Dîner au château de Beaunedimanche, 16 novembre 2014

La veille de la traditionnelle vente aux enchères des Hospices de Beaune, la 154ème, Joseph Henriot, son épouse et l’équipe de Bouchard reçoivent à l’Orangerie du Château de Beaune. Les invités sont nombreux et la représentation étrangère est plus large que d’habitude, avec des suédois, des norvégiennes, une lettone, et des représentants de pays hors Europe, d’Asie notamment.

L’apéritif se prend dans le délicieux salon du château, avec un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1998. Le premier verre que je bois est marqué par une forte présence alcoolique, inhabituelle pour ce champagne. Le vin est bon, mais excessif. Avec une deuxième bouteille je retrouve la personnalité attachante de ce beau champagne, avec une spontanéité agréable. Ce champagne se boit avec plaisir, présent, fluide, et ample en final avec de beaux fruits jaunes.

Nous bavardons en français et en anglais et les conversations vont bon train avec des gens que je ne connais pas. Nous passons à table et j’ai la chance et l’honneur d’être placé à la droite de Dominique Henriot, la maîtresse de céans. Michel Bettane est un tel puits de science que tout le monde l’écoute avec le sentiment d’apprendre des choses que peu de gens savent.

Le menu préparé par le chef attaché au château est : royale de foie gras au pain d’épices / langoustines rôties, champignon du moment, émulsion cèpes et truffe de Bourgogne / filet de veau servi rosé, artichaut en farigoule, potiron, jus à la noisette croquante / plateau de fromage / dôme mandarine-marron sur un lit de dacquoise, râpé de citron vert.

Le Beaune premier cru Clos Saint Landry blanc Bouchard Père & Fils 2008
a une belle attaque épicée. Le vin est riche et pénétrant. Le final est vineux, très puissant. Le vin est frais, friand, immédiatement plaisant. Ce vin provient d’une parcelle achetée en 1791 par un ancêtre Bouchard. Christophe Bouchard ajoute : « c’est un vrai clos, ceint de murs. Cette parcelle était plantée de pinot blanc et c’est une rare parcelle bourguignonne à être plantée de blanc depuis deux cents ans ». La maison Bouchard est particulièrement fière d’avoir réussi les blancs de 2008. Ce Beaune est très beau, à boire maintenant mais il vieillira bien, grâce à un équilibre rare et une belle acidité.

Avec Dominique Henriot, nous avions tous les deux peur du pain d’épices annoncé sur le menu. Fort heureusement on ne le sent pas ce qui rend l’accord avec la royale de foie gras très agréable. Ayant gardé un peu du champagne, je constate à quel point le foie gras accentue l’énergie de l’Enchanteleur 1998.

Le Chevalier-Montrachet Grand Cru La Cabotte Bouchard Père & Fils 2003
crée un accord superbe avec le plat de langoustines, surtout avec les champignons et avec la lourde émulsion. Il faut en effet un plat puissant pour s’accorder avec ce vin gras mais frais, très percutant, fruité et gourmand. Le final est superbe. Le vin est atypique, noble, imposant, vin de plaisir. Et c’est une réussite de l’année 2003.

Le Beaune premier cru Clos de la Mousse Bouchard Père & Fils magnum 1990 a un nez superbe, subtil, qui anticipe la qualité du travail que l’on va retrouver en bouche. L’accord avec le veau est magique. Le vin a un peu d’amertume, le bois est présent et je lui trouve un petit côté salin, très bourguignon. Il n’a pas de signe d’âge et son final est joliment épicé. Michel Bettane dit que ce vin doit dépasser les 14° et qu’on lui trouve des accents de Châteauneuf-du-Pape, alors que je le voyais bourguignon. J’aime ce vin délicat et subtil.

Le Beaune-Grèves premier cru Vigne de l’Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 1961
a un nez qui montre son alcool, comme la première bouteille de champagne. Michel Bettane et moi avons instantanément la même réaction : ce n’est pas le vin que nous attendons. Une deuxième bouteille nous plaît car on a le velouté si caractéristique de ce grand vin. Ce vin est généreux, de grande pureté, de grande classe, avec l’amertume exactement dosée. Une troisième bouteille est aussi superbe mais très différente. Il y a moins de velours, mais plus de tension. Tout le monde à notre table préfère le second, ce que je comprends, mais j’ai un petit faible pour l’énergie du troisième, même si le second est plus dans la ligne historique du Beaune Grèves que nous aimons. Le vin a été associé à de beaux fromages de la région mais la subtilité du vin serait peut-être mise en valeur par une viande.

Le délicieux dessert a été accompagné d’eau, car Joseph et Dominique n’aiment pas boire de champagne au dessert.

Le repas a été superbe et les accords particulièrement réussis. Les quatre vins sont si différents qu’il serait difficile de les hiérarchiser. S’il faut en choisir un, ce sera le Chevalier-Montrachet La Cabotte 2003 qui est aussi responsable du plus bel accord.

L’atmosphère au château de Beaune est toujours aussi amicale. Ce fut une belle soirée.

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