Dégustation des vins du groupe Vega Sicilia à Laviniamercredi, 19 novembre 2014

Xavier Ausàs œnologue et directeur technique de Vega Sicilia présente des vins du groupe Vega Sicilia au restaurant de la boutique Lavinia
à Paris. Vega Sicilia, la célèbre maison qui produit l’emblématique Vega Sicilia Unico, a été fondée en 1864. En 1991 elle a commencé à commercialiser le vin Alion, en 1993 elle a commercialisé les vins de Tokay d’Oremus en Hongrie, en 2001 elle a créé Pintia et en 2009 elle a fondé une association avec une branche de la famille Rothschild pour exploiter les vins Macan dans la Rioja.

Xavier Ausàs nous fait découvrir plusieurs vins du groupe, donnant des perspectives sur ce que nous goûtons.

Oremus Dry Mandolas 2001
est un Tokay Dry, fait de 100% furmint. La couleur d’un jaune clair est belle. Le nez est fruité et très doux. En bouche le vin est bien sec, avec l’alcool présent, des évocations de pâte de fruit. En première approche il est assez court. Il a du poivre, une amertume agréable, un goût de pierre à fusil. Minéral, sans concession, strict, il ne cherche pas à flatter. Il a une belle acidité, des fleurs blanches et citronnées. Son final est celui d’un bonbon acidulé. Je le trouve moins étoffé que le 2007 que j’avais bu au siège de Vega Sicilia.

Alion 2011. Ce vin ne sera commercialisé qu’en 2015. Nous le goûtons donc avant mise sur le marché. Sa couleur est noire. Le nez est de cassis et de poivre. Il a toutes les caractéristiques d’un vin moderne, vif et élégant. On sent des feuilles de cassis et il est rêche comme une feuille d’artichaut. Il est agréable à boire avec un final gourmand et gastronomique. La bouche est ample, même si le vin est rêche.

Macan Clasico Rioja 2010. Contrairement à d’autres appellations, le Clasico est le second vin du Macan. 2010 est la seconde année faite sous la direction de Vega Sicilia, ce qui fait que l’on n’est pas encore au niveau de qualité que recherche Xavier Ausàs. La couleur est noire, le nez est très doux. La bouche est gourmande. On sent les fruits de cassis broyés. Le final est rêche et assèche la bouche. Il est très astringent. C’est un vin avec une belle attaque et un final rêche.

Macan Rioja 2010. La couleur est noire. Le nez est plus vif et plus cinglant, évoquant la feuille de cassis. En bouche l’attaque est plus stricte que celle du second vin, plus légère. Le vin est plus aérien. Le final est aussi astringent. Ces deux Riojas sont des vins poivrés qui « mangent les joues ». Le Macan est plus profond que le Clasico, plus long. Xavier nous dit que ces deux vins sont plus minéraux, plus fins et plus soyeux que le reste de la gamme de Vega Sicilia. L’association avec les Rothschild est venue du fait que les deux maisons font partie des Primum Familiae Vini, familles qui détiennent leurs propriétés viticoles depuis plus d’un siècle.

Valbuena 5° 2009. Alors que les deux Macan sont à 100% tempranillo, le Valbuena est à 95% tempranillo et 5% merlot. Le nez est extrêmement élégant, tout en subtilité. L’attaque est d’une grande ampleur et le final est beau. Le vin est rêche, mais derrière cet aspect se dégage un charme très convaincant. L’attaque est gourmande, la feuille de cassis est présente, avec du poivre. Lui aussi il mange les joues !

Vega Sicilia Unico 2004. La couleur est très noire mais sur le disque on voit une infime trace de tuilé. Le nez est profond, rassurant, car on pressent la richesse à venir. Le nez est ensorcelant, au point que j’hésite à porter le vin en bouche. L’attaque du vin est opulente, presque grasse. Le vin est noble. Il envahit la bouche. On se sent bien, car il n’y a pas d’excès, pas d’astringence et le final est gourmand. Le vin est tellement bon. Jeune et léger, plein de grâce et de fluidité. Il transcende les vins que nous avons bus auparavant. C’est du velours. Bien sûr, il faudra attendre au moins dix ans avant d’en boire toutes les potentialités.

Une discussion s’instaure car Xavier considère que Valbuena n’est pas un second vin de Vega Sicilia Unico mais un vin autonome, alors que ce vin ne provient pas de parcelles bien déterminées mais d’un choix qui est fait en goûtant les vins des différentes parcelles. On est plutôt dans l’acception française d’un second vin. Ce qui est fascinant, c’est la vision à long terme de Xavier, qui se projette toujours dans le futur. Par exemple, pour Macan dont c’est seulement le deuxième millésime sous son autorité, il dit : le travail sera réellement accompli dans vingt ans. A un autre moment il dit : il faudra juger de la pertinence de nos choix dans cinquante ans. Je partage son opinion quand il dit que les meilleurs Vega Sicilia Unico à boire en ce moment sont ceux des années soixante.

Il nous dit que le 2004 est d’une très grande année, la plus grande qui fait suite à 1970. A bon entendeur … Le menu de Lavinia qui nous permet de revenir sur les différents vins est : jambon Pata Negra à partager / bavette accompagnée de pommes de terre grenaille et champignons / fromage manchego / bavarois à la framboise. C’est simple, c’est bon, et nous nous régalons.

Les deux vins qui ressortent de ce déjeuner, c’est évidemment Vega Sicilia Unico, le seigneur, puis l’Alion, dont la vivacité et le sens gastronomiques s’expriment bien. C’est d’ailleurs ce vin qui s’exprime mieux sur la viande au goût prononcé que le Vega Sicilia qui a besoin de nourritures plus douces pour délivrer ses subtilités.

Xavier Ausàs est passionnant, comme je l’avais déjà constaté en visitant Vega Sicilia en Espagne. Sicilia est en fait une écriture déviée de Cécile, la sainte patronne des musiciens. La musique de l’Unico chante à mon cœur.

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à Lavinia, on ne perd pas le nord !

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