bâton de cellophane dans la bouteille une heure de plus.

Passant maintenant à l'ouverture de l'Ausone 1978, à peine ai-je piqué le tirebouchon que le bouchon glisse vers le bas, et malgré mes précautions il reste dans le bas du goulot. Il faut donc carafer le vin, extraire le bouchon, laver la bouteille vide et la sécher, puis remettre le vin dans la bouteille. On est très loin de l'oxygénation lente, mais on ne peut faire autrement.

Les ouvertures continuent avec des parfums très engageants, et je croyais être tranquille pour finir avec la Malvoisie 1828 car elle a un tout petit bouchon sous un chapeau de cire, mais une nouvelle fois le bouchon est tombé dans le liquide. Nous avons dû à nouveau utiliser une ficelle de cuisine pour enlever le bouchon lorsque le vin est carafé. La patience de Jérémie a été une aide précieuse.

Pour le 297ème dîner de wine-dinners, nous sommes onze dont dix chasseurs et moi non chasseur. Il y a deux femmes et neuf hommes. Huit ou neuf des convives sont des nouveaux participants à mes dîners. La joie d'être ensemble de ce groupe d'amis est un plaisir à voir et à partager. Ils ont tant à se dire que j'ai eu peur d'être isolé mais pas du tout, nous avons pu bavarder et vivre ensemble la belle aventure de ce repas.

Le menu préparé par le chef Nicolas Beaumann est : amuse-bouches / tourteau de casier décortiqué en fine gelée / homard bleu cuit au barbecue, les premières girolles, jus de la presse / rouget maturé, courgette, sauce des arêtes au vin rouge / volaille de Bresse, le suprême mariné à l'eau de noix, salsifis à la reine-des-prés et jus au vin jaune / asperge blanche des Landes sauce hollandaise / stilton / tarte tatin de mangue / financier.

Le Magnum Champagne Laurent Perrier Grand Siècle base 1996 1997 1999 avait fait un joli pschitt à l'ouverture. La couleur est claire et la fine bulle est abondante. C'est un champagne très confortable et engageant. Les amuse-bouches ont des goûts très forts et épicés et le champagne s'y adapte bien.

L'Y d'Yquem 1988 a une couleur très claire pour son âge et montre un joli botrytis qui lui donne des muscles. Sur le tourteau, c'est un vrai bonheur.

Les deux bourgognes blancs cohabitent avec le délicieux homard et sont radicalement différents. Le Bâtard-Montrachet Etienne Sauzet 1990 est très foncé et d'une grande richesse qui crée un accord avec la sauce du plat.

Le Chassagne-Montrachet Les Caillerets Ramonet 1988 est beaucoup plus clair et beaucoup plus délicat. Sa finesse est rare. Il est idéal avec la chair du homard.

Le rouget a été préparé pour s'accoupler aux deux Bordeaux. Le Château Haut-Bailly 1964 a quasi totalement perdu son parfum de bouchon et ce qui reste ne gêne pas le goût, au point qu'un des convives le mettra premier dans son vote. Le vin est lourd, truffé, très racé.

Le Château Ausone 1978 a été doublement carafé mais cela n'a pas altéré sa noblesse. C'est un grand vin au goût de truffe, idéal pour le rouget. L'accord a été parfait avec ces vins dissemblables.

Nous allons entrer sans le savoir sur le chemin du sommet du repas avec deux bourgognes éblouissants. Le Château Corton Grancey Louis Latour 1959 est un vin élégant, subtil, plein de charme.

Le Chambertin Clos de Bèze Pierre Damoy 1961 est un vin puissant, cohérent, parfaitement accompli. Je l'avais déjà choisi dans 14 de mes dîners et il avait été premier 7 fois, second 3 fois et quatrième une fois. Il va être premier pour sa quinzième apparition. Il fait donc partie comme le Nuits Cailles 1915 de Morin Père & Fils des vins qui sont des valeurs sûres à chaque fois qu'ils sont servis.

Quand mes convives ont été servis des deux vins, ils ont compris qu'ils étaient en face d'une forme de perfection absolue des vins de Bourgogne. J'ai ressenti qu'ils étaient émerveillés, car ces goûts sont extrêmement rares.

Lorsque j'avais mis au point le programme des vins avec l'organisateur de ce repas, il m'avait dit : j'aimerais bien remplacer le Corton Grancey par un vin de la Romanée Conti et j'avais répondu que ce n'était pas possible, pour la cohérence du repas. Et j'ai fait imprimer les menus qui ne mentionnent aucun vin de la Romanée Conti.

C'est donc une surprise quand l'Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2014 est servi, accompagné d'un saint-nectaire. Ce vin tout en douceur, délicat est une belle promesse de grand vin mais on voit bien qu'après les deux autres bourgognes, il manque de corps et de largeur. Mais il est adorable quand même.

Le Château Grillet 1986 est un extraterrestre, un OVNI, car son goût ne correspond à rien d'autre. Déjà, au nez, on aurait peine à dire si c'est un vin blanc ou un vin rouge. En bouche, il est d'une solidité extrême et d'une personnalité unique, sans repère. Avec l'asperge blanche, l'accord est magique. Beaucoup sont surpris de l'audace de mettre l'asperge à ce moment du repas mais ils conviennent que cela est pertinent.

Le Château d'Yquem 1956 avait un bouchon d'origine. Sa couleur est extrêmement foncée, presque noire et son parfum est intense. Il a bénéficié d'un fort botrytis. Il est rond et joyeux, porteur de bonheur. L'accord avec le stilton est parfait et l'accord avec la Tatin de mangue est sensuel. C'est un grand Yquem à la longueur infinie, suave et séducteur.

La Malvoisie Canaries 1828 est aussi un OVNI car au-delà de son goût riche et dense de vin liquoreux muté, il offre la fraîcheur d'un vin mentholé, frais comme un Xérès. Là aussi on est en face d'un vin à la longueur infinie. Le financier crée un équilibre parfait avec ce vin de 197 ans du 297ème dîner. La magie des chiffres.

Il est temps de voter. Je sens que ce groupe si sympathique a été surpris par la qualité des vins.

Les deux bourgognes de 1959 et 1961 cannibalisent les votes. Ils ont chacun quatre votes de premier. La Malvoisie 1828 comme le Château Grillet 1986 et le Haut-Bailly ont chacun un vote de premier.

Le vote de la table est : 1 - Chambertin Clos de Bèze Pierre Damoy 1961, 2 - Château Corton Grancey Louis Latour 1959, 3 - Château d'Yquem 1956, 4 - Château Grillet 1986, 5 - Malvoisie Canaries 1828, 6 - Château Haut Bailly 1964.

Mon vote est : 1 - Malvoisie Canaries 1828, 2 - Château d'Yquem 1956, 3 - Chambertin Clos de Bèze Pierre Damoy 1961, 4 - Château Grillet 1986, 5 - Château Corton Grancey Louis Latour 1959.

Les accords ont été pertinents. Les plus beaux sont ceux avec le homard, le rouget et la volaille. Le plus original est celui de l'asperge avec le Château Grillet vin le plus énigmatique et passionnant de ce fait.

Nicolas Beaumann a fait une cuisine idéale pour les vins et Jérémie a géré le service des vins avec une attention qui mérite des compliments.

La complicité joyeuse de ce groupe d'amis a créé une ambiance chaleureuse. Ce dîner fut porteur de bonheur.

Conférence dégustation pour des étudiants d’HEC dimanche, 18 mai 2025

Un cercle d'élèves d'HEC réunis dans l'Association Grands Crus HEC m'a invité à venir faire une conférence dégustation pour trente élèves.

La réunion se tient dans un hôtel particulier très chic du 8ème arrondissement, où l'étudiant qui m'accueille n'était jamais venu. J'arrive à 16 heures alors que la conférence démarre à 19h30, pour que les vins aient le temps de s'épanouir.

J'ouvre les vins dont les bouchons résistent, surtout ceux des Moulin à Vent dont les goulots n'ont rien de cylindrique. La partie pincée du goulot empêche le bouchon de remonter entier. J'ai donc utilisé le tirebouchon Durand et non mes outils habituels. Les ouvertures se sont bien passées.

Je présente aux élèves ma vision de l'intérêt des vins anciens et je n'avais pas conscience à quel point ils n'avaient jamais approché ce monde. En effet ce club reçoit des vignerons parmi les plus célèbres, mais jamais les vins qu'ils boivent n'ont plus de dix ans. Aussi la dégustation que nous allons faire les entraîne dans un monde inconnu.

Alors que les vignerons commentent les vins qu'ils présentent, je laisse chacun être attentif aux émotions qu'ils ressentent. C'est inhabituel pour eux.

Nous commençons par le Pomerol Bourgneuf-Vayron 1961 qui est d'une grande année et représente un pomerol typique, riche et dense. Il a des accents de truffe et ce qui impressionne, c'est sa densité, son équilibre et sa longueur. Je le trouve particulièrement bon. Je ressens que les élèves sont assez troublés par des goûts inconnus.

J'avais envie d'oser en choisissant un Moulin à Vent Union des Viticulteurs de Romanèche-Thorins et Chénas 1969 dont la couleur est plutôt claire. Je suis moi-même troublé, car il y a des notes sucrées en ce vin complexe et doucereux. S'agit-il vraiment d'un rosé ? Pourquoi pas. Ce qu'on peut noter, c'est le goût cohérent et un aspect gourmand marqué. J'avais choisi un vin inhabituel. J'aurais peut-être dû être plus conventionnel.

Nous allons maintenant comparer deux Vouvray moelleux, un jeune et un ancien. Le Vouvray moelleux Réserve Clos Naudin Philippe Foreau 1997 est beaucoup plus foncé que le Clos Du Bourg Vouvray Moelleux Huet 1959. La démonstration est édifiante, car le 1959 est parfait, charmeur, cohérent et agréable à boire alors que le 1997, plus sombre est plus rigide.

J'avais prévu une surprise pour les élèves qui est de boire un Maury la Coume du Roy domaine de Volontat 1925. Ce vin de grande douceur, au parfum envoûtant et à la longueur infinie est un miracle. Montrer à ces jeunes amateurs qu'un vin de cent ans peut avoir des subtilités et une jeunesse infinie est une surprise très grande. A lui tout seul, ce vin validait mes théories sur le fait que le vin a un appel vers l'éternité.

Je ne m'en suis pas rendu compte mais nous avons bavardé pendant quatre heures avec des amateurs avides de connaissances nouvelles.

Ce fut une très agréable soirée avec ces étudiants sympathiques. J'ai senti qu'ils ont été heureux de cette expérience très différente de celles qu'ils vivent dans le monde du vin.

Déjeuner avec Richard Geoffroy dimanche, 4 mai 2025

Richard Geoffroy a été pendant une longue période le renommé maître de chais de la maison Dom Pérignon. C'est vers l'an 2000 que nous sommes devenus amis après avoir bavardé à la fin d'une présentation de Dom Pérignon aux caves Legrand. Nos visions du vin se mariaient tellement bien. Nous nous sommes revus lorsque nos agendas le permettaient. Nous nous rejoignons au restaurant Pages.

Quoi de plus excitant que de choisir des vins pour quelqu'un que l'on apprécie. J'ai pris trois vins, un champagne, un blanc et un rouge.

J'arrive avant 11 heures pour un déjeuner à 12h30, ce qui me permettra après ouverture et composition du menu avec le chef Ken, de profiter de Paris en plein soleil et de boire une bière japonaise, en grignotant des edamames.

Le menu sera : carpaccio de barbue / asperges blanches / lotte à la sauce umami / agneau / wagyu / dessert à la fraise / financiers.

Lorsque Richard Geoffroy arrive, il annonce ce qu'il a apporté. Il vient de créer un vin effervescent de Corse. Ce vin est fait avec des cépages locaux et Richard regrette que les instances officielles aient interdit d'appeler son effervescent : vin de Corse, malgré l'origine des vins. Il est obligé de se contenter de « vin de table ». Il a aussi apporté un saké Iwa, le saké qu'il a créé juste après avoir passé le flambeau de Dom Pérignon à Vincent Chaperon.

Nous commençons donc le repas avec le Vin de table effervescent de Corse d'environ 2 ans. Le pétillant est très bien dosé, d'une puissance contrôlée et ce que l'on remarque, c'est la belle richesse en bouche. Ce vin est agréable, confortable et gastronomique. Il n'est pas handicapé par sa jeunesse.

Le Champagne Lanson 1975 avait eu un petit pschitt sympathique à son ouverture. La bulle est présente. La couleur est d'un or joyeux. En bouche, quel équilibre ! Ce champagne est noble, large et équilibré. Ce n'est que du bonheur. Ce Lanson a une bouteille en forme de quille, forme qui a été utilisée dans les années 60 et 70, période bénie pour la maison Lanson.

Le saké Iwa a des notes marines sensibles et un équilibre confortable et doux en milieu de bouche. Ce qui est amusant, c'est que l'on peut passer de l'un de ces trois vins à l'autre sans que le palais ne montre le moindre rejet. Le vin Corse est agréable mais en devenir, le saké est aussi agréable et confortable et le Lanson est glorieux et éblouissant. Je suis content d'avoir ouvert ce Lanson que Richard ne connaissait pas et a apprécié.

Le carpaccio de barbue avait des tranches que j'ai trouvées épaisses. J'ai demandé des tranches fines beaucoup plus agréables sur les trois vins. Les asperges blanches ont fait vibrer divinement le saké.

Pour la lotte j'ai fait goûter à l'aveugle le vin blanc à Richard, étant sans illusion car ce vin est introuvable. Le Muscadet Sèvre & Maine tiré sur lie, André Vinet-Vallet 1962 est déroutant car jamais on n'attendrait une telle richesse et une telle longueur d'un muscadet. Il est puissant, rond, aimable et n'a pas d'âge. L'accord avec la sauce umami est appréciable. Il est évident que je voulais pour Richard un vin qu'il n'a jamais côtoyé.

Je ne résiste pas au plaisir de recopier le texte écrit sur une languette de papier collée à la capsule et en forme de tonneau : « ce muscadet a été bouché suivant la méthode de nos grands-pères, tiré sur sa lie, de la barrique où il est né, il n'a subi aucun soutirage préalable. Fruité, pétillant, plein de vie et de gaieté, il charme les fins palais. Comme un enfant, il peut subir l'influence des saisons, c'est sa nature même ». C'est un texte d'André Vinet-Vallet. Je ne pense pas qu'il aurait imaginé que son vin serait bu 63 ans plus tard. Tout est vrai dans son texte, sauf le pétillant qui n'existe pas.

Lorsqu'en 2013 nous avions partagé un Dom Pérignon 1929 de ma cave, j'avais apporté une Romanée Conti 1956 et Richard m'avait dit que c'était la première Romanée Conti de sa vie. Aussi mon troisième vin de ce déjeuner est La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1992. Le bouchon était sorti entier et avec facilité montrant un calibrage idéal du bouchon. Ce vin est totalement idéal. Il est riche, joyeux, puissant, noble mais extrêmement accueillant. C'est du plaisir pur. Il aura deux attitudes très différentes. Sur l'agneau, c'est d'Artagnan, prêt à croiser le fer avec nos papilles. Sur le wagyu, c'est Frank Sinatra ou Bing Crosby, montrant qu'au-delà de la puissance il y a un charme fou.

Le Champagne Lanson s'est marié élégamment avec le dessert aux fraises très léger. Nos papilles ont retrouvé le calme avec des financiers.

Richard Geoffroy est insatiable car il a mille nouvelles idées qui vont secouer le monde du vin. Quel bonheur de partager des vins avec ce créateur.

Vers la fin du repas, deux jeunes qui déjeunaient dans la salle avaient vu les vins que nous buvions. L'un des deux dit : peut-être jamais dans ma vie je n'aurai la chance de boire un vin de la Romanée Conti. Je lui ai dit que nous allions arranger ça et j'ai versé un verre de La Tâche pour les deux. Le jeune se montrait insatiable. Je lui ai suggéré de se recueillir pour profiter au mieux de ce vin divin.

Déjeuner de Pâques et déjeuner d’anniversaire mardi, 22 avril 2025

Le mercredi 23 avril est mon anniversaire, mais nous le fêterons le 21 avril, lundi de Pâques, afin d'avoir avec nous le plus grand nombre de nos enfants et de nos petits-enfants.

Hier, je suis allé au marché acheter du fromage, et dans une autre boutique, j'ai vu de magnifiques asperges et je me suis dit : il me les faut absolument. Et j'ai pensé à un vin rouge.

Mon fils est arrivé ce matin de Miami et m'a proposé des truffes noires sous vide. À l'ouverture, l'odeur des truffes était si intense que je me suis dit : c'est ce qu'il faut avec les asperges pour accompagner le vin rouge de Pâques.

Pour le déjeuner de Pâques avec ma femme et mon fils, nous commençons par le Champagne Réserve Grand Trianon Rothschild 1964 à la très jolie bouteille, qui sera associé à un caviar Baeri de Kaviari. C'est un très joli champagne rond, serein, savoureux, typique des vieux champagnes. Il a une belle présence mais manque – à peine – d'un peu d'émotion.

C'est maintenant l'apparition du Château Ausone 1937 avec des asperges et des truffes noires. C'est l'occasion d'un des meilleurs accords que je n'aie jamais créés. Lorsque j'ai ouvert l'Ausone 1937 à 10 heures du matin, l'odeur était si forte que j'ai décidé de protéger ce goût impérial avec un bouchon en verre. Et au moment du service, c'est un miracle. Si frais, si long, si raffiné, il crée un accord merveilleux.

J'avais acheté cette bouteille il y a probablement 40 ans. Parfaite, sans défaut, pure et glorieuse. Je suis si heureux d'avoir eu cette idée. Nous avons ensuite goûté un Brillat-Savarin et truffe avec l'Ausone, et c'est également un miracle.

La suite se fait avec une bouteille de 50 cl de Tokaji 3 Puttonyos 1972, délicat, doux mais sans excès, parfait sur un flan. C'est un accord calme et délicat. La robe du Tokaji est intense, et le goût est très doux et de belle longueur. Comme j'adore le flan, je suis aux anges.

Pour le repas du soir, j'ouvre un Champagne Ayala 1961. Il s'est passé quelque chose d'incroyable. J'ai voulu ouvrir la bouteille, mais le bouchon a résisté. J'ai pris une serviette pour le dévisser, mais il n'a pas beaucoup bougé. J'ai donc utilisé un outil qui est comme une fourche et s'utilise pour les bouchons de champagne récalcitrants. Tout à coup, le bouchon a sauté d'un mètre en hauteur, produisant un pschitt dynamique. Qui aurait pu imaginer qu'un champagne de 63 ans puisse exploser avec une telle énergie ? Je n'aurais jamais cru que ce soit possible. Cela me rappelle le magnum de Dom Pérignon 1988 de jeudi dernier, dont le bouchon a explosé encore plus fort, touchant le plafond et le blessant. L'Ayala 1961 est extrêmement agréable, paraissant largement plus jeune que le champagne Rothschild Réserve Grand Trianon 1964. Cet Ayala est un grand champagne émotionnel.

Le succès n'est pas toujours au rendez-vous. J'avais en cave un Champagne Krug Private Cuvée des années 50, avec un faible niveau et une couleur terne. Je l'ai ouvert et le parfum était insupportable. Il était sûrement mort. Je l'ai laissé ouvert toute la nuit et le lendemain, j'ai été étonné de constater que la mauvaise odeur avait disparu, ce à quoi je ne m'attendais pas. Quand je l'ai goûté, c'était un champagne endormi, plat, mort. Je n'ai pas insisté. Mais l'attitude que j'ai adoptée devrait être la règle : toujours donner sa chance à chaque vin.

Nous sommes le lundi de Pâques pour fêter en famille mon anniversaire. De grand matin, lorsque j'ouvre le Vosne-Romanée Henri Jayer 1980, je vois que le vin avait été mis en bouteille par un négociant belge, ce qu'on lit sur l'étiquette. Je me suis demandé de quoi il s'agissait, mais à l'odorat, aucune question ne se posait, car un parfum aussi élégant, subtil et romantique ne peut pas provenir d'un vin qui n'est pas d'Henri Jayer. J'ai appris plus tard que le négociant belge avait eu le privilège de mettre en bouteille son allocation d'Henri Jayer.

J'ai aussi ouvert l'Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1958, qui dégageait un parfum merveilleux. Les vins seront servis quatre heures plus tard sur du wagyu.

Le repas commence avec le Champagne Ayala 1961 qui a gardé une grande élégance et qui est plus fringant que le reste du Champagne Réserve Grand Trianon Rothschild 1964.

L'Hermitage La Tourette Delas blanc 1987 accompagne un cœur de saumon absolument délicieux. Le vin est gentiment gourmand et d'un beau fruit. C'est un Hermitage très agréable à boire avec un aimable goût de 'revenez-y'.

L'Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1958 a un nez et un goût de rose. Il est plutôt puissant. Sa personnalité est belle et sereine. C'est un grand vin.

Le Vosne-Romanée Henri Jayer 1980 est très différent, élégant, précis, raffiné. Les deux sont merveilleux à boire. Il est très difficile de dire lequel est le meilleur. Le wagyu est naturellement fait pour élargir la puissance de l'Echézeaux et l'on pouvait craindre qu'il fasse peur au sensible Vosne-Romanée, mais en fait le 1987 trouve lui aussi un tremplin avec la si gourmande viande.

Nous avons dégusté ensuite les deux vins sur du Brillat-Savarin et de l'Époisses, ce qui était un accord aussi passionnant, le Jayer éclatant sur le Brillat-Savarin et le Conti éblouissant sur l'Epoisses. Au final, j'ai eu une préférence pour l'Echézeaux, plus riche, plus complexe, plus en adéquation avec mon tempérament. Mais le Jayer était si fin et délicat que je l'ai adoré aussi. Un grand moment.

Le champagne a accompagné un fraisier de grande élégance.

Les deux repas ont formé un ensemble et mon classement est : 1 - Ausone 1937, 2 - Echézeaux 1958 3 – Vosne-Romanée 1980, 4 - Tokaji 1972, 5 - Ayala 1961, 6 - Hermitage 1987, 7 – Trianon Rothschild 1964.

Les vins du 4ème au 7ème étaient très agréables et pourraient être presque ex æquo dans le classement tant ils sont d'un intérêt similaire.

Les meilleures combinaisons vins et plats ont été : 1 - Asperges + truffe avec Ausone 1937. 2 - Epoisses et Echézeaux. 3 – Wagyu et Vosne-Romanée.

J'étais vraiment heureux de ma sélection de vins très différents.

295ème dîner au restaurant Astrance vendredi, 18 avril 2025

Le 295ème dîner se tient au restaurant Astrance. Le nombre de participants a fait du yoyo car un convive inscrit est tombé malade trois jours avant le dîner et un autre inscrit n'avait pas fait signe de vie le jour du dîner. Nous nous sommes quand même trouvés à onze, dont un couple de norvégiens pour qui c'est le deuxième repas, deux américains parmi les plus assidus de mes dîners, et six français dont deux venaient pour la première fois.

J'avais envoyé un mail de rappel qui portait en gros caractères l'heure du rendez-vous. Ce fut efficace car pour une fois, tous les convives sont arrivés avant l'heure officielle du repas. J'apprécie.

Le menu qui a été élaboré avec Pascal Barbot, le chef d'Astrance, extrêmement motivé et impliqué dans des créations faites pour les vins, est : gougères, tuiles de chiche et gribiche aux algues, huître et Pata Negra / asperges vertes de Roques-Hautes servies croquantes et amandes / filet de turbot vapeur, riz Koshihikari, asperges blanches et beurre blanc sauce soja / médaillon de homard et bisque de crustacé / entrecôte de bœuf wagyu de Hida, sauce poivrée / asperge blanche, comté trente mois et noix / flan pâtissier, légèrement vanillé / tartelette minute aux agrumes.

Je suis arrivé avant 16 heures pour ouvrir les vins du dîner et je serai rejoint par un des fidèles de mes dîners. J'avais apporté ce qui restait du Veuve Clicquot 1966, de l'Y d'Yquem 1977 et du Cheval Blanc 1966 du déjeuner de la veille pour que cet ami et le sommelier Lucas puissent les goûter. Les vins étaient encore en parfaite condition. Ils ont été finis.

A l'ouverture des vins, tous les parfums ont été superbes, parfois très épanouis au point que j'ai mis un bouchon pour conserver le parfum unique et glorieux du Haut-Brion 1950.

Une autre surprise concerne les bouchons. Ils sont presque tous venus entiers sans trop d'effort sauf le Chevalier-Montrachet 2002 dont le bouchon très serré m'a demandé un gros effort. Comme j'avais vu la veille le même comportement des bouchons je me demande si les conditions atmosphériques ne jouent pas un rôle dans la facilité ou la difficulté d'extirper les bouchons. Lucas m'a aidé pour quelques bouteilles. L'ami fidèle a offert un champagne dont ont profité quelques participants arrivés en avance.

Lorsque tous les convives sont présents, je donne les indications pour profiter au mieux du repas pendant que l'on nous sert le Magnum de Champagne Dom Pérignon 1988 dont le bouchon avait explosé quand je l'ai ouvert, le bouchon frappant fortement le plafond, à ma grande surprise. Le champagne est délicat et raffiné mais il est moins puissant que ce que j'attendais. Pascal Barbot a présenté une huître surmontée de Pata Negra et cette combinaison donne au champagne une longueur incroyable, très minérale. Cela contraste avec l'accord que créent les gougères, fait de charme infini.

Le Champagne Comtes de Champagne Taittinger 1976 est une surprise pour tous les convives. Il est rond, cohérent, intense, au message d'une richesse extrême, lourd et pénétrant. L'accord avec les asperges est sublime et renforce le champagne. C'est un grand moment.

Pour le plat de turbot, j'avais demandé qu'on corrige une erreur dans la transcription du menu, qui faisait que le plat était associé au Magnum de Chevalier Montrachet La Cabotte Bouchard Père et Fils 2002 mais aussi au Château Haut-Brion 1950. Le plat ne devait comporter que le vin blanc. Lorsqu'on sert peu après le Haut-Brion, je tique à peine et je n'y fais pas plus d'attention car je suis occupé par les discussions avec les participants.

Le Chevalier Montrachet La Cabotte Bouchard Père et Fils magnum 2002 est un vin que j'adore, dont l'appellation Cabotte n'a été donnée à ce vin que dans les années 1990. Le vin est riche et brillant, facile à comprendre et l'accord est naturel. C'est un beau et noble vin.

Mais quand apparaît le Château Haut-Brion 1950, tout le monde est subjugué. Le vin est d'une richesse incroyable, solide, puissant et sans âge. Son énergie est rare et l'accord est parfait. Le vin rouge convient au poisson magnifiquement cuit, alors que le vin blanc se régale avec le riz exceptionnel et avec les asperges blanches. En fait, l'erreur commise a permis des accords différents mais cohérents. Le Haut-Brion nous a subjugués par sa puissance et sa longueur.

Le Savigny Chanson Père & Fils 1928 me séduit, car il est d'une année que j'adore, l'une des plus grandes du 20ème siècle. Alors, j'apprécie ce vin avec ferveur, d'autant que la chair du homard et surtout la bisque le rendent brillant. Ce qui est étonnant, c'est que je mettrai ce vin second dans mon vote, alors qu'il ne figurera pas dans les six premiers de l'ensemble de la table.

Le Corton Grancey Louis Latour 1943 est un vrai velours que le wagyu fait rayonner. C'est un bourgogne élégant et gourmand, si consensuel. A côté de lui, l'Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1989 a le charme des vins de la Romanée Conti, mais le Corton convient beaucoup mieux au wagyu.

Le Château Chalon Château de la Muyre 1967 avait à l'ouverture un parfum d'une puissance incroyable. J'ai demandé à Pascal Barbot de mettre des morceaux d'asperge blanche et l'accord est divin dans l'opposition des amertumes. Le délicieux et riche Comté révèle d'autres facettes du talent du vin du Jura brillant.

J'avais demandé à Pascal Barbot un flan pour le Clos du Bourg Vouvray Huet 1959. Son flan est sublime et l'accord avec le très sensuel vouvray est absolument divin. Le vin est joyeux et l'accord est le plus beau de ce repas. Si ce vin est apparu deuxième dans le classement final, cela tient au vin bien sûr, car il est élégant, mais cela tient surtout à la magie de l'accord gourmand.

Le Château d'Yquem 1966 avait à l'ouverture un parfum seigneurial. Maintenant ce parfum est papal. Quelle amplitude, quelle puissance ! Cet Yquem est puissant, large sans excès, d'un équilibre serein. Le dessert aux agrumes est délicat, mais les peaux des agrumes sont un peu trop fortes pour le sauternes.

Nous sommes impressionnés par le fait que tous les vins ont été au sommet de leur art. C'est particulièrement réjouissant.

C'est l'heure du classement. Ce qui est particulièrement plaisant, c'est que chaque vin a eu au moins trois votes, ce qui est très rare, car il y a très souvent un ou deux vins ignorés dans les votes. Cela prouve une qualité très grande de tous les vins.

Six vins ont été nommés premiers, le Haut-Brion trois fois, l'Echézeaux, le Chateau Chalon et l'Yquem deux fois, le Corton et le Clos du Bourg une fois.

Le classement global de notre table est : 1 - Château Haut-Brion 1950, 2 - Clos du Bourg Vouvray Huet 1959, 3 - Château Chalon Château de la Muyre 1967, 4 - Corton Grancey Louis Latour 1943, 5 - Château d'Yquem 1966, 6 - Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1989.

Mon classement est : 1 - Château Haut-Brion 1950, 2 - Savigny Chanson Père & Fils 1928, 3 - Château Chalon Château de la Muyre 1967, 4 - Clos du Bourg Vouvray Huet 1959, 5 - Château d'Yquem 1966.

Alors que les français étaient majoritaires nous avons beaucoup parlé en anglais. L'ambiance a été souriante et amicale. Pascal Barbot est venu souvent expliquer les plats. Son enthousiasme et son implication sont un plaisir à entendre.

Ce fut un dîner particulièrement chaleureux et réussi.

Déjeuner au restaurant Le Sergent Recruteur jeudi, 17 avril 2025

Un ami allemand m'avait demandé d'organiser plusieurs dîners pour son entreprise. Il a vendu ses parts et investi dans un vignoble en Californie avec un jeune vigneron. Il voulait me voir et avoir mon avis sur les vins de son vignoble. Il m'a invité avec son fils et le vigneron de PIUS Paso Robles.

Il m'a dit : « J'apporterai des vins qui feraient pâlir vos vins français ». Bien sûr, c'était une blague, mais je l'ai pris comme un challenge. Nous nous retrouvons au restaurant le Sergent Recruteur. J'ai ouvert mes vins à 11 heures et comme le soleil inondaient l'île Saint-Louis je me suis promené le long de la Seine et pris un café crème sur une terrasse de café surplombant la Seine. Paris est magique quand il fait beau.

Nous commençons par un Champagne Dom Pérignon 2002 qui est à la fois riche, rond et extrêmement agréable. Il est vraiment agréable et se marie divinement à la célèbre rillette de maquereau.

J'ai récemment fait un tour dans ma cave pour trouver les bouteilles qui ont perdu trop de liquide. Certaines sont mortes, d'autres sont pleines de vie.

Le Rosé Kébir-Impérial d'Algérie des années 30 a perdu près de 60 % de son volume. Sûrement mort. Je l'ai ouvert 2 heures avant le déjeuner. Le premier nez était madérisé et je ne m'attendais à rien, mais en fait, avec les morilles qui accompagnaient les jeunes asperges, cela a créé une combinaison que le vigneron a adorée.

J'ai apporté La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1961 avec un niveau de 15 cm sous le bouchon. Le premier nez était parfait à l'ouverture ce qui est un signe fort. Maintenant, il n'a aucune déviation. Il n'y a absolument rien à redire. Le vin est si complexe, solide, un pur délice. Ce qui frappe c'est son équilibre et mes convives sont sous le charme. Le bœuf remarquablement cuit par Alain Pégouret est le compagnon idéal de ce vin emblématique.

Le Chardonnay PIUS Estate de Paso Robles 2022 m'a beaucoup plu. Il est très bien fait intense et montre déjà une belle longueur.

Le Cabernet Sauvignon PIUS Estate 2021 m'a également plu. Les deux vins américains sont très bien faits et agréables à boire dans leur jeune âge. On sent que le jeune vigneron travaille bien.

Le dessert au cacao s'est parfaitement accommodé d'un Vin de paille Domaine de la Pinte Jura 2018, doux et charmant proposé par Aurélien, le très compétent et passionné Aurélien.

Je pense que le vigneron a produit des vins très prometteurs. Par boutade j'ai dit que pour surpasser La Tâche 1961, il faudra 2 ou 3 siècles aux vins californiens, mais je pense qu'ils vont bien évoluer. Ce fut un très bon déjeuner au restaurant Sergent Recruteur avec des convives sympathiques et entreprenants.

Règles pour la 42ème séance de l’académie des vins anciens du 15 mai 2025 lundi, 17 février 2025

Roman; font-size: 12pt;">Règles pour la 42ème séance de l'académie des vins anciens du 15 mai 2025 Roman; font-size: 12pt;">Cette séance est ouverte aux amateurs de vins anciens avec ou sans apport de vins. Roman; font-size: 12pt;">1 – participants sans vin Roman; font-size: 12pt;">Les confirmations d'inscriptions sont prises dans l'ordre des demandes. Le prix est de 300 € par personne, à payer avant le 18 avril. Roman; font-size: 12pt;">2 – participants avec vins
  • Roman; font-size: 12pt;">proposer un vin ancien et fournir tous éléments sur le vin, dont le niveau dans la bouteille (chaque photo ne devra pas dépasser 500 Ko et devra être lisible. Elle sera en pièce jointe et non pas dans le corps du texte)
  • Roman; font-size: 12pt;">Obtenir mon approbation pour la ou les bouteilles proposées
  • Roman; font-size: 12pt;">Respecter les critères d'âge :
  • Roman; font-size: 12pt;">Champagnes : avant 1997
  • Roman; font-size: 12pt;">Vins blancs : avant 1991
  • Roman; font-size: 12pt;">Vins rouges et liquoreux : avant 1972
Roman; font-size: 12pt;">Les modes de livraisons figurent ci-après. Roman; font-size: 12pt;">Livraison des vins entre le 31 mars et le 30 avril. Roman; font-size: 12pt;">Les confirmations d'inscriptions sont prises dans l'ordre des demandes. Le prix est de 190 € par personne, à payer avant le 18 avril. Roman; font-size: 12pt;">3 – lieu de la réunion Roman; font-size: 12pt;">Le restaurant Macéo au 15 rue des Petits Champs 75001 PARIS Roman; font-size: 12pt;">Rendez-vous à 19h. Fin de réunion à minuit. Roman; font-size: 12pt;">4 – Mode de paiement Roman; font-size: 12pt;">Paiement par virement à FRANCOIS AUDOUZE AVA Roman; font-size: 12pt;">RIB / FR7630003030000005024474342 Roman; font-size: 12pt;">5 – mode de livraison
  1. Roman; font-size: 12pt;">– par envoi postal à François Audouze, société ACIPAR, 44 rue Andrei Sakharov, 93140 BONDY.
  2. Roman; font-size: 12pt;">– par livraison au 10 Place des Vosges 75004 Paris. Téléphoner à la concierge Madame PUREZA PEREIRA 07.64.88.30.66, prendre rendez-vous avec elle et l'appeler quand vous êtes arrivé, en donnant mon nom. Elle n'est pas joignable au téléphone entre 12h et 17h.
Roman; font-size: 12pt;">Respectez les dates limites, c'est fondamental.

Un joli beaujolais dimanche, 9 février 2025

Ma fille cadette vient à la maison avec son fils. J'ai envie de goûter un vin que j'ai acheté en vue d'une conférence dégustation qui se tiendra pour des élèves de grandes écoles dans quelques semaines. C'est un Moulin à Vent Union des viticulteurs de Romanèche-Thorins et Chénas Prestige 1969 qui annonce fièrement sur son étiquette « Grand Cru de Bourgogne ». Pourquoi pas !

Le fournisseur à qui j'ai acheté quelques bouteilles m'a signalé que la couleur du vin est très claire, plus claire que ce qu'on attendrait. Il m'avait suggéré d'en goûter une et accepterait de reprendre les autres bouteilles si l'expérience n'était pas positive. Je vais suivre son conseil avec une autre raison : je n'ai pas envie de présenter aux étudiants des vins de piètre qualité.

Pour l'apéritif nous grignotons des chips à la truffe puis un fromage de montagne en buvant un Champagne Dom Pérignon 1982. J'avais été surpris que le pschitt soit aussi prononcé, ce qui est un signe de jeunesse. La couleur est ambrée. Les bulles chatouillent gentiment la langue et ce champagne est absolument délicieux, de forte personnalité. J'aime beaucoup ce millésime que j'ai bu une quinzaine de fois, car il est à un point de bascule : il est encore dans la jeunesse et va vers sa maturité. Le champagne est très long, rond et conquérant. Adorable sous tous ses aspects.

Le Moulin à Vent Union des viticulteurs de Romanèche-Thorins et Chénas Prestige 1969 m'avait offert à l'ouverture un parfum très engageant, subtil et raffiné. Servi sur un poulet il confirme la délicatesse de son nez et en bouche c'est une magnifique surprise. Je ne m'attendais pas à un vin si subtil, frêle, d'une jolie amertume à peine râpeuse et l'idée qui me vient est qu'il déroule un goût raffiné et très long comme celui d'un Echézeaux du Domaine de la Romanée Conti des années 70.

C'est vrai que l'émotion est grande et ma fille la ressent de la même façon. J'ai un faible pour les beaujolais ancien et ce vin en est une nouvelle preuve.

Nous n'avions pas pu partager les crêpes de la chandeleur. Nous nous sommes rattrapés avec gourmandise car les crêpes avaient l'épaisseur idéale. Ce fut un beau dîner familial.

Un Rayas à l’Ecu de France dimanche, 19 janvier 2025

Le restaurant l'Ecu de France est plus que tricentenaire sur un site au bord de la Marne. Il a depuis 1920 grâce a la ténacité sérieuse de la famille Brousse une offre de vins qui mérite le respect. Hélas, du fait de l'internationalisation de la demande les allocations dont bénéficie ce restaurant se rétrécissent et c'est bien dommage.

Nous nous rendons au restaurant, ma femme et moi, accueillis chaleureusement. Tout commence par le choix du vin. Aujourd'hui ce sera Château Rayas Châteauneuf-du-Pape 2013 dont j'apprendrai plus tard que c'est la dernière bouteille.

Les plats que j'ai choisis sont : escalope de foie gras de canard poêlée, chutney de pomme, rougaille au vinaigre de riz, crème balsamique aux fruits rouges et caramel de betterave / ris et joue de bœuf confite, laqués, réduction de sauce vin rouge au poivre de Penja, pommes grenailles rôties et légumes du jardin sous toutes leurs formes / brie de Meaux aux brisures de truffe et comté / entremet chocolat, mousse de chocolat au lait, crémeux orange, marmelade de clémentine.

Le parfum du vin est superbe et intense. Dès les premières gorgées du Château Rayas Châteauneuf-du-Pape 2013 je ressens une émotion extrême. Il a un équilibre étonnant et une sensibilité émouvante. Je suis aux anges car je ne m'attendais pas à autant de romantisme et de glorieuse beauté.

A chaque gorgée je me dis : « mon Dieu qu'il est grand ». De toutes les occasions que j'ai eues de boire de jeunes Rayas, je ne crois pas avoir eu autant d'émotion. C'est une belle découverte car c'est la première que j'ai bu un Rayas 2013 et c'est le plus jeune des 90 Rayas que j'ai bus.

La cuisine de l'Ecu de France est de très belle qualité. Tant mieux.