Verticale du domaine Pingus à L.A. – jour 1vendredi, 2 mars 2012

Le vol Paris Los Angeles dure près de douze heures. Lorsque l’on dispose de la possibilité de regarder des films dont on déclenche soi-même le début, le temps s’efface. Est-ce certain que le cinéma ne soit que le septième art ? Musset disait « vive le mélodrame où Margot a pleuré ». Comme Margot, j’ai eu ma grosse larme à la fin du film « Les Intouchables », film de bons sentiments qui ne s’est pas abîmé dans la mièvrerie. J’ai apprécié « The Artist » sans toutefois sauter en l’air car j’y étais. « The Happy Feet 2 » m’a montré que dans les films d’animation actuels, c’est la technique de l’ingénieur qui prend souvent le pas sur l’émotion.

C’est donc tout frais que j’arrive à Los Angeles où les formalités douanières et l’attente des bagages sont un long passage obligé. Il me faut à peu près vingt essais pour que mon chauffeur de taxi à l’accent que je suppose hongrois, au vu de son nom affiché obligatoirement à côté de lui, comprenne ma destination. Nous traversons un Los Angeles multiforme, bien loin de l’opulence de Miami, sauf au quartier où je me rends : Beverly Hills. J’arrive à l’hôtel Beverly Wilshire où j’avais déjà séjourné. Tout ici respire le luxe, mais on sent aussi l’hôtel vieillot qui aurait besoin d’un grand coup de pied d’un manager moderne. Le style de service ne correspond plus aux désirs d’une clientèle de plus en plus exigeante : bagages livrés avec retard, pas de réponse aux demandes de service, réponses imprécises. La seule bonne nouvelle est que l’on m’a surclassé. Ma chambre est celle d’un palace.

Dans Beverly Hills, Rodeo Drive pousse le luxe jusqu’à son expression caricaturale. On est dans l’extrême. Pour la première fois, j’ai vu stationnées le long des rues une Mac Laren lie de vin et une Bugatti jaune et noire qui est le superlatif de l’automobile. Elle appartient au propriétaire de l’une des boutiques de luxe dont, apparemment, les affaires semblent prospères et qui la gare tous les jours devant son magasin, m’a dit un vendeur émerveillé. La rue est peu fréquentée et les magasins aussi, sauf par des japonaises au look de gamines poussé à l’extrême, qui portent de lourds paquets griffés presque aussi grands qu’elles.

Je dîne dans un restaurant qui est dans l’emprise de l’hôtel, « The Boulevard » et quelques personnes dînent en extérieur sur le Wilshire Boulevard, réchauffées par des colonnes où brûle du gaz. La sono est assez bruyante, créant une atmosphère qui attire les jeunes. La cuisine internationale est très correcte et le service virevoltant en permanence est comme les mouettes en bord de mer : si on ne tient par fermement son assiette entre ses mains, elle est vite enlevée, même si l’on n’a pas fini. Après une journée dont je peux dire : « j’ai fait mes 35 heures », je me glisse dans l’immense lit avec des paupières qui se ferment pour que s’ouvrent de beaux rêves.