Réveillon « façon » wine-dinners mais à l’aveugledimanche, 31 décembre 2000

Un des invités a voulu que le repas se fasse en dégustation à l’aveugle. L’idée était de mettre de belles difficultés gustatives, tout en présentant un repas de qualité, avec un très haut standard de vins.
Le repas fut organisé à mon domicile. Il consistait en gougères, caviar Osciètre Royal de Caviar Kaspia, plateau de fruits de mer de Christian Bassez, gigot de onze heures, purée de pommes de terre et amandes, fromages de Antony, éleveur de fromages et tarte Tatin
Les vins présentés furent : un Vin Romain de la Coopérative de Vaisons la Romaine 1994 (fait selon des méthodes romaines, curiosité de seulement dix bouteilles produites, fumé, goût agréable) Domaine de Caillou, Cérons 1943 (belle couleur, sucré et plus léger que les Sauternes, parfait pour un apéritif, grande longueur en bouche) Champagne Salon 1985 (un très grand champagne, de la classe des grands Krug, le vin est remarquable, longue persistance en bouche).
Aechter Schwarzwälder Wachhold-beergeist Joh. Haser zum Helbstock Haslach alcool de genièvre de plus de 100 ans d’âge (étonnant alcool de genièvre, avec des goûts de marc, profond et sentant bien l’herbe, parfaite harmonie avec le délicieux caviar) Clos de la Coulée de Serrant, Savenières 1995 de Nicolas Joly (archétype du vin moderne bien construit) Montagny 1982 de Louis Latour (superbe vin blanc, fruité et agréable, plus chaleureux que le précédent, clin d’œil pour s’opposer au Savenières) Château d’Epiré Grand Cru d’Anjou 1921 M. Bizard Propriétaire, réserve Nicolas (majestueux, une couleur de tabac brun, légèrement doux, mais aux saveurs étonnamment larges. Un très grand vin, une rareté gustative), Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1989 (encore très jeune et n’ayant pas trouvé sa plénitude, mais avec les bonnes racines d’un vin riche – ce n’est pas le plaisir absolu, même si c’est de grande race), Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1943 (fabuleux, légendaire, un monstre de richesse de plénitude, de force en bouche – l’un des plus grands Bourgogne qui justifie l’exception que représente le Domaine), Château Haut-Brion 1933 (couleur d’encre, vin dense et capiteux, expression très concentrée d’un grand vin), Chambertin de Joseph Drouhin 1919 (ce vin est subjuguant, car il a une facilité, un équilibre qui donnent un plaisir gustatif exceptionnel qui rejoint celui du Richebourg – vin grandissime d’équilibre raffiné), Château du Breuil, Beaulieu, Coteaux du Layon 1921 réserve Nicolas (vin phénoménal couleur ambrée, nez subtil, arômes complexes, nombreux, et sensibilité extrême en bouche – d’autant plus gratifiant qu’on est loin du goût des Sauternes – une rareté qui est un moment de bonheur unique), La Tour Blanche, premier grand cru de Sauternes 1919 (très grand Sauternes brun et dense qui, comme tous les grands Sauternes anciens se bonifie largement avec l’âge – c’est le Sauternes comme il faut le boire) Café et Calvados d’origine inconnue vers 1890 (très jeune de goût, très fruité, étrange, pur, un grand calvados, celui que nous avions bu chez Artus). Il y avait à ce repas une concentration de vins d’exception comme le Château d’Epiré, le Richebourg, le Château du Breuil, etc. Inutile de dire que les experts furent brillants, mais surtout au début, car au fil des vins, leurs capacités d’analyse se réduisaient. Ils ont trouvé le Cérons, le Savenières et le Haut-Brion. Pour le reste, nous tairons leurs trouvailles qui dénotent une imagination débordante.