Le jeu des sept famillessamedi, 17 novembre 2012

"castigat ridendo mores" est la devise de la comédie classique, qui corrige les mœurs par l’humour.

Je n’ai pas l’habitude de parler de politique sur ce blog, mais je ne m’interdis pas l’humour. Lisant le Figaro magazine, je vois dans le courrier des lecteurs un billet où l’on suggère l’obligation de changer les intitulés du jeu des sept familles en remplaçant père et mère par parent 1 et parent 2.

Après avoir beaucoup ri de cette saillie, j’ai voulu aller plus loin. Si l’on nie la sexualité des parents qui ne sont plus père et mère mais parent 1 et parent 2, je ne vois pas pourquoi on ne nierait pas la sexualité des enfants. Et un parent, parlant de sa progéniture dirait qu’il a l’enfant 1, l’enfant 2 et l’enfant 3 par exemple.

Et pour aller plus loin dans le déni d’appartenance à un sexe, le gouvernement pourrait imposer que les seuls prénoms à utiliser seraient : Claude, Camille, Dominique, prénoms qui ont l’avantage de ne donner aucune indication sur le sexe de l’enfant.

Si cette grande conquête sociale est poussée à son terme, il reste encore à résoudre le problème de "M. et Mme Dupont recevront leurs amis le 13 avril à 19 heures". Une telle formulation n’est pas acceptable, puisque l’on peut voir que le couple est sexué, ce qu’il faut éviter. La formulation suggérée est : humain 1 et humain 2, le mot humain étant utilisé à la place de "membre d’un couple 1" et "membre d’un couple 2".

A titre d’exemple, voici ce que pourrait donner le carton d’invitation pour le mariage de deux jeunes futurs époux :

Humain 1 Claude Dupont et Humain 2 Camille Dupont, ainsi que Humain 1 Dominique Duval et Humain 2 Claude Duval sont heureux de vous convier à la cérémonie de mariage de leurs enfants :

Enfant 3 Dominique Dupont et Enfant 2 Camille Duval.

Par cette mesure de grande justice, on est en pleine citoyenneté républicaine, puisqu’il est impossible de connaître le sexe d’aucun des parents et d’aucun des enfants. On ne peut alors plus parler de minorité, mais au contraire de normalité (ou normalitude, au choix), puisque la notion de sexe est totalement supprimée.

Il s’agit très probablement de la plus grande conquête de l’humanité depuis l’invention de la peinture dans les grottes de Lascaux et Chauvet.