Académie des vins anciens – les vins partagés entre les académiciens lors des dix premières séances de l’académie jeudi, 28 mai 2009

Académie des vins anciens – les vins partagés entre les académiciens lors des dix premières séances de l’académie

(Classement croissant par millésime ou par année supposée)

Cognac de Tiffont, cuvée du centenaire vers 1880 - Cognac très ancien vers 1880 - Château Sigalas-Rabaud 1896 - Cave Jean Bourdy, Blanc vieux d'Arlay 1907 - Bonnes-Mares, Charles Bernard (6/7 cms) 1915 - Riesling Hugel Sélection de Grains Nobles 1915 - Champagne Mumm Cordon Vert années 20 – # 1920 - Franc Clos des Jacobins 1921 - Château Rauzan Segla 1921 - Chateau Pajot, enclave du Chateau d'Yquem, Haut-Sauternes 1923 - Pommard négoce illisible 1923 - Vouvray le Haut Lieu moelleux Domaine Huet 1924 - Chateau de RICAUD  Sauternes 1924 - Château Rausan Ségla 1924 - Domaine de Chevalier 1924 - Maury La Coume du Roy de Volontat 1925 - Maury La Coume du Roy de Volontat 1925 - Château d'Arsac Margaux 1925 - château Figeac 1925 - Château Haut-Brion 1925 - Château les grands Rosiers Pauillac 1926 - Alvar Pedro Jimenez dulce 1927 - Pedro Ximenez 1927 - Château La Tour Blanche, sauternes 1928 - Vosne-Romanée « Clos des Réas », Pedrizet & Cie 1928 - Château Carbonnieux 1928 - Château Chalon Jean Bourdy 1928 - Château Gruaud-Larose Faure Bethmann 1928 - Lacrimae Santa Odiliae Pierre Weissenburger à Obernai 1928 - Maury 1928 - Meursault maison Bichot 1928 - Rioja Federico Paternina Reserva 1928 - Tokay Hugel 1928 - Bouchard Ainé Fils, Grand Manoir, Côtes de Nuits 1929 - Chablis Maison Bichot 1929 - Château Pape Clément 1929 - Château Puyblanquet Saint-Emilion 1929 - Jurançon, mise Nicolas  niveau TLB  1929 - Château Filhot 1929 - Château Petit Gravet 1929 - Corton Clos du Roy L.A. Montoy 1929 - Musigny "Grand Vin de Bourgogne" 1929 - Pommard  Prop ou Nég inconnu 1929 –

Probable Chassagne blanc vers année 30, capsule porte : JJ & B – 1930 - Cru Laneré Sauternes 1931 - Rivesaltes ambré Cuvée Prémice 1932 - Rivesaltes ambré Cuvée Prémice 1932 - Bourgogne Clos du Roi 1933 - Bouzy Delamotte 1933 - Montrachet Bichot 1933 - Meursault Charmes Maison Bichot 1933 - Chateau de Bensse  Médoc 1933 - Cos d'Estournel 1933 - Gevrey Chambertin Marius Meulien 1933 - Bourgogne grand vin des caves du chapitre, Jaffelin,  probable 1934 - Château Calon ségur  année illisible 1934 - Pomerol, mise de Luze, étiquette et année non lisible 1934 - Gewurztraminer Vendanges Tardives SGN Hugel 1934 - Château Doisy Daëne 1934 - Château Malescot Saint-Exupéry 1934 - Château Montrose 1934 - Château Phelan Segur, mise negoce, vers 1934 - Château Talbot 1934 - Pommard, Hospices de Beaune, Cuvées Dames de la Charité Ets Leroy & Co 1934 - Frontaillac  rouge H. Cuvelier et fils 1935 - Montrachet maison Bichot 1935 - Château d'Yquem 1937 - Barsac (?) nom inconnu 1937 - Château Beau-Site Monprimblanc 1937 - Domaine du Pin Premières Côtes de Bordeaux 1937 - Domaine du Pin 1ères Côtes de Bordeaux 1937 - Domaine du Pin, Beguey, 1ères Côtes de Bordeaux 1937 –

Château Camperos Haut-Barsac 1941 - Richebourg Charles Noëllat 1942 - Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1942 - Cos d'Estournel 1942 - vin de champagne Saran Moët & Chandon 1943 - Chateau Léoville-Poyferré Saint-Julien 1943 - Clos Vougeot Noirot-Carrière 1943 - Fleurie Beaujolais 1943 - Montrachet  domaine Bichot 1943 - Caves Jean Bourdy, Côtes du Jura rouge 1945 - Coteaux du Layon Chaume, Château de la Guimonnière 1945 - Volnay Champy P&F basse 1945 - Château La Pointe Pomerol 1945 - Château Larcis Ducasse 1945 - Château Léoville Las Cases 1945 - Château Rabaud 1945 - Château Suduiraut 1945 - Vosne Romanée Les Suchots Louis B?? 1945 - Vosne Romanée Réserve Reine Pédauque 1945 - Charmes-Chambertin J. Mommessin 1946 - Chambolle Musigny 1947 - Chambolle Musigny Maison Remoissenet et Fils 1947 - Château Rabaud Sauternes 1947 - château Suduiraut 1947 - Vray Canon Boyer Vacher 1947 - Chateauneuf du Pape Sélection de la réserve des Chartes 1947 - Gevrey Chambertin J. Faiveley probable 1947 - hâteau Coutet 1947 - Monthélie 1947 - Moulin à Vent Bichot 1947 - Puligny Montrachet Caves Nicolas 1947 - Santenay Remoissenet Père & Fils 1947 - Beaune Champimonts 1er Cru Joseph Drouhin 1948 - Vega Sicilia Unico 1948 - Beaune-Cent-Vignes Jessiaume Père & fils 1949 - Puligny-Montrachet Ph. Meunier 1949 - Chassagne-Montrachet Henri Pillot 1949 - Chateau La Gaffelière 1949 - Corton Charlemagne Louis Jadot 1949 - Corton Clos du Roi Prince de Mérode Joseph Drouhin 1949 - Montagny Barozzi 1949 - Volnay Clos des chênes 1949 - Corton Charlemagne Ropiteau Frères vers 1949 ou plus vieux # 1949 –

Apéritif Dubonnet environ 50 ans d'âge # 1950 - Apéritif Dubonnet environ 50 ans d'âge # 1950 - Banyuls hors d'âge, Dom du Mas Blanc, Parcé, sostera vers 1950 - Bourgogne Aligoté Barozzi 1950 - Chablis 1er cru Montée de Tonnerre Jean Quenard 1950 - Graves blanc LE CARDINAL 195? – 1950 - Château d'Yquem 1950 - vin nature de champagne Saran de Moët & Chandon 1950 - vin nature de champagne Saran de Moët & Chandon 1950 - vin nature de champagne Saran, blanc de blancs Moët 1950 - vin nature de champagne Saran, blanc de blancs Moët 1950 - Domaine de Chevalier rouge 1952 - Château Beychevelle 1952 - Domaine de Chevalier 1952 - Domaine de Chevalier rouge 1952 - LOUPIAC  château Dauphiné-Rondillon  1952 - Mercurey Caves de la Reine Pédauque 1952 - Meursault ? 1953 - Arbois jaune Louis Carlier 1953 - Beaune  Leroy (année illisible) 1953 - Champagne Alfred Gratien , crémant , niveau LB 1953 - Château La Pointe Pomerol 1953 - Pommard Epenots Marie André 1953 - Château Chalon Jean Bourdy 1953 - Château Filhot 1969 - Château la Dame Blanche 1953 - Château La Cabanne Pomerol 1953 - Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1953 - PULIGNY-MONTRACHET  Gauthier frères 1953 - Riesling Hugel 1953 - Sauternes-Barsac Doisy-Daëne 1953 - Vega Sicilia Unico 1953 - Château Gilette demi-doux 1954 - Beaune Bressandes  Drouhin 1955 - Bonnes-Mares Chanson Père & Fils 1955 - Château Roumieu 1955 - Vin Fou d’Henri Maire 1955 - Hermitage blanc Chante-Alouette Chapoutier 1955 - Château Moulinet 1955 - Hermitage La Sizeranne Chapoutier années 50 – 1955 - Château Latour 1955 - Château Le Bon Pasteur 1955 - Château Talbot 1955 - Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils 1955 - Cos d'Estournel 1955 - La Mission Haut-Brion 1955 - Larrivet Haut-Brion rouge 1955 - Rivesaltes ambré 1955 - Rivesaltes ambré 1955 -

Torres Coronas Gran Reserva 1955 - POUILLY-VINZELLES 1956 de Cabet-Frères 1956 - VOLNAY 1957 de De Moucheron 1957 - Volnay 1er Cru Bouchard Père & Fils 1957 - Domaine de Darrouban, Grande réserve, G Subervie et fils, Graves sec 1957 - Chateauneuf Du Pape Mont Redon  année illisible 1957 - Langoiran, Truilhé,  moelleux 1957 - Château Pape Clément 1970 - Chateau Beychevelle 1957 - Chateauneuf-du-Pape Domaine de Montredon 1957 - Hospice de Beaune Cuvee des Dames Hospitalieres Poulet 1957 - Malvoisie Bodegas El Griffo, Lanzarotte # 1957 - Puligny Montrachet maison Pierre Ponnelle 1957 - Carruades de Château Lafite-Rothschild 1958 - Chinon Couly 1958 - G de Château Gilette 1958 - Château Gilette bordeaux supérieur , blanc sec 1958 - Anjou Rosé Moelleux domaine de Bablut 1959 - Santenay Clos de Tavanne, de Fauconnet Négociant 1959 - Bâtard Montrachet Chanson 1959 - Chambertin  Pierre Bourée Fils 1959 - Champagne Salon 1959 - Château Canon 1959 - Château des Jaubertes Grand vin du Marquis de Pontac  Graves supérieures # 1959 - Château Palmer 1959 - Santenay Clos de Tavannes Fauconnet 1959 - Château Talbot 1959 - Chateauneuf du Pape Hugues 1959 - Vega Sicilia Unico 1959 - Chassagne-Montrachet rouge Joseph Drouhin 1959 - Château Chalon Marius Perron 1959 - Château Gazin 1971 - Branaire Ducru 1959 - Château Pontet St Emilion 1959 - Corton Charlemagne Nicolas 1959 - Moulin à vent Patriarche Père & Fils 1959 - Hermitage  Paul Etienne 1959 - Maury vignerons de Maury 1959 - Mouton Baron Philippe d'Armaillac 1959 - Nuits Saint Georges Bouchard Ainé et Fils 1959 - Pommard Thorin 1959 - Puligny-Montrachet Les Pucelles Boisseaux-Estivant négociant 1959 - Santenay Clos de Tavanne 1959 - Vouvray Clovis Lefèvre 1959 - Rioja Siglo  Felix Azpilicueta Martinez 1959 – Rioja El Siglo 1959 -

Rioja 1960 - Martinez Lacuesta Reserva Especial de 1960 - Château d'Yquem 1961 - Marques de Riscal Reserva 1961 - Vougeot Tasteviné J. Thorin  basse 1961 - Château La Grace Dieu Les Menuts 1961 - Château Chasse Spleen 1961 - Château Bellevue Montagne Saint-Emilion 1961 - Château Bernisse Castelnau Sauternes 1961 - Château Chasse Spleen 1961 - Château Palmer 1961 - Château Petit Faurie de Soutard 1961 - Château Saint Georges, St Georges St Emilion 1961 - Clos de l'Oratoire 1961 - Côteaux du Layon Cousin-Leduc 1961 - Meursault blanc Jaboulet-Vercherre 1961 - "Y" d'Yquem 1962 - Bourgogne aligoté Côtes de Nuits 1962 - Clos Triguedina  Cahors 1962 - Château Sigalas Rabaud 1962 - Chassagne-Montrachet Namont de Marcy  1962 - Château Carbonnieux  blanc 1962 - Château Fieuzal 1962 - Château Fombrauge 1962 - Château La Cabanne Pomerol 1962 - Château Lynch-Bages 1962 - Clos Saint Jean Bouchard aîné & fils 1962 - Pommard Grands Epenots Michel Gaunoux 1962 - Sylvaner Trimbach 1962 - Chambolle Musigny les Amoureuses Dom Ropiteau 1964 - Champagne Fred. Leroux à Chigny brut 1964 - Château Bouscaut blanc 1964 - Château Lafite Rothschild 1964 - Magnum de Moët & Chandon Brut Impérial 1964 - Magnum de Moët & Chandon Brut Impérial 1964 - Vega Sicilia Unico  basse 1964 - Château Brane Cantenac 1964 - Château Fontaine Montaiguillon Saint Georges Saint Emilion 1964 - Clos de Tart 1964 - Gewurztraminer vendanges tardives sec Hugel 1964 - Château Bellefont Belcier Saint Emilion 1964 - Château Lynch Bages 1964 - Château Phélan Segur 1964 - Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1964 - Château Pontet Canet 1964 - Côtes du Jura blanc Marcel Blanchard 1964 - Domaine Haut De Callens Beautiran Graves Supérieures 1/2 Sec 1964 - Gevrey-Chambertin Poulet Père & Fils 1964 - Marquis de Saint-Estèphe, appellation Saint-Estèphe contrôlée 1964 - Rioja Reserva Especial Martinez Lacuesta 1964 - Vouvray moelleux Le Haut Lieu Huet 1964 - Château Carbonnieux blanc 1965 - Château Lafite-Rothschild 1965 - Anjou rosé moelleux domaine de Bablut 1966 - Bonnes Mares Négoce 1966 - Bonnes Mares  Lionel Bluck  1966 - Champagne Edouard Besserat 1966 - Château Coustolle, Côtes de Canon-Fronsac 1966 - Vega Sicilia Unico  basse 1966 - Meursault Calvet 1966 - Château Pavie Decesses 1966 - Château Bel Air Saint-Emilion 1966 - Château Cos d'Estournel 1966 - Château Taillefer Puisseguin Saint-Emilion 1966 - Vega Sicilia Unico 1966 - Chassagne Montrachet  de Thorin 1966 - Tokay de Riquewihr  Dopff et Irion 1966 - Vin Jaune d'Arbois  domaine de la Pinte 1966 - Auxey-Duresses Bégin-Colnet 1967 - Château Larcis-Ducasse 1967 - Château Rolland Taillefer Pomerol 1967 - Vega Sicilia Unico  basse 1967 - Château Coutet 1967 - Château Giscours 1967 - Château La Louvière rouge 1967 - Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1967 - Champagne Mumm 1969 - Château Haut Brion 1969 - Corton Clos de la Vigne au Saint Louis Latour 1969 - Château Suduiraut 1969 - Château Chalon Jean Bourdy 1969 - Hautes Côtes de Nuits J. et M. Gauthet 1969 - Montrachet du Domaine de la Romanée Conti 1969 - Muscadet 1969 - Nuits Saint-Georges Les Cailles Remoissenet P&F 1969 –

Château Ducru-Beaucaillou 1970 - La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1970 - Château Haut-Brion 1970 - Château Pouget Margaux 1970 - Rioja Reserva Especial Martinez Lacuesta 1/2 bt 1970 - Rioja Reserva Especial Martinez Lacuesta 1/2 bt 1970 - Rioja Reserva Especial Martinez Lacuesta bt 1970 - Rioja Siglo  Felix Azpilicueta Martinez 1970 - Château Haut Brion 1971 - Tokay Pinot Gris Vendanges Tardives, Hugel, réserve personnelle de Jean Hugel 1971 - Château Le Prieuré Saint-émilion 1971 - La Passion Haut-Brion 1971 - Moscato Passito di Pantelleria 1971 - Château Lafon-Rochet 1972 - Champagne Gonet 1973 - Champagne Moët & Chandon  en magnum 1973 - Gevrey-Chambertin "Clos Prieur"  Domaine Harmand-Geoffroy 1973 - Château Cos d'Estournel 1973 - Echézeaux Jaboulet Vercherre 1973 - Vieux Château Certan 1973 - Richebourg Charles Noëllat 1974 - Clos Joliette  Jurançon sec 1974 - Vega Sicilia Unico 1941 - Bouzy Barancourt 1974 - Clos Joliette  Jurançon 1974 - Champagne Brut  Prince De Bourbon Parme Abel Lepitre Reims  1975 - Château Montrose 1975 - Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1975 - Château Rayne Vigneau 1975 - Magnum de Château Gruaud Larose 1975 - champagne Dom Pérignon Oenothèque 1976 - magnum de champagne Diebolt-Vallois 1976 - Sancerre Gitton Blanc Les Romains 1976 - Sancerre Gitton Blanc Les Romains 1976 - Château L'Enclos Pomerol 1976 -

Côte Rôtie de Vallouit 1976 - Gewürztraminer Vendanges Tardives Domaine Weinbach Collette Faller  1976 - Grands-Echézeaux Domaine Gros Frère et Sœur 1976 - Pinot gris Sélection de Grains Nobles Hugel  1976 - Riesling Sélection de Grains Nobles Hugel 1976 - Gewürztraminer  Sélection de Grains Nobles Hugel 1976 - Chambolle Musigny Amoureuses domaine Clair-Daü 1977 - Riesling Clos des Capucines Domaine Weinbach 1977 - Chateauneuf du Pape 1977 - Corton Rouge Les Languettes Domaine Bichot 1977 - Gattinara Riserva NERVI 1977 - Champagne Deutz 1978 - Volnay Taillepieds Domaine de Montille 1978 - magnum de champagne Dom Pérignon Rosé 1978 - magnum de Dom Pérignon Rosé 1978 - Pommard Château de Pommard 1978 - Chateau Haut-Bergeron Sauternes 1978 - Château Talbot 1978 - Y d'Yquem 1978 - Champagne Mumm cuvée René Lalou magnum 1979 - Champagne Mumm cuvée René Lalou magnum 1979 - Champagne Mumm cuvée René Lalou magnum 1979 - Château La Tour Léognan 1979 - Château Gilette "Crème de tête" 1979 - Pol Roger rosé 1979 - Pol Roger rosé 1979 - Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1979 - Vin Jaune ROLET 1979 –

Champagne Exclusive Vintage 1980 - Champagne Grand Blanc Philipponat 1980 - Champagne Krug Grande Cuvée années 80 - # 1980 - Champagne Krug Grande Cuvée années 80 - # 1980 - Champagne Pommery Brut Royal années 1980 - Champagne Pommery Brut Royal années 1980 - Martinez Lacuesta – Rioja – Blanc 1980 - Riesling Vendanges Tardives Hugel 1981 - Champagne Napoléon 1982 - Champagne Napoléon 1982 - Champagne Napoléon 1982 - Sancerre Gitton Blanc Galinot 1982 - Sancerre Gitton Blanc Galinot 1982 - Château Carbonnieux rouge 1982 - Château Clerc Milon 1982 - Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1982 - Pouilly Fumé Baron de L Ladoucette magnum 1982 - Pouilly Fumé Baron de L Ladoucette magnum 1982 - champagne Salon 1983 - Clos de la Coulée de Serrant N.Joly 1983 - MONTLOUIS Demi-sec  de Fradin-Georges 1983 - Riesling Kaefferkopf 1983 Jean-Baptiste ADAM  1983 - Clos de la Coulée de Serrant Nicolas Joly 1983 - Château Lynch Bages 1983 - Clos de la Coulée de Serrant Nicolas Joly 1983 - Coulée de Serrant Nicolas Joly 1983 - Bourgueil Domaine des Ouches Paul Gambier 1984 - Château Nénin 1984 - Champagne Bonnaire blanc de blancs 1985 - Champagne Bonnaire blanc de blancs 1985 - Champagne Delamotte 1985 - Champagne Delamotte en magnum 1985 - Champagne Delamotte en magnum 1985 - Champagne Léon Camuzet # 1985 - Champagne Léon Camuzet # 1985 - Champagne Léon Camuzet # 1985 - Champagne Léon Camuzet # 1985 - Champagne Léon Camuzet # 1985 - Champagne Léon Camuzet # 1985 - Champagne Léon Camuzet # 1985 - Champagne Mumm, René Lalou 1985 - Château Pape Clément 1985 - Chateauneuf du Pape Domaine de Nalys 1985 - Côtes du Jura blanc Savagnin Perron 1985 - Krug Grande Cuvée vers 1985 - Riesling Clos Sainte Hune Trimbach 1986 - Château Grand Mayne 1987 - Bâtard Chevalier blanc Pessac Léognan 1988 - Criots Bâtard Montrachet Jaboulet Vercherre 1988 - Montrachet Bouchard 1988 - BOURGUEIL Sélection Vieilles Vignes  du Domaine des Ouches 1989 - Montlouis "Les Bâtisses" Domaine Deletang "Grande Réserve Tris" Moelleux 1989 - Côte-Rôtie Chapoutier 1989 - Montlouis "Les Bâtisses" Domaine Deletang "Grande Réserve Tris" Moelleux 1989 - Château Climens 1989 –

champagne Delamotte 1990 - champagne Delamotte 1990 - Champagne Delamotte blanc de blancs 1990 - Château Mouton-Rothschild 1990 - Magnum Château Olivier 1990 - Martha's Vineyard Heitz Cellars Cabernet 1990 - Riesling Grand Cru Rangen de Thann  Zind Humbrecht 1990 - Hermitage rouge « Le Gréal » Sorrel 1990 - Porto Galo Réserve Spéciale sans année # 1990 - Château d'Yquem 1994 - Champagne Besserat de Bellefon non millésimé –  # 1995 - Champagne Besserat de Bellefon non millésimé –  # 1995 - Champagne Besserat de Bellefon non millésimé –  # 1995 - Champagne Besserat de Bellefon non millésimé –  # 1995 - Champagne Besserat de Bellefon non millésimé –  # 1995 - Champagne Besserat de Bellefon non millésimé –  # 1995 - Champagne Besserat de Bellefon non millésimé –  # 1995 - Champagne Besserat de Bellefon non millésimé –  # 1995 - Champagne Besserat de Bellefon non millésimé –  # 1995 - Champagne Besserat de Bellefon non millésimé –  # 1995 - champagne "Femme" Duval Leroy 1996 - Champagne Napoléon NM 1996 - Champagne Napoléon NM 1996 - Champagne Napoléon NM 1996 - Champagne Le Brun de Neuville blanc de blancs 1998 - Champagne Ruinart en magnum ss A. # 1998 - Champagne Ruinart en magnum ss A. # 1998

Somme de NB

 

DECENNIE

Total

1880

2

1890

1

1900

1

1910

2

1920

37

1930

29

1940

43

1950

93

1960

84

1970

62

1980

55

1990

27

Total

436

repas d’amis par un beau soir de printemps samedi, 23 mai 2009

Nous sommes reçus chez des amis, face à la mer, par une belle soirée du milieu du printemps. Le Champagne Henriot en magnum 1996 nous fait une énorme impression. Sa couleur commence à s’ambrer, son parfum est raffiné et en bouche il est généreux, confortable et de belle soif. Il se boit avec un immense plaisir, au point qu’à trois buveurs sur quatre nous finirons presque le magnum à l’apéritif. Il faut dire que les journées sont longues en cette période de l’année. Les poivrons grillés ne sont pas franchement des amis du champagne, alors que la sauce aux anchois, prise sur un peu de pain, excite bien le champagne chatoyant. Le dos de cabillaud vapeur sur poireaux,  gingembre et citron se mange sur un Quintessence, « R » de Rimauresq, Côtes de Provence 2004. L’année dernière, j’avais jugé brutal ce vin puissant. Il a gagné en rondeur et son âpreté, caractéristique des bons Côtes de Provence, trouve un écho dans la chair râpeuse et typée du cabillaud. Le vin est très appréciable, et l’on mesure encore plus sa réussite lorsqu’apparaît le Rimauresq, Côtes de Provence 2006. Trop jeune, fougueux, il joue dans la douceur et n’a pas encore trouvé la « râpe » que j’aime dans ces vins de soleil.

Nous testons des fromages variés sur les vins rouges et le dessert est une subtile crème au romarin du jardin. Ce dessert raffiné va repousser le Champagne Dom Pérignon 2000 par une opposition qui stérilise le champagne. Le goût du romarin est tellement prégnant que le champagne est noyé. Il reste dans une coupe un peu du Henriot qui s’est réchauffé. Cela permet de constater que le champagne Henriot accepte le romarin et n’est pas bridé alors que le Dom Pérignon, habituellement floral et romantique, est effrayé et tétanisé par la plante aromatique. Ce sont deux comportements opposés. Ce fut une belle soirée qui préfigure les plaisirs de l’été.

rebelote ! mercredi, 20 mai 2009

La belote a ceci de récurrent qu’on ne sait jamais si l’on n’est pas en train de prendre la revanche d’une précédente bataille. Le Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997 est extrêmement rassurant. L’âge lui a apporté rondeur et sérénité. Il est gentiment excité par de la poutargue. Le Champagne Dom Pérignon 1998 est d’une gracile noblesse. Tout en lui est romantique et iodé. En le buvant, je m’imagine gober des huîtres. Evoquant aussi les fleurs blanches, ce champagne nous conquiert. Un Côtes de Provence, Domaine des Cressonnières 1988 est satisfaisant. Bien sûr, il n’a pas inventé la poudre, même s’il évoque fugacement la pierre à fusil, mais il est fort plaisant à boire, ayant acquis une belle forme d’équilibre avec une râpe bien dominée. Sur un gigot cuit une demi-journée à basse température et un gratin de pommes de terre, c’est un régal. Si le vin déchaîne les passions, la belote le surpasse en magnitude.

BELOTE vendredi, 15 mai 2009

La belote attire les bouteilles de champagne par une symbiose aussi efficace que celle qui colle le rémora à la raie manta. Le champagne Laurent Perrier Grand Siècle est d’une fraîcheur et d’une envie de soif qui pousse aux coinches les plus hasardeuses. Un intermède avec un Champagne Ruinart n’est pas à l’avantage de celui-ci car sa structure plus stricte et sa maigre longueur souffrent mal la comparaison. Un champagne Laurent Perrier Grand Siècle en magnum cette fois montre l’effet déterminant du format sur le goût de ce romantique champagne. Un Hermitage dont je n’ai pas retenu le nom manque de civilité sur un camembert et se découvre un beau talent sur un fromage de chèvre frais.

118ème dîner de wine-dinners au restaurant Taillevent mercredi, 6 mai 2009

Le 118ème dîner de wine-dinners se tient au restaurant Taillevent. J’arrive à 17 heures et la table est déjà dressée dans la magnifique salle lambrissée du premier étage dont le grand lustre moderne sert d’auréole. Je m’apprête à ouvrir les bouteilles lorsque Valérie Vrinat, avec un grand sourire, me demande : « la tarte aux fraises des bois pour les sauternes, pourquoi l’avez-vous acceptée ? » Je bredouille une réponse en disant qu’on me l’a proposée et que je n’avais pas envie de dire non, alors qu’on sait que fruits rouges et sauternes sont des ennemis de classes. Valérie me dit : je m’en occupe. Peu de temps après Alain Solivérès vient me saluer. Il n’est pas au courant de cette discussion. Je lui fais sentir quelques vins aux parfums inoubliables. Quelques minutes plus tard, le chef pâtissier qui avait été alerté vient me voir. Il doit lui aussi sentir les deux sauternes et nous concluons ensemble qu’il faut revenir au classicisme d’un dessert aux agrumes pour le Fargues, cependant que le Rayne-Vigneau accompagnerait bien des madeleines ou des financiers. Lorsque nous faisons la synthèse de nos observations, il me suggère de servir quand même les tartes aux fraises de bois. Pourquoi pas ?

L’opération d’ouverture est musclée, car beaucoup de bouchons me résistent et beaucoup se brisent en de nombreux morceaux. J’ai failli m’évanouir en respirant deux vins qui m’évoquent le même mot : « miracle ». Ces sont deux grandes émotions, dont je révélerai les noms en racontant les vins.

Notre table de onze est composée de six femmes et cinq hommes. Un ami canadien qui vit aux Etats-Unis mais vient souvent dans notre belle Europe a invité avec son épouse un couple d’anglais vivant en Italie,  un couple d’américains vivant à Paris, un couple de français vivant à Paris et une mère et sa fille toutes deux françaises.

Les règles à suivre pour profiter de ce dîner sont exposées tout en trinquant sur un Champagne Besserat de Bellefon Brut 1966 qui est une magnifique introduction au monde des vins anciens. La couleur est d’un ambre cuivré. Sur la première goutte qui m’est servie, je sens une odeur de gibier qui va disparaître avec la suite de la bouteille, mais aussi grâce aux gougères qui ne sont pas destinées à créer un réel accord, mais à préparer le palais pour la suite du repas. Le nez évoque les fruits jaunes et la bouche des fruits rouges. Le champagne est d’une très belle longueur. Joe, mon ami organisateur du repas m’avait demandé d’insister sur les champagnes anciens. Celui-ci est une belle introduction.

Le menu créé par Alain Solivérès, dans sa rédaction initiale ne tenant pas compte de l’ajout de desserts est ainsi composé : Langoustine royale croustillante, marmelade d’agrumes au thé vert / Saint-Pierre clouté au basilic, saveurs anisées / Epeautre du pays de Sault en risotto aux girolles / Canard de  Challans rôti aux navets / Mignon de veau de lait rôti aux morilles / Fromages de nos provinces / Fine tarte aux fraises des bois.

Le Champagne Perrier-Jouët réserve cuvée extra brut 1966 est d’un ambre plus doré que son compagnon de la même année. Son nez est envoûtant. Tout en lui est velours et douceur. C’est un champagne merveilleux de charme. Avec la langoustine, c’est une addition sensuelle de douceurs. La marmelade est trop forte pour ce champagne délicat. Le Champagne Cuvée Diamant Bleu Heidsieck Monopole 1964 est d’un ambre plus foncé et plus gris. Le nez est extrêmement noble et expressif. Ce qui frappe en bouche, c’est l’incroyable structure de ce vin. Il est d’une grande noblesse et d’une longueur infinie. C’est le plus racé des trois. Le saint-pierre a l’intelligence de lui laisser la vedette, car c’est un immense champagne.

Le Vin Nature de Champagne, Caves Prunier, vers années 1920 est un vin tranquille malgré la fermeture de son bouchon d’un embryon de muselet. L’odeur d’entrailles est trop prononcée. La couleur est claire et sympathique. Un convive prévoyant et conservateur signalera un tardif retour à la vie, mais la cause est entendue : ce vin n’a pas d’intérêt, sauf celui de mettre encore plus en valeur le vin extraordinaire qui le suit.

Le Château Haut-Brion blanc 1983 est d’un or prodigieux. J’ai eu une grande surprise en l’ouvrant, car si le « 3 » était lisible, le chiffre précédent ne l’était pas. Le bouchon indique de façon incontestable que c’est  Château Haut-Brion blanc 1953. Une aubaine, car c’est un mythe. Le nez est racé, au charme rare. En bouche, le mot qui me vient instantanément à l’esprit est : « glorieux ». Ce vin est glorieux. On ne peut pas à cet instant imaginer qu’il existe un vin blanc plus parfait que celui-là. Il n’y a pas l’ombre d’un défaut, un total équilibre en fait un vin complet, riche, onctueux et charmeur. L’accord avec l’épeautre est une totale réussite. Nous nous amusons à constater que dès lors que l’épeautre a disparu de l’assiette, le vin baisse d’un ton, confirmant à quel point le plat a rehaussé le vin.

Dès que l’ami conservateur sent le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1984, il s’écrie : « c’est le premier miracle ». Car le parfum de ce vin est à se damner. On pourrait se contenter de le sentir, sans nécessité de le boire et ce ne sera pas le seul vin qui crée cette sensation de plénitude paralysante créée par l’odeur. On ressent un charme de folie avec ce vin. J’ai bu beaucoup de vins du Domaine de la Romanée Conti et beaucoup de plus titrés que celui-ci. Mais je ne crois pas avec été aussi physiquement touché et d’un tel enthousiasme. Le sentiment tactile de ce vin est quasi orgasmique, et je suis incapable de savoir pourquoi. Son équilibre, la salinité délicieuse, un ton cendré forcent mon entendement. Le canard a une chair ferme et juteuse qui est exactement ce qu’il faut pour prolonger l’extase.

Alors, que peut faire le Chambertin Joseph Drouhin 1959 que je suppose plus vraisemblablement de 1949, car j’ai les deux années et je n’ai pu lire que le « 9 », face à un tel miracle. Et voilà que je me mets à me demander si le chambertin ne va pas voler la vedette à son jeune compagnon de région. Car le nez est incroyablement enveloppant et le charme velouté est incomparable. Mais le Grands Echézeaux l’emporte par son côté canaille, renversant de subtilités inconnues. En contravention de toutes les classifications connues, ce vin  de la Romanée Conti est une des plus grandes émotions que j’aie connues.

C’est difficile de se présenter après ces deux bourgognes, mais la Côte Rôtie Brune et Blonde Jaboulet Vercherre 1967 y arrive. Tout en lui est facile, de décontraction totale, avec une efficacité redoutable. C’est cela que j’aime dans les vins du Rhône quand tout paraît rond, intégré, au service d’un grand plaisir.

Le plus grand Fortia que j’ai bu, un 1943, m’a laissé un souvenir impérissable. J’attends donc beaucoup du Chateauneuf du Pape Château Fortia 1980. Hélas, une odeur de bouchon qui n’était pas perceptible à l’ouverture apparaît maintenant. Elle ne gêne pas le goût, d’autant que la morille arrive fort astucieusement à gommer ce défaut qui, selon mon ami conservateur, disparaîtra totalement. Mais ma tristesse est trop grande pour que je m’intéresse à ce vin, car je me sens trompé, puisqu’un tel incident ne se produit quasiment jamais lors de mes dîners.

Lorsque j’avais proposé à Joe la liste des vins de ce soir, il avait réagi en me demandant pourquoi je mettais le Bédat à ce stade du dîner. Elégant, il avait ajouté : « mais je vous fais confiance ». Or pour lui, Château Bédat, Podensac, Graves Supérieures 1959, cela signifiait rouge. Quelle ne fut pas sa surprise quand il vit apparaître un beau vin à l’or blanc. Divine surprise pour tous, et l’ami conservateur lance : « c’est le deuxième miracle », tant le parfum de ce vin est beau. Mais ce n’est pas lui. Le vin est charmant, agréable, et on ne peut pas imaginer à quel point ces vins d’appellations plus modestes sont capables de briller. Il n’a pas une énorme structure mais c’est fou ce que l’âge l’ennoblit. Sur un fromage de brebis, il brille beaucoup plus que sur un roquefort, trop marquant pour lui.

L’or du Château de Fargues Sauternes 1955 est celui d’armures royales. Jean-Claude, le maître d’hôtel de toujours, sympathique et efficace, a sans doute mal compris, car sur ce vin nous ne recevons que la tarte au fraises qui raccourcit spectaculairement le Fargues, vin absolument délicieux. Ce vin est d’une année brillante et je ne peux pas m’empêcher de penser à l’Yquem 1955. Le Fargues est moins puissant mais extrêmement fin et subtil. Equilibré et charmeur c’est un sauternes d’un aboutissement certain.

C’est seulement sur le Château Rayne-Vigneau Sauternes 1916 que le dessert aux agrumes est servi et tout le monde comprend instantanément que ce dessert est fait pour le Fargues. Le mariage est spectaculaire et ce sera le plus brillant de la soirée. Le nez du Rayne-Vigneau est le deuxième miracle. Une nouvelle fois, nous sommes paralysés par un parfum qui rend presque « inutile » (mais nous savons que non), de porter le vin à nos lèvres. L’or du brun est un peu foncé, à peine gris, évoquant un miel dense. Le parfum évoque le miel, le caramel et les fruits confits, et les petites madeleines sont de précieux auxiliaires du génie de ce vin. Il est absolument unique. J’ai bu des centaines de sauternes de plus d’un demi-siècle, mais jamais je n’ai eu cette sensation avec autant d’intensité : le goût est mentholé et en bouche l’image est verte, de feuille de menthe. La fraîcheur est incroyable. La sensation créée par ce vin est inouïe, car c’est une plongée dans un inconnu gustatif.

Il faut maintenant voter, et sur les douze vins, trois seulement n’auront pas de votes. Ma fierté est immense quand je constate que six vins sur les neuf votés ont récolté une place de premier. Il y a donc six vins qui ont pu prétendre à la victoire. Le Rayne Vigneau 1916 a récolté quatre places de premier, le Fargues 1955 en a eu deux ainsi que le Diamant bleu 1964, et trois vins ont été nommés une fois premiers : le Besserat de Bellefon 1966, le Haut-Brion blanc 1953, le Grands Echézeaux 1984.

Le vote du consensus serait : 1 - Château Rayne-Vigneau Sauternes 1916, 2 - Champagne Cuvée Diamant Bleu Heidsieck Monopole 1964, 3 - Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1984, 4 - Château Haut-Brion blanc 1953.

J’ai le même vote dans un ordre différent et l’ami américain vivant à Paris a voté dans le même ordre que moi : 1 - Château Rayne-Vigneau Sauternes 1916, 2 - Château Haut-Brion blanc 1953, 3 - Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1984, 4 - Champagne Cuvée Diamant Bleu Heidsieck Monopole 1964.

Certaines sensations sont inoubliables et je pense avoir été rarement aussi enthousiaste pour des vins de mes repas. Le plus bel accord est celui du dessert aux agrumes (merci Valérie Vrinat d’être venue me voir) avec le Fargues, suivi de la langoustine avec le Perrier-Jouët 1966. Le service est toujours aussi prévenant, motivé et efficace. La cuisine est d’une belle maturité. Dans une ambiance amicale et raffinée, ce fut un grand dîner, marqué pour moi par l’inoubliable saveur mentholée du Rayne-Vigneau 1916.

118ème dîner – photos des vins mercredi, 6 mai 2009

Champagne Besserat de Bellefon Brut 1966 Champagne Perrier-Jouët réserve cuvée extra brut 1966 Cuvée Diamant Bleu Heidsieck Monopole 1964 Vin Nature de Champagne, Caves Prunier, vers années 1920 Château Haut-Brion blanc 1983 Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1984 Chambertin Joseph Drouhin 1959 (ce pourrait bien être un 1949. A voir) Côte Rôtie Brune et Blonde Jaboulet Vercherre 1967 Chateauneuf du Pape Château Fortia 1980 Château Bédat, Podensac, Graves Supérieures 1959 Château de Fargues Sauternes 1955 Château Rayne-Vigneau Sauternes 1916

Revue de l’Hôtel Costes mercredi, 6 mai 2009

La revue des hôtels Costes consacre une page à mes activités dans le domaine du vin.

Je ne sais pas où l'on peut se procurer cette revue, mais c'est peut-être l'occasion d'aller la lire dans les confortables fauteuils d'un de leurs établissements.

L'article a été écrit par Antoine Laurain, jeune et sympathique écrivain au style enlevé, qui a écrit récemment "Fume et Tue", et va sortir un roman tout prochainement où un vin de légende sera l'un des acteurs de l'intrigue.

117ème dîner de wine-dinners au restaurant Guy Savoy mercredi, 29 avril 2009

Après une courte pause dans les jardins du restaurant Ledoyen et une petite marche digestive, je me présente au restaurant Guy Savoy pour ouvrir les vins du 117ème dîner de wine-dinners. Sylvain qui arrange les 132 verres sur la table viendra de temps à autre vérifier les odeurs des vins que je débouche. Il avait envisagé de mettre la Côte Rôtie entre les bordeaux et les bourgognes. Le choix de l’ordre de passage viendra des odeurs mais j’ai ma petite idée. Le test olfactif confirme mon choix de mettre la Côte Rôtie à la fin des rouges. Et j’ai eu raison. Il me faut batailler avec beaucoup de bouchons qui s’émiettent. L’odeur la plus merveilleuse est celle du Pommard 1947 dont je me demande s’il ne va pas damer le pion au Cros Parantoux d’Henri Jayer, vin mythique. Un vin libère une odeur d’entrailles de gibier attaquées par des mouches combinée à une désagréable senteur de petit lait. C’est atroce. Je n’en dis pas plus, pour laisser apparaître la considérable surprise au moment opportun. Le salon où nous dînerons est de l’autre côté de la rue mais dispose d’une mini-cuisine. J’assiste à un balai incessant de jeunes commis qui apportent les ingrédients de notre dîner. Cette noria est impressionnante.

Nous sommes servis par Julien, qui a fait un travail de sommellerie remarquable, par Carole, qui présente les plats avec une féminine assurance et une dévotion pour le chef qui fait plaisir à entendre, et par Emilie au beau sourire qui nous apporte des douceurs comme s’il s’agissait d’hosties consacrées.

Dans la salle à manger privée très étroite, la forme de la table me fait un peu peur pour les conversations qui vont se répartir en trois groupes, mais si cela s’est effectivement produit, l’ambiance fut enjouée, riante, concentrée sur la recherche du plaisir. Autour de la table un ami de longue date avec collaborateurs ou clients, un couple d’amis italiens qui a eu le nez de me téléphoner le matin même pour obtenir de dernière minute de remplacer des défections du dernier instant, un couple de japonais et quelques fidèles. Sur douze personnes, deux seulement participaient à leur premier dîner.

Comme nous sommes plus nombreux que d’habitude j’ai remplacé le champagne Dom Pérignon 1970 prévu en bouteille par un magnum que je venais d’acquérir. La bouteille fuyait un peu dans son emballage de livraison. Je m’en veux de ne pas avoir purement et simplement refusé cette bouteille, car dès la première gorgée, je suis furieux. La couleur est d’un brun gris, la bulle est inexistante, et le goût est fortement vicié par un contact fugace avec le métal de la capsule ou du muselet. Quand je n’aime pas, je n’aime pas et certains amis sont étonnés de me voir si virulent contre un vin somme toute buvable. Nous sommes debout, en train de goûter de délicieux toasts au foie gras et de fines tranches de parmesan de 36 mois. Il me faut agir. Je commande dans l’urgence une bouteille de Champagne Alfred Gratien Blanc de Blancs. Ce champagne à la bulle puissante crée un tel contraste qu’il me paraît impossible de le boire tant le saut « back to the future » est quasi impossible. Alors, je goûte à nouveau le Dom Pérignon qui me devient tout-à-coup agréable, comme s’il avait effacé ses malheurs. Hélas, le mal revient. Nous passons à table car je ne veux pas prolonger l’agonie et je fais servir à la fois l’Alfred Gratien mais surtout le Champagne Cristal Roederer 1978 qui est une bouffée de bonheur après ces malheurs. C’est un grand champagne d’une couleur qui commence à rosir, d’une belle bulle fine et d’une grande jeunesse malgré ses plus de trente ans. C’est un très bel exemple de Cristal Roederer, d’autant plus apprécié que le Dom Pérignon avait fait faux bond. L’amuse-bouche consiste en un flan de foie gras à la truffe noire et d’un gâteau de foie blond au naturel. L’accord du foie blond avec le Cristal Roederer, accord de complémentarité par le jeu des contrastes est confondant de bonheur.

Le menu créé par Guy Savoy : Rouget Barbet « rôti-farci » comme un gratin / Soupe d'artichaut à la truffe noire, brioche feuilletée aux champignons et truffes / Suprême de pigeon farci, piqué au radis noir, cuit à la vapeur, cuisse poêlée et betteraves, consommé et jus de pigeon / Ris de veau rissolés, « petits chaussons » de pommes de terre et truffes / Dessert d’Yquem / Fondant chocolat au pralin feuilleté et crème chicorée.

Le rouget accueille deux vins blancs. C’est un mauvais service à rendre au Meursault Auguste Prunier 1959, car ce vin s’il était bu tout seul, sur un plat, serait perçu comme un blanc absolument charmant. Son niveau dans la bouteille était exemplaire. Sa couleur est d’un or magnifique. Il est plaisant même s’il manque un peu de coffre. Mais il ne peut rien à côté du Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils 1953. J’aurais dû utiliser les services d’un huissier pour qu’il note l’odeur du vin à l’ouverture. Plus putridement épouvantable, je ne connais pas. A fuir. Or Julien me donne à goûter maintenant un vin au parfum splendide, pur, éblouissant. En bouche ce vin est la sacralisation du Corton-Charlemagne. L’année 1953 est une année que je vénère pour ce cru et la démonstration brillante en est faite ici. Plein en bouche, joyeux, coloré d’or fin, ce vin est un pur bonheur apportant des sensations de luxure comme le faisait l’Y de ce midi. Par gentillesse, nous revenons au Meursault pour constater à quel point le sort lui est contraire, car il eût fallu qu’il fût seul pour nous donner son beau message de Meursault, d’une belle année. Il est à noter que lorsque j’ai lu l’étiquette, je m’imaginais qu’il s’agissait du Prunier de la rue Duphot, restaurateur et caviste. Mais c’est un « vrai » propriétaire à Auxey-Duresses et non un négociant que ce Prunier.

La soupe d’artichauts est une institution ‘savoyenne’. La brioche que l’on trempe généreusement se justifie pour le plat seul mais beaucoup moins lorsqu’il y a de grands vins, qui se complaisent à la chaude douceur du brouet. Le Château Bensse Médoc 1936 a une couleur d’une franche jeunesse, car le rouge est d’un beau rubis. Le vin est d’une rare subtilité et jamais l’on ne supposerait qu’un 1936 pût être aussi charmant et épanoui. Il a de la violette. Mais comme précédemment, il est associé sur le plat à l’un des plus extraordinaires Pichon que je n’aie jamais bus. Le Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1947 est une merveille de raffinement. En le buvant, je suis ému, car une nouvelle fois en peu de temps, je tiens en mon verre ce qui pourrait constituer un idéal du goût du vin rouge de Bordeaux. Et je constate que ce vin, issu d’un terroir noble, est immensément aidé par une année qui s’installe maintenant sur un sommet. Je me souviens qu’il y a vingt ans, les années 1928 et 1929 représentaient mon idéal. Vingt ans plus tard, je trouve en 1947 l’idéalisation de mes souhaits gustatifs.

Le pigeon est une merveille et va donner lieu à une succession d’accords d’anthologie. Si les paires de vins précédents étaient boiteuses, tant l’un des vins surclassait l’autre, la paire de bourgognes rouges est un festival de perfection. Tout ce qu’on peut adorer en Bourgogne se retrouve en ces deux vins. Le Vosne-Romanée Cros Parantoux Henri Jayer 1986 a un nez de dictionnaire c’est-à-dire que si l’on doit définir le nez idéal bourguignon, on ouvre à la page de ce vin, et c’est ça. En bouche il est parfait avec la salinité affirmée et un plaisir buccal rare. Mais le Pommard F.de Marguery 1947 a beaucoup plus de charme. Le vin d’Henri Jayer est parfait, une définition vivante. Le Pommard est moins universel, mais il a un charme et un romantisme uniques. Et lui aussi me confirme que 1947 est une année miraculeuse. Car jamais on ne pourrait commettre le sacrilège de placer ce Pommard devant un vin d’Henri Jayer s’il n’y avait le choix de cette année. Le bouillon de pigeon avec le Vosne-Romanée est absolument fusionnel. Cet accord sera couronné comme le plus grand du dîner. Un détail intéressant : sur le bouchon du Pommard est écrit : Domaine Roland Thévenin.

Le ris de veau est caramélisé en surface et fondant en son centre. Pour le plaisir du vin, je l’aurais préféré fondant partout. La Côte-Rôtie Audibert & Delas 1949 est elle aussi d’un rouge au beau rubis, ce qui fait que les cinq vins rouges pourtant anciens ont tous présenté des couleurs rouges éblouissantes, sans l’ombre d’une trace de tuilé. Ce qui me plait dans les vins anciens du Rhône, c’est que le message apparemment simplifié par l’âge recouvre une magique complexité. C’est d’un charme de jeune premier. Tout semble facile, mais c’est le fruit de la terre et du travail de l’homme, bonifié par un soleil complice. La chaude lourdeur de ce vin justifie sa place en fin de session des rouges.

Le Château d’Yquem 1980 est indéniablement Yquem et le dessert de Guy Savoy où la mangue et l’ananas se taillent une belle place lui est favorable. Mais j’ai trouvé cet Yquem classique beaucoup plus « en dedans » par rapport à des versions précédentes de la même année. Le Grenache Vieux « Superior Quality » Années 30 sur l’étiquette duquel est inscrit « très recommandé », ce qui est d’un bon enfant charmant, est moins charmant que son intention. Car ce vin qui évoque de stricts portos est assez déstructuré, fade, inconstant. Je suis gêné par des traces de gibier qui semblent ne pas entamer le capital de sympathie que ce vin trouve auprès de mes hôtes.  J’attendais l’originalité. Elle est là, car ce vin est déroutant et même plaisant, mais on est très loin du plaisir qu’il aurait pu donner.

Tout le monde connaît la chanson sur les cheveux d’Eléonore : « quand y en a plus y en a encore ! ». C’est le numéro que nous a joué l’équipe de Guy Savoy, car la sarabande des desserts qui n’en finissent pas tourne presque au théâtre de boulevard. L’image qui me vient est celle de ce prestidigitateur de cirque qui tire de sa bouche un mouchoir coloré, puis un autre qui lui est attaché et défile plus de vingt mètres de mouchoirs dont on se demande comment ils pouvaient être logés dans cette petite bouche. L’avantage de cette profusion est d’être servi par les beaux yeux d’Emilie et les sourires de Carole, mais l’impression d’être gavés tutoie la satiété.

Le vote est particulièrement difficile car il y a eu ce soir des vins éblouissants de perfection. Nous sommes onze sur douze à voter pour onze vins puisque le champagne Alfred Gratien ajouté est hors vote. Dix vins sur onze ont figuré sur les votes, ce qui est magnifique et les onze eussent figuré dans les votes si je n’avais pas fait corriger le vote d’un ami fidèle qui, troublé par mes attaques contre le Dom Pérignon abîmé, voulait lui faire justice. Cinq vins ont eu des votes de premier, ce qui est aussi très plaisant. Le Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils 1953 a eu quatre votes de premier, le Vosne-Romanée Cros Parantoux Henri Jayer 1986 en a eu trois, le Pommard F.de Marguery 1947 en a eu deux et le Champagne Cristal Roederer 1978  ainsi que le Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1947 ont reçu un vote de premier.

Le vote du consensus serait : 1 - Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils 1953, 2 - Vosne-Romanée Cros Parantoux Henri Jayer 1986, 3 - Pommard F.de Marguery 1947, 4 - Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1947.

Mon vote est : 1 - Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils 1953, 2 - Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1947, 3 - Pommard F.de Marguery 1947, 4 - Vosne-Romanée Cros Parantoux Henri Jayer 1986.

J’ai longuement hésité tant j’étais tombé sous le charme des deux bourgognes rouges, mais la performance du Pichon 1947 était tellement exceptionnelle que je lui ai donné la deuxième place. Ce qui est sympathique, c’est que le Meursault, le Bensse, la Côte Rôtie et même le Grenache ont obtenu au moins un vote dans les quatre premiers sur onze vins. La gentillesse des votants mérite d’être signalée. Savoir que le vin qui arrive premier aurait été irrémédiablement jeté par un amateur non averti du fait de son odeur immonde est une nouvelle fois une belle leçon.

Il y eut des velléités de cigare et la grande question fut de savoir si ce sont les fumants ou les non fumants qui resteraient en salle. Aussi, d’un mouvement unanime, toute notre table sortit sur le trottoir où il faisait fort bon. Les discussions se sont longuement poursuivies. Les cigares n’apparurent point, c’était un pétard mouillé. Le plaisir d’être ensemble était un feu qui ne voulait pas s’éteindre.

Le vote du consensus et mon vote couronnent quatre mêmes vins qui furent absolument immenses, nous donnant de rares émotions. Guy Savoy venu nous saluer a pu constater l’ambiance enjouée mais attentive à capter à la fois les milles finesses des vins et les innombrables subtilités d’une cuisine chaleureuse et nette. Ce fut un remarquable dîner.

117th dinner of wine-dinners – the wines mercredi, 29 avril 2009

Champagne Dom Pérignon 1970 in magnum. The label of the Italian importer seems to have been put under the Dom Pérignon label.

Champagne Cristal Roederer 1978

Meursault Auguste Prunier 1959

Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils 1953

Château Bensse Médoc 1936

Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1947

Pommard F.de Marguery 1947. When I opened the bottle I saw that on the cork was printed "domaine Roland Thévenin".

Vosne-Romanée Cros Parantoux Henri Jayer 1986

Côte-Rôtie Audibert & Delas 1949

Château d’Yquem 1980

Grenache Vieux « Superior Quality » circa 1930

One can read on the label "Highly recommanded" ! (très recommandé)

 

Trente millésimes du Bon Pasteur avec Michel Rolland au Bristol mardi, 28 avril 2009

Michel Rolland, son épouse Dany, sa fille Marie et son gendre organisent une dégustation verticale du Château Le Bon Pasteur, Pomerol dont ils sont propriétaires, dans des salons de l’hôtel Bristol. Trente carafes à magnums sont alignées avec leurs cols de cygnes tournés vers le ciel. Dans une deuxième rangée à leurs côtés trente magnums du Château Le Bon Pasteur, puisque cette verticale se fait à partir de magnums. La température de service et l’épanouissement en carafes sont parfaits, ce qui valorise la dégustation. On nous demande de remonter le temps, de 1978 à 2008, ce que j’ai fait en respectant la consigne. Dans la salle il y a tous les plus grands experts du vin de toutes les revues qui comptent. Les plus jeunes prennent leurs notes directement sur leur PC. D’autres dont je suis utilisent un carnet. D’autres enfin ne prennent aucune note, repérant les millésimes essentiels. Comme je l’ai souvent fait lorsque je raconte des verticales, je vais retranscrire mes notes sans en rien changer afin de garder les impressions comme elles sont apparues au moment de la dégustation. Car les notes ne seraient pas les mêmes si les conditions de dégustation étaient différentes. Voici ce que j’ai noté.

Château Le Bon Pasteur 1978 : la robe est déjà tuilée et le nez déjà ancien. En bouche, le vin est délicieux. C’est un vin qui a de la maturité, oserais-je dire, un peu plus que son âge, surtout si l’on sait qu’il vient d’un magnum, mais il est vraiment joyeux et fruité.

Château Le Bon Pasteur 1979 : la robe est plus noire mais on trouve aussi des signes d’âge. Le nez est plus serré et fort. Il est moins expansif, plus amer, mais c’est un grand vin au beau final, même s’il manque de fruit.

Château Le Bon Pasteur 1980 : la robe est pus jeune et le nez est incroyablement puissant. Comment est-ce possible ? Son nez évoque les Riojas. Le vin est un peu fade, salin, de pruneau cuit. Il manque de final. Le contraste entre le nez et la bouche est saisissant.

Château Le Bon Pasteur 1981 : la robe est assez sombre. Le nez est très élégant. La bouche est un peu amère. Il y a un manque d’ampleur, mais je remarque la belle structure. Le final n’est pas très joyeux.

Château Le Bon Pasteur 1982 : la robe est classique, assez sombre. Le nez est très profond et très racé. Il n’y a pas en bouche l’explosion qu’on attendrait d’un 1982. Le vin est relativement discret mais on sent un potentiel qui ne demande qu’à s’exprimer. Il a encore du potentiel de vieillissement. Le final est somptueux, ce qui est la signature d’un grand vin.

Château Le Bon Pasteur 1983 : la robe est un peu plus orange. Le nez est ouvert et joyeux. En bouche, c’est assez chantant. Bien ouvert, le vin est agréable et à boire maintenant, ce qui le différencie du 1982 à l’avenir immense. La belle finale est poivrée. Le vin manque un peu d’étoffe mais donne beaucoup de plaisir.

Château Le Bon Pasteur 1984 : la couleur est légèrement orangée. Le nez est calme et serein. En bouche on remarque instantanément le manque d’ampleur ; le vin est sec. Il est assez agréable mais limité.

Château Le Bon Pasteur 1985 : sa robe est la première qui devient réellement plus rouge et moins foncée. Le vin est frais, léger, manquant de force mais jouant sur l’élégance. Son final est poivré.

Château Le Bon Pasteur 1986 : la robe est plus noire, moins rouge. Le nez est opulent. En bouche, c’est un vin qui se cherche encore, du moins à mon palais. Car tout y est mais il lui manque quelques années. Très agréable, ce vin puissant et charnu doit encore être attendu dix ans. Il sera grand.

Château Le Bon Pasteur 1987 : la couleur est assez noire et le rouge n’est pas très net. Le nez est très ouvert mais manque un peu de profondeur. La bouche est joyeuse. Le vin n’est pas hyperpuissant mais il est joyeux à boire. Il n’ira plus vraiment très loin et se boit maintenant avec plaisir, malgré un final un peu rêche.

Château Le Bon Pasteur 1988 : la robe foncée est assez belle, le nez est strict et puritain. La bouche est un peu déséquilibrée. Il est trop strict à la finale sèche. Benoît, l’œnologue du domaine confirmera au déjeuner l’impression d’imperfection que j’ai ressentie.

Château Le Bon Pasteur 1989 : la jolie robe est équilibrée. Le nez est un peu fermé mais de grande race. La bouche est ravissante. C’est janséniste, car il y a un coté gaillard qui se cache derrière une parure stricte. C’est un vin étonnant qui sera très grand avec le temps. Il faut qu’il s’encanaille. La finale est sèche mais la longueur immense.

Château Le Bon Pasteur 1990 : la robe est foncée, mais c’est le premier rouge que je vois rubis. Le nez est très fort mais paradoxalement retenu. Le vin est beaucoup plus complet que les autres. Très jeune, très élégant, il a beaucoup de charme. Il  a relativement peu de fruit, il est assez strict, et son épanouissement se trouve dans son final.

Château Le Bon Pasteur 1992 : la robe est légèrement trouble. Le nez est complètement inattendu. Il est tellement généreux ! En bouche, le vin est beaucoup plus puissant que ce qu’on attendrait. Il manque un peu de trame, mais il est élégant et agréable à boire. Il laisse dans le verre un peu de dépôt.

Château Le Bon Pasteur 1993 : la robe est d’un rouge sombre. Le nez est aussi très épanoui. La bouche est assez limitée. On sent le bois, la râpe. Il est trop strict pour moi, très différent du 1992.

Château Le Bon Pasteur 1994 : la robe est noire, le nez un peu acide mais prometteur. Le vin est très confortable, très classique. Ce n’est pas un vin que j’aime, car il manque un peu trop d’imagination. Il est trop correct, au final charnu et poivré.

Château Le Bon Pasteur 1995 : la robe est sombre mais d’un beau rouge. Le nez est à la fois sobre et intense. L’attaque est belle et joyeuse. Le vin est bien ouvert et joyeux. Il est très agréable à boire car totalement équilibré. Il n’a pas une once d’amertume et de bois. Très élégant, son final est un peu moins génial, mais j’aime beaucoup ce vin.

Château Le Bon Pasteur 1996 : la robe est sombre. Le nez est très puissant et généreux. La bouche est très belle. C’est un vin de race qui envahit la bouche et s’impose. On sent que l’on franchit un seuil qualitatif. Ce très grand vin est agréable maintenant mais sera royal dans trente ans. Je suis conquis, car ce vin est à la fois très « Michel Rolland » et très prometteur.

Château Le Bon Pasteur 1997 : la robe est très belle. Le nez est étonnamment puissant, ce qui semble devenir une constante pour tous les millésimes dits faibles. Le vin est légèrement amer mais très agréable à boire. On constate l’évidence de la différence de structure et de matière avec le 1996. Il manque un peu d’étoffe mais se boit plaisamment.

Château Le Bon Pasteur 1998 : la robe est plus noire et le rouge est moins beau. Le nez est d’une élégance extrême. C’est le premier vin où apparaît la sensation de jus de mûre, ce qui est sans doute lié à l’âge. Il est très charmeur, mais je trouve qu’il perd un peu de la complexité du Château Le Bon Pasteur. Il est séducteur, riche, fort et poivré, mais il n’a pas l’élégance du 1996. Son goût est « moderne » ou peut-être tout simplement « jeune ». Je le trouve un peu râpeux et astringent.

Château Le Bon Pasteur 1999 : la robe est très noire, de couleur de mûre. Le nez est celui de fruits noirs. La bouche est claire, fluide, nettement plus intégrée que celle du 1998. Il est plaisant, facile à boire, très poivré, feuille de cassis et cassis. On perd un peu la lignée Bon Pasteur, mais c’est très agréable. Je ne parierais pas sur une grande longévité.

Château Le Bon Pasteur 2000 : le vin est très noir, d’une couleur racée. Le nez est très élégant, à la puissance contenue. Le vin est tout en rondeur, d’une puissance mesurée. Il est presque léger ce qui est étonnant. Car voir un 2000 si délicat joli et romantique, qui dirait cela parmi les détracteurs de Michel Rolland ? La continuité est évidente avec les vins de 1998 et 1999, mais ici on a l’affirmation d’un vin de style, élégant, racé et délicat. Et l’on voit que s’il y a un style Michel Rolland, alors, ce style varie ses effets selon les millésimes.

Château Le Bon Pasteur 2001 : le vin est noir avec une trace de violet. Le nez redevient puissant après la pause 2000. Le vin est plus fort, très fruit noir. Le vin est tout en affirmation, clair, net et précis. C’est un grand vin qui ne se pose aucune question. Il va se bonifier avec le temps mais se boit déjà avec un infini plaisir.

Château Le Bon Pasteur 2002 : sa couleur noire est d’un rouge assez joli. Le nez est lui aussi puissant et l’alcool s’y montre. La bouche est puissante, très boisée. C’est un vin qui n’a pas beaucoup d’imagination mais compense par sa force. Le final est fort, mais après 2000 et 2001, j’aime moins.

Château Le Bon Pasteur 2003 : la robe est celle d’un jus de mûre. C’est une belle robe profonde. Le nez est extrêmement jeune, aussi ai-je plus de mal à l’appréhender. La bouche est assez incroyable car il y a de l’élégance, de la légèreté et de la précision. Cette forme de vin est assez incroyable. Il y a beaucoup de mûre et de poivre, surtout dans le final. Le vin est plaisant. Il est assez primaire, comme la masse de muscle d’un nageur français, mais il y ajoute du charme. Même si l’on devait classer ce vin dans les vins « modernes » avec ce petit grain de péjoratif qu’on associe souvent, j’avoue que j’aime.

Château Le Bon Pasteur 2004 : la robe noire est belle. Le nez est discret mais élégant. Le vin est charmant. Il n’y a pas beaucoup de matière mais il est élégant. Le final manque quand même de quelque chose. C’est un vin à boire comme il est, à l’ombre des grands.

Château Le Bon Pasteur 2005 : la robe de noir et violet a quand même un liséré d’un rouge très beau. Le nez est très racé. La bouche est marquée par la perfection. Il est encore très simplifié, assez brutal, mais il va s’organiser, et s’assembler. La longueur est belle, mais il faudra bien dix ans, pour mon palais, avant qu’il ne s’assemble.

Château Le Bon Pasteur 2006 : sa belle robe est moins foncée. Le nez est très élégant. La bouche est agréable, très pure, poivrée mais j’ai le léger sentiment d’un petit manque. Je crois qu’il va évoluer vers beaucoup d’élégance, mais j’attendrai pour juger.

Château Le Bon Pasteur 2007 : c’est le rouge et le noir. Le nez est résolument celui d’un vin bambin. La bouche est très différente, car je suis frappé par l’élégance et la pureté absolue de ce vin. J’adore ce vin parce qu’il ne va pas trop loin. C’est le premier des Bon Pasteur dans lequel je trouve du café et de la truffe. Il ne vieillira pas aussi bien que d’autres, mais j’aime assez sa franchise.

Château Le Bon Pasteur 2008 : il est d’une belle couleur et si son nez n’est pas encore formé, il est beau. Il est très agréable et très buvable à ce stade de sa vie. Je suis assez incapable de le caractériser.

Une verticale aussi serrée, puisque toutes les années se suivent sauf 1991, est d’un intérêt très grand. Ceux qui voudraient faire croire que Michel Rolland lisse tous les millésimes sur un modèle de vin unique en seront pour leurs frais. Les millésimes se suivent et ne se ressemblent pas. L’effet millésime est considérable et il y a de belles surprises dans les années faibles, comme 1992 et 1987. Pour les grandes années, je ne vois aucune exagération que l’on pourrait imputer à un style Michel Rolland, comme je l’avais déjà remarqué pour Le Bon Pasteur lorsque j’avais visité le laboratoire de Michel Rolland et goûté les vins de son « écurie ». Mes voisins ont beaucoup aimé le 2001, en grande forme. Je l’ai aimé aussi, avec un petit coup de cœur pour 1990, 1996 et 2000. Cette dégustation d’un bon Pomerol est d’un grand intérêt.

Après une photo de groupe dans le beau jardin intérieur de l’hôtel Bristol, nous passons au restaurant pour le déjeuner. L’apéritif, un Champagne Billecart-Salmon rosé en magnum sans année est bien utile pour corriger l’astringence des trente vins que nous venons de boire. Ce champagne n’a pas une grande complexité mais il arrive à point nommé et sur de délicieux amuse-bouche, il joue bien son rôle.

Le menu préparé par Eric Fréchon est le suivant : œuf de caille au plat, lentilles du Puy en gelée de pain brûlé, écume de lard / oignon rosé de Roscoff cuit à la cabonara, royale de truffe noire et girolles / filet de bœuf et paleron bordelais, millefeuille de pommes de terre / brie fermier des Trente Arpents Baron Edmond de Rothschild / crémeux noir, sablé craquant, noisette torréfiée croustillante, glace à l’infusion de café, émulsion de caramel.

Nous commençons par un Château La Grande Clotte Bordeaux blanc 2001, qui est le seul vin blanc fait à Pomerol mais sur des vignes de Lussac Saint-Emilion. Le nez est très fort. Benoît, l’œnologue du Bon Pasteur qui est à ma table explique que les méthodes de vinifications sont bourguignonnes et que le résultat, très oxydatif, tend vers un vin de Jura. A 14°, il ne me plait pas tant que cela, car il est fort. La délicieuse gelée forme un accord remarquable avec le vin blanc.

Le Château Le Bon Pasteur 1998 est servi en double magnum et Benoît en est très fier. Je le trouve assez anguleux et manquant de complexité. On est en plein dans le vin moderne, brut de forge. Le contraste est extrême avec le Château Le Bon Pasteur 1982 servi en impériale. Ce vin est toute douceur et plein de finesse. Alors que Benoît parle de la tendance actuelle à boire les vins très jeunes, on a ici la démonstration de l’évidence de l’effet du temps sur le plaisir de boire. Le filet de bœuf est assez sec alors que le paleron est divin avec le 1982. La petite tranche de moelle qui accompagne le paleron forme un mariage succulent avec le 1998.

Le Brie est spectaculairement bon. J’ai souvent mangé ce fromage de la baronne. Jamais il n’a été aussi délicieux. Par un phénomène d’une évidence extrême, tout d’un coup, le 1998 s’arrondit dans le verre et devient civilisé comme jamais on n’aurait cru qu’il le devînt.

Michel Rolland a fait un aimable discours sur la joie qu’il a de faire le Bon Pasteur. Sa générosité fut exemplaire. S’il fallait briser la réputation de monolithisme de la « façon » du « flying winemaker », la démonstration est faite. S’il fallait nous faire mieux connaître un très bon pomerol, la démonstration est réussie. Cette verticale fut largement convaincante de l’intérêt du Château Le Bon Pasteur.