dîner wine-dinners n° 183 au restaurant Laurentvendredi, 19 septembre 2014

Le lendemain du 182ème dîner de wine-dinners, me voici de retour au restaurant Laurent pour ouvrir les vins du 183ème dîner de wine-dinners. Ce sont les hasards de calendrier liés aux grèves récurrentes d’Air France qui font que ces deux dîners se succèdent, mes convives américains ayant dû recomposer leurs visites en Europe puisque l’incertitude existe sur leurs vols de retour. Ce dîner sera en petit comité puisque nous ne serons que quatre. Il inaugure une autre forme de dîners dont l’idée directrice est de mettre en exergue un vin prestigieux. Le thème principal de ce dîner est de déguster Château Lafite-Rothschild 1949, année particulièrement brillante pour ce château. Le reste du programme se construit autour de cette vedette.

A 17h30, l’ouverture des vins ne pose aucun problème. Aucun vin de rechange ne sera appelé à témoigner. A notre table, le fondateur d’une agence de voyages qui a organisé ce dîner pour un sympathique couple d’américains qui vivent en Floride mais aussi dans plusieurs autres capitales et en Asie du Sud-est. John a commencé à constituer une cave de grands vins il y a cinq ans. Il veut faire connaissance avec des vins plus anciens que ceux qu’il achète.

Malgré les prévisions des sites de météo parisienne, qui annoncent de la pluie, Philippe Bourguignon a fait dresser les tables sur la terrasse. Il fait si beau et si chaud que le repas  a pu se passer dehors, pour notre plus grande satisfaction.

Le repas conçu par Alain Pégouret est : Langoustines rôties aux cèpes / Selle en croûte d’épices tandoori et carré d’agneau de Lozère grillotés, Paimpol tomaté au jus / Pigeon de Vendée rôti, courgettes sautées au curry, chorizo / Soufflé chaud au lait d’amande.

A l’apéritif, de délicats amuse-bouche accompagnent un Champagne Heidsieck Monopole Diamant Bleu 1973. La bouteille est très jolie, de forme et de couleurs. Le champagne a une belle couleur ambrée presque rose. Il n’a quasiment plus de bulle, mais le picotement en bouche confirme que le pétillant est toujours là. Ce champagne est élégant, avec des évocations de fruits roses mais aussi de pommes. Il s’accorde très bien avec les langoustines mais c’est surtout avec les cèpes qu’il trouve une belle ampleur et une mâche de bon aloi.

A l’ouverture, le Château Lafite-Rothschild 1er Grand Cru Classé de Pauillac 1949 m’avait immédiatement rassuré. Il promettait d’être grand. Stocké depuis l’ouverture dans un endroit trop frais, il a du mal à délivrer ce que j’attends de lui. Heureusement il va gentiment se réchauffer et nous goûtons un vin au parfum intense et profond, aux notes charbonnées et truffières. En bouche, le vin est dense et percutant. Il a beaucoup de truffe, de fruits noirs pressés, et sa persistance aromatique est affirmée. Le vin est dans l’esprit historique de Lafite. Il a des similitudes avec le sublime 1900 que j’ai eu la chance de boire de nombreuses fois. C’est un grand Lafite et un grand vin.

La selle d’agneau en croûte est un peu trop épicée, un peu « brûle-gueule » et c’est avec le carré que l’accord se trouve pour notre ravissement.

La Romanée Domaine Comte Liger-Belair 1988 fait changer de planète. Le pinot noir est joyeux, frais, avec des notes framboisées. Quand on revient vers Lafite, on voit combien la trame de la structure du Lafite est infiniment plus serrée. Mais le charme immédiat est du côté de la Romanée. C’est un vin de charme, d’élégance courtoise et aussi de plaisir. Il laisse une trace en bouche très probante. Si l’on voulait pinailler, on dirait que sa personnalité n’est pas encore assez affirmée et qu’il faudrait attendre une ou deux décennies pour qu’il gagne en persuasion. Mais c’est un vin qui se déguste avec envie. Le pigeon superbe ajoute à sa gourmandise. Il est rare d’avoir des vins aussi différents que le pauillac et le bourguignon.

Le Château Gilette Crème de Tête Sauternes 1949 est brillantissime, car son sucre est tellement mesuré, présent mais sans excès, que l’on sent des accents secs par delà le botrytis raffiné, apportant une fraîcheur supplémentaire. Ce vin est un régal. C’est même un péché de gourmandise. Il a une trace indélébile, il est joyeux et Lynn a le sourire aux lèvres. L’accord avec le soufflé est agréable sans apporter beaucoup au sauternes qui vit sa vie propre.

John n’a pas voulu que l’on vote, considérant que chaque vin lui a apporté des émotions uniques qui ne se hiérarchisent pas. Ce dîner n’aura donc qu’un vote, le mien : 1 – Château Gilette Crème de Tête 1949, 2 – Château Lafite-Rothschild 1949, 3 – Romanée Comte Liger-Belair 1988, 4 – Champagne Heidsieck Monopole Diamant Bleu 1973.

Dans le joli cadre d’une belle terrasse le long des Champs-Elysées, avec un service attentif, des plats ingénieusement conçus et exécutés, nous avons partagé une bouteille mythique, Lafite 1949, accompagnée de vins superbes. Ce 183ème dîners en petit comité de quatre ne demande qu’à faire école.

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Champagne Heidsieck Monopole Diamant Bleu 1973

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Château Lafite-Rothschild 1er Grand Cru Classé Pauillac 1949

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La Romanée Domaine Comte Liger-Belair 1988

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Château Gilette Crème de Tête Sauternes 1949

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