Dîner de réveillon de Saint Sylvestremercredi, 31 décembre 2003

Dîner de réveillon de Saint Sylvestre. Pour la première fois depuis de longues années – je ne sais même plus depuis quand – ce réveillon n’est pas à mon domicile. Le fait de s’asseoir à une table amie sans avoir dû préparer les vins n’est pas désagréable du tout. Surtout quand les choix de mon hôte sont bons.

Le champagne Prestige 1995 Paul Dangin m’est inconnu. Un champagne assez agréable avec une petite amertume. Il est très champagne, et c’est bien de l’avoir servi avant La Grande Dame Veuve Cliquot 1990 (classé en 5 dans mon palmarès de ce soir). Car on voit tout de suite la différence : on franchit une étape. Champagne très dense, de grande personnalité. Il fait partie de ces champagnes d’événements.

Sur de délicieuses huîtres de petite taille comme je les préfère, un Riesling Wineck Schlossberg Paul Blanck 2000 est un aimable Riesling bien fruité qui n’a pas grand chose à raconter mais qui est fort bien adapté aux huîtres. Son aîné de vingt ans, le Riesling Wineck Schlossberg Paul Blanck 1980 est madérisé, mais bien plaisant, fumé. Un peu limité tout de même. Sur un délicieux plat goûteux de crème de moules, un Chassagne Montrachet Fontaine Gagnard 1990 (que je classe en 2ème) est une très belle surprise. Un fruité flamboyant. Magnifique Chassagne puissant comme un Bâtard.

Un Bonnezeaux sans étiquette daté vers 1970 est de couleur ambrée. Vin blessé et fatigué. Agréable, mais limité. On dirait que le vin a été cuit. C’est dommage pour les succulents foies gras préparés avec une minutie extrême. Le Corton les Bressandes Réserve Nicolas 1976 en magnum a un nez poussiéreux de grenier. Vin sec, qui s’anime assez bien et vient progressivement montrer son talent. Mon ami me dira que le lendemain, le Corton a développé un talent fou ce qui se conçoit bien. Arrive alors Léoville Las Cazes 1945 (je le classe comme chaque convive en n° 1) qui est magnifique de jeunesse. C’est l’un des meilleurs Léoville Las Cazes 45 que j’aie bus. A noter, et c’est amusant, qu’avec les mêmes convives mais chez moi, c’est aussi sur un Léoville Las Cazes 1945 que nous avions étanché l’ultime soif de l’année dernière. Ce vin est-il un vin de fin d’année ? Très grand vin, avec tout ce qu’on attend d’un bon Bordeaux.

Le Clos du Pape Sauternes 1982 a suivi et je l’ai classé en 3. C’est un magnifique Sauternes qui m’a fort agréablement surpris. Très concentré, fruité, sucré comme un fruit confit. Il a une densité que l’on ne trouve que dans les plus grands. Le Maury Mas Amiel Vintage 1998 Cuvée Charles Dupuy était ma contribution personnelle, car je savais qu’il trouverait un public de fans. Je l’ai classé en 4 car l’effet de surprise ne joue plus pour moi. Mais c’est une saveur de plaisir rare qui a atteint le cœur de chacun. Il est toujours aussi éblouissant.

Bien belle soirée à la belle cuisine avec des essais de vins que l’on doit faire. Nos terroirs les méritent.