visite rendue à la maison Bichot à Beaunemardi, 27 septembre 2005

Depuis de longues années j’achète quand il y en aux catalogues des ventes les vins anciens de la maison Bichot. Ayant rencontré Jean Marc Bichot en de nombreuses occasions, il me fut dit : « vous devriez venir nous voir, nous avons de vieux millésimes ». C’est une chanson douce à laquelle je serais fou de ne pas succomber. Jean Marc Bichot est un jeune senior fort sympathique dont le coté rêveur timide le rend encore plus attachant.
J’arrive à l’heure de l’apéritif pour voir les vignes en cours de vendange, et pour une visite de la cuverie fort convaincante. Dans une cave historique, je goûte les 2003, précédés d’un 2004. Le Chablis 2004 de la maison Bichot est chaleureux, ensoleillé, encore vert de jeunesse. Le Chablis premier cru Vaucoupins Long Dépaquit 2003 est plus construit, élégant, avec un beau final. Le Chablis Moutonne Grand Cru 2003 a un nez plus floral. Il est joli en bouche, mais cet élégant jeune homme a encore besoin de mûrir.
Le meursault Domaine Pavillon 2003 a un nez explosif. Il est manifestement plus compliqué à comprendre. C’est un vin qui se cherche. La fin est très alcoolique, laissant une forte trace en bouche. Le Meursault les Charmes premier cru 2003 a un vrai nez de Meursault. L’attaque en bouche est superbe Il est grand, élégant, de belle trace. La petite amertume finale va se corriger avec quelques mois de plus. Le vin sera grand.
Quand on passe au rouge avec un Mercurey premier cru les champs Martin 2003, mon palais crie « à l’aide », tant la transition après les blancs n’est pas naturelle. On sent quand même que le vin est bien construit. Le Pommard « Clos des ursulines » 2003 a un nez violent. Le vin est en pleine révolution soixante-huitarde. En bouche il est ensoleillé, tout en compote de fruits noirs. Le Gevrey Chambertin les Corvées 2003 a un nez proche de celui du Pommard. Plus civilisé il est élégant, soutenu par un poivre marquant. Le Nuits Saint Georges Bichot 2003 est plus léger, moins dense. Facile à boire, mais plus limité. J’y ai senti de la noix fraîche. Le Vosne Romanée 2003 a un nez austère. En bouche il est très coloré et raconte des histoires. C’est un vin dont j’aime l’incivilité. Le Corton Clos des Marèchales 2003 est magnifique. Totalement en devenir, il est beau. Il y a du tannin !
Nous nous rendons au domicile du frère de Jean Marc Bichot pour un déjeuner familial. Nous goûtons à table les vins débouchés en cave, le Meursault Charmes 2003 et le Corton 2003. Manifestement plus à l’aise qu’en cave, ils montrent paradoxalement encore mieux combien de temps il leur faudra pour s’exprimer. Le neveu de Jean Marc ouvre sur table un Pommard Clos de Ursulines 2002 et je commence à me demander où sont les vins anciens que l’on m’avait fait miroiter. Je reprends de la viande – délicieuse – en me disant qu’il en viendra peut-être. C’est au fromage qu’un Meursault 1955 Bichot, déjà ambré et fort élégant me donnera un aperçu des vins anciens du domaine, avec une belle rondeur et une acidité porteuse de longévité. Nous allons ensuite visiter la maison d’un collectionneur d’objets précieux à la décoration d’un raffinement rare, qui cache en ses entrailles la cave des vieux millésimes dont on m’avait parlé. Nous débouchons un Marc des Hospices de Beaune d’environ 50 ans absolument délicieux. Ce déjeuner fut extrêmement intéressant puisque je retrouvai des souvenirs de mon ancien métier (on se dit dans ce cas que le monde est petit), et j’ai pu mieux connaître ce domaine qui fait et a fait des vins qui m’ont fait rêver et me feront encore rêver.