Vins italiens magiques à l’Assiette Champenoiselundi, 5 juin 2023

Le lendemain matin à l’Assiette Champenoise, dès 9h30 débute l’ouverture des vins du déjeuner organisé par Marcello qui a sélectionné 14 vins italiens de 1978 à 1908. J’ai apporté un magnum de vin italien pour ne pas faire de concurrence aux vins de Marcello et un vin italien mais liquoreux.

L’ouverture est parfois difficile, car certains vins ont des bouchons qui sont aussi durs que du bois, ce que j’avais pu remarquer l’an dernier. Et parfois, la remontée est quasiment impossible tant les goulots ont des surépaisseurs qui coincent le bas de bouchon. Il a fallu utiliser un bilame combiné à une mèche de la création de Marcello et même deux bilames dans un cas extrême.

Les parfums sont très encourageants, riches. Seul un vin est bouchonné.

Les amis arrivent. Nous serons onze à l’apéritif et dix au repas. Le champagne est pris sur la terrasse du jardin par une journée magnifiquement ensoleillée. Les champagnes sont commandés sur place : le Champagne Petit & Bajan Ambrosie 2011 est à 70% chardonnay et 30% pinot noir. Le Champagne Les Beaux Regards Bérêche et Fils 2013 est commandé en honneur de Raphaël Bérêche qui aurait dû venir mais a été empêché par un événement familial et le Champagne Heurtebise Chartogne-Taillet 2016 Chardonnay Extra Brut magnum est choisi car Alexandre Chartogne ne pouvait rester avec nous.

Le menu avait commencé d’être élaboré hier soir lors de notre dégustation dans la cuisine et a été revu entre Arnaud et moi lors de l’ouverture des vins. Il est : petits pois, fromage frais S. Laluc / langoustine royale, huile d’olive, nage crémée / tourteau de Roscoff, laitue de mer / Gamberoni, Amareto / turbot breton, oignon B. Deloffre / pigeonneau fermier d’Onjon, épinard A. Deloffre / ris de veau, céleri A. Deloffre / fraise P. Richard, barquette croustillante.

Nous déjeunons dans une très jolie salle du premier étage sur une table très large qui nous a permis de garder plus d’une quinzaine de verres chacun. L’atmosphère ne se prêtait pas à ce que je prenne des notes, aussi mes commentaires sur les vins seront succincts.

Le Gaja 1978 a des tonalités de porto. Il est un peu trop torréfié pour mon goût.

Le Barolo Fontana Saverio 1971 marque un saut qualitatif. Il est très grand.

Le Quintarelli Reciota Amarone Valpolicella 1966 me gêne un peu, car il est aussi torréfié mais moins que le Gaja.

Le Barolo Damilano 1958 est bouchonné. J’ai demandé qu’on le serve en espérant un retour à la vie, mais la cause était perdue.

Le Barolo Mascarello 1952 est d’une très grande fraîcheur. On change de niveau qualitatif.

Le Barolo Giacomo Conterno 1950 est tout simplement fabuleux, d’un bel équilibre.

Le Barolo Giacomo Borgogno 1948 est superbe.

Le Brunello Biondi-Santi 1945 aurait de belles qualités mais il est trop acide.

Le Barolo Marchesi 1942 est pour moi le meilleur à ce stade car il a tout pour lui.

Le Barbaresco Angelo Gaja années 1940 est bien mais un peu acide, moins que le 1945.

Le Barolo Conterno Monfortino 1939 est fabuleux, combinant puissance et douceur.

Le Barolo Luigi Calissano 1937 est magique, encore plus grand que le 1939.

Le Barolo Marchesi 1931 est élégant et subtil.

Le Barolo Marchesi 1908 est fabuleux, de couleur claire et si jeune, fruité et très grand.

Le Vega Sicilia Unico magnum 1972, le seul de ma cave dans ce format pour cette année, est un bijou d’une complexité extrême. Je pense qu’il a plus de complexités que ces vins italiens qui ont d’autres atouts.

Le Vino Santo di Torgiano 1960 que j’ai apporté est une très belle surprise. Il titre 16° et il combine le doux et le sec comme certains sauternes anciens.

Nous n’avons pas voté, car c’était très difficile. Toutefois, Marcello a annoncé son vote qui n’inclut que les vins italiens : 1908, 1937, 1950.

Mon vote est : 1908, 1937, 1942, 1950.

Une chose m’a frappé lors de cette dégustation. A l’exception du Gaja 1978 qui faisait plus vieux que son âge, tous les vins se montraient à un niveau d’équilibre et jamais sur une pente descendante ou sur un déclin. Ils avaient atteint une sérénité qui rendait impossible de les traiter de « vieux ». Ce qui me fait penser qu’un vin ne vieillit pas, il évolue, ce qui est fondamentalement différent.

Si le 1908 a été jugé par tous comme le plus grand, il est certain que son âge canonique nous impressionne, mais il est réellement dans un état de pure sérénité. Et je suis content que des vins italiens, dont je ne suis pas familier, m’aient donné cette leçon. En buvant des vins français, je fais appel à tous mes repères et je les approche dans un contexte de comparaison avec ce que j’attends et je vois les différences possibles. Alors qu’ici, sans repère réel, j’ai mieux senti qu’un vin évolue et qu’il ne vieillit pas. Il vit des successions d’équilibres. Et je suis heureux de l’avoir ressenti.

Arnaud Lallement a fait une cuisine très adaptée. Sur le papier, un plat de petits pois pour des vins rouges, ce n’est pas évident. Mais le plat s’est bien comporté. Le pigeon est un plat légendaire, qui ne doit jamais évoluer. C’est une institution. Les accords d’Arnaud ont été de grand talent.

Sébastien a fait un service des vins remarquable. Toute la brigade de service a été très efficace et concernée. Marcello a créé un événement de première grandeur et sa générosité est inégalable. Il connait tous les vins, tous les champagnes, il est jeune. Il fera des miracles avec le sourire.


J’ai apporté ce vin doux qui ne sera pas ouvert mais offert à Marcello

le Vin Santo que j’ai apporté sera bu en fin de repas

Le Vega Sicilia Unico est mon apport au repas

Impressionnante collection de vins italiens de Marcello