Archives de catégorie : dîners ou repas privés

des vins grandioses à l’Ecu de France vendredi, 7 novembre 2025

Un ami néerlandais a travaillé au sein de groupes du domaine du vin en Champagne. Il a compris en lisant mes bulletins que le restaurant l’Ecu de France a de belles bouteilles de vins. Nous y sommes allés ensemble pour déguster de grands vins.

Il me propose de nous rencontrer à déjeuner. Nous choisissons ensemble les vins. Il y aura un Champagne Substance de Selosse. J’avais adoré Rayas Blanc 2010 et j’avais bu la dernière bouteille de ce millésime aussi l’idée de goûter le Rayas blanc 2011 s’impose.

Monsieur Brousse, le propriétaire du restaurant, a noté sur un papier des vins oubliés qui n’ont pas été vendus. Parmi les trois qu’il annonce, nous choisissons le Chambertin Clos de Bèze Armand Rousseau 2002.

Le menu sera : ragout de langoustines à la citronnelle et à la coriandre, garniture forestière à l’estragon, œufs de hareng fumés et iodés, émulsion safranée au champagne et pignons de pin torréfiés / bœuf en double cuisson de bœuf Simmental rôti à la sarriette, joue confite au vin rouge, jus réduit au poivre de Penja, gratin dauphinois et mini carotte.

Il me suffit de sentir le Champagne Selosse Substance pour que je sache que nous sommes en face d’un champagne exceptionnel. La bulle est active, la couleur est ambrée et le goût de ce champagne est inimaginable de perfection. Quel champagne racé ! Dans mes notes, j’ai raconté 65 champagnes Substance. Je suis sûr que celui-ci est le plus grand de tous. Une telle perfection est irréelle. Chaque subtilité de ce vin est unique.

J’avais adoré le Rayas blanc 2010. Le Châteauneuf-du-Pape Rayas blanc 2011 est totalement différent. Il a des accents fumés, et sa richesse inhabituelle est un plaisir. Ce vin est attachant, par sa singularité alors que le 2010 était la forme accomplie de ce qu’est Rayas blanc.

Ces deux vins sont tellement bons et parfaits que je me demande si la pleine lune n’a pas une influence sur ces deux vins. Les langoustines sont idéales avec le vin blanc.

C’est maintenant l’arrivée du Chambertin Clos de Bèze Armand Rousseau 2002. Il est tellement parfait que cela devient suspect. L’hypothèse de la pleine lune prend de plus en plus de consistance. Le chambertin est un bijou de précision. Elégant et subtil il montre un aboutissement délicat du fait de ses 23 ans. Ce vin est exceptionnel. Ses amertumes sont un vrai raffinement.

Le Brie de Meaux avec des brisures de truffes est idéal avec le vin blanc, lui donnant un caractère onctueux qui montre sa flexibilité.

Je ne pense pas avoir bu trois vins aussi parfaits en un repas qu’en ce jour. Une armada d’environ cent cinquante cormorans nageait à contrecourant sur la Marne et repartait en volant dans l’autre sens. Tout nous était bonheur.  

Vincroyable organise un dîner magnifique à Bruxelles samedi, 1 novembre 2025

Un amateur de vins vivant à Bruxelles avait participé à l’un de mes dîners à l’Appartement Moët Hennessy il y a deux ans et demi. Il avait sans doute apprécié la forme de mes dîners au point qu’il a créé une société qui organise des dîners dans l’esprit de mes dîners.

Récemment, il m’envoie le programme d’un de ses futurs dîners, m’explique qu’il s’est inspiré de mes dîners et aimerait que je m’inscrive. Le programme est extrêmement attractif et je jouirai d’un « prix d’ami » qui aide à me persuader. Je lui dis que je suis très heureux qu’il fasse des repas comme les miens car le plus important est que les grands vins soient bus. Il avait annoncé que nous serions huit mais la réalité sera toute autre.

Il y avait bien quinze ans que je n’étais pas allé à la Gare du Nord, et je constate un changement certain de la population qui arpente les allées de cette grande gare. Toutes les populations du monde sont représentées. La gare est beaucoup plus propre que ce dont je me souvenais.

Le train dans lequel je voyage est plus spacieux que les trains que je prends de Paris à Toulon. J’arrive à Bruxelles en un temps très court. Je loge dans un grand hôtel dans un quartier dont les commerces indiquent qu’il est plutôt luxueux.

J’arrive peu après 19h au restaurant Comme Chez Soi que j’ai connu dans les années 80 lorsque les conseils d’administration de la société que je présidais se faisaient à Bruxelles. Lionel Rigolet, gendre du précédent chef Pierre Wynants est le chef du restaurant. Tout au long de la soirée on verra à quel point l’on ressent une atmosphère familiale et c’est extrêmement plaisant.

Je suis accueilli par Wouter, que j’avais reçu à un de mes dîners et par Pieter, son associé dans la société Vincroyable qu’ils ont fondée pour faire des dîners de grands vins.

Nous descendons dans la cave du restaurant où un Champagne Dom Pérignon 2015 est servi aux participants du dîner qui sont déjà tous là.  Nous nous présentons et bavardons entre participants. Les amuse-bouches qui accompagnent le champagne sont très sophistiqués. Le champagne est d’une douceur extrême de grand plaisir. Alors que le Dom Pérignon n’est pas excessivement dosé, il donne un confort idéal et soyeux.

Nous allons ensuite faire une photo en cuisine et nous montons d’un étage pour aller dans la salle à manger privative très joliment décorée.

J’avais retenu que nous serions huit mais nous serons douze, avec quatre vins qui seront ajoutés au fil du repas. Le menu est ainsi présenté : foie gras terrine-brioche / coquille Saint-Jacques – Shiitake ravioli – truffe d’automne / ris de veau, émulsion de champignons – beurre baratté / selle de lièvre – sauce crémeuse au pomerol, pomme de terre / trois fromages pâte bleue / desserts nombreux et divers.

Le premier service de vin comprend le Champagne Jacques Selosse Version Originale sans année et le Champagne Jacques Selosse Ambonnay, Le Bout du Clos sans année. La juxtaposition est intéressante car on voit à quel point le blanc de noirs d’Ambonnay a une personnalité masculine, quand le Version Originale a une expression plus romantique. Les deux vins, très précis ont de belles expressions. L’accord avec le foie gras est idéal.

Trois vins blancs vont apparaître maintenant, le troisième étant servi sans que nous sachions ce qu’il est. Le Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1996 me surprend car il est tout en douceur, merveilleusement subtil alors que le plus souvent il est conquérant. J’aime beaucoup cette expression différente.

Le Corton Charlemagne Domaine Coche-Dury 2006 est une merveille. J’aime tellement cette expression d’un puissance inouïe et d’une énergie élégante. Je suis en pamoison en buvant ce vin.

Le Domaine Leflaive Puligny Montrachet Les Pucelles 2007 est le plus charmeur des trois vins mais je mesure qu’il n’a pas la complexité d’un grand cru contrairement aux deux autres. L’accord des trois avec les coquilles Saint-Jacques est parfait.

L’étape suivante est avec trois vins rouges dont le troisième n’est pas connu. Tout le monde est évidemment excité par la présence du Cros Parantoux Domaine Henri Jayer 1993 d’une subtilité extrême. Ce vin parle juste avec un talent certain. Quel grand vin archétypal.

Le La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1998 est très expressif et a l’âme de la Romanée Conti. Il est très caractéristique du côté très carré de La Tâche.

Le Richebourg Domaine Méo Camuzet 1998 est lui aussi un vin subtil et de bel équilibre. Je cherchais quel vin et je n’ai pas reconnu le Richebourg qui joue dans la même catégorie que les deux autres grands vins.

Les deux organisateurs ont voulu que l’on revienne à des vins plus jeunes avant de passer aux bordeaux. Le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2000 et le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 2000 sont un peu jeunes pour moi mais se présentent comme ils doivent être. J’ai été très agréablement surpris pas l’ampleur du Grands Echézeaux.

C’est maintenant qu’apparaissent deux grands bordeaux de 1945. Alors que traditionnellement je fais servir les bordeaux avant les bourgognes, j’ai trouvé que l’arrivée de ces deux vins s’est passée d’une façon fort pertinente. Le Château Cos d’Estournel 1945 est un grand vin absolument équilibré et n’a pas d’âge tant il est plein d’énergie. Mais j’ai un tel amour pour le Château Lafite-Rothschild 1945 que m’avait fait découvrir Alexandre de Lur Saluces lors d’un dîner privé au château de Fargues que j’adore son expression riche, solide et en même temps séduisante. C’est un vin profond.

Le ris de veau m’est apparu trop fort pour accompagner ces deux vins splendides.

Pour le Château d’Yquem 1983 trois fromages bleus sont présentés. Il est d’une évidence absolue que le stilton est le fromage le plus adapté. Ce 1983 est parfait, d’une belle expression cohérente et charmante, sans puissance excessive.

J’ai apporté un Rancio domaine de Volontat qui doit être d’une année entre 1880 et 1920. Je suis très surpris qu’il soit aussi puissant mais surtout complexe, plus complexe que l’Yquem.

Nous sommes ensuite submergés de desserts plus gourmands les uns que les autres. A Bruxelles, on sent que la gourmandise est sans limite.

J’ai suggéré que l’on vote comme dans mes dîners et ce fut accepté. Cinq vins ont été nommés premiers ce qui est peu pour 14 vins, mais c’est à cause du vin d’Henri Jayer qui a eu six votes de premier, suivi du Montrachet de la Romanée Conti et du Lafite 1945 avec deux votes de premier chacun, puis du Corton Charlemagne coche Dury et du Cos d’Estournel 1945 avec un vote de premier.

Le vote de l’ensemble de la table est : 1 – Domaine Henri Jayer Cros Parantoux 1993, 2 – Château Lafite-Rothschild 1945, 3 – Domaine de la Romanée Conti Montrachet 1996, 4 – Domaine de la Romanée Conti La Tâche 1998, 5 – Domaine Coche-Dury Corton Charlemagne 2006, 6 – Château Cos d’Estournel 1945.

Mon vote a été : 1 – Domaine Coche-Dury Corton Charlemagne 2006, 2 – Château Lafite-Rothschild 1945, 3 – Domaine Henri Jayer Cros Parantoux 1993, 4 – Domaine de la Romanée Conti Montrachet 1996, 5 – Domaine de la Romanée Conti La Tâche 1998.

Tous les participants sont des passionnés. Le Chef a fait un repas de grande qualité et ce qui m’a séduit, c’est le caractère familial de ce restaurant qui donne un plaisir supplémentaire. Certains ont bu des alcools et à une heure du matin nous étions encore à table.

C’est le fils du chef Lionel Rigolet qui m’a raccompagné en voiture à mon hôtel. Dans quel restaurant trouverais-je une telle attention ? Vincroyable a un bel avenir devant lui. Tant mieux.

anniversaire et des vins à surprise dimanche, 19 octobre 2025

C’est l’anniversaire de ma fille née en 1974. L’ouverture des vins m’a donné l’impression d’être vraiment dans un mauvais jour.

J’ouvre d’abord La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1974 au bouchon très noir dont le sommet est dur comme un roc.  Le parfum est excellent et prometteur. Je suis content mais ça ne va pas durer.

J’ouvre le Château Margaux 1978 et je constate que le bouchon est tombé dans le liquide ce que je n’avais pas remarqué en prenant le vin en cave. C’est une très mauvaise nouvelle qui devrait condamner le service de ce vin. Mais, si l’odeur n’est pas parfaite, elle me semble possible. Je carafe le vin en espérant que le temps arrange les choses.

Par précaution, je descends en cave et je choisis un Château Latour 1974. Je vois que le bouchon est tombé. Celui-ci n’est pas buvable. Quelle malchance.

Je me dis que maintenant les mauvaises nouvelles sont derrière moi. Quand j’ouvre le Krug Grande Cuvée Première Génération avec des vins des années 70 et 80, le pschitt est fort, ce qui est une bonne nouvelle. Mais l’odeur est un peu terreuse. Vraiment, ce n’est pas mon jour. Je carafe la moitié de la bouteille pour que le champagne ait une aération qui fera disparaître cette odeur qui n’est pas définitive.

Pour l’ouverture du Rivesaltes Gérard Bertrand 1974, tout va bien.

Toute la famille arrive. Nous serons dix à table dont seulement cinq boivent du vin. L’apéritif comprend des chips, du saucisson et une jolie composition de pain, de feta et de figues. Le Krug Grande Cuvée Première Génération avec des vins des années 70 et 80 est absolument fabuleux. Non seulement son parfum n’a plus aucun défaut mais en plus le goût est exceptionnel, d’une grande douceur, et tellement agréable. Je mets ce champagne dans la plus haute hiérarchie des grands champagnes.

À ma grande surprise, le Château Margaux 1978 est agréable à boire. Un peu serré, peut-être, mais sans aucun problème après trois heures d’aération. Un bouchon tombé peut être dangereux mais dans ce cas précis, tous les buveurs l’ont adoré, sur un poulet de grande qualité.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1974 est un vin magnifique, racé et raffiné. Le Domaine de la Romanée Conti se montre performant dans les petites années. J’en ai fait maintes fois l’expérience avec des millésimes comme 1956, 1973 et 1974.

Ce vin, accompagné d’un excellent Brillat-Savarin, donne un accord phénoménal le vin prenant encore plus de longueur. Un moment de bonheur bourguignon.

Le dessert traditionnel familial est une reine de Saba car on peut planter des bougies pour les souffler. Le Rivesaltes Gérard Bertrand Vin doux naturel 1974 est idéal et se montre meilleur que ce que j’attendais avec une très belle longueur et un bel équilibre dans la douceur.

Au total, une bouteille a été perdue, celle de Latour 1974, mais toutes les autres se sont bien comportées, avec deux merveilles : le Krug et La Tâche. Une ouverture précoce permet aux vins de se remettre sur pied et d’effacer les imperfections.

L’ambiance familiale joyeuse a permis un très bel anniversaire.

dîner au restaurant Hakuba de l’hôtel Cheval Blanc mercredi, 15 octobre 2025

Nous invitons des amis à dîner au restaurant Hakuba de l’hôtel Cheval Blanc. Selon la présentation sur Internet, Hakuba est le fruit d’une collaboration à quatre mains avec le chef Takuya Watanabe et d’une coopération enrichissante avec le chef pâtissier Maxime Frédéric, sous la direction du chef Arnaud Donckele.

Arnaud Donckele m’avait dit : « tu devrais essayer. » J’ai voulu tenter l’expérience lorsque j’étais sûr qu’Arnaud Donckele serait présent. C’est une expérience unique. Nous avons pris le grand dîner de plus de 20 services et c’est incroyable. La complexité des saveurs est aussi agréable et créative que les merveilleuses sauces d’Arnaud.

Nous avons été charmés par la présentation japonaise des plats et par la grande variété de saveurs. Les restaurants japonais que nous avons pratiqués jusqu’alors n’offrent pas une telle palette de goûts. Le grand dîner est cher, mais nous sommes heureux d’avoir fait cette découverte.

Les desserts ne sont généralement pas des points culminants des menus des restaurants japonais, mais les desserts aériens et subtils de Maxime Frédéric nous ont enchantés.

Arnaud Donckele nous a expliqué des différences très grandes qui existent dans la présentation et la mise en forme des poissons entre la cuisine japonaise et la cuisine française et combien cela est passionnant et enrichissant.

Nous avons bu un Champagne Pascal Agrapart 7 crus multi-millésimes extra-brut, mis en bouteille en 2023 et dégorgé en 2025, absolument parfait pour un tel dîner. Je pense que le mélange de crus apporte une dimension supplémentaire à ce champagne, comme cela se passe à la Percée du vin jaune où l’on mélange les vins des différents vignerons. Le mélange est meilleur que chacun des vins très jeunes de chaque vigneron..

Nous avons bu ensuite un Champagne Bérêche & Fils Vieilles Vignes dégorgé en 2025, excellent.  L’Agrapart s’est inscrit davantage dans la continuité des plats. Ce fut un beau dîner.

dîner à l’Ecu de France et une surprise vendredi, 10 octobre 2025

Avec ma femme et ma fille aînée, nous allons dîner au restaurant l’Ecu de France. Dans la très attirante liste des vins je choisis un Château Rayas Blanc 2010 car la dernière fois que nous avions dîné ici, je l’avais trouvé sublime, et je jette mon dévolu sur un Gevrey-Chambertin Clos Saint-Jacques Domaine Armand Rousseau 1999.

Mon choix de menu est foie gras poêlé en entrée et viande de bœuf en deux cuissons.

Le Château Rayas Blanc 2010 est une merveille absolue. Ce vin blanc a tout pour lui. Présence, consistance, équilibre, gourmandise et une longueur infinie. On se régale à le boire, et l’accord avec le délicieux foie gras est parfait. Ce vin apporte de la joie.

En goûtant le Gevrey-Chambertin Clos Saint-Jacques Domaine Armand Rousseau 1999 j’ai hésité, car je ne ressens rien de grandiose. Le vin est plat, sans longueur. Hervé Brousse qui dirige le restaurant me suggère de carafer le vin pour qu’il s’étoffe et effectivement le vin prend un peu de largeur. Mais on est quand même loin de ce que je pouvais espérer.

Je connais la famille Brousse depuis plus de soixante ans aussi il n’est pas question de renvoyer ce vin que gentiment madame Brousse me comptera pour un prix plus faible.

A un moment du repas, Hervé Brousse me dit qu’un homme qui dîne seul me connaît. Il est difficile pour moi de quitter ma femme et ma fille pour aller le saluer. C’est ce jeune homme qui viendra me saluer au moment du fromage. Il se présente et dit que c’est son anniversaire. Immédiatement, ma femme et ma fille réagissent et disent qu’il n’est pas normal qu’il soit seul le soir de son anniversaire et elles lui proposent de s’asseoir près de nous.

Il nous rejoint et se présente. Il est italien, vend du vin en France et en Italie et connait un de mes amis italiens avec lequel j’ai fait des dégustations de haut niveau. Évidemment de nombreux souvenirs sont évoqués. Il me suit assidûment sur Instagram et suit aussi tous mes amis. Il est d’un enthousiasme charmant. Je lui fais goûter nos deux vins et il partage mes jugements. Il est jeune et tellement excité de me rencontrer qu’il nous dit : c’est le plus grand anniversaire de ma vie. Il est souriant et tellement enthousiaste que nous sommes heureux de lui faire plaisir. Il veut nous offrir de boire un vin mais nous avons bu suffisamment. Il demande d’avoir une photo où nous sommes tous les deux. Son bonheur nous ravit. Ma femme et ma fille sont heureuses qu’il soit aussi heureux.  

déjeuner couscous avec des camarades jeudi, 9 octobre 2025

Un ami polytechnicien qui a fait ses études en Algérie m’avait vanté les mérites d’un restaurant qui, selon lui, fait le meilleur couscous du monde. J’ai voulu vérifier cette affirmation péremptoire et avec quelques amis de ma promotion nous avions fait un déjeuner couscous, ce qui m’a permis de faire goûter à mes amis quelques vins algériens.

L’expérience ayant été concluante, même si un titre mondial me semble exagéré, nous avons décidé de refaire un déjeuner couscous. J’arrive au restaurant Harissa en avance pour ouvrir mes vins. Le Ali Djana vin fin rosé 12° Alger 1957 est une magnifique bouteille au bouchon très friable. Le patron du restaurant qui m’a reconnu et me tutoie a essayé d’ouvrir la bouteille, mais a ressorti de la charpie. J’ai utilisé le tirebouchon Durand pour finir l’ouverture.

Je rejoins mes amis chez l’un d’entre eux qui nous accueille avec un Bourgogne blanc 2023. Quand j’arrive, mes amis sont en train de lire l’article de Valeurs Actuelles qui sur deux pages fait un éloge de mes mérites, si j’en ai. Les questions fusent sur les vins anciens et je peux mesurer à quel point les idées fausses ont la vie dure. Il m’en reste du travail pour réhabiliter la grandeur des vins anciens.

Nous nous rendons au restaurant ou j’ouvre un Champagne Dom Pérignon 1993. Mes amis, très peu habitués aux vins anciens, sont impressionnés par la longueur et le plaisir de vivre de cet excellent champagne. Des idées préconçues commencent à se fissurer.

Le couscous mouton est effectivement excellent, simple et pur. Le Ali Djana vin fin rosé 12° Alger 1957 fait entrer dans le monde des vins algériens où les senteurs de tabac sont fortes. Le vin est riche et sans âge tant il paraît jeune. Ce vin est excellent, d’une couleur foncée pour un rosé, mais c’est l’Algérie qui veut cela.

J’avais apporté un fond de Kebir-Rosé Etablissement Frédéric Lung # 1947 et l’on sent des similitudes avec le vin précédent, le Kebir étant plus puissant. Le patron du restaurant a ouvert pour nous un Vin Rouge d’Algérie Koutoubia élevé par Les Grands Crus de l’Ouest Oran très jeune mais riche et plaisant. Je l’associe au Clos Adélia Vin fin Algérie 1949 que j’avais bu il y a quinze jours et qui n’a pas bougé. Il reste immense comme lorsque je l’avais ouvert.

Mes camarades de promotion ont eu des carrières très différentes et très variées. Il y a certains que je n’avais pas vus depuis 61 ans. Se comporter comme si l’on s’était quittés la veille est quelque chose qui me fascine. L’amitié est un support extrêmement solide. De telles rencontres sont rafraîchissantes de bonheur.

déjeuner de famille dimanche, 5 octobre 2025

Nous recevons un dimanche à la maison deux de nos enfants et quatre de nos petits-enfants. Nous sommes huit dont seulement cinq buveurs.

L’apéritif est fait de jambon ibérique, d’un saucisson étonnant au Pata Negra et deux gigantesques tranches de pain grec tartiné de burrata, de figues et de noix et amandes. Le Champagne La Grande Dame Veuve Clicquot 1976 se présente dans une bouteille très originale aux formes rondes que je trouve très jolie. A l’ouverture il n’y a eu aucun pschitt, car le bouchon très petit s’est recroquevillé ce qui a fait échapper le gaz. La couleur est très belle, d’un jaune d’or joyeux.

Le champagne est strict, sérieux, un peu rebutant mais quand on s’habitue on ressent une très belle complexité et une longueur impressionnante. Ce champagne ne cherche pas à séduire.

Sur le poulet nous aurons deux vins rouges. Le Château Haut-Marbuzet 1989 a une belle puissance. C’est un vin solide et agréable à boire. Ce Saint-Estèphe m’a toujours plu car quelle que soit l’année il se montre carré et puissant.

Ce vin est suivi par une Château Nénin Pomerol 1982. Il est d’une rare finesse. C’est un pomerol accompli, plus subtil et charmeur que le Haut-Marbuzet. Et son millésime le rend particulièrement brillant.

Le dessert est de ‘merveilleux’, redoutables de charme. Le Champagne Dom Pérignon Œnothèque 1985 a été dégorgé en 1999. Il est au sommet de son art, mais est-ce un parti pris, je ne sais pas, je préfère les Dom Pérignon au dégorgement d’origine à ceux qui sont dégorgés plus tard qui aujourd’hui s’appellent des Plénitude 2 ou Plénitude 3.

Le bonheur d’être en famille, tous ensemble joyeux est un cadeau extrêmement précieux. Les vins du repas ont ajouté au plaisir de ces moments précieux. 

Encore un déjeuner aux vins d’Algérie mercredi, 24 septembre 2025

Un ami suisse a créé une école de dégustation et organise des événements à thèmes avec des vins de haute renommée. Cela faisait bien dix ans que nous ne nous étions pas retrouvés autour de bons vins.

Il m’appelle et me dit qu’il serait à Paris et aimerait bien goûter des vins d’Algérie car de tels vins sont introuvables en Suisse.

Il m’annonce ses apports : un vin toscan, Sangiovese IGT, Gianfranco Soldera 2007 et un vin de la collection Massandra, un Muscat Rose Livadia 1932.

Mes apports algériens seront Kebir Rosé Frédéric Lung probablement 1947 et un Clos Adélia Vin fin d’Algérie 1949. Comme j’ai eu récemment des repas dont certains vins n’ont pas été totalement bus, j’apporterai le reste d’un Krug Grande Cuvée étiquette crème bu il y a deux jours, le reste d’un Beychevelle 1982 bu il y a trois jours et celui d’une Malvoisie des Canaries 1828 bue il y a deux jours.

Nous nous retrouverons au restaurant le Sergent Recruteur. Dominique a ouvert ses vins hier au restaurant et les a rebouchés. J’arrive à 11 heures pour ouvrir mes vins en présence de Dominique. Aurélien ayant quitté le restaurant après quatre ans de présence pour vivre d’autres aventures, c’est Thibaut qui le remplace et m’accueille avec le sourire.

Le bouchon du Kebir Rosé se déchire car le verre du haut du goulot est en surépaisseur par rapport au goulot.

Nous faisons le menu avec le chef Alain Pégouret. Nous commencerons par la rillette de poisson puis il y aura un plat de cèpes, suivi d’une sole et d’un poulet. Pour le dessert j’ai demandé à la jeune pâtissière des financiers et par ailleurs un plat au chocolat.

Le Krug Grande Cuvée étiquette crème bu il y a deux jours est riche et convainquant. Le pétillant est à peine plus faible qu’il y a deux jours. C’est un champagne exceptionnel de sérénité, de complexité et de richesse. Avec la rillette l’accord est brillant.

Le Kebir Rosé Frédéric Lung # 1947 a une couleur très sombre et un parfum de café. En bouche il combine café et thé, riche et en même temps de grande fraîcheur. Ce goût original et inhabituel nous séduit. C’est un grand vin qui se marie bien aux cèpes. Sa longueur est quasi infinie.

Je sers en même temps le Château Beychevelle 1982 qui n’a pas perdu une once de puissance et je le trouve même plus confortable que lorsque je l’avais bu il y a trois jours. Ce vin riche et noble est vraiment grand.

Le Sangiovese IGT, Gianfranco Soldera 2007 est un vin généreux et grand, mais du fait de son âge il manque un peu de longueur et d’expression. On sent qu’il sera grand.

Le Clos Adélia Vin fin d’Algérie 1949 est totalement exceptionnel. Il est large puissant, expressif et intense et à le boire on prend conscience que c’est un vin de la plus haute élite. Dominique pense qu’il pourrait se confronter à tous les plus grands vins français de 1949. Il se trouve que j’avais bu un Clos Adélia 1948 que j’avais trouvé totalement exceptionnel. J’ai la même sensation avec ce vin grandiose. Ce vin est presque noir tant il est riche.

Le Massandra Muscat Rose Livadia 1932 me fait un choc au cœur. Il est d’une grande fraîcheur et d’une grande émotion. Il y a des accents de framboise dans sa fluidité fragile. Il se boit comme si l’on suçait du sucre trempé dans un jus de framboise. Jamais je n’aurais imaginé autant de légèreté dans ce vin de la collection Massandra car généralement ces vins sont plus lourds.

La Malvoisie des Canaries 1828 a un parfum indélébile et a gardé la complexité et l’intensité que j’avais aimées. Ce qui est amusant c’est que Dominique a eu strictement la même réaction que l’australien avec qui j’avais bu un vin fortifié de 1883. Il a dit : « dans 200 ans, il serait le même ». Mes deux convives ont pris conscience de la perfection naturelle de ce grand vin, fait pour l’éternité. C’est la huitième fois que je bois ce vin que j’avais acheté en même temps que les Chypre 1845.

Si je mets la Malvoisie de côté car hors catégorie, je classerais en premier le Clos Adélia 1949, en deuxième le Massandra Muscat Rose Livadia 1932 et en troisième le Kebir Rosé vers 1947.

Dominique est un dégustateur expert qui a bu des vins dont je rêve tels que Yquem 1811 et 1847 et le Porto Quinta do Noval Nacional 1931. Et alors que je me sentais fier il y a deux jours d’avoir bu des vins de tous les millésimes de 1883 à 2023, Dominique m’a dit qu’il a tout bu depuis 1855 sauf un trou de 1873. Il y a toujours meilleur que soi. Bravo Dominique.

merci Instagram ! mardi, 23 septembre 2025

Instagram est un atout précieux pour créer des événements inoubliables. Ayant gardé en mémoire tout ce que j’ai bu depuis 2000, j’avais remarqué que j’avais bu tous les millésimes de 1885 à 2022. Un ami, ayant lu cela sur Instagram, m’a proposé d’apporter un Léoville Las Cases 1884. J’ai gagné un an dans ce trajet particulier, lors d’un déjeuner fort sympathique.

Récemment, j’ai indiqué sur Instagram que je serais ravi de boire un vin de 1883 et un Australien de Sidney m’a contacté en me disant qu’il possédait une bouteille d’un vin australien de 1883. Il a ajouté que la bouteille ne contenait que 10 ml, mais l’important pour moi était de boire un 1883.

Nous nous sommes rencontrés au restaurant Pages. J’avais apporté un Krug Grande Cuvée étiquette crème et un La Tâche 2002, laissant Scott choisir l’un des deux. Il a choisi le Krug car il souhaitait un champagne plus mature que celui qu’il consomme.

J’avais également apporté un Malvoisie des Canaries 1828, car j’imaginais qu’il s’accorderait avec son vin : un Para SEPPELTSFIELD tawny fortifié 1883 titrant 16,7 degrés.

Le menu que je mets au point avec le chef Ken est : amuse-bouches / carpaccio de bar / lieu jaune, sauce umami / wagyu / financiers à la rose.

Le Krug Grande Cuvée étiquette crème est élégant, complexe et noble. Un grand champagne, qui brille sur le poisson cru et aussi sur la sauce umami.

La Malvoisie des Canaries 1828 possède un parfum incroyable, intense et puissant. En bouche, il est incroyable, à la fois doux et sec, et offre une fraîcheur fantastique grâce à son acidité. Scott affirme que ce vin est fait pour durer des siècles, car il est impossible d’imaginer qu’il puisse décliner.

J’ai l’intuition qu’il s’accordera avec le wagyu. C’est un accord original, mais qui marche bien.

Le Para SEPPELTSFIELD tawny fortifié Australie 1883 titrant 16,7 degrés avait un parfum timide à l’ouverture, mais celui-ci se développe avec le temps. Ce vin est plus lourd que le Malvasia, extrêmement concentré, mais il présente des similitudes avec la malvoisie.

Le 1828 est plus élégant et charmant. Le 1883 est plus intense et puissant. L’association des deux est un pur plaisir. Les financiers à la rose sont exactement ce qu’il faut pour ces riches vins fortifiés.

Pierre Alexandre, le gérant de Pages, souhaitait nous offrir un Armagnac. J’ai refusé, car je voulais garder en bouche le souvenir de vins si merveilleux.

Merci Instagram. Merci Scott. J’ai maintenant bu tous les millésimes de 1883 à 2023, sans aucun manque. Cela fait 141 millésimes d’affilée.

Comme j’ai un vin de 1882 dans ma cave, il faudra que je le boive !

Dîner au restaurant Hanada vendredi, 19 septembre 2025

Un de mes amis se tient informé des nouveautés culinaires et me propose de dîner avec son épouse au restaurant HANADA. A l’adresse indiquée, aucune enseigne. Un jeune couple est comme moi circonspect devant la porte noire fermée sans indication. Heureusement un employé du restaurant ouvre la porte.

Nous serons huit attablés devant le lieu où le chef Masayoshi Hanada va officier. Nous sommes du service de 19 heures et il y aura un deuxième service après notre départ.

La salle est totalement noire, sans aucune décoration. Le chef arrive lorsque nous sommes tous installés et prépare la place où il va réaliser les plats. Il a un long couteau qu’il va utiliser tout le temps pour la préparation des plats.

On nous demande de ne pas faire de photos. L’atmosphère est assez monacale. Le chef parle peu ou pas et les plats sont annoncés par l’homme qui nous avait ouvert.

Voici le menu qui n’est pas distribué à l’avance : navet ‘lazio’ poché au sel / tofu de sésame frit, caviar osciètre et sauce ponzu / rouget, gelée d’irizaké, pois gourmands et wasabi / Chawan mushi, sabayon de jaune d’œuf, aonari et edamames / joue de raie, bouillon dashi, poireaux, shiitake et épices shichimi / encornet du jour / pageot, une semaine / langoustine vivante ce matin / chinchard du jour / ushiojiru fumet de poisson traditionnel / ventrèche de thon, deux semaines / thon gras deux semaines / thon rouge deux semaines / sériole une semaine / truite deux semaines / maquereau du jour / akadashi soupe au miso rouge / futomaki de thon tamago / sorbet de riz, sel et huile d’olive, raisins nebbiolo.

Les poissons sont magnifiques et les préparations très pures. Voir le chef préparer les assiettes ou coupelles de chacun est un spectacle fascinant. On se parle en chuchotant pour ne pas perturber cette prestation théâtrale.

La carte des vins est petite, mais le restaurant démarre. Les prix des grands vins sont très élevés. Mon ami me demande de choisir un vin et commande un Champagne Laurent-Perrier Cuvée Grand Siècle Edition 26 qui est totalement approprié à cette cuisine, frais, précis, délicat et accueillant aux plats. Un bonheur.

Quand nous avons fini ce délicieux champagne, nous changeons pour un Champagne Billecart-Salmon Cuvée Louis Salmon Blanc de Blancs 2012. A l’ouverture, ce champagne est moins profond et moins large que le Grand Siècle, mais au fil de la dégustation il s’élargit et s’adapte bien aux mets. C’est un bon champagne qu’il faut sans doute encore attendre, pour qu’il s’étoffe.

Que penser de cette expérience ? Les produits sont brillants, les plats simples, subtils et raffinés sont délicieux. Les plats de thon sont plus qu’excellents. C’est un grand repas. Mais l’atmosphère monacale est un peu pesante. On aimerait un peu plus de décontraction. C’est, de toute façon, une grande expérience.