Plus cela va, plus je suis fasciné par l’implication de l’équipe de restauration du Yacht Club de France. Normalement, dans un club de cette nature, la restauration est un compagnon plus qu’un centre d’intérêt. Or sous l’impulsion de Thierry Le Luc, le directeur de la restauration, nous allons d’étonnement en étonnement. L’ami qui nous reçoit a demandé à Thierry des vins du Languedoc Roussillon et Thierry est allé explorer des pistes de grands vins. Et pour la nourriture, il est allé dénicher une pièce de bœuf charolais maturé plus d’un mois d’une tendreté exemplaire. L’apéritif est un feu d’artifice, avec plus d’une dizaine de plateaux aux saveurs virevoltantes. Déjeuner au Yacht Club de France, c’est un voyage des mille et une nuits.
Voici le menu composé par le chef Benoît Fleury : assortiments de charcuterie fine, cassolette d’œufs brouillés au foie gras, poissons fumés bio sur toasts au paprika / mousse d’asperges et médaillon de homard breton, pain grillé à l’encre de seiche / carré de bœuf charolais de la ferme Xavier Parenton à la poitrine de lard Bellota, mis en affinage le 31/08/2016 / pommes château, sauce béarnaise / fromages affinés d’Eric Lefebvre MOF / ananas rôti, glace rhum raisin, espuma de vanille de Madagascar.
L’apéritif se prend avec un Champagne Delamotte 2007 frais, franc, naturel, agréable, le champagne de pur plaisir simple que l’on reprend sans frein.
Le Cigalus Gérard Bertrand blanc 2014 est un vin de l’Aude Hauterive, à 70% chardonnay, qui titre 14°. Très direct, puissant et joliment fruité, il emplit la bouche de saveurs agréables, même s’il est difficile de percevoir sa personnalité. Tout au long de son parcours, je l’ai aimé.
Le Château Puceh-Haut Tête de Bélier blanc 2011, vin du Languedoc qui titre aussi 14° est insaisissable. Son nez est d’un vin liquoreux, sa couleur profonde aussi et en bouche, c’est un liquoreux qui flirte avec un vin du Jura. Puissant, agréable, il reste difficile sur le homard alors qu’on le verrait bien se confronter à des plats faits pour les vins jaunes.
La Boda domaine d’Aupilhac rouge 2012 de Sylvain Fadat est un vin qui titre 13,5°. Je le trouve agréable, précis, très fluide et gouleyant, agréable sur la magnifique viande, même si sa personnalité n’est pas fondamentalement affirmée.
La Torre Domaine Jean Gardiès rouge Côtes du Roussillon Villages 2009 titre 14,5° et ça se sent, du moins pour moi, car on est tout en puissance, perdant la notion de terroir ou de région.
Le dessert nous pousse à continuer à déguster le champagne Delamotte. Le café est un appel à succomber aux charmes d’un délicieux et très pertinent Rhum Clément qui, même jeune, évoque de très grandes saveurs veloutées.
La cuisine est exemplaire. Le homard ayant été dressé en cuisine à l’avance est arrivé un peu sec au service, mais c’est le seul bémol dans une partition de haute volée. Le service de Sabrina a été apprécié. Elle nous connaît et s’adapte à notre assemblée bruyante. La cuisine a brillé plus que les vins mais le blanc Cigalus m’a beaucoup plu.
Notre assemblée de conscrits est accueillie au Yacht Club de France comme si nous étions des princes. N’abolissons pas nos privilèges.