un Bandol de rêvevendredi, 20 juillet 2012

Demain, nous aurons nos trois enfants chez nous. La fenêtre de tir est toujours étroite, alors il faut en profiter. Aujourd’hui, ce sont deux sur trois, avec trois petits enfants sur les six. Je crois ouvrir un Cristal 2002, mais en fait, c’est un Champagne Cristal Roederer 2004. La première impression est très rassurante. C’est un champagne solide, sûr de lui, sans véritable imagination. Il se boit bien, car il est bien fait, mais il ne crée pas la vibration d’un champagne complexe. Il faut sans doute attendre qu’il trouve sa personnalité. Un Pata Negra vieilli quatre ans est une merveille, car il délivre un gras subtil et des notes de noix légères. Il excite le champagne d’une superbe façon, alors qu’une tapenade traditionnelle fort goûteuse n’accroche pas sur le champagne.

Avec des chipolatas d’une mode traditionnelle, elle aussi, j’ai ouvert un Domaine des Baguiers, Bandol rouge 1989. Nous crions des oh et des ah, car ce vin est tout simplement exceptionnel. Il évoque la garigue, le fenouil, les végétaux râpeux comme la barbe d’artichaut, et nous nous disons que jamais un Bandol récent ne pourrait donner cette impression de plénitude absolue. Quand on boit ce vin râpeux, qui chante comme les cigales, on se dit qu’il n’existe rien de meilleur. J’aime les vins de Bourgogne quand je trouve en eux le sel et la rose. J’aime ces vins du sud quand je trouve le fenouil, l’anis et une râpe à nulle autre pareille. On peut dire que ce vin « nature », « simple », a trouvé un accomplissement qui en fait un vin de première grandeur. Bandol ne fait probablement pas beaucoup mieux, du fait de ces 23 ans qui donnent une touche de génie.