Déjeuner au restaurant de l’hôtel Mandarin Orientalvendredi, 29 janvier 2016

Ce soir, se tiendra le 197ème dîner. Deux jours avant le dîner j’ai écrit à chacun des participants les recommandations d’usage, de ne pas conduire après le repas et de déjeuner léger le jour de ce dîner. La grève des taxis va m’obliger à ne pas respecter l’engagement numéro un et peu avant dix heures ce matin, je reçois le message d’un vigneron : « êtes-vous libre pour déjeuner aujourd’hui au Mandarin Oriental ». Je vais donc désobéir aussi à la recommandation numéro deux.

Arrivé au restaurant de l’hôtel Mandarin Oriental, je suis accueilli par David Biraud tout sourire, sommelier que j’ai connu à l’hôtel de Crillon et avec qui j’ai réalisé des dîners mémorables. Ici il est un peu comme Eric Beaumard au George V ou comme était Philippe Bourguignon au Laurent, à la fois guide des mets et des vins. Il nous explique le menu où l’on peut choisir de cinq à huit plats. Nous prendrons le programme minimum qui pour moi sera : friture de barbue, poivre Sansho / œuf bio, riz Carnaroli, cresson de fontaine / bar de ligne, châtaigne, butternut et jus kabuto / poitrine de pigeon, fenouil cru et cuit, noisette torréfiée et raisin blanc / sweet Bento et Ylang-ylang.

De plus en plus, dans un plus grand nombre de restaurants, la recherche de recettes nouvelles nous emporte dans un monde lexical aux termes inconnus.

Nous prenons l’un des trois champagnes au verre proposés, le Champagne Pol Roger « Pure » extra-brut sans année. Avec David Biraud nous convenons que les champagnes non dosés sont un effet de mode, car l’extra-brut n’est pas le plus charmeur des champagnes. Nous le vérifions avec celui-ci, de belle matière mais janséniste, rigoureux, ascète, qui se présente pour nous rappeler que le plaisir est péché.

Et l’on pourrait dire que la cuisine de Thierry Marx suit les mêmes tendances que ce champagne, car sur un fond de dextérité et d’évident talent, on explore des saveurs parfois ingrates ou tout du moins faisant du « hors-piste » par rapport aux saveurs gourmandes que l’on aime. J’adore le bar, j’adore le pigeon, mais le diable gustatif s’habille non pas en Prada mais dans les goûts collatéraux. Il y a de l’invention, du talent comme avec cet œuf magnifiquement mollet, mais par moment on est plus dans l’intellectualisme que dans la gourmandise.

Mon hôte étant le président des champagnes Henriot et de la maison Bouchard Père & Fils, quoi de plus naturel que de boire un vin que j’affectionne tout particulièrement, le Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 2009. Tout en ce vin est charmant. Il est velours, il est soie. Quelle grâce et quelle élégance. Alors que 2009 est une année puissante, le vin est tout en finesse et délivre ses messages avec subtilité. Il s’accommode bien du bar mais c’est surtout sur la chair goûteuse du pigeon qu’il est à son aise.

Thierry Marx qui est venu nous saluer a ajouté la surprise d’une truffe noire particulièrement goûteuse et l’enfant Jésus a cherché à se confondre avec elle, le vin devenant une truffe délicate.

Les desserts sont innombrables, aux saveurs exquises extrêmement variées. Comme on ne retient pas la présentation qui est faite de ces desserts, on s’aventure « à l’aveugle » sur des pistes gustatives intéressantes mais très abondantes et très disparates.

Le cadre du restaurant est très étonnant. Les tables sont très confortables. David Biraud est un amphitryon extrêmement sympathique et compétent. Son dynamisme joyeux est entraînant. Je lui demande si le chef pourrait s’intéresser à créer des dîners pour mes vins. Sa réponse immédiate est que mes dîners, qu’il connaît pour avoir participé à la mise au point de plusieurs, ne sont pas dans les axes de recherche du chef.

Cela n’enlève rien au plaisir d’avoir déjeuné agréablement dans un des grands restaurants de Paris.

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