quelques bordeaux rouges de 1967 vendredi, 15 juillet 2011

Une discussion ayant eu lieu sur un forum au sujet des bordeaux rouges de 1967, j'ai recherché ce que j'avais bu. Voici les quelques vins que j'ai bus, avec des résultats variés, des échecs comme Mouton mais des belles résussites comme Pétrus :


Les Bordeaux avaient été choisis dans un registre de discrétion. Le Ducru Beaucaillou 1969 a montré de très belles qualités, assez généreux alors que le Figeac 1967, d’une structure plus noble, gardait un peu de réserve. Pour des vins de subtilité, la truffe a réveillé le message.


le Pétrus 1967. Pétrus est « la » réussite du millésime 1967. Très caractéristique de Pétrus, avec cette concentration, cette puissance, mais aussi ce coté ascétique volontiers trop sérieux. Un grand vin porteur d’émotion par la légitimité du symbole


Le Château L’Evangile à Pomerol 1967 avait la beauté des Pomerol, la jeunesse d’un vin des années 70, et une discrétion propre à l’année 1967. Ce n’est pas un vin qui en montre trop, mais c’est un vin orthodoxe, tranquille (sans être un vin tranquille !), gentil Pomerol plein de satisfactions.


Les deux Bordeaux se complétaient à merveille. Le Palmer 1964 tout en rondeur, délicieusement séducteur, et l'Ausone 1967, plus réservé, mais dévoilant ses charmes progressivement, comme dans la danse des sept voiles. Le Palmer 1964 confirme une nouvelle fois qu'il est une réussite de cette année qu'on aurait bien tort de classer trop vite dans les années âgées. Et l'Ausone me ravit toujours par sa complexité. Mais j'aimerais bien en ouvrir un qui se défroque, qui s’encanaille, qui se dévergonde.


La sole était belle, mais son épaisseur étouffait un peu un vin grandiose : Château Margaux, 1er GCC 1967 qui est une réussite exceptionnelle. Il est beau, il est rond, il a la féminité triomphante de Margaux, et, sans qu'on ait besoin de créer de compétition, on sait qu'il rivaliserait avec les plus beaux millésimes de ce vin de légende. Imaginer qu’un Margaux de cette classe s’acoquine aussi bien avec des coques qui le dissèquent est un plaisir immense pour moi.


Sur le volatile admirablement préparé, le Meyney 1967 en double magnum s'accorde parfaitement. Le vin est en pleine forme, sans trace d'âge, il tiendra une place plutôt étonnante et flatteuse auprès des grandes vedettes qui suivent. En revenant au nez sur ce verre, on voit que le Meyney a une plénitude qui mérite le respect. Il y a deux classes de convives : ceux qui sont nés à Bordeaux (ou la région) et les autres. Les bordelais savent manger avec les doigts et croquer les os. Leurs assiettes se vident entièrement. Les autres plus timorés mangent avec couteau et fourchette et s'en tiennent à la seule esquisse de l'oiseau.


Le Pétrus servi dans des verres Riedel étale un parfum d'une concentration infinie. Chacun comprend qu'il est en face d'un chef d'oeuvre, et je crois bien que c'est le meilleur Pétrus 1967 que je n’aie jamais bu. L'accord avec le turbot est d'une délicatesse et d'une précision extrême. C'est là que l'on comprend que la cuisine et les vins sont faits pour créer des harmonies de rêve. J'ai essayé Pétrus 78 sur des rougets tout récemment, et là un 67 avec un turbot. C'est vraiment le bon chemin. La perfection de ce Pétrus 1967 a enthousiasmé toute la table.


Mouton Rothschild 1967. Vin un peu fatigué, sentant la terre à l’ouverture, qui a offert des variations énormes de goûts. Chaque fois qu’il était sur un plat, il vivait : sur de délicieuses huîtres avec de l’épinard traité en condiment, il délivre la subtilité d’un vin léger de grande race. Sur le turbot aux truffes, il devient opulent. Entre les plats, c’est un vin morose et fatigué. Puis, petit moment rare que j’apprécie, ce qui est dans le fond de la bouteille donne toute la concentration de l’intelligence de ce vin fatigué certes, mais de grand talent. Alors, éternelle question, faut-il boire ces vins à la fatigue réelle, mais qui ont de si belles lueurs ? Je suis plutôt favorable à ces essais, car les fulgurances même passagères sont dix fois plus gratifiantes que la constance monotone d’un honnête vin. Vaste sujet.


Sur la truffe entière en feuilleté, le château Meyney 1967 en double magnum était exactement ce qui convenait. Car le plat a une puissance énorme et ce Saint-Estèphe a des arguments de poids pour l'équilibrer. Très jeune encore, expressif, puissant, il a cette belle acidité qui convenait à la sauce lourde et au fumet envoûtant du beau caillou noir.


Le Château Haut-Brion 1967 est très élégant malgré des signes d’âge. Charmant, civilisé, c’est un message romantique qu’il délivre.


le Château Taillefer Puisseguin Saint-Emilion 1966 et le Château La Louvière rouge 1967 n’ont pas des trames très solides. L’âge les a ‘dentellisés’, et leur goût éphémère laisse peu d’empreinte.


Le Château Lafite Rothschild 1955 au beau niveau dans la bouteille a une très jolie robe et un nez bien dessiné. Le Château La Conseillante 1955 a un nez magique. Le Lafite est possible sur le pigeon mais c’est La Conseillante qui ramasse la mise, tant il est brillant. Il n’en va pas de même du Château Latour 1967 qui a un goût de civette selon mes voisins. Il est plutôt, tout simplement, bouchonné pour moi. Il est âcre en bouche. Le Lafite ne tourne pas à plein régime, le Latour est au ralenti avec un final qui me dérange. Seule La Conseillante offre ce qu’on peut attendre d’un grand Bordeaux d’une année que j’adore.


Le Château Léoville Poyferré 1967 est beaucoup moins détendu. Il arrive assez froid, contracté, et il faut la belle chair de la lotte aux morilles pour qu’il prenne des couleurs et devienne sociable. Il devient confortable, plaisant, sans grande complexité.


Pétrus 1967 montre sa différence. Ce vin est féminin et tout en séduction. Il y a du velouté, du discours en catimini, de la voilette qui dévoile ou de l’éventail qui envoûte. Ce pourrait être une Catherine Zeta-Jones, mais elle se tient discrète.


A gauche, c’est la joue de veau et à droite la truffe blanche d’Alba qui incendie nos narines sur son risotto. En face de la joue de veau il y a un verre de Château Gazin 1959 et en face du risotto il y a un verre de Pétrus 1967. Cela pourrait donner lieu à quatre combinaisons mais en fait, personne n’a envie d’essayer de modifier la latéralité naturelle : le Gazin est diaboliquement parfait avec la joue de veau mais surtout avec sa sauce impérieuse, et le Pétrus ayant capté le parfum de la truffe blanche comme les plantes carnivores gobent les insectes, nous sommes en présence de deux accords de fusion absolument confondants de pertinence. A chaque bouchée et à chaque gorgée je me dis : « mon Dieu, arrêtez la marche du temps et laissez-moi jouir à jamais de ces accords irréels ». Le Gazin est d’une couleur de folle jeunesse, d’un rubis goutte de sang. Son nez est pénétrant et poivré. En bouche, la précision de sa trame et sa force s’imposent face à la doucereuse langueur de la joue. Le Pétrus a une couleur un peu plus trouble et d’un rubis birman. Le nez est érotiquement féminin, annonçant des caresses insoutenables. En bouche il pianote sur des notes douces, charmeuses, et le message velouté emporte le cœur. Mille fois je suis revenu sur ces accords, trouvant à chaque fois un plaisir de plus. Ce qui m’a le plus saisi, c’est la conscience que j’avais de vivre un moment inoubliable.


Nous goûtons Château Mouton-Rothschild 1967. Après quelques minutes d’épanouissement dans le verre, ce vin ouvert deux heures avant le repas nous offre du velouté, de la grâce, et une rondeur apaisante. Mais on est loin du raffinement qu’un tel vin devrait avoir. Et on ne peut pas incriminer l’âge, car la couleur du vin est d’un beau rubis et son niveau dans la bouteille est quasiment comme au premier jour. Ce vin, tout simplement, n’a pas envie de jouer les grands.


Le Château Larcis-Ducasse 1967 casse un peu le rêve, car même s’il est agréable à boire, il est propret, sans véritable émotion.


La mauvaise bouteille du Château Mouton-Rothschild 1967 est expédiée rapidement. Sans être marqué d'un défaut définitif, le vin est suffisamment torréfié et dévié pour n'offrir aucun plaisir Il n'en est pas de même de l'autre, au nez absolument sans défaut, et porteur d'un charme certain. En bouche, ce vin offre à celui qui le goûte la possibilité de l'aimer ou de ne pas l'aimer. Si on s'arrête à de petits défauts, on ne l'aimera pas. Si on retient le fond de son message, on l'aimera. Et le vin récompensera les optimistes, car dès qu'apparaissent des chipolatas, tout s'assemble dans ce vin vraiment charmant.

dîner d’amitié avec une grande Romanée Conti 1981 vendredi, 24 juin 2011

Luc est un ami de moyenne date, amoureux des nombres et des vins, à la culture œnologique quasi infinie. Il a un palais sûr et j'aime goûter avec lui. Pour ses cinquante ans, il nous avait traités au restaurant Taillevent avec une Romanée Conti 1981. Depuis, il s'est marié, ce qui a été le prétexte d'une fête grandiose. Aujourd'hui, pour fêter son premier enfant, un fils de cinq jours et sans nom pendant huit jours, selon la tradition de ses ancêtres, il décide de récidiver en nous invitant au restaurant Taillevent et une nouvelle fois avec une Romanée Conti 1981. En cours de repas, je lui ai suggéré de procréer encore dix fois, et si possible des jumeaux, pour que nous goûtions la Romanée Conti en magnum.


Nous sommes huit, tous amoureux du vin. Je suis le seul en smoking, car Luc ayant envoyé un SMS disant "tenue de soirée", j'ai imaginé qu'il était impossible qu'un mathématicien de son calibre ne soit pas précis sur les termes employés. Arrivé en avance, je vois un jeune homme poussant un lourd violoncelle qui s'annonce pour la table de Luc. Jean-Marie Ancher le regarde avec stupeur et lui dit "vous n'avez pas l'intention de jouer ce soir", d'un ton qui exclut la possibilité d'un choix. Les convives arrivent et tout à coup, alors que nous prenons le frais sur le trottoir, la mère arrive avec son poussinet de cinq jours que nous photographions en félicitant les parents. Etre 'client' de Taillevent à l'âge de cinq jours, cela tient du record. Mère et enfant nous quittent et nous fêtons parents et enfants en trinquant sur un Champagne Taittinger Collection Vasarely 1978 difficile à servir pour le sommelier puisqu'on ne voit pas le niveau dans la bouteille d'un or métallique. La couleur du vin est d'un bel or, montrant un discret signe d'évolution. En bouche, le vin est riche, d'un raisin précis et fruité. La puissance est forte et ce qui est curieux, c'est que l'explosion de fruits jaunes en bouche n'est pas suivie d'un long final. C'est un champagne racé et joyeux que nous dégustons sur des gougères données comme le pain et le beurre à profusion.


Le menu conçu par Alain Solivérès : épeautre du pays de Sault en risotto aux girolles / bar de ligne, crustacés en radis noir, crème de romaine au basilic / poulet fermier des Landes rôti en pipérade / mignon de veau au lait rôti, légumes primeurs à la marjolaine / tomme de brebis, marmelade d'abricot / fourme d'Ambert au pruneau / douceur de chocolat et de caramel au beurre salé.


Le Château Haut-Brion blanc 1981 a un nez de grande profondeur. En bouche ce vin est authentiquement Haut-Brion, avec un niveau très supérieur à ce que l'année 1981 suppose. Le vin est riche, complexe, kaléidoscopique, et forme avec les girolles à la mâche remarquable un accord plus que pertinent. J'ai trouvé que le plat d'épeautre, emblématique du restaurant, est plus précis dans son expression en bouche que le vin généreux.


Le Montrachet Bouchard Père & Fils 1985 est une énigme pour nous tous. Au début, j'ai cru à un nez de bouchon, mais ce sont en fait des herbes odorantes ou de la pivoine qui viennent marquer le parfum de ce montrachet qui est tout sauf orthodoxe. Par moment, on reconnaît le style Bouchard, mais pas le style d'un montrachet de Bouchard. Même si l'accord avec le bar se trouve, on ne peut pas dire que ce vin soit plaisant. C'est dommage, car ce Montrachet aurait dû être un sommet du repas.


Le Vega Sicilia Unico 1981 forme un contraste majeur avec le 1989 que j'ai bu il y a à peine trois jours. Le nez est discret et noble, et alors que j'avais en bouche une bombe de fruits, ce 1981 est d'un raffinement poli assez extraordinaire. Ce vin est élégant, d'une structure parfaite. Il est presque délicat tant il joue les gentlemen. J'adore quand ce vin qui peut être surpuissant joue sur un registre de distinction et d'élégance sur une structure harmonieuse. L'accord sur le poulet est cohérent, aussi bien sur la chair seule que sur la pipérade, mais il n'entraîne pas de véritable choc émotionnel.


Nous étions plusieurs à avoir déjà partagé une Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1981 avec Luc. Instantanément, nous savons que celle-ci est supérieure à celle que nous avons bue, qui était déjà émouvante. Luc trouve des pétales de roses dans le parfum de ce vin, mais ce n'est pas ce qui me frappe le plus. C'est l'intensité du message qui me subjugue. Ce parfum délicat, profond, complexe est comme l'assemblage le plus créatif d'un grand parfumeur. En bouche, deux choses s'imposent : la complexité et la longueur infinie. Mes amis s'extasient et commentent leurs plaisirs mais je préfère me taire, pour essayer de capter tout ce que je peux d'un message extraordinairement complexe. Une image qui me vient est celle d'un jeu d'orgues dans une cathédrale. Ces alignements de colonnes imposantes, c'est ce que je ressens. Ensuite, je perçois le sel qui est si caractéristique des vins de la Romanée Conti, même s'il est plus discret que sur d'autres Romanée Conti. Puis, au-delà de la minéralité, les feuilles et les branches, le végétal brun, se présentent comme des infusions raffinées. Puis, on chasse les images, et on se laisse embarquer dans un parcours en bouche qui tient du bobsleigh, avec un final quasi inextinguible. On aime ce vin parce qu'il transcende toute notion sur le vin. Il n'y a aucune recherche de charme, de séduction. C'est une grande complexité développée sur la rose, le sel, le poivre, les épices rares mais discrètes, et des infusions aux herbes inconnues. En un mot, c'est le bonheur total. Je suis ravi qu'il y ait un accord couleur sur couleur puisque le rose du mignon de veau d'une tendreté extrême est proche du rose de cette Romanée Conti, mais c'est un plaisir de voir que le vin s'allie aussi aux légumes nouveaux croquants.


Autour de la table, on sent comme une fébrilité, car nous tenons dans nos verres une grande Romanée Conti.


Le vin suivant, destiné au fromage est un Ermitage de l'Orée Chapoutier 1991. J'entends autour de moi que l'on vante les qualités de ce vin, mais je ne mords pas du tout. Il est aqueux en milieu de bouche, car il manque de consistance. Il est déroutant, nous emmenant sur les routes de tous les vignobles de France, tant il est indéfinissable. On dirait Château Grillet ou un vin oxydatif au fumé prononcé. Il faut dire qu'il n'est pas aidé par le fromage qui évoque irrésistiblement la Vache Qui Rit, et dont l'accompagnement à l'abricot est hors sujet. C'est objectivement un problème de fatigue excessive de la bouteille.


Luc pesant au trébuchet ses apports de vins quand il invite, il est peu envisageable de glisser un vin dans son programme. Aussi la question était-elle pour moi de choisir un vin qui ne se refuse pas et qui ne porte pas ombrage à ses vins et ne les trouble pas. C'est un vin acheté du jour que j'ai apporté : Château Rabaud Brossault & Co 1/2 bt 1896. Le niveau est superbe, la couleur est d'un or glorieux et quand le bouchon est tiré, il libère un parfum exceptionnel fait d'agrumes confits aux poivres. Jean-Marie Ancher nous a fait préparer en impromptu de la fourme d'Ambert flanquée d'un pruneau au banyuls qu'il sera opportun d'éviter. Le sauternes est sublime, n'ayons pas peur des mots. Il n'a pas d'âge, lui qui est plus que centenaire, tant il est fringuant. C'est un délice pur. Il a tout, équilibre, puissance, sensualité, final tonitruant. Tout le monde l'a adoré.


Le Porto Medieval Port 1900 est une curiosité. Le début de la bouteille est d'une couleur de terre rose, et la fin de la bouteille d'un noir riche. Le goût est objectivement de porto, sans doute enrichi à la mise en bouteille il y a environ soixante ans. Le vin est plaisant, mais l'alcool ressort trop. Le vin accompagne divinement bien le chocolat, mais avec le caramel beaucoup trop sucré, l'accord ne se fait pas.


Selon une tradition propre à Taillevent, Jean-Marie nous offre d'un Armagnac en pot de 3 litres 1947 absolument délicieux, riche et fort en alcool mais qui ne le montre pas tant il est accueillant.


Nous n'avons pas formellement voté, mais Jean-Philippe mettrait en 1 ex-æquo La Romanée Conti et le Château Rabaud, ce qui est un honneur que j'apprécie pour ce beau sauternes, puis Haut-Brion blanc et Vega Sicilia Unico. Il est rejoint par beaucoup d'amis sur le fait de classer Haut-Brion avant Vega Sicilia, mais ce n'est pas mon cas. Mon vote est 1 - Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1981, 2 - Château Rabaud Brossault & Co 1/2 bt 1896, 3 - Vega Sicilia Unico 1981, 4 - Château Haut-Brion blanc 1981, 5 - Champagne Taittinger Collection Vasarely 1978.


Les deux plus beaux plats sont : 1 - épeautre du pays de Sault en risotto aux girolles, 2 - mignon de veau au lait rôti, légumes primeurs à la marjolaine. Les autres plats ont créé moins d'émotion. Le grand moment fut évidemment de communier avec une grande Romanée Conti et de célébrer la naissance du fils d'un ami. Mais nous n'allions pas en rester là. Car l'ami qui avait apporté son violoncelle n'allait pas repartir comme cela. Avec l'autorisation de Jean-Marie Ancher il a joué de magnifiques pièces de Bach d'une grande sensibilité, ce qui prouve que notre consommation d'alcool ce soir est restée dans les limites des facultés artistiques des participants. Des personnes qui dînaient tranquillement au restaurant sont venues grossir le lot des spectateurs de ce mini-bœuf. La joie a accompagné tout du long un grand dîner d'amitié.

dîner au restaurant Taillevent vendredi, 24 juin 2011

les vins : Champagne Taittinger Collection Vasarely 1978




Château Haut-Brion blanc 1981



Montrachet Bouchard Père & Fils 1985



Vega Sicilia Unico 1981



Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1981



Ermitage de l'Orée Chapoutier 1991



Château Rabaud Brossault & Co 1/2 bt 1896



Porto Medieval Port 1900



Armagnac en pot de 3 litres 1947 (pas de photo)


Les plats





les vins en fin de repas



la joyeuse équipe



Luc près de ses vins



François qui a joué de beaux morceaux sur son violoncelle



dîner chez Yvan Roux et déjeuner dans le sud avec des vins emblématiques lundi, 20 juin 2011

Jonathan est un jeune amateur de vin qui est parti vivre en Australie. Quand il revient en France, c'est l'occasion de retrouvailles vineuses. L'idée avait été lancée que nous allions chez Yvan Roux, le magicien des poissons, pour dîner au solstice d'été, le jour le plus long de l'année. Nous agrégeons quelques fous de vins, les propositions de vins pour cet événement sont folles elles aussi, et largement surnuméraires.


Il fait beau, tous se regroupent devant la piscine de ma maison du sud et malgré un programme abondant, j'ouvre un vin qui n'avait pas été prévu, un Champagne Krug Grande Cuvée sans année d'environ vingt-cinq ans, car l'étiquette est d'une ancienne génération de l'étiquetage de ce vin. Le pschitt n'est pas très fort mais réel, la bulle est belle, et ce champagne un peu évolué est d'une noblesse particulière. Il est racé, tendu, précis, à la trace en bouche extrême.


Nous sommes neuf, dont deux femmes qui ne boivent pas, la mienne et celle de mon ami japonais, et nous arrivons chez Yvan pour contempler le paysage unique de la baie de Giens. J'aligne pour la photo quinze flacons dont un magnum, avec la ferme intention de n'en ouvrir qu'un nombre raisonnable, mais avec de tels lascars, la raison est bâillonnée.


Nous commençons par le Champagne Salon magnum 1995. Ce champagne est merveilleusement confortable. On chausse ses pantoufles, on s'effondre dans un lourd fauteuil et l'on est sur le nuage du monde de Salon. Ce 1995 est à un moment idéal de sa vie. Il est encore en pleine jeunesse, il n'a pas de signe d'évolution, et il est serein. Il n'en dit pas plus qu'il ne faut, car il joue comme Federer, sans donner l'impression de se presser. Je suis conquis par son équilibre.


Yvan nous a préparé ce menu : tempura de fleur de courgette, tempura de sauge, tempura de lotte / seiches en papillotes au chorizo de Pata Negra et confit d'échalotes déglacées au Martini Dry / chorizo en tranches / carpaccio de denti et suprêmes de pamplemousse / chapon à l'ail confit / langouste aux lardons / moelleux au chocolat, caramel au beurre salé et glace vanille.


Yvan a fait une cuisine très lisible, idéale pour créer de beaux accords.


Le Château Laville Haut-Brion 1967 est d'une couleur d'une folle jeunesse. Son parfum est précieux et en bouche, c'est un beau vin. Il n'est peut-être pas flamboyant, mais il est riche et précis. Nous l'adorons sur les seiches au gout prononcé. Le Puligny-Montrachet Louis Chevallier 1964 est bouchonné aussi est-il suivi par un vin grec qu'un ami a apporté pour contribuer à la réduction de la dette grecque : Ilios, vin blanc sec de Rhodes 1987. La réduction de la dette est pratiquement le seul avantage de ce vin qui ne nous a pas inspirés.


L' Hermitage Chave blanc 1989 est d'une toute autre trempe. C'est un vin solide, carré, en pleine possession de ses moyens, avec un langage épuré comme savent l'avoir les vins du Rhône.


Il faut avoir la foi du charbonnier pour reconnaître qu'il s'agit d'un Hermitage Chave blanc 1983, car la bouteille lourdement empoussiérée est plus noire que la face d'un charbonnier. Elle a séjourné depuis son enfance dans la cave bourguignonne du domaine Dujac dans des conditions idéales. Et cela se traduit par un vin sublime, qui transcende le message du 1989. Ce vin a tout pour lui, avec un fruit extrême et une mâche délicieuse. C'est un vin de bonheur. Il sera mon préféré de ce soir.


Je ne connaissais pas l'existence du Champagne Roses de Jeanne Pinot Blanc La Bolorée Cédric Bouchard 2005, champagne ultra confidentiel. Ceux qui le connaissaient en attendaient beaucoup. Si j'ai aimé l'extrême précision de ce champagne, je ne peux pas dire que j'ai été gagné par une énorme émotion. Ce vin est grand, propre, racé, mais il manque de folie.


Nous allons passer maintenant à une confrontation de trois vins sur le chapon. A gauche, le Clos de la Roche domaine Dujac 1978 a un nez bourguignon tonitruant. En bouche, il est follement bourguignon, avec énormément de matière et de séduction, mais je ne le trouve pas assez précis, ce qui va un peu limiter le plaisir. Au centre, le Château Rayas rouge 1988 servi un peu chaud montre trop son alcool aussi ce vin est celui qui me rebute le plus au départ. Mais la soirée se rafraîchissant, le vin s'est transformé, prenant un charme exceptionnel. Il y a une intelligence dans ce vin au discours galant qui force le respect. C'est un vin de grande tenue, jeune, riche et avenant. La Côte Rôtie La Landonne Guigal 1979 complète bien la trilogie, car c'est une Landonne calme, relativement discrète. Elle a énormément de charme, et sa subtilité soutient la comparaison avec les deux autres vins. Jeremy avait apporté deux vins de Dujac aussi avons-nous, sur son insistance, bu le deuxième Clos de la Roche domaine Dujac 1978 au style très comparable au premier, certains d'entre nous préférant la première et d'autres la seconde bouteille. Après ces quatre vins de très grande qualité, mon choix est : 1 - Rayas, 2 - Landonne et 3 - les deux Dujac. Nous avons conscience d'avoir côtoyé de très grands vins, le Rayas en Chateauneuf-du-Pape très stylisé, équilibré et profond, la Landonne en charme et en équilibre aussi, et les deux Clos de la Roche, terriblement bourguignons, fous d'évocations brillantes mais à qui il a manqué un petit zest de squelette.


Deux rouges non ouverts seront pour demain et nous passons sur le dessert au Château Climens 1962 à l'or blond et toute la grâce de Climens. C'est un très grand Barsac, riche, fruité, intense, ravissant de fraîcheur.


Comme si nous n'étions pas rassasiés, nous avons ouvert un très rare whisky Single Cask Malt Whisky Karuizawa 1967 qui titre la bagatelle de 58,4°. Fruité, il ne donne pas l'impression d'alcool. Nous n'avons fait que tremper nos lèvres, car un déjeuner est prévu chez moi le lendemain.


Ce fut une fois de plus un beau repas chez Yvan Roux dans un cadre enchanteur dont nous avons profité en cette longue veillée. Les saveurs les plus belles ont été, à mon goût le tempura de lotte et le carpaccio de denti. Mais la vedette était aux vins, avec mon classement : 1 - Hermitage Chave blanc 1983, 2 - Rayas 1988, 3 - La landonne Guigal 1979, 4 - Salon magnum 1995, 5 - Climens 1962. Il aurait fallu inscrire aussi le Krug, mais il avait été bu en un autre lieu.


La nuit fut rude, car nous avions beaucoup bu. Les arrivées s'échelonnent et nous voilà repartis pour une folle équipée. Nous ne sommes plus que sept, dont cinq buveurs au déjeuner dans notre maison du sud. Au programme nous trouverons, boutargue, Cecina de Leon, Côtes de bœuf cuites à la plancha avec des pommes de terre en dés, cuites aux herbes du jardin, camembert Jort, Salers et petits chèvres, salade de fruit, cake japonais au thé vert et cerises, et petits fours.


Le Champagne Salon 1997 est délicieusement floral. Il est romantique, un peu puceau, et n'a pas l'assise tranquille du 1995 d'hier. Mais il est charmant dans sa grâce légère. Le contraste est très fort avec le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill 1996 plus dosé et plus affirmé que le Salon, au fruit lourd. C'est un champagne puissant, fonceur comme Churchill.


Il nous restait deux rouges du programme officiel, mais pour copier le schéma d'hier, j'ai rajouté un vin espagnol pour que la confrontation se fasse à trois vins.


Le Chateauneuf-du-Pape Château de Beaucastel Hommage à Jacques Perrin 1999 est un grand vin subtil qui joue un peu dans la discrétion. Très fin et racé, il se boit bien, mais on aimerait qu'il appuie un peu sur l'accélérateur. La Côte Rôtie La Mouline Guigal 1996 est l'archétype du charme des vins de Guigal dans leur jeunesse. Il est rond, fruité, bien dans sa peau, sûr de lui. Son final très frais est mentholé.


Mais à côté des deux, le Vega Sicilia Unico 1989 est d'une insolente perfection. Si Robert Parker a influencé beaucoup de vignerons pour qu'ils fassent des vins boisés, très mûrs, directs et sans chichis, ce vin espagnol est la sublimation de l'idéal parkérien. Ce vin a tout pour lui, avec une précision horlogère. Le nez est riche avec un cassis subtil, la mâche est allègre, car la force se combine avec une étonnante fraîcheur. Le vin lourd et complexe glisse en bouche et dégage comme la Mouline une fraîcheur mentholée d'une rare élégance. On est dans l'excellence, et ce vin résolument moderne mais maîtrisé est mon gagnant sur ces deux jours. Mes amis sont étonnés que le Vega Sicilia aille aussi bien avec le camembert Jort délicieux. Ce fromage se marie aussi bien avec le Pol Roger.


Le classement des trois rouges est naturel : 1 - Vega Sicilia Unico 1989, 2 - Côte Rôtie La Mouline Guigal 1996, 3 - Chateauneuf-du-Pape Château de Beaucastel Hommage à Jacques Perrin 1999.


Au cours de ces deux repas nous avons partagé des vins emblématiques de grande qualité. Ce parcours un peu fou nous a réjouis. Nous avons décidé d'institutionnaliser le dîner du 20 juin, pour profiter lors d'un long soir de joyaux de nos caves.

dîner au restaurant Noma avec des vins extraordinaires samedi, 4 juin 2011

Après la visite des caves de K, un de mes fournisseurs de vin, nous arrivons par les quais au restaurant Noma, installé dans d'anciens entrepôts du port de Copenhague. Noma veut dire "nordic meal", cuisine nordique. Jean-Philippe ayant twitté notre arrivée, nous sommes accueillis par le directeur du restaurant mais aussi par René Redzepi, nommé plus grand cuisinier du monde, qui a autour de 35 ans et a travaillé notamment deux ans à El Bulli. Des photos sont prises devant la façade, inondée d'un soleil de plomb. On nous sert sur le pas de la porte un Champagne blanc de blancs extra brut "La Colline Inspirée" Jacques Lassaigne sans année. Par ce beau jour de presque été, nous buvons ce beau champagne classique avec gourmandise. Matt qui sera notre guide tout au long de la soirée vient nous dire d'être prêts à monter à l'étage où se trouve notre table au moment où il nous le demandera. Je réponds par un "yes sir" très militaire.


L'obtention de la table que nous occuperons a une histoire. Elle est réservée aux hôtes de marque. Pour en bénéficier, il faut être de l'ordre de dix ou payer le prix de dix. Comme nous étions cinq au départ, le renfort fut atteint grâce à K et deux de ses amis danois amateurs de vins et par ma fille et mon gendre. La table est la seule du premier étage, avec une cuisine apparemment affectée à notre seul usage, puisque la cuisine principale est au rez-de-chaussée.


Pour y accéder, nous sommes obligés de traverser la cuisine où René nous accueille avec toute son équipe extrêmement souriante. A chaque pièce que nous traversons, c'est un nouveau bouquet de sourires. L'innombrable équipe de cuistots donne l'impression d'être heureuse de nous recevoir. Après la cuisine, nous nous retrouvons dehors, de l'autre côté de l'immense entrepôt. Il est alors aisé de plaisanter sur un repas aussi court qui se termine avant d'avoir commencé. Nous entrons par une nouvelle porte pour monter à l'étage. La jolie pièce surplombe le canal. Elle est magnifiquement décorée. Kathryn, notre serveuse, a un sourire d'ange.


A peine à table, un serveur met dans nos mains un roseau long de plus d'un mètre, dont les dix derniers centimètres ont été pelés pour que n'apparaisse que le cœur. Il faut tremper le bout de la longue tige dans une crème délicieuse. C'est le début d'un long chemin d'amuse-bouche dont voici les intitulés.


Les amuse-bouche : Bulrush, malt flatbread and juniper, moss and cer; cookie with lardo and currant, mussel, rye bread, chicken skin, lumpfish roe and smoked cheese, seabuckthorn leather and pickled hip roses, radish, soil and herbs, pickled and smoked quails eggs, toast, herbs, smoked cod roe and vinegar.


La moule est originale puisqu'on peut croquer la coquille du bas, faite d'une pâtisserie teinte à l'encre de seiche. Le moment le plus intense est avec le petit snack aux œufs de lump, qui donne une iode énigmatique et fraîche.


Le soleil transperce notre pièce, créant des effets de contrejour. Deux fois on nous suggérera d'aller prendre l'air pour faire une pause sur le canal au soleil qui n'en finit pas de se coucher.


Le menu : green strawberries, salad root and sorrel / razorclam parsley, horseradish and buttermilk / scallops and beech nut, watercress and grains / tartar and sorrel, juniper and tarragon / langoustine and söl, rye and seawater / potato and milkskin, whey and lovage / white and green asparagus, cream and pine / celeriac and truffle / beef cheeks and cabbage, verbena and ramsons / 'Gammel Dansk' and sorrel / walnut and berries / Jerusalem artichoke and apple.


Il est impossible de décrire tous ces plats. Nous faisons un voyage dans un monde de saveurs nouvelles et inimaginables. Alors que les créations de Marc Veyrat et de Ferran Adria sont parfois théâtrales, nous découvrons celles d'un chef authentique, à l'imagination débordante, qui respecte le produit et donne un sens à chaque saveur. C'est intelligent, artistique, créatif, et le seul plat qui conduit à poser des questions est celui des coquilles Saint-Jacques que je trouve un peu étouffées par l'encre de seiche. Matt m'a donné l'explication qui est d'une logique compréhensible et m'a dit que les questions sur ce plat sont systématiques. Les saveurs magiques sont celles des fraises vertes, des couteaux, des langoustines présentées sur de grosses pierres, la sauce étant disposée comme des pétoncles collées au caillou. Les asperges et le céleri sont prodigieux. La liste des émerveillements n'est pas limitative.


Nous pourrions être fiers d'avoir obtenu une table, et d'avoir bénéficié de la table d'hôtes spectaculaire. Cela aurait suffi à notre bonheur. Mais un bonheur n'arrive jamais seul, aussi K et ses amis, à notre grande surprise car nous ne savions rien, nous ont entraînés vers des vins incroyables, d'une générosité infinie.


Les vins sont bus à l'aveugle. Le Champagne Brut Pommery 1947 Coronation of Elizabeth II est d'une couleur de rose ambrée profonde. La bulle discrète est encore active. Je suis assez content car le premier nom que j'ai suggéré est Pommery. J'ai essayé 1929 et c'était 1947. C'est un grand champagne de charme délicat et de grande complexité.


Le Champagne Perrier Jouët rosé extra brut 1966, alors que je l'ai bu plus de dix fois, ne me mène sur aucune piste. La couleur est très proche de celle du Pommery et le vin est extrêmement fruité, de beaux fruits jaunes. Le plus jeune est le plus généreux et goûteux, les deux étant superbes.


Le Bâtard Montrachet Domaine André Ramonet 1978 a un parfum qui inspire immédiatement le respect. Il est grandiose. Et en bouche, c'est une aventure gustative majeure. Ce vin sera celui qui émerge au sein des séries de vins de ce soir. Il a une plénitude, une ampleur qui ne sont le fait que de grands vignerons.


Le Montrachet Marc Colin 1990 est, je crois, le premier que je bois de ce vigneron. Il est moins riche et moins brillant que le Bâtard mais il a toutes les qualités d'un montrachet. Les deux blancs ne se contredisent pas et plus le temps passe, plus le 1990 prend de l'ampleur, devenant un montrachet très élégant et riche.


Lorsque le vin suivant arrive, je pense meursault, mais je n'ai pas le temps de le dire. Le Meursault Charmes Collection du docteur Barolet, Arthur Barolet négociant éleveur 1934 est un vin que je perçois comme bouchonné. Matt n'est pas de cet avis. La couleur est jeune et malgré une légère amertume liée au bouchon, le vin va se restructurer, sans atteindre un plaisir total.


Je m'en veux de ne pas avoir dit mon intuition première car elle est la bonne. Mais le non-dit n'a pas de valeur. Le Chablis Grand Cru Moutonne Long Dépaquit 1955 est un très grand vin. J'ai bu plusieurs fois le 1959. Même si le 1995 n'a pas sa flamboyance, il est extrêmement expressif, typé, de grande classe.


Lorsque je sens le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1952, je dis immédiatement Domaine de la Romanée Conti. J'ajoute Romanée Saint Vivant et quand K me dit que ce n'est pas ça, je propose Richebourg des années 50. Ce vin a tout le charme du Domaine de la Romanée Conti. Il est élégant, charmant, subtil, avec un final d'une grande finesse.


Ma recherche est plus difficile avec la Romanée Saint Vivant Domaine de la Romanée Conti 1980 alors que ce vin m'est familier. Les deux vins du Domaine de la Romanée Conti sont d'une délicatesse et d'une élégance extrêmes.


Selon le théorème qui veut qu'en dégustation à l'aveugle, rien ne vaut le coup de pouce que donne la vision d'une étiquette, je propose pour l'un des deux Musigny qui arrivent qu'il soit du domaine Comte de Vogüé. Hélas, je ne choisis pas le bon. La triche n'est pas récompensée. Le Musigny Grand Cru Comte de Vogüé 1990 est un vin de grande puissance, solide, bâti pour la durée. Comme nous ne buvons que des grands vins, je suis en mal de superlatifs. Ce grand vin est rassurant.


Jamais je n'aurais trouvé l'année du Musigny Grand Cru J.F. Mugnier 2006, car il fait beaucoup plus mûr que ce jeune millésime. Les deux Musigny se complètent bien, riches et élégants, avec des longueurs particulièrement solides.


J'avais bien peu de voir arriver les bordeaux après les bourgognes, mais le Château l'Evangile Pomerol 1961 est si imposant qu'il se débarrasse de ces incertitudes. Il est en pleine possession de ses moyens, impérial pomerol au charme fondé sur sa texture tramée au point le plis fin.


Le Château Certan de May 1961 me plaît beaucoup moins, un peu plus fatigué qu'il ne devrait.


Le Château La Tour Blanche 1900 est d'un or encore clair. Je ne pense pas qu'il puisse être aussi âgé. Il est très brillant. Je serais bien en peine de dire lequel des deux sauternes je préfère, car cet Yquem caractéristique, le Château d'Yquem 1944, que j'ai bu plusieurs fois et que j'adore mais dont je n'ai pas reconnu l'année mais la décennie, est un Yquem charmeur, élégant, riche et serein, qui ne joue pas plus qu'il ne faut, ce qui ne limite pas sa trace extrême.


Ce serait très difficile de classer, mais je m'y risque : 1 - Bâtard Montrachet Domaine André Ramonet 1978, 2 - Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1952, 3 - Château l'Evangile Pomerol 1961, 4 - Château La Tour Blanche 1900, avec l'impression que quasiment tous les vins pourraient être sur le podium.


Pendant l'une des pauses, nous sommes allés dans la cuisine du premier étage où l'un des chefs, irlandais, a montré la préparation de certains plats. Nous avons longuement bavardé avec lui et avec Matt, heureux de voir notre passion pour ces vins chenus.


A l'issue du repas, nous avions la sensation d'avoir vécu un moment unique lié à la cuisine exemplaire de talent et d'invention mais aussi de mesure de René, et lié aussi à l'incroyable générosité de K et ses amis. Lorsque nous sommes descendus, nous sommes repassés par la cuisine du rez-de-chaussée en sens inverse. Toute l'équipe de cuisine, encore présente, nous a gratifiés de beaux sourires. C'est assez formidable de voir une équipe aussi impliquée dans ce qu'elle fait.


Au réveil, le lendemain matin, Jean-Philippe a twitté ses remerciements à René Redzepi. Il a eu en retour un message disant que toute l'équipe était sous le charme de l'expression de notre enthousiasme pour la cuisine et pour les vins. Il sera plus facile de réserver lorsque nous voudrons recommencer, ce qui se fera sans tarder avec K, mais avec nos vins !

dîner au The Paul dans le parc du Tivoli vendredi, 3 juin 2011

A l'heure du dîner nous traversons la rue pour entrer dans le parc du Tivoli où une jeunesse sage envahit l'espace. Il y a des palais chinois, des Taj Mahal en stuc et des esplanades pour des concerts de plein air. Les groupies sont déjà assis à même le sol en attendant leurs idoles. Au centre du parc on trouve une grande rotonde à la structure métallique qui évoque un peu celle des serres du jardin royal que nous avions visitées hier. Sous cette coupole se tient le restaurant The Paul. Dans ce lieu tout à fait étonnant aux volumes improbables et grandioses, la décoration résolument moderne est d'un raffinement certain. Des tableaux et des photos audacieux créent une ambiance très sympathique. Daniel, le directeur du restaurant, nous attend car Jean-Philippe avait préparé de longue date cette rencontre. Daniel s'est révélé un guide passionnant tout au long d'un voyage merveilleux dont voici le programme. D'abord, les amuse-bouche de l'apéritif : Iberico + sardine + raspberry / chicken; appele cider vinager, mustard / paella puff'ed / smoked tandoori salted cashews /plate - fennel / green.


Puis le repas : oyster & mackerel / grilled salad, crab royale / cauliflower with browned butter, dover sole, spring truffle / wild forest mushroom consommé, young spruce / himmerland sweetbread, beetroot & liquorices, black olive / French pigeon, white asparagus, hazelnut praline, chocolate bean / champagne rhubarb, cucumber, pimms / pistachio water sorbet, ymer.


Puis les mignardises : earl grey financier / Darjeeling mallow / macaron, Japanese jasmine, yuzu / espresso caramel, sharffen berger / hazelnut cream.


Daniel nous a tout expliqué de façon intelligente et notre plaisir fut total surtout par comparaison à Géranium. J'avais voulu finir mon compte-rendu du dîner de la veille sur une note d'espoir. Mais ne tergiversons pas : oublions Géranium pour garder The Paul. Ici la cuisine est inventive mais cohérente. Elle repose sur ses deux pieds, elle a une logique et met en valeur le produit principal. Le plat le plus phénoménal est celui des petits champignons de forêt en gelée. Mille évocations d'enfance reviennent à la surface pour un tourbillon gustatif infini. C'est un plat à l'émotion ultime. Mes amis, et ma fille et mon gendre venus nous rejoindre à la sortie de leur avion ont aimé le pigeon. J'ai été un peu moins ébloui.


Nous avons pris l'apéritif avec un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1990 qui marque déjà des signes d'âge avec une farouche élégance. Ce champagne est grand, noble, racé et on le boit presque avec respect.


Au moment de passer à table Daniel nous fait goûter à l'aveugle un vin blanc. Au nez, pas de doute, c'est un bourgogne, et je hasarde un Meursault 2007. Le vin est délicieux. Et Daniel sourit de l'erreur commise aussi bien par Jean Philippe que par moi, car il s'agit d'un Vin blanc Ossian de Ségovie Espagne 2008 issu de l'agriculture biologique. Daniel nous rassure sur le fait que personne ne trouve. Ce vin au nez très expressif est plus qu'intéressant.


Nous avons poursuivi avec un Riesling Clos Sainte-Hune Trimbach 2002 qui est à un niveau de maturité parfaite. Car il est encore follement jeune mais en même temps serein, riche, accompli. L'équilibre entre acidité, fraîcheur et fruit est remarquable et la longueur est belle. Dans une carte des vins un peu rare dans le secteur des vins rouges c'est Daniel qui nous suggère d'essayer un Vosne-Romanée Hudelot-Noëllat 2007. Le vin est agréable, se boit bien, mais il manque manifestement de coffre et de structure. Nous en avons sacrifié deux, ce qui montre qu'on y prend goût.


Nous avons longuement bavardé avec Daniel qui est passionnant. Il acceptera que nous apportions nos vins quand nous reviendrons. Il nous à accompagnés à travers le parc de Tivoli jusqu'à l'entrée du parc. Dans un espace devenu désert, sur l'esplanade du concert en plein air, le monceau de canettes de bières et de déchets abandonnés donne un coup de canif à la réputation de propreté des pays scandinaves. A la sortie du Tivoli les paniers poubelles de rues débordent de canettes de bière. Les jeunes sont incroyablement nombreux, profitant d'une nuit douce pour la peupler de bières et de camaraderie. Après les restaurants Relae, Aamann, Geranium, Sankt Annae, c'est de loin The Paul qui mérite la palme et l'envie d'y retourner. Paul Cunningham, le propriétaire, va s'installer dans un immeuble "en dur" qui donne sur le parc mais où l'on entre par la rue et non par le Tivoli. Ce sera un lieu dont on parlera.

Copenhague photos jour 3 – The Paul vendredi, 3 juin 2011

The Paul est dans le Tovoli. Ici lafaçade de l'hôtel Nimb, côté Tivoli, où nous prendrons un brunch dans deux jours



l'entrée du restaurant




une méchante pieuvre me regarde



la cuisine ouverte sur l'immense salle



en fin de service, avec l'hygiène, ça ne rigole pas !!!



l'atmosphère



moi j'essuie les verres, au fond fu comptoir, j'ai bien trop à faire pour pouvoir rêver ...



bon, c'est pas tout ça, mais qu'est-ce qu'on mange ?



un p'tit coup de pub entre amis






Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1990



Vin espagnol surprise Ossian 2008 de Castille



Clos Sainte Hune Riesling Trimbach 2002



Vosne-Romanée Hudelot Noëllat 2007



dîner de folie chez un américain à Paris vendredi, 27 mai 2011

Où l'on verra que la générosité peut jouxter la débauche. Laurence Féraud, vigneronne à Chateauneuf-du-Pape m'avait invité à rejoindre le "Printemps de Chateauneuf-du-Pape", à Chateauneuf-du-Pape. Lors du dîner chez elle, elle avait évoqué un dîner à Paris chez un de ses amis américains, où l'on ouvrirait de grands vins. Dans la chaleur communicative des banquets, j'ai dit oui. Il fallait coordonner les apports et lorsque j'ai appelé Ed pour mettre au point le programme, je lui ai annoncé mon intention de venir avec deux vins de 1921, qui ont 90 ans cette année. Je ne savais pas qu'Ed est d'un humour caustique, aussi ai-je pris sa moue téléphonique pour de l'insatisfaction vis-à-vis de ce que je trouvais assez généreux. Un peu vexé, je demande ce qu'il envisagerait d'inclure au programme et tout-à-coup, il prononce un nom qui agit sur moi comme un sésame. Il dit : "je pourrais ouvrir un "Screaming Eagle". Aussitôt, comme si un ressort me propulsait, je réponds : "si vous ouvrez Screaming Eagle, j'apporte une bouteille de La Tâche". Car ce vin américain, très rare, je ne l'ai jamais bu. La tentation est trop grande.


Le jour dit, je me présente à 17 heures à l'appartement d'Ed pour ouvrir mes bouteilles et éventuellement d'autres. La cuisine s'agite dans tous les sens, car nous serons quatorze dont les deux cuisiniers, Arnaud et Nicolas. Arnaud Faye est l'adjoint chef de cuisine de Thierry Marx au Mandarin Oriental Paris qui va ouvrir dans quelques jours. Cette équipe va réaliser un repas de grand raffinement avec une belle mise en valeur des produits, et quelques accords subtils opportuns, malgré la difficulté d'ajuster les recettes sur des vins très disparates.


J'ouvre le Brane Cantenac 1921 d'un niveau mi-épaule et le bouchon paraît comme brûlé. L'odeur sentie par le goulot est assez torréfiée. Est-ce que le vin va s'épanouir ? Je ne sais pas. L'Arche Vimeney cru classé de sauternes 1921 au niveau dans le goulot et d'une couleur merveilleuse exhale un parfum d'agrumes délicats. Il ne posera aucun problème. J'ouvre aussi La Tâche 1986 que j'ai apportée. Le parfum bourguignon est d'une rare subtilité. On me demande d'ouvrir certains apports qui arrivent au compte-goutte dont le Screaming Eagle que nous sommes allés chercher dans la cave d'Ed. J'ai demandé à Ed d'en goûter un peu à l'ouverture. J'ai fait un vœu, car c'est la réalisation d'un rêve.


Les convives arrivent et nous sommes quatorze. Il y a, si je n'oublie personne, Ed et un ami américain accompagné de sa femme d'origine indienne, trois vignerons de Chateauneuf-du-Pape dont Laurence accompagnée d'une amie américaine, un autre vigneron Hervé Bizeul accompagné de son épouse, un homme du monde du vin et un amateur, les deux cuisiniers qui mangeront avec nous et moi.


Du fait de l'abondance, mes descriptions des vins seront plus que succinctes, et je ne suis pas sûr que l'ordre des vins soit le bon. Pour l'apéritif, nous commençons par un Chateauneuf-du-Pape Cristia Vieilles Vignes magnum 2006 qui est joyeux, réjouissant, faisant plaisir à boire dans sa jeunesse. Il est suivi d'un Chateauneuf-du-Pape "Pure" domaine de la Barroche magnum 2005 que je trouve particulièrement brillant. Il est remarquablement bien fait.


Nous passons à table et nous goûtons deux vins blanc américains : le Marcassin Hudson Vineyard Carneros Chardonnay 1993 et le Marcassin Gauer Vineyard Alexander Valley Chardonnay 1993. Le premier a un léger défaut qui exacerbe son côté américain, alors que le second est délicieux, sans lourdeur, avec beaucoup de charme, sans les excès habituels des chardonnays américains. Le Meursault Perrières Jean François Coche Dury 2002 est pour moi un modèle de fraîcheur et d'expression alors qu'Hervé Bizeul préfère le deuxième Marcassin.


Le Chateauneuf-du-Pape Lou Destré d'Antan Christian Barrot 1976 est une merveille de Chateauneuf-du-Pape. Il a un équilibre et un charme qui m'ont convaincu, comme le Chateauneuf-du-Pape Domaine du Pégau 1997 aux aspects bourguignons d'une rare délicatesse. Sur des langoustines cuites à la perfection, ces vins se sentent bien. Le Vosne-Romanée Les Chaumes domaine Méo-Camuzet 1996 joue un peu en dedans à côté de ces Chateauneuf-du-Pape.


A l'arrivée du bar je demande de l'indulgence pour le Château Brane Cantenac 1921 dont le parfum est un peu torréfié. Quelle n'est pas ma surprise de voir que le vin n'a pas du tout en bouche le torréfié que je craignais. La couleur est divine, sans le moindre tuilé et en bouche le fruit est envahissant, fruit rouge d'une grande précision. Je pense "ouf" pendant que mes convives sont surpris de la présence de ce grand vin. L'accord avec le bar se trouve naturellement. J'en profite pour servir mon autre vin, La Tâche domaine de la Romanée Conti 1986 au nez d'un charme extrême. Sentir ce vin, c'est ouvrir la porte du domaine comme on ouvre la caverne d'Ali Baba ou l'armoire de ses souvenirs. Alors que j'avais adoré la Romanée Conti 1986, si j'aime La Tâche de la même année, je ne ressens pas autant que je souhaiterais l'émotion de La Tâche. C'est un grand vin mais avec une vibration un peu atténuée.


Laurence pense que ce serait le moment de boire un Chateauneuf-du-Pape sans étiquette et sans année, à la forte poussière opacifiant le verre, qui doit être des années 60 et provient de ses grands-parents. Hélas, le vin est bouchonné et malgré mes espoirs, ne reviendra jamais à la vie.


Nous goûtons maintenant en intermède un Meerlust Rubicon Afrique du Sud magnum 1984 et Ed nous raconte la rareté de son origine. Ce vin est solide, carré mais assez simple d'expression. Nous faisons un intermède à l'aveugle avec Les Sorcières du Clos des Fées, Côtes du Roussillon 2010. J'avais bu ce vin lors des primeurs à Bordeaux. Il s'est développé et est d'une grande sincérité.


Nous entrons maintenant dans le monde des vins à forte charpente et au degré d'alcool important. La Petite Sibérie Côtes de Roussillon Villages magnum 2004 est un vin que j'apprécie dans sa jeunesse pour un final d'une fraîcheur mentholée. Hervé Bizeul est fier que son vin ait un fort cousinage avec le Screaming Eagle cabernet sauvignon Napa valley 2003 qui titre 14,6°. Ce vin a le plaisir généreux d'une Mouline 2005. Il est puissant, au fort fruit noir et poivre, mais son final frais signe un très grand vin. Il est plus complexe que la Sibérie, mais les deux ne se nuisent pas. Viennent ensuite de nouvelles raretés apportées par l'amie américaine de Laurence : Sine Qua Non "the 17th nail in my cranium" syrah Californie 2005 qui titre, excusez du peu 15,8° et le Sine Qua Non "a shot in the dark" syrah Californie 2006 qui titre 15,5°. Il est certain que ces vins généreux sont plaisants à boire. Mais on est entraîné dans une direction qui n'est pas la mienne, où l'excès de fruit et d'épices peut devenir monotone. Sur le délicieux filet de bœuf ces vins sont à leur aise et le mariage se fait bien.


Il est temps de goûter l'Arche Vimeney Sauternes 1921. C'est un agréable sauternes fort aimable, mais qui n'a pas la complexité du Caillou 1921 bu tout récemment. Il est acceptable mais sans histoire, malgré sa belle couleur et son parfum d'agrumes. Il joue mezzo voce. Hervé a apporté une belle curiosité : un Sémillon Lagarde de Mendoza Argentine 1942. La bouteille porte le n° 17. Pour une curiosité, c'en est une. Le vin s'est oxydé et évoque les vins jaunes du Jura. Il brille surtout par son originalité et accompagne bien des tranches de comté.


J'ai apporté en cachette le vin que j'avais ouvert à Rennes lors de la découverte du vin de 1690. C'est un madère d'une bouteille très ancienne que je date de 1780 à 1840. Il a une force alcoolique extrême qui fait penser à certains qu'il s'agirait d'un whisky. Mais plusieurs convives confirment l'hypothèse madère. Il a un peu perdu de son fruit, mais il a encore une force persuasive extrême.


Si je devais décerner des brevets aux vins de ce soir, je les donnerais à : 1 - Chateauneuf-du-Pape Domaine du Pégau 1997, 2 - Chateauneuf-du-Pape Lou Destré d'Antan Christian Barrot 1976, 3 - Château Gruaud Larose 1921, 4 - Meursault Perrières Jean François Coche Dury 2002, 5 - Screaming Eagle cabernet sauvignon Napa valley 2003. Mais tous méritaient leur présence à ce beau dîner.


Merci a Ed d'avoir mobilisé des cuisiniers de grand talent qui nous ont offert des plats exquis. La générosité de tous fut remarquable. L'atmosphère cosmopolite et amicale a permis un repas de grande folie, ou générosité et débauche sont synonymes, dans le bon sens du terme.

dîner chez un américain à Paris vendredi, 27 mai 2011

les vins que j'ai apportés



dans l'ordre de dégustation :


Chateauneuf-du-Pape Cristia Vieilles Vignes magnum 2006



Chateauneuf-du-Pape "Pure" domaine de la Barroche magnum 2005



Marcassin Hudson Vineyard Carneros Chardonnay 1993



Marcassin Gauer Vineyard Alexander Valley Chardonnay 1993



Meursault Perrières Jean François Coche Dury 2002



Chateauneuf-du-Pape Lou Destré d'Antan Christian Barrot 1976 (la contre étiquette porte 1975)



Chateauneuf-du-Pape Domaine du Pégau 1997


Vosne-Romanée Les Chaumes domaine Méo-Camuzet 1996



Château Brane Cantenac 1921



La Tâche domaine de la Romanée Conti 1986



Chateauneuf-du-Pape sans étiquette et sans année (à droite de Chateauneuf-du-Pape Domaine du Pégau 1997)



Meerlust Rubicon Afrique du Sud magnum 1984



Les Sorcières du Clos des Fées, Côtes du Roussillon 2010



Petite Sibérie Côtes de Roussillon Villages magnum 2004



Screaming Eagle cabernet sauvignon Napa Valley 2003




je ne suis pas peu fier d'avoir ouvert cette bouteille de Screaming Eagle



Sine Qua Non "the 17th nail in my cranium" syrah Californie 2005



Sine Qua Non "a shot in the dark" syrah Californie 2006



L'Arche Vimeney Sauternes 1921



Sémillon Lagarde de Mendoza Argentine 1942



quelques plats



en cuisine




une partie du groupe (à gauche le chef)


Académie des vins anciens – les vins PHOTOS jeudi, 26 mai 2011

GROUPE 1 : champagne Henriot rosé magnum 1988



Champagne Moët & Chandon Brut Impérial rosé 1953



Champagne Moët & Chandon magnum 1962



Champagne Dom Pérignon 1978



Chablis Blanchot Grand Cru domaine Vocoret 1988



Clos Zisser Klipfel Gewurztraminer 1974



Corton Charlemagne Rapet P&F 1950 (bas)



Côtes du Jura blanc Jean Bury # 1964



Château Corbin Michotte 1966



Château Gruaud Larose 1964



Château Canon 1959



Château Malescot Saint-Exupéry 1934



Chambolle Musigny Joseph Drouhin 1967



Vouvray moelleux 1959 domaine Clovis Lefèvre



Château Maÿne-Bert Haut-Barsac 1939



Château Bastor Lamontagne Sauternes 1929



Château Caillou Haut-Barsac 1921 (provenant de mon déjeuner de la veille)



GROUPE 2 : champagne Henriot rosé magnum 1988



Champagne François Giraux Brut ss A élaboré par Charles Heisdsieck



Champagne Bollinger Brut Spécial Cuvée des années 70/80



Mesnil Nature Blanc de blancs -vers 1935



Vouvray sec 1961 domaine Clovis Lefèvre



Meursault Patriarche 1943



Pouilly-Fuissé 1938 Ph.Bouchard



Côtes du Jura blanc La Cocarde 1958



Château Ducru Beaucaillou 1973



Château Le Bon Pasteur 1973 POMEROL



Château Canon 1966



Château des Jaubertes 1964-Marquis de Pontac-Graves



Château Saint-Julien Saint-Emilion 1945



Chambolle Musigny Joseph Drouhin 1967



Gevrey-Chambertin Faiveley 1938



Vinadort Rioja Bodegas Artacho 1975



Soleil de France Seignouret Frères Sauternes années 1930 origine Ch.Coutet



Rivesaltes Dom Brial 1969.



GROUPE 3 : Champagne François Giraux Brut ss A élaboré par Charles Heisdsieck



Champagne Moët & Chandon Brut Impérial rosé 1953



Champagne Moët & Chandon magnum 1962



Mesnil Nature Blanc de blancs -vers 1935



Chablis Blanchot Grand Cru domaine Vocoret 1988



Vouvray sec 1962 domaine Clovis Lefèvre



Côtes du Jura blanc "Fleur de Marne" La Bardette Chardonnay 1964



Pauillac Baron de Rothschild # 1980



Chateau de Sales 1970



Chateau Pichon Longueville Comtesse de Lalande Pauillac 1966



Château Gruaud Larose 1964



Château Respide 1956



Gevrey-Chambertin Duroché 1957 (bas)



Vosne Romanée J. Thorin 1949



Mercurey 1936 Ph.Bouchard



Monbazillac 1945 château de la Fonvieille réserve du Theulet



Rivesaltes Dom Brial 1959.